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Fictions Lesbiennes :)
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8 avril 2019

Partie 2

 

Mes bras m’indiquent que j’ai plutôt intérêt à me décider rapidement si je ne veux pas tout réceptionner sur mes pieds donc je vais au plus proche : la salle de réunion.

Hors de question que je me terre dans un endroit miteux juste à cause d’elle !

La pièce est assez grande, composée d’une imposante table rectangulaire entourée de chaises ainsi que d’un bureau avec ordinateur. Il y a même le traditionnel panneau en liège géant pour y punaiser des informations pendant une présentation.

Me connaissant, si je me mets à la table, je vais réussir à la recouvrir de paperasse. Or, il vaut mieux que je reste organisée, je n’ai pas l’intention de m’éterniser dans cette collaboration forcée. Larguant mon carton sur la surface du bureau, je démarre l’ordinateur. Immédiatement une chose à laquelle je n’avais pas pensé me saute aux yeux. La salle est au milieu de l’espace et entièrement vitrée.

Immédiatement, je me sens comme un animal au zoo. Ce n’est pas le sentiment le plus agréable qui soit...

Je n’ai même pas le temps de battre un cil que Chloé pénètre dans la pièce, ordinateur portable dans les bras.

Sérieusement ?

Immédiatement sur la défensive face à ce que je considère comme étant une invasion, je croise les bras et demande d’un ton laissant paraître qu’il ne s’agit pas de quelque chose qui me réjouit :

- Qu’est-ce que tu fais là ?

Elle dépose ce qu’elle porte sur la table et rétorque :

- Ça ne se voit pas ? Je viens profiter de l’aura de bonne humeur qui t’entoure.

Elle ponctue le tout d’un sourire mauvais et j’avoue, sa réplique est plutôt drôle. Heureusement, trop occupée à se glisser sous la table pour trouver une prise, elle n’en saura rien.

L’espace d’une fraction de seconde, mes yeux vont se poser sur la paire de fesses située directement dans ma ligne de vision, avant que je ne me reprenne.

On ne fraternise pas avec l’ennemi, Rosenberg.

Apprends de tes erreurs et prends-toi en main.

Et pas d’une manière sexy.

Chloé se redresse, époussetant sa tenue pourtant impeccable. Une mèche de cheveux d’un noir ébène s’est échappée de son chignon et c’est un petit miracle en soi vu comme ce monstre a l’air serré. Parfois je me demande si elle n’a pas un business alternatif de coiffeuse pour mariages ou je ne sais quoi.

J’aimerais bien, j’ai toujours rêvé de dénoncer quelqu’un au fisc.

Elle prend place à la table, dos à la porte vitrée et me fixe sans rien dire, bras croisés.

Honnêtement, je suis lasse de cette situation entre nous. La tension, les prises de tête.

Mais maintenir cette animosité, aussi puérile que ce soit, me permet d’être certaine qu’elle garde ses distances. Je l’ai laissée s’approcher une fois de trop.

Trop fière pour re-demander ce qu’elle veut, je m’installe face à elle et l’observe en retour. Puisqu’elle veut jouer au con, jouons !

Fuck, ses yeux sont vraiment magnifiques, d’un vert émeraude qui interpelle par son intensité.

Elle ne cligne pas des paupières, alors moi non plus.

C’est vraiment bizarre.

J’espère que personne ne nous regarde.

Ou s’ils le font, qu’on a l’air de faire un truc cool, comme communiquer par télépathie. Pas juste se regarder dans le blanc des yeux sans raison.

Après même pas dix secondes, j’ai peur d’être la première cow-girl moderne à se mettre à pleurer en plein duel. Mes paupières ont très clairement envie de faire leur boulot et je lutte pour les garder ouvertes alors même que mes yeux s’embuent.

En cet instant, je suis quasi certaine d’avoir l’air constipée.

Ses épaules se mettent à bouger en premier, puis c’est tout son corps qui est pris de soubresauts alors qu’elle se met à rire.

Humiliée, je me rappelle qu’elle porte parfois des lunettes, ce qui signifie qu’elle doit actuellement avoir des lentilles… Sale tricheuse !

Je me relève et demande d’un ton hautement ironique :

- La ferme ! Qu’est-ce qui me vaut le plaisir de ta venue ?

Elle cesse de rire, sans pour autant avoir la décence d’avoir l’air désolée, avant de faire un signe de tête en direction du bureau, annonçant :

- Michel t’a filé l’unique version imprimée du dossier. Autant y jeter un coup d’œil ensemble.

- Mh.

Toujours agacée par son attitude, je marche jusqu’au bureau en prenant bien soin de taper des pieds. Oui, j’ai la maturité émotionnelle d’un enfant de quatre ans, allez vous faire voir !

J’attrape l’énorme dossier cartonné et vais m’installer à côté de ma collègue, sachant que me mettre en face ne serait pas pratique. A l’instant même où elle se décale pour me laisser approcher, je sens son odeur caractéristique : un mélange d’assouplissant et de parfum floral.

Elle s’apprête à plonger immédiatement dans le vif du sujet (et je m’en voudrais de la retenir trop longtemps !) mais je place ma main sur la couverture du dossier avant qu’elle ne puisse l’ouvrir :

- Il peut y avoir des clichés sensibles, une seconde.

- Bien pensé.

Je fronce les sourcils devant sa réponse, me relevant pour abaisser les persiennes de la pièce, seule la porte vitrée restant comme elle est. Elle n’a pas saisi la dynamique de nos interactions ou quoi ?

Avec ses conneries j’ai peur de me retourner. S’il faut elle est déjà en train de me tricoter un bracelet de l’amitié. Si c’est le cas, j’y rajouterai quelques perles octogonales pour qu’elle le sente mieux passer quand je lui enfilerai là où je pense.

Mon sourire sadique est remplacé par un lever d’yeux au ciel en constatant qu’elle est encore et toujours en train de me fixer.

Qu’elle prenne une photo, ça durera plus longtemps.

M’étant montrée suffisamment puérile pour la journée, je garde mes pensées pour moi et prends place.

Voyons quel genre de clichés ce pervers s’amuse à placader. Étant donné qu’elle est en train de boire à sa bouteille d’eau, je prends la liberté d’ouvrir le dossier.

Immédiatement, j’émets un son à la dignité discutable et referme le battant en carton, tandis que Chloé part dans une quinte de toux.

Oh mon dieu !

Il n’avait pas précisé, mais à l’instant même où Michel a indiqué qu’il s’agissait de clichés à caractère sexuel, je m’attendais à quelque chose de très... phallique.

Le next level de la dick pic non sollicitée, affichée partout par un militant de l’érection libre.

Mais non.

Je jette un coup d’œil en coin à Chloé, potentiellement en train de mourir à côté de moi, qui recule sa chaise pour mieux pouvoir se pencher et cracher ses poumons.

Profitant de l’occasion, je lève une main et viens l’abattre à plat au centre de son dos, m’apprêtant à renouveler l’opération avant d’être arrêtée net d’un simple regard distinctement assassin adressé à mon attention.

- Oh ça va, j’essayais de rendre service !

Je ré-ouvre avec appréhension le dossier et pose mes yeux sur le cliché en haut de la pile.

Oui, j’avais bien vu la première fois.

Une foufoune en gros plan. Genre microcosmos rencontre le télescope de la nasa, gros plan.

Voilà voilà...

Ce n’est vraiment pas le genre de clichés très haute définition qu’on a envie de regarder avec des collègues. En tout cas, pas dans mon corps de métier.

Voulant détendre l’atmosphère soudainement chargée, je dis :

- Plus qu’à trouver qui possède à la fois du très bon matériel de photographie et des goûts discutables… Facile.

Chloé m’adresse un sourire timide, visiblement aussi peu à l’aise que moi.

D’une main hésitante, elle soulève le premier cliché afin que l’on puisse voir celle du dessous. Elle comme moi sommes soulagées de constater qu’elle est “moins pire”. Il s’agit cette fois d’un cliché ayant pour vocation de nous mettre à la place de la personne sur la photo. L’angle de vue est positionné juste au-dessus de la poitrine et l’on peut voir un ventre plat et une main visiblement occupée entre des cuisses écartées.

Déglutissant, Chloé se met à parler, vraisemblablement plus pour avoir quelque chose à faire que pour apporter sa pierre à l’édifice :

- Notre suspecte est en bonne forme physique… Mais en même temps, ça se passe dans une salle de sport.

Prenant bien soin de ne pas croiser son regard, j’ajoute :

- Sans compter que rien ne nous indique que les photos sont récentes, ni qu'elle sont de la personne qui colle les "affiches". Le sujet pourrait très bien faire 150kg. 

- C’est vrai.

On passe les clichés suivantes en revue et il paraît très vite évident que l’on fait tout pour ne pas laisser la gêne s’installer, mais ce n’est pas chose facile. Après tout, on n’est plus exactement proches, donc si j’avais dû choisir quelqu’un avec qui regarder du contenu érotico-porno, elle aurait probablement été tout en bas de la liste. Mon seul lot de consolation est que sur la demi-douzaine de photos, excepté pour la première, le reste du temps une main cache le sexe du modèle.

Heureusement, le supplice prend fin pour être remplacé par un autre : les rapports écrits.

On lit la déposition de la patronne du club, prenant bien soin de noter les dates des incidents. À priori ils se sont déroulés les mardis et jeudi soir, ce qui n’arrange pas nos affaires car ce sont les jours où il y a le plus de cours collectifs organisés. Apparemment, les personnes ayant trouvé les « affiches » sont venues les déposer à l’accueil mais n’ont pas été entendus en nos locaux.

La responsable nous a communiqué la liste des clients de la salle ainsi qu’un extrait du logiciel de scan des cartes d’abonnés. Avec ça, on saura qui a pointé présent les jours des faits. Malheureusement, étant donné qu’il y a une offre “un abonnement pour deux”, il est possible voire même probable que notre suspecte soit venue en tant qu’invitée et que son nom ne figure pas sur la liste…

Un post-it est collé sur l’une des dernières pages, nous communiquant le mot de passe du dossier sécurisé sur l’intranet dans lequel les éléments du dossier ont été déposés.

Me laissant la version papier, Chloé s’empare de son PC portable et y accède. J’en profite pour prendre mes distances, contente que la salle soit immense. La collaboration forcée combinée à la promiscuité aurait été trop pour moi je crois.

J’ouvre les persiennes et m’installe au bureau, relisant les informations à notre disposition, commençant à recouper les éléments.

Une demi-heure plus tard, Chloé émet un petit bruit de confusion qui me fait sortir le nez de ma paperasse.

Levant les yeux dans sa direction, je l’interroge du regard.

- Je crois que l’on cherche deux personnes.

Je fronce les sourcils en entendant ça. Deux personnes ? Genre photographe et modèle (si on peut appeler ça comme ça) ?

- Comment ça ?

Les joues de Chloé prennent une teinte rouge vif, faisant ressortir ses yeux verts et c’est un ton limite penaud qu’elle m’annonce :

- Je pense que ce n’est pas le même sexe sur toutes les photos.

Mes sourcils partent fusionner avec mon cuir chevelu. Pardon ? C’est quoi cette histoire ?

Intriguée, je m’approche et me rassieds à sa gauche.

Face à mon air confus, elle décale son PC portable entre nous, me permettant de voir de quoi il retourne.  

Elle ouvre et fait glisser l’une des photographies sur le bord de droite de l’écran, faisant de même avec une autre sur le bord gauche, nous permettant de les comparer. L’une est le premier gros plan vomitif, l’autre une photo de masturbation. Le sexe est moitié dissimulé derrière une main de femme.

Euh… Je ne suis pas sûre de savoir ce que je suis supposée y voir. Je me tourne vers elle, un air interrogatif sur le visage, pas certaine de savoir comment formuler mes doutes.

Comprenant où je veux en venir, Chloé rougit de plus belle avant de pointer l’écran du bout de l'index, s’approchant :

- Là, regarde.

Elle zoome et à côté des doigts, on voit un point noir qui n’est pas présent sur l’autre cliché.

- Mouais, je ne sais pas trop. C’est flou, ça pourrait être n’importe quoi.

- C’est un grain de beauté, j’en suis quasi sûre.

La confiance en soi peut être une qualité plaisante à petites doses, mais là on est clairement dans l’excès. Agacée, je réponds avec un peu plus de vitriol que prévu :

- Si tu le dis, après tout, c’est ton domaine de prédilection.

Doigt toujours sur l’écran, elle tourne la tête dans ma direction, sourcils froncés, clairement sur la défensive :

- Ça veut dire quoi ça ?

Pour une fois qu’elle ne reste pas indifférente face à mes agressions, je n’en perds pas une miette :

- Oh allez, à d’autres, tombeuse. T’as du en voir un bon paquet non?

Ses lèvres se pincent, ses narines se dilatent et les muscles de sa mâchoire se contractent violemment. Je ne peux même pas vous dire à quel point c’est agréable de voir Chloé lutter pour rester maîtresse d’elle-même. D’ordinaire, elle est toujours composée, limite froide. Là, ses yeux sont vibrants et dangereux, quasiment aussi noirs que ses cheveux.

La tension est à son comble et je m’attends à ce qu’elle me saute à la gorge d’une seconde à l’autre, lorsque la porte vitrée s’ouvre derrière nous, nous faisant sursauter.

Chloé a le réflexe de rabattre l’écran de son PC, mais clairement, c’est beaucoup trop tard.

Emilie, immense sourire aux lèvres, referme derrière elle et nous dépose des DVD sur la table :

- Ne vous dérangez surtout pas pour moi… Mais attendez au moins que je sois partie pour agir sur la tension sexuelle entre vous.

Je vais la buter.

J’ai toujours refusé de lui dire pourquoi les choses se sont dégradées entre nous du jour au lendemain, alors elle a pris sur elle d’inventer des théories fumantes.  

Maintenant qu’elle nous a surprises, face à face, les têtes à 4 millimètres de photographies pornographiques, Emilie ne me laissera jamais en voir le bout.

Sachant qu’elle ne le prendra pas mal, je la remballe sans concession :

- Occupe-toi de ton enquête et arrête de mettre ton nez dans celles des autres.

- Oh je ne mets mon nez nulle part, moi. C’est pas ma faute si vous avez choisi un espace intégralement vitré alors que vous aviez connaissance de la nature de l’affaire ! Et je ne parle même pas des regards que vous vous lancez. A votre place, je songerai à faire payer, vous tenez quelque chose les filles.

Chloé lève les yeux au ciel et expire lentement, comme pour se calmer, avant de demander d’une voix totalement neutre :

-  Qu’est-ce que c’est ?

- Les enregistrements des caméras de vidéosurveillance.

- Nickel. Merci.

Et par nickel, il faut comprendre : youpi youpi tralala…

Les émissions de télé sur la police montrent rarement l’envers du décor. La plupart du temps, on est très loin des courses poursuites haletantes et de l’action non-stop. Ce genre d’enquête est nettement moins glamour et peut durer des mois. Et croyez-moi, personne n’aime éplucher les factures détaillées (fadettes pour les intimes) des suspects pendant des heures, le tout sans garantie de résultat.

- Bon sur ce, je vous laisse.

Sans attendre de réponse, Emilie repart comme elle est venue.

Je recule ma chaise, mettant de l’espace entre nous, n’osant pas regarder Chloé.

Même si j’en pense chaque mot, je me suis laissée emporter par mes émotions et n’aurais pas dû l’agresser de la sorte. Elle n’en vaut pas la peine :

- J’ai été trop loin, désolée.

Mes excuses sont minables, mais ont le mérite d’exister. Il ne faut pas perdre de vue notre objectif : trouver la personne derrière tout ça. Le reste importe peu.

N’importe plus.

Dans mon champ de vision, Chloé passe ses mains sur son visage, avant de relever la tête, demandant d’une voix éreintée :

- Claire, je... J’aimerais juste comprendre pourquoi.

Pour toute réponse, je me relève en silence, retournant à mon bureau, soulagée de pouvoir mettre de la distance entre nous.

A chaque fois que je pose les yeux sur elle, sur ses yeux verts expressifs, ses pommettes hautes, ses cheveux impeccablement coiffés, je suis ramenée quelques mois en arrière. Au sentiment d’humiliation. A la honte, au dégoût.

Alors non, on ne va pas en parler.

Venant croiser son regard, je nous recadre, on n’est pas là pour ça de toute manière :

- Comment tu veux répartir le boulot ?

Elle baisse les yeux, semblant momentanément accuser le coup, avant d’adopter un masque, le visage dénué d’expression :

- Le mieux c’est qu’on se sépare et qu’on fasse le point après. Tu préfères regarder les enregistrements vidéo et aller jeter un coup d’œil aux locaux sans attirer l’attention… ou entendre la patronne, qu’on ait quelque chose, une piste, n’importe quoi, parce que là on marche à l’aveugle ?  

 

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Commentaires
C
Vraiment tu ne connais pas ? Je suis pas du tout le genre de personne à bassiner quelqu'un pour qu'il regarde un truc mais c'est que ça m'y a fait tellement pensé ! Si tu recherche une séries jette un coup d'oeil, l'humour devrait te plaire haha.
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C
Wawawa c'est tellement excitant je ne peux pas attendre ! Je remarque quand même que j'ai un don pour détecter du premier coup quand tu sors des histoires sans être abonnée, j'aime ce pouvoir.
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R
Je crois que tout le monde est unanime : <br /> <br /> - la partie 2 est super <br /> <br /> - on a tous envie de savoir qu'est ce qui s'est passé entre ces deux là<br /> <br /> - tes personnages sont toujours aussi attachant<br /> <br /> Hâte de connaitre la suite !<br /> <br /> <br /> <br /> (non on te fout pas la pression XD)
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V
J'adooooreee..... vite vite la suite<br /> <br /> Merci à toi pour ton imagination, ton écriture et ton humour et l'ambiance si particulière que tu parviens a créer à chaque fois
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L
Bon j'avoue le côté puéril me fait vraiment vraiment sourire... et pourtant j'étais septique. Et c'est pas un polar alors amusons-nous...<br /> <br /> <br /> <br /> J'adore, "l'aura de bonne humeur" et la séquence à qui clignera la première !!<br /> <br /> Merci !
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