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Fictions Lesbiennes :)
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10 novembre 2019

Hors Limites - Partie 13

 

Elle s’est affalée sur le canapé, ne réalisant pas encore que son frère et Nathan ont déjà quitté l’appartement.

Maintenant ou jamais.

Prenant une dernière inspiration, je lance la vidéo depuis mon téléphone, tapotant l’icône me permettant de la diffuser sur la télé via la box.

Je l’entends marmonner quelque chose, se demandant certainement ce qu’il se passe, puis ma voix résonne dans le salon :

Je pourrais vous dire la base : son nom — Kara Lincoln —, depuis combien de temps elle streame — 5 ans —, la couleur de ses cheveux blonds, l’exacte teinte de ses yeux bleus… Mais si on va au-delà de ça…

Penchant rapidement la tête dans l’embrasure de la porte, je l’aperçois les yeux rivés sur la télé, où je continue mon laïus.

Sa couleur préférée est le rouge. Son chiffre fétiche, le 3. Elle vous dira que sa glace favorite est celle aux cookies, mais en réalité elle a un faible pour la version noix de macadamia. Son jogging préféré à un énorme trou au genou depuis des lustres, mais si on lui fait remarquer, elle répondra qu’il vient de se former et qu’elle va s’en occuper. Elle fredonne dès qu’elle pense être seule et le pire c’est qu’elle chante juste. Si elle n’arrive pas à trouver le sommeil, elle met des reportages policiers, parce qu’elle s’attache aux bébés des documentaires animaliers et qu’ils finissent par mourir dans 90 % des cas. Elle a un épi du côté droit de son front et il ressort dès qu’elle est agitée parce qu’elle a la fâcheuse manie de passer sa main dans ses cheveux…  

Je pourrais continuer comme ça longtemps et en apprendre des centaines de plus sans jamais me lasser… par exemple, je serais intéressée de savoir quelles langues elle aimerait maîtriser, quelle chanson lui apporte un sentiment de sérénité et…  

La vidéo s’arrête.

Maintenant ou jamais Naomi.

Trop tard pour te dégonfler.

Sortant de ma chambre, je m’avance rapidement en direction du salon, prenant soin de ne pas l’observer de peur de ce que je pourrais voir :

– Et si son idiote préférée avait une chance d’être moi.

N’osant pas espérer grand-chose, je viens croiser son regard.

Kara a les coudes posés sur ses genoux et se redresse.

Je réalise que mes efforts arrivent peut-être trop tard lorsqu’elle m’adresse un demi-sourire :

– Naomi je… Je suis pas sûre de comprendre où tu veux en venir.

J’ai vraiment l’impression de me mettre à nu, mais si c’est ma seule chance de réparer les pots cassés, je refuse de reculer :

– Je suis tes conseils, je tente quelque chose.

Elle fronce les sourcils et je ne lui laisse pas le temps de formuler sa question que je reprends :

– Ce que j’essaie de dire, c’est que tout du long, je me suis rabâché que c’était que du fun. Et je sais que j’ai été maladroite l’autre jour, quand on… Enfin bref… J’avais besoin de ce déni pour ne pas prendre peur. Mais la vérité Kara, c’est que j’ai plus peur de passer à côté de quelque chose avec toi que du reste. Je veux pas juste du fun.

Je termine ma tirade et baisse les yeux, attendant son verdict, avec l’impression d’avoir placé mon cœur sur le billot. Elle laisse s’échapper un soupir et demande :

– Est-ce que tu peux arrêter de dire le mot « fun » s’il te plaît ?

Pas exactement la réaction à laquelle j’aspirais, mais je ne désespère pas d’obtenir une réponse.  

Je m’approche d’elle, m’asseyant dans un des fauteuils adjacents et prenant l’une de ses mains entre les miennes :

– Seulement si tu me dis si j’ai tout gâché ou pas.

Son regard vient croiser le mien et elle se livre un petit peu :

– J’ai réellement essayé d’être neutre envers toi cette semaine. Et je ne veux pas que cette histoire se mette entre nous, même s’il va me falloir du temps. Ce que tu m’as dit au parc m’a vraiment blessée, tu ne peux pas me demander de faire semblant que tout va bien…

– J’ai été maladroite…

Ma justification n’a pas l’effet escompté, puisqu’elle arrache sa main et m’adresse un regard courroucé :

– Tu m’as sorti que c’était que du fun !

– Parce que c’était ce qu’on avait convenu !

À la manière dont elle se recule comme si je venais de la gifler, je suis prise d’un affreux doute :

– Non ?

Elle détourne la tête, comme si elle ne supportait même plus de me regarder, un sourire amer aux lèvres :

– Peut-être pour toi.

Son ton est final, défait.

Je ne comprends pas… C’est quoi ce délire ? Je suis complètement paumée.

Refusant d’en rester là, je me lève et vais m’asseoir à côté d’elle, quitte à empiéter un peu sur son espace vital. Penchant la tête pour essayer d’apercevoir ses yeux, le ton de ma voix laisse entendre mon doute lorsque je demande :

– Mais… C’est pas ce que tu voulais ? Tester tes limites ou je ne sais pas quoi ?

Elle relève la tête et la quantité de fureur que je lis dans son regard me fait écarquiller les yeux :

– Donc c’était quoi ton rôle selon toi ? La gentille lesbienne qui m’accompagne dans ma découverte de la sexualité ? T’es vraiment quelqu’un d’hyper serviable Naomi, merci !

Elle marque un temps d’arrêt et reprend, toujours aussi énervée :

– Si j’avais uniquement voulu du sexe, tu ne crois pas que j’aurais fait ça avec quelqu’un d’autre ? On vit ensemble ! Si ça avait juste été pour l’expérience, j’aurais été tirer mon coup avec une inconnue que j’aurais pu éviter par la suite si jamais ça ne m’avait pas plu. Contrairement à ce que t’as l’air de croire, ma vie sentimentale n’est pas triste au point que j’en sois à essayer de séduire une lesbienne pendant plusieurs semaines juste pour du « fun ». C’est toi qui m’as dit que tu ne voulais pas dépasser les bornes. Je pensais que t’avais besoin de temps, que tu craignais que ça ruine notre amitié ou celle entre Aaron et toi. Pas je ne sais quoi que tu es allée inventer ! 

Je la regarde fixement, parce que c’est la seule chose que je suis en mesure de faire.

Comment j’ai pu passer à côté de ça ? Elle a tout pour elle, pourquoi elle se serait donné autant de mal pour m’avoir moi alors qu’il doit y avoir des centaines de femmes qui n’attendent que ça ?

Mon silence n’est pas à son goût, puisqu’elle m’ordonne :

– Dis quelque chose !

Mais quoi ? Je comprends mieux sa réaction au parc. Si la fille avec qui je pense être en couple me lance en pleine face que pour elle c’est « que du fun », je doute être capable de me comporter aussi bien qu’elle l’a fait la semaine passée.

– Je suis désolée. Quitte à avouer mon statut de totale crétine, je t’assure que je n’avais vraiment pas compris. Je suis loin d’être un modèle de délicatesse et d’éloquence, mais de là à formuler les choses comme ça… Je n’avais aucune idée.

Elle me regarde d’un air circonspect, avant de demander :

– Et les… moments qu’on a eus ensemble… C’était que des parties de jambes en l’air pour toi ?

À son visage et à la manière dont elle a posé la question, il est évident qu’elle se sent vulnérable. Étant donné que dans ma maladresse, j’ai quasi sous-entendu que notre connexion n’était que dans sa tête, je peux la comprendre.

Il faut que j’arrive à la rassurer et pour ça il faut que je continue à être honnête.

Me laissant glisser par terre, je me mets à genoux entre la table basse et elle, saisissant ses mains :

– Non. Cette histoire de —

Je m’abstiens de dire fun et opte pour une version plus correcte :

– « d’expérimentation », c’était mon mantra, l’excuse derrière laquelle je me cachais pour pouvoir continuer à aller toujours plus loin sans me sentir coupable. Je sais qu’après ce que j’ai fait ça peut être difficile à croire, mais… j’ai des sentiments pour toi. Je suis tombée amoureuse de toi.

Ses yeux parcourent mon visage, jaugeant certainement de ma sincérité, mais elle garde le silence. J’ai peur d’arriver trop tard.

Décidant que le moment est bien choisi pour dédramatiser la situation, je tente le tout pour le tout :

– Ok... Je vais essayer de parler ton langage, peut-être que ça fonctionnera mieux. Est-ce que t’es une voyageuse spatio-temporelle ? Parce que je te vois bien dans mon futur.

Un minuscule sourire fait son apparition au coin de ses lèvres et je prends ça comme un encouragement :

– T’es sûre de ne pas être un prêt bancaire ? Parce que t’as mon intérêt !

Le sourire s’agrandit, mais elle lutte encore pour le retenir :

– Il y a un souci avec mes yeux. Je n’arrive pas les détacher de toi !

Cette fois, c’est un vrai sourire, mais encore un peu timide à mon goût :

– Je ne suis pas électricienne, mais j’aimerais beaucoup être celle qui illumine ta journée !

Aussi pourrie qu’elle soit, cette dernière phrase de drague a raison d’elle et Kara me gratifie d’un éclat de rire, allant jusqu’à me donner une petite tape sur l’épaule :

– T’es bête.

– On est d’accord là-dessus.

Je garde le silence l’espace d’un instant, venant capter son regard avant de reprendre la parole d’un ton laissant transparaître que je ne plaisante plus :

– J’ai pas assuré. Même grave merdé. Si ça te tente, on rédigera ensemble ma candidature au Guinness Book pour le prix de la connerie. Mais je refuse de continuer à laisser la moindre place au doute. Alors au risque de passer pour une collégienne, il faut que je demande : Kara est-ce que tu veux être ma petite amie ?

À nouveau ce silence que je déteste. Il me fait flipper et m’offre le loisir de ressasser toutes mes erreurs. Et il y en a un paquet. Après cette discussion, je sais qu’elle tient à moi, que ce n’était pas uniquement dans ma tête, mais pas si elle a des sentiments amoureux pour moi. Du coup, je m’attends au meilleur comme au pire. Elle reprend la parole d’un ton grave, qui me fait craindre pour l’intégrité de mon cœur :

– Y’en a qui pensent que le bonheur, c’est le fait d’être libre.

Mon timide sourire s’éclipse.

Crotte crotte crotte.

Elle ne souhaite pas s’attacher, c’est ça ?

Je me prends le retour du boomerang verbal que je lui ai lancé au parc ?

Je ferme les yeux, ne voulant pas me souvenir de son visage alors qu’elle me repousse :

– C’est parce qu’ils n’ont jamais été tenus dans tes bras.

Minute…

Je pose un regard plein d’espoir sur une Kara qui me fait un timide sourire en coin, sachant que je viens de réaliser qu’il s’agissait d’une énième et toujours très mauvaise tentative de drague.

– T’es sérieuse ?

Plutôt que de me répondre verbalement, elle glisse une main à l’arrière de ma nuque et m’attire dans un baiser. En toute objectivité, on s’est déjà embrassées de manière beaucoup plus excitante que ça, mais en cet instant, alors qu’on sourit toutes les deux beaucoup trop pour que ce soit réellement sexy, je ne l’échangerais pour rien au monde.

Détachant ses lèvres des miennes, elle s’allonge sur le canapé, tirant délicatement sur ma main pour m’inciter à la suivre.

Je me positionne au-dessus d’elle, marquant un temps d’arrêt pour apprécier la vue. Son regard vient croiser le mien et la lueur que j’aperçois dans ses yeux accélère encore mon rythme cardiaque.

Et soudainement, j’ai besoin de faire mes preuves. Quels que soient ses doutes, il est impératif qu’ils disparaissent.

Je m’abaisse rapidement, récompensée par la sensation de ses bras s’enroulant autour de moi pour me maintenir en place. Mes lèvres vont se positionner sur son cou, Kara penchant la tête pour me laisser le champ libre.

Je sens les frissons que je lui procure et souris lorsqu’elle glisse ses doigts dans mes cheveux pour m’inciter à continuer alors je mordille la base de sa nuque. Remontant lentement, je m’en prends à son oreille avant de me redresser, croisant son regard tout en retirant mon haut. Immédiatement, elle lève les bras, m’invitant à faire de même et je me suis à peine débarrassée du vêtement qu’elle se cambre pour me permettre de passer une main dans son dos. Je dégrafe son soutien-gorge alors qu’elle fait impatiemment sauter le bouton de mon jeans.

On se départit rapidement de tout ce qui nous fait obstacle jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien entre nous que des kilomètres de peau nue.

Je lui fais signe de se positionner sur le côté et me glisse dans son dos, me serrant contre elle.

Évidemment, Kara commence par se plaindre :

– Je peux pas te toucher comme ça !

La frôlant du bout des lèvres à la jonction entre sa nuque et son épaule, je laisse échapper un petit rire avant de lancer :

– C’est l’idée…

Mes dents se referment sur sa peau, la mordillant alors que ma main se glisse le long de ses côtes avant de remonter pour caresser son sein.

Je la sens s’arc-bouter dans ma paume, tandis que ses doigts se resserrent sur le haut de ma cuisse, m’attirant à elle.

Je joue avec elle et m’amuse de voir qu’elle a du mal à se concentrer lorsqu’elle lance :

– C’est une… mauvaise idée.

Je souris au creux de sa nuque et mordille un peu plus fort, étant aux premières loges pour constater les frissons que ça crée chez elle :

– T’es sûre ?

– Je te déteste.

Plutôt que de répondre, mes lèvres remontent en direction de son oreille, la prenant délicatement entre mes dents et m’assurant qu’elle profite pleinement de ma respiration.

Je détache ma main de sa poitrine et fais courir mes ongles le long de son ventre, la sentant se contracter au passage. Elle est clairement à ma merci et j’adore ça.

Alors que ma descente continue, je passe la pulpe de mes doigts sur l’os de sa hanche, pour me diriger vers l’intérieur de sa cuisse. Instinctivement, Kara l’écarte pour me faire place et je ris au creux de son oreille :

– Hmm, t’as l’air de me détester effectivement.

Peu disposée à se faire moquer, elle se retourne partiellement, pliant sa jambe pour la mettre à l’arrière de mon genou et m’attirant dans un baiser.

Profitant de sa distraction, je remonte jusqu’à l’endroit qui me fait envie.

Ça ne fait que quelques minutes que tout ça a commencé et c’est une très agréable surprise de la sentir aussi… prête.

Comme si elle était capable de lire dans mes pensées, Kara détache ses lèvres des miennes et murmure :

– Tu vois ce que tu me fais ?

Mes yeux viennent trouver les siens alors que je parcours son sexe de mon majeur, le lubrifiant de son envie.

– T’as le même effet sur moi.

– Laisse-moi te toucher.

Sachant qu’elle ne pourra pas glisser sa main entre nous alors qu’elle est à moitié allongée sur moi et n’étant pas disposée à mettre mes plans de côté, je l’embrasse tendrement avant de répondre :

– On verra plus tard.

Sa protestation meurt sur ses lèvres, remplacée par un gémissement essoufflé dont je ne me lasserai jamais.

Du bout du doigt, je continue de stimuler son clitoris, variant volontairement les rythmes pour ne pas qu’elle jouisse trop vite.

Son corps ondule au-dessus de moi et c’est presque comme si je ressentais moi-même les fruits de mon travail.

Elle libère son bras du dessous pour venir caresser sa poitrine et je suis partagée entre la jalousie et le plaisir de la voir faire.

J’aime qu’elle se sente suffisamment à l’aise avec moi pour ne pas hésiter à faire ça. Son côté aventureux fait partie de ce qui m’attire chez elle et c’est très agréable de le voir appliqué pour ce genre de choses.

Ne résistant plus, je plonge mes doigts en elle, effectuant directement des allers retours très rapides, ma paume venant frapper son clitoris à chaque fois, ne perdant pas le rythme que j’avais établi.

J’entends les sons que font mes doigts en elle et l’espace d’un instant je repense à notre dérapage téléphonique du début. 

Sa bouche s’ouvre dans un « o » muet et le reste de son corps cesse tout mouvement alors que ses hanches viennent à la rencontre de ma main, accentuant l’intensité de mes gestes.

Elle se contracte autour de mes doigts et je peux suivre la vague de son plaisir du regard à la manière dont son corps se raidit à chaque passage.

Putain ce qu’elle est belle.

Je l’observe prendre son pied et mon cœur ne bat plus à cent mille à l’heure.

Non.

Au lieu de ça, j’ai l’impression qu’il grossit dans ma cage thoracique jusqu’à occuper toute la place et quasi déborder. Déposant un baiser dans ses cheveux, je murmure un « je t’aime » qu’elle n’entendra pas, trop assaillie par ses sensations.

Kara finit par cesser tout mouvement, si ce n’est ses lèvres venant retrouver les miennes dans un baiser suffisamment négligé pour que je sache que je peux être fière de moi.

 

================================

 

Essoufflée, j’essaie de reprendre ma respiration tandis que Kara se met à rire.

Levant un sourcil, je fais l’effort surhumain de tourner la tête dans sa direction pour demander :

– Quoi ?

– Je croyais que… comment c’était déjà ? Ah oui, il n’était pas nécessaire d’étaler mes fluides corporels sur ce canapé, parce que tu le nourris avec les produits adéquats ?

Grommelant, j’essaie d’avoir l’air contrariée en fronçant les sourcils, mais mon sourire béat brise un peu l’effet escompté :

– Quand je dis que t’as une mauvaise influence…

Un lent sourire séducteur gagne son visage, alors qu’elle me fait passer ses ongles dans le pli de l’aine :

– Mh, je ne t’ai pas entendue te plaindre il y a quelques instants.

Arrêtant sa main dans sa descente en direction de mon pubis, j’avoue l’évidence :

– Que veux-tu, apparemment je suis faible quand il s’agit de toi. Et je me laisserais bien tenter, mais je ne tiens pas particulièrement à ce que les garçons découvrent qu’on a mis les choses à plat entre nous de cette manière.

Je ponctue ma phrase par un aller-retour sur son corps. Elle fait une adorable grimace avant de reconnaître :

– T’as raison.

Soupirant, elle dépose un baiser sur mes lèvres et se redresse. Je fais de même et profite du fait qu’elle remet son soutien-gorge pour l’embrasser dans le cou, murmurant :

– On est ok ?

Elle enfile à nouveau son haut et se tourne vers moi, demandant sérieusement :

– J’ai dit oui pour être ta petite copine, non ?

Me rappelant qu’elle me l’avait joué « suspens jusqu’au bout », je rétorque :

– Techniquement t’as dit que tu voulais être dans mes bras ou quelque chose du genre.

Elle m’adresse un regard faussement menaçant, consciente que j’ai bien saisi là où elle voulait en venir :

– Oui, on est ensemble.

Rien qu’à l’entendre prononcer ces mots, mon cœur se met à battre la chamade. Je n’osais même pas l’espérer et me voilà en couple avec la femme de mes rêves.

Je termine de m’habiller avant de passer un coup sur le canapé par respect pour les garçons, tandis que Kara aère rapidement pour retirer les preuves de notre réconciliation. J’ai un sourire béat aux lèvres et quelqu’un qui ne me connaît pas penserait très certainement que j’ai été bercée trop près du mur, mais je n’ai pas l’intention de dissimuler ma joie. Elle me rend heureuse, autant qu’elle le sache.

Elle me rejoint sur le canapé et j’allume la télé, lui passant la télécommande. Je suis dans ma bulle, il vaut mieux qu’elle choisisse le programme étant donné que je ne vais pas y prêter beaucoup d’attention. Kara se blottit contre moi et je l’enlace sans hésiter, déposant un baiser sur sa tempe.

C’est dans cette position que les garçons nous trouvent 1h plus tard. Je me suis tellement habituée à dissimuler mes sentiments que je dois me faire violence pour ne pas m’éloigner de Kara comme si elle était en feu.

Bien qu’ayant eu sa bénédiction, je crains la réaction d’Aaron. C’est une chose de le savoir, une autre de le voir.

Mais mes inquiétudes sont infondées puisque Aaron sourit à l’instant où il pose les yeux sur nous.

– J’en déduis que tout s’est bien déroulé ?

Kara et moi nous regardons et j’ai conscience que mes yeux trahissent le fait que je suis raide dingue d’elle.

J’acquiesce d’un signe de tête, sans la quitter des yeux et m’entends dire :

– Oui. Les gars, je vous présente ma petite amie.

Nathan place ses mains devant sa bouche et émet un cri de joie proche des ultrasons tandis qu’Aaron se contente d’un sourire chaleureux.

J’écarquille les yeux et ai à peine le temps de me préparer que je me retrouve écrasée sous les poids combinés d’une Kara amusée et d’un Nathan joyeux.

– Umph. Vraiment Nathan ?

Regardant par-dessus eux, ma détresse est affichée en toutes lettres sur mon visage alors que je demande à Aaron :

– Tu peux me filer un coup de main s’il te plaît, j’ai du mal à -- umph.

Je laisse ma tête retomber contre le dossier du canapé, n’ayant pas d’autre choix de toute manière.

Nathan chantonne « je suis trop content pour vous !! » et Aaron, au sommet de la pile, se contente de nous enlacer. Je suis proche de l’asphyxie, mais extatique que la soirée se termine comme ça.

 

=====================

 

[ Cinq mois plus tard ]

 

Assise à l’ilot central de la cuisine, je penche la tête pour laisser le champ libre à Kara. Ses lèvres profitent immédiatement de l’espace, venant se poser sur mon cou alors que ses bras se glissent autour de moi, m’enlaçant par-derrière.

Je place mes mains sur les siennes et tâche de ne pas frissonner en l’entendant me dire « bonjour » au creux de l’oreille. Tous les matins ont beau se ressembler, je ne m’y habitue pas et c’est très bien comme ça.

Me tournant pour lui déposer un bisou sur les lèvres, j’entends un son devenu à présent coutumier.

– Mrgh cough cough... Nathan, tu peux me passer un sachet à vomi s’il te plaît ? Ou une fourchette pour mes yeux, le plus rapide.

Alors que je m’apprête à répondre à ses bruits de régurgitation, Kara englobe ma mâchoire de ses mains, me gardant en place pour quelques baisers supplémentaires :

– Ignore-le.

– Bien madame.

– Oh comme je regrette d’avoir donné mon accord pour cette hérésie… Je pensais que la phase lune de miel allait vite vous passer, mais ça fait des mois que ça dure… 

Je tire la langue à Aaron, sachant très bien qu’il plaisante. Kara s’installe sur le tabouret à mes côtés, écartant légèrement sa cuisse pour qu’elle vienne toucher la mienne.

Je n’aurais jamais cru possible que l’on devienne l’un de ces couples qui ont besoin de contact permanent et pourtant, nous voilà.

 Détournant notre attention, Nathan demande :

– Quoi de prévu aujourd’hui ?

Kara est la plus rapide à répondre :

– Je vois Mathieu en début d’après-midi et après stream, comme d’hab.

Malgré moi, je me raidis en entendant le prénom de celui que je n’arrive pas à considérer autrement qu’en un rival. Pour ma défense, la manière dont il me regarde n’aide pas à me vendre l’idée qu’il m’apprécie, quoi qu’elle en dise.

« Mais non, tu te fais des idées, on est juste amis lui et moi ».

Sauf que j’ai été à sa place (quand je pensais qu’on passait uniquement du bon temps ensemble) et je peux vous assurer que s’ils s’étaient mis en couple juste après, j’aurais eu toutes les peines du monde à être civile avec lui. Je sais ce que ça fait d’être avec elle. Alors vouloir me faire croire qu’il a pu l’avoir l’espace d’un instant, pour se retirer gracieusement de l’équation sans broncher, ça me paraît gros.

Évidemment, ma réaction ne manque pas d’en amuser certains, nommément Aaron :

– Ça va Naomi ? T’as un teint un peu verdâtre soudainement.

J’adresse un regard noir à mon coloc, et dépose un baiser au creux de la nuque de Kara, décidant de frapper là où ça fait mal :

– Ça va merci. Je fais confiance à ta sœur et je sais qu’on finira la journée ensemble.

Il lève les yeux au ciel face à l’emphase apportée sur le « ensemble ». Il est clair que je fais référence à ma chambre, où Kara dort quasi toutes les nuits.

Ça lui apprendra.

Nan, mais.

Semblant réaliser quelque chose, Nathan s’enquiert :

– D’ailleurs, vos proches le savent, mais tu penses le dire en stream un jour Kara ?

Elle ouvre la bouche avant de me regarder, demandant :

– T’expliques ou je le fais ?

Après l’histoire des photos mal interprétées, la question s’est rapidement posée entre nous.

– Je t’en prie, vas-y.

– Officiellement, Naomi est ma coloc et c’est tout.

Visiblement, Nathan est confus face à mon manque de réaction :

– Et toi, jalouse comme un pou avec Mathieu, ça ne te dérange pas qu’elle se présente comme célibataire ?

– Alors déjà je ne suis pas jalouse comme un pou… Juste, je n’aime pas spécialement les regards entendus qu’il m’envoie lorsqu’ils vont s’enfermer dans sa chambre.

Immédiatement, Kara fronce les sourcils :

– De quoi tu parles ?

Évidemment qu’elle n’a rien remarqué. Elle donnerait le Bon Dieu sans confession à la terre entière… Si elle trouvait un type cagoulé, couteau en main et recouvert de sang, debout face à un cadavre, et que le mec lui sortait « c’est pas ce que vous croyez, approchez », elle dirait sûrement « ok, j’arrive ».

– Je te raconterai plus tard. Et Nathan, c’est tout l’inverse en fait. En ne leur disant pas, elle garde les spectateurs à l’écart de sa vie privée. Faut pas voir ça comme « elle me cache », mais plutôt « elle ne veut pas me partager ».

– Je confirme, je n’en ai pas du tout envie.

 Je tourne la tête, lui adressant un sourire. Sourire qui effectue un grand numéro de disparition au moment même où elle redemande :

– Et donc, c’est quoi cette histoire de regards ?

J’ai raté une occasion de fermer ma bouche. Même si je ne le porte pas dans mon cœur, ce n’est pas une raison pour jeter Mathieu sous le bus. Fort heureusement, c’est Aaron lui-même qui s’en charge à ma place :

– Fais pas genre t’as rien remarqué ! Il fixe Naomi et c’est tout juste s’il ne rajoute pas « na na na na nèreuuuhh » à chaque fois qu’il s’apprête à fermer la porte derrière vous…

– Sérieux ?

Je lève les yeux au ciel :

– Ben oui sérieux !

Visiblement mécontente, elle serre ma cuisse sous la table et m’annonce :

– Je vais essayer de le prendre en flag. T’as vraiment pas de raison de t’en faire mon cœur.

Ignorant les deux petits cons qui font un concert de « ohhhh », je me penche pour lui déposer un bisou sur la joue :

– Merci !

Ayant terminé de manger, elle se lève, range ses affaires et, au passage, me murmure à l’oreille :

– Tu me remercieras plus tard, j’ai déjà quelques idées…

Et après avoir lâché sa bombe, elle s’éloigne tranquillement, arborant un sourire particulièrement satisfait. Mon esprit part immédiatement en zone humide, sans passer par la case départ.

Mon visage doit le laisser transparaître puisqu’Aaron soupire bruyamment. Soit ça, soit il n’est pas suffisamment dupe pour penser qu’il s’agissait d’une remarque innocente. Nathan se contente quant à lui de glousser.

C’est normal d’avoir hâte que Mathieu arrive ?

 

FIN

 

Nota : 

Un grand merci à ceux et celles qui ont commenté tout du long (vous vous reconnaîtrez), c'est vraiment génial de partager ça avec vous et ça me fait super plaisir de lire vos réactions au fur et à mesure : MERCI. 

Pour les autres, il n'est jamais trop tard pour commenter ( :p je tente ma chance de façon éhontée, j'assume). 

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Commentaires
E
Et me voilà 😭 Ça fait un petit temps que j'appréhende ce moment et le voilà qui est là 😭 <br /> <br /> Encore une fiction que j'ai adorée, je crois que j'adooooore ta façon d'écrire <br /> <br /> Mais me voilà plus frustrée que jamais quand je vois que je n'ai plus rien à lire venant de toi 😭 <br /> <br /> J'ai trop pris l'habitude, comment je vais faire demain soiiir ? Je ne vais plus jamais trouver le sommeil 😱😂<br /> <br /> <br /> <br /> En d'autres mots, j'espère que tu écris encore et je croise les doigts pour que tu réapparaîsses sur ton blog d'ici peu, genre demain hop un nouveau chapitre de dispo <br /> <br /> Ça serait possible tu penses ? <br /> <br /> Steu plaiiiiiiiiit <br /> <br /> <br /> <br /> J'aurais essayé au moins :} <br /> <br /> <br /> <br /> Je ne crois pas t'avoir remercié, encore moins à l'époque, tu m'as permise de m'evader avec tes écrits, je vis à fond tes histoires et c'était déjà le cas quand j'ai découvert ton blog, j'ai l'impression que c'était avant 2012 mais vu les dates de certains chapitres, peut-être pas ! <br /> <br /> J'étais encore ado et maintenant je vais sur mes 28 ans, même si ce fût des périodes c'est comme si j'avais grandis (ou vieillie ? 🤔) en lisant tes fictions, j'y suis attachée à fond ! <br /> <br /> <br /> <br /> Merci de partager gratuitement tes écrits avec nous, même après des années <br /> <br /> <br /> <br /> Ça fait 4 ans que tu n'as rien publié, j'ai vu que tu fais parfois de grosses pauses donc je vais continuer d'espérer un jour pouvoir lire de nouvelles aventures 🤞 <br /> <br /> J'espère que tout vas bien pour toi dans ta vie, c'est bête mais le fait de te lire (et de lire tes petits commentaires j'imagine) fait qu'on s'attache à toi même sans te connaître, ou alors ça ne le fait qu'à moi ? 😂 Ta fiction parlait de Twitch, bah voilà (même si c'est uniquement par écrit, enfin bref tu vois ce que je veux dire je pense xD) <br /> <br /> <br /> <br /> En tout cas prends bien soin de toi, je te souhaite que de belles choses 😁 <br /> <br /> <br /> <br /> PS: Et je suis toujours preneuse si tu as une page Facebook ou quelque chose où tu donnes des news, si jamais !
Répondre
E
Je devais être fatiguée je me suis trompée de chapitre, mon pavé est bien présent sur l'autre, oops désolée d'avoir pourri l'espace commentaire un peu '-'
Répondre
E
J'ai fais un pavé de malade hier que ce chapitre et je le vois pas.... Dois-je m'inquiéter ? 😭
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N
Hello j'ai récemment découvert ce blog et ne me lasse pas de vos histoires que j'ai toutes dévorés. L'écriture est fluide et vos personnages super attachants, ma favorite étant "Chef oui chef" j'attends avec impatience votre prochain écrit :)
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A
J'ai vraiment apprécié "Hors limite" mais je reste sur ma fin ... j'aurais bien aimé savoir ce qui ce passerait avec Mathieu... et un petit épilogue plus lointain que 5 mois...
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