Chapitre 10
Chapitre 10
Xena ne dit rien, restant simplement debout à savourer de contact avec le corps chaud pressé dans son dos. Lentement, elle se retourna, cherchant le regard de Gabrielle.
- C'est vrai ?
L'artiste avait tout juste murmuré sa question. La guerrière savait que de sa réponse dépendrait leur avenir.
- Oui. Je ne joue plus. J'en pensais chaque mot. Gabrielle, je…
Elle fut réduite au silence par l'index de la jeune femme sur ses lèvres.
- Embrasse-moi…
La Conquérante eut un petit sourire avant de se pencher pour délicatement capturer les lèvres de l'artiste.
Le baiser n'était pas comme ceux qu'elles avaient pu échanger auparavant. Il était lent, profond et plein de promesses.
Elles se reculèrent légèrement pour respirer, la guerrière mordillant la lèvre inférieure de Gabrielle. Leurs yeux se trouvèrent et l'artiste se recula à contrecœur. Faisant un pas en arrière, elle tendit la main, immédiatement saisie par Xena.
L'artiste se rendit dans sa chambre, lâchant la guerrière une fois arrivée. Elle plaça une main dans son dos, la guidant jusqu'au lit double.
Les draps défaits étaient comme une invitation à se laisser aller. Pourtant la Conquérante ne bougea pas un cil, attendant que Gabrielle fasse le premier pas. Elle ne voulait prendre aucun risque, pour une fois abandonner le contrôle à quelqu'un d'autre.
Un feu crépitait doucement dans l'âtre créant une atmosphère chaleureuse et apaisante.
Gabrielle parcourut la chambre des yeux, comme si elle la découvrait pour la première fois, terminant par le lit avant de venir chercher le regard de la femme devant elle. Un sourire coquin vint jouer sur ses lèvres.
Elle prit les mains de Xena dans les siennes, les caressant un instant avant de remonter le long de ses bras. Ses mains massèrent les muscles tendus des épaules de la Conquérante avant de venir se poser sur les attaches de l'armure qu'elle portait. Elle parcourut un instant les motifs compliqués du bout des doigts avant de s'arrêter. Se mordant la lèvre inférieure, Gabrielle leva un regard interrogateur vers la guerrière qui acquiesça d'un mouvement de tête.
Quelques secondes suffirent à l'artiste pour venir à bout des attaches. Elle s'attaqua aux autres parties jusqu'à ce que l'armure en cuir glisse doucement le long du corps sculptural de la Destructrice des Nations. S'extirpant hors du vêtement, Xena resta parfaitement immobile, laissant Gabrielle la découvrir.
La jeune blonde était captivée par la vue de la Conquérante vêtue d'une courte tunique de lin. Elle paraissait presque fragile, se laissant caresser du regard sans dire un mot. Deux petites mains virent défaire les lacets qui maintenaient le vêtement en place. La robe tomba dans un bruit d'étoffe.
Xena tenta de maitriser sa respiration sans grand succès. Le regard brûlant de Gabrielle parcourait chaque partie de son corps et l'envie dans ses yeux était indiscutable.
L'artiste posa ses mains sur les hanches de son amante, remontant lentement le long de ses flancs jusqu'à venir effleurer le galbe d'un sein. Elle pouvait voir la poitrine de la Conquérante tendue, demandant de l'attention.
Mais ça n'était pas au programme, du moins pas pour l'instant. S'agenouillant, Gabrielle caressa le ventre de la guerrière, jouant avec son nombril avant de passer le bout d'un doigt sous le bord du sous-vêtement. Lentement, elle partit du centre pour venir se placer sur les côtés du dessous. Délicatement, elle saisit le tissu et descendit le vêtement.
La Conquérante regarda Gabrielle la mettre à nue le souffle court, tout son corps en ébullition, tremblant à la perspective des prochains gestes. Jamais elle ne s'était sentie aussi exposée une fois nue et cela l'excitait terriblement.
La jeune blonde jeta de côté les restes de la tenue de la guerrière avant de très lentement relever la tête, mémorisant chaque parcelle du magnifique corps devant elle. Ses yeux terminèrent leur course dans ceux de Xena.
Elle se releva, ses mains partant des chevilles de la guerrière, parcourant l'intérieur des cuisses en griffant légèrement la peau sensible. Avant d'arriver là où la guerrière avait le plus besoin d'elle, elle se retira, plaçant directement une main sur la joue de la Conquérante et l'autre à l'arrière de sa nuque.
Elle attira son amante à elle. Seules leurs lèvres se touchaient. Leur baiser fut doux et calme jusqu'à ce que Gabrielle parcoure le dos de Xena du bout des ongles, lui extirpant de doux frissons avant de l'attirer entièrement contre elle.
Elles se reculèrent pour reprendre leur souffle, en profitant pour mesurer l'envie dans les yeux de l'autre. Gabrielle déposa des baisers de plume dans le cou de la guerrière avant de mordiller la peau sous ses lèvres. Sentant la Conquérante trembler sous sa bouche, elle remonta lentement jusqu'à l'oreille de son amante, lui faisant subir le même sort qu'à son cou avant de murmurer d'une voix rendue rauque par l'envie :
- Allonge-toi.
Le souffle chaud de l'artiste donna la chair de poule à la guerrière. Elle la voulait comme jamais elle n'avait voulu quelqu'un de sa vie. Sans hésiter, elle fit ce qui lui était demandé, s'allongeant sur le lit. Son regard plongé dans celui de Gabrielle, elle attendit.
La blonde regarda la superbe femme étendue nue sur son lit. Elle déglutit et s'efforça de ne pas se ruer sur elle. Se tournant pour lui faire face pleinement, les yeux toujours les siens, elle porta ses mains à ses épaules. Défaisant le nœud qui maintenait en place le vêtement, elle laissa sa robe glisser le long de son corps avant de s'en dégager.
Elle laissa le regard brûlant de la Conquérante parcourir son corps avant de retirer ses sous-vêtements.
Le feu donnait à la scène un aspect irréel. Xena était envoûtée par la jeune femme et l'effet qu'elle avait sur elle. Tous ses sens étaient à leur paroxysme, c'était comme si elle pouvait sentir le moindre courant d'air, voir tous les détails qui lui avaient échappé, entendre le battement de son cœur et leurs souffles erratiques.
Gabrielle posa un genou de part et d'autre d'une des cuisses de Xena, avant de venir s'appuyer sur ses coudes, se maintenant au-dessus de la Conquérante sans jamais entrer en contact. Elle sourit devant la vue qui s'offrait à elle. Enfin, elle allait pouvoir assouvir ce désir qui la rongeait. Elle aurait voulu pouvoir résister au feu qui parcourait ses veines, aurait voulu combattre cette envie, mais elle savait que c'était un combat perdu d'avance.
Elle se pencha pour venir capturer les lèvres de la guerrière dans un baiser non retenu. L'un des bras de Xena vint s'enrouler autour de sa taille pour l'attirer à elle.
Elles gémirent toutes les deux à ce contact.
- Oh Dieux !
Un instant plus tard, leur baiser reprenait de plus belle. Il n'était plus question d'attendre une seconde de plus. Leurs mains caressaient chaque parcelle de peau à portée, leurs cœurs battant à l'unisson, leurs souffles se mêlant dans un baiser qui n'en finissait plus.
Les doigts de Gabrielle virent trouver l'un des seins de Xena, tandis que sa bouche s'attaquait à son cou, avant de descendre plus au sud. Sa langue joua un instant avec la pointe érigée avant de la prendre en bouche, appliquant une délicieuse succion. La main gauche de la guerrière vint repousser quelques mèches de cheveux blonds et leurs regards se croisèrent au moment même où l'artiste commença à mordiller la chair tendre.
La main de la jeune femme délaissa la poitrine de la guerrière pour venir caresser son ventre, descendant un peu plus bas à chaque fois. Elle partit ensuite le long d'une des cuisses, remontant lentement et répétant l'opération sur la seconde. Arrivée au sommet de cette dernière, elle fit glisser sa main sur le sexe de la Destructrice des Nations.
Elle gémit en sentant sous ses doigts la preuve du désir que l'autre femme lui portait. Elle caressa lentement les replis humides, se délectant des sons qu'elle extirpait à son amante.
- En moi, s'il te plait…
Gabrielle prit un moment pour savourer l'étrange pouvoir qu'elle possédait sur la Conquérante en cet instant avant de s'exécuter.
C'était une sensation enivrante, voir la Destructrice des Nations onduler sous elle, la posséder de sa main. Jamais la jeune blonde n'avait connu une telle ivresse. Elle pénétrait la Conquérante avec l'intensité de la passion et de la frustration qu'elle avait pu ressentir. Incapable de s'arrêter, elle voulait donner toujours plus de plaisir, garder cet ascendant. Plus elle cherchait à assouvir le feu qui brulait en elle, plus son envie augmentait.
Sa bouche alla retrouver la poitrine offerte, jouant avec les tétons de sa langue et de ses lèvres. Au premier contact, elle sentit le frisson qui parcourut Xena de part en part, se répercutant dans tout son corps. Dieux qu'elle était réceptive…
Les yeux d'ordinaire si clairs de la Conquérante étaient noirs de désir et fixés dans les siens. Celle-ci luttait pour ne pas fermer les paupières tandis que des vagues de plaisir l'assaillaient. La sensation des doigts de Gabrielle bougeant en elle, de sa paume exerçant une délicieuse friction à chaque va et vient était enivrante. Xena sentait le plaisir monter rapidement, de plus en plus puissant et savait qu'elle ne tiendrait bientôt plus.
Ses hanches imitaient le rythme imposé par l'artiste, la laissant maître de son plaisir.
Soudain, le corps de la Conquérante se raidit, Gabrielle sentit les muscles se resserrer autour de ses doigts tandis qu'elle accompagnait la guerrière jusqu'au bout de son plaisir, gardant ses yeux dans les siens, leurs corps en contact sur toute leur longueur.
La jeune blonde embrassa le cou de la guerrière le temps que celle-ci reprenne ses esprits. L'odeur de la Conquérante était enivrante et Gabrielle se demanda si elle pourrait en être un jour rassasiée.
Elle releva la tête et sourit au vu du sourire coquin que lui lança Xena.
- Tu n'es pas fatiguée, j'espère ?
L'artiste sourit à son tour avant de répondre :
- Un peu… Tu penses pouvoir me garder éveillée ?
Un sourcil parfaitement dessiné se leva. Un défi ?
- Je crois avoir mes chances, on va bien voir…
La guerrière attira Gabrielle plus à elle, de sorte que l'autre femme se retrouve chevauchant son ventre. Regardant la jeune blonde dans les yeux, Xena leva la tête pour venir mordiller la lèvre inférieure de son amante, avant de venir la caresser du bout de sa langue.
Gabrielle colla son corps au sien. Dans le baiser, elle sentit la guerrière sourire.
- J'ai manqué le passage marrant ?
- Marrant n'est pas le mot…
L'artiste laissa échapper un petit gémissement en sentant les muscles abdominaux se contracter contre son sexe. Instinctivement, elle commença à bouger contre son amante, profitant de la friction qu'elle lui offrait. Gabrielle se redressa tout en continuant ses va et vient, offrant à Xena une vue imprenable sur son corps. Elle sourit, les yeux mi clos, en voyant le regard plein de désir que celle-ci lui portait.
Soudain, elle sentit les mains de la Conquérante l'attirer jusqu'à ce qu'elle se retrouve agenouillée de part et d'autre de la tête de celle-ci.
Xena eut un sourire coquin et se lécha les lèvres.
- Allumeuse.
Gabrielle voulut répondre mais tout ce qui passa ses lèvres fut un gémissement étranglé en sentant la bouche de la guerrière se poser sur son intimité.
L'artiste baissa les yeux et faillit jouir rien qu'en voyant la Conquérante affairée entre ses cuisses.
- Oh Dieux…
Elle posa ses mains à plat sur le mur, tentant de retrouver un semblant d'équilibre alors que la langue experte de Xena l'amenait sans nul doute au point de non retour. Elle sentit les mains de la guerrière venir se poser sur ses fesses pour la maintenir en place malgré ses tremblements.
L'une des mains de Gabrielle vint se poser sur les cheveux de la Conquérante, l'incitant à continuer. Elle savait qu'elle ne tiendrait plus longtemps. La position dans laquelle elle était combinée aux administrations talentueuses de la langue de Xena allait avoir raison d'elle.
* * * * *
Gabrielle ouvrit les yeux et sourit immédiatement en sentant le corps chaud contre le sien. Elle souleva sa tête de l'épaule de la Conquérante et profita de son sommeil pour l'observer. Ses traits étaient fins et nobles. Même dans son sommeil, la guerrière conservait un air majestueux.
L'artiste déposa de doux baisers sur le visage de Xena, voulant que celle-ci se réveille dans ses bras. Elle sentit le sourire se dessiner avant même que l'autre femme ne parle :
- Méfie-toi, je pourrais m'y habituer…
- Ah ? Et je serais obligée de le faire tous les matins ?
- C'est une option en effet…
- Hmmm…. Alors fais-moi penser à recommencer.
La Destructrice des Nations serra la jeune femme contre elle. La veille encore elle n'y croyait plus et pourtant elles se retrouvaient là, toutes les deux. Un sentiment de bien-être total l'envahit, bien vite repoussé par un doute :
- Et maintenant ?
Gabrielle posa sa tête sur son bras et embrassa le front de Xena avant de répondre :
- Quoi maintenant ?
- Qu'est-ce qu'on va faire ?
Un doute envahit l'artiste : et si ça n'avait été pour la Conquérante que l'histoire d'une nuit ? Et si elle regrettait déjà ?
- Xena, je… je ne comprends pas ce que tu veux dire…
La guerrière passa sa main dans ses cheveux, trahissant son anxiété avant de parler, embarrassée :
- Ta famille, tes amis… Ils me détestent tous…
Gabrielle se retint de sourire, ne voulant pas blesser l'orgueil de la Conquérante. C'était tellement surprenant de la voir se soucier de ce que peut bien penser le peuple… Elle posa ses mains sur les joues de la guerrière et la força à la regarder avant de déposer un doux baiser sur ses lèvres.
- Ma vie privée, comme ce que je fais de mon corps, ne les regarde pas.
- Tu réalises qu'ils vont finir par l'apprendre ? Je veux dire, si " ça " continue, les gens vont remarquer que pour quelqu'un qui ne s'intéresse pas à l'art - enfin mis à part quand il consiste à faire mon portrait - je passe beaucoup de temps avec une certaine artiste…
Gabrielle lui donna une petite claque sur l'épaule avant de dire d'une voix joueuse :
- Narcissique ! … En quoi ça devrait me déranger qu'ils l'apprennent ? Ils seront sûrement jaloux de ma position dans le lit impérial, mais si-
- Ils vont certainement te détester, te considérer comme une traitresse, quelqu'un qui a pactisé avec le diable…
- Alors je leur dirai ce qu'il y a entre nous et leur expliquerai quel type de personne tu es…
- Et tu crois que je te laisserais ruiner ma réputation ? Être un monstre sanguinaire n'est pas donné à tout le monde !
Gabrielle ne répondit pas, se replaçant tout contre l'autre femme. Elle était persuadée qu'en cas de problème, elle n'aurait qu'à se retrouver dans cette position pour tout oublier et retrouver cette chaleur.
* * * * *
- Allez, dis-nous qui c'est ?
- C'est personne Lila, arrête de rêver…
- Ohhh, attends, tu veux faire croire ça à qui ? Maman, Papa, elle disparait bien régulièrement et nous fait des cachoteries, je me trompe ?
Elle tourna la tête en direction de ses parents qui acquiescèrent.
- Merci du soutien ! Mais je maintiens ma position !
- Oui, mais avec qui tu la maintiens ? demanda Lila d'un ton joueur.
L'artiste lui donna une petite tape sur le bras, ne prenant pas la peine de répondre. Prenant pitié, la mère de l'artiste lui demanda :
- Gaby, tu veux bien aller me chercher quatre œufs, s'il te plait ?
- Bien sûr, je reviens tout de suite.
La jeune blonde se leva et sortit, soulagée d'échapper momentanément à l'interrogatoire que lui faisait subir sa sœur. Elle fit le tour de la maison pour se rendre au poulailler. S'approchant de la porte de la cage, elle fronça les sourcils. Elle dit d'une voix douce :
- Eh ben mes cocottes, pourquoi vous êtes aussi agitées ?
- Parce que je suis là…
Gabrielle se retrouva plaquée contre la porte. Elle gémit en sentant le corps de la Conquérante se presser dans son dos. Elle se retourna et l'attira à elle dans un baiser brûlant. Elle se recula au bout d'un moment, le souffle court…
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Il fallait que je te voie… Tu es partie vite hier…
Gabrielle sentit la main de la guerrière passer sous sa jupe, puis se frayer un chemin sous son sous-vêtement. Un frisson la parcourut au premier contact.
Mais c'était trop risqué.
Prenant sur elle, elle repoussa doucement Xena.
- Non… J'ai pa-
- Tu en as envie, ne mens pas, j'en ai la preuve…
Retirant sa main, la Conquérante porta ses doigts à sa bouche, les léchant consciencieusement sous le regard brûlant de l'artiste.
Sans plus attendre, elle redescendit trouver la source du plaisir de Gabrielle. Celle-ci gémit en sentant à nouveau les doigts habiles de la guerrière sur son sexe.
Elle prit néanmoins son poignet dans sa main, tentant de l'immobiliser. A bout de souffle, elle murmura :
- J'ai pas le temps, ils vont me chercher d'un instant à l'autr-
Ses mains virent se placer dans les cheveux de la Conquérante, l'amenant plus à elle en sentant ses doigts la pénétrer. Elle émit un gémissement bien vite étouffé par les lèvres de Xena.
La porte en bois grinçait doucement sous les à-coups réguliers qu'elle subissait. La guerrière sentait la résolution de l'autre femme s'amenuiser.
Pourtant, Gabrielle tenta une dernière fois de repousser son amante, pour se retrouver les deux poignets pris dans une poigne d'acier au-dessus de sa tête.
Sentant la Conquérante accélérer ses mouvements, l'artiste oublia pourquoi elles devaient arrêter, pourquoi c'était une très mauvaise idée… Dieux, elle n'était même pas sûre de se souvenir de son propre nom…
Rapidement, Xena sentit le corps de la jeune femme se raidir pour finalement se détendre. La Conquérante retira sa main et enlaça Gabrielle tandis que celle-ci tentait de récupérer. Jamais avant personne ne l'avait faite réagir de la sorte. D'un côté comme de l'autre, c'était une sorte de besoin impérieux, une envie, de celles qu'on ne peut ignorer.
Souriante, la guerrière dit d'un ton joueur :
- As-tu idée de combien coûte une tenue comme celle-ci ?
Suivant le regard de la Conquérante, Gabrielle constata les indéniables traces de dent marquées dans le cuir au niveau de l'épaule de la guerrière. Rougissant dans un premier temps, elle finit par répondre :
- As-tu idée de ce qui se serait passé si j'avais crié ? Ou pire, si je t'avais mordue à l'épaule !?
- Tu marques un point…
Gabrielle posa sa main sur la joue de Xena, avant de passer derrière sa nuque, l'attirant à elle dans un baiser.
Entendant toutes les deux un petit cri de surprise, elles se repoussèrent mutuellement. Gabrielle n'osait pas ouvrir les yeux, comme retardant l'échéance.
Elle finit par soulever ses paupières pour se retrouver face à une Xena qui tentait vainement de prendre un air détaché et une Lila la bouche ouverte de choc. La situation aurait pu être comique si elle n'avait pas été aussi dramatique.
Désemparée, Gabrielle passa une main nerveuse dans ses cheveux, tentant de se donner une contenance.
- Lila… Je crois qu'il faut qu'on parle…
Sa sœur finit par réussir à fermer sa bouche et réussit même à articuler :
- Oui… Je crois aussi… Je t'attends de l'autre côté.
Sans un mot de plus, elle repartit comme elle était venue étant visiblement pressée de quitter les lieux.
Se tournant vers Xena, Gabrielle la pointa d'un doigt accusateur :
- C'est ta faute, je t'avais bien dit que ça allait arriver… Dieux, qu'est-ce que je vais lui dire…
- Pourquoi pas la vérité ? De toute manière…
- Oui, elle nous a prises la main dans le sac… dit Gabrielle.
En entendant la guerrière pouffer de rire, l'artiste réalisa que ses paroles auraient pu être interprétées comme un mauvais jeu de mots. Mi agacée, mi amusée, elle donna un petit coup du plat de la main sur l'avant de l'armure de la guerrière.
- Tu m'énerves !! Et en plus tu me compares à un sac !
A ces mots et au vu de l'air offusqué de l'artiste, Xena recommença à rire de plus belle.
Souriante, Gabrielle secoua la tête avant d'attirer la guerrière à elle par son armure. Elle déposa un petit baiser sur ses lèvres avant de se reculer.
- Tu me le paieras, sache-le !
- Huh huh…
Gabrielle se dirigea vers l'endroit où sa sœur l'attendit, lançant sans se retourner :
- Tu ne perds rien pour attendre !
Bien trop vite à son goût, elle se retrouva face à Lila. Elle n'osait pas la regarder dans les yeux, de peur d'y voir ce qu'elle était certaine d'y trouver : dégoût, déception, peut-être même haine…
Elle sursauta en entendant Lila rire doucement. Elle leva des yeux interrogateurs, voulant savoir quelle était la blague ?
- Rien… J'aurais dû le savoir, c'est tout. Je veux dire… Quand elle est venue pour Papa et Maman… C'était…. Tellement peu elle. Et la façon dont vous vous regardiez…
- Tu… Tu m'en veux ?
Lila prit un instant pour réfléchir à la question.
- Non… Enfin, bien sûr, tu aurais pu choisir quelqu'un d'autre… Par exemple quelqu'un que tout l'Empire ne hait pas mais… Si elle te rend heureuse, ça me va. Je sais bien que l'amour ne se contrôle pas…
Gabrielle se jeta dans ses bras, la serrant le plus fort possible.
- Euh… Je t'aime aussi, mais j'aime aussi respirer…
L'artiste se reculant en riant doucement, des larmes de soulagement plein les yeux. Lila les essuya de ses pouces avant de venir déposer un baiser sur le front de sa sœur.
- J'en reviens pas n'empêche… Ma sœur et la Destructrice des Nations. Gabrielle et la Conquérante, la femme la plus puissante au monde…
Gabrielle sourit timidement.
- Oui… ca peut faire bizarre… Enfin je ne la vois pas comme ça…
- Oh pitié, épargne-moi les discours larmoyants ! Allons chercher ces œufs ! dit Lila en attirant sa sœur contre elle.
Elle partit devant, suivie de près par Gabrielle. La guerrière n'avait pas bougé d'un pouce. Souriante et un air coquin sur le visage, Lila se pencha pour murmurer à l'oreille de sa sœur :
- Je vois au moins une des choses que tu lui trouves… Elle est superbe…
Gabrielle donna une petite tape du revers de la main dans le ventre de sa sœur avant de répondre en chuchotant elle aussi :
- Oui, elle l'est…