Chapitre 18 : Le grand départ
Le son que produit le diable aux yeux rouges me réveille. Duh ! Pourquoi j’ai emporté cette diabolique machine ?
Parce que la voix nasillarde du réceptionniste serait pire, souviens-toi du service de réveil de l'hôtel...
Mais à part ça ?
Dans un grognement, j’éteins mon réveil et me frotte les yeux.
La première chose qui me vient à l’esprit est que je suis loin d’avoir eu mon quota d’heures de sommeil. TRES loin.
La seconde pensée qui atteint mon esprit embrumé est pourquoi j’ai peu dormi.
Je souris à l’idée, me souvenant de ce qui s’est passé hier soir… et qui s’est poursuivi toute la nuit.
Je me demande si je vais un jour pouvoir m’arrêter de sourire.
Shaell.
Shaell Mackenzie et moi.
Huhu !
Je m’étire et c’est une fois le bras tendu que je réalise que quelque chose que je devrais sentir n’est pas là. Et par « quelque chose » j’entends « le corps de celle qui m’a fait l’amour toute la nuit ».
Je tâte le lit avec inquiétude. Pas le moindre endroit plus chaud qu’un autre.
Pleinement réveillée, je bascule me jambes de manière à m’extirper du nœud que j’avais fait dans les couvertures. Je me dirige vers la salle de bain, frissonnant au contact de l’air frais.
Après tout, peut-être qu’elle est partie me chercher des pâtisseries !
Je souris à cette idée et m’installe sur le trône, quand quelque chose capte mon attention.
Mon sourire s’évapore en constatant que sa trousse de toilette n’est plus à côté de la mienne.
Autant pour les croissants.
Je finis mon affaire, me lave les mains et cours jusqu’à son placard.
Vide.
Evidemment.
C’était trop beau.
Je claque la porte.
- Merde ! Putain !
Je prends ma tête entre mes mains et vais m’asseoir sur le lit.
Réfléchis.
Il s’est passé quoi ?
Je me revois la caressant, ma bouche, mes doigts parcourant son corps. Je me rappelle le goût de ses baisers, la façon dont elle réagissait à mon toucher…
Ok.
Stop.
Je me fais du mal.
Un coup d’œil au réveil m’indique que je n’ai pas franchement le temps de me morfondre davantage si je ne veux pas rater mon avion.
Je prends une douche rapide, effaçant toute trace de cette nuit, ignorant les picotements là où l’eau chaude rencontre ma peau brûlée par le tapis.
Je m’habille avec hâte et termine de remballer mes affaires personnelles.
Elle n’a même pas laissé de petit mot.
Je prends la clé électronique, jette un dernier coup d’œil à la chambre, à la baie vitrée… Et ferme la porte. Je me rends à la réception et dépose la clé, prenant la peine de demander au type à l’accueil s’il faut régler quelque chose. Comme je m’y attendais, elle s’est déjà chargée de tout.
Je résiste à l’envie de me planquer en apercevant Mattéo et Angy un peu plus loin. Étant donné que j’ai passé l’âge de jouer à la cachette, je m’efforce d’être civilisée et leur adresse un petit signe de la main.
Et merde, Angy court vers moi.
Ma politesse me perdra.
J’ignore royalement l’envie qu’ont mes jambes de se mettre à courir et m’efforce de rester sur place.
- Coucou !
- Salut Angy.
- Je voulais te demander… Ce… Ça va ?
Je souris bravement et acquiesce, sachant très bien que tout ce qui sortirait de ma bouche sonnerait faux. Visiblement, pas besoin de parler pour me faire griller puisqu’elle se pince les lèvres et à un petit air désolé.
- J’ai vu Sha ce matin…
Je lève ma main immédiatement pour l’empêcher d’en dire davantage. Je devrais être curieuse, à vrai dire je voudrais certainement des explications un peu plus tard, c’est juste que….
- S’il te plait, pas maintenant.
Elle baisse la tête, puis attrape son sac, griffonne un truc sur un bout de papier et me le tend :
- C’est mon numéro. Je… Je suis peut-être pas la mieux placée mais… Enfin… Appelle-moi. S’il te plaît.
Je lui souris et fais un signe de la tête. Après tout, mis à part un besoin quasi-pathologique de dire à voix haute ses pensées sans tact aucun, elle est plutôt sympa.
Elle m’attire à elle dans une brève accolade et me chuchote à l’oreille :
- Quoi qu’il se soit passé, t’en fais pas, ça va s’arranger.
Je souris, lui tapote l’épaule et me retourne immédiatement. Je ne veux pas en parler. En plus, elle n’a pas l’air de savoir grand-chose, même si on ne sait jamais avec elle.
La route jusqu’à l’aéroport est ennuyeuse au mieux. Cette fois ci, ma boss ne m’a pas laissé l’occasion de lui broyer une cuisse.
Peut-être que je la verrais à l’aéroport.
Je ris de ma propre stupidité.
Mais bien sûr.
Avec un bouquet de fleurs tant qu’on y est.
Je vais enregistrer mes bagages et tente ma chance au guichet :
- Excusez-moi, est ce que Mlle Mackenzie, placée juste à côté de moi s’est déjà enregistrée ?
- Vous êtes de la famille ?
Je réfléchis rapidement et dit d’une voix moins convaincante que ce que j’aurais souhaité :
- Euh… Oui ?
La guichetière me regarde d’un air parfaitement blasé, levant un sourcil devant mon évident mensonge :
- Enfin de… la famille des homo-sapiens.
Mon petit sourire ne marche pas davantage que ma tentative d’humour. J’imagine que je vais devoir patienter pour avoir la réponse.
Après le vol le plus long de l’histoire et sans personne pour me réconforter, l’avion atterrit sur la piste.
Je laisse échapper un souffle que je n’avais pas conscience d’avoir retenu.
L’attente au tapis roulant est interminable et ma superbe valise fait son apparition en bonne dernière. Le fait qu’elle ne soit pas là pour se moquer de moi me rappelle son absence.
Je savais que ce voyage n’était pas une bonne idée.
Je sors dans le hall de l’aéroport en trainant des pieds, n’ayant strictement pas envie de retourner dans mon appart désespérément vide.
A ma grande surprise, un tourbillon dans une robe blanche à pois verts pomme se jette sur moi à peine les portes automatiques passées. J’essaie de garder un maximum d’air au cas où cette accolade forcée dure plus longtemps que prévu. Après un temps bien trop long pour que mes os n’aient aucun dommage irréversible, Steph relâche sa prise et se recule !
- Surprise !!!!!
Ses cheveux bruns virevoltent dans les airs tandis qu’elle sautille devant moi, surexcitée.
- Coucou.
Elle m’inspecte de haut en bas, me secouant comme un prunier et prend une inspiration surprise en voyant l’état de mon coude.
- Elle t’a battue ? Je le savais ! Je te l’avais bien dit !
Je bouge mon bras de manière à le libérer de son emprise et me met à marcher en direction des taxis :
- Ouh, quelqu’un s’est levé du mauvais pied !
Ça…
- Il s’est passé quoi ?
Je continue ma route sans prendre la peine de répondre :
- Oh allez quoi ! Je suis venue jusqu’ici pour avoir les ragots les plus frais ! Tu ne vas quand même pas me faire attendre !
Mes yeux se ferment et je fais de mon mieux pour ne pas m’en prendre à elle. Après tout elle n’a rien fait, mis à part être fidèle à elle-même.
Apparemment, même sans parler j’en dis long puisque quand j’ouvre les yeux, je me retrouve nez à nez avec son index, bien trop près de mon visage pour que mes yeux ne louchent pas et elle me marmonne un « attends » en farfouillant dans son sac.
Elle finit par en sortir un chewing-gum et me le passe :
- C’est pour quand il y’en a marre.
Je n’arrive pas à retenir un sourire et lève un sourcil. Elle me regarde et dit d’un air parfaitement naturel :
- Quoi ? Pour moi ça fonctionne ! Allez viens, je te ramène.
Je finis par la suivre. Après tout, j’ai dû atteindre la limite de ma carte de crédit fournie par l’entreprise dans le taxi tout à l’heure. Et le bus, endroit où je pourrais être amenée à rencontrer des gens, des couples même, ne me tente pas tellement. Allez savoir pourquoi !
Je monte dans sa petite voiture et déplace l’énorme paquet de bonbons pour pouvoir m’asseoir sur le siège passager.
- C’était au cas où tu voulais faire la fête.
Dit comme ça… L’intention était charitable, louable même… Mais pour le coup j’ai pas tellement envie.
Une fois dans la voiture, je subis l’intégrale d’Annie Cordy et m’efforce de ne pas piquer un sprint jusqu’à ma porte d’entrée une fois arrivée chez moi.
Mon appartement est tout sombre. Ça tombe bien, mon humeur n’est pas mieux.
Je me retourne et vois que Steph est toujours à la porte, comme une espèce de vampire qui aurait besoin d’une invitation pour entrer.
Elle se balance d’un pied sur l’autre et me dit d’un air hésitant :
- Je crois que je vais te laisser.
- Tu peux rester si tu veux.
Je crois qu’elle sait que j’ai dit ça sur ce ton si particulier. Celui avec lequel on dit quelque chose plus par politesse que parce qu’on le pense. Comme quand on doit deviner l’âge d’une personne un peu trop mûre.
- Non, t’as eu un long voyage et le séjour à pas dû être de tout repos. Je vais te laisser récupérer.
- Ok, comme tu veux.
- Si t’as besoin…
- Je sais où te trouver, t’inquiète pas.
Elle m’offre un sourire plein de joie, qu’elle est la seule à réussir. Je veux dire, normalement, y’a que dans les pubs de dentifrice qu’on voit autant de dents. Le pire, c’est que le sien est contagieux. Mes lèvres s’étirent en un genre de grimace, supposément rassurante.
Elle m’observe quelques secondes encore, son sourire vaillamment en place. Elle s’apprête à se retourner quand je l’interpelle :
- Et Steph ?
- Oui ?
- Merci.
Elle me fait un clin d’œil qui, j’espère, n’est destiné qu’à ses amis -étant donné que l’ouverture de bouche et l’exagération du geste n’est pas franchement attirante- et retourne à sa voiture.
Elle klaxonne comme une furieuse, histoire de s’assurer que tous les voisins sont au courant de mon retour et s’en va dans un crissement de pneus.
Je reste à sourire à la porte pendant une bonne minute et me décide à rentrer.
Il me faut un bon bain. Y’a que ça de vrai.
* * * * *
Ce matin est venu bien trop vite à mon goût. Techniquement, je devrais avoir un peu de temps pour me remettre, c’est le rituel en cas de retour de voyage d’affaires, mais il faut finaliser les accords qu’on a conclus et faire un débriefing avec l’équipe.
J’envisage d’appeler le boulot et dire que j’ai contracté la peste bubonique dans l’avion, ce qui, à mon sens, constitue une excuse acceptable pour justifier mon absence.
En plus, Shaell ne pourrait rien dire, elle n’était pas dans cet avion. Paraît qu’on met deux à cinq jours pour s’en remettre avec les bons médicaments. Des petites vacances improvisées me tenteraient bien.
Secouant la tête, j’ajuste mon tailleur et me regarde une dernière fois dans le miroir.
Comme d’habitude, les mêmes yeux bleus me fixent dans le reflet, les mêmes cheveux blonds… vu de l’extérieur, je n’ai pas changé. En réalité, je suis loin de me sentir aussi bien que ce que ma bonne mine laisse penser.
Décalage horaire, pfiou, des broutilles !
Je mets peu de temps pour trouver une place, qui en plus est assez proche de l’entrée. Le soleil brille.
D’habitude, j’aurais dit que c’est le présage d’une bonne journée.
Là je me dis juste que le sort s’acharne et veut s’assurer que je sois à l’heure. Il n’y a jamais de déluge verglaçant quand ça nous arrange.
Je rentre dans l’imposant immeuble et me dirige directement vers les escaliers. Inutile de prendre le risque de me retrouver à devoir faire la discussion à un collègue un peu trop curieux. Je préfère encore prendre les escaliers.
Après tout, on n’est qu’au 8ème étage.
Arrivée au 2ème, essoufflée et à la limite de transpirer, je réalise la faille dans mon pourtant génialissime plan. Ça ne m’empêche pas de continuer pour autant.
J’arrive à mon bureau sur les genoux. Littéralement.
Je crois que j’ai usé la semelle de mes escarpins dans les escaliers. D’ailleurs je tiens à me plaindre ! Celui qui a eu l’idée de mettre des talons aux chaussures, n’a JAMAIS eu à montrer huit étages avec. Ou alors, il l’a peut-être fait et en est mort avant d’avoir pu dire au monde entier de ne pas le faire !
Hum… Ça se tient.
Je ferme la porte de mon bureau, que je laisse d’ordinaire toujours ouverte.
J’espère qu’ils vont comprendre le message. S’ils veulent me voir, ils n’ont qu’à regarder à côté de la porte. Après tout, avec autant de baies vitrées, mon bureau ressemble plus à un grand aquarium qu’autre chose.
Plutôt que de bosser ou de préparer mon débriefing comme il se doit, je choisis de bouder, option Freecell. Faut bien montrer à Steph qui est la patronne. Même si techniquement ce n’est pas moi, je me comprends.
Loin d’être gênée par mon manque de professionnalisme, j’attends qu’on vienne me chercher pour aller à la réunion plutôt que de m’y rendre moi-même.
Je n’ai pas la moindre envie de rejoindre ma chef dans cette pièce. Mais bon, on ne m’a pas demandé mon avis.
Je rentre dans la salle de réunion et salue mes collègues d’un geste de la main, me contentant d’un « madame » et d’un hochement de tête en direction de Shaell.
Elle porte un tailleur bleu marine qui met ses formes en valeur, cintré pile comme il faut. Je détourne le regard de son corps rapidement, plus parce que ça me fait du mal que parce que j’ai une audience.
Aujourd’hui, je n’ai rien à foutre de rien.
Elle commence sa présentation comme si de rien n’était, mettant en évidences les points du projet sur lequel on a avancé. Elle tourne régulièrement la tête entre le graphique projeté au mur et l’audience, ce qui me laisse apercevoir une partie du suçon que son petit foulard blanc ne couvre pas si bien que ça.
Je n’ai franchement pas besoin de ça pour me souvenir de ce qui s’est passé.
Quand vient mon tour de parler, je réalise que ma petite grève inopinée n’était peut-être pas très judicieuse.
Bah… Après tout… Qu’est-ce qu’elle peut me faire, me virer ?
Je rigole à cette idée. Elle ne prendrait pas le risque de se faire mettre à la porte au passage si je la dénonce.
Quand les ¾ des collègues commencent à me regarder d’un drôle d’air, je percute qu’il est temps pour moi de cesser de rire de mon propre cynisme et de me mettre à parler.
Je fais une présentation qu’on pourrait qualifier de brouillon au mieux et termine en demandant si quelqu’un à des questions d’un ton qui signifie clairement qu’il ne vaut mieux pas.
Ayant le silence pour seule réponse, j’imagine que j’ai été claire. Après tout, ma boss avait peut-être raison en disant que rien que d’avoir survécu à ses côtés pendant une semaine me vaudrait leur respect.
Survécu… A peine.
Je remercie sèchement l’ensemble des personnes présentes et suis la première à quitter la pièce.
D’ordinaire, après une scène pareille, on peut s’attendre à voir la chef apparaitre dans la minute. Sauf que je sais qu’elle ne viendra pas. Après tout, elle a passé la majeure partie de son temps à éviter mon regard ce matin, ça m’étonnerait qu’elle cherche à me parler.
Et si c’est le cas, je risque de la recevoir, supérieure ou pas.
Un sourire forcé fait son apparition sur mes lèvres tandis que je mets mon fauteuil en position détente.
Peut-être deux minutes s’écoulent avant qu’on ne toque à ma porte. Étant donné que je ne faisais pas attention et que c’est le seul endroit qui ne soit pas transparent, je ne vois pas qui a l’audace de me déranger. Si c’est elle, elle a plus de coucougnettes que ce que j’ai vu l’autre soir.
- Oui.
La porte s’ouvre suffisamment lentement pour que je devine que Steph n’avait absolument pas hâte que je réponde. Elle m’a vue à la réunion et sait que quel que soit mon problème, il n’est pas résolu.
- Coucou.
Elle ferme la porte d’un air hésitant, comme si elle s’enfermait dans la fosse aux lions.
- Salut.
Je montre clairement que je n’ai pas l’intention d’engager la conversation en continuant ma partie de Freecell.
- Je viens de la part de la dé-… hum… de la boss.
- Tu peux l’appeler comme tu veux.
Un sourire dénué d’humour vient se placer sur mes lèvres. Je le savais, ça joue les dures mais c’est que du vent, on envoie les autres se faire taper à sa place.
- Elle m’a…
Elle s’arrête et me demande tout à coup :
- Tu veux pas m’en parler ?
- C’est pas franchement l’endroit.
- C’est pas l’endroit pour ça non plus.
Elle ponctue sa réplique d’un doigt pointé sur mon jeu.
- Tu le fais bien.
- Je travaille au service informatique ! Vois ça comme une manière de m’assurer que je suis la seule à savoir contourner les barrières mises sur le pc !
Pour la première fois de la journée, je rigole. Comment elle fait ça ?
- Tu veux quoi Steph ?
- Déjà que t’arrêtes de faire la gueule, t’as l’air plus déprimée qu’un basset hound !
- Qu’un quoi ?
- Le chien télé Z ! Suis un peu !
- Je suis pas déprimée !
- Déprimée, dépressive, fâchée, du pareil au même. On aurait dit son clone là-bas !
Je ne trouve rien à répondre à ça, après tout je ne l’ai pas volé.
Il y a une petite part de vérité.
Toute petite.
- En quoi ça te dérange ?
Elle attache ses cheveux en une queue de cheval, certainement parce que je lui ai dit un jour que ça faisait maitresse d’école et commence à compter sur ses doigts :
- Duh ! De un t’es mon amie, de 2 ça m’agace, de 3 ça me coupe l’appétit ! Et si je n’arrive pas à déguster mon cappuccino glacé du matin, je suis bonne à rien au boulot !
Elle marque un point. Elle doit plus tenir à moi que ce que je n’aurais cru. Je suis un peu fière d’être capable de m’immiscer dans la relation fusionnelle qu'entretient Steph avec sa nourriture.
- Alors ce soir, que tu le veuilles ou non, nous discuterons jeune femme !
Elle fait demi-tour et effectue une sortie théâtrale. Je me lève rapidement et cours la rattraper.
- Attends, tu voulais me dire quoi ?
Elle tape du pied et retourne dans mon bureau, croisant les bras et l’air infiniment contrariée :
- J’avais fait une sortie magistrale, t’as tout gâché ! Pi regarde le, il se liquéfie !
Elle pointe du doigt son bureau, sur lequel trône un cappuccino glacé recouvert de condensation.
- Je croyais que je te coupais l’appétit.
- J’étais guérie.
Elle continue de bouder et fais un nouveau signe en direction de sa gâterie, comme désespérée.
- Bref, le message.
- Ouais, elle m’a dit de venir te dire que tu pouvais rentrer chez toi.
Ma bouche s’ouvre dans un « O » parfait.
La salo** !!
- Elle croit quoi, que je vais et viens à son bon gré ?
Steph pose une main sur mon épaule et me dit d’un air extrêmement sérieux :
- Crois-moi, je n’aurais jamais pensé dire ça un jour, mais elle avait l’air désolée. Elle a quelque chose à voir avec ton état ?
Je lui envoie un regard de tueuse qui lui donne toutes les réponses qu’elle a besoin d’avoir.
- Je m’en doutais. Et n’essaie pas de m’impressionner, je pourrais bien botter ton petit cul maigrelet je te signale !
Je n’arrive pas à retenir le petit rire qui me vient spontanément aux lèvres. Cette femme à un don pour me remonter le moral malgré elle. Voyant que je ne réponds pas, elle continue :
- Bref ! Maintenant que ma supériorité est prouvée, je vais te dire ce que j’en pense et t’en fais ce que tu veux : M’est avis qu’elle se sent un peu coupable et responsable. Comme quoi elle a une conscience après tout.
Mouais.
Permettez-moi d’en douter.
Avant que je puisse faire une remarque sur le genre de remords que je pense Shaell capable d’avoir, elle ajoute :
- Et elle n’est pas la seule à penser que tu devrais rentrer chez toi.
Elle se redresse et s’auto-pointe avec son pouce, me jetant un regard défiant.
Ok ok.
Je ne vais pas la contrarier.
- Très bien, je vais rentrer.
- Merci. Contente que tu entendes ENFIN raison. Bon allez je te laisse, à tout à l’heure !
- Mais Steph t-
- Je ne veux rien savoir ! N’essaie pas de mettre fin à la vie de mon cappuccino glacé, tu le regretterais ! A tout à l’heure et puis c’est tout !
Mes yeux suivent mon amie en train de faire ce qui ressemble à un sprint en direction de son bureau. Je la regarde essuyer la condensation avec amour avant de porte la paille à ses lèvres, une expression de pur bonheur sur le visage.
J’imagine qu’il est trop tard pour la changer !
Je ramasse le peu d’affaires que j’ai apporté avec moi ce matin et m’apprête à partir. Après tout, même si mon égo n’apprécie pas l’attention, mon corps devrait.
Je plonge ma main dans mon sac à la recherche des clés de voiture. Comme toujours, elles ont été se fourrer dans un endroit complètement différent de là où je les avais déposées, m’obligeant à regarder.
Le bout de papier sur lequel Angy à écrit son numéro attire mon attention. Je le fais tourner entre mes doigts quelques instants.
Oh, et après tout, pourquoi pas ?
J’attrape le téléphone de mon bureau et entre le code pour sortir de l’immeuble avant de composer le numéro de la blonde.
Elle décroche au bout de deux sonneries :
- Allo ?
- Salut, c’est Liz.
- Oh coucou ! J’avoue que je n’étais pas sûre que t’allais appeler.
- Pour être franche, moi non plus !
Je souris dans le combiné et finis par demander :
- Vu que Shaell m’a donné ma journée par messager interposé, je me demandais si tu voulais toujours discuter ?
Elle ne prend pas le temps de réfléchir et répond immédiatement :
- Pas de problème ! Aujourd’hui ?
- Euh, pourquoi pas, si t’as le temps !
- Je suis en vacances, mon emploi du temps n’est pas trop chargé, je pense pouvoir m’en sortir ! Tu veux qu’on se retrouve où ?
- Comme tu veux.
- Hum… Laisse-moi réfléchir…
Elle marque une pause et j’imagine qu’elle fait exactement ce qu’elle vient d’annoncer. Au bout d’un temps trop court pour qu’elle soit une vraie blonde, elle demande :
- Tu comptais faire quoi cet aprem si t’avais pas appelé ?
- Probablement larver sur le canapé.
- Si tu veux on peut larver à deux.
- Ça me va. Chez moi ?
Je l’entends faire un petit rire vicieux et je préfère ne pas savoir à quoi elle pense.
- Ok ! Manque plus que ton adresse !
Je lui donne les indications pour se rendre chez moi et me dirige vers les ascenseurs. Personne n’osera me parler de toute manière.
[Dans l’après-midi]
La sonnette m’avertit qu’Angy vient d’arriver. Je m’efforce de prendre une certaine contenance et ouvre la porte. Faudrait pas qu’elle croie que j’ai fait la gueule toute la journée. Même si c’est exactement ce qui s’est passé.
- Coucou !
- Salut ! Ça va t’as trouvé facilement ?
- Sans souci !
- Je pourrais peut être me reconvertir en GPS alors !
Elle m’offre un super sourire et entre dans mon appart. Je vois que ses yeux se posent à peu près partout alors je lui offre un petit tour des lieux.
- Sympa, tu as bon gout !
- Merci !
Elle s’installe sur mon canapé, l’air super décontractée. Je lui propose un truc à boire et revient avec nos verres.
Une fois installée à l’autre bout du canapé, je réalise que je n’ai pas la moindre idée de conversation. Finalement, c’est Angy qui prend la parole.
- Ça va ?
- Ouais.
Je sais qu’elle ne me croit pas mais elle ne relève pas mon mensonge et se contente de demander :
- Je peux te demander ce qui s’est passé ?
Mes yeux vont se poser sur elle, comme si j’allais voir quelque chose que j’aurais manqué les fois précédentes. Ce sont toujours les mêmes yeux bleus qui me fixent, le même visage finement dessiné… Lance toi Scott, tu l’as appelée, vas jusqu’au bout des choses :
- Quand t’es partie l’autre soir…
- Tu peux passer cette partie-là, je pense avoir correctement deviné la suite des évènements. Mais après, enfin je veux dire, pourquoi ? Y’a eu quoi de spécial ?
Je baisse la tête et cherche pour la millionième fois une raison. J’ai beau repasser les souvenirs de cette nuit dans ma tête, mis à part avoir vénéré chaque partie de son corps, je ne vois pas.
- Rien. Enfin je crois pas ! T’as dit que tu l’avais vue, elle t’a rien dit ?
- Je l’ai vue, je lui ai pas parlé !
- Pourquoi ça ?
Ses yeux quittent les miens et il ne faut pas sortir de Saint Sir pour deviner qu’elle se demande si elle peut me dire ce qu’elle a vu. J’essaie de l’encourager en disant :
- Je n’irai pas lui raconter ne t’en fais pas.
- C’est pas ça, c’est juste… C’était bizarre. Je l’ai vue débouler dans le hall avec sa valise, les larmes aux yeux. Elle m’a fixée pendant un moment, a parlé au type à l’accueil et est partie.
Mes sourcils se lèvent malgré moi.
Elle pleurait ?
- Comment ? Enfin je veux dire pourquoi ?
Angy rigole et me dit :
- Je comptais sur toi pour me le dire !
- Bah… Il s’est passé ce qui s’est passé…
Je maudis mon corps en sentant la chaleur envahir mes joues. C’est pas seulement son amie mais aussi son ex. Bref ça me met mal à l’aise.
Elle me fait signe de continuer dans un sourire en coin.
- A mon réveil, elle était partie.
- Et elle avait rien laissé ? pas de petit mot sur l’oreiller ou autre ?
- Non. Crois-moi, j’ai cherché.
Elle fronce les sourcils et semble dubitative. Peut-être qu’elle ne me croit pas.
- Ça ne lui ressemble pas. C’est… bizarre.
- Toujours est-il qu’elle l’a fait.
Elle remet une mèche de cheveux blonds derrière son oreille et lisse un instant un pli imaginaire sur son petit haut avant de demander :
- Tu l’as vue aujourd’hui ?
Je hoche la tête et elle fait une grimace, comme si elle avait peur d’entendre ma réponse avant de me questionner :
- Elle était comment ?
Je ne peux m’empêcher ma voix de prendre cet air énervé en disant :
- Il aurait fallu que je la voie pour ça.
- Comment ça ? Tu viens de me dire que tu l'as vue ! T’as été au boulot ou pas ?
Elle s’approche de moi et pose une main sur mon épaule, visiblement inquiète :
- J'y ai été ! C’est juste que… Elle n’était même pas foutue de me regarder et elle a envoyé une amie à moi pour « m’inviter à regagner mon domicile ».
- Ah…
Comme tu dis Angy… Ah…
Je prends une profonde inspiration et tente de ne pas montrer l’importance de ma frustration. Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de dire :
- Je trouve ça dégueulasse. Elle… Je veux dire elle se tire sans un mot et le surlendemain elle est toujours pas… Argh… Je pensais pas qu’elle me ferait un coup comme ça.
- Je comprends.
Elle me fait une sorte d’accolade un peu tendue et me sourit, un air désolé sur le visage. Je commence à me dire quelque chose :
- T’es peut être pas la personne la mieux placée pour en parler….
Ses yeux parviennent à merveille à me faire comprendre à quel point ma remarque est jugée débile et elle m’annonce directement la couleur :
- Chérie, même si Sha est mon amie, je sais reconnaître un coup de pute quand j’en vois un !
Quand je parlais de son côté franc… Cette femme ne connaît pas la censure, c’est déjà ça !
- Le pire c’est que je sais pas pourquoi… Fin je veux dire, je pensais qu’on s’entendait bien !
- Je sais et… Enfin je veux dire je sais qu’elle t’apprécie, c’est ça le pire !
- Comment tu peux savoir ça ?
- J’ai des yeux et elle me l’a dit.
- Quand ?
- Avant de partir. Elle était et je cite « contente à l’idée d’avoir l’occasion de la découvrir un peu plus ».
Un rire amer m’échappe. C’est un chouïa plus « qu’un peu » qu’elle a découvert de ma personne !
- Ça ne prouve pas qu’elle m’aime bien.
- Bon très bien, elle me l’a dit l’autre jour aussi. En plus, je crois que même toi tu as remarqué comment elle réagissait quand quelqu'un s'approchait un peu trop près de toi. Satisfaite ?
Est-ce que je suis satisfaite de savoir que celle de qui je suis tombée amoureuse et qui m’a plantée après m’avoir fait l’amour toute une nuit « m’apprécie » ?
Non.
Bien sûr que non.
Je prends mon verre et avale quelques gorgées de coca, me donnant une contenance.
- Bon… Ça te dit pas de se mater un truc plutôt que de déprimer ?
Angy fait un signe de la tête en direction de l’écran plat. Je dois avouer que cette « discussion » remue le couteau dans la plaie plus qu’autre chose, alors il ne me faut pas longtemps pour répondre :
- Ouais. Une préférence ? DVD ou télé ?
- DVD, on est en fin d’aprem, faut pas rêver. Y’a aucun programme potable à cette heure.
- Ça marche ! Tout est là…
Je pointe mon étagère remplie à ras bord de DVD comme si ça n’était pas évident que c’est là que se trouvent mes films.
Je la laisse faire son choix tranquillement, étant donné que j’ai vu chacun de ces films une bonne centaine de fois. Finalement, c’est « Basic Instinct » le grand élu. Je mets le DVD en route et vais fermer les volets.
- Ambiance Night-Club !
Je souris à la remarque d’Angy et vais m’asseoir à l’autre bout du canapé. A la lueur de l’écran, je la vois lever les yeux au ciel, m’attraper un bras et me tirer jusqu’à elle.
- Qu’est ce qu-
- Chut. Moi je dis que t’as besoin de réconfort, alors tu te laisses faire et c’est tout.
Elle semble très sûre d’elle, ses yeux bleus à nouveau fermement plantés en direction de l’écran.
Je ronchonne tout bas quelque chose à propos d’elle qui essaie juste de profiter de ma faiblesse mais ne bouge pas d’un pouce. Après tout, elle n’a pas tort.
J’essaie de me concentrer sur le film, même si je n’ai pas l’esprit à ça.
Je me laisse aller et pose ma tête sur son épaule. Je la vois sourire tandis qu’elle resserre son bras autour de moi.
C’est étrange de me dire que je suis à l’aise avec cette femme que je connais à peine. En même temps, elle a une odeur sucrée qui me rappelle les bonbons, ça doit certainement avoir un effet réconfortant.
Le film arrive à sa fin quand tout à coup on sonne à ma porte.
Je m’excuse et m’extirpe d’Angy pour aller ouvrir. Du coin de l’œil, je la vois se recoiffer discrètement tandis que je fais pareil. Ça doit être un truc de blondes.
J’ouvre la porte et me retrouve nez à nez avec Steph.
L’idée qu’elle puisse avoir oublié était trop belle.
Elle s’est visiblement changée depuis tout à l’heure, ses habits professionnels ayant laissé place à une robe aux imprimés de fruits multicolores.
- Me revoilà. Fais pas cette tête, tu savais que j’allais venir !
Elle me pousse et pénètre dans mon appart, suivie de près par Sacapuces, qui a depuis longtemps compris que la gentille dame brune est signe de nourriture.
- Fini la déprime !
Elle rentre dans mon salon comme si elle possédait l’endroit, ouvre les volets et se retourne, remarquant seulement la présence d’Angy sur le canapé.
- Oh, bonjour !
- Bonjour !
L’ex de ma boss à l’air de trouver la situation amusante et sourit en coin, s’installant plus confortablement sur le canapé comme pour mieux voir la scène. Pétillante, Steph n’est pas perturbée pendant très longtemps et me tend le pot de glace hypercalorique qu’elle a amené avec elle.
Le chat du voisin miaule et tente d’attraper ce qu’elle tient en main mais elle l’écarte rapidement, habituée.
Elle m’observe comme si j’avais perdu l’esprit et me dit :
- Ben t’attends quoi ? Prends-le ! En plus j’ai pris goût Cookies ! C’est comme ça qu’on retrouve le moral ! Tout le monde sait ça, même les scénaristes de films gnangnan, c’est pour dire !
Elle me fourre le pot dans les bras, ne remarquant même pas qu’elle me colle la partie glacée à même la peau étant donné que j’ai un petit haut avec un décolleté. Elle farfouille dans son sac et en sort deux cuillères qu’elle met dans ma main avant de continuer à chercher.
- J’en ai peut-être une troisième quelque part…
Je l’arrête en posant mon avant-bras sur son épaule :
- Steph ?
- Ben quoi ? Elle ne va quand même pas nous regarder manger cette charmante jeune femme !
Un air de soudaine réalisation lui passe sur le visage, elle écarquille ses yeux noisette, se passe les deux mains sur les joues jusqu’à les étirer au maximum et me dit :
- Oh pardon ! Tu te… Enfin t’avais trouvé un autre moyen de te réconforter ! Je... je vous laisse ! Faites comme si j’étais pas passée !
Elle se retourne, ouvre la fenêtre, sort et ferme les volets de l’extérieur. Plus un bruit.
Le sourire aux lèvres, je n’ai que quelques secondes à attendre avant de la voir revenir dans le salon.
On est au premier…
- Pardon ! Le balcon est pas haut mais…
Elle ferme les volets en toute hâte et tente de m’arracher le pot de glace mais je tiens bon.
- Maiiiiis ! T’en as pas besoin !
Ses yeux font des allers retours pas très discrets entre moi et Angy, essayant de me passer un message pas clair. Le ton désespéré dans sa voix me ferait presque pitié si je ne savais pas qu’elle en certainement plein d’autres dans son congélateur.
Je lutte pour garder à la fois l’équilibre et le pot, mais entre Sacapuces qui a trouvé en moi sa nouvelle meilleure amie et Steph ce n’est pas chose facile. En entendant Angy éclater de rire, je décide d’arrêter de me ridiculiser et tente d’expliquer la situation à mon amie :
- Steph, stop. C’est pas ce que tu crois !
Elle me regarde d’un air méfiant, comme pour m’assurer que je suis vraiment sincère et que je ne vais pas m’enfuir avec la glace et finit par se reculer.
- Angy, voici Steph, Steph, Angy!
- Enchantée! dit la blonde.
Steph la regarde de haut en bas, suspicieuse et demande :
- Nouvelle petite amie diabolique ?
- Non… Amie tout court !
Heureusement qu’Angy n’est pas tout à fait normale. Elle a l’air plus amusée par la grossièreté de Steph qu’autre chose.
Apparemment satisfaite de la réponse donnée, ma collègue se dirige vers le canapé et lui tend la main en disant :
- Dans ce cas, enchantée ! Vous vous êtes rencontrées comment ? Tu veux de la glace ? Je dois avoir une autre cuillère quelque part…
Je rigole et prend la parole à mon tour, retournant m’asseoir maintenant la tempête passée :
- Steph, tu sais, on est dans mon appart, j’ai des cuillères ! Et Angy est l’ex de Shaell.
La brune fait un pas en arrière, lissant sa robe multicolore avant de jouer nerveusement avec le motif d’une banane au niveau de la taille. Ses yeux verts se plissent et je sens qu’elle va dire quelque chose de désobligeant alors je m’empresse d’ajouter :
- Elle est venue me réconforter.
J’imagine que ma collègue juge finalement qu’Angy n’est pas si méchante puisqu’elle avance à nouveau vers elle et commence à l’observer sous toutes les coutures. Je m’étonne limite qu’elle ne soulève pas un vêtement ou deux pour voir en dessous. Pile quand, moins amusée que la blonde, je m’apprête à faire une réflexion, Steph demande :
- Alors c’est donc vrai ?! Shaell a craqué pour les femmes ! C’était toi la première ?
- A ma connaissance oui, pourquoi ?
Visiblement impressionnée, elle s’installe entre Angy et moi sur le canapé, caressant le chat qui est immédiatement venu sur ses genoux.
Personne ne bouge pendant un moment et finalement, comme je m’y attendais, Steph craque :
- Bon, allez, racontez moi tout !
Je souris et me penche pour regarder Angy d’un petit air désolé. Fallait que ma meilleure amie soit « spéciale ».
Angy et moi avons expliqué la situation à Steph. Une fois qu’elle a fini de bouder parce que « je lui refusais tous les détails croustillants », elle a cherché à comprendre la réaction de ma boss.
Bien sûr, vu sa façon de penser et son opinion de Shaell, le résultat de sa réflexion n’était pas franchement plausible.
A moins qu’effectivement elle ait couché avec moi avant puis m’a laissée au matin, profitant une dernière fois d’un déjeuner à l’hôtel, ou elle se serait coupé le doigt en voulant manger une tartine de Nutella. Blessée dans son orgueil, elle aurait quitté les lieux en pleurs.
Vous voyez ? Peu plausible !
Finalement, je me sens limite à part en voyant à quel point Angy et Steph s’entendent à merveille. Les deux sont affalées sur mon canapé et discutent de mon sort comme si je n’étais pas là.
D’un commun accord, se retournant contre moi et le bon sens, elles décident de m’aider et ont une idée supposément géniale. Elles se congratulent l’une l’autre du formidable travail accompli et décident de mettre en place ce que Steph appelle « l’opération fondant ».
Car oui, selon elles, Shaell serait comme un fondant au chocolat.
Ne me demandez pas d’expliquer, ça me dépasse.