Sans réfléchir, je me rue en direction de Chloé. J'ai jamais tapé un sprint pareil. La voiturette approche rapidement et l'espace d'un instant, j'ai peur de ne pas arriver à temps. Elle relève la tête juste avant que je ne l'atteigne, lui rentrant dedans à pleine vitesse.
Une chose apparaît évidente, j'ai raté une carrière dans le rugby ou le foot américain, car je nous envoie toutes les deux valser comme des poupées de chiffon.
En plein vol, j'ai la présence d'esprit de placer une main à l'arrière du crâne de ma collègue, ne voulant pas avoir fait tout ça pour que son crâne vienne s'ouvrir en deux comme un oeuf lors de l'impact avec le goudron.
Notre atterrissage n'est pas du tout gracieux et j’essaie de me rattraper comme je peux sur ma cheville. Malheureusement, non seulement on s’étale quand même comme des crottes, mais en plus elle plie beaucoup plus que prévu.
Le pépé distrait n'a même pas vu mon acte héroïque et continue sa route tandis que j'amène immédiatement une main à ma jambe.
Nan mais le danger public quoi, il manque de renverser des piétons et ne s’en aperçoit même pas !
A mes côtés, Chloé m'observe avec des yeux écarquillés, ses mains survolant mon corps, paumes ouvertes mais sans me toucher.
- Claire, ça va ?
- Putain de bordel de merde, ça fait mal ! Toi ça va ?
Elle se mord la lèvre inférieure et annonce :
- Oui. Merci.
Elle se relève et me tend une main, m'aidant à faire de même. Je reste à cloche pied, n'étant pas sûre qu'il soit sage de poser mon pied à terre sans savoir ce que j'ai.
Chloé place une main sur mon épaule, me stabilisant, tout en regardant au loin, sourcils froncés :
- T'as relevé la plaque ?
- Non. Toi ?
- Quelques lettres seulement, pas assez. Mais j'irais demander à voir la vidéosurveillance du parking et glisser tout ça à nos collègues, ce type ne doit pas rester sur les routes !
J'avoue que de là où je me tiens, c'est difficile d'être en désaccord avec elle. Ma cheville pulse à chaque battement de coeur et je peux la voir enfler à vue d'oeil. Définitivement pas une bonne réception.
- Le suspect, t'as vu qui c'était ?
- De dos, mais Salomé est reconnaissable, t'avais raison.
YASSSS ! * Danse de la victoire intérieure *
Je le savais !
Même si elle n'en fait pas état, je peux sentir que Chloé est déçue de ne pas l'avoir attrapée et essaie de la réconforter :
- Entre ton témoignage, la pièce à conviction et la vidéosurveillance, ça devrait suffir à la confondre. On va l'avoir quoi qu'il arrive.
Confuse, elle fronce les sourcils et me corrige :
- Y a pas de vidéo, elle a fui par la sortie de secours.
- Ouais, mais justement. Elle ne sera jamais repassée par l'accueil. Il suffit de voir qui est rentré, qui est sorti et de faire la soustraction.
Un petit sourire fait son apparition sur ses lèvres et je suis contente d'avoir pu la rassurer.
N'ayant pas oublié ce pourquoi on est là, j'entreprends de retourner à la salle à cloche pied.
Chloé lève les yeux au ciel et me contourne pour s'accroupir devant moi :
- Grimpe.
Elle est sérieuse là ?
- Nan, je t'ai vue souffler y'a deux minutes, t'es crevée.
Elle m'adresse un regard entendu, avant de me remettre à ma place :
- C'est pas 30 pauvres secondes de sprint qui m'ont fatiguée... Elle m'a envoyé un énorme conteneur poubelle dessus et entre l'odeur infâme et la gueule de bois, j'ai dû m'arrêter à cause de nausées. Sinon je l'aurais rattrapée, merci bien !
Haha, j'aurais payé pour voir ça ! Mais je ne peux pas lui dire alors je me moque à la place, lançant d'un air peu convaincu :
- Mh mh, si tu le dis.
Son visage se fait plus sérieux et elle annonce :
- Grimpe ou je te traîne.
Sachant qu'il est fort probable qu'elle mette sa menace à exécution, et ne tenant pas spécialement à galérer, je place un bras sur son épaule et enroule ma jambe endolorie autour de sa hanche avant de sauter sur son dos.
Elle encaisse mon poids comme si de rien n'était, commençant à marcher en direction de l'entrée de la salle, l'issue de secours s'étant automatiquement refermée derrière nous.
Une chose est limpide : il est temps pour moi de mettre fin à ma diète sexuelle puisque cette simple démonstration de force suffit à m'exciter... J'imagine toutes les circonstances dans lesquelles elle pourrait supporter mon poids et...
- Y'avait un cliché dans la cabine ?
Le retour de mon petit monde imaginaire est brutal et déplaisant :
- Oui. Immonde. Pire que les autres.
- C'est possible ?
- Tu verras par toi même. J'ai vraiment hâte de savoir le motif derrière tout ça, j'espère qu'elle va se mettre à table...
On arrive devant la salle et les portes automatiques s'ouvrent sur notre passage. Gladys nous adresse un regard effaré, se demandant très probablement ce qu'on fabrique. Non pas que je puisse la blâmer.
Autant vous dire qu'après ça, j'espère ne jamais plus la revoir de ma vie !
Chloé se dirige vers l'un des bancs de musculation et pose un genou à terre, me déposant tout en douceur et annonçant :
- Ok, laisse moi deux minutes pour appeler Sydney et une équipe de police scientifique et je t'amène à l'hôpital.
C'est son enquête aussi et après avoir autant galéré avant d'avoir des résultats, je n'ai pas envie de la priver des derniers instants. Ni de la vue de cette atroce photo.
- T'embête pas, je peux demander à Emilie de venir me chercher.
Chloé regarde autour de nous, s'assurant que personne n'écoute avant de s'accroupir et m'expliquer d'un air agacé :
- Tu as risqué ta vie pour me mettre hors de danger. C'était complètement crétin sachant que je m'en serais voulue s'il t'était arrivé quelque chose de grave, mais je t'en suis reconnaissante. Alors la moindre des choses que tu peux faire est de me laisser t'accompagner à l'hôpital, capice?
Ouh !
Oui maîtresse !
J'accepte les règlements de compte par fessée !
Enfin, je veux dire :
- Compris m'dame.
Son visage passe de la contrariété à l'amusement et c'est le regard rieur qu'elle me dépose un bisou sur le front avant de se lever, direction les vestiaires.
====
- C'est bientôt à nous tu crois ?
D’une voix qui trahit sa lassitude, elle m’indique :
- Non. On vient à peine d'arriver et la salle d'attente est comble.
Sa réponse ne me satisfait pas du tout, en ayant déjà marre.
J'ai envie de parler du baiser qu'on a échangé dans les vestiaires, de savoir ce qu'il veut dire, où on en est... Mais avec toutes ces personnes autour, ce n'est pas le bon moment.
J'ai besoin d'une distraction :
- Du coup, si c'était pas elle, pourquoi Maud t'a flashée ?
Chloé a l'air gênée et j'ai ma réponse avant même qu'elle ne parle :
- Ce matin, elle m'a proposé d'aller boire un verre un de ces quatre.
- Oh. Et t'as dit quoi ?
La direction qu'est en train de prendre notre conversation ne me plaît pas du tout.
- J'ai dit oui.
Petit miracle, mes yeux réussissent à rester à l'intérieur de ma tête même lorsque je les ouvre en grand, n'en croyant pas mes oreilles. Sans réfléchir, je m'exclame :
- QUOI ?
Quelques têtes se tournent pour nous adresser des regards désapprobateurs auxquels Chloé répond d'un sourire gêné avant de se tourner vers moi, un air réprobateur sur le visage :
- Shhh, on est dans un hôpital. Et tu voulais que je fasse quoi ? Elle était notre deuxième suspecte et on avait besoin d'infos !
Mouais. Elle se donne pour la cause, bravo la martyr ! Si elle attend une médaille, j’espère pour elle qu’elle est patiente !
Je n'ai pas le temps de rétorquer quoi que ce soit que mon nom est appelé. Bah, de toute manière ce n'est pas bien grave.
Je me redresse, immédiatement suivie par Chloé qui m'offre son épaule en soutien. A deux, on clopine derrière l'infirmière jusqu'à un box. Je m'assieds au bord du brancard qui s'y trouve et même pas une minute après, une doctoresse franchement canon fait son apparition.
D'une voix mélodieuse, elle se présente comme étant Dr Jasmine Frost et me pose une question que je rate totalement. En même temps, avec ses cheveux corbeau en queue de cheval et ses yeux noirs, elle est carrément distrayante ! J'ai des circonstances atténuantes !
Chloé me file un coup dans l'épaule, sachant très probablement pourquoi il y a un délai dans ma réponse. Adressant un sourire désolé à la doctoresse, je demande :
- Pardon, vous pouvez répéter ?
C'est tout juste si je ne bats pas des cils, espérant avoir l'air mignonne.
Elle m'adresse un sourire charmeur, jette un coup d'oeil à l'ordinateur et s'agenouille devant moi, demandant :
- Vous avez fait une mauvaise réception sur votre cheville droite c'est bien ça ?
L'espace d'un instant, je reste juste à cligner des yeux, complètement fascinée par la vue du Dr. Frost à genoux devant moi. Fantasme #83, bonjour !
Chloé me rappelle à l'ordre sous la forme d'une moquerie accompagnée d'une pas-si-petite tape dans mon dos :
- Oui c'est ça. Mais vu qu'elle semble avoir des moments d'absence je commence à me demander si sa tête n'a pas pris un coup elle aussi.
Fuck.
Est-ce que je suis en train de rêver ou Chloé est jalouse ?
L'attitude passive agressive de ma collègue n'échappe pas à la doctoresse qui lui adresse un sourire entendu avant de s'adresser à l'idiote mutique que je suis, posant une main sur mon genou :
- Vous souhaitez que votre petite amie reste dans la pièce pour l'examen ?
Sa question me sort de mon silence, mais ce n'est pas franchement pour le mieux :
- Mugh. Quoi ? Elle pft moi non xfk. Euh...
Chloé est écarlate et pas beaucoup plus éloquente, tandis que l'on essaie toutes les deux de s'expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que cette consultation va être longue.
====
Deux jours plus tard, armée de béquilles, je me rends au bureau de Chloé, sachant que Salomé ne devrait pas tarder à venir se présenter suite à sa convocation. On a le résultat du relevé d'empreintes papillaires trouvées sur l'infâme photo.
Me voyant arriver, ma collègue fronce les sourcils. Je ne l'ai pas vue depuis l'hôpital et la première chose qu'elle me dit est :
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Lui adressant mon plus beau sourire, je me penche pour déposer un baiser sur sa joue avant de répondre :
- Bonjour Chloé, contente de te voir également ! Et je viens pour l'interrogatoire de la suspecte.
- Tu devrais te reposer, il ne faut pas fatiguer ta cheville.
- J'ai des béquilles et si tu crois qu'une petite entorse va m'empêcher de venir profiter du spectacle, tu te trompes !
La manière dont elle lève les yeux au ciel est adoucie par le sourire affectueux qui l'accompagne. Sachant probablement qu'il est inutile de discuter (après tout, je suis l'être le plus têtu de la galaxie), elle se lève pour m'apporter une chaise, la plaçant aux côtés de la sienne, plus proche que strictement nécessaire.
Non pas que je m'en plaigne.
Alors que je prends place avec grâce et élégance, elle s'empare d'un mug propre avant d'y verser du café et me le tendre.
- Merci.
Elle s'installe à mes côtés et commence immédiatement par me taquiner :
- Alors, dis-moi la vérité. T'es là pour espérer avoir le fin mot de l'histoire ou voir Salomé en difficulté.
Je porte la tasse à mes lèvres, sachant très bien que mon sourire n'est que partiellement dissimulé :
- Mh, un peu des deux. T'imagines si elle n'a même pas de mobile ? Qu'elle trouve juste ça cool ? Peut-être qu'elle espère créer des vocations masturbatoires !
Je ponctue ma phrase d'un frétillement de sourcils auquel Chloé répond d'un air absolument écoeuré :
- Ew. Tu me dégoûtes.
Sachant que c'est beaucoup dire pour quelqu'un qui avait sa langue dans ma bouche il y a un peu plus de 48 heures, je ne peux pas résister :
- C'est pas ce que tu avais l'air de dire dans les vestiaires...
Je ponctue ma taquinerie d'un clin d'oeil, tout en réalisant qu'amener ce sujet n'était pas un coup de génie. On n'en a pas du tout parlé et je ne sais pas ce qu'elle en pense.
Et effectivement, l'atmosphère change et Chloé me sonde du regard avant de demander :
- Dîner chez moi une fois que tu seras remise de ta petite entorse ?
J'osais pas l'espérer mais suis absolument ravie de la tournure que prennent les événements. Mais avant, je préfère clarifier quelque chose :
- Ça dépend, c’est quand ton rencard avec Maud ?
Visiblement fière de me clouer le bec, Chloé rétorque :
- Jamais, j’ai annulé !
- Bon dans ce cas… T'es sûre de pouvoir attendre aussi longtemps ? C’est quand même dans une semaine !
Elle m'adresse un sourire en coin, répondant du tac au tac :
- Et toi t'es bien sûre de toi tout à coup !
Haussant les épaules, j'opte pour l'honnêteté :
- J'essaie un nouveau truc : la confiance. Tu m'as dit que je te plais, alors je te crois.
Chloé hausse les sourcils en faisant la moue, faussement impressionnée, avant de répondre :
- Je crois que c'est une très bonne initiative et - une seconde.
Elle décroche son téléphone, faisant ainsi cesser la pire sonnerie de l'univers. Quelques secondes plus tard, elle repose le combiné et m'annonce :
- Elle est là. Je vais la chercher je reviens !
Je la regarde partir en souriant, contente que l'on soit à nouveau à l'aise l'une avec l'autre. On dirait bien qu'elle va me laisser ma chance malgré tout !
Quelques minutes plus tard, elle est de retour accompagnée de notre coupa- suspecte. Présomption d'innocence, Claire.
Salomé se laisse tomber dans la chaise de l'autre côté du bureau, passant sa langue sur ses dents, un air menaçant sur le visage. Elle croise comme elle peut ses énormes bras musclés que son débardeur met en valeur et me lance un regard assassin lorsque je lui envoie un "bonjour" un chouïa trop guilleret auquel elle ne daigne même pas répondre.
Je crois l'entendre marmonner un "des putains de flic, j'aurais du m'en douter" mais elle n'assume pas suffisamment pour le dire à voix haute.
Gros muscles, pas d’ovaires.
Imperturbable, Chloé s'installe et demande :
- Bon, j'imagine que vous savez pourquoi vous êtes là ?
Pour ses efforts, ma collègue est récompensée d'un véritable grognement :
- Non.
S'attendant à cette réponse somme toute typique, Chloé ne tarde pas à s'expliquer :
- Nous souhaitons vous entendre dans le cadre de l'affaire des clichés à caractère sexuel placardés dans la salle de sport.
Salomé nous regarde de la même manière que quelqu'un fixerait le la crotte de chien dans laquelle il vient de marcher :
- Et ?
J'ai un mal fou à me retenir de lever les yeux au ciel. Elle sait que Chloé l'a reconnue hier... Il n'y a pas 60 000 femmes qui une fois de dos, ressemblent à s'y méprendre à un taureau sur ses pattes arrières...
N'étant pas beaucoup plus disposée que moi à se laisser mener en bateau, Chloé passe à l'offensive :
- Et la question est : pourquoi ? Qu'est-ce qui vous a poussée à faire ça ?
Ma collègue garde ses mains au dessus du clavier, espérant certainement que cette fois elle va obtenir autre chose qu'une réponse monosyllabique. Salomé se repositionne, s'adossant encore plus à sa chaise, comme pour être le plus loin possible de nous :
- Je me rappelle pas avoir fait d'aveux.
Sa réponse m'extirpe un sourire et j'annonce :
- On va faire un relevé ADN à l'issue de l'audition, ça terminera de vous confondre. Pourquoi ?
Elle laisse s'échapper un souffle dédaigneux, comme si ce que je disais était ridicule :
- Z'avez rien contre moi.
Un lent sourire gagne les lèvres de Chloé, qui choisit de mettre en évidence ses contradictions :
- Pourquoi vous avez couru si ce n'est pas vous ?
- J'ai pas couru.
D'un calme olympien face à la montagne de muscles et de mauvaise foi devant nous, Chloé ajoute :
- Salomé... J'étais derrière vous. Je connais tous les gabarits des personnes présentes à la salle, je vous ai reconnue formellement et je suis prête à témoigner sous serment que c'était bien vous.
- Ta parole contre la mienne.
Agacée que comme la moitié des suspects, elle se permette le tutoiement une fois acculée, je décide d'intervenir bien qu'étant officiellement en repos, mettant mon grain de sel dans la conversation :
- Et aussi la caméra de vidéosurveillance qui a filmé tout le monde en train de quitter les lieux, sauf vous. Donc soit vous avez développé un incroyable don d'ubiquité et vous vous trouvez toujours sur place, soit vous êtes bien la personne qui s'est enfuie.
De très mauvaise grâce et après un temps de réflexion important, probablement nécessaire à l'élaboration d'une pitoyable excuse, elle annonce :
- J'avais peur que vous ne vouliez me mettre ça sur le dos, comme j'ai un casier...
Chloé annonce :
- Pour des faits minimes qui n’ont strictement rien à voir et vous le savez, arrêtez de changer le sujet. Pourquoi ?
Salomé fronce les sourcils et se penche en avant, mains sur les genoux, pour lancer d'un ton venimeux :
- J'en... Sais... Rien. C'est pas moi, faut vous le dire en quelle langue ?
Ouh, elle s'agace. C'est généralement bon signe avec ce genre d'individus. Ça montre qu'elle n'arrive plus à s'en tenir à ses réponses monosyllabiques du début.
Sentant qu'il est temps de pousser, Chloé en remet une couche :
- Puisque vous êtes totalement innocente, peut-être que vous pourrez nous expliquer pourquoi vos empreintes ont été trouvées sur la dernière pièce à conviction ? Oh, et pour les aveux, le français fera l'affaire.
C'est avec fascination que j'observe l'apparition d'une énorme veine au milieu du front de Salomé. La suspecte souffle comme un boeuf, ayant visiblement du mal à se maîtriser. Mais elle garde le silence.
Après trente secondes, je décide d'intervenir à nouveau, sachant que comme elle ne peut pas me blairer il est possible que ça constitue la goutte d'eau :
- C'est quoi le deal derrière tout ça ? Ça vous excite c'est ça ?
Elle tourne son regard vers moi et si je n'étais pas dans un commissariat en pleine journée, je serais probablement nettement moins tranquille devant la quantité de rage et de dégoût qui s'y trouve :
- Bien sûr que non !
Oh donc Madame nous gratifie d'affiches pornographiques équivoques mais s'offusque qu'on questionne ses goûts et motivations ?
Ben tiens !
Chloé comprend qu'elle tient quelque chose et surenchérit :
- Alors pourquoi ? Par exhibitionnisme ?
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- Non ! Non pour qui vous me prenez ?
Ma collègue sent que c'est le bon moment pour jouer la carte de l'empathie :
- Là, tout de suite, on ne sait pas quoi penser. On a suffisamment de preuves pour vous confondre quoi qu'il arrive. On voudrait juste comprendre pourquoi. Sans compter que c'est dans votre intérêt de collaborer si vous ne voulez pas que l'on aille vers les mauvaises conclusions... Au vu de la nature des clichés, vous pourriez terminer au fichier des délinquants sexuels...
Elle essaie de le cacher, mais c'est évident que Salomé est ébranlée à cette idée. Sa jambe se met à tressauter et elle se mord la lèvre pendant bien quinze secondes avant de décider de passer à table :
- Ok, c'est bon. Oui, c'est moi.
Je me penche un peu en avant, excitée à l'idée d'avoir enfin le fin mot de l'histoire. Après m'être torturé l'esprit dans tous les sens à essayer de deviner, sans succès même après des heures passées seule dans un placard, je suis vraiment curieuse de savoir comment elle compte justifier ça.
- Avant l'ouverture de la salle, la patronne avait entamé des démarches pour faire partie de la franchise FitGoGo. Sauf que les franchisés ont une zone d'exclusivité commerciale contractuelle à respecter. Et l'emplacement empiète clairement sur la zone d'une autre salle.
Je me rappelle soudain la toute première fois où je me suis rendue sur place. C’est vrai que j'avais été interpellée par le nombre de clubs de fitness à proximité. Mais je ne suis toujours pas sûre de voir le rapport. Heureusement, une fois lancée, Salomé ne s’arrête plus :
- Même si elle n'y connaît rien en sport, elle a entendu que c'était porteur alors elle s'est pointée chez le franchisé en place pour lui proposer le rachat de son établissement. Il n'a pas voulu et elle est repartie comme elle est venue. Sauf qu'elle avait pris des photos des locaux, des programmes et des tarifs sans qu'il le sache. Et elle a ouvert sa salle quasi à l'identique, mais avec 5 € de moins sur le prix des forfaits et une meilleure flexibilité au niveau de l'abonnement. L’autre pouf a même tenté de recruter certains de ses coachs sportifs là-bas. Eux ne sont pas venus, mais une bonne partie de la clientèle, si.
Chloé profite d'une pause dans le récit pour terminer de taper l'explication et demander :
- Et comment vous en êtes venue à faire ça ? Je n'arrive pas bien à saisir le rapport.
Salomé déglutit et acquiesce d'un mouvement de tête, expliquant :
- Le franchisé, c'est mon mec. Il sait pas que j'ai fait ça, mais ça fait des années qu'il me soutient, m'accompagne en compétition et tout... Je pouvais pas laisser une poufiasse assoiffée de fric ruiner sa vie. Cette salle, c'est son bébé. Elle aime même pas le sport !
Ok, c'est un peu plus clair, mais pas de beaucoup.
- Mais pourquoi des photos pornos ?
- Elle a repris tous les codes de la franchise, les couleurs et le programme s'adressent clairement plus aux femmes. C'est elles la clientèle principale de ce que j'en ai vu. C’était une copie claire et nette de la recette miracle mais les responsables de la franchise ont refusé de lancer une action en justice. Donc je me suis dit que si les nanas pensaient qu'il y avait un pervers dans les locaux, elles allaient vouloir se tirer de là rapidement. La salle de mon chéri est juste à côté et propose aussi des cours de base en self défense... Je placardais les photos et quand on me parlait d'insécurité, je mentionnais l'air de rien la prise de cours de self défense.
Putain. Maintenant qu'elle me le dit, je me souviens que Chloé avait mentionné entendre ça.
C'est vraiment hyper tordu, y a pas de doute, mais ça pouvait marcher.
Qu'est-ce que je raconte, ça a marché, plusieurs abonnées m'ont dit qu'elles ne comptaient pas rester.
J'avoue être déçue qu'il y ait une explication "logique" derrière tout ça. Je l'aime pas, j'avais aucun mal à l'imaginer en espèce de vicelarde malsaine...
Chloé hoche la tête en signe de "oui", terminant de taper la confession de Salomé, avant de demander :
- Et votre compagnon n'est pas mêlé à tout ça ?
Immédiatement, la suspecte le défend :
- Nan, il a rien à voir dans l'histoire si ce n'est que j'ai fait ça pour lui. Il méritait pas ce que lui a fait l'autre connasse... Il pense que je cherchais de nouveaux sponsors… Je voulais pas lui dire parce que sinon il aurait essayé de m’arrêter.
Chloé me regarde et je sais qu'elle essaie de déterminer si je crois Salomé.
Ça m'emmerde, mais oui. Pour le coup, je pense qu'elle dit la vérité. Si la salle est vraiment le "bébé" de son mec, il n'aurait pas voulu la mettre encore plus en péril.
- Et la personne sur les clichés ?
Elle hausse les épaules, comme si ça allait de soi :
- Des images de promo pour des films porno haute définition, recadrées pour pas que ça soit évident.
Oh. Charmant.
Chloé pose la dernière question à laquelle je m'attendais :
- Toutes issues du même film ?
Euh… elle a perdu la boule ? Elle veut en faire l'acquisition ou quoi ?
Salomé aussi à l'air de se demander où elle veut en venir, tant est si bien qu'elle grimace avant de répondre :
- Non. Après me demandez pas les titres, pour être honnête c'était peu ragoutant j'ai pas trop fait gaffe…
Sa réponse extirpe un sourire satisfait à Chloé qui se tourne vers moi et annonce :
- J'te l'avais bien dit que c'était pas la même femme ! Le grain de beauté !
Elle est sérieuse ? La petitesse de remettre ça sur la table, juste pour dire qu'elle avait raison :
- Oh ça va. Mais bon je te l'accorde, pour une fois que t'es dans le vrai…
====
Elle a de la chance que je daigne apporter du vin après avoir refusé de me voir avant mon rétablissement. J’ai dû patienter, c’est un scandale !
En vrai, ma cheville me donne toujours l'impression d'être un peu instable mais je n’ai pas l'intention de lui dire.
Dans l’ascenseur, mon téléphone portable vibre, m’indiquant l’arrivée d’un nouveau message. L’espace d’une fraction de seconde, je crains que Chloé n’ait changé d’avis, mais heureusement c’est un SMS d’Emilie :
Merde ! J’attends des remerciements pour mon coaching et un récit extrêmement détaillé à l’instant où tu quittes les lieux.
Bah voyons… Ne voulant pas la laisser s’emballer, je réponds immédiatement :
100 balles et un Mars aussi ? Et t’emballes pas, peut-être qu’elle veut juste célébrer la fin de l’enquête. Quoi qu’il arrive, je resterai muette.
Satisfaite de ma réponse, je sors de l’ascenseur, avançant dans le couloir et n’ai pas fait 3 mètres avant que mon téléphone ne vibre à nouveau.
Pff. Comme si tu pouvais me cacher quoi que ce soit ! Considère-ça comme une manière de te faire pardonner pour les mois durant lesquels j’ai dû te supporter et te voir te plaindre de sa simple existence alors qu’elle n’avait rien fait.
Connasse ! Ça mérite même pas une réponse.
J’ai à peine frappé que la porte s’ouvre, dévoilant une Chloé à couper le souffle.
Deux choses me viennent à l'esprit :
-
Pour avoir été aussi rapide elle devait être à proximité de l'entrée. (Est-ce qu’elle avait hâte que j’arrive ?)
-
Je suis la femme la plus chanceuse de l'univers.
Ses yeux me parcourent des pieds à la tête et j’en profite pour faire de même. Elle porte un jean noir sans fioritures et un haut vert d’eau qui fait ressortir ses yeux, déjà laaargement mis en avant par un maquillage charbonneux qui lui donne l’air dangereuse.
Ses cheveux ébène sont lâches et tombent sur ses épaules en de sublimes grandes boucles.
Elle a fait des efforts, c’est évident.
Ha !
Amies, mon cul.
- Hey.
Je m'approche, place une main sur sa hanche et dépose un baiser un peu plus long que nécessaire sur sa joue, me reculant lentement.
Elle jette un coup d'œil à mes lèvres et ça me conforte dans l'idée qu’il ne s’agit ni d’un dîner entre collègues, ni d’une manière de me remercier de l’avoir poussée hors de danger.
Sa voix est quasi silencieuse lorsqu’elle me répond :
- Hey. Entre, je t’en prie.
- Merci. T’es superbe…
Elle se décale et j’en profite pour la frôler au passage, passant mon doigt le long de son avant bras et savourant la chair de poule qui s'ensuit.
Dans le couloir, je retire mon manteau et lui donne la bouteille que j’ai amenée. Je n’y connais pas grand chose, mais le pépé spécialiste que j’ai alpagué et supplié de m’aider dans les rayons du supermarché m’a dit qu’il était bon… Chloé prend mes affaires et pars les mettre je ne sais où dans un “je reviens, tu connais le chemin”.
Ne sachant pas si elle est maniaque, je laisse mes chaussures à l’entrée et arrive dans la pièce à vivre. Mes sourcils se haussent d’eux mêmes lorsque je réalise qu’elle a déjà mis une superbe table en place sur l’îlot de la cuisine. À l’instant même où elle est de retour, je lui fais savoir :
- Wow, si tu cherchais à m’impressionner, c’est réussi.
Un rose pâle vient teinter ses joues tandis qu’elle répond timidement :
- Attends au moins d’avoir goûté ce que je propose avant de me complimenter !
Immédiatement, mon esprit pervers m’amène là où elle n’a certainement pas voulu aller. D’ailleurs elle n’a rien proposé de tel !
J’essaie de le dissimuler mon côté obsédée tant bien que mal, mais je vois le coin de sa lèvre frémir, comme si elle luttait pour masquer son amusement :
- Pas comme ça, perverse… Prends place, je t’en prie. J’espère que t’as faim !
Je m’exécute et lève les paumes dans sa direction, annonçant :
- Ok ok, étouffe mes espoirs dans l’oeuf. Et j’ai toujours faim !
- Bonne nouvelle ! Tu nous sers un verre de vin pendant que je ramène le plat ?
- Avec plaisir.
M’emparant du tire bouchon posé sur la table, je m’attèle à ouvrir la bouteille en ayant l’air de savoir ce que je fais.
J’ai à peine terminé de la servir qu’elle se retourne avec un plat dont l’odeur seule suffit à me faire saliver.
La première bouchée confirme mes craintes.
C’est foutu.
Je n’ai plus le choix.
Plus qu’à la séduire et la convaincre de m’épouser !
C’était déjà peu probable, mais maintenant c’est sûr, je ne trouverai pas mieux.
Malgré moi, je laisse s’échapper un son qui ferait fureur dans les doublages de films pour adultes et m’empresse de la complimenter avant qu’elle ne relève :
- C’est vraiment délicieux ! Je ne savais pas que tu cuisinais !
Elle termine sa bouchée et m’explique dans un sourire nostalgique :
- C’est ce qui nous rapprochait ma mère et moi.
On continue de manger en silence et terminons par un sorbet citron-menthe maison. Chez elle, elle semble nettement plus décontractée qu’à l’accoutumée et ça me rassure de voir qu’elle se sent à l’aise en ma compagnie.
- On migre vers le canapé se regarder un petit film ?
- Ça me va !
Je la laisse choisir ce qu’elle veut regarder, espérant bien en rater une partie parce que je serai en train de l’embrasser…
On s’installe, côte à côte, sans se toucher mais suffisamment proche pour que je sente la chaleur de son corps. Je crois que c’est bon signe, ce canapé est immense et l’on est quasi collées.
Les premières minutes se passent dans un silence quasi religieux et je me décide à tenter gentiment ma chance.
Réduisant à néant l’espace entre nous, je pose ma tête sur son épaule et attrape sa main dans la mienne. Ne voulant pas la brusquer ou la mettre mal à l’aise, je demande :
- Ça va comme ça ?
Plutôt que d’acquiescer, elle retire sa main pour passer son bras autour de moi, m’encourageant à me blottir contre elle dans un sourire.
Je n’hésite pas une seule seconde avant de m'engouffrer dans la brèche, me collant littéralement contre elle. De ce que je peux en sentir, son corps est doux, ferme, chaud et tout simplement divin.
Je passe une main le long de sa taille et tente de retourner au visionnage du film.
Sauf que c’est tout bonnement impossible.
Du bras qui m’enlace, elle me caresse du bout des doigts, peut-être même sans s’en rendre compte et ça me rend absolument dingue.
En plus, d’aussi près, je peux sentir le parfum floral que j’associe à présent à elle mais aussi d’autres notes, plus sucrées… Son odeur à elle. Celle de sa peau.
Et j’en veux beaucoup, beaucoup plus.
Abandonnant tout prétexte, je relève ma tête pour nicher mon visage au creux de son cou, laissant simplement mon souffle caresser sa peau dans un premier temps.
Chloé marque un temps d'arrêt dans sa respiration mais reste détendue, ce que je prends pour un feu vert.
Dans un premier temps, je me contente de la frôler du bout du nez, appréciant à sa juste valeur la chair de poule que mon geste crée. Mais bien vite, je ne tiens plus et place mes lèvres contre sa peau. Elle penche légèrement la tête et c'est tout l'encouragement qu'il me fallait. J'embrasse toute la peau que je trouve, me faisant violence pour ne pas l'embrasser elle ou remonter la main qui se trouve autour de sa taille. Si l'on doit en arriver là, c'est Chloé qui devra en prendre l'initiative. Je pense que mes intentions sont limpides.
Je remonte vers son oreille et prends son lobe entre mes dents, prenant bien garde de m'assurer que la caresse de mon souffle lui crée des frissons. Le bras autour de moi se resserre et du coin de l'oeil, je vois qu'elle ferme les yeux.
Cet instant de calme, d'acceptation de ce qu'il se passe entre nous, la manière dont elle se montre malléable sous mes lèvres est à l'opposé de la tension habituelle entre nous. Et pourtant, c'est maintenant, alors qu'elle semble avoir baissé sa garde, qu'elle m'excite le plus.
J'aime la Chloé qui prend les choses en main, mais cette version plus vulnérable me plaît énormément.
Après s'être laissée torturer pendant de longues secondes, elle resserre sa prise autour de moi et m'incite à venir me positionner à cheval sur elle. Il ne me faut qu'un millième de seconde avant de passer à l'action.
Ma jambe à peine de l'autre côté d'elle, ses mains viennent sur poser sur mes hanches, tandis que je place mes paumes à plat de part et d'autre de sa tête, contre le canapé.
Mon regard vient croiser le sien et il est évident que je ne suis pas la seule à désirer l'autre. Son regard émeraude est assombri par l'envie, même si j'y décèle des traces de vulnérabilité. Vu notre passé, à ses yeux me faire confiance représente certainement un risque.
Sans me quitter du regard, elle remonte une main le long de mon dos, par dessus mes vêtements, s'arrêtant à l'arrière de ma nuque et venant faire pression.
Je m'abaisse en même temps qu'elle se cambre légèrement, me retrouvant à mi-chemin dans un baiser brûlant.
On s'embrasse avec urgence, retombant à l'unisson contre le dossier. Sa langue vient retrouver la mienne et je ne sais pas laquelle de nous deux laisse échapper un gémissement d'approbation. Je fais glisser l'une de mes mains jusqu'à sa mâchoire, prenant le contrôle du baiser. Alors qu'elle cherche à approfondir le contact, ma langue se dérobe volontairement. Je cherche à l'allumer, qu'elle en vienne à prendre plutôt que de recevoir.
L'attente ne dure pas longtemps.
Elle place une main à plat dans mon dos, m'attirant à elle tandis que l'autre vient englober ma fesse dans une prise extrêmement possessive.
Cette fois, le gémissement étouffé que l'on entend est très clairement le mien alors que mon bassin bouge de lui même, cherchant à soulager la sensation entre mes cuisses.
La main dans mon dos vient se placer en bas de mon haut, se glissant en dessous avant de tirer délicatement dessus dans une question silencieuse.
Au prix d'un effort surhumain, je parviens à détacher mes lèvres des siennes et lève les bras pour lui faciliter la tâche alors qu'elle retire mon vêtement d'un mouvement fluide.
Si elle avait des réserves, on dirait qu'elles ont quitté les lieux alors qu'elle me dévore du regard. À cheval sur elle, je sais que ma poitrine généreuse est mise en avant par le soutien gorge noir et bleu électrique le plus sexy que je possède. J’étais pas sûre de comment la soirée allait se dérouler, mais ça ne veut pas dire que je n’étais pas prête !
Soudainement, la confiance que je porte en ma capacité à la séduire grimpe en flèche.
Sa main gauche retourne sur ma fesse, tandis que la droite part à la découverte de ma peau. Du bout des doigts, Chloé caresse mon cou, suit la ligne de ma clavicule, descend jusqu'à mon sein qu'elle contourne en en suivant le galbe. Ses yeux suivent le tracé et je pense qu'elle aime ce qu'elle voit puisqu'elle fait remonter sa main avec révérence, avant d'englober ma poitrine de sa paume.
Elle exerce une unique pression avant de craquer, joignant l'autre main à la fête.
Son front contre le mien, je la laisse m'embrasser quelque secondes avant de me reculer, ne voulant pas rater ma chance :
- Toi aussi.
Je mets le strict minimum de distance entre nous et m'empare du bas de son haut. Un coup d'oeil à son visage pour avoir confirmation et je soulève le vêtement. Faisant appel à un self control que je pensais m'avoir désertée depuis longtemps, je prends mon temps pour relever le tissu, savourant l'instant.
Une fois retiré, je le jette le plus loin possible sans regarder où il atterrit. J'ai bien mieux à faire....
Sous mes yeux se dessinent des kilomètres de peau parfaite, un ventre plat et une poitrine absolument superbe qu'un soutien gorge en dentelle noire dissimule partiellement.
Je viens croiser son regard et c'est d'une voix que je reconnais à peine comme étant la mienne que je lance :
- T'es absolument magnifique...
Chloé se mord la lèvre inférieure et passe une main dans son dos, dégrafant son soutien gorge.
J'ai les yeux rivés sur elle et ose à peine respirer lorsqu'elle enroule sa main autour d'un de mes poignets, l'amenant à son épaule, là où la bretelle est toujours en place.
Sans attendre d'encouragements supplémentaires, je l'abaisse et lui libère un bras, puis l'autre.
Son souffle est toujours court et la manière dont sa poitrine se soulève à chaque inspiration mériterait qu'on écrive un livre à ce sujet. Avec des images. Beaucoup d'images. Mais je serais la seule personne ayant le droit de l’acheter.
Elle est encore plus belle que je ne l'imaginais... Et pourtant j'ai imaginé !
Mes paumes restent un instant à survoler ses seins avant de les prendre en main, ce qui extirpe de Chloé le son le plus sexy au monde.
Ils sont sublimes, ni trop petits, ni trop gros, surmontés de tétons assez sombres qui contrastent avec sa peau. Je la masse, appréciant la manière avec laquelle elle se cambre pour avoir plus de contact avant de me reculer pour venir jouer des pointes érigées entre mon index et mon pouce.
Je suis tellement concentrée à la tâche que je mets quelques instants à réaliser qu'elle vient d'abaisser l'un des bonnets de mon soutien gorge. Par pur instinct, mes mains la quittent pour venir s'ancrer dans ses boucles ébène à l'instant où elle pose ses lèvres sur moi.
Fuck...
Je baisse les yeux et la vois, le visage à quelques millimètres de ma poitrine, sa bouche brûlante englobant mon téton. Le vert de ses iris est à présent totalement éclipsé et c'est d'un regard noir qu'elle me fixe, se reculant juste assez pour que je constate la prise qu'elle a entre ses dents. Elle la relâche, pour mieux la battre rapidement du bout de la langue. Malgré moi, mon bassin adopte un rythme assez proche, à la recherche d'une friction inexistante.
C'en est trop pour moi.
Je me débarrasse de mon soutien gorge et ne lui laisse pas le temps d'apprécier la vue avant de l'attirer dans un nouveau baiser. Profitant de sa distraction, je me décale pour venir chevaucher l'une de ses cuisses, laissant échapper un gémissement de soulagement en sentant son muscle sous moi. Je glisse une main à l'arrière de son crâne, au milieu de ses cheveux, comme j'ai rêvé de le faire des centaines de fois, tandis que l'autre descend en direction de son pantalon. Passant le revers de mes ongles sur ses côtes, ma descente est volontairement lente, lui donnant l'opportunité de m'arrêter. Lorsqu'elle ne fait rien, je fais sauter le bouton de son jeans avant de baisser sa braguette.
Elle interrompt le baiser quasi immédiatement :
- Ma chambre.
Le souvenir du fameux "juste une fois, pour t'oublier" est bien trop frais pour que je risque ça. Secouant la tête à la négative, je réplique :
- Non, ici.
J'aurais pu sortir une excuse du type "trop loin", mais la vérité est que j'ai malgré tout peur que ça soit mon unique chance avec elle. Alors j'aime autant faire en sorte qu'elle ne puisse plus s'asseoir ou même regarder ce canapé sans penser à moi.
Je me remets debout, contente que mes jambes flageolantes réussissent à soutenir mon poids et m'assure qu'elle n'en manque pas une miette alors que je me débarrasse lentement de mon pantalon, embarquant mes chaussettes au passage.
Rapidement, je me penche en avant pour amener mes mains à son jean. Une nouvelle vague d'excitation me parcourt devant la manière dont elle soulève instantanément ses hanches pour me laisser le champ libre. Je la libère et me détourne un instant pour jeter son pantalon. Lorsque je me tourne pour lui face face, je constate qu'elle a avancé, se postant au bord du canapé. Chloé m'adresse un sourire prédateur, faisant glisser ses mains de mes hanches à ma poitrine alors que ses lèvres viennent frôler la limite de mon sous vêtement.
Elle s'amuse de me voir frissonner sous ses lèvres et ses yeux pétillent lorsqu'elle glisse sa langue dans le creux entre l'os de ma hanche et le tissu.
De là où elle est, je suis certaine qu'elle peut me sentir et sais exactement ce qu'elle va trouver à l'instant où elle retirera le minuscule bout de tissu saturé qui me fait office de sous-vêtement.
Honnêtement ?
Tant mieux.
Après tout ça, autant qu'elle sache réellement l'effet qu'elle a sur moi.
Ses doigts quittent mes seins pour venir accrocher le bord de mon sous-vêtement. Chloé m'observe et sourit à nouveau lorsque j'acquiesce sans perdre un instant.
J'ai l'air impatiente ? C'est parce que je le suis !
Très vite, je ne porte plus rien sur moi.
Chloé prend son temps pour me regarder, ne réalisant pas que si elle ne me touche pas rapidement, je risque d'imploser.
L'air frais me fait réaliser à quel point mon désir est transparent et je crève d'envie de retirer sa dernière barrière pour la voir elle aussi.
Mais avant que je puisse faire quoi que ce soit, elle passe la pulpe de ses doigts à l'arrière de mon genou, me donnant une petite tape pour m'indiquer de placer mon pied sur l'accoudoir.
Machinalement, je m’exécute tout en étant dubitative.
Nan...
Nhh nhh.
C'est pas pratique elle peut pas sérieu-
Hmffff, elle peut.
Je lutte pour garder les yeux ouverts, voulant graver cet instant dans ma mémoire. Sa langue est putain de divine et en d'autres circonstances, j'aurais honte de la manière dont mon bassin bascule immédiatement pour venir à sa rencontre. Mais aux vibrations que je sens au plus près de moi, je suis certaine de ne pas être la seule à apprécier...
Bien trop tôt, elle se recule aussi soudainement qu'elle a commencé et je me fais violence pour ne pas la suivre. D'une main, elle vient placer pouce et index de part et d'autre de mon sexe, avant de souffler, un air diaboliquement sexy sur le visage. Le courant d'air est à la fois trop et pas assez et je suis tentée de me dérober lorsque son autre main se place sur ma fesse et m'attire à elle.
Oh bordel, c'est reparti.
Cette fois, je suis incapable d'empêcher ma main de venir se plaquer à l'arrière de son crâne et je suis totalement éhontée dans la recherche de mon plaisir.
Sauf que je suis à dix secondes de jouir plus vite que Lucky Luke ne dégaine et bien que peu surprenant, ce n'est pas du tout le plan. Plutôt que de lui demander d'arrêter et risquer la confusion, je resserre ma prise sur sa tête et me recule brusquement, reposant mon pied au sol. À vrai dire, je me recule tellement vite que j'ai le temps de la voir fermer sa bouche et cette image va probablement me servir de matériel pour séances solos dans les années à venir...
Avant qu'elle ne puisse s'inquiéter, je lance :
- T'es un peu trop douée à ce jeu là... Et trop habillée.
Un sourire satisfait gagne ses lèvres encore luisantes et la manière dont elle passe sa langue dessus pour se "nettoyer" est juste maléfique. De la torture.
- On peut y remédier.
Elle s'adosse au canapé, jouant avec son sous-vêtement quelques secondes avant de l'abaisser, s'en débarrasser d'un mouvement de la cheville et d'écarter lentement les jambes, s'exposant à ma vue.
Mes yeux se posent immédiatement sur son sexe et je peux constater qu'elle est dans le même état que moi.
Ça tombe bien, j'en ai pas fini avec elle.
Elle est absolument parfaite et j’ai hâte d’explorer ce que son corps a à offrir…
J'ai l'intention de lui rendre la monnaie de sa pièce mais Chloé m'attire à elle, m'encourageant à chevaucher sa cuisse.
Sinon ça c'est bien aussi...
Je retrouve ses lèvres et me sentir encore présente sur sa langue manque de me faire basculer.
Une distraction.
Il me faut une distraction.
J'ai besoin de la toucher, de l'entendre gémir.
Je glisse un bras entre nous, ma main parcourant l'intérieur de sa cuisse avant de remonter vers la zone qui m'intéresse.
Sa voix se fait entendre à l'instant où mes doigts entrent en contact.
Il y a quelques temps encore, lui plaire me paraissait improbable mais j'en ai là la preuve incontestable.
Je frôle sciemment son clitoris, savourant la façon dont son bassin vient à la rencontre de mes doigts, cherchant plus de contact. Elle grogne et me mordille la lèvre mais ça ne me fait que sourire dans le baiser, sachant que pour ma part je passe un très bon moment avec son quadriceps.
Mon instant de gloire est de courte durée puisqu'elle recule sa cuisse pour faire place à sa main, n'hésitant pas avant de me pénétrer, sa paume plaquée contre moi.
- Hmpff. Tricherie.
Ok, c'est peut-être pas éloquent, mais je parle, ce qui constitue un petit miracle en soi.
C'est à son tour de sourire, puis mettre fin au baiser pour venir mordiller la jonction entre mon épaule et ma nuque, tandis qu'elle m'encourage à chevaucher ses doigts en accompagnant ma hanche de sa main libre.
Je décale la tête et me laisse faire le temps de réaliser qu'il s'agit d'une tactique de diversion.
Ne voulant pas être en reste, je vais placer mon majeur à l'entrée de son vagin, restant quelques secondes à la sentir se contracter pour essayer de m'attirer avant d'entrer en elle.
Elle laisse s'échapper un gémissement de plaisir et c’est une révélation : j'ai trouvé le nouveau but de ma vie.
Lui faire reproduire ce son encore et encore.
Elle penche la tête pour venir capturer mon sein du bout des lèvres et de la langue et j'ai toutes les peines du monde à rester concentrée. Je peux sentir la manière dont ses doigts fléchissent en moi et j'ai l'impression que tous mes sens sont exacerbés. Si j'avais su qu'elle était aussi douée de ses mains et sa bouche, j'aurais probablement couché avec elle, pari ou pas.
Malgré les distractions, Chloé se contracte rythmiquement autour de mon majeur et je pense qu'elle n'est plus très loin. Savoir qu'elle en est là alors que je l'ai à peine touchée ne m'aide pas à ne pas jouir instantanément. J'ajoute mon annulaire à l'équation sachant qu'elle est en mesure de l'accommoder et voulant qu'elle passe le meilleur moment possible.
Profitant de ma mobilité, je viens placer mon genou à l'arrière de ma paume et m'en sers pour toujours faire pression sur son clitoris. Dans cette position, mon poignet me fait un mal de chien mais je donne tout ce que j'ai lorsque je l'entends gémir contre moi. J'accélère le mouvement et Chloé est tellement perdue dans son plaisir qu'elle met plusieurs secondes à remarquer qu'elle n'est plus en moi alors que je me suis légèrement reculée pour gagner en confort, précision et puissance.
Après seulement quelques dizaines de secondes, sa tête bascule violemment en arrière, venant s'appuyer sur le dossier du canapé et son ventre est parcouru de multiples contractions. De là où je me trouve, je peux voir les vagues de plaisir la gagner et je l'accompagne du mieux que je peux, de mes doigts en elle à mes lèvres qui viennent caresser sa poitrine.
Quelques glorieux instants plus tard, elle retombe mollement et je cesse mes mouvements, mais pas de l’observer.
Elle reprend son souffle et ouvre un oeil pour me regarder, juste avant de se plaindre :
- Et tu oses me traiter de tricheuse !
Je l'observe, sourcils levés l’air de dire “ah ouais ?“ et rétorque :
- J’ai gagné à la loyale, t’es juste une mauvaise perdante.
Je ponctue ma réplique en retirant ma main, amenant mes doigts à mes lèvres et m’assurant qu’elle voit bien ce que je fais lorsque je les place dans ma bouche, la goûtant pour la première fois.
Et j’ai bien l'intention de réitérer, mais sans intermédiaires.
Ma provocation fait réagir Chloé, qui semble gagner un second souffle et m’ordonne :
- Debout.
À son ton, je suis nettement plus excitée qu’inquiète et m'exécute, me tenant sur mes jambes en coton et attendant la suite.
D’un signe de l’index, elle m’indique de me tourner.
Ce n’est pas ce à quoi je m'attendais mais je suis curieuse de voir où elle veut en venir.
Elle parcourt mon dos de ses mains, puis mes fesses, puis mes cuisses, avant de remonter et me tirer en arrière par les hanches.
J’ai peur de l'écraser mais réalise qu’elle s’est mise bien au fond et que je suis à présent entre ses jambes écartées.
Elle passe une main dans mes cheveux, décalant ma tête et en profitant pour venir jouer avec mon oreille.
Je place mes mains sur ses cuisses, la serrant pour l'encourager.
- Tu sais provoquer… mais est-ce que tu sais aussi recevoir ?
On verra bien mais j’aime beaucoup la direction que ça prend.
Elle termine en plaçant ses mains sur ma poitrine,réveillant tous mes sens.
Je m'entends marquer mon appréciation et ne sais pas si je dois me concentrer sur ce qu’elle me fait ou sur la délicieuse sensation d'elle nue dans mon dos. Sa bouche descend au niveau de mes trapèzes tandis que sa main se glisse bien plus au sud.
J’aimerais dire que je reste calme mais ce serait une grossière exagération, car à l’instant où elle me pénètre en mordillant mon épaule, je manque de me liquéfier.
Chloé ne me laisse strictement aucun répit et me prend à un rythme soutenu. Je laisse tomber ma tête en arrière, m'appuyant sur son épaule et haletant comme jamais. Je n’ai aucune idée de comment je peux ne pas être en train de jouir car le plaisir qu’elle me donne est carrément intense.
Chloé dépose un baiser sur ma mâchoire et je me tourne pour l’embrasser du mieux que je peux avant d'être remise dans le droit chemin :
- Regarde ce que je suis en train de te faire…
Elle soulève lentement son épaule pour m'encourager et je baisse les yeux pour faire le constat. Ses doigts plongent en moi et ressortent rapidement, sa paume venant frapper mon clitoris à chaque va et vient.
C'est sur cette vue que le plaisir m’envahit, mes yeux se fermant malgré moi alors que je suis parcourue de spasmes.
Normalement, c’est le moment pour moi de lui sortir une réplique maline sortie de mon chapeau pour ne pas lui laisser le dernier mot, mais mon esprit est totalement vide.
Le blanc total.
On pourrait entendre les mouches voler là dedans.
Passant mes jambes par dessus sa cuisse, je réunis ce que j’ai d’énergie pour me tourner sur le côté, me retrouvant perpendiculaire à elle.
Une seconde.
C’est le temps qu’il me faut pour passer de “parfaite satiété” à “du rab, filez moi du rab !”. Juste le temps de baisser les yeux et voir nos corps nus l’un contre l’autre.
Et cette fois, je pense qu'elle me laissera goûter ce qu’elle propose, quoi qu’elle ait dit tout à l’heure à table !
Profitant de mon inattention, elle capture mes lèvres dans un baiser très tendre qui contraste totalement avec ce qu’il vient de se passer. Je me recule et viens poser mon front contre le sien, demandant d’un ton amusé :
- C’est à ça que tu pensais en m'invitant à dîner ?
Elle laisse s'échapper un rire et joue avec mon nez du bout du sien :
- Haha, pour qui tu me prends exactement ?
On est loin de la Chloé “on dirait que je sors de chez le coiffeur” du quotidien.
Je lui adresse un sourire entendu avant de la remettre en place :
- Si tu veux jouer les vierges effarouchées, garde ça pour les gens qui n’ont pas vu ce que tu sais faire…
Elle se mord la lèvre et surenchérit d’un ton séducteur :
- T’as pas encore tout vu...
Chloé tente de se pencher pour m'embrasser mais aussi sublime qu’elle soit, cheveux ébène complètement décoiffés et yeux ayant perdu toute trace de vert, je l'arrête d’une main sur la cage thoracique.
- Nhh nhh… t’en as assez fait pour l’instant, je crois bien que c’est à mon tour de faire mes preuves… Allonge toi.
Son air confus se mue en une moue coquine et je ne crois pas l’avoir déjà vue bouger aussi rapidement de toute ma vie.
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Il est 3 heures et quelques du matin, on vient de migrer sur son lit maintenant qu’elle m’a mise en confiance et je suis à deux doigts de partir dans les bras de morphée quand j’ai une question.
- Chloé ?
- Ouais ?
- T’as eu quoi comme médaille aux JO ?
- Pfft, j’ai fini 8ème.
Quoi ?
Ok Emilie n’a jamais dit qu’elle avait gagné, mais j'espérais ! Même pas au pied du podium quoi !!
D’une voix faussement dévastée, je m’exclame :
- J’y crois pas… Je viens de coucher avec une perdante.
Elle me file un coup sur le ventre avant de venir se blottir contre moi :
- Oh je sais pas, selon moi j’ai plutôt tout gagné ce soir.
Ça me fait sourire et je dépose un baiser sur le haut de sa tête, me contentant d’un simple :
- Pour être honnête, moi aussi.
FIN
Et voilàààà ! Merci à tous ceux qui ont participé et ceux qui ont / vont commenter !
Pour info, j'ai posté un récap des choix (et %) de chaque partie en commentaire de ce message, ainsi qu'une indication des idées que j'avais pour les alternatives, pour ceux que ça intéresse.
Je n'ai pas encore changé le titre car je voulais poster le plus tôt possible et je ne suis pas encore convaincue que ça ne va pas faire complètement foirer le menu. Lisez tranquillement, je changerais ça d'ici quelques temps !
Merci de ne pas reposter cette histoire sur un autre site / une autre plateforme.