Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Fictions Lesbiennes :)
Fictions Lesbiennes :)
Publicité
Newsletter
26 janvier 2012

Chapitre 13

Chapitre 13 : Remises en question

 

Je ne peux pas.

Elle ne veut pas.

Je ne peux pas la forcer, ce serait injuste de ma part. Il faut que je parte.

Je détache le bras qui était resté autour de ma taille et passe sous l’autre. J’attrape la clé du casier qui dépasse de son peignoir et pars aussi vite que je peux.

Je n’ose pas regarder derrière moi. C’est ma chef et même si elle est célibataire, elle n’est pas à ma portée. Qui suis-je pour profiter d’elle alors qu’elle vient juste de m’éviter de me fracasser le crane au sol ?

Je m’habille sans prendre la peine de me sécher. Mes cheveux dégoulinent encore lorsque j’interpelle l’une des masseuses, lui remettant la clé du casier pour qu’elle la donne à Shaell.

Sans perdre un instant de plus, je quitte l’établissement.

Mon pas est rapide. Je n’ai pas la moindre idée d’où je vais, mais il faut que j’évacue une partie de la tension accumulée.

J’ai surement ruiné tout ce qu’il pouvait y avoir entre nous.

Putain !

Quelle conne !

Je m’arrête sur un banc public et m’assois lourdement.

Je suis vidée.

Je ne sais pas quoi faire.

Où aller.

Je pense qu’elle va rester profiter de la thalasso tranquillement, sans employée perverse pour la reluquer.

Et merde… pfff pourquoi faut il qu’elle me fasse cet effet la ?

Ne voyant pas d’autre chose à faire, je me décide à demander conseil à ma commère préférée. Mais avant, autant m’amuser à ses dépends, ça me détendra.

J’allume mon téléphone et accède à ma boîte mail, histoire de transférer la vidéo du baiser pour l’envoyer à Steph. Immédiatement après, je l’appelle en visio.

Elle répond directement, installée sur ce qui semble être son canapé.

-          Salut toi ! me dit-elle, joyeuse.

-          Coucou.

-          J’ai cru que t’étais morte, j’avais plus de nouvelles.

-          Tu ne crois pas si bien dire…

Ses sourcils se froncent et elle remet une mèche de cheveux bruns derrière son oreille avant de demander, sérieuse :

-          Qu’est ce qui t’arrive ? T’es tombée dans la fontaine de l’hôtel en public ?

Je passe ma main dans mes cheveux mouillés en souriant :

-          J’aurais préféré.

-          Accouche tu sais que je suis pas patiente !

-          T’es surtout super curieuse oui !

-          Je m’inquiète de ta santé mentale, c’est différent !

-          Pas de la où je me tiens.

-          Bref ! Que me vaut la joie de ton appel ? Il s’est passé quelque chose ?

Elle a son air de maitresse d’école en train de faire une réprimande en me disant ça.

-          Pas qu’une seule chose ! Ton pc est allumé ?

-          Oui pourquoi ? demande-t-elle

-          Va voir tes mails, je viens de t’envoyer un truc.

Je l’observe se déplacer dans son appart, vu qu’elle a pris le téléphone avec elle. Une fois le téléphone bien calé, je la vois tapoter sur son clavier pendant que je combats l’envie de vomir que ce court voyage m’a donné.

-          En effet. J’ouvre la pièce jointe ?

Je sais très bien que je lui fais plaisir en faisant ma tête blasée avec un sourcil levé mais je ne peux pas m’en empêcher !

-          Non non, je l’ai mise juste pour faire genre !

-          Ah ben dans ce cas… !

-          Steph…. Ouvre.

Elle clique, surement pour télécharger la vidéo et je scrute l’écran de mon téléphone, attendant avec impatience de voir sa réaction.

Elle prend un paquet de bonbons en main et commence à manger en même temps que la séquence débute, enfin d’après le son que m’envoient ses hauts parleurs.

J’observe avec une certaine avidité son attitude, notant les sourcils qui se lèvent de plus en plus…

-          Nan, vous n’avez quand même pas … ?  demande-t-elle dans le vide, le regard rivé à l’écran de son ordinateur.

Alors que je m’apprête à lui demander ce qu’elle en pense, j’observe ses yeux faire un truc étrange avant de la voir tomber de sa chaise.

Je lève un peu la tête, espérant admirer l’atterrissage ou même m'assurer qu'elle va bien mais étant donné que le téléphone n’a, lui, pas bougé, je n'assiste pas à grand-chose.

-          Steph ? Ça va ?

J’aperçois une main, puis un bras, puis enfin sa tête. Son autre main masse un point dans sa chevelure brune tandis qu’elle se relève et s’installe sur sa chaise tant bien que mal.

-          T’es dingue ! T’aurais pu prévenir !

-          Et gâcher la surprise, certainement pas !

-          T’aurais pu me tuer ! J’ai failli faire un arrêt !

-          Tu vas bien, t’es solide je le sais !

-          Mouais… En plus j’ai mis des bonbons partout, ils sont gâchés !

Le fait que son encas soit désormais passé du côté « non comestible » semble plus la déranger que sa future bosse. Finalement, sa curiosité bat son agacement tandis qu’elle relance la vidéo et me demande :

-          T’as truqué ça ?

-          Même pas !

Je ne peux m’empêcher d’être un peu fière.

-          Bien joué alors ! Elle embrasse bien ?

Alors que j’allais répondre, elle s’empresse de rectifier sa question :

-          Nan nan atta ! C’est un bon coup ?

Elle jubile visiblement pour moi et s’approche de son téléphone jusqu'à occuper tout mon écran avec son visage. Ses yeux de folle furieuse et son sourire béat m’inquièteraient si je ne la savais pas inoffensive.

-          Il ne s’est rien passé entre nous.

-          MENTEUSE ! AU BUCHER ! Je viens de voir la preuve contraire !

Elle s’agite et se recule pour me pointer d’un doigt accusateur. Je me sens obligée de me justifier :

-          Non… rahh, je veux dire, là on était forcées.

-          Mouais. Tu me feras pas croire qu’elle a du trop te forcer. La dragonne est du genre à faire de nous des esclaves du travail mais toi… Pas besoin de te contraindre pour te faire l’embrasser. Je me trompe ?

Elle ajoute son « je me trompe » en voyant mon air offusqué, même si je sais bien qu’il y a une part de vrai. Je finis par répondre, bougonne et pleine de mauvaise foi :

-          Moui. M’enfin là c’est pas venu de moi ! T’as vu t’as vu, c’est elle qui m’a embrassée ! Fin bref.  Tiens, et si on changeait de sujet ?

Sympa, elle accepte direct :

-          Explique ton état ! dit elle en désignant sa chevelure.

-          Bah t’as vu, on a gagné le tirage au sort, et on a été à la thalasso aujourd’hui.

Je l’observe souffler sur un des bonbons qu’elle vient de ramasser au sol et l’apporter a sa bouche. Elle s’arrête juste avant que ses dents ne broient ce qui semble être une fraise tagada.

-          Et ?

-          Tu ne manges pas ton bonbon ?

-          J’attends que tu me dises ce qui s’est passé avant, je suis sûre que tu veux encore attenter à ma vie, par étouffement cette fois !

Le pire, c’est qu’elle a l’air d’y croire. Je souris, lui fais un clin d’œil juste pour la faire psychoter et continue.

-          Parano. Bah disons qu’à cause de ça, je suis dans la merde.

-          Laisse-moi deviner. Tu l’as vue couverte d’une combinaison de plongée, coincée du cul comme elle doit être, et comme t’avais pas dormi rien qu’à l’idée de la voir en maillot t’as arraché ce qu’elle avait sur elle et tu l’as palpée à même le sol ?

-_-‘

Merci Steph pour le vote de confiance. Même si pour la partie ou je la tripote elle a visé proche de la vérité.

-          Tu te trompes sur la partie combinaison de plongée, crois moi !

Ses yeux menacent de sortir de sa tête :

-          Tu as vu la harpie dénudée ?

-          En deux pièces quoi ! Et ne l’appelle pas comme ça s’il te plait.

-          Oh mon Dieu ! Tu es passé du côté obscur ! Tu fais partie de ses troupes maintenant ! Vade Retro !

-          N’importe quoi ! C’est juste que je… j’ai… appris à la connaître.

Elle pondère ma réponse un instant, baisse ses doigts qu’elle avait mis en signe de croix devant le téléphone et reprend :

-          Bref, c’est pas ça l’important de toute manière ! Elle a des vergetures ?

Pourquoi ses questions complètement à côté de la plaque ne m’étonnent-elles pas ?

-          Pas que je sache. Enfin j’en ai pas vu !

-          T’as survécu à l’expérience, c’est qu’elle ne doit pas être aussi bien foutue que ça !

-          Oh que si…

Je me demande si mon ton avait l’air aussi rêveur que ce que je crois. Malgré cela, elle semble perplexe :

-          Et tu ne t’es pas liquéfiée sur place ?

-          Sur la durée on va dire.

Elle paraît inquiète pour moi et me demande, hésitante :

-          Je dois m’attendre à te voir quitter l’entreprise ?

-          Honnêtement je ne sais pas.

-          Sérieux ? A ce point ? T’as fait quoi ?

Un soupir m’échappe avant que je ne parle. Comment dire ça ? Comment le décrire ?

-          C’est… compliqué.

-          Essaie quand même ! Pour moi !

Elle me fait une belle imitation de chien battu et j’accepte de m'expliquer :

-          Je suis dans la merde. Je… Je commence à l’apprécier…

-          Pour son physique ? C’est pas nouveau.

-          Pas seulement. C’est ça le problème. Aujourd’hui, j’avais envie de… J’ai essayé de toutes mes forces de me retenir… Enfin je l’avais a portée pi… j’ai glissé, elle m’a rattrapée et…

-          Tu l’as embrassée ?

Elle est visiblement stressée alors qu’elle me demande ça, portant ses mains dans sa chevelure en attendant ma réponse :

-          Non. J’en crevais d’envie. Je me suis retrouvée contre elle et je l’ai… Caressée on va dire.

-          Où ? Longtemps ? Elle t’a laissée faire ? C’était bien ? Minute, elle a la peau douce ?

-          Euh… Dans le dos et sur le côté. Et pi je sais pas si elle m’a laissée faire. Elle était comme surprise…

-          Et elle a dit quoi ? Elle t’a giflée ?

-          Elle a pas eu le temps ni de dire, ni de faire quoi que ce soit. Je me suis tirée avant…

Elle se mord la lèvre sous l’effet de l’inquiétude et me questionne, après quelques instants de réflexion :

-          T’es bonne à quelque chose d’autre que ton boulot ? Juste au cas où…

-          Tu crois que je vais me faire virer ?

-          Honnêtement je sais pas… Je dois vraiment te rappeler QUI tu as osé palper ? Je veux dire, la plupart n’osent même pas la regarder… Alors la tripoter…

Je ne sais pas quoi faire de sa réponse. D’un côté elle n’a pas tort, de l’autre, la femme avec qui je partage mes journées depuis quelques jours n’a rien à voir avec son double diabolique des bureaux.

Bordel !

Je suis suffisamment désespérée pour demander conseil à Steph :

-          Qu’est ce qu’il faut que je fasse ?

-          Bah, t’excuser serait bien. Même si ce sera pas crédible, t’auras essayé quoi. T’as vu sa réaction ?

-          J’étais trop occupée à m’enfuir pour regarder.

-          Mouais. Ça n’aide pas trop. Excuse-toi, je vois que ça. Et pas genre « désolée de t’avoir  caressée », trouve plutôt quelque chose dans le « je sais pas ce qui m’a pris ».

-          Ouais…

Je suis dégoutée, elle n’a pas l’air beaucoup plus optimiste que moi. Tu parles d’une remonteuse de moral !

Visiblement, elle arrive parfaitement à lire le désarroi sur mon visage vu qu’elle s’approche du téléphone d’un air compatissant :

-          Hey Liz… Ça veut rien dire tu sais… Si elle fait si peur, c’est parce que la démon- parce qu’elle est imprévisible. Tu peux pas savoir comment elle va réagir…

-          Bah quand même…

-          Non, tu peux pas. En te voyant partir avec elle faire ce voyage, j’étais déjà prête à envoyer une couronne à tes parents, mais apparemment ça va…

Ça va ? Comment elle peut dire ça, la situation pourrait difficilement être pire ! Je m'empresse de la corriger et m'exclame :

-          Ça allait tu veux dire !

-          Non ! Je veux dire ça va ! Elle ne t’a pas encore étripée et à moins que tu sois la plus grosse masochiste au monde, elle a peut être même été sympa avec toi.

-          Mouais…

-          Et pi elle t’a embrassée hein…

-          Sous la contrainte.

-          Même. Et pi si tu veux mon avis, elle y a mis la manière. On n’est pas du même bord mais au vù de ça, ma barque vacillerait presque !

Qu’elle est bête ! Au moins, ses idioties me font sourire. Il y a une part de vérité dans ce qu’elle dit. Peut-être que tout espoir n’est pas perdu ?

-          Je préfère ça !

-          Hey !!! Arrête tout de suite Steph !

-          Ben quoi ? Tout ce que tu penses est traduit en mimiques, j’y peux rien.

Ok. Après Mattéo et Shaell, c’est elle qui me le dit.

Minute.

Si tout ce que je pense…

Alors dans la thalasso… Elle aurait du le voir venir, right ?

-          Je vois de la fumée !! Arrête ça, tu te fais du mal !

De l’autre côté du téléphone, ma collègue arrangée fais mine de souffler pour m’éteindre. Et dire que je suis amie avec elle…

-          Sérieux Liz, arrête… Trop réfléchir te servirait à rien là. Attends de la revoir et tu aviseras…

-          Depuis quand tu es de bon conseil toi ?

-          Depuis toujours darling, c’est juste qu’avant t’avais la tête tellement loin dans ton hum-hum que t’entendais pas !

-          No comment !

-          Bref ! Je vais devoir te laisser, j’ai un gâteau au four et toi t’as une pneumonie en chemin si tu ne te sèches pas !

Je l’observe, dubitative :

-          T’es sérieuse la ? Las Vegas est dans le Nevada. Autour il y a le désert tu sais… Mes cheveux sont déjà quasiment secs !

-          Ouais ben mon fondant au chocolat géant doit l’être aussi ! Et j’aime le manger tant qu’il est chaud !

-          Ok ok, face à de tels arguments…

-          Voilà ! Bon ! Appelle-moi dès qu’il y a du nouveau. ajoute-t-elle.

-          Oui oui.

-          Je compte sur toi !

-          Mais oui, ok !

-          Ça marche alors. Moi je vais me remettre du choc et analyser cette intéressante petite vidéo. Le chocolat m’aide à réfléchir ! Si j’ai une idée qui puisse t’aider à t’en sortir je te fais signe.

-          Ok ! Bonne journée. Et Steph ?

-          Oui ?

-          Merci.

-          De rien ma belle ! Courage !

-          C’est gentil.

La conversation prend fin sur ça et je dois dire qu’elle a plutôt bien réussi son job. Je suis un tout petit peu rassurée.

Je range mon téléphone dans ma poche et m’adosse au banc. Le soleil tape plutôt fort et l’envie de rester à me faire griller comme un steak n’est pas franchement là. D’un autre côté, l’alternative, à savoir retourner à la chambre d’hôtel ne m’attire pas non plus.

J’imagine que j’y serais tranquille, à tous les coups Shaell est restée profiter de la thalasso. Après tout, rien de tel qu’un moment de détente pour se remettre d’un choc.

Mais j’ai pas envie de retrouver cet univers là. Je n’ai pas envie de sentir son parfum dans la chambre, de voir ses affaires de toilette…

Courage Liz, le voyage est bientôt fini. Je retrouverais sûrement la raison en rentrant au bureau. Elle redeviendra la femme froide et inaccessible et tout s’arrangera.

Finalement, je trouve le courage de me lever et de marcher. Le soleil de plomb ne m’aide pas à réfléchir, me collant juste un mal de crane pas possible. Et probablement des coups de soleil.

Bon. Faut que je m’abrite.

Je repère une enseigne qui me promet de bonnes glaces et me décide à entrer. Peut être que ça calmera mon débordement hormonal au passage. Même si le fait que je flippe m’a déjà bien refroidie.

Je commande une glace pilée parfum framboise et bubble gum. Le type me donne une paille géante avec, et je m’empresse d’aspirer autant de glace que possible. Autant me geler le cerveau au passage.

Une fois mon énorme glace terminée, je me remets à parcourir les rues. Ça aura eu le mérite de me rafraichir les idées. Ça ne sert à rien de continuer à me prendre la tête et d’imaginer toutes les solutions possibles et imaginables. Je le verrais bien assez tôt.

Je décide de me rendre dans la direction générale de l’hôtel. Si je ne trouve rien à faire d’intéressant d’ici là, je pourrais toujours tenter de m’endormir, ou faire semblant de pioncer une fois que Shaell rentrera. Comme ça j’éviterais les discussions étranges.

Alors que j’approche de l’hôtel, je me décide à entrer dans un des plus célèbres casinos, décoré façon Rome antique. Je me fais un peu de monnaie avant de trouver une machine à sous où m’installer. D’ordinaire, j’aurais préféré tenter ma chance au Blackjack mais pour le coup, appuyer sur des boutons sans avoir à réfléchir m’ira très bien.

Je ne sais pas combien de temps je passe là, à regarder la machine engloutir mon argent, mais au bout d’un bon moment je me retrouve sans un sou.

On ne peut pas gagner à tous les coups. Je ne m’attendais pas à gagner de toute manière vu l’état de ma chance en ce moment.

Je finis par ressortir, me dirigeant dans la direction générale de l’hôtel, tout en regardant autour de moi à la recherche du moindre prétexte pour ne pas rentrer tout de suite.

Un club de striptease attire mon attention.

Après tout… Ça ne peut pas me faire de mal, non ?

Je veux dire, si ça n’aidera surement pas ma libido, je verrai qu’il y a d’autres femmes, que d’autres peuvent me faire de l’effet.

On verra bien.

Je montre ma carte d’identité à l’homme à l’entrée qui ouvre la porte pour moi. L’atmosphère est sombre, confinée et étrangement réconfortante. La salle est plus grande que je ne l’aurais cru. Je parcours les lieux des yeux, à la recherche de l’endroit idéal pour m’asseoir.

Un coin de la pièce me paraît plus sombre que les autres et l’idée que je puisse regarder sans être vue me plait. C’est d’un pas décidé que je me dirige là bas, slalomant entre les tables tout en regardant les danseuses et serveuses présentes.

Alors que j’arrive à proximité de ma destination, je remarque que la banquette est déjà occupée. Un peu déçue, je m’apprête à me retourner lorsque quelque chose attire mon attention.

Une des stripteaseuses, jolie blonde au corps bien sculpté est en train de faire le lapdance de sa vie à un client. Sauf que ce client porte des talons aiguilles. La curiosité l’emporte, l’envie de voir une femme canon se frottant contre une autre est trop forte. Je me décale sur ma gauche afin de mieux apercevoir la scène. J’ai tout à fait conscience que c’est une sorte de voyeurisme, mais j’ai juste besoin de savoir que je ne suis pas la seule à avoir ce genre d’envies.

Mes yeux finissent par s’adapter à la pénombre ambiante et mon souffle s’arrête.

Non.

Impossible.

Je m’approche encore un peu, attirant involontairement l’attention de la danseuse et sa cliente. Je dois en avoir le cœur net.

La stripteaseuse regarde d’un air confus sa cliente, remarquant que celle-ci s’est arrêtée net alors qu’elle glissait un billet dans son soutien gorge.

Sous mes yeux, ma boss me regarde d’un air horrifié, puis coupable.

Je suis quant à moi trop traumatisée pour qu’une seule émotion ne domine les autres. C’est la dernière personne que je m’attendais a trouver là.

Shaell repousse la danseuse sur ses genoux et s’apprête à se lever, mais je ne crois pas être prête pour lui parler maintenant.

Pas après avoir vu ça

Maintenant elle teste les femmes ? Je pige plus rien.

Je me retourne et me dirige vers la sortie à la limite du pas de course.

Sans un regard derrière moi, je m’enfuis en direction de l’hôtel. Je compte bien me réfugier dans la chambre. Je ne pense pas qu’elle va venir après ça.

Je m’affale directement sur le lit, regardant le plafond.

Qu’est ce qui lui est passé par la tête ?

Je la tripote et pi elle va profiter des charmes d’une jeune femme dans un club ? Quel genre de logique dérangée c’est ça ?

Faut que j’arrête de penser, ça donne rien de bon en général.

Deux minutes ? Peut être qu’elle à réellement été en couple avec une femme pendant 3 ans !

Argh. Non, pas possible. Pas elle. Faut que j’arrête de rêver.

Je sais plus.

J’allume la télé et reste un bon bout de temps à regarder l’écran sans vraiment y prêter attention.

Je regarde par la baie vitrée et remarque que la nuit est tombée. Un coup d’œil au réveil sur la table de nuit m’indique qu’il est beaucoup plus tard que je ne l’aurais cru.

Elle aurait déjà du être rentrée.

Les minutes passent et je commence à m’inquiéter.

Et si elle m’avait suivie hors du club, avait traversé sans regarder et s’était faite renverser ?

Plus le temps passe, plus je me fais du souci.

Au bout d’un moment, je ne tiens plus et attrape mes baskets. Une fois chaussée, je sors et me dirige immédiatement vers l’ascenseur. Quelques minutes plus tard, je suis devant la chambre d’Angy. Enfin je crois.

Finalement, je me décide à toquer.

Je suis rassurée en entendant la voix d’Angy dire :

-          J’arrive, une seconde !

Elle m’ouvre quelques instants plus tard, légèrement à bout de souffle.

-          Hey ! Désolée j’étais affalée devant la tv !

-          T’inquiète, j’étais pas mieux il y a quelques instants. Comment ça va ?

-          Bah écoute bien et toi ? Mais reste pas là, entre.

Je franchis la porte pour pénétrer dans une chambre qui ressemble vaguement à la notre, mais en moins luxueux. La vue donne du côté opposé de l’hôtel. Mais j’ai pas le temps de répondre à sa question qu’elle me dit d’un air joyeux :

-          J’imagine que t’es là pour me demander si je l’ai pas vue ?

-          Tu l’as vue ?

J’essaie de cacher mon enthousiasme à l’idée qu’elle sache où elle est :

-          Ouais, en coup de vent. Elle est passée, fin stressée. Elle m’a marmonné un truc et est repartie. Je pense qu’elle est avec Matt. S’est passé quoi au juste ?

Je ne sais pas si je dois lui dire la vérité ou pas. Je veux dire, si Shaell avait voulu qu’elle sache, elle lui aurait dit. Non ? Je décide de la jouer fine en disant :

-          Elle t’a dit quoi ?

-          D’après ce que j’ai compris, vous êtes allées profiter de la Thalasso, soit dit en passant je te déteste d’avoir gagné à ma place, pi que t’avais comme paniqué, que t’es partie très vite et que tu l’as retrouvée par hasard dans un club de strip.

Oh.

Donc elle sait l’histoire en gros.

-          Elle t’a dit pourquoi j’étais partie ?

-          Non. […] Bon après j’ai ma petite idée.

-          Ah ?

Involontairement, je sens mon sourcil se lever. Présomptueuse la petite. Imperturbable, elle me dit :

-          Je suis peut être blonde, mais pas aveugle. Vu comment tu la lorgnes dès qu’elle a le dos tourné, je parie que t’as pas résisté… T’as du faire un truc. J’hésite entre l’embrasser ou peut être t’approcher très près avant de te faire peur à toi-même et t’enfuir. Je suis loin de la vérité ?

J’envisagerai de répondre une fois que ma bouche daignera se refermer. Quelle petite …. Bien sûr que je la mate, mais ce n’est pas une raison pour me le faire remarquer !

Grognon, je réponds :

-          Pas trop.

-          Elle a réagi comment ?

-          Bah honnêtement, j’étais trop occupée à regarder dans quelle direction je m’enfuyais pour l’observer ! Elle ne t’a rien dit à ce sujet ?

-          Je t’ai dit, elle n’est pas restée très longtemps. Pi elle était plus perturbée par le fait que tu l’aies surprise qu’autre chose.

Je m’assieds sur le canapé, un peu déçue. Je ne sais pas quoi penser. Elle vient s’installer à mes côtés, avant de poser sa main sur mon genou, tentant de me réconforter.

-          T’inquiète pas. Elle a juste besoin de temps.

-          Non mais…. Je suis juste stupide.

-          Dis pas ça….

Elle passe son bras autour de mon épaule, m’attirant à elle. Je suis tellement dégoutée que je n’apprécie pas sa proximité autant que d’ordinaire.

-          Non mais c’est vrai. Je veux dire on s’est rapprochées, on s’entendait pas si mal et pi j’ai tout foutu en l’air.

Angy semble réfléchir un moment avant de se tourner vers moi et me dire :

-          Tu sais, je crois qu’on peut dire que je la connais bien, même très bien et je sais un truc avec certitude : quoique t’aies fait, y’a beaucoup de chances pour qu’elle l’ait vu venir.

-          C’est censé me réconforter ?

Elle me regarde comme si j’étais la fille la plus crétine au monde :

-          Bah oui voyons ! Elle a un instinct de dingue, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle est douée dans son boulot. Elle semble tout savoir à l’avance. Si c’était pas sur un coup de tête, elle l’avait sûrement vu.

-          Mouais… Pourquoi elle m’a pas recadrée direct si ce que tu dis est vrai ?

-          Sérieux Liz, tu te vois dire à quelqu’un qui te reluque « cesse de me mater » ? La probabilité que l’autre nie est de 50% et après tu passes pour une abrutie imbue d’elle-même.

Elle marque un point. Cependant, quelque chose me tracasse toujours :

-          J’avoue ! Mais pourquoi un club de striptease ?

-          Bah j’en sais rien ! C’est toi qui l’as émoustillée !

-_-‘

Mais bien sûr Angy.

-          Tu parles, j’ai rien fait du tout !

-          J’ose même pas imaginer si tu faisais quelque chose alors !

Ça la fait rire, mais moi moins. Je peux pas m’empêcher de demander, d’ailleurs je n’essaie même pas :

-          Mais pourquoi une stripteaseuse ?

-          Bah à ma connaissance, ça fait plus de 2 ans qu’elle n’a pas eu de relation alors bon…

-          Tu crois qu’elle remet en cause sa sexualité ?

Elle me rit ouvertement au nez et je suis un peu vexée. J’ai le droit de rêver quoi !

-          Chérie, après moi, personne ne remet en cause sa sexualité !

Je ne sais pas si mon traumatisme se voit, mais heureusement que je suis assise.

OMG !

Ça veut dire ce que je crois que ça veut dire ?

Je réplique rapidement, histoire de camoufler le fait que je suis choquée :

-          Comment tu fais pour enfiler tes hauts ?

Elle me regarde, perplexe :

-          Comment ça ?

-          Comment tu fais pour mettre tes hauts en ayant une aussi grosse tête ?

Elle me frappe le bras, comme aurait pu le faire ma boss, avant de dire :

-          T’es bête !

-          Je n’arrête pas de le dire ! […] Sérieusement, tu as dit ce que je viens de comprendre ?

-          Ça dépend, t’as compris quoi ? Dialogue de blondes, on n’est jamais trop méfiantes !

-          Que toi et Shaell vous….

Je fais le signe universel du bécotage entre mes deux index en la regardant. Ma chef, ma canon et beaucoup moins hétérosexuelle qu’il n’y parait supérieure aurait eu une relation avec la superbe jeune femme à mes côtés ?

No way !

-          Oui. On est sorties ensemble pendant 3 ans !

AHA ! J’ai la réponse !

Et un gros problème hormonal sur les bras.

Oh non, je vais imaginer !

Des images commencent à se former dans ma tête.

Oh oui, je vais imaginer !

Angy me sort de ma transe en me riant ouvertement au nez.

-          Tu verrais ta tronche ! Ça va aller ?

-          Ouais… J’essaie de me remettre la…

-          Tu ne te doutais pas… même pas un peu ?

-          Tu rigoles ou quoi ? Au bureau, Shaell à l’air plus coincée qu’une nonne. Quelle puisse avoir une sexualité paraissait impossible, alors en plus avec des femmes !

-          Liz Liz Liz… Ton gaydar n’est pas au point !

-          Il l’a jamais été ! Vaut mieux pas !

Elle me regarde, comme si j’étais tombée sur la tête avant de demander :

-          Pourquoi ça ? C’est pratique !

J’hésite à dire lui mentir l’espace d’une fraction de seconde mais finalement j’opte pour la vérité au dernier moment :

-          Bah oui et non. Disons que j’ai pas assez confiance en moi pour faire quoi que ce soit du genre « approcher une femme » alors savoir qu’elles sont de mon bord me torturerait plus qu’autre chose.

-          Je vois. Je comprends pas mais je vois.

J’essaie d’empêcher l’expression faciale « t’es bête ou quoi ? » de s’installer trop longtemps sur mon visage et m’empresse d’ajouter :

-          C’est pas dur à comprendre.

Angy soupire et s’installe plus loin sur le canapé, se tournant légèrement vers moi :

-          Je parlais de pourquoi t’as pas confiance en toi ! M’oblige pas à te complimenter !

Je me sens sourire malgré moi.

Ça veut dire qu’elle me trouve bien ?

La seule idée qu’une femme comme elle puisse me trouver potable me réjouit. Et fais ressembler mon visage à certaines décapotables rouges qu’on peut voir dans la rue.

-          C’est gentil, merci.

-          Me remercie pas, j’ai rien dit ! Bref ! Pour votre histoire t’inquiète pas, elle va certainement venir te parler demain. Il lui faut juste du temps pour digérer le « flagrant délit » si tu veux mon avis !

En même temps, si je ne l’avais pas voulu c’était pareil. Une question me vient cependant à l’esprit :

-          Pourquoi elle ne m’a rien dit ?

-          Sur son homosexualité ?

-          Oui.

-          Pourquoi faire ?

Bonne question. Tu marques un point ! Mais quelque chose me revient à l’esprit.

-          Bah elle est quand même gonflée quelque part. Elle m’a limite accusée d’être une espèce de perverse qui adore la coincer dans ce genre de situations ! Alors qu’en fait elle n’était pas mieux !

Angy émet un rire cristallin avant de répondre :

-          C’est Sha. Elle a parfois un humour tordu.

-          J’ai pu le constater.

Un léger silence s’installe. J’aime beaucoup Angy. Si je n’étais pas obsédée par ma supérieure, je pense que j’aurais songé à tenter ma chance.

Le fait qu’elle soit également une petite blonde aurait fait de nous un couple bien assorti au moins ! Pi j’aurais eu plus de chances qu’avec Shaell. Hétéro ou homo, elle est comme qui dirait « out of my league », on ne joue pas dans la même cour.

J’ai juste peur d’y croire encore un peu plus, envers et contre tout.

-          Allez, fais pas cette tête ! Ça te dit de sortir boire un verre ou manger un bout ? Je suis peut être pas miss briseuse-de-cœurs mais j’ose croire que je fais un substitut potable !

Je me lève et lui tends la main pour l’aider à se lever. Une fois cela fait, une petite claque ponctuée d’un « c’est pour t’apprendre à pas dire de conneries » lui explique de ce que je pense d’elle. Certes, j’aurais pu m’exprimer moins violemment, mais ça aurait été moins plaisant. Pas de raison pour que ce soit toujours moi qui prenne.

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Re-re-re-salut,<br /> <br /> Je suis moins fan de ce chapitre. Il est toujours bien écrit et sans doute nécessaire dans ton scénario mais il m'a un peu refroidi :s<br /> <br /> Tant pis je m'attends à un rattrapage épic et à une suite bavesque donc serai sans doute contenté :)
Répondre
Publicité