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Fictions Lesbiennes :)
Fictions Lesbiennes :)
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7 novembre 2012

Chapitre 12 (fin)

Je me laisse tomber, complètement épuisée. Le souffle d’Erin me chatouille, mais je n’ai pas la force de bouger.  

-          Pizza ?

-          Pizza.

Bien qu’elle ait proposé, elle ne se lève pas et reste blottie contre moi. Je baisse la tête pour l’observer, n’en revenant toujours pas. À vrai dire, je ne suis pas convaincue de me faire un jour à l’idée que non seulement cette femme veuille bien de moi, mais qu’on ait couché ensemble. À plusieurs reprises. Un sourire pervers que j’espère discret se glisse sur mes lèvres à cette pensée.

Elle finit par trouver le courage de bouger, m’offrant au passage une vue plus qu’appréciable. Mes yeux ne perdent pas une miette des kilomètres de peau douce qu’elle dévoile.

Elle se retourne, m’observe de haut en bas, son regard intense et  lance :

-          Si tu me regardes comme ça on l’aura jamais cette pizza.

Je m’efforce de ne pas répliquer que je pourrais très bien la manger elle, parce que c’est bien la première fois qu’on me verrait refuser une pizza et que je ne suis pas sûre qu’on puisse survivre sans ingurgiter de la vraie nourriture. Bien que l’idée de tester ne me dérange pas outre mesure.

Après avoir trouvé ses sous-vêtements qui avaient fait un super bon job pour se planquer çà et là, elle les enfile et sort de la chambre. Je me lève, dans l’unique but de pouvoir la reluquer un peu plus longtemps, avant de me demander quelle heure il peut être. Pour une fois, mets rapidement la main sur mon téléphone au milieu du bordel de mon sac.  

Ah oui. Ça fait un moment déjà. Tiens j’ai un message.

Un SMS de Nico :

Si t’as besoin d’une excuse pour t’enfuir, tu me dis je t’appelle ! Sinon amusez-vous bien !

Je souris en secouant la tête de gauche à droite. On ne le changera plus. J’observe un instant mon smartphone. Est-ce que je dois vraiment de répondre vu que je l’ai reçu y’a déjà un moment et que mon silence en dit long ? Mais je le fais quand même, juste parce que ça me fait plaisir d’en être arrivée là :

Pas besoin d’excuse, merci quand même. ;)

Je souris et verrouille mon smartphone, m’appuyant sur le chambranle de la porte. Erin est au téléphone dans la cuisine, n’ayant pas la moindre idée du risque d’elle prend en se baladant moitié nue devant moi. Elle finit par me remarquer et bégaye un moment en constatant ma tenue… Composée essentiellement de ce qu’il reste de mon maquillage.

Décidant qu’aider est une notion bien trop mise en avant, je ne fais pas l’ombre d’un effort pour me cacher, caressant distraitement mon ventre du bout de mes doigts.

-          Une hawaïenne ça te dit ?

Je hoche la tête et m’approche d’elle. Elle écarquille les yeux mais ne recule pas. Mes mains se posent sur ses épaules, la faisant faire marche arrière jusqu’à s’asseoir sur une chaise. Toute idée de pitié m’a clairement quittée tandis que je me place à cheval sur elle. J’écarte ses cheveux de la nuque qui me fait envie et caresse sa peau de ma bouche.

-          Mon adresse c’est… euh…

Sa main qui ne tient pas le téléphone se resserre sur ma fesse, essayant visiblement de me faire passer un message.

Je prends ça pour un encouragement et continue de plus belle. Je me relève, voyant ses yeux sombres être distraits par mes seins.

-          Mon adresse… 18 rue… 18 rue…

Mes mains ont trouvé de plus verts pâturages au sud de ses clavicules et profitent à présent du paysage vallonné.

J’entends le gars de la pizzeria qui commence à s’agacer étant donné qu’elle bégaie beaucoup, mais est plutôt avare niveau infos.

Mon estomac me reprend à l’ordre en gargouillant plutôt bruyamment. Convenablement réprimandée, je la laisse finir son coup de fil.

Elle raccroche en même temps qu’elle m’embrasse, m’attirant contre elle.

Le téléphone atterrit Dieu sait où tandis que notre baiser gagne en intensité.

Erin se recule à contrecœur et dit :

-          T’es une sadique.

Je me contente de hausser les épaules, prenant un air innocent que mon absence de vêtements va certainement ruiner.

 

* * * * * * *

 

Après le week-end passé dans les bras d’Erin, le retour au boulot est plutôt violent. On a pas eu le temps de parler de comment on allait se comporter à la fac. Enfin… Disons qu’elle a tenté d’aborder le sujet, mais elle était encore nue et mon capital attention était sérieusement entamé.

-          Merci.

En regardant la dame du réfectoire, à peu près aussi aimable qu’un tabouret, je me demande pourquoi je m’évertue à être polie avec elle. Secouant la tête, je prends mon plateau et vais m’installer à une table libre au fond de la salle.

Comme bien souvent au restau U, je passe plus de temps à pousser les « aliments » du bout de ma fourchette qu’à effectivement manger. Je lève la tête à temps pour voir Erin dans la file d’attente. Mes yeux se posent immédiatement sur elle et c’est une fois un gout atroce dans la bouche que je réalise qu’elle m’a suffisamment distraite pour que je mange les pseudo-brocolis malgré moi. Elle est habillée tout simplement, un jean et un petit pull, mais ça suffit largement à attirer les regards. Largement.

Je souris en la voyant faire une drôle de tête devant le plat principal, puis ne pas en prendre et s’emparer à la place de 4 yaourts au chocolat.

Elle règle et se tourne vers la salle, me cherchant du regard. Je n’arrive pas à me retenir de lever le bras pour attirer son attention. Immédiatement, elle m’aperçoit et me fait un sourire, se dirigeant dans ma direction.

Elle a l’air de se concentrer pour ne rien renverser et c’est absolument trognon. Tous les mecs de la salle l’observent, certains plus discrètement que d’autres, mais je ne peux pas les blâmer.  Je pousse la chaise face à moi pour qu’elle puisse s’asseoir.

Erin pose son plateau et se penche pour venir déposer un baiser sur ma joue. Elle se recule un peu et me fixe et sans qu’elle ait besoin de le dire je sais qu’elle a envie de m’embrasser. Je n’arrive pas à me décider entre le soulagement et la déception en la voyant aller s’asseoir. J’enfourne une autre bouchée de brocolis-vomi qui efface avec une remarquable efficacité le sourire qui menaçait de s’échapper. La tête envieuse des types qui la reluquent est juste épique.

-          Ça va ?

Je pose ma fourchette et caresse discrètement sa main avant de prendre mon verre. Elle a utilisé ce ton, vous savez, celui des gens en couple qui se retrouvent. J’acquiesce et demande  « toi ? » avant de boire.

-          Nickel. Devine qui est venu me parler tout à l’heure !?

Je hausse les épaules, n’ayant pas la moindre idée de qui il pourrait s’agir.

-          Euh… Un mec je présume, mais après lequel… ?

-          Frédéric.

-          Frédéric…

Je hoche la tête, mais mon visage laisse clairement sous-entendre que je ne sais pas qui c’est.

-          Le type de la réunion. Celui qui ressemble à Steve Urkel !

Je rigole en l’entendant dire ça. Je pensais être la seule à avoir remarqué les similitudes.

-          Laisse-moi deviner, il t’a draguée ?

Elle sourit et acquiesce.

Honnêtement, ce type n’est pas une menace.

Enfin je n’espère pas. Ce serait vexant !

Mais il n’empêche que ça me fait chier.

Ce à quoi j’aurais pu réfléchir AVANT de franchir le cap avec elle.

-          Il t’a dit quoi ?

-          Bah il m’a demandé si j’avais quelqu’un dans ma vie. Puis si c’était quelqu’un qu’il connaissait.

-          Et ????

Je déglutis, soudainement nerveuse. Comme d’hab, je veux une chose et son contraire. Qu’elle crie sur les toits qu’elle est avec moi de manière à ce que ça soit parfaitement clair, mais ne pas être cataloguée comme une lesbienne…  Parfois je m’auto désespère.

-          Je me suis assise et aussitôt relevée en faisant « aie, j’avais bien dit à Fanny de pas y aller aussi fort ».

Mes yeux s’écarquillent en entendant ça.

Erin se contente de m’observer en souriant, les yeux moqueurs.

-          Je lui ai dit que j’avais quelqu’un et que c’était tout ce que j’étais disposée à dire à ce sujet.

Je remarque soudain qu’il est assis quelques tables plus loin… Et vu la façon qu’il a de regarder dans notre direction, m’est avis qu’il est en train de parler de nous. Finalement, l’absence de réponse d’Erin en est une en soi.

Plusieurs têtes se tournent vers nous et je baisse la mienne.

C’est exactement ça que je craignais. Ça n’aura pas traîné.

Un soupir m’échappe et je pousse la nourriture du bout de ma fourchette avec un peu plus de vigueur qu’auparavant.

 

* * * * *

 

J’utilise ce qu’il me reste de dignité pour continuer à marcher tandis que les chuchotements redoublent d’intensité à mon approche.

C’est fatiguant.

S’ils ont quelque chose un problème, qu’ils viennent me le dire en face !

Comme on pouvait s’en douter, bien que personne n’ait l’ombre d’une preuve, tout le monde est persuadé qu’Erin et moi sommes ensemble.

Ok, c’est la vérité, mais il n’empêche que de là où ils se tiennent, nos charmants collègues ne peuvent que spéculer.

Je rentre dans notre bureau et jette mon sac avec énervement.

Erin et Nico lèvent la tête d’un air confus.

-          Mauvaise journée ? demande ma collègue

Je soupire et lance d’un ton las :

-          On peut dire ça comme ça.

Mon meilleur ami se lève et met son bras autour de mon épaule, m’encourageant :

-          Qu’est-ce qu’il se passe ?

Mes yeux vont se poser sur Erin et je réponds :

-          Je suis fatiguée des bruits de couloir. Qu’est-ce que ça peut leur foutre avec qui on couche ?

Le bras autour de moi se serre et Nico lance :

-          Bah… Désolé de l’annoncer comme ça, mais c’est un fantasme masculin et vous n’êtes pas vraiment dégueulasses à regarder… Ça va bien finir par se tasser, laisse faire le temps.

Je me libère de son étreinte et vais m’affaler sa ma chaise. Un soudain élan de vulgarité s’empare de moi et peut être que ça n’est pas correct, mais ça fait du bien de dire :

-          Le fait de savoir que des vieux crados se tripotent en songeant à nous n’aide pas vraiment ! Sérieusement, ils me les brisent…

Cette fois-ci, c’est Erin qui répond :

-          T’en as pas.

-          Ouais bah je vais m’en faire greffer !

Ils rient tous les deux, mais je suis sérieuse. Pas à propos de la greffe, mais de mon ras-le-bol.

Elle finit par demander :

-          Tu veux y faire quoi ?

Je hausse les épaules.

C’est ça le pire. Les gens qui se posent en juges et jurés alors qu’ils feraient bien mieux de balayer devant leur porte. Aucun n’a clairement vocalisé sa désapprobation, mais je ne me fais pas d’illusions quant au fait qu’ils ont tous un avis tranché sur la question. Autrement, qu’est-ce qu’ils peuvent bien se dire ?

Erin le vit mieux que moi, certainement parce qu’elle est habituée à toute cette attention. Et puis au fond, ça lui fait du répit avec les mecs.

Mon meilleur ami s’assied sur le coin de mon bureau, jouant avec un coupe papier. Je m’écarte un peu, parce qu’il effectue des lancers pour le moins audacieux et je n’ai pas franchement confiance.

-          Vous pourriez peut-être discuter avec le directeur de l’UFR.

Erin hausse un sourcil et s’enquiert :

-          Ça changera quoi au juste ? À part le côté « rapporteuses » ?

Il fait une moue et réplique :

-          Je sais pas trop, mais ça vaut le coup de tenter non ?

-          Mouais, à voir… Mais ça me plait pas des masses.

J’interviens en demandant :

-          Ils t’en ont parlé ?

Il pose le coupe papier et saisit une copie qu’il feuillète distraitement :

-          La plupart. Mais après ce n’est un secret pour personne qu’on est proches… Donc je ne sais pas trop si c’est représentatif des « vraies opinions ».

Erin s’accoude à son bureau, soudainement plus intéressée et demande :

-          Verdict ? Il s’en dit quoi ?

-          Je parie que c’est plus positif que ce que vous pensez…

N’ayant pas envie d’attendre qu’il daigne accoucher de l’information, je le presse :

-          Mais encore… ?

Il passe la main dans ses cheveux bruns, visiblement un peu gêné :

-          Globalement… Du côté des mecs, ils ne comprennent pas trop, pensaient que les lesbiennes c’était celles qu’aucun homme ne voulait et se  demandent comment vous réagiriez à l’idée d’un plan à trois. Certains m’ont demandé si j’avais été invité d’ailleurs.

Il finit sa phrase d’un petit air fier.

Delon le règlement que j’ai CLAIREMENT accroché partout dans ma tête, je suis la seule à avoir l’autorisation de visualiser Erin toute nue dans mes pensées ! Et surtout… Ewwwwww ! Les collègues masculins quinquagénaires se doivent d’être asexués, je ne peux pas vivre avec une différente conception des choses ! C’est comme imaginer ses parents tenter de concevoir ! Impossible ! Double non !

J’espère vraiment que Nico exagère le côté fantasme ! Parce que franchement, songer à François, le type du secrétariat, en train de se tripoter c’est trop pour ma santé mentale déjà fragilisée !

Et voilà le cliché merdique de la lesbienne tellement laide qu’aucun mec ne veut d’elle. Erin lui aura mis un sacré coup à celui-là !

Mais revenons à cette idée de ménage à trois !

-          T’as répondu quoi ?

-          Que j’avais refusé vu que j’avais d’autres plans pour ce soir-là !

Me connaissant par cœur, il esquive parfaitement la trousse à l’attention de sa tête.

-          Je plaisante, je plaisante !!!

Erin interrompt mon élan de violence en demandant d’un air grimaçant :

-          Et les nanas ?

J’avoue que c’est aussi ce qui m’inquiète. Je ne voudrais pas que l’une d’elles ne nous évite par peur qu’on lui saute dessus. C’est pas parce qu’on s’est découvert de « légères » tendances lesbiennes qu’on a soudainement mauvais goût !

Nico sourit et réplique :

-          Elles ont dit que bien souvent, elles vous comprenaient.

Je rigole et clarifie :

-          Ce que t’es en train de me raconter, c’est que le bilan est plutôt « positif » ? Même si le côté « fantasme » ne me plait pas des masses…

Et « pas des masses » est un doux euphémisme.

-          En gros, ouais. Y’a que Fred et son acolyte décérébré qui sont contre l’idée de vous deux ensemble. Bon après ce n’est pas franchement étonnant, vu que l’un a le niveau d’activité cérébrale d’une pierre et l’autre comptait faire de la salsa à l’horizontale avec toi.

Il termine en fixant Erin, qui tire la langue et fait mine d’avoir des renvois. Je la comprends. Dans ma liste des « trucs à éviter à tout prix », Fred est clairement DEVANT « lécher une limace », c’est pour dire.  

Mon meilleur ami ajoute :

-          De toute manière, ils vous apprécient trop pour qu’il en soit autrement je crois !

Je fais une moue dubitative… J’espère qu’il dit vrai.

 

* * * * *

 

[2 mois plus tard]

Je pince mes lèvres pour tenter de contenir mon sourire.

Devant moi, Erika a clairement quitté le domaine de l’exposé pour partir dans celui de l’oral d’invention.

Elle est troooop mignonne avec son petit tailleur qui a visiblement été acheté pour l’occasion. Ça mériterait presque un point de plus. Elle arriverait peut-être à 2 comme ça.

Je m’abstiens de commenter tandis qu’elle m’explique avec force d’arguments douteux comment ce qu’elle me dit peut avoir un peu de sens. Jusqu’à présent, le succès n’est pas au rendez-vous. Niveau logique, elle n’est pas loin du : les chats sont vivants. Je suis vivante. Donc je suis un chat.

Mais bon, je vois bien qu’elle est nerveuse et franchement, c’est plutôt divertissant alors je la laisse continuer un moment avant de la recentrer.

Elle décide de terminer sur cette fabuleuse note fictive. Je lui pose quelques questions, qui font qu’elle est soudainement prise de Parkinson au point d’en faire tomber ses fiches.

Je regarde discrètement mon téléphone, pour calculer combien de temps il reste à la suppliciée avant d’être libérée. Et honnêtement, étant donné que mes oreilles saignent en l’entendant se ramasser lamentablement, je ne suis pas sûre de savoir laquelle de nous deux est torturée.

Son style est tout simplement inimitable. Pour donner un ordre d’idée, elle est à l’expression orale ce que l’abstrait est à l’art. On ne sait pas toujours ce que ça va donner, on le fait et après on tente de démontrer en quoi cette œuvre relève du génie.

Je la remercie et elle quitte la salle, me permettant de souffler. Heureusement, c’était la dernière !

Je m’étire et range mes affaires dans ma sacoche, tout à fait disposée à fuir au plus vite. Mais quelqu’un toque.

J’attrape instantanément la liste des étudiants et regarde tout en bas. Erika Zimmerson. C’est bien la dernière pourtant.

J’adopte ce que j’estime être une pose qui signifie « non non je n’allais pas partir » et dis :

-          Entrez.  

La porte s’ouvre sur Erin.

Immédiatement, je souris et ne tente même pas de cacher le fait que j’aime ce que je vois. Elle referme derrière elle et s’approche du bureau.

J’essaie, non vraiment, j’essaie, mais ça m’échappe :

-          Vous venez pour l’oral ?

Un sourire carnassier joue sur ses lèvres tandis qu’elle répond :

-          C’est exact.

Elle se penche lentement par-dessus le bureau, m’offrant au passage une vue dont décidément je ne me lasse pas.

Pour une fois, on n’oublie pas où nous sommes et notre baiser reste léger.

Une fois mon esprit revenu en terrain « non lubrique », je demande :

-          Que me vaut l’honneur de ta présence ?

-          Deux bonnes nouvelles…

Ça mérite un sourcil levé.

Elle me sourit et commence à raconter avant que je n’aie le temps d’être trop distraite par sa proximité :

-          Tout à l’heure, j’étais en train de boire un café avec Nat’ et Sandra pendant que les mecs de l’informatique attendaient que la machine daigne les servir un peu plus loin. Et là y’a Steve Urkel et son ombre qui se ramènent.

-          T’es sûre que c’est une bonne nouvelle ?

Honnêtement, j’en ai ras le bol des blagues et allusions homophobes de l’autre machin là.

Et si « frapper les plus faibles que soi » n’était pas contre mes principes, je n’hésiterais pas à lui coller une raclée. Mais bon à la place, je fais comme si je n’entendais pas, parce qu’il ne mérite même pas que je lui réponde. Non pas que ça ait l’air de le décourager.

N’empêche que l’idée qu’il fait sûrement ça par dépit parce que c’est MOI qui termine avec la fille m’amuse beaucoup.

Puis au final, même si la « nouvelle » a fait sensation quand les gens ont supputé qu’ on était ensemble, ça s’est assez rapidement tassé, et Frédérique, aka Steve Urkel est bien le seul qui ne digère toujours pas. Tout le reste est passé à autre chose en apprenant que le directeur de l’UFR avait couché avec la femme de ménage et que c’était pour ça qu’elle était maintenant en charge du secrétariat !

-          Laisse-moi finir !

Elle attrape la chaise destinée à mes chers étudiants et la retourne pour s’asseoir à cheval dessus. Mon regard va se poser –malgré moi, je le jure !- vers ses jambes écartées et Erin me reprend à l’ordre en claquant des doigts devant mes yeux.  Je secoue la tête et lui fais un sourire désolé extrêmement faux-cul.

-          Et donc comme d’hab il passe à côté et dit à l’autre crétin qui l’accompagne « Tu sais pourquoi il vaut mieux être noir qu’homo ? Parce qu’on n’a pas à l’annoncer à sa mère ! ».

-          Pfff… En plus il recycle, il me l’a déjà faite.

-          Et là y’a Sandra qui se tourne vers lui et lui sort « Ecoute-moi bien, ça t’éclate peut être de sortir des trucs dans ce genre dès qu’Erin ou Fanny sont à portée, mais comprends bien un truc, c’est que lesbiennes ou pas, beaucoup de gens les apprécient et si elles sont trop gentilles pour te dire que t’es qu’un gros con, moi pas. Et crois-moi, on est beaucoup à penser ça de toi ».

J’ouvre la bouche, imaginant parfaitement la scène.

Je m’apprête à demander des détails, mais Erin continue :

-          C’est pas fini. Et là y’a Nat’ qui dit haut et fort « gros con ! ». Et les mecs qui se retournent  depuis la machine à café et lancent  « gros con ! ».

Elle s’arrête le temps de rigoler et reprend :

-          T’aurais vu sa tronche ! C’était juste TROOOOP bon.

Bizarrement, je n’ai aucun mal à imaginer ! Je n’arrive pas à me retenir de sourire. Ça lui apprendra.

-          Et s’il continue, connaissant Sandra, ça ne m’étonnerait même pas qu’elle fasse circuler le message, pour qu’il se rende compte du nombre de personnes qui pensent ça de lui.

Erin acquiesce, fréquentant bien plus que moi notre fameuse collègue au total manque de tact. Elle est juste géniale. Je l’aimais déjà avant, mais alors là…

Après peut être une minute d’un silence très agréable passé à savourer cette « victoire », je me rappelle d’un truc :

-          Et l’autre bonne nouvelle ?

Elle a l’air nerveuse et c’est tellement rare que c’en est troooop mignon ! Finalement, après un looooong moment passé à me regarder, elle annonce :

-          L’autre bonne nouvelle, c’est que je t’aime.

 

Je me mords la lèvre et me retiens de me jeter sur elle par-dessus le bureau… Ça ferait désordre. Mais rien n’arrête mon sourire. Je me lève et vais la rejoindre, prenant sa main dans la mienne pour la faire se mettre debout. Je la serre dans mes bras et me recule, une main sur sa joue. Je cherche la vérité dans ses yeux et je n’y vois que ça…

Si j’écoutais mon cœur, je lui aurais déjà dit depuis longtemps. Mais depuis le temps, il est clair que s’il y avait une black list des gens à qui il ne faut PAS donner de médaille du courage,  mon nom serait sûrement en pole position.

Je l’embrasse et m’efforce de lui faire comprendre dans mon baiser que je l’aime tout autant. Je garde les paroles pour un moment où elle s’y attendra moins, qu’elle sache que je le dis parce que je le pense, pas parce que je m’y sens forcée.

Et pour la première fois de ma vie, ce sera 100% sincère et sans l’ombre d’un « mais ».

 

FIIIIIN

 

(oui, c’est un peu "tout va bien dans le meilleur des mondes", mais c’était la seule idée qui m’est venue sur le moment ^.^’

j'espère que ça vous aura plu quand même :) )

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Commentaires
P
Merci merci merci pour cette histoire, encore une fois incroyablement délicieuse à lire. <br /> <br /> <br /> <br /> Ton style d’écriture et ton humour sont addictifs, je m’en vais droit lire une autre de tes fictions.
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R
Ah et si possible continue les fins "tout va bien dans le meilleur des mondes" c'est très bien comme ça ;) (petit cœur fragile)
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R
Je suis de retour !!! Pourquoi à chaque fois que j'ai des envies, plein de choses m'empêchent de les réaliser. Nan mais sérieusement, impossible de te lire pendant 2 semaines, c'est BEAUCOUP trop long (bref j'arrête de parler de ma vie). <br /> <br /> <br /> <br /> Encore une fois, une histoire passionnante. Par contre je ne suis pas d'accord avec ton introduction "on prend grosso modo les mêmes ingrédients et on recommence". Pour moi (en tout cas pour les trois histoires que j'ai lus), tes histoires sont toutes différentes même si bien sûr, elles ont des points communs. Alais l'a d'ailleurs très bien expliqué : ici, les personnages tournent moins autour du pot. Mais c'est vrai qu'on retrouve (encore et toujours) ton humour (dont je ne me lasse pas) et tes personnages tellement attachant (je voudrais les rencontrer en vrai, c'est pour dire !!!).<br /> <br /> <br /> <br /> Certains préfèrent Chef oui chef, d'autres préfèrent one way or another, d'autres... mais moi franchement j'arrive pas à faire de classement. Bien évidemment, les histoires se ressemblent parce qu'on retrouve ton style mais d'un autre côté, chaque histoire a son petit lot de nouveauté. Du cout, moi j'arrive pas à faire mon choix, trop compliqué... <br /> <br /> <br /> <br /> Bref toujours aussi fan. J'ai hâte de lire ta prochaine histoire (je prie pour trouver du temps) et encore merci pour procurer autant de plaisir à tes lecteurs.<br /> <br /> <br /> <br /> (Ouf j'ai eu le temps de lire ton histoire et d'écrire un commentaire, si c'est pas beau la vie XD)
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A
Oui ahah, surprise !<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ah ? Je suis surprise (mais agréablement ?) que tes personnages t'énervent ! Je m'explique, c'est comme si tu arrivais à faire en sorte que tes personnages "ne soient pas tes personnages" mais "les personnages d'un récit", comme si tu te détachais d'eux, de leur passé, de leur futur, que tu connais en tant qu'auteur, pour vivre le moment présent et t'énerver comme le ferait n'importe quel lecteur. Enfin, c'est comme ça que je le ressens mais peut-être que je me trompe ! <br /> <br /> <br /> <br /> Je comprends, pas évident d'écrire en ayant un public derrière ! C'est à la fois agréable et difficile ! Les délais, les comparaisons, les déceptions, les choses subtiles que personne n'a capté, les incompréhensions... Ça en fait du boulot ! Heureusement, qu'il y a la joie de partager une histoire et de lire certains commentaires !<br /> <br /> <br /> <br /> Si jamais un jour, dans le futur, tu sens l'envie de faire autre chose, peut-être que ma superbe technique brevetée et expliquée ci-dessous pourrait t'aider, sinon, tu n'es pas obligée de lire !<br /> <br /> <br /> <br /> Souvent changer "d'angle de vue" ou même de "représention mentale" m'aide à surmonter les difficultés rencontrées. Je garde l'idée de base dans un coin de ma tête et soit j'en parle à quelqu'un, (et même la reformulation seule de mon idée faite par quelqu'un d'autre aide) soit je garde cette idée dans ma tête et fais autre chose puis je finis par trouver un parallèle intéressant à faire, une idée, avec tout et n'importe quoi. <br /> <br /> <br /> <br /> Je vois un peu tout ce qui nous entoure comme un "tout" qu'on peut connecter comme on veut. C'est un peu comme "s'ouvrir aux choses qui nous entourent". Personnellement, c'est quand je suis détendue que j'entrevois le mieux ces "liens" (ou que j'ai une meilleure inspiration, expression au choix).
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A
J'ai aimé particulièrement cette histoire, plus que les autres ! Elles ont toutes quelque chose de magique, de drôle mais je n'ai jamais réussi à accrocher particulièrement avec les personnages. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce n'est même pas une critique mais mon ressenti que j'expose ici.<br /> <br /> <br /> <br /> Avec tes autres personnages, dans tes autres récits, j'ai toujours ri mais il y a toujours eu une phase où les personnages m'énervaient. La plupart du temps, je les trouvais trop égoïstes, peut-être trop commun avec ce que j'ai pu voir du monde.<br /> <br /> Le début de tes récits m'a toujours plu mais la phase de "on se tourne autour sans le savoir", je pense n'est pas vraiment faite pour moi. Je crois même que le fait que ce soit le même schéma (découverte de l'autre / on se tourne autour / on se fait du mal / tout va bien) m'a un peu lassé au fil des ans.<br /> <br /> Attention, j'aime toujours découvrir tes récits mais j'exprime ce que je ressens.<br /> <br /> <br /> <br /> One way or another est différent du reste. J'ai lu un peu plus haut qu'on avait évoqué la maturité et c'est exactement ça. Je sais que ça n'a pas été le récit avec les meilleures critiques mais c'est le récit de mon coeur.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est un récit frais, où les personnages ne se prennent pas la tête et ne sont font pas la guerre. J'aime particulièrement la complicité entre Fanny et Erin ! J'adore être dans la tête de Fanny, c'est à la fois drôle, distrayant et sensible. Je ne sais pas, j'aime les deux personnages, en fait quand j'y pense j'aime TOUS les personnages, que ce soit le cousin, Nico, Julien... ils sont décrits par Fanny dans cet ambiance si agréable et particulière. Et Erin dont la répartie est sans limites, dont les yeux peuvent être si sombres, Erin qui peut également se montrer nerveuse...<br /> <br /> <br /> <br /> Les personnages font preuve de sensibilité les uns envers les autres et c'est le plus beau.<br /> <br /> <br /> <br /> Ton récit m'a aidé à tenir le cap quand j'étais très fatiguée. Le lire encore et encore ne m'a jamais lassé et m'a toujours détendue.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci
Répondre
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