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Fictions Lesbiennes :)
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22 février 2016

Chapitre 1 : Le boulet

Je hais le sport.

Dans le miroir, mon reflet me nargue. Je suis persuadée de faire l'expression faciale "je déteste  ma vie" et c'est un sourire narquois que je vois en retour.

Courageuse mais loin d'être téméraire au point de pouvoir affronter le regard des autres, je fuis dans les vestiaires dans mon idée du pas de course.

Vite fait bien fait, j'échange mon bikini modèle "regardez comme je suis bien gaulée" pour la version "z'auriez pas une cagoule en rab" de l'équivalent piscine d'une combinaison de plongée intégrale.

Rassurée quant au pouvoir gainant de ma tenue dans laquelle toute respiration est le fruit d'un effort, je me dirige d'un pas confiant vers la sortie des vestiaires, priant le Dieu graisse pour qu'il n'y ait pas âme qui vive.

Après une douche rapide, je m'arrête net devant le premier obstacle : le rideau de lamelles translucides séparant de l’entrée des bassins.

Vous voyez le genre, modèle 1832 "avant j'étais transparent, mais au contact du corps de milliers d'inconnus je suis devenu gris translucide" ?

J'ai pas envie de le toucher.

Je jette un coup d'œil à ma serviette bicolore en tentant de décider quel côté sacrifier sur l'autel de la crasse.

Optant pour le plus foncé, j'enroule le tissu autour de mon avant-bras comme s'il s'agissait d'un vrai bouclier et pars affronter Dégueulassor, mon ennemi juré.

Je le franchis dans une grimace accompagnée d'un mouvement digne des meilleurs contorsionnistes.

Tout ça pour me retrouver en position précaire, ayant devant moi le second et pire obstacle : le pédiluve. Également connu sous le nom "bassin le plus crade au monde". À l'intérieur, un mélange d'eau croupie, de peaux mortes, de corne, de mycoses et d’un cocktail bactériologique fatal.

Mon bouclier me paraît soudain désuet... J'observe de plus près l'infâme tambouille dans laquelle on s’attend à ce que je patauge en guise de sésame à l'entrée dans les bassins. Bon. C'est le moment de réfléchir.

Premier sport de la journée, je pourrais escalader les barrières qui l'encadrent, celles-là mêmes supposées guider le troupeau à travers l'eau croupie. Je tapote de la main la rambarde métallique et la découvre frêle et branlante. Ok, pas de grimpette donc.

Un marmot qui ne doit pas avoir beaucoup plus que quelques mois n'a pas les mêmes considérations que moi et joue les fesses dans l'eau sous le regard bienveillant (et inconscient) de sa génitrice. Je m’efforce de masquer mon dégout dans un succès tout relatif puisque j'ai droit à un semblant de grognement de la part de la maman.

Loin de moi l'idée d'imiter l'enfant, je m'accroche tant bien que mal à la barrière et glisse mes pieds sur le rebord auquel elle est fixée. Mon avancée est lente et laborieuse alors que je tente désespérément de ne pas regarder derrière moi. Si je ne les vois pas, les dangers microbiens n'existent pas !

Un cri d'effroi m'échappe en sentant une éclaboussure venir frapper l'arrière de mon genou. Je me retourne et découvre avec abomination que c'est le monstre qui s'amuse à me mouiller. Partagée entre la fuite et l'envie de lui faire un drop kick (si seulement il n'y avait pas l'eau le choix serait plus facile), je me décide à décamper en ignorant le rire moqueur de celle qui a enfanté cet animal!  Une fois que je serai au sec, c'est à elle que je ferai un kick!

Dans ma précipitation, ma tong glisse sur le carrelage mouillé tandis que j'opère une vrille dans l'espoir d'éviter le prochain missile aquatique... Sans succès. C'est au ralenti que ma chute a lieu. D'abord mes chaussures qui perdent prise, un violent tiraillement dans mon genou, une soudaine faiblesse dans l'autre jambe et le marécage qui se rapproche.

Ma bouche s'entrouvre pour laisser s'échapper un cri, mais je me force à la fermer en pouvant apprécier de bien trop près à mon goût les nuances de vert de l'eau.

Une douleur lancinante me parcourt quand mon coude frappe le fond du bassin. Ma tête suit de près. Le comble de l'horreur n'a même pas lieu lorsque mes cheveux sont trempés et que je sens l'eau tiède et bactérienne me couler dans la nuque. Non. Il n'a pas lieu non plus lorsque l'enfant rit et m'éclabousse le visage... Non. La dernière chose que je vois avant de m'évanouir est le courant jaune qui s'échappe de l'entrejambe du marmot et s'étend au reste du bassin.

 

 

*          *          *          *          *          *

 

 

J'ouvre les paupières le temps de constater quelques points affligeants.

Les pompiers n'ont pas jugé bon de me vêtir. Je pue l'urine et le vieux chlore. En baissant les yeux, je réalise que j'ai l'équivalent en circonférence d'une tête d'enfant en guise de genou et que vouloir me recoiffer avec un coude douloureux, c'est une mauvaise idée.

- Elle revient à elle !!

Je jette un regard noir à Captain Obvious, qui n'a que l'intellect d'un chippendale, mais pas le physique.

- Ça va madame ? Vous avez des vertiges ?

À ton avis blaireau ?

Dans un geste qu'il imagine certainement réconfortant, il pose sa main sur ma rotule et me voilà repartie au pays des rêves !

 

*          *          *          *          *          *

 

J'avance tant bien que mal et comme à chaque fois me sens un peu conne en me retrouvant devant la porte avec une jambe valide, l'autre reposant une partie de son poids sur une béquille tenue par mon unique bras libre. Renonçant à l'idée d'ouvrir la porte de mon bras malade, j'essaie d'attraper la poignée de ma main tenant la béquille.

...

En voilà une idée qu'elle est bonne ! Jusqu'au moment où je n'arrive ni à saisir la poignée, ni à retenir ma béquille qui va s'écraser lamentablement au sol.

Après 30 secondes d'étude des différentes solutions qui s'offrent à moi et sont au nombre de 3, je décide.

Dans l'absolu, les génuflexions et moi ne sommes pas amies. Mais en tenter une sur une jambe et avec une attelle sur l'autre, c'est m'assurer d'ajouter une fracture du coccyx à ma grandissante collection de blessures.

J'oublie aussi l'idée de laisser ma béquille là et opte pour me pencher en avant jambes tendues afin de l'attraper.

Le souci, c'est que je suis souple comme un parpaing. Il me manque environ 15 centimètres pour toucher mes pieds et 25 pour la béquille.

Je persiste et signe néanmoins ce qui sera consigné comme l'apogée de ma connerie en forçant jusqu'à perdre l'équilibre. Je me retrouve donc en position précaire sur une jambe et un bras, gracieuse comme un éléphanteau et aucunement en position de me relever. Bloquée dans ma posture "twister qui a mal tourné", je prends note d'une énième blessure, celle à mon égo. Cul tendu aux quatre vents, je perçois avec clarté ma dignité qui s'esclaffe alors qu'elle se fait la malle.

Ça, c'est fait !

Dépérir ici ce n’est pas mal non plus finalement.

Un ricanement se fait entendre derrière moi et des chaussures à talons accrochées à deux superbes jambes viennent se planter dans mon champ de vision. Ajoutant un torticolis à mes blessures de guerre, j'observe la nouvelle venue qui demande :

- Besoin d'aide ?

Piquée au vif, je réponds sans réfléchir  d'un ton dégoulinant de sarcasme :

- Non non, je trouve cette position beaucoup plus pratique !

Elle s'accroupit et saisit ma main, m'aidant à me relever. Une fois debout, je croise son regard noisette, notant son air taquin lorsqu'elle me lance :

- La question est "plus pratique pour  quoi ?"

Tandis que mon visage découvre toutes les nuances de la palette de rouge, elle offre à mon égo une distraction bienvenue en attrapant ma béquille.

Façon gentlewoman, elle m'ouvre la porte dans une courbette :

- J'imagine que c'est là que vous tentiez d'aller ?

Je saisis ma béquille et fais comme si de rien n'était :

- Qu'est-ce qui vous a mise sur la voie ? Et j'étais en route vers le succès je vous signale !!

Elle m’emboite le pas, murmurant "là encore, ça dépend de quel succès il est question". C'est une réplique que je daigne ignorer dans ma grande mansuétude et aussi un peu parce que je n'ai aucun éclair de génie qui vient me frapper.

C'est avec effroi qu'une fois entrée dans l'ascenseur je la vois presser le bouton du 2e étage, dédié entièrement au cabinet de kinésithérapie. Deux choix s'offrent à moi : soit c'est une patiente fort bien portante, soit elle fait partie du personnel !

En ce qui me concerne, je vote pour une malade warrior ! Si jamais c'était elle qui s'occupait de mes soins, ça ajouterait à ma situation actuelle une couche d'humiliation franchement pas nécessaire.

De ma démarche chaloupée, je m’extirpe de la cage d’ascenseur d’un air détaché, espérant que mon récent rapprochement avec le sol ne se voit pas.

La réceptionniste est une jeune femme aux cheveux roses, je dirais la vingtaine. Ses piercings et le tatouage qui dépasse dans sa nuque tranchent complètement avec « l’uniforme » du cabinet, un haut col mao noir aux boutons décalés sur le côté, sur lequel s’inscrit en lettres rouges « Cabinet de Kinésithérapie MAURON et LEROI ». Un contraste plutôt violent, mais pas déplaisant pour peu qu'on aime le genre.

Dans un sourire radieux, elle accueille ma sauveuse d’un jovial tout en lui faisant la bise :

- Bonjour Anna.

Autant pour mes espoirs…

Je claudique jusqu’aux deux femmes et ai un peu honte d’énoncer mon nom après m’être donnée en spectacle devant la maîtresse des lieux.

- Bonjour !

- Bonjour. Je suis madame MARIZY, j’ai rendez-vous avec M. MAURON.

Bien que j’évite de la regarder, je sens la kiné se tourner vers moi :

- Je dois dire que je suis presque déçue de ne pas vous avoir comme patiente !

- J’ai envie de savoir pourquoi ?

Dans un sourire qui ne m'inspire rien de bon, elle rétorque :

- Probablement pas… Courage pour vos soins !

Elle fait volte-face s’éloigne, tandis que mes yeux parcourent malgré moi sa silhouette fine et gracieuse. Je note qu'elle a sagement évité ma question, mais, politesse oblige, réponds tout de même :

- Merci.

La réceptionniste fait mine de tousser, me ramenant à la réalité. Un sourire à la fois entendu et complice joue sur ses lèvres.

- Elle est sympa hein ?

J’acquiesce d’un mouvement de tête, sachant que si j’ouvre la bouche je vais commencer à me justifier. Alors que bon, j’ai rien fait de mal !

Ses yeux restent braqués sur moi quelques secondes et je suis soulagée lorsqu’elle a l’air de reprendre ses esprits et me demande :

- Pourrais-je avoir vos papiers ? Il faut que je vous crée un nouveau dossier, mais il me manque quelques informations.

Je déballe tous les documents que j’ai apportés, espérant qu’ils suffisent et la regarde faire en silence. J’en profite pour faire une petite prière pour qu’elle ne pose pas la question fatidique « ça vous est arrivé comment ? ».

La kiné revient vers nous, à présent en tenue elle aussi.

- Tu peux me sortir mes rendez-vous de la semaine ?

- Oui, ils sont là ! C’est chargé !

- Comme toujours !

Discrètement, à travers mes cheveux je regarde son profil. Elle a des fossettes qui apparaissent lorsqu'elle sourit, c'est plutôt mignon. Finalement, j’aurais bien aimé l’avoir elle. Je pense qu’elle aurait su me mettre à l’aise et je pourrais difficilement davantage me ridiculiser en séance que ce que j’ai fait dehors.

- Bonjour mon petit, comment allez-vous ?

L’hôtesse d’accueil lève la tête vers l’homme qui vient de rentrer et je devine instantanément qu’elle ne le porte pas dans son cœur lorsqu’elle dit d’un ton bien plus froid et solennel qu’avec la kiné :

- Bonjour M. MAURON.

Si j'ai immédiatement percuté sur le fait qu'elle n'avait pas répondu à son « comment ça va » et qu'elle ne lui a pas demandé comment il allait, lui n'a pas l'air de s'en formaliser.

- Qui est ma patiente du jour ?

- Madame MARIZY ici présente.

- Bonjour. Dis-je d'une toute petite voix.

- Bonjour, suivez-moi !

Il s'enfuit au pas de course, comme s'il n'avait pas remarqué mon attirail et le nombre de membres qui me font défaut. Je tente tant bien que mal de lui emboiter le pas avec une grâce qui m’est propre. Bien vite, mes muscles endoloris me reprennent à l’ordre, ajoutant une grimace à mon charmant tableau.

Madame LEROI prend pitié de moi et me propose son aide dans un geste silencieux. J'accepte, plus par peur de me ridiculiser une fois de plus que par réelle envie de me faire escorter.

Je m'appuie allègrement sur elle, en guise de représailles pour avoir été le témoin de mon humiliation publique. Elle ne bronche pas, ne bougeant pas un cil. Elle est plus forte qu’elle n’en a l’air ! Contrairement au cabinet, elle ne sent pas le médical et l'aseptisé, mais porte sur elle une délicate odeur de vanille. Beaucoup plus agréable que l’autre blaireau, j’en suis sûre ! Bon, ok, je ne l’ai pas reniflé, mais pas besoin !

Elle m'accompagne jusqu'à la porte et me lance un “bon courage” qui ne me dit rien qui vaille.

À l’intérieur de la pièce, l'attirail de torture du parfait psychopathe m'attend.

Je regarde d'un œil suspect la cage en métal à laquelle sont attachés divers objets dont j'ignore l'utilité - et dont je ne suis pas pressée d'en connaître les détails exacts !

 

Claudiquant jusqu'à mon futur tortionnaire, je m'assieds sur un banc me promettant de nombreuses heures de souffrance. Mes yeux se posent un instant sur ma tenue de Robocop des temps modernes, avant d'inspecter avec méfiance les râteliers chargés des instruments employés à l'époque moyenâgeuse pour procéder à la question.

M. MAURON m'arrache sans ménagement mon attelle et la seule chose qui me retient de lui administrer une balayette rotative dans sa face de sadique, est la certitude des douleurs qui s'en suivraient. À la place d'un exploit martial, je pousse un misérable couinement.

- On va commencer par la presse. Disons... 20... non, vous êtes grande, 30 kilos.

- Hein ? B.... M... hein ?

On lui a bien expliqué que je n’étais pas là pour les Jeux olympiques ?

De mauvaise grâce, je me traîne sans conviction jusqu'à la machine en question. Je m'installe et pose les deux pieds à plat sur la plate-forme.

- Ah non non, une seule ! À moins qu'il ne s'agisse d'une luxation bilatérale ?

Et de nouveau :

- Hein ?

- La dame elle a bobo les deux jambes ?

L'idée de la balayette rotative revient en force... peut-être qu'après avoir heurté son abominable tronche de cake de plein fouet, la réponse sera oui.

Je me contente d'enlever ma jambe valide du plateau et regarde avec dépit les plaques de fonte que je vais devoir tenter de soulever.

- Allez, on a pas toute la journée.

Je rassemble l'intégralité des mes forces et parviens avec difficulté à déplacer l'ensemble à une distance faramineuse d'environ quatre...millimètres.

- Parfait. Vous faites ça pendant vingt minutes et je reviens vous voir ensuite.

Nan, mais il a pas remarqué que j'ai lamentablement échoué ?

Mais il est déjà parti et je me retrouve seule et dépitée.

- Bon... Quand faut y aller faut y aller !

Pleine de bonne volonté à l'idée de pouvoir bientôt réaccéder au monde des bipèdes, je m'installe confortablement et prends une grande inspiration, avant de pousser de toutes mes forces.

Vous voyez une tempête tropicale ? Un ouragan ? Un typhon ? Un cyclone ? Et bien tous font pâle figure en comparaison du vent qui s'échappe de mes fesses dans un bruit si fort que je suis tentée de regarder par la fenêtre pour vérifier que personne n'a été frappé par la foudre.

J'explose de rire et manque de m'étouffer quand l'odeur pestilentielle issue de mes entrailles atteint mes narines. Je dois être moisie de l'intérieur. Ça sent un mélange d’œuf pourri, d'eau croupie et de cadavre en état de décomposition avancée.

Je me lance dans des moulinets avec les bras comme pour tuer un essaim de mouches invisibles afin d’aider l'odeur à se dissiper plus vite. Après dix secondes d'effort, je réalise que c'est peine perdue.

J'ouvre la fenêtre à côté de moi et me mets debout. C'est dans mon sac que je trouve l'objet de mon salut, à savoir ma serviette. À cloche-pied, je m'avance jusqu'à la porte. Arrivée à destination, je fais tourner ma serviette au-dessus de ma tête dans un mouvement de poignet digne d'une véritable cowgirl.

L'idée, c'est de recréer un effet ventilateur pour inciter l'infâme puanteur que j'ai pondue à s'évacuer par la fenêtre.

Au bout de 10 secondes, j'ai mal au bras, à 20 secondes je commence à m’essouffler et à 30 secondes la porte s'ouvre.

Je jette immédiatement ma serviette loin de moi, dans un geste criant de culpabilité.

- Et on fait tourner les servietteuhhh...

Entre effroi d'avoir été vue et peur qu'elle ne découvre ma pourriture intérieure, je fais volteface à toute vitesse, dans un triple axel qui ferait rougir n'importe quel patineur artistique … et me fait perdre l'équilibre.

La bonne nouvelle, c'est qu'elle n'a pas pénétré dans la pièce, même s’il est toujours possible que le nuage me suive. La mauvaise, c'est que je viens de me jeter dans les bras de la kiné.

Je ne sais pas si elle a remarqué qu'elle est la seule chose qui se tient entre le sol et moi, mais quoi qu'il en soit elle ne me laisse pas tomber comme si elle avait attrapé un marron chaud, mais se contente de reculer sa tête pour m'observer. Son air étonné est contrasté par un sourire en coin plutôt moqueur :

- Vous vouliez partager votre joie à l'idée que moi aussi je connaisse Patrick Sébastien ou il y a une raison à cet élan de gentillesse ?

- Je euh...

Embarrassée, je cache mon visage, ce qui me fait me blottir contre elle, ou du moins contre sa poitrine et, par définition, aggrave mon cas. Mais ça, je ne percute que lorsque je remarque qu'elle sent très bon...

- Pardon ! Pardon ! Double pardon ! Je... J'ai été surprise et j'ai perdu l'équilibre !

Elle m'attrape par les épaules et me recule avec précaution.

- Bref... Je suis venue voir si tout se déroulait comme vous le souhaitiez.

Je jette un coup d'œil à la pièce qui contient encore une trace résiduelle de vous savez quoi et m'empresse de m'exclamer :

- Je m'en sors très bien, tout se passe bien, merveilleux !

Elle me regarde d'un air mi-suspicieux, mi-inquiet. Mais je suis sûre qu’elle réprime un sourire. 

- Ok... Mmh, je vais vous laisser alors…

Et avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle quitte la salle, m’abandonnant sur le pas de la porte comme un vieux flamant rose en plastique dans le jardin d'un particulier.

Je claudique jusqu'à la presse et m'échoue sur le banc.

Je hais le sport, mais quand je constate à quel point je suis essoufflée après deux minutes d'effort, effectivement, peut-être que me bouger ne serait pas superflu.

Le “charmant” Dr MAURON revient la bouche en cœur et sans même remarquer que j'ai fait à peu près tout sauf l'exercice, il me lance :

- Ah, formidable, je vois que vous y avez mis du vôtre...

Un sourire hypocrite aux lèvres, j'acquiesce, tout en me réjouissant de le voir évoluer dans mon nuage toxique. S’il pouvait en décéder, ça m’arrangerait. J’attends un peu, mais rien ne se produit. Déception…

- Mais il est vrai que les personnes bien portantes comme on dit ont tendance à beaucoup transpirer... Bon, on passe à l'exercice suivant.

Connard.

 

*          *          *          *          *          *

 

Troisième rendez-vous avec M. MAURON le roi des cons. Oh joie.

L'ascenseur est en panne et c'est une mauvaise nouvelle. La seconde est que je vais potentiellement me dessécher dans cet escalier étant donné qu'il m'est IMPOSSIBLE d'ouvrir la porte avec mon unique bras valide. Techniquement, deux jambes, un bras c'est faisable. Mais mes séances de rééducation ne se déroulant pas exactement comme mon cher kiné le pense, mon équilibre est au niveau d'un quidam après une soirée bien trop arrosée.

C'est déjà miraculeux qu'il me reste mes dents après l'ascension des marches.

Soit les gonds sont rouillés, soit ma force herculéenne n'est plus ce qu'elle était.

Toujours est-il que je suis toujours dans la cage d'escalier lorsque j'entends :

- J'en peux plus, faut que tu la prennes.

- Qui ?

J'abandonne immédiatement mes efforts et colle mon oreille à la porte.

- Le boulet ! Trois séances et zéro résultat ! On jurerait qu'elle le fait exprès ! Et si elle me dit une fois de plus qu'elle n'y arrive pas, je ne sais pas ce qui va se passer...

Ah... Mon esprit de fine déduction me permet de comprendre qu'il parle de moi, et que mon stratagème a donc fonctionné.

- Pourtant elle m'a l'air gentille.

- Gentille peut-être, mais surtout stupide ! C'est à croire qu’elle n’a pas l'intention de marcher !

Ehh ! N'écoutant que mon ego blessé, je pousse la porte de toutes mes forces, postérieur en avant.

Finalement je rencontre beaucoup moins de résistance que prévu et j'ai tout juste le temps d'attraper la poignée au passage de mon vol plané.

J'adopte la position voile de bateau afin de ralentir ma chute, ma main sur la clenche, mon pied contre la porte et mon corps en C dans le vide.

Je tourne la tête vers la baie vitrée qui marque la zone de réception du cabinet et je m'aperçois que tout le monde me regarde.

Entrée discrète bonjour !

Mon pied glisse et c'est lentement que je tombe jusqu'à me retrouver le cul par terre dans un « poc ».

- Ah non, trop c'est trop, elle est à toi.

Si j'avais mes deux mains, je lui crèverais ses pneus. Et s’il n’y avait pas de témoins, j’irais même pour ses yeux tiens !

Le Dr LEROI se précipite à ma rescousse et tente de m'aider. J'essaie d'escalader son corps avec autant de dignité que possible tout en évitant les zones à risque. Autant dire que lorsqu'on se sert de quelqu'un comme d'un terrain de varappe, il vaut mieux ne pas trop penser à son amour propre.

Arrivée à sa hauteur, je ne trouve rien d'autre à rétorquer que :

- Bonjour. Merci.

Ne me prenant pas du tout en pitié, cette fois c'est une moquerie qui sort de sa bouche :

- Bonjour. Et méfiez-vous, je vais finir par croire que vous le faites exprès.

- Rien de tel que l'humiliation au petit matin. Ça aide à garder les pieds sur terre. Enfin, celui qu'il me reste.

- Vous avez les deux, mais je soupçonne qu'il s'agit de deux pieds gauches.

- Tant mieux, je suis gauchère.

Et toc !

Ne me laissant pas abattre, je me traîne comme une grande jusqu'au bureau d'accueil.

La doc me rejoint et joue avec ses mains d'un air gêné, avant d’annoncer :

- Si ça ne vous dérange pas, à présent c'est moi qui vais poursuivre votre traitement...

Son regard fait tout pour éviter le mien et je la prends en pitié :

- Au contraire. Votre confrère est à la sympathie ce que la kryptonite est à Superman.

Un léger sourire parcourt ses lèvres tandis que la secrétaire laisse échapper un petit gloussement. Au moins je ne suis pas la seule à ne pas penser que du bien de lui !

Elle m’entraîne dans une salle de soins de l'autre côté de l'étage. Tant mieux, plus je serais loin de lui mieux ce sera.

Incapable de résister à la tentation, je lance une dernière moquerie:

- Tiens, vous n'avez pas opté pour la décoration “cage et chaînes” ?

Loin de se laisser démonter, elle réplique :

- Chacun son style et ses hobbies, je ne juge pas les vôtres, mais ça ne veut pas dire que je les partage ! Je vous en prie, prenez place.

- Je... Je parlais de votre collègue...

Le regard complice qu'elle me lance achève de me persuader du fait qu'elle le savait très bien.

M'avouant volontiers vaincue et soulagée à l'idée de m'asseoir, je la laisse me guider jusqu'à la table d'examen.

- Je vais chercher votre dossier je reviens.

La pièce est décorée dans des tons pastel qui dévoilent une personnalité à tendance psychopathologique si vous voulez mon avis. L'air de rien, le zinzin à au moins le mérite d'annoncer la couleur avec ses cages et ses chaînes ! Là, quelqu'un de moins maladroit que moi et n'ayant par conséquent pas eu la joie de connaître l'extase apportée par la rééducation pourrait s'attendre à une promenade de santé. Alors qu'en réalité en termes de balade on serait plus proche du chemin de croix que d'autre chose !

Bon, par contre je lui donne des points bonus pour avoir l'idée de diffuser un léger parfum, ce qui masque les odeurs de transpiration... Et camoufle aussi les divers effluves incongrus qui pourraient être produits dans cette pièce ! Je ne fais référence à rien de particulier, bien évidemment.

Elle revient rapidement, un minuscule dossier en carton dans les mains. J'espère qu'il n'est pas détaillé.

- Alors, voyons... Ah oui... Quand même !

Elle s'accroupit devant moi, ce qui me met extrêmement mal à l'aise, comme à chaque fois que quelqu'un à sa tête à hauteur de mon entrejambe ; et commence à défaire mon attelle au genou.

- Prévenez-moi si je vous fais mal.

Et elle établit discretos un genre de safeword. Une sadique, quand je le dis !

Bien que je connaisse l'apogée de ce qu'un corps peut faire en matière de crispation musculaire, il faut bien lui reconnaître une délicatesse qui serait complètement hors de mes capacités. Elle me débarrasse de mon carcan et remonte le très seyant pantalon trop grand que je porte afin d'observer sans barrière la zone endolorie.

- Hmmm

Pourquoi elle fait hmmm. C'est un bon hmmm ou un mauvais hmmm ?

- Hmmm ?

- Pardon je réfléchissais. Vous en étiez où avec mon collègue ?

- On en était à la partie « entraîner Mademoiselle MARIZY à son insu en préparation des championnats du monde d'haltérophilie ».

Elle me fait un sourire grimaçant et s'enquiert :

- Je vois. La presse j'imagine ?

- Oui, en augmentant de 10 kg à chaque séance, sans prendre en compte mon absence totale de réussite. Très constructif. Il travaillait dans un goulag avant de venir ici ou quoi ?

Elle hausse les épaules et avant même qu'elle n'ouvre la bouche je sens qu'elle n'est pas tout à fait convaincue par ce qu'elle va dire :

- Il est un peu... spécial. D'ordinaire il s'occupe surtout de d’athlètes alors peut être que ça lui donne des soucis de perspective...

Mouais, n'essaie pas de lui chercher des excuses poulette !

Je me contente de lever un sourcil dans une moue qui remet clairement en question sa version.

- Je suis très sportive moi aussi... *

*Si m’adonner à des jeux de sport sur la console compte.

Comprenant qu'elle ne tirerait rien de plus de ma part que de la mauvaise foi, elle se relève et change de sujet.

- Et comment au juste vous êtes-vous fait le combo qui vous vaut ce look Terminator ?

- D'abord je vous ferai dire que c'est un look Robocop et ensuite... C'est..

 

Dans ma tête se rejoue au ralenti l'intégralité de l'effroyable scène qui mena au ridicule de ma situation et il me faut moins d'un millième de seconde pour décider que raconter la vérité n'est pas une option envisageable.

 

- Je... me suis blessée... Euh... En tentant un double axel pendant mon entrainement de patinage artistique ?

Je ne sais pas ce qui est le pire entre mon excuse, mon ton ni convaincu ni convaincant et le regard qu'elle me lance. Visiblement, l'idée que je puisse exceller dans un domaine qui requiert un tant soit peu de grâce n'est absolument pas crédible. Je me demande pourquoi.

- Vous réalisez que j'ai votre dossier médical ? J'ai déjà une description des faits, ce qui m'intéresse ce sont les détails...

La pelle avec laquelle je creusais la tombe de la honte s'abat sur ma tête à cette annonce.

Ok, donc non seulement le ridicule de ma situation n'est plus un secret pour personne dans ce cabinet, mais en plus il a fallu que j'en rajoute une couche.

Et quels détails elle veut ?

- Croyez-moi, je vous rends service en vous les épargnant...

- Au vu de ce que j'ai sous les yeux, je n'en doute pas une seconde, mais dites-vous que c'est pour votre bien !

- Si c'est le cas, pourquoi votre charmant collègue ne m'a-t-il rien demandé?

- Il voit la blessure et la traite. Personnellement, je préfère m'assurer qu'elle relève bien d'un accident et non d'une faiblesse musculaire ou d'une malposition qui pourraient toutes deux être corrigées.

 

Et en plus elle a des arguments valides...

- Vous ne riez pas hein?

- Promis !

À sa bouche, je devine clairement qu'elle peine à retenir un sourire.

- J'étais à la piscine, j'ai voulu éviter de traverser le pédiluve à l'eau trouble et en marchant sur les bords j'ai glissé et me suis fait mal en tentant de me rattraper...

Soit elle a les lèvres en cul de poule et je ne l'avais jamais remarqué, soit elle fait de son mieux pour ne pas que je sache qu'elle se moque...

- Ça a dû être...

Elle semble chercher le mot adéquat et opte pour:

- Douloureux.

Je décide d'accepter ma destinée de honte et confesse :

- Oui, mais surtout ridicule n'ayons pas peur de se l'avouer...

- Si ça peut vous consoler, j'ai déjà eu pire... Mais au moins le mystère n'en est plus un, vos blessures relèvent de l’accidentel !

Je doute qu'il puisse y avoir pire, mais suis prête à tout pour que l'on change de sujet. Le meilleur plan pour ça reste encore de la faire parler d'elle :

- Ça fait longtemps que vous faites ce métier ?

Elle hausse un sourcil et lance, d’un air plaisantin :

- Est-ce une façon de savoir si je suis apte à m'occuper de vous ?

- Non, juste de faire la conversation... J'ai bien senti que j'étais entre de bonnes mains...

- Oh ! Euh. Merci ?!

C'est en la voyant rougir que je réalise que le ton employé ne semblait pas faire référence à ses compétences professionnelles...

Tourne sept fois la langue dans ta bouche avant de parler on a dit !

Je suis tentée par l'idée de faire comme si de rien n’était, mais ai peur de partir du mauvais pied et de créer une gêne d'entrée... Faisant usage du peu de courage à ma disposition, je me lance :

- Ça... Ahem... Ça sonnait pas comme ça dans ma tête, désolée...

Elle m'offre un sourire bienveillant et pose sa main sur mon épaule :

- Y'a pas de mal... Et ne prenez pas ça de travers, mais... J'aurais besoin que vous vous allongiez.

Est-ce qu’elle flirte ? Ou je me fais encore des idées ?

Nan, faut être raisonnable, d'ordinaire je ne suis pas glamour, mais là c'est pire que tout, aucune chance de plaire à qui que ce soit !

À mon avis, elle a juste grillé que je suis lesbienne parce qu'une hétéro n'aurait pas senti la nécessité de s'excuser (et n'aurait probablement même pas relevé d'ailleurs).

Je ne sais pas si je suis la seule à qui ça le fait, mais j'ai toujours peur que la nana en face pense que je la drague !

Du coup est ce que je dois jouer le jeu et plaisanter dessus ou... ?

Choisissant la prudence, je m'allonge docilement, un sourire aux lèvres. Sourire qui s'estompe dès qu'elle demande :

- Vous avez bien pris votre short ?

Short ? Elle a bien dit short ? Je lui lance un regard qui atteint un niveau de perplexité épatant.

- Avec un temps pareil dehors ? J'ai même prévu les tongs !

- Pour le massage, les étirements et la liberté de mouvement en exercice.

J'ai bien entendu ?

Hein ? Désolée j'ai cessé d'écouter après massage ! Vous m'intéressez là !

- Je l'ai oublié ? Mais c'est pas grave, je peux remonter mon pantalon, regardez !

Immédiatement je m'exécute sous son regard complètement désabusé.

Je me retrouve avec deux grosses boules de tissus qui me forcent à écarter les cuisses et me donnent un air de grenouille retournée.

- Magnifique ! On peut s'y mettre maintenant ?

- Mais je vous attends, il est question d'un massage je crois ?

Secouant la tête de gauche à droite, elle attrape une bouteille qui ne m'inspire pas grand-chose et verse un peu de la substance entre ses mains.

- Ça risque d’être un peu frais, mais ça va vite chauffer ne vous inquiétez pas.

Mes yeux s'écarquillent en sentant ses mains sur ma cuisse.

Elle sourit et ajoute :

- C'est pas si froid que ça, chochotte.

Je m'abstiens de tout commentaire, mais j'ai quand même envie de lui signaler que c'est au genou que j'ai mal. C'est surtout ça qui m'a surprise !

Un énorme frisson me traverse tandis qu'elle malaxe mes pauvres petits muscles endoloris.

Oh. Réflexion faite... C'est peut-être pas la peine de la stopper dans son élan...

Je reste quelques instants à profiter des sensations et remarque que la crème commence à chauffer.

- Ça brûle ! C'est anti-allergène ? Nan parce que je ne voudrais pas avoir des pustules en plus du reste !

- Oui c'est normal, le massage sert à échauffer votre muscle en vue des exercices. Ça fait un bail que vous n'avez pas utilisé votre jambe.

Plissant les yeux dans un regard hautement suspicieux, j'annonce d'un ton sceptique :

- Bon, je vais vous laisser le bénéfice du doute, mais s’il y a des pustules...

Elle relève la tête et me fait un sourire radieux, bien trop beau pour être sincère :

- Pas de pustules, promis !

J'imagine qu'elle en a fini avec la cuisse puisqu'elle qu'elle s'attaque à mon genou.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai rarement connu une sensation aussi désagréable. Malgré moi, je bouge pour échapper à ses mains :

- Arrêtez de gigoter, c'est pour votre bien.

- C'est ce que les sadiques disent ! Je crois que je préférais la cuisse !

Elle lève les yeux au ciel et me fait un nouvel affront :

- Entre « l'effet couche » de votre pantalon et votre comportement, j'ai vraiment l'impression de travailler avec un gros bébé ! Mais c'est bon, on a fini, je vous laisse vous installer sur le vélo elliptique.

Je rabaisse mon pantalon en grommelant :

- Je suis pas un gros bébé. Et j'aime pas le vélo.

Je m'exécute néanmoins de mauvaise grâce et ignore son ultime moquerie :

- Vous préférez la presse peut être ?

Pff, elle a de la chance que je sache qu'elle plaisante ! La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe que je suis !

 

*          *          *          *          *          *

 

Baptiste s'assied à côté de moi au bar et me tend mon café.

- Merci.

- De rien. Alors, comment ça va depuis le temps ? T'as encore  l'air d'être passée sous un bus !

- Toujours aussi charmant, merci de me rassurer ! Ça peut aller écoute, je continue les séances de kiné, la routine quoi !

Ma réponse le surprend :

- T'es restée avec le sadique ? Tu vois que finalement tu aimes bien !

- Oh oui j'adore quand on me maltraite... Ou pas ! Pour ta gouverne, sache que j'ai changé de praticien.

- T'es chez qui maintenant ?

- Toujours pareil, mais avec sa collègue.

Il me fait un sourire coquin et me dit d'un air entendu :

- Je vois...

-_-

- J'crois pas non !  Quelle idée tordue tu as en tête ?

- Elle est jolie ?

Ça ne devrait pas, mais sa question me surprend.

- Euh... Je sais pas...

- Rooh, joue le jeu quoi ! C'est pas une question très compliquée !

Ne m'étant pour être honnête jamais vraiment autorisée à y réfléchir, je prends un moment pour répondre. Je visualise les yeux noisette de la kiné, ses cheveux châtain mi-dos, je me rappelle la perfection de ses jambes telles que je les avais aperçues lors de notre première rencontre...  Mais je crois que ce qui me marque le plus est un sentiment qui ne se décrit pas, la manière dont son sourire illumine une pièce, cette... "Aura" de gentillesse qu'elle dégage.

Pas de doute, sans être "waouh", elle est belle.

- Oui... Oui, elle est jolie. Mais plus que ça, du peu que j'en ai vu elle a l'air d'être une bonne personne !

- On parle de moi ?

Lucie, notre barmaid préférée (car unique, mais n'allez pas lui dire) sort un verre et se sert un Perrier en s'approchant. Baptiste est plus rapide que moi et répond :

- On aurait pu chérie, mais Inès dévoile tout sur son nouveau coup de cœur, sa kiné !

Je hausse les sourcils en entendant ça. Où est-ce qu’il a été chercher ça ? Je n'ai même plus le droit de dire du bien de quelqu'un sans que ça soit mal interprété !

- N'importe quoi ! Ne l'écoute pas il raconte des bêtises !

- Pourtant vu la manière élogieuse dont tu en parlais...

Blasée, je touille mon café en lançant d'un air bougon :

- Parfois je me demande pourquoi je continue à venir ici, vous vous liguez constamment contre moi ! Tu n'as pas du boulot ?

- Non, c'est calme ce soir, tes histoires de cœur sont ma seule distraction !

- Tu risques de mourir d'ennui alors !

Baptiste choisit ce moment-là pour ajouter son grain de sel :

- Ne dis pas ça, ça peut arriver à tout moment ces trucs-là ! Qui sait, peut-être qu'avec ta kiné...

Je pousse un long soupir et tente de mettre les choses au clair :

- C'est surtout toi qu'elle a l'air d'intéresser ! Je la connais à peine, c'est juste ma kiné ! Et puis franchement, t'as vu ma tronche ? Tu l'as dit toi-même on dirait que je me suis pris un camion !

- Y'en a à qui ça plaît peut être !

- Lucie s’il te plaît aide moi !

Miraculeusement elle vient à mon secours et dit :

- Fous-lui la paix Batou ! Elle a fait bien de prendre son temps !

- Merci ! Écoute la voix de la raison !

- Lulu, la voix de la raison ? On aura tout entendu ! Mais j'ai juste une dernière question et j'arrête avec ça...

À contrecœur et surtout pour être débarrassée, je lui fais signe de continuer de la main.

- Tu penses toujours à Florence ?

Aïe. Le point qui fâche. Je hausse les épaules et m'efforce de répondre d'un ton le plus nonchalant possible :

- Ça m'arrive... On efface pas 3 ans comme ça ! Mais je n'ai plus de sentiments pour elle si c'est ça que tu veux savoir !

Sans se concerter, Baptiste et Lucie trinquent en lançant un "Amen" !

Après un court blanc et juste parce que ça l'amuse de me torturer, Lucie se penche sur le bar, m'offrant volontairement une vue plongeante sur ses attributs tout en susurrant :

- On va enfin pouvoir passer aux choses sérieuses toi et moi...

Jouant le jeu, je fais courir mon doigt le long de son bras et réponds aussi sensuellement que possible :

- Hm hmm... Pas de problème... Dès que tu seras attirée par les femmes, fais-moi signe !

- Mais tu es la seule qui m'intéresse tu le sais bien !

Je souris et porte mon café à mes lèvres. Inutile de tergiverser là-dessus, personne  n'aime plus les hommes qu'elle, à part peut-être Elton John.

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Commentaires
E
Je me suis marrée... j’aime bien le début !! C’est vraiment bien amené... en fait je me suis éclatée à lire ce premier chapitre !!
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J
Bonjour à tous.<br /> <br /> <br /> <br /> @freya : comme quoi il ne fallait pas désespérer :) l'attente n'était pas voulue, promis !<br /> <br /> <br /> <br /> @Flea & Poulpe : héhé, j'ai entendu les commentaires qui disaient que l'humour était quelque chose qui plaisait alors j'ai chargé la mule sur son côté maladroit :) <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour vos coms
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P
Cool, j'adore ce début, ça promet pour après<br /> <br /> vivement la suite =)
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F
Oooh enfin!!! :D J'adore vraiment le côté boulet haha
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F
Bientôt 6 mois l'attente devient longue ...
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