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Fictions Lesbiennes :)
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22 février 2016

Chapitre 10 : Justification difficile

On est le jour J. C'est maintenant ou jamais !

Heureusement que je stressais tellement que j'ai commencé à me préparer des plombes à l'avance car j'ai mis quatre heures à me ravaler la façade...

Dont trois à essayer de choisir la tenue qui la séduira mais sans en faire trop.

Un look "ouais je suis méga belle et encore là j'ai pas forcé tu vois...". Car bien évidemment l'idée est d'avoir l'air décontractée... Limite comme si je me réveillais comme ça.

Du coup, j'ai opté pour un haut bleu, légèrement moulant et accompagné d'un jeans clair.

Arrivée à 50 mètres de chez elle, je panique et me cache derrière une haie pour observer la maison et jauger la situation. Sauf que ne vois pas grand-chose à travers le feuillage.  Jetant un coup d'œil autour de moi, j'espère que personne n'a remarqué mon petit manège, c'est pas le moment de me faire questionner par la brigade des mœurs. Inès ou comment passer pour une psychopathe.

Non pas que ça soit tellement éloigné de la réalité.

Bref. Je me remémore mon speech dans ma tête et prends quelques instants pour rassembler le courage au fond de moi.

Au bout de 30 secondes, force est de constater qu'il est visiblement très très au fond et que si j'attends là-dessus je risque d'attendre longtemps.

Allez, je me lance.

Je sors de derrière ma planque l'air de rien et me dirige vers la maison d'Anna, super anxieuse.

J'espère que je ne vais pas tout foirer.

Ma main vient timidement appuyer sur la sonnette et je me retiens consciemment de trépigner, le cœur dans la gorge. J'ai l'impression qu'elle met des plombes à venir. Et si elle avait changé d'avis ? Et si elle n'était même pas là ?

Finalement, ses pas se font entendre et mon stress atteint son paroxysme. La porte s'ouvre et ma bouche juste après.

Omg.

Je crois que je suis en état de mort cérébrale.

Devant moi, Anna à un petit air gêné et s'excuse :

- Coucou ! Désolée je pensais que j'avais le temps de prendre une douche vite fait.

Mes globes oculaires ont visiblement leur propre idée de l'acceptable puisqu'ils parcourent sans vergogne sa silhouette en serviette. J'aurais probablement honte de mes manières si je n'étais pas trop occupée à reluquer ma kiné.

Elle ouvre un peu plus la porte et le demande :

- Entre s'il te plaît j'ai un peu froid !

- Pardon ! Je... J'étais...

Tout en fermant la porte, elle rigole et se fout de moi :

- Te fatigue pas, je crois que je sais ce que tu faisais !

Me sachant prise en flagrant délit, je rougis et tente de me racheter :

- Tu devrais aller te changer, tu risques d'attraper la mort. Je t'attends ici.

- Ça marche. Mais va sur le canapé tu seras mieux.

Elle s'éloigne, un sourire aux lèvres. Pendant une fraction de seconde, je me demande si c'est parce qu'elle a conscience du fait que je vais regarder ses fesses.

Soulève-toi petite serviette, je t'en supplie ! Là c'est cruel, juste assez ce qu'il faut pour donner l'eau à la bouche, mais en même temps pas assez...

Je me pose sur le canapé, ressassant mon speech dans ma tête. À peine quelques instants plus tard elle revient, les cheveux mouillés et tellement jolie que si elle m'annonce qu'elle passe aux vingt heures dans cinq minutes je la croirais.

Même s'il n'est que 17h et des poussières, c'est pour dire.

Elle s'installe à côté de moi et adieu beaux discours, bonjour anxiété et bafouillages...

Espérant à la fois gagner du temps et tâter le terrain, je prends sa main dans la mienne. Bien qu'elle fasse une drôle de tête devant mon geste, elle ne se recule pas.

Peut-être que je n'ai pas encore tout fait foirer.

Bon, quand faut y aller, faut y aller :

- Pardon pour hier soir... Je sais que c'est pas une excuse mais j'ai paniqué, j'ai pas réfléchi.

Son visage semble se fermer et elle retire sa main. Aïe. C'est pas bon signe. Un gros soupir plus tard, elle passe les doigts dans ses cheveux et m'assène l'équivalent d'un coup de massue :

- Non, c'était pour le mieux, j'ai eu tort de faire ça.

Quelque part, je m'attendais à un discours du genre, mais ça ne fait pas moins mal pour autant. Piquée au vif, ne voulant pas qu'il y ait la moindre ambiguïté et n'ayant pour tout dire plus rien à perdre, je réplique immédiatement :

- Tu sais quoi ? Moi je crois que t'as eu raison. Je crois que ce baiser était la meilleure chose qui puisse nous arriver. Et je crois que tu le sais !

À peine les mots ont-ils quitté ma bouche que je n'en reviens pas d'avoir osé lui balancer ça comme ça !

Malheureusement, ma répartie a vraisemblablement moins impressionné Anna que moi. Elle secoue la tête dans un signe de négation et lance :

- Je ne veux plus en parler. On devrait oublier ce qui s'est passé.

Elle est sérieuse là ? "Oublier ce qui s'est passé" est entre "séduire Mac Lesgy" et "lécher le sol du métro parisien" dans ma liste de trucs à faire en priorité. Autant vous dire que c'est très très loin en bas.

- Et si je ne peux slash veux pas ?

Elle se lève du canapé et je sens que la discussion est en train de totalement m'échapper lorsqu'elle déclare d'un ton amer :

- Karen saura te persuader du contraire, je n'en doute pas un seul instant.

Et voilà. On en vient au coeur du problème.

Je vais tâcher d'être aussi claire que possible :

- Il n'y a rien entre elle et moi.

Elle croise les bras et m'annonce ce dont j'ai déjà pleinement conscience :

- Tu t'enfonces... Je sais ce que j'ai vu.

Je me lève à mon tour et m'approche d'elle :

- Quand tu es partie, je l'ai faite rentrer et je lui ai dit qu'il ne pourrait rien se passer. C'est tout.

Je n'arrive pas le moins du monde à déchiffrer son expression faciale, mais je peux presque entendre les rouages tourner. Finalement elle demande :

- C'est tout ? Juste une petite explication ?

Sans l'ombre d'une hésitation, je m'exclame en écartant les bras:

- Oui, je te le jure !

Elle se dirige vers la porte d'entrée et l'ouvre en grand :

- C'est là où tu fais erreur. Je n'étais pas partie. Je comptais m'excuser et j'ai attendu qu'elle s'en aille... Elle a duré longtemps votre discussion dis-donc.

...

Et merde.

- Anna, c'est pas ce que tu crois, je peux t'expliquer... Elle a uniquement dormi à la maison, il ne s'est rien passé...

- T'en as assez dit... Si tu veux bien...

D'un mouvement de tête, elle m'indique la direction de la sortie.

J'hésite.

Je n'ai pas envie de la quitter là-dessus, mais elle est trop agacée pour que je puisse lui faire entendre raison.

Alors que je suis sur le pas de la porte, ne sachant pas quoi faire pour m'en sortir, mon téléphone se met à sonner.

Je regarde machinalement l'écran, qui affiche une photo de Karen.

Photo que je ne suis pas la seule à avoir vue.

Pile au mauvais moment et juste quand je pensais que les choses pourraient difficilement être pire...

Je m'apprête à m'en débarrasser comme d'une patate chaude ou en tout cas le fourrer au fond de mon sac, mais Anna me fait un sourire tout sauf chaleureux et demande :

- Tu décroches pas ?

Je sais reconnaître un défi quand j'en entends un et je peux vous assurer que c'est le cas.

Agacée, non seulement je décroche mais je mets le haut-parleur, lançant un "Allo".

Aucun grésillement ni problème de réseau ne vient gêner la compréhension et c'est très distinctement qu'Anna et moi entendons :

- Salut ma belle, comment ça va depuis ce matin ?

 

BAM.

 

Et une porte en pleine face, une.

- Je te rappelle.

Je raccroche sans même donner à Karen le temps de répondre et tambourine à la porte.

- Anna ! ANNA ! Laisse-moi t'expliquer.

Je m'apprête à frapper une nouvelle fois quand la porte s'ouvre à nouveau sur ma kiné, pour le moins énervée :

- Je veux plus entendre tes mensonges. Que ça soit très clair entre nous, tu as deux choix. Soit tu oublies toute cette histoire et on verra pour l'amitié, soit tu m'oublies.

Désemparée, je ne sais pas quoi répondre excepté :

- Tu me punis pour quelque chose que je n'ai pas fait !

Anna rétorque, sans trace d'humour :

- Dire la vérité ?

Je suis tellement défaite que mon quasi-désespoir transparaît dans ma voix :

- Je ne fais que ça. Pourquoi tu ne veux pas me croire ?

Anna regarde partout sauf là où je me trouve et ça me fait mal d'entendre la sincérité dans son ton lorsqu'elle dit :

- Je ne peux pas refaire les mêmes erreurs encore et encore.

Sentant une opportunité, je m'approche et prends à nouveau sa main dans une poigne légère, juste pour renouer le contact :

- De quoi tu parles ? Si effectivement je te plais, qu'est-ce qui nous empêche de tenter le coup ?

Ses yeux viennent trouver les miens, m'ouvrant une fenêtre sur ses sentiments. Quoi que soit cette "erreur", visiblement le souvenir en est encore frais.

- Mon travail.

J'ai enfin l'occasion de creuser cette histoire et pas l'intention de la laisser passer :

- Pour être honnête, je ne comprends pas en quoi ce serait si grave, même si ça venait à se savoir...

Son regard me transperce, tant par son intensité que par la tristesse que j'y perçois. Mais ce sont ses paroles, accompagnées d'un haussement d'épaules, qui m'achèvent :

- C'est tout ce que j'ai.

Je répondrais bien "tu m'as moi" mais étant donné la situation dans laquelle je me trouve, ça reviendrait à être cible de lancer de couteaux avec un aveugle comme partenaire : la recette d'un désastre !

- Dis pas ça...

Avant que je ne trouve comment formuler "au contraire t'as tout pour toi" sans sonner comme une fangirl de la première heure, Tami fait son apparition. Étant donné le déroulement de la discussion jusqu'à présent ne sais pas si je dois la bénir ou la maudire d'arriver à ce moment-là. Au moins j'aurais pu avoir des réponses.

Elle a l'air surprise de me voir, ce qui j'imagine, signifie qu'Anna ne lui avait pas annoncé que l'on devait se retrouver... Indirectement ça veut aussi dire qu'elle pensait qu'à *coup d'œil à mon téléphone* 17h25 elle en aurait déjà fini avec moi...

J'ai comme l'impression que malgré ce qu'elle a pu laisser entendre en acceptant de me rencontrer, je n'ai jamais bénéficié de la présomption d'innocence.

Son employée et amie me fait la bise et demande d'un ton enjoué :

- Tu te joins à nous ? Cool !

Au moins j'en ai une de mon côté, c'est toujours ça de pris ! Je m'apprête à tirer parti de sa question pour m'incruster lorsqu'Anna me fait généreusement profiter de mes propres recettes :

- Non j'en ai peur, Inès était justement en train de partir ! Et bien merci d'être passée !

Sans attendre de réponse, elle fait demi-tour et s'engouffre dans la maison, laissant la porte ouverte pour Tami.

Mais pas pour moi.

Cette dernière me lance un regard totalement perplexe, attendant certainement une explication à ce à quoi elle vient d'assister.

- Je t'expliquerai tout en temps voulu, c'est promis... D'ici là, est ce que tu peux essayer de voir si j'ai la moindre chance de réparer les pots cassés s'il te plaît?

Elle acquiesce sans un mot mais je ressens le besoin d'ajouter :

- Et je ne sais pas comment elle va te présenter les choses mais il y a un point sur lequel je ne veux pas que tu aies un seul doute : il ne s'est rien passé avec Karen, je ne l'ai pas trompée.

Mon petit discours semble avoir empiré son état d'incompréhension :

- Minute, vous n'êtes pas ensemble, si ?

En voyant comme elle a interprété mes propos, je réalise ce que je viens de dire et à quel point ça m'a paru normal. Je hausse les épaules et glisse mes mains dans les poches de mon jeans, les yeux rivés au sol :

- Non... Juste dans mon coeur.

Je relève la tête juste à temps pour voir l'effet qu'ont mes paroles, adresse un petit sourire triste à Tamiko et m'éclipse. Plus qu'à espérer.

 

 

 *         *          *          *          *          *

 

Arrivée à la maison, je me fais couler un bon bain dans le secret espoir que ça me détende. J'allume quelques bougies pour l'ambiance et me glisse dans l'eau avec délice. Au bout de quelques minutes, je sens mon corps qui commence à se relaxer. J'inspire profondément et expire lentement imaginant que mes soucis partent en même temps que l'air quitte mes poumons. Je plonge la tête sous l'eau et juste quand mes efforts commencent à payer, j'entends mon téléphone vibrer. J'ai un message...

Au revoir détente, ce fut bref, mais appréciable.

Séchant mes doigts sur une serviette, j'attrape mon Smartphone et le consulte avec appréhension.

Le SMS de Tami a le mérite d'être clair :

What the fuck? Anna m'a raconté !

N'ayant pas envie d’éponger mon autre main, je lui réponds non sans mal :

Verdict ? Plans quinquennaux sont tombés à l'eau?

Non seulement ça, mais t'as pris vos chances, tu les as jetées par-dessus bord attachées à une enclume et à 20km des côtes un jour de tempête... J'ai tenté de minimiser le tout mais tu ne m'as pas facilité les choses ! 

Ça n'est pas une annonce surprenante, mais le lire me fait mal au cœur.

Je me redresse dans la baignoire car l'eau chaude ne me fait plus un effet cocon mais me donne l'impression d'étouffer.

Les questions se bousculent dans ma tête mais je ne sais pas comment les formuler auprès de Tami. J'opte finalement pour le plus simple :

Tu crois que je devrais faire quoi ?

Honnêtement ? Jpense que pour l'instant au moins tu devrais garder tes distances parce que c'est relativement mort. Être amicale avec Anna, mais ne pas t'attendre à plus. Avec un peu de chance, elle finira par réaliser que tu étais maladroite mais sincère.

Maladroite mais sincère... L'histoire de ma vie ! Un second texto vient enfoncer le dernier clou sur mon cercueil :

Tu l'as vraiment blessée. T'avais réussi à passer la plupart de ses "barrières", et juste quand elle t'ouvre la porte, tu lui files un méga coup de pied dans les tibias et tu te barres en courant. J'essaie de ne pas te jeter la pierre mais j'avoue que je m'attendais à mieux de ta part.

Le caillou en question a pourtant bien été catapulté, vu que je me prends son commentaire en pleine tête.

... Moi aussi. C'était vraiment, vraiment (mais alors vraiment) (j'ai dit vraiment ?) pas mon intention. Je sais que j'ai sérieusement merdé.

Le truc c'est que justement tu sais pas !

Je fronce les sourcils. Euh, pardon ? Je pense que me retrouver dans une situation qui équivaut à être enfoncée jusqu'à la gorge dans un tas de fumier, ne plus supporter l'odeur et ne pas savoir comment m'en sortir me donne une assez bonne perspective. Mais bon, elle protège son amie, je peux le comprendre, il faut que je reste à ma place :

Comment ça ?

T'as bien vu qu'elle est très "sur la défensive" comme nana, qu'elle ne se laisse pas approcher facilement... Ben elle a ses raisons.

C'est sûrement un peu tard, mais j'ai envie de connaître le pourquoi du comment, surtout qu'Anna a sous-entendu que sa retenue était due à son passé. L'eau refroidit à vue d'oeil, mais je sais par expérience qu'il faut battre le fer tant qu'il est encore chaud. Hors de question que je rate cette occasion parce que je n'ai pas insisté tout de suite, trop occupée à régler le thermostat ! :

Explique !

Si je te le dis, elle va me tuer.

Seulement si elle l'apprend... Promis je cafterai pas et de toute manière elle n'a plus l'intention de m'adresser la parole... Sérieux... Je voudrais comprendre !

Bon... En gros avant elle était pas comme ça. Elle faisait confiance aux gens. Un peu trop. Elle était en couple depuis quatre ans avec son amour de jeunesse qu'elle avait retrouvé sur le tard. A l'époque, Anna venait juste de se lancer dans le cabinet et avait beaucoup de boulot.

J'ai comme l'impression de savoir où tout ça mène et un peur de lire la suite.

Elles habitaient ensemble et tout allait pour le mieux en apparence... Jusqu'à ce qu'Anna rentre plus tôt et trouve sa chère et tendre au lit avec un mec. Elles se sont pris la tête et elle a fini par expliquer à Anna que c'était la première fois, que ses longues absences la travaillaient et qu'elle avait craqué avec lui parce qu'elle avait l'impression que c'était "moins tromper" si c'était pas une femme.

Je retire ce que j'ai dit, c'est pire que ce à quoi je m'attendais.

C'est affreux...

C'est pas tout. Elle était prête... Peut-être pas à pardonner mais à la croire, quand elle a découvert que ça n'était pas la première et unique fois, loin de là. En réalité ça faisait des mois que pendant qu'elle partait bosser, cette fille qu'elle aimait et à qui elle donnait tout sans rien attendre en retour la trompait dans son dos.

Mon Dieu... On dirait un scénario des feux de l'amour... Quand tu crois que ça peut pas être pire, bim, et bah si !

Il s'est passé quoi après ?

Anna l'a virée de chez elle et de sa vie et s'est encore plus impliquée dans son job. Pour oublier. C'est pour ça que le fait qu'elle ait "voulu tenter" avec toi malgré ton statut d'ex-patiente m'a surprise. Elle s'était jurée que son boulot passerait en premier, qu'elle serait irréprochable, quitte à en venir à des extrêmes. Elle avait peur de se lancer en amour et que le scénario se reproduise...  

Et voilà que j'arrive avec mes gros sabots, lui donne l'impression qu'il y a une autre femme et tente de m'en sortir par des demi vérités. Bien joué Inès.

Vu ce qu'elle vient de me raconter, je comprends pourquoi Anna faisait tout un pâté du fait que notre rencontre a eu lieu à son travail. C'est le seul facteur "sûr" dans sa vie et elle n'a pas envie de risquer de perdre cette ancre-là.

Maintenant que je suis au courant, je me sens encore plus misérable. Mon bain est froid à présent, mais je ne fais pas le moindre mouvement pour y remédier.

Je suis drainée de toute énergie.

Savoir ça et réaliser à quel point j'ai dû faire du mal à cette femme adorable... C'est comme si j'avais été percutée par un bus.

Tami avait raison, je ne savais pas à quel point j'ai merdé... J'étais focalisée sur mon malheur, le fait que j'avais ruiné mes chances auprès de mes deux "prétendantes" sans avoir rien fait de mal... Égocentrée.

Je me dégoûte.

Ok je n'ai pas couché avec Karen mais j'ai manqué de respect à Anna par deux fois, en la congédiant et en tentant de m'en sortir..

Tu pouvais pas connaître son passé. Et t'as du bol parce que sinon j'aurais été dans l'obligation de te botter le cul.

T'aurais pu. Tu peux. Je mérite pas mieux.

Dis pas ça, ça peut peut-être encore s'arranger...

Après ça ? Je ne vois pas comment. Au fond ce n'est pas tant le "râteau maladroit" que la manière dont j'ai voulu dissimuler le fait que Karen soit restée dormir qui a fait le plus de mal.

Je vais tout faire pour. J'accepterai ce qu'elle voudra bien me donner. Regagner son amitié serait déjà bien...

Viens aux soirées, elle est trop bien élevée pour te prendre à parti à ce moment-là. ;)

Un sourire triste gagne mon visage. J'avais mes chances avec cette femme formidable et j'en suis réduite à échafauder des stratagèmes pour conserver un semblant d'amitié. Y a pas à dire, je suis au foirage ce que Michaël Jackson était à la pop...

Ayant besoin de réfléchir, je sens qu'il est temps pour moi de mettre fin à la conversation :

En tout cas merci pour tout Tami. Sincèrement. J'apprécie tes conseils et le fait que tu me fasses confiance.

De rien. Ne me donne pas tort.

Je comprends mieux les choses à présent. Je te laisserai pas tomber.

C'est pile quand je l'ai perdue, probablement à tout jamais, que je réalise... Je croyais que j'avais craqué sur elle... Mais maintenant je suis sûre. J'ai pas craqué, ou flashé ou peu importe... Je l'aime.

Le coeur au bord des lèvres, je ressens le besoin d'ajouter, quitte à être borderline gnan gnan :

Et pour ce que ça vaut, je n'ai pas su le montrer mais j'ai des sentiments pour elle. J'ai toujours voulu que son bonheur et je suis prête à faire ce qu'il faudra pour qu'elle le trouve.

L'idée me brise le cœur et je me garde bien d'en parler à Tamiko, mais je ne mens pas quand je dis ça. Je suis prête à tout. Même si ça implique potentiellement de la voir s'épanouir dans les bras d'une autre qui saura mieux l'aimer que moi.

Maintenant que je sais ça j'ai encore plus envie d'envoyer un message d'excuse a Anna. Mais vu ce qui se passe quand j'écoute mes voix intérieures ou suis mon instinct, je décide de ne pas le faire pour éviter une énième boulette. En plus elle a sûrement besoin de temps pour digérer tout ça et je veux le lui laisser.

Demain est un autre jour et (j'espère) le début du remontage de pente !

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Commentaires
E
Putain, elle n’a pas géré Inès là... 😒
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D
Moment très intéressant de l'histoire, on dirait que le nœud se défait et le passé révélé de la kinésithérapeute est prenant.
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