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Fictions Lesbiennes :)
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22 février 2016

Chapitre 12 : La fête

Ça fait une semaine que j'évite tout le monde, me sentant un peu comme une lépreuse. Mais ça, c'était avant. 

Il y a une fête chez Baptiste et Lucie m'a conviée.

Si tant est que "si tu ne viens pas je te traînerais par la peau du cul" puisse être qualifié de "conviée". 

Ce qui m'amène devant la porte de l'appart de mon meilleur ami, pleine de bonnes résolutions. Les lamentations, c'est fini pour moi, ce soir je tourne la page, que mon cœur le veuille ou non !

Je prends une grande inspiration et appuie sur la sonnette. 

Bizarrement, c'est Tamiko qui vient ouvrir. Immédiatement, un sourire illumine son visage et elle se jette sur moi pour m'attirer dans ses bras. Ok... Pourquoi pas !

Elle me traîne à l'intérieur et j'entends des voix dans le salon. 

Tamiko m'examine de haut en bas et demande :

- Ça va ?

- Oui... Qu'est-ce qui me vaut cet accueil ?

- Rien, je suis juste contente de te voir. Tu es radieuse.

Ok... C'est visiblement très louche. Cette histoire pue le guet-apens!

Je rentre dans le salon et parmi toutes les personnes présentes, mon regard croise directement celui d'Anna. Apparemment, mon amie la chance est toujours de mon côté... N'osant pas m'approcher après la douche froide qu'a été notre dernière rencontre, je lui adresse un petit coucou de la main avant d'effectuer un repli stratégique dans la cuisine. Apercevant des mini carottes, j'en enfourne une dans ma bouche dans l'espoir de m'éviter de dire des bêtises le temps que je sois un peu plus à l'aise et que j'échafaude un plan.

J'entame une discussion avec une ex à Baptiste dont j'ai oublié jusqu'au nom, mais suis bien vite distraite par la vision d'horreur que constituent Lucie et Tami en train de faire des messes basses. Mes craintes étaient fondées, c'est certain. Ces deux-là sont mes pavés personnels. Après tout il paraît que l'enfer est pavé de bonnes intentions... Préparée au pire, je m'excuse auprès de mon interlocutrice et tente de m'approcher discrètement histoire d'entendre ce qui se dit.

J'ai beau tendre l'oreille je n'arrive pas à saisir le moindre mot. Dépitée, je retourne dans le salon où tout le monde discute tranquillement tout en battant la mesure de la musique en arrière-plan. Mes yeux ont tendance à revenir sur ma kinésithérapeute, mais je lutte autant que possible pour éviter cela. Au bout d'un moment, je finis par me relaxer et tente même quelques pas de danse.

Baptiste remarquant enfin ma présence, s'approche de moi et me dépose un bisou sur la joue.

- Je suis content de te voir ma belle. J'étais pas sûr que tu allais venir.

Coupable, je hausse les épaules et dit d'un ton aussi assuré que possible :

- J'ai eu du mal à accepter d'être "punie" pour quelque chose que je n'ai pas fait... mais il faut bien tourner la page à un moment !

Il a l'air désolé pour moi et tente de me réconforter à sa façon :

- Si ça peut te consoler, tu n'es pas la seule que Lucie a dû menacer pour qu'elle vienne...

C'est encore pire... J'ai donc la confirmation qu'elle fait tout pour m'éviter quitte à enterrer sa vie sociale avec notre "peut être histoire" et mes amis paient le prix de mes maladresses.

- Pardon... Je ne voulais pas jeter un froid entre elle et toi.

- T'en fais pas pour ça ! Maintenant que mon acolyte est de nouveau sur le marché, on va à nouveau pouvoir draguer ensemble.

- Euh Batou, de 1 j'ai toujours été sur le marché et de 2 on n'a jamais dragué ensemble !

- C'est un tort !

- Pas si tu prends en compte ma finesse en la matière. À peu près au niveau d'une chanson paillarde donc...

Il me fait un grand sourire et je sais déjà que je ne vais pas aimer ce qui va sortir de sa bouche :

- Justement, à côté de toi je suis un Casanova ! T'as jamais entendu dire que les beaux traînaient avec des moches parce que ça les mettait en valeur ? Bah là c'est le même principe, mais avec la drague !

- Je te déteste.

Il me prend par les épaules et me fait lui faire face.

- Non t'es folle de moi mais encore dans le déni. Je me demande parfois si tu ne prétends pas être lesbienne juste pour faire de moi le fruit défendu.

- C'en est trop pour moi et je suis loin d'être suffisamment alcoolisée pour cautionner ce genre de propos.

Ayant la ferme intention de me servir une boisson façon Mr. Cocktail (j'apprends de mes erreurs), je tente de me tourner mais il m'agrippe une fois de plus. 

Lui jetant un regard soupçonneux, je m'enquiers :

- T'es soudainement tactile ou c'est moi ?

Il me sourit et me serre contre lui sans crier gare. Comme tout être normalement constitué à qui il ferait ça, j'essaie de m'extraire de sa prise de l'ours mais il ne me facilite pas les choses. J'arrive finalement à libérer un de mes bras. J'en profite pour me retourner et attraper le chambranle de la porte avec la ferme intention de m'en servir comme levier.

Et c'est là que je comprends.

Oh putain !

Soudainement surpuissante ou Batou se sachant découvert, je me libère. Mais c'est trop tard.

Karen vient de tapoter l'épaule d'Anna et lui fait la bise la plus tendue de l'univers. 

Oh bordel.

C'est pas bon.

Je fais volte-face vers le dernier des trois fourbes afin de mettre fin à ses jours pour m'avoir fait ça mais il a disparu comme par magie.

Je comprends maintenant pourquoi il ne voulait surtout pas que je me retourne... Sûrement pour ne pas que j’aperçoive Karen et puisse l'intercepter.

Je regarde autour de moi à la recherche d'une échappatoire, d'une cachette ou d'une corde, peu importe ce que je verrais en premier.

Il n'y a que le balcon qui me paraît viable et je décide donc de m'y réfugier.

De loin, j'observe la conversation, n'ayant pas la moindre idée de ce que ces deux-là peuvent bien avoir à se dire.

Avec un peu de chance elles ne parlent pas de ce qui s'est passé et évoquent anticyclones et autres phénomènes météorologiques !

Tentant de m'en convaincre, j'essaie d'étayer ma théorie par des preuves visuelles : Karen est souriante et plutôt à l'aise et Anna est... plus tendue qu'un string taille 34 qui serait porté par mon père.

Perdue dans mes pensées, je laisse mon regard divaguer un bon moment sur mes deux "presque copines" avant de réaliser à quel point je dois avoir l'air louche sur le balcon, à moitié cachée par les rideaux du salon à observer deux filles avec une intensité digne d'un serial killer.

La panique, trop sympa, cède un peu de place pour une curiosité maladive saupoudrée d'une touche d'angoisse...

Mais qu'est-ce qu'elles peuvent bien se raconter ??

Je me penche par-dessus la rambarde du balcon afin d'évaluer la hauteur. Hmmm. Trop pour fuir mais pas assez pour mettre fin à mes jours.

D'un autre côté, je pourrais profiter d'avoir les deux réunies pour aller éclaircir les choses.

Rien qu'à l'idée je fais un mini caca dans ma culotte. Au sens figuré, mes sphincters se portent à merveille merci de vous en inquiéter.

Comme pour m'enfoncer un peu plus, mon regard croise celui de Karen qui me fait un sourire et un signe de la main. Mon seul réflexe sera de faire coucou en retour et me cacher totalement derrière le rideau, le cœur battant à 100 à l'heure. Au revoir maturité, c'était un plaisir de te connaître !

Démasquée, je n'ose plus suivre ce qui se passe et fais une mini attaque lorsque Karen apparaît à mes côtés. 

Et avant que vous ne demandiez : oui, avec le petit cri qui va avec... 

Elle me fait un grand sourire et a vraiment l'air heureuse de me voir. Et dire que j'avais oublié à quel point sa "fraîcheur" faisait du bien.

- Coucou ! Comment ça va ?

Mon esprit cherche à formuler comment je me sens, mais opte finalement pour un mensonge :

- Nickel et toi ?

- Super. Ça me fait plaisir de te voir ! 

Non contente de me lancer une bombe émotionnelle, elle pose sa main sur mon bras et a vraiment l'air sincère. Je ne sais pas quoi faire. Donc je fais ce que je fais le mieux excepté m'humilier, à savoir m'embarquer sur un terrain glissant : 

- Moi aussi. Je voulais venir te parler mais tu discutais avec Anna.

Elle me fait un gros sourire et jette un regard par la fenêtre avant de répliquer :

- Je peux comprendre pourquoi elle t'a tapé dans l’œil, elle n'est pas dégueu.

Je baisse la tête pour cacher mon rougissement. Je ne sais pas ce qui s'est dit entre elles deux, mais une chose est sûre : si elle ne sait pas à quel point j'ai merdé, ce n'est pas moi qui vais aller le lui raconter ! Par contre si elle veut parler... : 

- Et vous vous êtes dit quoi ?

Visiblement, elle a conscience de jouer avec mes nerfs en annonçant avec un grand sourire :

- T’aimerais bien savoir hein ? 

Je hoche la tête et fais une moue qui, je l'espère, va la faire craquer et tout m'avouer.

Elle fait mine d'hésiter avant de lancer :

- Si tu veux savoir... Tu devras lui demander ! Je serai muette comme une tombe... 

Grrr...

Je tente de feindre la décontraction et de changer de sujet :

- Et toi, quoi de neuf ?

- Oh, pas grand-chose à vrai dire, j’ai été éconduite par une fille qui me plaisait et qu'on ne citera pas et ensuite j'ai pas mal bossé.

Voyant à son grand sourire qu'elle ne m'en tient pas rigueur, je lance :

- C'est une imbécile, tant pis pour elle !

- Exactement, je ne l'aurais pas mieux dit !

Une fois n'est pas coutume, une idée brillante me vient à l'esprit :

- L’idéal ce serait encore de te pointer devant elle en tenue de travail, avec le fantasme de l'uniforme elle regretterait à coup sûr !

Elle me frappe le haut du bras et rétorque :

- Trop tard t'as loupé le coche !

Mon air déçu n'est qu'à moitié feint et mon attention est captée par Tami qui me fait signe de m’approcher.

- Plus qu'à me saouler pour oublier...

Désignant celle qui fait tout pour attirer mon regard, j'annonce :

- Si tu veux bien m'excuser... je crois que je suis demandée ailleurs !

Je me retourne puis fais rapidement volteface pour laisser parler mes sentiments avant de me dégonfler :

- Quoi qu'il en soit... je sais que je te l'ai déjà dit par téléphone, mais je tiens à m'excuser en face à face... Je suis vraiment désolée de la manière dont se sont déroulées les choses. Tu méritais beaucoup mieux, surtout après une aussi agréable soirée !

Elle s'approche de moi et me dépose un bisou sur la joue.

- T'en fais pas va, je peux comprendre, je me console en me disant que t'as bon goût !

Contente de ne plus avoir ce poids sur les épaules, je rejoins Tamiko. Comme à son habitude, elle ne fait pas dans la dentelle et entre directement dans le vif du sujet :

- Alors, on drague?

Je m'abstiens de mentionner QUI a invité Karen et décide de me la jouer calme :

- Même pas ! Ça fait juste du bien de mettre les choses à plat.

Je sens son regard inquisiteur sur moi lorsqu'elle pose la question piège :

- Tu regrettes ?

Pourquoi j'ai l'impression de traverser un terrain miné sans l'ombre d'un rat démineur ni de détecteur à métaux ? Elle pourrait au moins me filer une tenue blindée!

- Oui et non.

Ses yeux se plissent tandis qu'elle me demande d'extrapoler :

- Comment ça ?

OK, c'est le moment de faire une petite prière et se lancer :

- Oui parce que Karen à l'air d'être quelqu'un de "frais", qu'elle est drôle et qu'au fond ça aurait sûrement pu marcher entre nous... Et non parce que j'ai fait le bon choix. Même si les évènements n'ont pas tourné en ma faveur, pour l'instant je n'ai pas réussi à faire le deuil d'une possible relation avec Anna.

Ce faisant, mes yeux vont se poser sur ma kiné, qui rit à une énième plaisanterie de son cousin.

Je suis sortie de mes rêveries par Tami :

- Bonne réponse. J'espère sincèrement, pour elle comme pour toi, que vous allez pouvoir régler les choses entre vous.

Apparemment j'ai passé l'épreuve et ai conservé tous mes membres. Go moi !

- Moi aussi.

- Allez, finis ton verre et viens danser !

Elle n'a pas besoin de me le dire deux fois,  je ne tiens pas à rester sur le grill plus longtemps et m'exécute sans plus attendre.

Elle me mène sur la piste improvisée et je me tends malgré moi une fois arrivée près d'Anna.

Je ne suis que trop consciente de sa présence à quelques centimètres de moi, dans sa petite robe noire moulante, complètement décontractée et sexy alors même que Batou et elle s'adonnent à une chorégraphie synchronisée totalement saugrenue.

Même ridicule elle me fait de l'effet, le monde est injuste. Son parfum arrive à mes narines et me rappelle ma première venue au cabinet, quand je me suis lamentablement écroulée dans ses bras !

Perdue dans mes pensées, je manque de tomber à la renverse lorsque Tamiko me met les mains aux fesses. Et pas discrètement de surcroît!  What the fuck ?

- Euh... Tami ?

- Du calme, c'était pour te décrisper, t'es tendue comme un string !

Pour le coup ça a eu l'effet inverse ! Craignant qu'elle ne recommence si je persiste, je m'efforce de me détendre et me laisse emporter par la musique.

Je ferme les yeux quelques secondes et me retrouve face à Anna.

Quelle garce, je ne peux pas baisser ma garde même deux secondes ! J’observe autour de moi mais pas une trace de cheveux roses à l'horizon. Évidemment! Les rats quittent le navire.

Ma kiné me fait un sourire gêné :

- Ça va ?

Je ne lui ai pas décroché un mot depuis son départ précipité et je ne sais pas trop sur quel pied danser :

- Oui et toi ?

Elle me regarde d'un drôle d'air, comme si elle tentait de me sonder.

- Oui très bien, merci.

S'ensuit le plus long silence de l'histoire. Génial, maintenant c'est bizarre et je ne sais pas quoi lui dire...

J'ai envie de prendre sa main mais trop peur que si je venais à le faire je prenne vraiment sa main, mais sur ma joue.

Rougissant, elle baisse la tête en souriant :

- Arrête de me regarder comme ça et danse un peu. 

Maintenant que je l'observe de plus près, je remarque qu'elle a l'air un peu éméchée. Qu'on s'entende, pas torchée, mais clairement plus détendue que d'ordinaire. 

Bon pour moi ça!

Comme qui dirait, à cheval donné on ne regarde pas les dents.

Et puis de toute manière elle a de belles dents !

Je n'attends pas qu'elle se répète et m'approche d'elle en faisant bien attention de ne pas lui marcher sur les pieds. C'est ma chance et j'ai bien l'intention d'en profiter pour passer un peu de temps avec elle.

 

Mes yeux se posent malgré moi sur son visage. Je l'ai tellement contemplée que je suis prête à parier que je pourrais le dessiner les yeux fermés.

Bon, je ne miserais pas gros parce que ça ne ressemblerait sûrement à rien, mais vous avez saisi l'idée.

 

Nos regards se croisent et nous maintenons toutes les deux le contact. Elle me sourit et mon cœur s'emballe comme si j'avais inséré mes doigts dans la prise. Douleur en moins.

Je tournerai la page un autre jour.

 

*          *          *          *          *          *

 

Les invités se dispersent petit à petit et bientôt il ne reste plus que notre joyeuse petite bande.

J'ai passé une SUPER soirée. Ça fait du bien d'avoir un moment tranquille, à s'amuser tous ensemble, sans drame, sans problème, sans prise de tête ! 

Bien que crevée, je n'ai pas du tout envie d'aller me coucher. Malheureusement, Tami décide de partir et est suivie de près par Lucie. 

Si je n'étais pas certaine que ma barmaid préférée est 8 000 % hétéro, je jurerais qu'il se trame quelque chose entre elles. Elles sont comme cul et chemise à constamment concocter des plans maléfiques ! Perdue dans mes pensées, je leur fais machinalement la bise et les regarde s'éloigner, en me demandant si je suis la seule à me faire ce genre de réflexion.

Batou, visiblement saoul comme pas permis, susurre à sa cousine:

- Jzeu t'ai préparé le lit dans la chambre d'ami, t'as plus qu'à te faxer dans les draps.

Et c'est à ce moment que je me souviens.

Lucie m'avait dit qu'elle me ramènerait s'il était trop tard pour prendre le tram. Je regarde précipitamment ma montre, histoire de constater que mes craintes s'avèrent fondées.

Fuck !

J'ai eu la bonne idée de mettre des talons, il est 3h47 et marcher les 13 kilomètres qui me mèneraient hypothétiquement à mon chez-moi est absolument hors de question. 

Je ne suis pas prête mentalement et je n'évoque même pas le côté physique. 

Nope. 

Pas de ça pour moi.

Me tournant vers Batou, je m'efforce de l'apitoyer :

- Baptiste... Tu sais que t'es mon meilleur ami ?

Pendant une seconde, il est tout content, avant de réaliser que j'ai dit ça dans un but purement manipulateur et me demande en plissant les yeux :

- Tu vzeux quoi ?

- Le gîte Monseigneur.

- Y'a Anna dans la chambre d'amis.

- Je peux venir avec toi !

- Nan z'ai de la compagnie !

- Trop de détails. Pas grave, je dormirai par terre.

Les capacités intellectuelles d'Anna sont visiblement en meilleur état que celles de son cousin puisqu'elle me sauve la mise en proposant :

- Elle peut prendre le lit, je m'installerai sur le clic-clac de la chambre. 

- Ok, mais TU gardes le lit.

Baptiste tangue à côté de nous et finit par annoncer :

- Débrouillez-vous, z'y vais. Buena noche!

- Ok. Tu peux juste me passer un T-shirt ?

Sans même me répondre, il m'en lance un au visage et part se coucher. 

- Merci. Bonne nuit Batou.

Je me tourne vers Anna et suis soudain prise d'un certain trac.

- Bon bon bon... Au dodo.

Ma kiné prend les devants et va dans la chambre. La suivant de près, ça me fait bizarre de fermer la porte derrière nous. C'est... je sais pas... Intime ?

D'un autre côté je n'ai pas envie de risquer de voir les fesses de Batou ou toute autre partie de son anatomie si jamais il avait soif durant la nuit. Fermer la porte est la meilleure des choses. 

Ce n'est qu'au bout de quelques secondes que je réalise qu'elle est en train de d'installer le clic-clac.

- Hey hey hey, qu'est-ce que tu crois que t'es en train de faire ? 

- Mon lit ?

Sans réfléchir, je m'empare de son bras et la sermonne :

- Ah non, j'ai été claire. Tu dormiras sur le lit. 

- C'est toi l'invitée.

- S'il le faut, je dormirais par terre ! 

Elle porte ses mains à ses hanches, contrariée :

- Ok, mais si demain tu as mal au dos, t'as pas intérêt à râler. 

- Pourquoi je ferais ça? Il y a bien une charmante kiné qui me ferait un massage, non ?

- Même pas en rêve. Tu le veux, tu l'assumes ! 

Je fais mine de bouder, mais au fond de moi je suis super contente qu'on soit à nouveau capable de plaisanter. 

J’éteins la lumière et elle se plaint immédiatement :

- Heyyyy, il faut encore que je me change.

- Justement ! Tu préfères te déshabiller sous mes yeux ?

Oh non. Pourquoi je ne réfléchis pas avant de parler ?

- À vrai dire, je pensais plutôt aller dans la salle de bain mais je vais m'en accommoder. Mate pas !

Je lève le regard au ciel avant de percuter qu'elle ne peut pas me voir non plus.

- Malheureusement, je ne suis pas nyctalope !

- On n'est jamais trop prudente... Après tout tu es née peu après Tchernobyl.

- T'as du bol que je n'ai pas le moindre objet à te lancer. Je crois que Lucie déteint sur toi !

Tâtonnant, je repère le clic-clac et m'allonge dessus, épuisée physiquement (mais en pleine forme mentalement). 

J'ai la tête qui tourne, sûrement à cause de l'alcool. Pourtant j'ai tenu mes bonnes résolutions et n'ai pas l'impression d'avoir tant bu que cela. Pas grave, c'est un tout petit buzz, juste assez pour me sentir bien. Les folles nuits ne sont plus de mon âge ! 

Je n'ai pas de couverture, mais finalement j'ai plutôt chaud, donc c'est tant mieux.

J'entends Anna qui s'installe à son tour et m'efforce de ne pas l'imaginer. 

Après tout, je ne sais pas ce qu'elle a comme pyjama.

Si ça se trouve, elle n'a pas de pyjama...

Et crotte. 

Dire que maintenant que le clic-clac est déplié, il y a à peine 5 cm entre son lit et le mien... Si je tendais la main je pourrais toucher.

Non, stop. Ne pense pas à ça.

Le petit diable sur mon autre épaule s'en tamponne royalement et continue allègrement à imaginer. 

J'ai le sourire jusqu'aux oreilles jusqu'à ce que ma kiné ouvre la bouche :

- J'ai parlé avec Karen.

Oh merde.

Joue la cool. Va à la pêche aux infos mais sans dévoiler tes cartes.

CIA style.

- Ah?

...

Le bon côté des choses c'est que je n'en ai pas trop dit ! 

Je tiens au minimum quatre secondes avant de craquer en constatant qu'elle n'extrapole pas :

- Tu me tortures c'est ça ? Accouche !

Je l'entends rigoler et j'ai l'impression qu'elle est vraiment proche de moi. C'est super étrange, c'est comme si la situation n'était pas réelle. J'espère que je ne vais pas me réveiller seule dans mon lit, ayant uniquement imaginé la soirée, sinon... Je... Je... Ben je ne serai pas contente ! 

- Comme tu es médisante ! Je ne sais juste pas comment le formuler...

Essayant d'aider et surtout de détendre l'atmosphère en espérant une bonne nouvelle :

- Avec des mots ? 

- Elle m'a dit... Qu'elle comprenait pourquoi tu avais des sentiments pour moi et qu'elle espérait que tout se passait pour le mieux entre nous.

Je ne sais pas comment prendre la nouvelle. J'hésite entre YOUPI elle sait que j'ai dit la vérité et oh non, était-il vraiment nécessaire de mentionner mon coup de cœur ? 

Ne sachant pas quoi dire, j'opte pour un bruit. 

- Mmhh. 

Comme ça elle l'interprète comme elle veut. Pour une fois que j'ai une bonne idée à temps. 

Anna laisse quelques secondes de silence, mais j'entends qu'elle ouvre et ferme la bouche, comme si elle cherchait ses mots. Apparemment, je ne suis pas la seule à craindre la boulette :

- Je suis désolée d'avoir douté de toi. 

L'entendre dire ça est un énorme soulagement. C'est comme si la dame obèse qui était sur mes épaules s'était levée, fini le bizutage ! 

- J'ai été maladroite, mais au moins maintenant tu sais...

- Pas tout.

- Comment ça ?

Je sens sa main glisser dans la mienne. Comment fait-elle pour me voir ? Son pyjama comportait des lunettes infra rouges où quoi ? 

- Est-ce que tu veux bien accepter mes excuses ? 

Elle plaisante ou quoi ? J'accepterais ses chaussettes sales si elle me les offrait ! 

- Oh... Je sais pas trop...

Avant même que je puisse réagir, elle me frappe avec ma propre main. Il devrait y avoir une loi contre ça !

- Hey ! 

- Problème ?

- Continue comme ça et c'est toi qui vas en avoir un ! 

A la manière dont elle rit, je crois que ma menace ne l'effraie pas vraiment. 

Je l'entends se tourner vers moi et entraperçois sa silhouette. Elle est accoudée au bord de son lit, à une quinzaine de centimètres de moi, pas plus.

Elle reprend son sérieux et demande.

- On est ok ?

En tout cas j'espère. Mais je ne veux pas paraître trop désespérée et opte pour un simple : 

- Oui.

Ma force de conviction est inexistante puisqu'elle insiste : 

- Vraiment ok ?

- Oui !

Le vieux clic-clac grince légèrement lorsqu'Anna me rejoint et se colle de tout son long contre moi. Je suis sur le dos et n'ose pas bouger, pas même la regarder attendant qu'elle fasse le premier pas. Mon cœur s'emballe complètement et j'essaie désespérément de conserver un semblant de raison sans me faire des idées. Pour autant que je sache, elle veut peut être juste me prendre dans ses bras.

Elle passe ses doigts dans mes cheveux et se penche au-dessus de moi :

- Vraiment, vraiment ok ?

Son souffle sur mes lèvres est la seule confirmation qu'il me faut.

Ne tenant plus, je lève ma tête et vais à sa rencontre, lui faisant un chaste baiser pour me reculer et dire dans un sourire :

- Vraiment ok.

Une seconde plus tard, sa main écarte mes cheveux et sa bouche caresse mon cou. Je crois que je vais m'évanouir, ou au moins me pincer pour être certaine que je ne rêve pas.

 

J'ai des frissons partout et serre les poings pour éviter de gigoter. Je ne veux pas risquer de faire à nouveau quelque chose qui la fasse fuir. Cette femme est pire qu'un animal sauvage, il faut l'approcher avec précaution.

Elle interprète mal ma réaction et je retiens difficilement un gémissement en sentant qu'elle se recule :

 - Rassure-moi, j'ai bien compris ?

Je sais que c'est un peu tôt, mais je veux être certaine qu'il ne subsiste pas la moindre ambiguïté entre nous :

- Sans aucun doute... J'attends ça depuis... L'instant où je t'ai vue serait exagéré, mais à coup sûr depuis le moment où j'ai appris à te connaître.

Gênée par ma confession, je fais courir ma main le long de son bras et l'attire à moi une fois arrivée au niveau de son épaule. Cette fois-ci, mon baiser est appuyé, insistant, mon but est clairement de la distraire.  

Bien vite, il augmente en intensité et nous avons toutes les deux besoin de plus de contact.

Elle se penche de plus en plus sur moi. N'y tenant plus, je l'encourage à continuer sur sa lancée et finis par atteindre mon objectif en la sentant s'allonger totalement sur moi.

Le premier contact de sa langue contre la mienne... Argh. Adieu facultés de communication ! 

L'une de ses jambes se glisse entre les miennes, occasionnant la perte du peu de raison qu'il me restait. Non seulement elle fait pression là où se concentre la totalité de mes globules rouges, mais en plus la sensation de sa peau nue me fait réaliser qu'elle porte également un grand T-shirt en guise de pyjama. 

Et sentir son corps sur moi, son poids... C'est peut-être bête, mais je trouve ça incroyablement érotique. C'est comme si tous ces moments que j'ai passés à imaginer cet instant se cristallisaient en cette sensation tangible... 

Mes mains parcourent son dos, se tenant à l'écart des zones sur lesquelles j'ai vraiment envie d'aller. Les siennes ne sont pas en reste, l'une d'elles est fermement ancrée dans mes cheveux tandis que l'autre découvre mon flanc et longe le galbe de mon sein. Elle à conscience que je suis à deux secondes d'avoir un orgasme sans même qu'elle m'ait touchée à un endroit vraiment érogène ?

 Elle semble réaliser que les choses vont un peu trop vite et se recule,  à court de souffle :

- Tu me fais perdre le contrôle...

Je me mords la lèvre en l'entendant dire ça. Pour une fois que c'est réciproque ! 

- Je te retourne le compliment ! 

- Tu veux bien venir avec moi dans le lit ? Pour dormir.

Je suis contente qu'elle précise. Après tout ce qu'il s'est passé et même si mon corps est fermement opposé à cette idée, je pense que c'est mieux que l'on prenne notre temps avant d'aller plus loin. En plus après ma période de célibat prolongée ça ne m'étonnerait pas que mon hymen se soit reconstitué... Enfin si, un peu quand même parce que ça n'est pas possible de manière naturelle, mais là n'est pas la question !

- Avec plaisir. 

Elle se lève et se déplace à quatre pattes. C'est bien dommage qu'il fasse si noir, la vue devait valoir son pesant d'or !

Elle s'allonge sur le dos et me guide jusqu'à ce que j'aie la tête sur son épaule et le bras drapé sur son ventre. Elle me fait un bisou sur le front et dit tout haut pile ce que je pensais : 

- Je suis bien là. 

- Je vote pour ne plus jamais bouger.

- Deal. 

Je glisse ma main sous son T-shirt et caresse son ventre. C'est génial de savoir que peux enfin toucher avec autre chose que mes yeux !

Je la sens bailler et réalise que je j'ai également sommeil : 

- Bonne nuit Anna.

- Hey, et mon bisou ?

- J'en connais une qui prend ses aises...

Ne perdant pas une seconde, je m’exécute. Pas folle la guêpe. 

On se réinstalle, toujours l'une contre l'autre et Morphée m'emporte rapidement. 

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Commentaires
V
Merci...maintenant j'ai l'image de mon portant un string taille 34!!!😨🤢😨😱
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