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Fictions Lesbiennes :)
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22 février 2016

Chapitre 16 : Le boulet (bis)

Déjà trois semaines que je nargue sans vergogne toutes les célibataires et les mauvaises langues qui me qualifiaient de non-casable en leur mettant mon bonheur en pleine tête !

Prenez-vous ça !

J'attends patiemment à côté de mon vélo qu'Anna finisse de se changer. J'ai hâte de voir quelle tenue elle a choisie pour cette petite promenade champêtre. Si Dieu existe, elle aura un cycliste et insistera pour passer devant.

Il fait super beau, les oiseaux chantent, j'ai un bon anti transpirant, Anna m'a donné rendez-vous devant chez elle et non derrière portes closes, rien ne pourra gâcher ma joie. Si je savais bien danser, j'entamerais quelques pas. Mais je ne sais pas et je suis seule et sans musique alors je m'abstiens !

Elle sort finalement et le cycliste est bien de mise ! Yes !

On enfourche nos vélos et alors que je m’apprête à fortuitement traîner, elle me rappelle qu'elle commence à plutôt bien me connaître :

- Inès, c'est pas le moment de regarder mes fesses, il y a encore de la circulation et je te préfère avec tous tes membres attachés !

Elle marque un point pour le côté puzzle mais je suis dans l'obligation absolue de rétorquer :
- Chérie, je te ferais savoir que c'est tout le temps le moment pour ça ! Et puis tu t'exhibes et t'attends à ce que je n'en profite pas ?

- On en parle d'exhibitionnisme,  madame sous vets Wonder woman ? 

Oh le coup bas ! J'en reviens pas qu'elle se souvienne encore de cet épisode fâcheux au cabinet et qu'elle ait le culot, que dis-je l'outrecuidance de me le ressortir !

- Donc t'as regardé ! Je le savais ! 

Je vois là l'opportunité d'obtenir la réponse à une question que je me pose depuis un moment :

- D'ailleurs je te plaisais à ce moment-là ?

Elle rougit systématiquement lorsque je suis un brin indiscrète dans mes interrogations, ce qui me fait totalement craquer. Après quelques secondes passées à me torturer (ou à réfléchir, tout est possible) elle finit par dire d'une voix toute timide :

- Tu m'as toujours plu, j'ai un petit faible pour les maladroites.

Spontanément, j'ai envie de nier cette partie de moi, mais même ma mauvaise foi a des limites. C'est sûr que dans un cirque j'aurais été plutôt clown que trapéziste ! Ou alors je ne l'aurais pas été longtemps !

Du coup je fais contre mauvaise fortune bon cœur :

- D'entrée je t'en ai mis plein la vue quoi ! 

Elle commence à éclater de rire et pendant une seconde je me demande pourquoi ce que je viens de dire est si drôle... Puis je me rappelle les circonstances de notre première rencontre,  du moins celle d'Anna et de mon postérieur tendu aux quatre vents ! 

Ah oui la c'est sûr elle en a pris plein les mirettes !

J'adopte un air blasé qui n'est qu'à moitié feint et attends patiemment qu'elle ait fini de se moquer.
On sort du quartier pavillonnaire pour nous engager sur un chemin de campagne. C'est cool d'avoir les champs si près de chez soi, ça permet de s'évader dès que l'envie nous prend.
Elle comme moi gardons le silence, contentes de profiter de la vue et du calme en toute simplicité.
Anna bifurque soudainement et quitte le chemin pour couper à travers les herbes semi-hautes.
- Hey ! Tu pourrais prévenir, t'essaies de me semer ou quoi ?

- Désolée, parfois j'oublie que tout le monde ne connaît pas l'endroit où je veux t'emmener.
Minute, on va quelque part, on ne fait pas juste une balade à vélo?

Et je doute que les gens connaissent ce lieu secret au vu de la hauteur des herbes et de l'absence totale de chemin pré-tracé.

N'étant sportive que dans l'âme et pas dans la réalité, j'ai un peu de mal à la suivre dans ce terrain plus difficile. En plus j'ai peur que les herbes qui frappent mes roues se prennent dans les rayons ! 

Anna ralentit sciemment, ayant certainement remarqué que je suis loin d'être capable de me qualifier pour le tour de France.

J'aime assez l'idée qu'elle m'emmène dans un coin juste à elle, ça me donne l'impression d'être spéciale ! 

Elle s'arrête finalement à proximité d'un cours d'eau se faufilant entre les quelques arbres qui jonchent le terrain autrement plutôt dégagé.

A en juger par l'absence totale de bruit, il n'y a pas âme qui vive à proximité. 
Elle descend de son vélo et je l'imite sans me faire prier. 

M'attrapant par la main, elle s'assied sur une pierre plate à côté du ruisseau et m'invite à prendre place à côté d'elle. Elle penche la tête en arrière, prenant une grande inspiration, visiblement détendue.

Ouvrant les yeux soudainement, elle me demande :

- Tu veux voir un truc cool ?

Son enthousiasme est trognon et contagieux : 

- Vas y montre !

Elle se relève en s'époussetant et suit le cours d'eau sur quelques mètres, avant de m'appeler.
Elle s'accroupit et m'indique des séries de reliefs dans la boue :

- Quand j'étais petite, j'allais chercher des champignons avec mon grand-père et il m'a appris à identifier les empreintes des animaux.

C'est plutôt cool. Je l'imagine sans difficulté faisant 1m20 avec un chapeau de Davy Crockett, à fouiner partout pour repérer des traces. 

- Tu chassais ?

- Non, on essayait de suivre les chemins pour trouver les animaux, etc. Tu sais ce que c'est ?

Elle pointe du doigt une zone au sol.

Je me penche et vois juste des trous dans la boue plus qu'autre chose :

- Des traces de pattes. 

Souriant devant ma tentative pour éviter la question, elle insiste :

- Mais encore... ?

- ... d'un animal, je suis formelle ! 

Elle me file une petite tape sur le bras et s'exclame :

- Des traces de lapin ! 

- J'aimerais bien savoir faire ça ! Comment tu sais que c'est un lapin ? 

- Je peux t'apprendre si tu veux. On voit clairement les pattes avant ici. Quatre doigts, environ 3 cm, le contour suggère du pelage... un lapin.

Je reste dubitative :

- Oui mais comment tu peux être sûre que ce n'est pas un lièvre ou un mini chien ? 

- Facile, il n'y a pas de lièvre par ici et les chiens n'ont pas la même forme de patte, chez les lapins les deux petits doigts centraux sont quasi collés, l'espacement interdigital n'est pas le même ! Sans compter que l'écartement et la profondeur des traces excluent le type de mouvements que ferait un chien.

Après bien 10 minutes à me montrer et interpréter des empreintes, nous retournons sur le rocher. Pour le coup, elle m'en bouche un coin, même si je ne sais pas du tout à quoi ça pourrait me servir hormis en cas d'apocalypse, je trouve ça super stylé !  

Le soleil tape fort et je retire mes chaussures pour tendre mes jambes et mettre mes pieds dans le ruisseau pour me rafraîchir. Anna s'allonge à mes côtés, posant sa tête sur mes cuisses et sortant un livre de son petit sac à dos.

- Ça va je ne t'écrase pas ?

- Non du tout t'inquiète pas !

- Si tu as faim ou soif, j'ai ce qu'il faut dans mon sac et j'ai de la musique sur mon téléphone. 

- OK merci. Pour l'instant je vais juste profiter de la vue et du calme...

À vrai dire, je profite surtout de la sensation de plénitude qui m'envahit. Entre le chant des oiseaux, le soleil, le clapotis du ruisseau et la jolie femme à mes côtés je ne pourrais pas rêver mieux.
Mes yeux se posent sur Anna et à la manière dont il réagit,  j'ai totalement conscience que le stade du coup de cœur est dépassé depuis longtemps. 

Comme elle sait que j'aime également lire - même si contrairement à elle je suis plus portée fanfictions que littérature-, elle m'avait dit de prendre le nécessaire, mais finalement je n'ai pas envie de sortir mon bouquin. Les plaisirs simples sont sous-estimés c'est moi qui vous le dit.
J'en reviens pas qu'après toutes ces années d'échecs amoureux cuisants, j'ai enfin trouvé celle qui me convient ! 

Anna remarque mon sourire et demande :

- Qu'est-ce qui te met en joie ? 

- Toi ! 

Je tente de me contorsionner pour lui faire un bisou et après cinq bonnes secondes de total ridicule de ma part, elle soulève sa tête et me rejoint à mi-chemin. 

Ça fait déjà quelque temps, mais notre relation a conservé ce côté "tout neuf" dans mon esprit et je suis toujours un peu étonnée qu'elle n'ait pas changé d'avis sur nous deux. Non pas que je m'en plaigne hein, au contraire !

On reste comme ça la majeure partie de l'après-midi et je suis ravie d'avoir pu partager ce moment avec elle. Je le suis nettement moins lorsque je me rappelle qu'il faut reprendre le vélo !

On se met en selle et je ne peux m'empêcher d'y aller de mon petit commentaire :

- Au fait, pourquoi tu tiens absolument à me faire faire du vélo ? Entre la rééducation et là...

Elle m'adresse un sourire malicieux puis explique :

- Comme tu le soupçonnais à l'époque,  j'adore te voir souffrir ! 

Sachant très certainement que sa réplique va lui valoir une tape sur les fesses, elle accélère à toute vitesse.

Bien décidée à la "punir" (pour en profiter au passage), je me lance à sa poursuite.
Je ne sais pas si elle prend pitié de moi ou si ma forme est meilleure que je ne l'aurais cru, mais je gagne du terrain jusqu'au moment où mon pneu avant rencontre le fin fond de ce que je décrirais comme le Grand Canyon ! 

Je n'avais pas repéré l'ornière en travers de la route mais elle ne m'a pas loupée et le VTT et moi-même effectuons notre baptême de l'air. Je tends un bras en voyant le sol se rapprocher, tandis que l'autre reste fermement agrippé au guidon. 

Mon atterrissage est aussi gracieux que celui d'une fiente de pigeon sur un trottoir.
Anna n'a pas observé ma chute, mais s'arrête en entendant le bruit et fait demi-tour, inquiète :

- Ça va ? T'as mal quelque part ?

Tentant de garder mon humour à défaut de ma dignité, je réplique :

- On va commencer par là où je n'ai pas mal ça ira plus vite ! 

Je me relève tant bien que mal, mais mon poignet et mon épaule me font souffrir. C'est déjà le bras qui avait pris lors de mes exploits passés et il n'apprécie clairement pas son statut de bouc émissaire !
Anna m'ausculte et à sa grimace je ne présage rien de bon. Je préfère demander directement :

- Ah non, me dis pas que je vais à nouveau devoir avoir des séances de kinésithérapie ?

Son expression faciale admet ce que ses paroles taisent :

- Il faut voir un médecin et te faire des radios avant tout. Tu penses pouvoir rouler ?

Tenant mon bras contre ma poitrine, j'espère ne rien avoir : 

- Je préférerais rentrer à pied si ça ne t'embête pas. 

- Pas de souci. Je suis vraiment désolée.

Voulant profiter de sa culpabilité déplacée, je lance :


- Si jamais j'ai à nouveau des séances de torture, tu te feras pardonner à ce moment-là !

- Ah non je ne te prendrai pas comme patiente, on en a déjà parlé !

- Quoi ? Tu me laisserais à l'agonie ?

- Mais non, je peux te recommander des collègues très bien !

- Moi je suis habituée à toi !!! Tu es ma chérie tu dois me chouchouter !  Et vu ton partenaire d'affaires, j'ai de sérieux doutes quant aux collègues en question !

Je lui fais des yeux doux, essaie de l'apitoyer autant que possible, mais sa réponse ne varie pas d'un pouce :

- C'est toujours non désolée ! Déjà on va attendre de voir ce que tu as avant de faire des plans sur la comète. Passe-moi ton vélo.

Grommelant, je lui emboîte le pas à contrecœur. Si jamais j'ai des séances,  elle a plutôt intérêt à assumer sa part de responsabilité  dans mes blessures de guerre !

 

*          *          *          *          *          *

 

J'arrive au cabinet en Conquérante. Ça m'a pris des heures et plusieurs tentatives de chantage, mais Tami a fini par céder et me donner un rendez-vous.

C'est donc triomphale que je franchis les portes automatiques.

Hahahaha on ne m'écarte pas si facilement ! Tout sourire, je m'approche de la réception avec une totale aura de victoire :

- Bonjour, je viens pour mon rendez-vous.

- Bonjour Madame MARIZY.

Elle prend une inspiration, certainement pour appeler Anna en criant comme d’ordinaire, mais ma chérie arrive avant qu’elle n’ait pu piper mot.

Très contente de moi, j’ignore le regard assassin qui m’est adressé et lance :

- Ah vous voilà. J’ai hâte qu’on s’y mette !

Anna se tourne vers Tamiko pour dire « on en parlera à mon retour » et j’espère qu’elle ne va pas lui en tenir rigueur alors que je suis celle à blâmer.

Je me laisse guider sans broncher vers une salle dans laquelle je ne m'étais jamais rendue.

Arrivée à destination et voulant arrondir les angles pour tout le monde, je demande à Anna :

- C'est pas la faute de Tami c'est moi qui l'ai saoulée. Tu m'en veux pas trop hein ?

Elle me scrute en silence avec une expression indéchiffrable pendant quelques secondes et je commence à me dire que j'ai été stupide de ne pas respecter son unique souhait.

Mais avant que je ne commence une litanie de justifications et prières pour me voir pardonnée, un gigantesque sourire illumine son visage.

Elle est contente de moi? Minute, ce n'est pas possible.

Son ton est on ne peut plus professionnel lorsqu'elle annonce à voix haute et assez fort :

- Emmanuel, ton rendez-vous est arrivé !

Qu'est ce qui ... hein ?

Mon cerveau finit par connecter les points. Je réalise trop tard que Tami m'a dit qu'elle m'avait pris rendez-vous, mais qu'elle n'avait pas précisé avec QUI !

Elles ont joué la comédie pour que je me retrouve punie et sans pouvoir fuir !

Visiblement très fière d'elle, Anna me souhaite d'une voix mielleuse :

- Bonne séance !

Et elle fait demi-tour et me laisse là.

Comme une petite crotte.

Sa petite crotte de l'amour...

Espérant contre toute attente réussir à lui faire pitié, je dis d'un air désespéré absolument pas feint :

- Anna reviens ici ! Tu peux pas me faire ça ! Promis je prends rendez-vous chez la première personne que tu me conseilleras ! Anna ! Anna?

Bien sûr, mes paroles n'ont pas le moindre effet et ne la ralentissent même pas dans sa fuite.

A travers la porte ouverte, je la vois taper dans la main de Tamiko et rire ensemble à mes dépens.

Les petites salopes, elles me le paieront !

- Bonjour Mada.... oh... C'est encore vous...

Quoi, t'es pas heureux de me voir ? Bah c'est réciproque !

- Bonjour. Oui...

S'il me dit d'aller m'installer sur la presse malgré une blessure au bras, je la lui fais bouffer.

- Visiblement votre adresse est toujours ce qu'elle était ! Allez-vous installer près des espaliers on va regarder ça ensemble.

Lançant un regard meurtrier à mes spectatrices hilares comme au roi des cons je m'exécute de mauvaise grâce.

S'il me demande de faire des tractions, je flatulerais de mécontentement, ça lui apprendra !

J'en connais qui ne perdent rien pour attendre, une raison de plus de vite me rétablir, que je puisse exécuter ma vengeance !!!

 

FIN

 

(Merci de m'avoir lue, n'hésitez pas à commenter pour faire plaisir à la pauvre petite que je suis) (j'espère que ça vous fait pitié parce que c'est le but !)

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Commentaires
M
Comment faites-vous pour qu’on s’attache autant à vos personnages ? Inès est ma préférée, elle est aussi maladroite que moi :p j’aime bien Shaell bien sûr comme tout le monde mais Inès, elle me fait mourir de rire :D Votre plume est hilarante, j’attends mercredi avec impatience pour la suite de votre’ nouvelle histoire et évidemment, j’ai déjà ma chouchoute :D
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F
Vraiment excellent ! Pleine d'humour, pleine de retournements de situation et des émotions qui font le yoyo. Bravo !<br /> <br /> Je vais recommander ça à quelques personnes :)
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C
Bonsoir je viens de finir de lire votre fiction et franchement j'ai adoré du début jusqu'à la fin. 😍<br /> <br /> Hâte de continuer à vous lire...
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E
Ouais je peux comprendre... faut dire que tu as quand même mit la barre très haute !! J’irais voir ta nouvelle fiction alors. Je fais que d’appuyer sur suivant donc je tomberais bien un jour dessus😂. Tu arriveras peut être à détrôner l’autre mais je n’ai pas tout lu encore alors peut être même avant. Je me demandais si tu écrivais encore ou pas... j’ai ma réponse et je dois dire tant mieux 😉
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E
Quand j’ai lu le titre, j’ai cru que Inès avait encore fait une connerie et attiré les foudres d’Anna !! Ouf 😜 j’adore comme tout depuis le début même si j’avoue avoir une grosse préférence pour « chef, oui chef »...
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