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Fictions Lesbiennes :)
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4 mars 2018

Chapitre 9

Plus que quelques jours de calvaire.

Après ça je pourrais retourner à ma petite vie, remettre mes œillères et me concentrer sur le voyage à gagner.

J’ai hâte.

D’ailleurs, ça me fait penser, faudra que je négocie une compensation au prorata de mon CA sur les autres mois pour le temps passé ici, ça m’a forcément fait perdre un peu de terrain sur la vente de machines.

Mais bon, d’ici là autant apprendre des choses. Le formateur est moins soporifique que celui de la semaine dernière, je n’ai pas besoin d’une perfusion de café pour tenir et c’est déjà ça, car Chris traîne systématiquement près du distributeur et je l’évite comme la peste.  

Je n’ai aucune idée de ce qu’ils se sont dit avec Sasha et ai bien l’intention de ne pas le savoir, ne voulant plus jamais entendre parler de cette histoire dans le maigre espoir d’oublier le traumatisme.

Essayant de me concentrer sur la formation, histoire de n’avoir pas fait ce voyage pour rien, je porte toute mon attention sur l’orateur et suis très étonnée lorsque tout le monde se lève pour partir déjeuner.

C’est passé vite. Avec un peu de chance, ça va faire pareil pour le temps qu’il me reste ici.

Comme on a une heure et demie de pause, James, Dom et moi décidons de nous rendre dans un charmant restau à proximité. Sur le chemin, alors que l’on marche devant un kiosque à journaux, Dom pousse un petit cri, se rue sur un journal pour en faire l’acquisition et revient vers nous.

Il a repéré le prochain Playboy peut-être ?

Me plaçant la couverture à 1mm du visage, il s’exclame :

- C’est quoi ça Héléna ? Tu m’expliques ?

Me reculant, je lui arrache des mains pour découvrir de quoi il s’agit, retrouvant la photo de Sasha et moi à la Gay pride. Un petit sourire se glisse sur mes lèvres et je le réprime aussitôt, ne voulant pas me faire charrier.

Je hausse les épaules et tente de diminuer les faits :

- Je vous ai déjà raconté qu’on avait été invitées sur le char. Je ne vois pas ce qui t’étonne…

- Ce qui m’étonne !?

Dom lève les bras au ciel, comme pour dire “nan mais vous l’entendez celle-là ?”, avant de reprendre :

- Ce qui m’étonne, c’est de vous voir aussi cosy. Je sais que James t’a expressément demandé de faire des efforts pour “supporter” Sasha et t’en rapprocher, mais ça va un peu loin là ! T’as pensé à elle ?

Une espèce de bruit d’étonnement se fait entendre derrière nous et nous nous retournons pour voir Sasha porter sa main à sa bouche.

Elle n’a visiblement pas manqué une miette de la réflexion qu’il vient de me faire et l’on peut observer le moment où son visage passe de la surprise à l’énervement. Ses yeux se plissent, sa bouche adopte une moue de dégoût et elle secoue la tête de gauche à droite.  

Le tout dirigé vers moi.

Oh non.

Non non non.

Voulant limiter les dégâts, je tends la main dans sa direction et tente un :

- Sasha… je peux expliquer.

Se reculant brusquement avant que je ne puisse l’atteindre, elle fait volte-face et part rapidement. Me retournant pour adresser un regard assassin à Dom accompagné d’un “merci bien ! On va avoir une discussion quand je reviens.”, je ne perds pas une seconde de plus pour me lancer à la poursuite de ma collègue.

Je trottine pour la rattraper et la saisis par le bras lorsqu’elle pénètre dans l’immeuble où se tient la formation. Elle se dégage d’un mouvement d’épaule agrémenté d’un “fous-moi la paix” et continue de marcher, s’engouffrant dans un couloir.

Qu’on soit clairs : j’ai bien compris qu’elle n’a pas envie de me parler ni d’écouter mes excuses. Mais l’idée qu’elle puisse penser rien qu’un instant que j’ai joué la comédie sur ordre de mes collègues m’est insupportable.

À vrai dire, en rétrospective le seul moment où je mentais était à moi même quand je m’auto-persuadais que je ne pouvais pas la blairer. Je crois qu’elle m’a toujours intriguée et que je ne comprenais pas pourquoi.

Je finis par l’intercepter au niveau des salles de réunion, me plaçant devant elle pour lui barrer le passage.

Son visage est complètement fermé et l’on peut voir les muscles de sa mâchoire se serrer en rythme.

- Laisse-moi t’expliquer…

Elle tourne la tête et regarde à travers la porte entrouverte de la pièce adjacente, avant d’y entrer en me tirant derrière elle.

Soulagée, je commence à préparer mon argumentaire dans ma tête.

Je ne sais pas comment je vais bien pouvoir lui résumer la situation sans divulguer la théorie de James mais je suis prête à en arriver là s’il le faut.

Une fois la porte fermée, elle me fait face et la trahison qu’elle ressent est clairement visible dans sa gestuelle comme dans son ton :

- Nan. C’est toi qui vas m’écouter. J’aurais dû me douter de quelque chose quand ton attitude a changé du tout au tout du jour au lendemain.

Son regard passe rapidement sur moi, ne s’y attardant pas, comme si le simple fait de me voir la répugnait :

- Mais je me suis dit que tu commençais simplement à lâcher tes aprioris, que j’allais peut-être voir une autre facette de toi que la garce à laquelle j’avais toujours eu affaire. Qu’il devait y avoir une raison pour que les garçons t’apprécient à ce point.

- Sasha, c’est pas…

Elle m’interrompt et continue :

- C’est pas ce que je croyais oui, je vois. Y’a pas d’autre facette. Alors quelle que soit la raison qui t’a poussée à accepter ce petit pari ou je ne sais quoi qu’il y a entre James, Dom et toi, tu seras gentille de me laisser en dehors de vos jeux sadiques. Je ne veux rien avoir à faire avec vous.

Totalement sous le choc qu’elle puisse aller jusqu’à penser qu’on a fait un pari cruel sur elle, ma seconde d'inattention lui permet de s’éclipser, me laissant seule.

J’imagine qu’on parlera plus tard.

Ou pas.

Fixant la porte fermée, j’expire bruyamment, espérant relâcher une partie de la tension.

Échec.

Putain ça me saoule !

Et je ne sais pas ce qui est le pire : que Dom ouvre sa bouche sans réfléchir ou qu’il suffise d’une phrase pour que Sasha change radicalement d’opinion à mon sujet.

C’est bien la preuve de la haute estime qu’elle me porte.

Voilà pourquoi je ne dois pas m’attacher.

Ne voulant pas voir mes collègues, j’achète un truc à manger à un vendeur ambulant et m’isole pour le reste de la pause repas.

Comment je vais pouvoir réparer les pots cassés ?

Plaçant mes coudes sur mes genoux, j’attrape ma tête entre mes mains, me cachant derrière mes cheveux. Il faut que je trouve comment faire en sorte qu’elle m’écoute. Il ne nous reste plus que quelques jours et il est hors de question qu’elle reparte de son côté en pensant ça de moi. Elle peut me détester, mais pas pour quelque chose que je n’ai pas fait.

Quelle merde.

Perdue dans mes pensées, je n’ai pas remarqué que je n’étais plus seule et sursaute en sentant la main de James sur mon épaule :

- Héléna, ça va reprendre.

Refusant de croiser son regard et passant à côté de Dom en l’ignorant, je retourne dans la salle et attrape mes affaires pour aller m’isoler à l’arrière.

Le formateur recommence sa démonstration, non sans jeter un coup d’œil à sa montre puis à la place de Sasha, laissée vacante.

Contrairement à ce matin, le temps ne s’écoule plus.

Sentant mon téléphone vibrer dans ma poche, j’ai un regain d’espoir. Le déverrouillant, mon cœur ne sait pas s’il doit être déçu ou excité de voir que le message n’est pas de Sasha mais de Rachel.

C’est quoi déjà la citation “Lorsqu'une porte se ferme, il y en a une qui s'ouvre.” ?

Mouais.

Pas sûre de vouloir rester dans ce couloir.

Je n’ai pas eu de nouvelles depuis l’épisode “voiture”, mais de là à dire si c’est une bonne ou une mauvaise chose…

Oui, je l’ai nettement plus mal vécu que je ne l’aurais cru, mais j’aime penser qu’on avait quand même noué quelques liens d’amitié.

Plaçant mon pouce sur l’icône du SMS, j’essaie de ne pas me faire de faux espoirs avant d’en lire le contenu :

 

Salut Héléna.

Désolée de ne pas avoir donné de nouvelles.

J’ai beaucoup repensé à la manière dont j’ai géré les choses et je voulais m’excuser. C’était  indélicat, tu mérites mieux que ça. Si le planning n’a pas changé, tu ne devrais pas tarder à rentrer j’imagine.

Si ça te tente, j’aimerais beaucoup qu’on se voie pour un café ou quoi...

Bisous.

 

Fronçant les sourcils, je relis la dernière partie. “Un café ou quoi...” ? Ça veut dire quoi ça ?

Ça n’a pas fonctionné avec sa nana et du coup on se rabat sur le plan B, la bonne vieille Héléna ?

Ma journée s’améliore de minute en minute.

Pfff… je ne réponds même pas.

Est-ce que je devrais envoyer un texto à Sasha ?

Ouais, non. Vaut mieux attendre qu’elle se soit calmée et lui expliquer face à face si je veux éviter tout malentendu

J’endure bravement le reste de l’après-midi, essayant tant bien que mal d’arrêter de focaliser mon attention sur l’espace béant dans les premiers rangs. Sans succès.

Dès que l’on nous libère, je presse le pas pour me rendre à l’appart, espérant y trouver ma collègue.

Pas de bol je crois.

Je m’enferme dans ma chambre, ne sachant pas quoi faire de plus. Mon téléphone vibre à nouveau, me redonnant espoir pour rien :

Hey ma belle. James et moi la cherchons. On va la retrouver et lui expliquer, ça va le faire. J’ai merdé, mais je compte me rattraper.

Ne prenant pas la peine de répondre, je m’allonge sur le lit oreiller entre mes bras, face à la porte ouverte, comme pour pouvoir constater que celle de Sasha reste close.

============================================

Me réveillant en sursaut, je mets quelques instants à me rappeler où je suis. Un coup d’œil à ma montre m’indique que ma fatigue émotionnelle m’a plus épuisée que je ne le pensais. C’est en entendant un autre bruit que je comprends que je ne suis plus seule dans l’appart.

Dom et James l’ont retrouvée ?

Dans la pénombre, je distingue très clairement les silhouettes de Sasha et Chris dans le couloir.

Elle lui saisit la main et l’entraîne rapidement dans sa chambre sans même un regard en direction de la mienne.

La porte se ferme derrière eux.

Je baisse mes paupières et tente d’ignorer l’énorme coup au moral que ça vient de me faire.

Elle fait ce qu'elle veut.

J’ai l’impression que quelqu’un s’amuse à serrer mon cœur dans sa main. Et autant dire que ce type le fait aussi fort qu’il le peut et qu’il est du genre à faire des compétitions où on le concept de fun consiste à soulever des roues de tracteurs.

Je roule sur le dos et essaie de respirer calmement et d’ignorer le fait que le bellâtre est entré dans la chambre de ma collègue. Est-ce que c’est sa manière de se venger de moi ?

Nan, elle pense que je suis une sans-cœur, c’est pas logique.

Il n’empêche que je le vis comme une vendetta très personnelle. Avant-hier encore elle m’expliquait qu’ils n’allaient pas du tout ensemble et maintenant elle l’entraîne dans sa chambre au milieu de la nuit…

Ça me saoule.

Gardant les yeux clos, je fais tout mon possible pour ne pas imaginer ce qu’ils peuvent être en train de faire, mais c’est peine perdue. Ça me tue de le visualiser poser ses mains sur elle, même si c’est dans ma tête. Elle mérite mieux que lui.

J’attrape mon téléphone dans l’espoir de me changer les idées et retombe direct sur le message de Rachel. Nan mais vas-y la vie, oublie toutes les bonnes manières, frappe-moi lorsque je suis à terre ne te dérange surtout pas. Dépitée, je le verrouille et le glisse dans ma poche, retournant à ma tentative d’ignorer ce qu’il se passe autour de moi.

Après seulement quelques minutes, la porte s’ouvre et l’idée qu’il soit un mauvais coup m’extirpe presque un sourire.

Presque.

L’abattement que je ressentais un peu plus tôt a laissé place à un profond agacement et j’ai juste envie de les gifler l’un et l’autre.

Mes yeux s’écarquillent de surprise en entendant toquer. Si je comptais faire semblant de dormir, c’est raté. Retenant un grognement, je tourne la tête pour faire face à mon visiteur, lui lançant un regard noir. S’il a l’audace de me narguer, le monde comptera un eunuque de plus ce soir.

Le soulagement est de mise lorsque je constate qu’il a au moins eu la décence de s’habiller.

- Hey… Désolé de te réveiller. Je dois rentrer et Sasha voudrait discuter. Tu peux aller la voir s’il te plaît ?

Elle veut ENFIN parler ?

Où est ce que je suis de nouveau Héléna le plan B parce qu’il doit partir et qu’elle est restée insatisfaite ?

Non pas que coucher avec elle soit envisageable.

En revanche, ça peut être l’occasion de me comporter comme la garce qu’elle pense que je suis. Puisque c’est ce à quoi je suis réduite. Me levant sans dire un mot, j’ai la ferme intention d’ignorer Chris mais suis interceptée par sa main sur mon bras.

Je m’arrête net en sentant ça et le peu de patience qu’il me reste est mise à rude épreuve :

- Retire ta main.

 Il s’exécute et chuchote :

- Elle était mal toute la soirée. J’espère que tu pourras changer ça.

Ça me console un peu de savoir que je n’étais pas la seule misérable et qu’il n’a pas réussi à lui remonter le moral. Ça m’énerve un peu plus de me dire que ça n’était pas nécessaire du tout, si seulement elle m’avait laissée parler.

Acquiesçant d’un mouvement de tête, ma réponse semble le satisfaire puisqu’il se dirige vers la sortie.

Bon vent !

Je place ma main sur la clenche et prends une grande inspiration avant de me lancer et d’entrer.

La lumière est éteinte et je distingue à peine Sasha en boule sur les couvertures. Fermant derrière moi, je reste debout, n’étant pas sûre de ne pas me faire jeter si je venais à m’asseoir sur le lit. Comme toujours lorsque je suis le cul entre deux chaises, mon éloquence s’est faite la malle :

- Hey.

Elle relève la tête et semble me sonder du regard avant de dire :

- Installe-toi s’il te plaît. Il faut qu’on parle.

Je laisse s’échapper un petit rire dédaigneux en entendant ça. Ça y est madame la marquise est disposée à m’accorder audience ?

Raide comme un piquet et le postérieur périlleusement proche du bord, je m’assieds, faisant face à la porte plutôt qu’à ma collègue. La voir ne ferait que m’énerver davantage.

Je veux dire : elle m’accuse injustement du pire, ne me laisse pas la moindre chance de me justifier, amène le bellâtre dans sa chambre pour se changer les idées puis me convoque et joue les misérables ?

Je ne crois pas non.

Ça ne marche pas comme ça.

Lorsqu’elle prend la parole, c’est avec un ton auquel je ne m’attends pas du tout :

- Dom et James m’ont retrouvée au bar, ils m’ont expliqué. C’est la vérité ?

- S’ils t’ont dit que James m’a demandé d’essayer d’être un minimum sympa avec toi parce que ça les mettait mal à l’aise d’être au milieu de nos histoires alors oui, c’est la vérité. Pas un pari ou je ne sais quel sombre film sordide tu t’es fait.

Je sens qu’elle se déplace sur le lit et malgré la colère qui m’habite toujours, suis soulagée lorsque ses bras s’enroulent autour de mon cou et son corps se colle à mon dos.

- Je suis vraiment, vraiment désolée.

J’esquisse un mouvement d’épaule supposé donner l’impression que ça ne m’affecte pas tant que ça, mais je doute que le reste de mon corps le vende très bien.

Ses mains descendent le long de mes bras pour venir prendre les miennes, auparavant crispées sur mes genoux. Elle dépose un baiser dans mon cou et j’ai conscience qu’il s’agit uniquement d’une technique pour retourner dans mes bonnes grâces, mais je frissonne quand même.

Elle me laisse un instant et reprend la parole :

- J’ai toujours eu des problèmes d’insécurité et … je sais que c’est pas une excuse…

Elle marque une pause, comme pour me permettre de digérer ses paroles, puis recommence :

- … Je me suis ouverte à toi ces derniers jours et quand j’ai entendu Dom… J’ai eu l’impression que tu t’étais foutue de ma gueule et que cette relation naissante n’était qu’une vaste farce pour toi.

Mon cœur se met à battre à cent à l’heure. Je m’accroche autant que possible au fait que ce n’est pas logiquement possible que j’aie développé une attirance pour elle si vite et en partant de si loin, mais ça commence à être un peu faiblard comme argument au vu de mes réactions physiques à sa proximité.

Et relation peut être utilisé de manière platonique, n’essaie pas trouver des sens cachés entre les lignes. Tu as eu la démonstration aujourd’hui même de la raison pour laquelle il ne faut pas baisser ta garde.

Sasha se décale sur le côté, lâchant l’une de mes mains pour guider mon menton dans sa direction, m’encourageant à la regarder malgré la pénombre :

- Tu veux bien me pardonner ?

Mes yeux viennent trouver les siens, légèrement embués.

Impossible de rester de marbre devant ça.

Je n’ai pas l’intention de passer l’éponge aussi facilement, mais la voir si vulnérable et pourtant assez courageuse pour me dire ces choses… Argh.

Elle doit sentir qu’elle a percé ma carapace, car son visage s’illumine et un grand sourire apparaît sur ses lèvres.

C’est à ce moment, dans l’intimité de sa chambre, à l’observer, que je réalise que d’une manière ou d’une autre, j’ai effectivement développé une forte attirance pour ma collègue. Ce n’est pas cool du tout.

Me tournant afin que tout mon corps lui fasse face, je la laisse m’amener à elle et poser mon front contre le sien.

Son soulagement est contagieux et je me retrouve à sourire en retour.

Ne l’embrasse pas Héléna.

Ne fais surtout pas ça.

C’est uniquement une réaction physique à sa proximité, comme ça ferait à n’importe qui qu’une jolie femme « entreprendrait » de la sorte.

Elle est tellement proche que je perçois son souffle sur mes lèvres et sens les traces d’alcool dans son haleine.

Alcool qu’elle a consommé avec Chris.

Avant de l’emmener dans sa chambre.

Penser à ça me fait le même effet que si quelqu’un m’avait versé un seau d’eau glacée sur la tête et me calme net. Je me recule sans croiser son regard et m’apprête à me relever pour retourner dans mon antre. Me tirant doucement le bras, elle s’enquiert :

- Tu veux bien rester ?

Euh… Non !

T’as même pas changé les draps ! C’est en regardant ces derniers que je réalise que l’unique endroit où le lit ne paraît pas tiré à quatre épingles est celui où Sasha était blottie un peu plus tôt.

Est-ce que …?

Il faut que je demande, même si ça met en évidence la seule raison pour laquelle ça pourrait m’importer :

- C’est quoi le deal avec Chris ?

Elle hausse les épaules et joue avec une peluche sur le dessus de lit :

- J’avais besoin de quelqu’un d’extérieur pour pouvoir discuter d’autre chose et faire comme si de rien n’était… Il était là. S’il te plaît ?

Croisant son regard, elle annihile toute tentative de résistance en tirant une fois de plus sur ma manche.

Levant les yeux au ciel pour feindre l’agacement, je concède :

- Ok.

Bien évidemment, après plusieurs semaines passées à mes côtés, elle voit à travers mon (très mauvais) jeu d’actrice.

Sans perdre un instant, elle me guide, m'incitant à m’installer au milieu du matelas.

Héléna, c’est ta conscience qui te parle : t’allonger dans le lit de Sasha est la pire idée du siècle… Et Dieu sait que tu as fait des trucs très très cons dans ta vie…

Merci conscience, ta remarque est notée. Mais sans vouloir te vexer, je pense qu’après la journée de merde que j’ai connue, je peux bien me laisser aller pour ce soir, histoire de me remettre de mes émotions...

Je réalise mon erreur stratégique au moment où l’arrière de ma tête vient se poser sur l’oreiller et qu’une effluve de son odeur m’assaille.

Sasha ne manque pas un battement et colle son corps au mien, sa tête sur mon épaule, son bras drapé le long de ma taille, main sur ma hanche et sa cuisse partiellement entre les miennes.

Elle est très proche, même pour quelqu’un de tactile… Est-ce qu’elle se comporte comme ça avec tout le monde ?

Une fois installée, elle me serre momentanément, appuyant ce faisant son genou là où j’ai désespérément besoin qu’elle ne s’aventure pas si je compte conserver un semblant de contrôle.

Je ne vais jamais tenir.

Conscience, je te présente mes excuses. J’ai raté une occasion de t’écouter.

Peut-être qu’avec un peu de chance elle souhaitera éviter le scandale et ne portera pas plainte si je craque et l’attouche ? Après tout, elle n’a rien dit pour Chris !

- Ça va comme ça ? Je ne t’écrase pas ?

Nickel.

- Mhh.

Si tu pouvais faire un peu plus pression à la jonction de mes cuisses, juste deux trois minutes, mon corps t’en serait reconnaissant, merci d’avance.

Ses doigts jouent avec le bas de mon T-shirt, caressant ma peau au passage.

C’est atroce. Elle sent super bon, est collée contre moi, me touche… Je ne sais pas quoi faire pour me sortir de cette situation !

Ok.

Voici le plan : tu joues l’indifférente et attends que ça passe.

Extérieurement, je suis parfaitement immobile, quasi stoïque.

Intérieurement, je suis à un niveau d’excitation d’un garçon de 14 ans qui vient de peloter pour la première fois les seins de la fille qu’il convoitait depuis des mois.

Sauf que dans mon cas la nana en question m’a juste effleuré la hanche… C’est un peu triste.

Au creux de mon cou, Sasha murmure :

- Je suis vraiment désolée de t’avoir dit toutes ces choses…

Plutôt que de répondre par la parole, je dépose un baiser dans ses cheveux, la sentant relâcher une partie de la tension en retour.

Je passe l’éponge un peu facilement, j’en ai conscience, mais pour le moment, tout ce qui m’intéresse c’est de retrouver sa proximité.

Visiblement satisfaite, elle réussit l’impossible en se blottissant un peu plus contre moi. Oubliant toutes les raisons tout à fait valides pour lesquelles cette idée est très mauvaise, je ferme les yeux et profite entièrement du sentiment de plénitude que je ressens en cet instant.

Je me lèverai dans cinq minutes.

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Commentaires
A
Oh non c'est déjà finit ? Tu n'imagines pas à quel point je suis heureuse de te lire... Ça fait tellement longtemps que je visite ton site, et que je relis tes autres créations, dans l’espoir de nouvelles histoires. Ta plume m'a fait grandir et m'a donné envie de m'affirmer. Je te souhaite une bonne continuation. J'aurai réellement aimé avoir l'occasion de découvrir qui se cache derrière ces mots. <br /> <br /> Amélie.
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V
Oh trop mignon ce chapitre... <br /> <br /> Mais comment Helena arrive a resister a Sasha elle est trop cette fille !!!
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D
Attendrissant tout du long, j'ai vraiment passé un moment agréable à lire ces quelques lignes, le cœur y est. Le rapprochement des deux protagonistes donnent juste envie de vivre la même chose. Bravo encore une fois ! <br /> <br /> <br /> <br /> Bises
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