Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Fictions Lesbiennes :)
Fictions Lesbiennes :)
Publicité
Newsletter
25 avril 2019

Partie 4

 

 

Et merde. J'y vais à l'instinct.

La première idée qui me vient à l'esprit est d'attraper Chloé et de lui rouler la pelle de sa vie.

Mais c'est mort.

Même pas en rêve.

L'envie de l'embrasser m'est passée et m'a laissé le même souvenir impérissable qu'une intoxication alimentaire dans un avion.

En plus, connaissant sa légendaire décontraction, je me retrouverais sûrement à embrasser la réincarnation d'une planche, yeux grands ouverts et bras ballants.

Le but est d'arrêter la personne qui s'amuse à redécorer les cabines, pas que l'on pense que je suis derrière tout ça, me jetant sur n'importe qui !

Réfléchissant à la vitesse de la lumière, je place une main dans le bas de son dos, l'autre derrière son cou, amenant sa tête au creux de ma nuque. Je me laisse tomber en arrière, sachant que le mur est derrière moi et que Chloé est côté placard, ce qui veut dire qu'elles ne verront pas sa tête étonnée. Au moment où la lumière du couloir nous illumine, je place mes lèvres contre sa peau avant d'entendre un cri.

Feignant la surprise, je me tourne vers nos “invitées”, qui ont l'air totalement perplexes, mais surtout… silencieuses.

Chloé, en revanche, continue de gémir.

Je la repousse avec la ferme intention de lui faire comprendre qu'elle en fait dix fois trop, mais la vois porter sa main à son front, me lançant un regard assassin.

Oh merde. En m'adossant rapidement, je réalise que je lui ai éclaté le crâne contre le mur.

Ses yeux verts viennent se planter dans les miens, me foudroyant littéralement :

- Sérieusement ?

Je lève une main pour lui expliquer que je n'ai pas fait exprès, les mots d'excuse mourant sur mes lèvres alors qu'elle me bouscule pour sortir, sa paume toujours sur son front, des larmes aux yeux.

Nos deux spectatrices s'écartent sur son passage, trop étonnées et confuses pour oser poser des questions.

Mais ça ne va pas durer.

Et je ne veux pas être celle qui devra y répondre.

Fuck.

Adressant un sourire crispé à Gladys et la femme de ménage, je m'empresse de suivre Chloé, m'enfuyant tant que je le peux.

 

====

 

J'arrive sur le parking avec un sac de sport, deux cafés et des excuses méritées. Je n'ai pas réussi à la rattraper hier et je n'ai plus son numéro... Elle m’a indiqué le lieu de rendez-vous dans un email hyper professionnel et je me voyais mal lui expliquer à quel point je suis désolée à l’écrit.

À l'instant où j'aperçois Chloé adossée à sa voiture, je me sens hyper mal. Elle a appliqué une généreuse dose de fond de teint, mais il est clair que plus de 12 heures après, le choc est toujours visible, une zone rougeâtre bel et bien présente.

M’est avis qu’on n'a pas dû passer loin de la bosse…

- Hey.

Elle ne lève pas les yeux de son téléphone et me répond d'un ton glacial :

- Hey.

Déposant mon sac au sol, je lui tends le café que j'ai commandé spécialement pour elle. Elle plisse les yeux, fronçant les sourcils et l'espace d'une seconde je me demande si je ne vais pas finir brûlée au troisième degré…

Chloé lâche un soupir, place son téléphone dans la poche arrière de son jeans, attrapant finalement ma branche d'olivier et soulevant le couvercle, reniflant le contenu.

Intriguée, je mords à l'hameçon :

- Tu fais quoi ?

- Je vérifie qu'il n'y a pas d'arsenic, on n'est jamais trop prudente.

Sa réaction m'agace. Au début de notre “conflit”, elle voulait tout le temps que l'on s'explique, maintenant que les rôles sont inversés, je n'entends plus de “parlons-en entre adultes”.

C'est évident que la blesser n'était pas dans mes intentions !

Du coup, je me laisse aller :

- Pour ta gouverne, ce café ne contient rien, il est noir et amer, comme ton âme. Et l’arsenic peut être inodore.

- Ce genre de commentaire ne m’aide pas à avoir confiance...

Avant qu’elle ne puisse m’envoyer son café au visage pour de bon, je pose une main sur son avant-bras :

- Mais pour ce que ça vaut, je suis désolée, je n’ai pas vraiment fait exprès.

Ses traits restent hostiles et j’ai parfaitement conscience qu’elle essaie de déterminer si je suis sincère ou non, du coup je continue sur ma lancée :

- Pour me faire pardonner, tu n’as qu’à choisir nos rôles.

Cette nouvelle lui extirpe un demi-sourire :

- Ok, prof et élève.

Je hausse un sourcil :

- Qui jouera la prof ?

Elle s’auto désigne du pouce :

- Étant donné que j’étais dans le milieu du sport, je me dis que je serais sûrement plus crédible. J’en avais parlé avec la patronne et elle a justement un coach en arrêt maladie, alors ça l’arrangerait que quelqu’un le remplace aux frais du contribuable.

Hein ? Complètement confuse, je me demande à quoi elle fait référence :

- Comment ça ? Enfin oui, comme tu veux pour les rôles. Mais c’est quoi cette histoire de sport ?

Chloé à l’air mal à l’aise, passant sa main à l’arrière de sa nuque, faisant par la même cascader ses cheveux noirs et m’envoyant une bouffée de shampoing floral :

- Bah tu sais… La police, ma reconversion…

Euh… Non.

Non, je ne sais pas du tout.

Genre… zéro idée.

Mais je ne veux pas mettre encore plus en avant mon ignorance totale et absolue.

Et comment elle peut s’être déjà reconvertie ? Elle a le même âge que moi et j’en suis aux débuts de ma carrière.

Bref, je verrai plus tard.

Il suffira d’appeler Emilie, commère comme elle est, elle saura à coup sûr.

- Ah, ouiii ! Et donc, tu vas faire un cours de quoi ?

- Renforcement musculaire. L’idée, c’est qu’on interagisse avec le maximum de personnes possible, histoire d’essayer de débusquer le ou la coupable.  

- Ça me va.

J'espère que c’est la collègue Gladys qui s’occupera de la réception aujourd'hui, je n’ai pas du tout envie de la voir.

Chloé s’apprête à se mettre en mouvement lorsque je demande :

- Oh, et tu peux me passer ton numéro s’il te plaît ?

Ne voulant pas risquer qu’elle interprète ça autrement, j’ajoute :

- Ça peut être pratique en cas de piste, pour l’enquête.

- Tu ne…

Elle soupire, puis reprend : 

- Nan rien. Passe-moi ton tel.

Je lui donne, la regardant pianoter pour entrer son numéro. Je demande :

- Tu veux le mien ?

- T’as changé ?

- Non.

- Alors je l’ai.

Elle a gardé mon numéro ?

Avant que je ne puisse poser plus de questions, elle s’empare de son sac et tourne les talons.

Sachant que l’on ne peut pas arriver ensemble, j’en profite pour envoyer un message à Emilie :

Hey. J’ai besoin de tes talents de concierge. Chloé était une sportive avant d’entrer dans la police ?  Elle m’a parlé d’une histoire de reconversion ? T’es au courant ?

 

===

On a décidé de se rendre à d'autres cours que ceux des mardis et jeudi soir, car certains de nos suspects s’y trouvent et comme ça on pourra avancer sur plusieurs fronts. Techniquement, ça devrait nous permettre de diviser le nombre de personnes à sonder dans un seul cours tout en évitant les risques que quelqu'un surprenne une conversation qui mettrait l'enquête en péril.

Heureusement que je suis en bonne forme physique avec mon métier, sinon vu le planning qui nous attend, j’en aurais chié.

Et pour l'instant ça me permet de réussir les exercices sans trop de problème et d’engager la conversation avec les suspects sans cracher mes poumons au passage.

Les autres sont en train d’avancer sur les mains et les pieds, presque comme à quatre pattes mais les genoux à proximité du sol sans le toucher et une demi-douzaine de personnes et moi attendons notre tour.

Je me tourne vers ma voisine, qui fait partie des suspects qu’il reste à identifier et qui semble à l’aise et “normale”. Non pas que ça la disculpe. Elle est jeune et j’opte pour le tutoiement, ne voulant pas avoir l’air trop formelle :

- Ça fait longtemps que tu viens ici ?

Oh my God, ça sonnait pas comme une vieille phrase de drague dans ma tête...

Elle se tourne vers moi et m’adresse un sourire par pure politesse :

- Environ 5 mois, toi ?

- C’est mon premier cours collectif. J’espère que je vais réussir à tenir le rythme ! Oh, je ne me suis pas présentée, Claire, enchantée.

Elle serre ma main tendue et annonce :

- Maud, de même. Et t’en fais pas, ça va aller. Ce sera peut-être un peu dur au début mais si c’est le cas ça viendra très rapidement. Ah, c’est à nous.

Sans attendre de réponse, elle se met en position tandis que j’imite tout le monde. Je me sens un peu ridicule à avancer comme un singe, d’autant que Chloé nous demande d’être volontairement lents. Au début, je ne percute pas bien quelle est la difficulté, mais très vite je sens que ça fait travailler le gainage. Et puis ça me permet d’observer les mains de Maud. Les doigts ne correspondent pas à ceux de la photo je dirais…

Arrivées de l’autre côté de la pièce, je réfléchis à un moyen de reprendre la conversation, mais elle me bat à mon propre jeu :

- Tu vois, ça a été !

- Oui, mais ce n’est que le début. C’est plus les courbatures de “l’après” qui me font peur.

Je ponctue ma phrase d’un sourire malicieux, avant de demander :

- Sinon les gens sont sympa ici ?

- Globalement, oui, très.

- Globalement ?

Elle se tourne vers moi, cherchant visiblement à savoir si je suis digne de confiance, avant de se pencher pour me dire à l’oreille :

- À moins que tu n’apprécies tout particulièrement les gros machos pervers, à ta place je resterais loin du type en vert. Et si tu veux des conseils pour te muscler, mets-toi à côté de Salomé, elle t’en donnera sans même que tu aies à demander.

D’un mouvement de tête rapide, elle me désigne la femme-tank de l’autre côté de la pièce. Ok. Monsieur “vas me chercher un sandwich” et madame “conseils non-demandés”, c’est noté. Les deux sont dans la liste des suspects, avec une autre fille près de moi. Il s’appelle Fabrice je crois et Madame Muscle c’est Salomé.

J’ai bien envie d’aller le voir, mais j’ai peur des répercussions que ça aurait sur mon image auprès de Maud.

Il est misogyne et obsédé ? Oh coool, j’ai trop envie d’aller lui parler !

Ouais.

On va éviter hein.

Je finis par capter le regard de Chloé. J’articule le prénom de Fabrice sans faire de son, espérant qu’elle arrive lire sur mes lèvres et lui montre de qui il s’agit d’un mouvement des yeux.

Elle détourne la tête mais acquiesce, semblant avoir compris le message.

On change d’exercice, travaillant cette fois les jambes.

Franchement, c’est plus dur que ce à quoi je m’attendais, réflexion faite, je ne suis pas sûre de pouvoir faire toutes les séances qu’on a prévues…

Malgré moi, je ne peux m’empêcher de regarder la manière dont son pantalon de yoga épouse les formes de Chloé alors qu’elle enchaîne les squats sans sourciller, nous montrant ce qu’elle attend de nous.

À peine l’exercice a-t-il débuté qu’elle se dirige vers mon potentiel suspect, lui demandant visiblement de descendre plus bas.

Il pose une question et quelques instants plus tard, je la vois faire une nouvelle démonstration. Ce n’est pas franchement compliqué, s’il n’arrive même pas à comprendre ça sans assistance, je doute qu’il soit assez malin pour être notre coupable et ne pas s'être faire prendre.

Et puis, je comprends.

Les yeux du type comme les miens sont focalisés sur autre chose que la posture parfaite que Chloé adopte et j’ai un peu honte de me retrouver dans le même panier que lui. Mais pour ma défense, je suis dans le dos de ma collègue et ce qu’elle me présente sur un plateau est carrément sexy. En tant que lesbienne célibataire et sexuellement frustrée, c’est presque un devoir de regarder quand l'occasion se présente !

Secouant la tête pour me remettre les idées en place, je reprends l'exercice.

Je tends l’oreille, espérant que quelqu'un aborde le sujet pour lequel je suis ici, histoire que je puisse poser des questions sans être immédiatement grillée. Malheureusement personne ne fait d’effort et mes yeux retournent se poser sur ma collègue. Le type a abandonné tout exercice, fléchissant ses biceps. Chloé le palpe avant de contracter et pincer sa propre cuisse.

Elle est naïve ou quoi ?

Il la drague, ça se voit comme le nez au milieu de la figure !

La situation ne me plaît déjà pas beaucoup, mais lorsqu'il pose sa grosse paluche sur son quadriceps, se faisant visiblement plaisir, j’ai envie d’aller lui coller mon poing dans la face.

Elle lui a pas dit qu’il pouvait toucher, pour qui il se prend ?

Une suspecte sur ma droite, Marie je crois, semble remarquer les regards meurtriers que j’envoie et les interprète très librement :

- Si il te plaît, reste après le cours, il traîne généralement sur le banc de musculation.

Toute la bonne volonté du monde n'aurait pas suffi à retenir ma grimace de dégoût face à son insinuation :

- Ew, merci, mais non merci.

Amusée elle prend une grosse voix et annonce :

- Quoi ? T’es pas séduite par : mate moi ces abdos poupée !

Elle ponctue cela d’un furtif soulèvement de son haut de sport. Bon point pour elle, je remarque qu’elle a un grain de beauté sur le ventre et que son nombril ressort un peu, contrairement à celui des photos. Mauvais point : elle m’a rencontrée il y a moins de 30 secondes et me montre déjà des parties de son corps, le tout sans sollicitation.

- Pas vraiment non. Les gens imbus d’eux-mêmes ou exhibs c’est pas trop mon truc !

Son visage adopte un air amusé et je sais qu’elle s'apprête à sortir une connerie :

- T’es au mauvais endroit alors !

- Comment ça ?

Allez, pitié, faites qu’elle parle des clichés !

- Excepté le fait que la moitié des gens sont ici pour se montrer… tu sais, le scandale.

Elle termine sur un ton conspirateur et je dissimule ma joie du mieux que je peux :

- Euh, non, de quoi tu parles ?

Elle m'entraîne à l'écart en me tirant par le bras :

- Un cinglé affiche des photos pornos dans les vestiaires des femmes.

Essayant de me remémorer le dégoût que j’ai ressenti en voyant les clichés en lieu et place de l'excitation que je ressens réellement, je produis une superbe grimace de déplaisir :

- Quoi ? Ew ! Mais qui ? Pourquoi ?

Elle regarde autour d’elle, s'assurant que personne n’espionne notre conversation, avant d'expliquer :

- On sait pas. Mais on flippe. Pas mal de nanas envisagent de partir.

- Et personne ne sait qui c’est ? Même pas une petite idée ? Tu commences à me faire stresser, je viens de m'inscrire !

Je rajoute la dernière partie pour ne pas faire que poser des questions.

- Non… on n’en a aucune idée.

Je m'apprête à demander autre chose lorsque la voix de Chloé m'arrête net, indiquant la fin de l'exercice.

Je lui fais les gros yeux mais il est clair qu'elle ne pouvait pas faire durer plus longtemps sans que les gens ne commencent à se plaindre.

La séance de torture continue par un autre exercice bien connu : la planche.

Je me dirige vers ma bouteille d’eau que je termine avant d’aller me placer à côté de Madame Muscle.

M’installant en position, après 30 secondes je manque de m’écrouler lorsque Chloé vient m’appuyer dans le dos avec enthousiasme.

- Mhhhfff !  

Quelle salope !

J’y crois pas !

Abus de position dominante !

Sans vergogne !

Elle voit pas que je galère déjà avec les deux magnifiques poids que j’ai d’accrochés en permanence à l’avant du buste ?

D’une voix mielleuse qui tranche avec la noirceur de son âme, elle m’indique :

- Plus bas, plus bas. Voiiiiilà.

Je suis en train de mourir et ne peux pas me permettre de gaspiller mon précieux souffle, mais croyez-moi que le regard assassin qu’elle se prend devrait être plus que clair !

Imperturbable, elle fait mine de faire son lacet et me murmure :

- Ça c’est pour m’avoir valu les pires minutes de ma vie ! Prépares-toi à souffrir lors des prochaines séances.

J’y suis pour rien si le type était un gros lourd !

Offusquée, je m’apprête à clamer mon innocence (toute relative) mais ma collègue est déjà partie, complimentant ma voisine, qui y va de son petit commentaire désobligeant :

- Merci, je m’applique à faire ce qui m’est demandé. La planche, pas la tente, haha.

Qu’elle continue comme ça et elle va voir le pied.

Au cul.

Le mien précisément.

C’est décidé, je ne l’aime pas !

C’est pas parce qu’elle est aussi féminine qu’Hulk qu’elle peut se permettre ce genre de réflexions ! Et Chloé qui rigole à sa “blague”...

Elle ne perd rien pour attendre !

Mes tentatives de discussion “vestiaire” avec le steak à mes côtés sont toutes très vite avortées, c’est tout juste si elle ne me demande pas de la fermer. Pourquoi elle ne va pas juste soulever de la fonte si elle refuse de parler avec les gens de son cours collectif ?

Les exercices s’enchaînent et Maud n’avait pas menti, elle n’est pas bavarde mais en revanche cette chère Salomé n’est pas avare en conseils non-désirés.

“Tu devrais te mettre plus comme ça”. “Tu n’as pas la bonne posture”. “Mouais, je ne suis pas sûre que ça fasse travailler grand-chose là”.

Si, ma patience.

Juste au moment où je pondère la possibilité de sa mort violente par strangulation (je ne suis pas sûre que mes deux mains suffiront à faire le tour de son énorme cou de taureau, d’où le temps de réflexion), Chloé lui sauve la mise :  

- On va clôturer la séance comme il se doit : des étirements !

On commence et je crois bien avoir trouvé le talon d’Achille de la montagne protéinée à mes côtés. Aussi souple qu’un parpaing, ses mouvements font franchement peine à voir.

Me parant de mon plus beau sourire mauvais, je lui dis :

- Plus bas, plus bas, il faut que ça étire !

Tout en sachant qu’elle ne pourra pas le faire.

Fort heureusement, ça ne l’empêche pas d’essayer, prenant ça comme un défi. Je jubile à la vue de la veine palpitante qui apparaît sur son front sous le coup de l’effort.

Elle semble satisfaite de son résultat, alors évidemment, je surenchéris dans un haussement d’épaules :

- Oh, bon, peut-être la prochaine fois !

Ce faisant, je me mets en position de grand écart frontal avant de m’allonger le long de ma jambe droite.

Elle fulmine, c’est évident.

C’est l’un des plus beaux moments de ma vie.

Si je pouvais, je la prendrais en photo.

Ma collègue m’arrête à nouveau dans le tissage de cette amitié bourgeonnante, demandant au groupe :

- Certains font du yoga ?

Quelques mains se lèvent et j'imagine que c'est la réponse qu'elle attendait :

- Alors c'est parti pour Adho Mukha Svanasana, la posture du chien tête en bas.

Personnellement, ça ne m'évoque rien du tout mais je suis apparemment l'une des seules, puisque quasi tout le monde se place à quatre pattes, avant de se relever petit à petit. Leur position finale est : penché en avant, mains au sol, à bonne distance des pieds et tête dans l'alignement du corps.

Ne tenant pas particulièrement à me retrouver à proximité du cul tendu d'inconnus, je m'écarte légèrement de la masse de corps avant de les imiter.

Chloé se déplace parmi nous d'un pas nonchalant, distillant quelques conseils par ci par là.

Je sursaute en sentant ses mains se poser de part et d'autre de mes hanches, me tirant vers son bassin et s’arrêtant juste avant que l’on entre en contact.

Elle a perdu la boule ou quoi ? Je n'ai pas signé de contrat indiquant que j'étais partante pour faire sa co-star de mime d'accouplement surprise !

Ignorant la réaction de mon corps devant son geste possessif, je relève la tête brusquement, prête à lui faire remarquer que contrairement à ce qu'elle a l'air de croire, elle n'est pas à l'abri d'une plainte pour harcèlement sexuel. J’ai à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’elle resserre sa prise sur ma hanche d’une main tandis que l’autre se place en bas de mon dos, faisant pression.

Ok ça va trop loin.

Si elle mime le geste de la fessée, je lui en colle une, auditoire ou pas.

Ils n’auront qu’à la coffrer elle pour les photos !

Affaire résolue, merci, au revoir.

Mes pensées meurtrières sont interrompues par sa voix :

- Il faut que tu alignes ton bassin avec ton dos, ton pubis est trop en avant.

Oh.

Elle me repositionne.

Je me sens stupide d’avoir pu penser qu’il s’agissait d’autre chose… Après tout, ce bateau a coulé depuis un moment maintenant. En même temps c’est sa faute, elle m’a déjà provoquée tout à l’heure !

Malgré tout, mon agressivité retombe comme un soufflé, remplacé par un autre sentiment sur lequel je n’arrive pas mettre le doigt.

Je me détourne, me replaçant face au sol. Chloé retire ses mains, me laissant avec une sensation de froid à la place.

On continue avec d’autres étirements et une fois terminé, je m’empresse de me rendre dans les vestiaires, espérant capter quelques conversations.  Chloé reste derrière pour échanger avec les abonnés et répondre à leurs éventuelles questions. J’espère qu’elle va avoir trouvé quelque chose, parce que j’ai hâte de pouvoir retourner à ma petite vie.

Tendant l’oreille, je prends mon temps pour me changer, mais excepté quelques ragots, il paraît vite clair que je ne vais rien apprendre d’intéressant.

Changée, je me dirige en direction de la sortie, essayant d’ignorer la vague de honte qui me traverse lorsque je vois que Gladys a repris son poste.

En chemin, je constate que Chloé est en grande discussion avec une superbe fausse rousse qui la trouve apparemment hilarante, à en juger par ses petits gloussements débiles. Levant les yeux au ciel, mon regard croise celui de Gladys à l’instant où il redescend.

Elle a l’air désolée pour moi.

Génial.

Maintenant non seulement elle pense que je suis du genre à fricoter dans les placards, mais qu’en plus Chloé est déjà passée à quelqu’un d’autre. Même pas 24 heures après.

La classe.

Ne supportant les généreuses pelletées de pitié que la réceptionniste est en train de m’adresser, je me dirige vers le distributeur de boissons. Alors que j’attends que la machine me livre ma bouteille d’eau, je jette un coup d’oeil à mon téléphone portable. Emilie m’a répondu :

T’es tellement sympa avec moi, je ne sais pas si je devrais t’aider… Mais ouais, jsuis au courant, tout le monde en parlait à son arrivée, tu vivais sous une roche ou quoi ?! Elle était biathlète, elle a fait les JO et tout !

Oh !

Ceci explique cela. Je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’oeil furtif à ma collègue. Athlète olympique ? Ça rigole pas.

Elle a l’air un peu trop à l’aise avec son interlocutrice.

J’ai fait la liste et je suis 100% certaine qu’il ne s’agit pas d’une suspecte.

Et même si sa voix est semblable au son d’ongles sur un tableau, niveau physique, je dois avouer que la nana est totalement irréprochable. Genre “madame, madame, vous vous êtes trompée de bâtiment, miss univers c’est à côté”, irréprochable.

J’ai envie d’aller interrompre leur idylle, partiellement parce que si je suis sympa, ça montrerait à Gladys que cette situation ne me dérange pas, partiellement parce que je ne suis pas convaincue que Chloé est effectivement en train de chercher à faire avancer l’enquête.

J’attrape vigoureusement la bouteille d’eau, sentant toujours le poids d’une paire d’yeux dans mon dos. Je ne sais pas si je devrais. Si jamais elle est réellement en train de bosser, elle pourrait s'agacer et je lui ai déjà éclaté la tête hier, il ne faudrait peut-être pas exagérer... 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Je viens juste de rattraper l'histoire, (de m'inscrire à la nexletter au passage poour ne plus rater une miette de tes histoires), et franchement, comme d'habitude j'adhère ! <br /> <br /> <br /> <br /> J'aime bien ce côté personnel que tu as d'écrire, un peu histoire racontée à quelqu'un en particulier. Tu jour et interpelle le lecteur, et le fait naturellement, j'aime beaucoup ! Merci, et j'ai hâte de lire la suite (même si je suis patiente et peu attendre la prochaine MàJ)
Répondre
A
Fait pas trop enfler ta tête alors, tu risquerais de t'envoler sinon 😂😂😂
Répondre
L
On prend pas une douche après le sport ? Merci pour ce chapitre générateur de bcp de sourires... Une ancienne athlète olympique carrément... Et pourquoi pas ? magie de l écriture après tout.
Répondre
É
Je lis et relis encore tes textes depuis des années... que dire? Tu me donnes une sensation extraordinaire à chaque fois. Je n’aime pas lire en réalité mais avec toi c’est différent. Des heures passent sans que je ne m’en rende compte tant tes histoires sont palpitantes et d’une fluidité déconcertante.<br /> <br /> Merci d’exister et de faire de ces moments les plus agréables de la semaine. Et je rejoins certains coms, c’est aussi existant que d’attendre la sortie de l'épisode de GOT! <br /> <br /> <br /> <br /> Merci merci merci
Répondre
N
J'ai qu'une chose à dire : " J'ai hâte de lire la suite " ! Et surtout, d'en apprendre encore plus sur Chloé et Claire. Leur passé ne cesse de m'intriguer...
Répondre
Publicité