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Fictions Lesbiennes :)
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15 novembre 2011

Chapitres 1 & 2

Chapitre 1

La sueur coule le long de ma tempe, mes jambes sont lourdes. Pourtant il faut que je coure. Ne pas s'arrêter, ne pas regarder…
Je ne sais pas vraiment où je vais, mais je sais ce que je fuis.
Mais pourquoi j'ai fait ça ? Je suis vraiment stupide ! C'est pas comme si j'avais pas assez de problèmes comme ça !

* * * * *

Je m'arrête au coin de la ruelle. Personne à gauche, personne à droite. De mon poing, je frappe le mur de toutes mes forces.
- Putain ! Où elle a bien pu passer ?
- Laisse tomber Jo, ça n'en vaut pas le coup. On l'aura pas !
Remettant mon uniforme de police en place, je regarde mon collègue avec colère
- Un jour, je l'aurai, je te jure ! Depuis le temps qu'elle me nargue !

Les clés viennent s'échouer dans le vide poche de l'entrée. Je jette avec nonchalance ma veste encore ruisselante sur le portemanteau déjà bien trop chargé.
Je me dirige vers la salle de bain, prête à laver les restes d'une journée de travail trop éreintante. Ma tête me fait un mal de chien. Mon front est orné d'une belle bosse qui me rappelle ma folle course poursuite dans les rues de la ville.
Quand je pense qu'une petite voleuse de pommes a osé m'en jeter une en pleine face ! Et j'ai même pas eu le temps de voir son visage !
La colère a maintenant fait place à l'amusement face au ridicule de la situation.

* * * * *

Je me retourne, prête à la voir juste derrière.
Personne.
Elle courait vite. J'ai beaucoup plus de facilités à larguer les autres balourds qui lui servent de coéquipiers. Mon souffle est encore court, mon cœur bat la chamade.
Elle a presque failli m'avoir cette fois.
À force de jouer avec le feu, il est fort possible que je me brûle !
À chaque fois je suis surprise de la voir… et je perds de précieuses secondes. C'est comme si elle savait en permanence où je suis.
J'ai toujours eu un faible pour les filles en uniforme, mais de la à risquer de me faire avoir comme ça !
Sans perdre plus de temps, je me remets en route. Après tout, je viens de jeter mon repas du soir à la figure de la plus craquante des flics de L.A…

* * * * *

Mes longs cheveux noirs encore dégoulinants, j'attrape la clé de la boite aux lettres pour relever mon courrier. Comme d'habitude, c'est le pire qui m'attend :
La facture de téléphone.
Je déchire très lentement le papier, déglutissant bruyamment, prête à faire mon malaise mensuel.
542 € !
- Cette fois t'as été trop loin ma vieille!
Me dirigeant à grands pas vers le fond du couloir, je suis prête à faire irruption dans la chambre de ma petite sœur, lorsque la porte s'ouvre.
Comme à son habitude, Anna est habillée façon hippie. Mais ce jour là, elle n'aurait jamais dû avoir un look je m'en foutiste.
Elle lève les yeux très timidement, sachant très bien pourquoi je suis venue la voir.
- Tu sais pour combien j'en ai eu cette fois ? 542 € !! Alors j'aurai une seule question : c'est une blague ?
- Nan mais tu sais bien, il fallait que j'appelle Céline, elle va pas bien et tout !
- Je m'en fous de ta copine, déjà qu'elle s'invite à manger et dormir chez moi trois fois par semaine, t'as pas l'impression d'abuser là ?
- On s'est engueulées, t'inquiète pas tu la verras plus. Et pis c'est bon, je te filerai 20 €uros ! Lâche moi t'es pire que maman !
- Cool, il me restera plus QUE 522 €uros à payer ! T'es trop généreuse ça te perdra ! Je vais te dire ce qui va se passer : soit t'arrêtes avec tes coups de fil à droite à gauche, soit justement, tu retournes chez maman vu que t'es si mal ici !
- … !
Me jetant au passage un regard assassin, Anna me bouscule pour sortir de sa chambre.
Cette gosse va me tuer ! Allez encore aider votre petite sœur !

* * * * *

Je croque avec plaisir dans la poire que je tiens en main et me souviens qu'il ne faut pas faire de bruit, les autres dorment sûrement déjà.
J'espère qu'ils m'ont laissé mon canapé !!!
CRAK !
Soupir. Je baisse les yeux pour voir, bien sûr, mon pied coincé entre deux des lattes du plancher vermoulu de la maison qui nous sert de squatt en ce moment. Su-per !
Pour la discrétion, je repasserai !
Bon, j'imagine qu'il ne me reste plus qu'à finir cette poire et voir ensuite comment me sortir de là !
Je tire un peu, le plancher n'a pas l'air disposé à me libérer. Tant pis !!
- T'es vraiment, mais alors vraiment pas douée ma vieille !!
Kim s'assied à côté de moi, regardant d'un air amusé mon pauvre pied toujours immobilisé.
- Plutôt que de te moquer, aide moi à sortir de là ! Et que ça saute !
- Ah tu le prends sur ce ton là ?
Elle commence à s'éloigner, avant que je ne l'attrape par la cheville
- Pitié ôôôô ma reine, tu es la plus belle et la plus tout ce que tu veux… aide moi…. !!!!
Elle semble hésiter un instant, donne un coup d'œil à mon air de chien battu puis s'accroupit :
- Une seule condition esclave ! Que tu me fasses don de ton corps ce soir !
- Avec joie madame ! dis-je avec un sourire complice.
Ses lèvres viennent rencontrer les miennes. Comme d'habitude, ses baisers ont un goût de menthe. J'aime sa façon d'embrasser, tendre et passionnée à la fois. Je me recule lentement.
- Hum, bon, tu m'aides à me sortir de là ou pas ?
Elle me sourit et va chercher une barre de fer rouillé.
- Ne bouge surtout pas !
Glissant la barre à côté de mon pied dans le trou du plancher, elle s'en sert pour faire levier. Le plancher se met à craquer, et enfin les lattes de bois daignent relâcher la pression sur ma cheville.
- Merci mon cœur !!!

* * * * *

Et c'est reparti pour une superbe journée de boulot !!
Jetant mon réveil en bas de la table de nuit, je me lève tout en m'étirant. Le nombre de craquements me rappelle le poids des années passées (ou les folies faites avec mon corps, au choix).
J'ai encore rêvé de la fille à la pomme. Comme si je n'y pensais pas déjà assez pendant la journée. J'espère que je vais la croiser aujourd'hui encore et avoir l'occasion de prendre ma revanche !
- Qu'est ce qui te fait sourire bêtement comme ça ?
Je lance un regard las à ma petite sœur, abandonnant l'idée d'une explication avant même d'y avoir songé.
- T'as été au pain vu que t'es debout ?
- J'ai une tête à aller au pain moi ?
Mais qu'est ce que je vais bien pouvoir faire d'une sœur comme ça ? C'est à croire qu'elle ne pense qu'aux filles et à faire la fête !
Prenant mon courage à deux mains, je me décide à sortir du lit. J'attrape le paquet de céréales dans le placard
- Tu ne vas pas chercher du pain ? Je préfère manger du pain le matin ! dit elle en faisant la moue.
- J'ai une tête à aller au pain moi ? lui réponds je, fière de moi
Comme souvent, j'essaie de faire un maximum de bruit en écrasant les céréales au chocolat entre mes dents. Ca ne sert à rien, ce n'est plus de mon âge, mais ça m'amuse !!
Mais c'est déjà l'heure d'aller bosser et même si la perspective d'aller retourner me coucher me paraît plus tentante, je n'ai pas vraiment le choix.
Rituel oblige, avant de sortir je jette un coup d'œil dans la glace.
Mais comment font les mecs pour résister ?
C'est vrai après tout je suis pas le genre de fille qu'on croise à tous les coins de rue. Avec mon mètre quatre-vingt et mes yeux très bleus… et cet uniforme de police qui a sans doute été conçu spécialement pour moi…
- Pas de doute ma belle t'en jettes un max.
- Ca c'est clair que tu t'en jettes un max de fleurs !
Le regard noir que je lance à ma petite sœur est atténué par la honte d'avoir parlé à voix haute. Ca m'apprendra !

Chapitre 2

oup d'œil à droite, puis à gauche… Personne, j'y vais.
Je m'élance hors de la ruelle sombre vers l'épicerie qui fait le coin. Je me retrouve rapidement devant l'étal et prends une pastèque en même temps que mes jambes à mon cou.
Déjà tout sourire à l'idée de me goinfrer, je m'engouffre dans un coin d'ombre, avant de plonger de nouveau dans l'anonymat des ruelles mal famées.
Epuisée, après 5 minutes de course à pied, je décide qu'il est l'heure de manger.
Même pas un cri, pas une alerte, aussi rapide que l'éclair, personne ne m'a vue ! Je m'améliore!
Mes fesses viennent lourdement s'écraser sur le béton. Couteau suisse en main, la pastèque vit ses derniers instants. Je jette un ultime coup d'œil à ma victime avant de lever le bras, prête à donner le coup de grâce !
- Tu devrais faire attention tu risques de te blesser !
Certaine d'avoir fait un bond d'au moins 2 mètres, je regarde dans la direction de la voix.
Oh non !! Oh non non !!
- Pourtant je crois avoir déjà prouvé mon adresse l'autre jour. dis-je, espérant secrètement détourner l'attention.
- Tu m'as eue par surprise, ça n'arrivera plus. Et j'aime autant te prévenir que le lancer de pastèques est nettement plus dur.
Elle a un sourire pour lequel je serais prête à me damner. Mais l'heure n'est pas aux pensées lubriques. Je dois réfléchir à une manière de m'en sortir.
Calculant aussi vite que possible les diverses alternatives qui s'offrent à moi, je décide de choisir la plus sage. La fuite !!
Elle est grande, visiblement sportive et je ne connais pas bien ce coin de la ville. Dans quelle direction aller ?
Il est temps de faire confiance à ma chance légendaire.

Pastèque sous le bras (hors de question d'abandonner mon butin), je m'élance rapidement dans la direction opposée à mon idéal féminin.
Un millième de seconde plus tard, je l'entends se mettre en route. Elle n'a pas été longue à réagir.
J'ai beau avoir à peine 20 ans, j'ai l'impression d'avoir autant de fougue qu'une mamie.
Arrivée à une intersection, je tourne à gauche.
Un cul de sac.
Fallait que ça m'arrive maintenant.

Je me retourne, prête à affronter le regard triomphant de ma poursuivante. Pour le coup, je ne me suis pas trompée.
Elle avance vers moi lentement, sachant pertinemment que je n'ai plus aucun moyen de m'enfuir.
Game over.
Ses yeux brillent d'une lueur que je n'arrive pas à définir. De la joie ? Une envie de vengeance ?
Sa démarche est souple et féline.
Reste concentrée. Tu dois réfléchir.
C'est vrai que les formes que laisse entrevoir son uniforme laissent songeuse !
Reprends-toi !!!

À peine suis-je sortie de mes pensées, je me rends compte qu'elle est désormais trop proche pour espérer avoir une chance de l'éviter.
À un mètre de moi, elle continue toujours à avancer. Je me sens la proie d'un terrible prédateur. Elle stoppe alors que dix petits centimètres nous séparent encore.
Lentement, comme pour refermer la cage et insister sur sa victoire, elle me plaque dos au mur en posant ses deux mains contre celui-ci.
Je n'avais vraiment pas besoin de ça !
Mes yeux descendent dangereusement vers l'endroit où les boutons de sa chemise semblent prêts à sauter. A ce niveau de proximité, je ne réponds plus de rien.
- J'ai gagné.
Je hausse les sourcils, étonnée.
- C'est quoi mon gage ? Des beaux bracelets ?
- Assez tentant comme proposition, mais là je n'ai été témoin de rien du tout.
Le sourire me vient aux lèvres.
Elle voulait juste gagner. Prendre sa revanche. > - Donc au final on fait quoi?
-
Au final ça fait que tu m'accompagnes jusqu'à mon cher collègue, et qu'on verra ensuite.
Madame la flic sexy ou comment briser tous mes espoirs en une demi seconde.
-
Le fait d'être craquante ne fait pas toujours tout officier… Je n'ai pas l'habitude de suivre les inconnues. Je suis désolée d'avance.
Rapidement, je viens poser mes lèvres sur les siennes. Comme je l'avais espéré, elle a un mouvement de recul.
J'en profite pour passer sous son bras et courir vers ma liberté.


* * * * *

Et dire que je l'avais attrapée !
Mais cette fois encore elle m'a eue.
N'empêche que c'était déloyal !
Je me demande ce qui a bien pu lui passer par la tête.
L'idée ne me serait même pas venue à l'esprit je crois !!
Mes doigts viennent à ma bouche, comme pour me confirmer que ça a bien eu lieu. C'est comme si le contact avait duré des heures. J'ai l'impression de toujours sentir ses lèvres contre les miennes.
Mais pourquoi elle a fait ça ? Il y avait d'autres moyens pour s'en sortir. Je n'avais aucune preuve contre elle.
Bref, on ne va pas chercher à comprendre !!

Grâce à je ne sais quel miracle, je retrouve ma voiture de fonction en seulement 5 minutes. Karl est toujours à l'intérieur, toujours avec ses beignets à la confiture, pour changer.
- T'en fais une drôle de gueule ! T'as vu un monstre ?
- Pire encore, j'ai eu une vision de toi nu !!
Visiblement, ma petite blague ne le fait pas rire. Mais, en parfait gentleman, il enfouit ses insultes dans sa gorge en même temps qu'un gros beignet.

* * * * *

-
Oh puta**, oh puta** ! Mais qu'est-ce qui m'a pris !
Bon, euh reste calme, au moins ça t'aura permis de t'enfuir.
Et pis c'est pas comme si tu regrettais…
Un petit sourire songeur se glisse sur mes lèvres. Après tout ça en valait le coup !
Je suis sûre que dans d'autres circonstances… ça pourrait être très agréable…
Laura, arrête de penser des trucs comme ça !
Et moi qui croyais qu'avec la fin de l'adolescence, tous nos problèmes hormonaux étaient résolus…
Je ralentis l'allure, c'est plus la peine d'aller si vite, je l'ai laissée sur place. Bon, j'ai un peu mauvaise conscience à l'idée de ce que j'ai fait à cette pauvre fille en deux jours. Entre la pomme en pleine tête et le baiser…
- Je devrais peut-être m'excuser… Ou au moins essayer…

Une idée de génie me vient à l'esprit. C'est un peu crétin, c'est prendre beaucoup de risques pour pas grand-chose mais ça le fait.

* * * * *

-
J'en ai marre de ces histoires de voisinage. C'est toujours pareil avec celle-là ! dit Karl tandis qu'on retourne à notre voiture.
- Tu m'étonnes. Si j'ai pas entendu cette femme se plaindre 1000 fois du bruit que fait son voisin, c'est un miracle !
- C'est son ex… m'annonce-t-il en mâchouillant son chewing-gum, l'air inspiré.
- Qui ça ?
- Le voisin… c'est son ex. Son ex mari même…

Un petit rire m'échappe. Ca explique pourquoi elle en a autant après lui…
Karl déverrouille les portières et je m'affale avec soulagement sur le siège passager. Un coup d'œil à la montre du tableau de bord: 18h08. Courage, c'est bientôt fini.
Karl pointe un truc du doigt en rigolant :
- On dirait qu'on nous a filé une prune !

Je regarde le bout de papier coincé sous notre essuie glace. Qui pourrait être assez con pour nous coller un PV ? C'est même pas une voiture banalisée !
J'ouvre la portière et attrape le bout de papier en question.

- Ché quoi ? dit Karl finissant d'enfourner Dieu seul sait quoi dans sa bouche.
- Attends, je te dis ça !
Je déplie le bout de papier froissé.
J'y crois pas…

Juste parce que je suis bien élevée.
Désolée pour la pomme… et pour vous savez quoi…
Mais si vous arrêtiez de me suivre aussi…

J'arrive pas à m'empêcher de rigoler. Elle a de l'humour au moins. Et elle est gonflée !

* * * * *

Ca fait longtemps que j'ai pas revue mon " amie " la policière sexy. En même temps, ça vaut sûrement mieux, au vu de mes petites provocations…
Ca l'a fait sourire ceci dit ! Je revois encore la scène : son collègue qui pointe le papier du doigt, elle qui l'attrape, perplexe, qui le lit et…ahhhh… ce sourire !!

Laura, reprends-toi !
Et puis tu l'as même plus vue depuis ce jour là !!

* * * * *

Le soleil caresse ma peau à travers le feuillage des arbres du parc. Ca fait longtemps que je n'ai pas pris un peu de temps pour moi.
Faut dire que mes horaires de service ne sont pas vraiment arrangeants ces derniers temps…
En même temps, si je n'étais pas sortie aujourd'hui… c'est vrai quoi, il fait beau, je déguste une glace au chocolat dans un parc… que demander de plus.
Sans même m'en être rendue compte, je me retrouve devant un groupe qui fait un spectacle de rue. Un petit attroupement se forme autour d'eux.
J'avise un banc du coin de l'œil quelques secondes avant d'aller m'y asseoir.
Je mange distraitement ma glace en observant les passants. Certains rient, d'autres tirent une tête pas possible. D'autres encore ont l'air perdu ou intrigué.

Soudain, quelque chose au loin attire mon attention. Non….
Je me penche un peu, comme si j'allais mieux voir, mais je sais déjà que je ne me suis pas trompée.
C'est elle.
Elle est assise sur un banc avec des amis à elle, à, à peine une vingtaine de mètres de là où je me trouve.
Elle ne m'a pas repérée, alors je me réinstalle contre le dossier du banc, continuant à l'observer, sans savoir pourquoi. Je n'ai même plus envie de chercher à comprendre. Pour une fois, il est temps pour moi de suivre mes envies.

Je réalise qu'elle est vraiment jolie et semble pleine de vie. Elle rit beaucoup, a l'air assez heureuse.
Elle dégage quelque chose d'enfantin, de pur. Pourtant ce que j'ai vu d'elle ne correspond pas vraiment à l'image… Un sourire me vient naturellement aux lèvres et je suis certaine d'avoir l'air crétin au possible.

Alors que je la contemple, je la vois froncer les sourcils, tourner la tête et regarder quelque chose au sol. Je suis l'endroit que ses yeux sondent.
Une petite vieille vient de faire tomber son portefeuille. Ma curiosité est piquée.
Je me demande ce qu'elle va faire.
Sans hésiter, elle se lève et s'empare de l'objet. J'aurais du m'en douter !
Quelque part, tout au fond, je suis déçue.

Pourtant, à ma grande surprise, je la vois courir après la mémé. Elle lui tape sur l'épaule et lui rend son bien. La vieille femme est ravie et la remercie vivement.
Elle ne s'est même pas servie ! Elle est… honnête !

Mon sourcil droit se lève et je sais très bien que j'ai cette expression, à moitié entre l'incrédulité et l'interrogation.
Décidément, elle ne fait rien comme les autres cette fille !
Je reprends mon inspection, de plus en plus intriguée…
Elle retourne auprès de ses amis qui ont l'air au moins aussi intrigués que moi. Elle répond à leurs questions en passant sa main dans ses cheveux, d'embarras. Elle bredouille quelques mots, jouant avec la terre un peu sableuse sous ses pieds.

Même de là ou je suis, je remarque qu'elle change soudain de sujet
Rien qu'en la regardant parler, je suis à peu près sûre qu'elle est loin d'être bête. Le moins qu'on puisse dire est qu'elle captive son auditoire. Ils n'ont d'yeux que pour elle tandis qu'elle raconte une histoire à grand coups de gestes des mains.
Sans crier gare, elle tourne la tête dans ma direction et son regard vient directement capter le mien. Mon cœur manque un battement avant de reprendre à toute allure. Je déglutis tant bien que mal.
Oups !

* * * * *

Je savais bien que je me sentais observée ! Je ne suis pas encore dingue !

C'est elle
. Même sans son uniforme je la reconnaîtrais entre mille. Et personne n'a des yeux aussi bleus.
On se regarde comme ça, pendant une seconde, ou une éternité, je ne sais pas et ça m'est complètement égal.

- Laura ? Ca va ? Tu nous fais quoi là ?
Kim me regarde de façon étrange, se demandant visiblement quelle mouche vient de me piquer.
Les autres attendent que je continue mon histoire, je le vois bien, mais pour l'instant il m'est impossible de détacher mes yeux d'elle.
On s'inspecte, on se détaille, on se jauge. Je crois que je l'intrigue.
Et puis, tout à coup, elle me sourit. Pas un sourire ironique ou méchant, non, un vrai sourire. Le même qu'on ferait à une amie. Quelques secondes de plus et je la vois se lever de son banc.

Elle se dirige dans ma direction, de sa démarche souple et féline. Ses yeux n'ont pas quitté les miens un seul instant. Le monde peut bien s'arrêter de tourner, je ne suis même pas sûre que je le remarquerais tellement j'ai l'impression d'être avalée dans son regard. Je reste captivée quelques secondes, comme hypnotisée, avant de réaliser : Elle vient vers moi !

Un vent de panique me parcourt de bas en haut. Je me lève, dis un vague " à plus " aux autres qui ont recommencé à discuter et fais quelques pas à reculons.
Elle lève une main, comme pour me faire signe d'arrêter, de l'attendre.

Peut-être qu'elle veut me dire un truc…
Arrête de rêver Laura, elle veut te coffrer ! Tire-toi de là !

Des heures plus tard, j'erre toujours dans les rues, perdue dans mes pensées. La nuit commence à tomber sur la ville et mes pas me guident tout naturellement vers ma " maison ".
Arrivée à proximité, j'entends des voix. Ce n'est pas Kim, à moins qu'elle ait subitement mué et ce ne sont pas des voix connues.
Je me colle au mur et tente de jeter un œil à travers la porte délabrée. Je vois des hommes en cercle autour d'un grand blond tout tatoué et d'un petit gros au teint mat.
Hey mais qu'est-ce qu'ils font là ces abrutis ?
Il y a des gros bras partout. Je tente de voir combien ils sont exactement, ou d'écouter leur conversation. Mais je n'entends pas bien.
Je colle mon oreille à la porte, un peu trop brusquement. Elle bouge à peine, mais dans un grincement épouvantable.
Oh oh ! Réfléchis vite ma vieille!!

Je pousse la porte, comme si de rien n'était, comme si je n'avais pas vu qu'ils étaient là. Avec un peu de chance, ils se diront que je viens d'arriver et que j'ai, à peine, eu le temps de les voir.
J'ouvre de grands yeux en les regardant. Le blond fait un geste et deux gorilles que je n'avais pas vus m'attrapent…
C'était peut-être pas un bon plan…

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Commentaires
T
Je me suis relancée dans la lecture de cette fiction, et le début me fait toujours autant sourire ! La bonne nouvelle pour moi : j'ai un souvenir très très vague de l'histoire. Une vraie redécouverte qui m'attend.
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M
C'est pas mal .. Je vais lire la suite !
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