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Fictions Lesbiennes :)
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16 novembre 2011

Chapitres 13 & 14

Chapitre 13

Le cours est enfin terminé. C'était sympa, même si j'avais les idées mal placées. Mon corps contre celui de Laura, Laura allongée sur moi, les petits gémissements qu'elle poussait quand elle faisait un effort…

ARGHHH *bave*

Johanna, contrôle-toi et n'oublie pas le mot d'ordre : Hétérosexuelle … jusqu'à nouvel ordre.

- A quoi tu penses qui te fait sourire bête comme ça ?

Je remarque alors que Laura me regarde, amusée. Je prends vite un air tout à fait innocent avant de répondre :

- A rien du tout !

Si tu savais !

J'ai envie de lui dire tout ce que je ressens, tout ce que j'aimerais partager avec elle. Seulement je ne peux pas. Non seulement je crains un refus et j'ai déjà bien trop peur de me l'avouer à moi-même, mais elle revient à la maison et je n'ai pas envie qu'elle change d'avis à cause de ça. J'ai vraiment peur de la perdre. Rah, je m'énerve à être sentimentale tout d'un coup. Je dois être malade, je vois que ça, une fatigue passagère.

Comme pour me narguer, mon esprit me met les paroles de " la maladie d'amour " dans la tête.

Si même moi je suis contre moi maintenant !

Elle ouvre la porte de l'appart et se retourne vers moi, le sourire aux lèvres :

- Jo… ça te dit de louer un film ?

- Oui, pas de prob, t'as envie de quoi ?

- J'hésite entre les filles du botaniste et Loving Annabelle…

- Je connais ni l'un ni l'autre !

- Sacrilège, inculte !! Il faut remédier à ça ! dit-elle, l'air outrée.

Elle attrape son sac, se tourne vers la sortie puis s'arrête, fait demi-tour et me dépose un bisou sur la joue.

- C'est pour te faire patienter !

Je porte la main à ma joue. C'est bien la première fois que j'ai droit à un bisou gratuit qui soit vraiment gratuit.

J'entame une petite danse de joie, bien vite interrompue par l'arrivée de Kim et Anna. Elles remarquent la petite veste de Laura et les quelques affaires posées là dès qu'elles ont passé la porte.

- Je savais qu'elle finirait par revenir, dit Kim. Ça y est, elle t'a tout avoué ?

- Euh non… Pourquoi, elle est censée avoir quelque chose à me dire ?

- Oh non non, c'était juste comme ça !

Mais qu'est ce qu'ils ont tous à dire ça ? Qu'est ce qu'elle ne m'a pas dit ?


Anna a l'air mal à l'aise et change de sujet.

- T'as passé une bonne journée aujourd'hui ?

- Oui nickel et vous, vous avez fait quoi ?

- Oh ben on a été faire du roller et puis on a été se balader un peu et on est rentrées. Et toi ?

- Ben j'ai croisé Laura par hasard pendant le boulot, je lui ai demandé de me rejoindre ce soir, j'espérais qu'elle m'explique mais elle n'avait pas l'air bien motivée.

- Sincèrement Jo, t'as vraiment pas la moindre idée de la raison pour laquelle elle était partie ? dit Anna, l'air de dire que c'est d'une évidence…

- Ben non comment je le saurais ?

Kim et Anna se regardent en souriant d'un air entendu.

- Vous êtes aussi bigleuses l'une que l'autre, il faut croire !

Sur ce, elles sortent prendre l'air.

 

Non ça ne m'énerve pas que tout le monde sache quelque chose que j'ignore ! Ça m'agace, je dois savoir !!!

Je décide d'aller prendre une douche histoire de me détendre pour éviter d'étriper Laura dès son retour.

 

*          *         *         *          *         

 

- ME REVOILA !!!

Ben elle est où ?

J'entends le bruit de la douche et sourit intérieurement. J'aimerais bien la rejoindre…

Laura, arrête de penser à des trucs comme ça ! Ca suffit ! Self control !


Je contourne le canapé pour allumer la TV et mettre en route le lecteur DVD.

- Ah te voilà ! Je me disais bien que j'avais entendu quelqu'un rentrer !

Surprise, je me retourne pour voir Jo, encore trempée, enroulée dans une serviette de bain. Elle a l'air furieuse. Elle s'approche de moi tout en me pointant du doigt. Je me demande ce que j'ai encore bien pu faire.

- Toi… Tu vas me dire ce que tout le monde sait sauf moi.

- Euh… Jo, je suis pas sûre de comprendre de quoi tu parles là.

En fait, je n'en ai pas la moindre idée.

- Oh, ne fais pas l'innocente… Pourquoi tout le monde me demande si tu t'es enfin décidée à me parler ? Qu'est-ce que tu me caches ?

Ah... ça...

 Je baisse la tête, pour lui cacher ma surprise.

- Hé bien euh… il... euh… trouve quelque chose à dire Laura, vite !

Mon regard fuit désespérément le sien, cherchant un moyen de me sortir de cette situation.

- Tu cherches un bobard, je le vois ! Laura… la vérité maintenant… dit-elle, sa voix descendant un ton plus bas.

Bon… le tout pour le tout… gulp…

- Ok. Si tu veux tout savoir, ils pensent qu'on va finir ensemble et se demandent juste quand on va se décider. Apparemment ils sont tous d'accord sur le fait que je suis celle qui aurait quelque chose à dire.

Aha, tu t'y attendais pas à celle-là hein ? T'as voulu la vérité, tu l'as.

 

La seule chose qui parvient à sortir de sa bouche est un petit " Oh… ". Elle se met à rire nerveusement, se grattant l'arrière de la tête. Elle est visiblement très mal à l'aise.

Le fait qu'elle soit toute gênée me fait plaisir quelque part. Bien fait !

-  Ca expliquerait pas mal de choses n'empêche… dit-elle au bout d'un moment.

Oh, minute… Est-ce qu'elle est en train de dire que c'est tout à fait probable que quelque chose se trame entre nous ?

 

Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle me fait un petit sourire timide et se dirige vers la salle de bain. Je suis sûre qu'elle s'est retenue de courir.

 

Je sors le DVD des filles du botaniste de sa boite et l'insère dans le lecteur. Je m'affale sur le canapé, encore sous le choc. Nan… T'as sûrement mal compris Laura…

Au bout d'une minute, tout est en place. Jo arrive et s'assied à côté de moi.

- On commence ? demande-t-elle.

- Au cas où tu n'aurais pas remarqué, c'est surtout toi que j'attendais ! dis-je tout en pressant le bouton lecture. J'ai pris les filles du botaniste, l'autre n'était pas dispo !

 

J'observe Jo du coin de l'œil lorsque, pour la première fois dans le film, on comprend que les deux filles sont amoureuses l'une de l'autre. Elle esquisse un sourire entendu, bien vite dissimulé dès qu'elle remarque que je l'observe.

 

Dès que le générique de fin se met à défiler, je demande :

- Alors ça t'a plu ?

- La fin est affreuse...ment belle ! dit-elle.

 

Je remarque qu'elle a les larmes aux yeux. Même si j'étais dans le même état la première fois que j'ai vu ce film, je ne résiste pas à la tentation :

- Oh, mais tu pleures ! dis-je, d'un ton moqueur.

- Roh ! Tais-toi et viens me faire un câlin pour me consoler. ça t'apprendra à me faire regarder des films tristes.

Je ne me fais pas prier et me jette à moitié dans ses bras. On se retrouve allongées, je suis sur elle, dans ses bras et étrangement je me sens à ma place.

Bon, alors demain je commencerai une liste de tous les films tristes au monde, en prévision de locations à venir. Ouais, ça c'est une bonne idée.

 

            *          *          *          *          *

 

Oh non, qu'est-ce que je viens de proposer… Pourquoi pas lui demander autre chose tant que j'y étais ? Heureusement qu'elle n'a pas dit non ou hésité, j'aurais pas su où me mettre…

J'ai un peu honte de prétexter avoir besoin d'être consolée, je m'en serais très bien remise toute seule. Bah, c'est sûrement ça qu'on appelle l'opportunisme !

 

Son odeur parvient à mes narines. Pourquoi il faut qu'elle sente aussi bon ? Est-ce qu'elle se rend seulement compte qu'elle ne m'aide pas vraiment ?

On ne dit pas un mot pendant quelques minutes. Je finis par rompre le silence :

- A quoi tu penses ?

-  J'ai envie de framboises… me répond-elle.

Je ris doucement.

- C'est quand la dernière fois que t'as eu tes règles ? T'as couché sans protection avec ton petit ami récemment ?

- Ah ah très drôle ! me répond-elle. Et puis de toute manière, je préfère les filles !

Elle me regarde et me tire la langue. Vraiment chou !

Elle bouge, se relevant un peu et à ma grande surprise se réinstalle contre moi. Je la serre doucement dans mes bras et profite du moment. Elle se blottit encore un peu plus en poussant un léger soupir de contentement.

J'essaie de calmer mes émotions, de peur que les battements de mon cœur ne me trahissent.

Ma main esquisse de lentes caresses sur son épaule. Elle a la peau toute douce…

 

Je ne sais pas combien de temps on reste comme ça, je suis juste bien, j'ai besoin de rien d'autre. Je me contente de respirer ce parfum que j'aime tant et de faire durer la situation tant que possible.

Au bout d'un moment, j'ai l'impression que sa respiration se ralentit. Non, elle s'est quand même pas…

Je bouge un peu ma tête pour voir son visage. Elle a l'air si paisible…

De ma main, je remets en place une mèche de cheveux blonds qui lui tombe sur le visage. Le mouvement semble avoir rendu mon épaule inconfortable et elle se réajuste dans un petit grognement. Sa cuisse vient se placer pile sur mon entrejambe.

Oh non... pas ça...

En plus, ça ne peut pas arriver le jour où j'ai mis un pantalon doublé ! Nonnnnn ça arrive le jour ou mon pantalon est tellement fin que je sens le moindre courant d'air !

Je regarde en l'air, maudissant intérieurement le fabricant.

Bon, Jo… t'es plus une enfant… contrôle-toi un peu !

J'essaie de faire abstraction de la délicieuse pression appliquée. Au bout d'une minute, je n'en peux plus et tente de me dégager. Juste un peu, quelques millimètres feront l'affaire.

Une fois encore, mademoiselle n'est pas satisfaite de ma nouvelle position. Elle se remet comme avant, sa cuisse peut-être encore davantage mal placée.

Je ne sais pas si c'est parce que j'ai super envie d'elle, là maintenant tout de suite, ou si c'est parce que… bon je vois que ça comme explication, mais je suis presque sure de pouvoir sentir sa cuisse bouger quasi imperceptiblement au rythme de sa respiration. Et c'est déjà trop.

Jo, calme-toi… c'est une fille, tu ne peux pas avoir envie d'elle.

Je sais pas si c'est pour me contredire ou parce que je psychote, mais j'ai l'impression de sentir une humidité croissante entre mes cuisses.

Ok, j'abdique.

Je la soulève délicatement, la prenant dans mes bras et je vais la mettre sur mon lit. Attends Jo, tu veux quand même pas la laisser dormir toute habillée, si ?

Merci la petite voix, t'as toujours de bonnes idées

 

            *          *          *          *          *         

 

- Allez encore un petit effort, on y est presque ! Lève la jambe un peu plus haut Linda, le but n'est pas de s'économiser !

Je continue à faire les mouvements en rythme avec la musique, alors que ma seule envie est de m'allonger et de dormir. Vivement que ça se termine !

 

Je m'approche de Pierre, qui fait visiblement ses mouvements à moitié. Ma main attrape sa jambe et je la lui lève jusqu'au point voulu.

- Là, tu vois ?

- Oui mais ça tire un peu quand je le fais, je suis pas souple !

Parce que lever sa jambe de plus de 10 cm du sol nécessite une once de souplesse ? Mon regard exprime toute la lassitude que je peux avoir envers lui. C'est toujours la même histoire, je me demande même pourquoi il vient s'il ne veut pas faire les exercices correctement.

- C'est le but, c'est comme ça que tu sens que ça travaille.

Je retourne à ma place, écoutant distraitement la chanson.

 

Pourquoi dans les salles de sport, ils passent obligatoirement des musiques énergiques pour les séances d'aérobic ! C'est vrai, un slow de temps à autre, c'est aussi bien niveau tempo. Bon, pour le coup c'est peut être la feignasse en moi qui parle.

Déjà que d'ordinaire je suis distraite par le fait que toutes mes pensées convergent vers Jo, si en plus on ajoute la fatigue, rien ne va plus.

En plus, je suis quasiment sûre de m'être endormie sur elle hier soir, même si ce matin j'étais dans le lit, en pyjama, j'ai absolument aucun souvenir d'avoir bougé. Et aussi d'habitude, je ne mets pas de sous-vêtements sous mon pyjama…

L'illumination me vient d'un coup : Ça veut dire qu'elle a mis ses mains sur moi hier soir et que j'ai même pas pu profiter de la sensation, trop occupée à dormir comme une souche ?

Où est le mur le plus proche que je m'y frappe la tête ?!

Un peu (beaucoup) frustrée, j'ai un regain d'énergie soudain et commence à bouger sur un rythme qui n'a absolument rien à voir avec celui de la musique, jusqu'à ce que je remarque les regards interrogateurs en face de moi.

Je fais comme si de rien n'était et reprends l'enchainement, bien décidée à rester concentrée.

 

Bien sûr, je n'ai pas loupé le petit sourire en coin de Charlène. Pourquoi faut-il que ma boss lise en moi aussi facilement. Je suis sûre qu'elle sait à quoi je pensais !

Un coup d'œil à la montre : 17H30. Yihaaaaa ! En plus Jo ne devrait pas tarder maintenant, elle a dit qu'elle passerait me faire un coucou en sortant du boulot !

J'arrête la musique et dis :

- C'est fini pour aujourd'hui ! Merci d'être venus, même chose demain même heure !

Je les regarde quitter la salle, enviant ceux qui EUX, sont libres de s'en aller. Courage, encore un cours et c'est fini !

 

Ne résistant pas aux appels que me lance un fauteuil qui a l'air super confortable, je traverse la pièce et m'affale dedans. J'ai même pas commencé à ne rien faire que j'entends la voix de Charlène depuis l'entrée :

- Laura, ramène-toi, vite !

Intriguée, je vais aussi vite que possible voir ce qu'elle veut. J'ai même pas fait un pas dans la pièce que je comprends.

Oh non…

 

Là, à la télé, est écrit en gros titres : prise d'otages à la WV Bank. Sur l'image prise par une caméra de surveillance, on voit très distinctement Jo dans les bras d'un type, un flingue posé sur sa tempe.

Mon sang ne fait qu'un tour. Pourquoi il fallait que ça soit elle ? Je sens que je commence à paniquer quand Charlène rajoute :

- T'inquiète pas, apparemment la police est en route, ça va aller !

Ça ne me rassure pas du tout ça !

- Tu veux dire que, quand il aura saisi qu'il est foutu, il va être dix fois plus stressé et qu'il risque de faire n'importe quoi ?

Elle me regarde et se tait. Elle a dû comprendre que ça ne sert à rien de me parler pour l'instant.

Chapitre 14

Oh le con !

Ca m'apprendra à rendre service à Karl. Va juste déposer un chèque pour moi s'il te plait, après je te ramène chez toi, ça te prendra que 5 minutes, mon banquier me hait, s'il me voit j'en ai pour des heures et gna gna gna !

Et maintenant je me retrouve dans les bras d'un type qui pue comme pas permis et pointe un putain de calibre sur ma tempe. Si je m'en sors, dans l'ordre :

Je tue Karl

J'envoie du parfum et une savonnette à M. Monde derrière moi

Je réanime Karl pour le tuer à nouveau.

 

Et en plus j'avais dit à Laura que je passerais la voir après le boulot. Je risque d'être en retard…

Je sens bien que le gars est super stressé alors je m'efforce d'être aussi calme que possible. Ca me prend toute la bonne volonté du monde mais j'écoute ce qu'il me dit sans broncher :

- Ecoute-moi attentivement ma belle, je vais te lâcher et tu vas bien sagement aller fermer les rideaux, t'as compris ?

Je hoche la tête doucement et m'avance vers les persiennes en question. Cet abruti se doute même pas qu'il y a des caméras de sécurité ou quoi ? Mis à part se foutre dans le noir, ça va pas changer grand-chose. Je vais à celle la plus proche de la sortie quand j'entends :

- Et essaie pas de te tirer ou je les bute tous !

Et en plus c'est un crétin ! Ca m'enrage de ne rien pouvoir faire.

Je revois encore la scène : il arrive dans la banque où il y a tout juste 3 clients, deux guichetiers et moi, sort son arme et nous fait un remake d'un mauvais film en disant : les mains en l'air ! Et filez-moi le fric et vite !

 

Je regrette d'être passée me changer avant de rentrer, sinon j'aurais au moins eu mon flingue. Et il t'aurait butée en voyant un flic, ça n'aurait pas servi à grand chose !

 

Je termine de tout fermer et reste en place, bien sagement. Il transpire à grosses gouttes, sachant très bien qu'il a plutôt intérêt à réussir son coup s'il ne veut pas finir en taule.

Je me demande quand même ce qui a pu le pousser à faire ça. C'est vrai, c'est un gars de quoi, allez, un mètre soixante-dix, la trentaine, des lunettes et un look de bouseux avec son costume au haut deux fois trop grand pour lui et au pantalon taille enfant.

Peut-être qu'il fait ça pour s'acheter des fringues !

 

Il n'a pas vraiment le profil type du fou furieux à première vue, même s'il a quand même l'air d'avoir du muscle.

Sa main doit être moite et je vois bien que sa prise sur le flingue n'est pas assurée. Il suffirait d'un seul instant et…

En restant là où je suis, près des portes et à l'opposé de l'endroit où se trouvent les autres otages, je l'oblige à sans cesse tourner la tête.

- Retourne avec les autres, tout de suite !

J'avance doucement vers lui, concentrée sur la main qui tient l'arme. Je sens l'adrénaline monter et mon cœur se mettre à battre de plus en plus vite. Je passe à côté de lui quand on entend des sirènes de police. L'alerte a été donnée.

 

Paniqué, il détourne son attention de moi pour regarder la porte avec inquiétude. Il ne m'en fallait pas plus. Mon pied vient frapper sa main, lui faisant lâcher le revolver. Il se retourne vers moi.

- Sale pute !

Je ne m'attends pas à ce qu'il soit si rapide et j'ai tout juste le temps de tourner un peu la tête quand je sens son poing s'écraser sur ma mâchoire. Je vais avoir un gros bleu demain.

Les otages ne savent pas quoi faire et regardent l'arme au sol, à un mètre de lui comme de moi. Il tourne la tête vers eux et leur lance :

- Bougez pas, je la termine et je m'occupe de vous. Le premier qui tente quoi que ce soit-

Mon poing vient s'écraser en plein dans son visage et j'entends avec satisfaction le bruit caractéristique d'un nez qui se brise tandis qu'il arrête de dire des conneries.

Fallait pas me quitter des yeux, abruti !

Le choc l'a fait se tourner en direction du flingue et je sais avant lui qu'il va essayer de l'attraper.

Mon pied vient le frapper à l'arrière du genou et il s'écroule lourdement. Je me rue vers l'arme mais sa main m'attrape la cheville et je tombe à mon tour. Le temps de reprendre mes esprits, il est à cheval sur moi et me tire par les cheveux pour frapper ma tête contre le sol.

Il recommence l'opération. Personne ne semble décidé à venir m'aider alors que ma tête commence à sérieusement tourner. Je le vois qui se relève et veut passer par-dessus moi pour s'emparer du revolver.

Même à moitié inconsciente, aucune fille n'oublie jamais le point faible numéro 1 des gars. En se levant, il expose son entrejambe sans même s'en rendre compte. Grossière erreur. Ma main droite vient agripper sa virilité et je serre ce point précis de toutes mes forces.

Je suis à peu près certaine d'avoir un sourire de satisfaction sur le visage tandis qu'il hurle de douleur.

Mon sourire disparaît alors qu'il me frappe au visage comme il peut. Je sens le goût du sang dans ma bouche mais je ne lâche pas prise tout de suite. Mon autre bras tire sa jambe. Je me relève et le pousse, le faisant tomber dans le mouvement. Alors qu'il est dos au sol, je le vois jeter un œil vers l'arme et tendre le bras. Elle est à quelques centimètres seulement de sa main. Sans perdre plus de temps, je lui colle une droite dont il se souviendra toute sa vie, en plein dans l'arcade, avant de me précipiter pour saisir le revolver avant lui. Ses doigts vont s'enrouler autour de la crosse quand je lui marche sur la main, lui faisant lâcher prise et je me penche pour attraper le flingue. Il retire son bras de sous mon pied, me déséquilibrant et je tombe en avant.

A peine ai-je touché le sol qu'il se jette sur moi.  Ses deux mains viennent entourer ma gorge. La prise est serrée, ça ne sent pas bon pour moi. L'air commence déjà à me manquer. Je réalise tout à coup que mes doigts touchent quelque chose.

Le canon.

La chance ne m'a peut-être pas totalement abandonnée après tout !

Ma prise se resserre et j'abats la crosse du revolver à l'arrière de son crâne. Il s'écroule sur moi, inconscient.

Je le pousse en toussant, me relevant tant bien que mal. Je crache un filet de sang, reprenant mon souffle, tandis que mes collègues rentrent en trombe dans la banque.

L'adrénaline coule toujours dans mes veines, mon cœur bat la chamade.

Je jette un dernier regard vers le braqueur, satisfaite de savoir que je m'en tire beaucoup mieux que lui. Son nez est vraiment dans un sale état, tout comme doit l'être son entrejambe, et il va avoir un sacré mal de tête au réveil. 


Karl m'attrape sous le bras et m'aide à sortir de là alors que j'ai encore la tête qui tourne dangereusement.

- Plus jamais je te rendrai service, sache-le Karl !

Il rit et m'amène vers les médecins.

 

C'est sûr, je vais être en retard !

 

*          *          *          *          *         

 

Soulagée, je vois les policiers passer les menottes au gars alors qu'il reprend doucement conscience. J'en reviens toujours pas. Jo, ma colocataire, vient de foutre une raclée à un braqueur !

Bon, le combat ne ressemblait pas vraiment à ceux qu'on voit dans les films mais on ne peut pas tout avoir. Surtout que la prise " casse noisettes " façon Jo est assez peu orthodoxe.

Le journaliste prend la parole  " On apprend que les victimes sont emmenées à l'hôpital St James où une cellule de soutien psychologique a été mise en place "

- Quel soutien psychologique ? Ils ont rien foutu, ont même pas bougé le petit doigt quand elle se battait contre ce gars ! S'ils s'étaient sentis si en danger que ça, ils auraient fait quelque chose !

Mon ton scandalisé fait sourire Charlène. Elle se tourne vers le tableau au mur, décroche mes clés et me les tend.

- T'as deux minutes pour aller la voir avant que je ne change d'avis !

- Mais, Charlène et mon cours ?

Elle fait un geste de la main, pour me chasser comme si j'étais une mouche, avant de dire :

- Allez, file !

Bon, si elle insiste ! Après tout, qui suis-je pour discuter les ordres de ma patronne ?

 

15 minutes plus tard, je suis devant l'accueil de l'hôpital. La secrétaire me fait un sourire tout ce qu'il y a de plus commercial avant de demander :

- Bonjour Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour euh, je cherche mon amie, elle a dû arriver il y a peu, elle était sur les lieux du braquage à la WV Bank !

Elle baisse ses lunettes aux montures rouges pour me regarder par dessus, suspicieuse. J'ai presque l'impression de pouvoir lire " Personne n'a daigné poser ses mains sur moi depuis des années " écrit en lettres d'or sur son front.

Au bout de quelques très longues secondes, mon antipathique interlocutrice me demande :

- Vous êtes de la famille ?

Elle est sourde ou quoi, je viens juste de dire que je suis une amie !

- Je suis euh… sa… colocataire…

- Alors je suis désolée mais je ne peux pas vous fournir ce genre de renseignements.

Elle se réinstalle au fond de son fauteuil, croisant les bras, tout sourire.

Hum… En plus elle est contrariante. Tant pis, on va tenter autre chose. Plan B.

- Je suis SON amie… sa… colocataire… vous voyez ??

Je tente d'expliquer ma pensée en parlant avec les mains et en faisant un regard explicite.

Bon, ok, c'est un vilain mensonge, mais pas tant que ça si on y réfléchit ! Je suis vraiment sa colocataire et son amie. Juste pas SON amie.

Toujours est-il que ma petite ruse semble fonctionner sur la secrétaire qui ouvre grands les yeux et la bouche. On peut clairement voir que l'idée vient de la percuter. Pas fute-fute dans son genre.

- Le… hum… au bout du couloir à gauche.

- Merci !

Un sourire satisfait sur les lèvres, j'emprunte le passage indiqué.

A peine arrivée, je la vois.

Aouch, ça avait l'air moins… bleu… à la télé !

 

Je tente de garder un minimum de self control, histoire de paraître civilisée et de ne pas me ruer sur elle. Elle me sourit timidement alors que je m'agenouille à ses côtés.

- Ca va ?

Je ne peux pas empêcher une petite grimace en la regardant. Du bout des doigts, je parcours l'énorme bleu qui orne sa mâchoire.

- Il y a pas été de main morte.

Elle me fait un petit sourire malicieux avant d'ajouter :

- Moi non plus !

- Ca tu m'étonnes ! Rappelle-moi de jamais t'énerver !

Je recule en faisant semblant de me protéger, comme si elle allait me frapper. Elle rit avant de prendre un air menaçant et de frotter sa main sur le haut de ma tête, me décoiffant joyeusement au passage.

- En tout cas Jo, ne t'avise plus jamais de me refaire un coup comme ça ! J'ai cru que j'allais avoir une attaque quand je t'ai vue dans ses bras !

- Et encore, toi t'avais pas l'odeur ! Et pis fais pas ta jalouse comme ça !

 

*          *          *          *          *         

 

Je termine ma phrase par un clin d'œil, histoire de l'agacer un peu plus.

Elle me regarde un instant, perplexe. Puis un sourire étire ses lèvres lorsqu'elle me réplique, l'air mauvais :

- Tu m'as quand même posé un lapin pour aller t'acoquiner avec un inconnu, devant des milliers de personnes !

Je sens mon sourcil droit se lever malgré moi :

- M'acoquiner, tiens donc ! Bon, … euh... désolée pour le retard quand même !

Levant ses yeux au ciel, elle me dit :

- Ne sois pas bête ! Allez viens là !

Je me réfugie avec plaisir dans l'étreinte qu'elle m'offre. Toute la tension que j'avais accumulée s'en va en une fraction de seconde… 

Depuis le couloir, une femme aux lunettes rouges nous regarde les bras croisés avec un air de dégoût profond affiché sur le visage.  C'est quoi son problème à elle ?

Et comment on peut avoir l'air aussi mal bai… pas baisée du tout ?

 

Mes pensées sont interrompues par Laura qui se recule à peine, me renifle l'épaule et dit :

- Ah oui, je vois ce que tu voulais dire par l'odeur !

- EHHHH !!

Je la pousse doucement et croise les bras sur ma poitrine comme la charmante femme que j'observais quelques instants auparavant. Elle me secoue un peu :

- Oh allez Jo, t'as pas vraiment envie de bouder… Je le sais… 

Bon, peut-être bien, mais je ne te ferai pas le plaisir de l'admettre. Je tourne la tête, la regardant du coin de l'œil et tire la langue.

- Tu ne serais pas en train d'essayer de m'exciter par hasard ? Parce que si c'est le cas…

Horrifiée, je sens son index venir caresser ma mâchoire. Mes yeux s'ouvrent en grand.

Elle va me tuer !

- Mais … mais PAS DU TOUT ! Qu'est ce que tu racontes… Et puis ça te ferait trop plaisir...

- T'as dit quoi là ?

- Moi ?... rien du tout…

Je m'empêche de siffloter, ça ferait un peu louche. C'est le moment ou jamais de lancer les habiles changements de sujet dont j'ai le secret :

-  Ca te dit pas de rentrer ? J'ai envie d'être au calme… Et puis les médecins m'ont déjà examinée…

- Ouais, t'as raison, j'ai eu une rude journée !

En disant ça, Laura se tourne vers moi en souriant. Elle reste aussi gonflée qu'au premier jour !

Un sourire se dessine sur mes lèvres sans que j'aie aucun contrôle dessus.

Faut croire que certaines choses ne changeront jamais !


 

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