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Fictions Lesbiennes :)
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7 octobre 2012

Chapitre 1

Si la peur des conséquences éloigne parfois du mal, elle éloigne beaucoup plus souvent du bien.

Charles Wagner

 

 

Mon nom est Fanny Klein, une jeune femme tout ce qu’il y a de plus ordinaire dans une merde noire.

À vrai dire, je ne sais pas comment j’en suis arrivée là. Enfin si, ce que je veux dire c’est que ce n’était pas prévu. Ma blondeur a peut-être un rôle là-dedans, mais je n’ai absolument rien vu venir.

Mais voilà.

Ça a commencé.

Et maintenant, à moi d’en assumer les conséquences, quelles qu’elles soient.

 

 

-          Je suis rentrée !

Je jette mes clefs dans le vide-poche machinalement, étant d’une précision diabolique à force d’entrainement. 

Une fois mes chaussures et mon manteau retirés j’entre dans le salon pour y trouver Julien, mon fiancé, planté devant son PC. Je lui dépose un baiser sur le haut du crâne avant d’aller m’asseoir sur le canapé.

-          ‘Jour chérie, ça a été aujourd’hui ?

-          Fatiguant, mais rien de plus que d’habitude.

Je ne prends pas la peine de lui retourner la question. Je sais pertinemment qu’il a cherché du boulot environ 10 minutes ce matin et a ensuite joué toute la journée sur le PC.

J’attrape un paquet de chips dans le tiroir de la table basse et allume la télé.

-          J’ai enfin eu mes jambes S10 ! dit-il plein d’entrain.

-          Hum cool.

À vrai dire, je m’en fous totalement. Mais j’ai remarqué que si je réponds quelque chose dans ce goût là il ne va pas en rajouter, tandis que si je pose des questions sur la signification de « S10 » j’en ai pour une bonne demi-heure.

Alors que la télé passe pour la millième fois la saison 1 de Charmed, je repense à ce que Anna, la responsable du département Management m’a dit.

Pour remplacer M. Zakorski, brillant professeur de négociation, ils nous ont trouvé une jeunette fraichement diplômée.

OK, c’était mon cas il y a deux ans aussi, mais n’empêche. Ce type est une légende de l’enseignement qui prend une retraite largement méritée. En plus, il a un net penchant pour les sucreries, ce qui m’arrangeait bien vu qu’on partageait le même bureau.

Perdre les bonbons ET me voir annoncer que je suis l’heureuse élue à qui incombe la tâche d’intégrer la nouvelle à l’équipe me ravit. Pas.

Le babysitting commence dès demain. Comme si l’approche imminente de la rentrée ne suffisait pas à occuper mes journées.

M’enfin, si ça se trouve elle est sympa et on va s’entendre à merveille.

 

  * * * * * 

 

[Le lendemain matin, à la fac]

 

Je lève les yeux au ciel avant de rentrer dans le bâtiment. Il fait beau c’est déjà ça.

D’un pas pressé, je me dirige vers mon bureau. Autant régler ça tout de suite. Je ne peux pas appliquer ma philosophie de « ne jamais remettre à demain ce qu’on peut déléguer » pour le coup. J’espère au moins qu’elle sera ponctuelle.

Une dernière inspiration et j’ouvre la porte.

Mes yeux vont directement se poser à l’endroit où se trouve le bureau de mon ancien collègue. Le siège en cuir est tourné vers la fenêtre et quiconque est assis dedans regarde à l’extérieur.

-          Premier jour et déjà on songe à s’enfuir ?

Le fauteuil remue sous l’effet d’un rire et une chaude voix féminine me répond :

-          Non, je me disais juste que je préfère largement être de ce côté de la barrière.

Je souris à cette idée. Elle n’a pas totalement tort.

Le siège indique ses souffrances par un grincement tandis qu’elle se tourne pour me faire face.

Mon regard est rivé à ce que je pense être l’une des plus belles femmes que j’aie jamais vue.

Comment suis-je censée l’apprécier si en plus de ne pas me donner de quoi me goinfrer elle est superbe ?

Elle se lève, laissant ses longs cheveux d’un brun très foncé cascader sur ses épaules dans un mouvement que certaines marques de shampoing seraient sans nul doute prêtes à breveter.

Mes yeux remontent de sa main tendue à ses bras légèrement musclés, à son sourire sincère et enfin à deux pupilles d’un marron profond, quasi noir.

Je lui serre la main machinalement, tandis que j’essaie de retrouver l’usage de la parole. C’est la première fois que je rencontre quelqu’un d’aussi… Intense. Je veux dire cette femme transpire le charisme.

-          Erin, enchantée. dit-elle

-          Fanny, de même.

Ok, ce n’est qu’un petit mensonge. Je ne suis pas vraiment ravie de son arrivée. D'autant plus que vu son physique, je m’attends à voir la totalité des étudiants défiler dans notre bureau sous de faux prétextes rien que pour avoir l’opportunité de la reluquer un peu plus longtemps.

Étant donné qu’elle s’est présentée en me donnant uniquement son prénom, j’imagine que j’ai le droit de la tutoyer. Au pire, elle me le dira.

-          Je suis celle chargée de te faire découvrir le campus… Tu es prête pour un tour ?

Elle se dirige vers la porte, ouvre celle-ci et annonce :

-          Après toi.

Au moins, ça a le mérite d’être clair.

 

  * * * * *

 

Fourbue, je rejoins Nico au café. Comme d’habitude, mon meilleur ami est en retard. J’investis donc la place qu’on occupe à chaque fois, un banc placé au fond de la pièce. En l’attendant, je joue avec le décor. Cet endroit est un bar à rhum le soir, et il y a toutes sortes de mixtures dans des bocaux derrière la barmaid, du coup les proprios ont décoré le lieu comme… une genre de cabane d’alchimiste. En tout cas pour avoir testé leurs décoctions, pas étonnant qu’Obélix veuille toujours de la potion magique si elle a ce goût-là !  

Après quelques minutes durant lesquelles ma patience est mise à rude épreuve, Nicolas arrive enfin. 

Un sourire parcourt mes lèvres en voyant les têtes des femmes se retourner sur son passage. Il a beau approcher la trentaine, il fait toujours jeune et son succès ne décroit pas.

Généralement, celles qui l’ont pour professeur sont enviées par toutes les autres. Il se penche et m’embrasse sur la joue avant de s’asseoir face à moi, souriant.

-          Salut beauté !

-          Coucou ! Ça a été ta journée ?

Il fait signe au serveur de lui amener son habituel cappuccino et passe la main dans ses courts cheveux bruns :

-          Crevante. Comme d’habitude, aucune des choses que j’avais demandées n’a été faite. Et toi ? T’as rencontré la nouvelle ?

Il se penche en avant, ses yeux verts pétillant à l’idée que je lui raconte un ragot.

-          Ouais. Je suis rassurée, elle a l’air sympa !

-          C’est cool alors, je suis content pour toi.

Il pose sa main sur la mienne et je me retiens de rire en voyant les regards dépités de ses prétendantes face à ce geste.

Lui en revanche ne remarque rien. En même temps c’est peut être mieux ainsi. Il a le chic pour tomber amoureux des mauvaises filles et finit le cœur brisé jusqu’à rencontrer la prochaine princesse pas-si-charmante-que-ça. Je suis la seule femme qui arrive à rester dans sa vie. La plupart de nos collègues sont d’ailleurs persuadés qu’il y a  quelque chose entre nous. Personnellement, ça m’est égal et je sais que ça donne un peu de répit à Nico et son cœur d’artichaut, alors on s’est mis d’accord sur le fait de ne rien déclarer et les laisser croire ce qui leur plait.

-          Dis m’en plus sur elle !

-          Il n’y a pas grand-chose à dire tu sais, je viens de la rencontrer.

Il sirote son cappuccino puis me demande :

-          Je ne sais pas moi, de quoi vous avez discuté, à quoi elle ressemble ?

Je ne peux retenir un sourire face à la curiosité maladive qui le caractérise.

-          On a parlé de tout et de rien, de ce qu’elle a fait avant d’atterrir ci, de boulot etc… Et physiquement… Pfiou !

Je fais un geste de la main supposé dire « c’est quelque chose ». Nico hausse ses sourcils, une expression étonnée sur le visage.

-          À ce point ?

-          Tu verras par toi-même.

Il plisse ses yeux d’un air inquisiteur et finit par s’enquérir :

-          Très bien… Et alors, d’où elle vient ? Elle a fait quoi avant ?

-          Bah de ce que j’ai cru comprendre elle a tout juste obtenu son diplôme et a récemment déménagé ici pour le boulot.

Armé de la cuillère, il remue distraitement le contenu de sa tasse.

-          Nouveau départ, pas d’amis, début de carrière, je suis passé par là. Je garde un bon souvenir de mon entrée dans la vie active perso. C’est à ce moment-là qu’on s’est rencontrés.

Il termine en posant sa main sur la mienne, un air faussement amoureux sur le visage.

-          Très drôle le tombeur. Et elle bossait déjà pour payer ses études.

-          Qui te dit que je plaisante ? Et c’était quoi comme job ? Serveuse, vendeuse, un truc dans le genre ?

-          Certainement le fait que tu aies préféré me présenter Juju plutôt que de tenter ta chance ! Nan, elle faisait des photos, du mannequinat pour des affiches.

Il siffle, visiblement admiratif.

-          Eh ben… Elle doit valoir le détour.

Même si la plastique de certains mannequins est plus que discutable selon moi, pour le coup tu n’as pas idée à quel point tu peux avoir raison mon pauvre Nico.

Peut-être que cette fois c’est la bonne nana, qui sait. 

 

  * * * * *

[Le jour de la rentrée]

 

J’arpente le couloir, les bras chargés de dossiers qui tiennent dans un équilibre plus que précaire. Alors que je tente de jongler avec le tout afin d’ouvrir la porte, ma collègue, ayant apparemment entendu mes « pas si discrets » jurons, me précède à la tâche.

-          Bonjour ! Et merci ! Même pas besoin de dire sésame ouvre-toi.

-          Salut ! Pas de problème ! En même temps, ne t’attends pas à trouver des trésors ici. J’ai fouillé partout, pas la moindre pièce d’or frappée Jules César, pas même une amphore ou deux.

Je lui offre un sourire tandis qu’elle me déleste de quelques charges pour aller les poser sur mon bureau déjà bien rempli. J’observe les piles de paperasse qui recouvrent mon espace de travail et soupire. Elle hoche la tête comme pour agréer et annonce :

-          Et l’année n’a même pas encore commencé !

-          Non en effet ! Alors comment ça va ? Tu te sens prête ?

Elle pose une fesse sur son bureau, joue machinalement avec le contenu de son pot à crayons et me dit :

-          Prête oui, mais surtout stressée.

Je ne peux retenir un petit sourire. Je ne me souviens que trop bien de la sensation, après tout ce n’était pas il y a si longtemps. Farfouillant dans ma poche, je lui jette un bonbon, qu’elle attrape à une main. Cette fille a des réflexes. Face à son air intrigué, je lance :

-          Tiens, une dose de courage.

Elle sourit devant mon geste, dévoilant un sourire Colgate extra white. Le genre qui vient de me faire perdre 3 points à chaque œil tellement il est éblouissant !

-          Merci. Et toi, comment tu te sens ?

-          Déjà overbookée j’en ai peur. J’ai du mal à gérer le stress de la rentrée, des exams et… des périodes entre ces deux événements. Sauf les vacances. Sur ce plan là j’assure je dois dire !

-          Comme je te comprends. Perso j’évacue en me dépensant.

Je mets un peu d’ordre dans mes montagnes documentaires et me dirige vers la petite table où trône la machine à café.

-          Ah oui ? Tu fais quoi ? T’en veux un ?

-          Non merci. D’ordinaire je faisais des sports collectifs, mais cette année j’ai envie d’essayer quelque chose de différent. J’ai vu qu’il y avait possibilité de pratiquer le jet-ski sur le lac, ça me tente bien d’autant que j’ai déjà le permis.

Je me retourne vers elle en faisant des yeux ronds comme des soucoupes. Je n’y crois pas !

-          Tu déconnes ? Ça fait des mois que je pleure pour que quelqu’un m’accompagne !

Ses yeux pourtant si sombres pétillent légèrement lorsqu’elle répond d’un ton guilleret :

-          J’imagine que tu as trouvé ton cobaye ! Enfin si tu veux bien de moi !

C’est bête, je sais, mais je suis tellement contente que je dois retenir mon irrépressible désir de la prendre dans mes bras pour l’y broyer ! Expliquer son décès par la suite pourrait s’avérer délicat. Depuis le temps que j’avais envie de tester !

-          Bien sûr que oui ! Et puis ce sera l’occasion de faire encore plus connaissance !

Finalement, je crois que le départ en retraite de M. Zakorski n’est pas une si mauvaise chose !

En plus, elle a son permis jet-ski, ce qui signifie que je n'aurai pas à serrer la taille d’un quelconque moniteur inconnu !

 

* * * * * *

 

Nico pénètre dans l’appartement sans frapper et vient me retrouver directement dans la cuisine, où je suis en train de préparer le repas. Il me sort d’un ton faussement réprobateur :

-          Tu devrais vraiment fermer cette porte ! Un jour, un cinglé pourrait rentrer !

Je lui jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et lance :

-          On dirait bien !

Fière de moi, je ponctue le tout d’un petit sourire narquois. Comme je l’ai bien eu !

Il s’approche, me fait un bisou sur la joue et attrape mes épaules, me faisant me tourner vers lui :

-          Pourquoi tu ne m’en as pas dit plus !?

Mes sourcils se froncent involontairement. Mais de quoi il parle ? Je suis la première personne à lui apprendre qu’il a un problème mental ? Impossible !

Il lève les yeux au ciel, n’ayant pas besoin de m’entendre vocaliser ma confusion pour comprendre :

-          J’ai été à ton bureau après les cours, je pensais que tu finirais plus tard - soit dit en passant je constate que certaines ont été plus gâtées que d’autres question emploi du temps - et je suis tombé sur Erin.

-          Oh, je vois ! On en est déjà au stade des prénoms…

Je frétille des sourcils dans l’unique but de me foutre de lui. Il me frappe au bras et continue son histoire :

-          Te moque pas ! Mais… pourquoi tu ne m’as pas dit qu’elle était si…

Il avance son visage vers moi et écarquille les yeux. Essayant de comprendre ce que ça peut bien signifier, je penche la tête sur le côté. Peut-être que sous d’un autre angle… Voyant que ça n’aide pas, je demande :

-          Euh, je ne suis pas sûre de savoir ce que tu entends par ça !

-          Tu vas me faire croire que le fait que ta collègue soit sympa, brillante ET ultra canon t’a échappé ?

-          Non, mais ça je te l’ai dit !

Nico me regarde comme si j’avais perdu l’esprit :

-          Ce que tu m’as tout juste mimé c’était un euphémisme ! Erin c’est LA femme, elle a tout pour elle !

Un peu mal à l’aise et pour tout dire, habituée à l'entendre tenir ce genre de discours, j’acquiesce tant bien que mal, espérant qu’il ait raison cette fois. Et puis oui j’ai vu qu’elle est belle au point de faire passer n’importe qui à côté pour du papier peint, mais ça fait pas de moi une spécialiste en goûts de mecs :

-          Euh ouais, j’imagine que c’est le cas ! J’ai envie que ça marche pour toi, mais s’il te plaît, essaie de pas t’emballer trop vite, je voudrais pas te voir souffrir à nouveau.

N’ayant visiblement pas tenu compte de ma réponse, il trottine en direction du salon, me laissant plantée là en déclarant :

-          T’inquiète pas ma petite rabat-joie ! Faut absolument que j’aille annoncer la nouvelle à Juju.

Une fois seule dans la pièce, je me surprends à avoir un sourire mitigé. Je me sens comme une mère dont le fils s’emballe pour sa première petite copine. D'un côté, on est heureuse pour lui, de l’autre on le voit grandir et s’échapper du bercail.

Oui bon, je sais que Nico n’est pas mon enfant, mais c’est ce que je ressens je n’y peux rien ! Ce n’est pas rare de le voir s’enthousiasmer pour une femme, mais d’ordinaire il évite comme la peste celles du boulot.

Il ne reste plus qu’à espérer que les choses se déroulent pour le mieux.

 

* * * * *

[Une semaine plus tard]

 

Je lève le nez de ma pile de fiches en entendant quelqu’un entrer en trombe dans le bureau. Un coup d’œil plus tard, je lance un :

-          Salut !

-          Coucou ! Juste une question, tu peux t’éclipser un moment ?

-          Euh… Ouais pourquoi ?

Elle me décroche un superbe sourire avant de se ruer dans ma direction. Elle vient se placer derrière moi et saisit ma tête pour me tourner le visage en direction de la fenêtre.

-          Tu vois ça ?

Perplexe, je réponds d’un ton qui trahit mon incertitude :

-          La cour ?

-          Non, regarde plus haut.

-          Le ciel ?

-          Exact !

Elle me relâche et fait le tour du bureau. Puis, pose ses mains de part et d’autre du meuble, à la manière d’un inspecteur qui s’apprête à conduire un interrogatoire.

-          Et ? Tu en déduis quoi ?

Je fixe le ciel pendant 15 bonnes secondes, ne trouvant absolument rien à répondre, avant de tenter un :

-          Qu’il n’y a pas de nuages ?

-          C’est ça ! Il fait super beau ma vieille ! Alors, je me suis dit qu’avec l’été indien auquel on a droit, toi et moi on pourrait en profiter pour aller un peu sur l’eau. Une balade, ça te tente ?

Erin termine sa phrase dans un sourcil levé accompagné d’un petit sourire en coin.

Rien qu’à la manière dont mon visage s’illumine à cette idée, je crois qu’elle connaît ma réponse. Elle attend néanmoins que je réplique :

-          Laisse-moi juste le temps de prendre mes affaires !

-          J’avais espéré que tu dises ça !

Elle va s’asseoir dans son siège et me regarde ranger mon fourbi à la hâte avec un amusement non dissimulé.

Au bout d’un délai bien trop court pour quelqu’un qui aurait mis de l’ordre avec soin, j’annonce fièrement être prête.

Elle me fait un sourire radieux et prend ma main. On sort du bureau et j’ai à peine le temps de fermer celui-ci à clef qu’elle m’entraine au pas de course vers les abords du lac.

Pour l’occasion, elle a attaché ses longs cheveux bruns en une queue de cheval un peu lâche.

Après même pas dix minutes de marche, nous nous approchons de la cabine de location que j’ai toujours observée de loin. La bâtisse est séparée en deux, un coin pour acheter de quoi grignoter et à boire suite à l’effort et l’autre réservé à la réservation des jet-skis.

-          Tu as déjà mangé ? me demande-t-elle avec un signe de la tête en direction du troquet.

-          Oui, puis de toute manière il ne vaut mieux pas risquer l’hydrocution. Toi ?

-          Ouais ! Et tu n’as pas confiance en mes talents de pilote ? Je ne compte pas te jeter à l’eau tu sais… Quoique maintenant que tu le dis, je devrais pouvoir négocier avec certains élèves…

Elle fait semblant (du moins j’espère) de considérer l’idée jusqu'à ce que je lui lance un regard noir :

-          Je t’entrainerais dans ma chute, n’en doute pas une seconde.

-          Loin de moi cette idée !

Nous nous approchons de l’homme qui tient la boutique. Environ la cinquantaine, il est plutôt bedonnant et son surpoids lui donne un air jovial.

-          Bonjour mesdames ! Que puis-je faire pour vous ?

-          Nous aimerions louer un jet-ski et deux gilets de sauvetage.

-          Pas de problème !

Après une courte concertation, nous décidons de l’utiliser pendant une petite heure. Vu que la période estivale est terminée et que le travail et les cours ont repris, il n’y a pas d’autre client et nous pourrons certainement garder la machine un peu plus longtemps si jamais l’envie nous prenait.

Le loueur est déçu en apprenant qu’aucune de nous ne se serrerait contre lui étant donné qu’Erin a son permis. Au moins avec elle je suis certaine de réussir à faire le tour du pilote avec mes bras !

C’est seulement arrivée au niveau des cabines d’essayage que je réalise un léger souci. Je suis en jupe moulante en polyester accompagnée par des collants opaques et un petit haut, pas vraiment l’ensemble adéquat pour faire du sport.

J’enroule ma main autour de l’avant-bras d’Erin, stoppant sa progression.

-          Y a un problème ?

-          Quoi ?

-          Regarde comment je suis habillée…

Son regard me parcourt de haut en bas et je regrette soudainement d’avoir parlé. Je suis gênée, sachant très bien qu’elle inspecte ma tenue, mais ayant l’impression d’être « mise à nue » quand même.

Soudain, elle se met à sourire et me lance :

-          Ah je vois, madame a peur que sa jupe ne remonte, dévoilant ses dessous au monde entier !

Immédiatement, je sens une chaleur envahir mon visage. Je n’ai pas besoin d’un miroir pour être certaine que je rougis. Je la déteste, elle l’a fait exprès.

J’ai la confirmation en apercevant son air triomphal. Je fais semblant d’être exaspérée et demande :

-          Ça t’amuse ?

-          Oui, beaucoup !

Ses yeux noirs pétillent d’un plaisir non dissimulé et je me surprends à sourire à mon tour. Retrouvant son sérieux, elle m’annonce :

-          T’inquiète pas, j’ai pensé à tout. J’ai pris un short pour toi !

-          Trop aimable. Et si jamais je ne suis pas correctement épilée ?

J’ai beau avoir une jupe, elle m’arrive au-dessus du genou, alors même si ça n’est pas le cas, ça aurait pu être un vrai problème !

Elle marque une pause, ne s’attendant visiblement pas à ma réponse :

-          Ben euh… Je ne t’imaginais pas comme ça. T’auras qu’à te balader fourrure au vent ça tiendra chaud !

Rien que pour le commentaire sur ma pseudo fourrure, je décide d’en remettre une couche, je vais bien finir par l’avoir, non mais !

-          Ah parce que tu m’imagines ?

Et BIM !

Je suis immédiatement récompensée par le plus beau phare auquel il m’ait été donné d’assister. Forcément, je suis obligée d’éclater de rire, n’entendant qu’à moitié sa tentative de justification.

-          C’est pas ce que je voulais dire, enfin si, mais pas dans ce sens-là…

Elle marque une pause, avant de reprendre, me lançant un regard noir.

-          Très drôle, vraiment !

Je hoche la tête, ne faisant pas confiance à ma voix. À tous les coups, j’aurais ri.

Elle recherche quelques secondes dans son sac à dos et me tend un short noir de taille plutôt minimaliste. Je lève un sourcil en constatant la superficie de tissu du vêtement, mais me retiens de commenter. C’est déjà bien gentil à elle d’avoir pensé à me prendre quelque chose.

Je n’ai pas dû être aussi discrète que je l’aurais cru puisqu’elle ajoute :

-          Fanny, si tu t’inquiètes à l’idée qu’un étudiant puisse te voir en short, même à distance, tu n’as pas à t’en faire.

-          Pourquoi ça ? Tu disposes d’un filtre d’invisibilité dont j’ignore tout ?

Elle rit à ma blague pourtant pourrie et rétorque :

-          Non, mais je possède une arme tout aussi efficace.

Du bout de son doigt, elle balance un bikini rouge miniature.

-          C’est ÇA ta tenue ?

Je n’essaie pas d'empêcher mes yeux de s’écarquiller. Elle compte vraiment porter ÇA, si près de son lieu de travail ?

-          Exact ! Il fait chaud et j’aurai le gilet de sauvetage quoi qu’il arrive. 

-          Tu veux que les étudiants fassent la queue au bureau tous les jours dans le secret espoir de te voir avec presque rien sur le dos ? Non parce que si ça se produit je te préviens que l’entrée sera payante ! Et pas question qu’on partage les profits !

Ses lèvres s’étirent en un sourire coquin et elle me fait un clin d’œil avant d’annoncer :

-          Fallait me le dire si tu voulais des shows privés.

Je la déteste.

 À son air satisfait, je sais qu’elle l’a fait exprès.

-          Allez, file te changer, j’ai hâte de commencer !

Elle me fourre le short dans les bras et me pousse en direction de la cabine la plus proche.

J’y entre et me débarrasse rapidement de mes habits, troquant volontiers jupe et collants pour un short, si petit soit-il.

Je ressors après quelques instants pour constater qu’elle a été encore plus rapide que moi. Je la soupçonne de porter des vêtements à scratch.

Mes yeux parcourent sa silhouette. Ouep… Pas de doute, elle a de quoi faire du striptease !

Elle doit faire quoi ? Un bon C, au moins. Cette femme a un corps parfait. Je me demande combien Nico serait prêt à payer pour être à ma place en cet instant…

C’est à cet exact moment, celui où je louche ouvertement sur son décolleté avec un sourire en coin en pensant à mon meilleur ami que j’entends un raclement de gorge.

Immédiatement, mes yeux se relèvent et vont se poser sur ses cheveux.

Oui, je compense un peu trop peut-être, mais je ne voudrais pas qu’elle se fasse de fausses idées, surtout si je dois passer la prochaine heure plus collée à elle qu’un papillon de nuit dégueu à la lumière.

Minute, l’analogie ne me plait pas. Pourquoi je me suis donné le rôle ingrat ?

Bref, vous avez saisi.

J’ignore son petit sourire et dis d’un ton innocent :

-          J’aime beaucoup la couleur, ça te va bien.

Ce qui, en soi, n’est pas un mensonge. Loin de là.

Nous nous approchons de la berge, où le loueur a déjà préparé un jet-ski pour nous. Je le vois reluquer ouvertement Erin, que ça n'a pas l'air de déranger. Elle enjambe la machine puis se retourne vers moi, tout sourire, avant de tapoter le siège de sa main.

L’homme me regarde ensuite et je dois me retenir de lui tirer la langue en m’installant derrière elle.

Un doux parfum de shampoing aux fruits me parvient lorsque sa queue de cheval effleure mon visage. Elle se tourne légèrement vers moi et me tend le gilet de sauvetage.

À la manière qu’elle a d’enfiler le sien, je vois qu’elle est visiblement habituée. Mes dons d’imitatrice s’arrêtent là étant donné que je ne suis pas fichue de m’harnacher.

Après quelques secondes d’impatience, elle se retourne pour me faire face sur le siège.

Je lui offre un sourire timide, me sentant mal à l’aise et incapable.

Compréhensive, elle me dit :

-          Je suis passée par là moi aussi. Regarde.

Elle pose sa main sur la mienne et l’écarte des attaches pour la mettre sur son épaule. Elle s’attelle à serrer les différentes boucles. Ayant terminé, elle demande :

-          Ça va comme ça ?

Je détache un instant mes yeux de la tâche pour venir rencontrer son regard. D’un mouvement de la tête, j’acquiesce. Je n’ose pas me reculer, mais je suis tout sauf à l’aise dans cette situation.

-          Nickel alors, t’es parée !

Elle me sourit et à cette distance, je remarque que ses yeux, quasiment noirs à l’extérieur de la pupille, sont d’un marron noisette au centre. C’est super joli et ça donne une intensité que j’ai rarement vue dans un regard. Malgré moi, je fais une fixation là-dessus qu’elle brise en me faisant un clin d’œil complice, avant de se retourner pour s’installer convenablement sur l’engin.

Du coin de l’œil, je constate un regain d’intérêt de notre « ami » pour nous. J’en connais un qui se fait déjà des films et risque de bien dormir ce soir, du moins faire de beaux rêves. Les mecs parfois, je vous jure…

 

Hésitante, je pose mes mains sur ses hanches, que le gilet de sauvetage ne couvre pas tout à fait. J’essaie de garder mes distances, après tout, même si je l’apprécie, je ne l’ai rencontrée qu’il y a peu.

Erin ne semble pas de cet avis et après un petit « tssss », elle enroule mes bras fermement autour de sa taille. Elle tourne légèrement la tête pour me dire par-dessus son épaule.

-          Si tu ne te tiens pas, je ne te donne pas une minute avant de faire trempette ! Ramène également tes fesses avant que je ne le fasse pour toi.

Je déglutis et obéis. Après tout, c’est elle la spécialiste.

Elle démarre et immédiatement j’oublie mes préoccupations. C’est fun !

Elle alterne entre moments à faible allure et pointes d’accélérations. La sensation est étrange, donnant parfois l’impression d’être en apesanteur, puis tout à coup on s’écrase sur l’eau du lac pourtant calme. Je n’imagine même pas le ressenti en mer ou sur l’océan.

Après avoir fait un petit tour, elle s’arrête, nous laissant dériver et me demande par-dessus son épaule :

-          Ça va ? Ça te plaît ? 

-          C’est une vraie question ? J’adore !

A ses joues, je devine qu’elle sourit. Elle défait mes doigts entrelacés autour de sa taille et avance un peu sur le siège, pour finalement se lever.

Je détourne le regard en rougissant lorsque je réalise que je lorgne ses fesses sans le vouloir.

Quoi ??? C’était au niveau de mes yeux j’y suis pour rien !

Et puis il faut que je puisse donner quelques détails croustillants à Nico ! Et d’après ce que j’ai pu observer, ce n’est pas sa tenue de travail qui la met en valeur et la rend bien foutue. Ma compatriote mangeuse de chocolat a un corps de rêve !

Les dames le savent, l’épreuve bikini ne ment pas.

 

Perdue dans mes pensées, je manque de finir à l’eau lorsqu’elle remue le jet-ski en essayant de passer derrière moi. Je ne vois vraiment pas l’intérêt.

Intriguée, je tourne la tête juste assez pour l’avoir dans mon champ de vision, à présent qu’elle se trouve dans mon dos.

-          Tu fais quoi au juste ?

-          Je te donne un petit cours illégal de pilotage.

Ça a le mérite de me faire me retourner complètement. Moi qui pensais que seuls les hiboux pouvaient tourner leur tête de manière impressionnante, je viens de repousser les limites de l’humanité !

Mes yeux s’écarquillent de leur propre volition et mon ton laisse transparaître mon excitation à cette idée :

-          Tu déconnes ?

-          Han han !

Un gigantesque sourire envahit mon visage.

Je vais apprendre à piloter !

Je vais apprendre à piloter etttt ouaiiis !

Elle jette un œil vers le ciel face à mes mimiques et fait un petit signe de la main.

-          Avance, à moins que tu ne veuilles faire ça allongée ? En plus, j’ai déjà chauffé la place.

Je m’exécute rapidement, on ne sait jamais, des fois qu’elle change d’avis. Maintenant je comprends pourquoi elle nous a emmenées dans l’endroit le plus reculé du lac. On est à l’abri des regards indiscrets !

Je pose délicatement mes mains sur le guidon, n’osant pas trop de peur de faire démarrer l’engin.

-          Désolée, mais je vais devoir te coller un peu pour t’expliquer.

-          Pas de problème.

À vrai dire, je préfère apprendre un maximum avec elle pour avoir le moins de temps à passer dans cette position avec un examinateur si jamais je devais obtenir le permis par la suite. A l’auto-école, le moniteur me draguait depuis le siège à côté, je n’imagine pas la même chose avec lui pressé dans mon dos.  Brrr.

D’un ton sérieux, elle m’annonce comme par obligation :

-          Par contre, faut que ça reste entre nous sinon je risque d’avoir des soucis. Je te fais confiance.

-          Tu peux !

Je m’avance au maximum pour lui permettre d’atteindre le guidon. Elle place ses mains à côté des miennes et commence à m’expliquer :

-          Tu vas voir, c’est pas bien compliqué. Alors ça, c’est pour démarrer. Là, c’est l’accélérateur. Fais gaffe, c’est plutôt sensible, faut y aller mollo...

Elle continue ses explications, tandis que je suis distraite par le fait que son souffle chatouille le côté de ma gorge. Et il n’y a pas que ça qui m’empêche de me concentrer ! Je n’arrive pas à croire que je vais bientôt pouvoir tester ce bébé presque par moi-même. 

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Commentaires
C
La suiiiiite >~< XD
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