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Fictions Lesbiennes :)
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6 octobre 2019

Hors Limites - Partie 3

Fuck fuck fuck fuck !

J’éteins la sonnerie stridente de mon smartphone à l’aveuglette.

Le réveil est difficile ce matin et affronter la réalité est la dernière des choses qui me fait envie.

Après mon moment “les yeux dans les yeux”, j’ai traîné ma conquête dans ma chambre.

Honnêtement, excepté un intense pic de stupidité, je ne sais pas pourquoi je ne suis pas ressortie avec elle pour aller continuer ça ailleurs.

Mais j’ai réalisé ça en fermant la porte derrière nous, une fois que c’était fait.

Ma mère m’a toujours dit “c’est pas quand on a chié dans le froc qu’on cherche les toilettes”. Pas question de faire marche arrière. Surtout si ça impliquait de repasser devant Kara...

Alors j’ai fait la seule chose possible : j’ai couché avec cette fille en m’assurant d’être suffisamment exceptionnelle pour que le reste du voisinage n’ait aucun doute là-dessus.

Au moins elle n’est plus là au réveil, c’est déjà ça de pris.

Roulant hors du lit, je suis à nouveau percutée par une vague de honte. Je ne comprends pas pourquoi Kara ne s’est pas manifestée… Si j’avais su qu’elle se trouvait dans le salon, elle n’aurait pas vu un quart de ce qui a eu lieu.

Enfilant les premières fringues à ma portée, je me rends dans la cuisine pour passer un coup d’éponge sur l’îlot central avant que mes colocs ne prennent leur petit déjeuner dessus. Même si techniquement j’étais tout habillée, ça n’est pas une raison pour faire fi des règles d’hygiène de base. Je suis en train de tout ranger lorsque Kara sort de sa chambre.

Évidemment, il fallait qu’elle se pointe pile au moment où j’efface les traces de mon “crime”...

Mon cœur se met à battre la chamade tandis qu’elle approche.

– Salut.

– Salut.

Je sens ses yeux sur moi, mais refuse d’être celle qui abordera le sujet. Si l’on devait ne jamais en parler, ça m’irait très bien. Je peux vivre dans un état de déni éternel, ça ne m’effraie pas !

– T’as rien oublié hier soir ?

Toute notion de pudeur et de dignité ? Ce que ça fait d’avoir de l’intimité dans la colocation ?

Ça m’agace qu’elle lance ça comme ça, je ne sais pas ce qu’elle veut entendre et me sens mise sous le feu des projecteurs. Du coup, j’opte pour l’attaque, désirant lui faire comprendre que ce n’était pas cool de sa part non plus de ne pas s’être manifestée :

– Excepté encaisser ton entrée pour le spectacle, pas que je sache…

Remarquant du mouvement, je lève la tête pour la trouver les yeux pétillants d’amusement, bras tendu, ma culotte pendant au bout de son index ganté.

– T’es sûre ?

Sérieux ?

J’attrape brusquement mon sous-vêtement et le fourre dans la poche de mon jogging en gardant le silence.

Je ne sais pas ce qui est pire. Que j’oublie ma culotte, qu’elle l’ait ramassée, ou qu’elle ait mis un gant pour me la rendre.

Doublement humiliée, voilà ce que je suis.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle se justifie, toute trace d’humour quittant son regard :

– Je ne savais pas pour combien de temps tu allais en avoir et je n’avais pas envie que mon frère trouve ça et ne déclenche la 3ème guerre mondiale en pensant que tu m’avais culbutée sur le plan de travail…

Mh. Je peux voir le raisonnement derrière ça.

– Merci, j’imagine.

Kara semble hésiter, ses doigts jouant avec l’armature du siège de bar et finit par se lancer :

– Naomi, par rapport à hier soir, je…

Même si c’est impoli, je décide de l’interrompre pour ne pas avoir à entendre ça :

– Est-ce qu’on a vraiment besoin d’en parler ?

Elle baisse les yeux et acquiesce d’un mouvement de tête :

– Non, mais je voulais juste —

Elle s’arrête net lorsque Nathan sort de sa chambre. Visiblement à moitié assoupi, il s’installe et ne repère pas la tension dans la pièce, s’adressant à nous d’une voix marquée par le sommeil :

– Salut. Comment ça va ?

Étant prête à tout pour changer de sujet et peut-être réussir à ignorer la honte que je ressens à l’idée que Kara m’ait vue pendant l’acte, je m’empresse de répondre :

– Nickel et toi ? Bien dormi ?

– Mhh. Au fait Kara, ça va mieux ta tête ?

Oh, c’est pour ça qu’elle était rentrée ?

– Oui, merci. J’ai pris un truc et j’ai été m’allonger.

– Tant mieux.

Malgré moi, je remarque qu’elle a dit qu’elle s’était allongée, pas qu’elle avait été se coucher.

Je m’apprête à réaliser un grand numéro de disparition pour aller me terrer dans ma chambre jusqu’à la fin des temps, mais ma coloc me devance :

– Bon, je vais devoir streamer bientôt, je vous laisse.

Elle s’éclipse et je la regarde partir avec soulagement C’est con, j’étais vraiment contente de nos interactions et là il y a comme un éléphant dans la pièce. Un éléphant avec un gigantesque sexe en érection difficile à ignorer.

Heureusement, je suis tirée de mes pensées déprimantes par Nathan :

– Ça te tente de m’aider à préparer des petits fours pour ce soir ?

– Y a quoi ce soir ?

– Aaron a organisé une fête maintenant que Kara est installée et a trouvé ses marques. Je croyais que tu savais !

– Oh, ok. Et non, il a dû oublier de m’en parler.

– Du coup ça te dit ?

Voyons voir… Aider à faire à manger et m’occuper une partie de la matinée ou ruminer ce qu’il s’est passé et ne pas réussir à travailler quoi qu’il arrive ?

Pas très dur comme choix.

– Ça marche, Commis Naomi à vot’ service !

– Tu devrais toujours t’adresser à moi de la sorte, j’adore.

– Un conseil, t’habitues pas…

– Oh t’en fais pas, je commence à cerner ton attachiante personnalité.

– La flatterie ne t’amènera rien !

Il sourit et semble se souvenir de quelque chose :

– Au fait, j’ai parlé de toi à une copine de mon chéri.

Prête à tout pour penser à autre chose, je m’enquiers :

– Ouh, ça y est vous êtes ensembles ? Tu m’as rien raconté ! Et en bien j’espère, pour la fille ?

Nathan me lance un regard qui signifie « t’as vraiment besoin de demander ? » avant de s’expliquer :

– Ouiiii je te raconterai tout t’inquiète ! Et oui. Comme ça fait un moment que tu n’as plus fait de… « sorties », je me suis dit que peut-être tu serais prête à rencontrer une femme qui cherche du sérieux.

Un moment, c’est ce qu’il croît.

Et je pense être prête, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée.

Semblant conscient de mon manque d’enthousiasme, Nathan explicite :

– Rassure-toi, ce n’est pas un rencard arrangé et je ne lui ai rien promis. On parlait du fait qu’elle aimait les femmes assez féminines, qu’elle avait du mal à en rencontrer dans le milieu lesbien et ça m’a fait penser à toi.

Toujours suspicieuse, je demande :

– Du coup, qu’est-ce que tu attends de moi ?

– Rien. Je l’ai trouvée sympa, on a bien discuté et c’est une des amies proches de mon chéri, donc on sera sûrement amenés à la revoir.

– Mh. Ok, on verra. Et ce fameux chéri, quand est-ce qu’on le rencontre Aaron et moi ?

Nathan semble nettement moins enthousiaste à cette idée :

– Dès que vous aurez promis de ne pas le menacer.

Levant les yeux au ciel, je fais l’innocente :

– Menacer, tout de suite !

Peu convaincu par mon impeccable jeu d’actrice, il rétorque :

– Tu as dit à mon ex que s’il me faisait du mal, tu te servirais de tes compétences pro pour lui coudre les voies respiratoires avant de le lester et le jeter au fond d’un lac.

Je peine à retenir un sourire. Ça m’avait demandé un certain effort créatif, j’étais plutôt fière !

– Roh, je plaisantais. Il a compris l’idée !

– Il m’a dit que tu étais absolument terrifiante et qu’il avait peur de venir passer la nuit ici !

La psychopathe en moi se réjouit à cette idée. Mais bon, qu’on ne dise pas que je ne reconnais pas mes torts :

– Ok, peut-être que j’ai exagéré. J’irais mollo cette fois-ci, promis.

– Naomi …

– Quoi ? C’est mon rôle de coloc slash meilleure amie !

 

===========

 

Le bruit de mon crayon sur le papier est la seule chose qui brise le silence. Concevoir et évoquer les détails des costumes avec mes clients est ma partie préférée. J’espère que ma création va plaire !

Levant les yeux de la planche à dessiner, mon regard se pose immédiatement sur Kara, elle aussi à son bureau, la fenêtre de sa chambre étant en face de la mienne.

Soit elle parle toute seule, soit elle est toujours en train de streamer. Ce n’est pas impossible, car son planning a été chamboulé ces derniers temps suite à son emménagement.

Mes yeux s’attardent sur son profil, un sourire gagnant immédiatement mes lèvres. Je meurs d’envie d’attraper mon PC portable et de me connecter, rien que pour pouvoir entendre le son de sa voix.

Mais je ne sais pas si je devrais étant donné les circonstances. J’avais rien demandé, mais j’ai l’impression d’être une exhibitionniste, d’être salie.

Oh et puis merde.

Trois secondes plus tard, j’ai les yeux rivés sur l’écran et me demande si c’est comme ça que mon entreprise va faire faillite. Je vois déjà les gros titres « incapable d’arrêter de reluquer sa colocataire qui travaille également à domicile, une jeune entrepreneuse met la clé sous la porte ».

Plutôt que de me laisser gagner par la culpabilité, je salue le chat et me prépare à passer un bon moment.

Immédiatement, sa voix m’apporte le sentiment de familiarité usuelle.

Contrairement à beaucoup d’autres nanas sur Twitch, l’espace qu’occupe sa webcam n’est pas immense, elle n’a pas un maquillage de fou et porte des vêtements ne mettant pas spécialement en avant ses attributs. En clair, elle reste simple, n’essaie pas d’en faire des tonnes. À raison, son enthousiasme et talent en jeu suffisent à la rendre extrêmement divertissante ! J’ai toujours trouvé ça un peu triste de voir certaines miser clairement sur leur physique plutôt qu’autre chose.

Malgré moi, mon attention est captée par ses yeux. Je n’arrive pas à me sortir de la tête la manière dont elle m’observait hier.  

Si je n’avais pas eu la bonne idée de l’interrompre tout à l’heure lorsqu’elle a voulu se justifier, j’aurais peut-être su si l’intensité de son regard était quelque chose de positif ou non.

Non pas que ça aurait changé grand-chose au problème de fond.

J’ai parfaitement conscience d’être attirée par elle, je l’étais déjà avant même de la rencontrer, alors forcément ça n’a pas aidé. Mais ça n’ira pas plus loin.

Non seulement c’est la sœur de mon ami qui m’a expressément indiqué ne pas vouloir que je m’approche d’elle, mais elle n’a jamais été avec une nana. Et je m’en fous qu’elle soit bi-curieuse ou je ne sais quoi. Rien ne dit que je lui plais, je ne suis pas assez narcissique pour me croire irrésistible.

Je me souviens encore de l’intense sentiment de déception lorsqu’un soir, alors que l’on était en comité réduit sur Discord, elle avait dévoilé ne jamais être sortie avec une femme. Je ne pensais pas avoir une chance avant ça, juste… C’était comme si une porte se fermait.

Et je ne souhaite pas que ça arrive en amitié non plus. Ça impacterait la relation avec deux de mes colos, c’est pas quelque chose que j’ai envie de tenter.

Même si elle est potentiellement attirée par les femmes, ça ne veut pas dire qu’elle avait envie d’assister à cette scène… Certes, elle n’est pas blanche comme neige non plus, mais j’étais dans les parties communes et pour autant que je sache, il est possible qu’elle dormait au moment où l’on est rentrées. Se manifester après que l’on ait commencé aurait été… délicat, je peux comprendre qu’elle ait gardé le silence. Par contre, si elle jouait juste les voyeuses, ce serait différent…

Ok.

Il faut que je mette les choses à plat, je ne peux pas rester comme ça.

Le tout pour le tout.

Tapant rapidement au clavier, je valide avant de changer d’avis et attends dans le stress, gigotant ma jambe pour tenter d’évacuer le trop plein.

Immédiatement, ma donation anonyme s’affiche à l’écran, lue par la voix robotisée des alertes Twitch “je suis désolée pour hier soir, je ne t’avais pas vue. J’espère que l’on arrivera à passer outre”.

Alors qu’elle était en train de jubiler après avoir réalisé un coup magnifique, elle s’arrête soudainement et prends le temps de lire l’écran.

Le chat est visiblement intrigué par cette histoire et je m’efforce de faire semblant de me poser autant de questions que les autres pour éviter de sortir du lot.

Kara se mordille la lèvre, tourne la tête pour venir croiser mon regard à travers la fenêtre avant de répondre :

“Merci pour la donation. Tu veux toujours pas me dire ton pseudo ? On pourrait en discuter en privé si tu veux pas faire ça face à face”.

Très fin, le chat se lance dans des “je sais pas ce qui sonne le mieux, le chat privé kreyGASM-sou le face à faceGachiGASM-s” et autres “on peut faire “ça” quand tu veux !kreyGASM-s”.

Ses yeux dans les miens, elle attend que je me manifeste et j’espère qu’en le faisant je ferais un pas dans la bonne direction et non vers le perma-ban.

Plaçant mon curseur dans le chat, je me lance :

@Miss_Sassy_Pants on en a déjà parlé, mon vrai pseudo commence par un S…

Voyant que j’ai tapé quelque chose, elle arrête son observation pour scruter les commentaires. Bien évidemment, étant donné la façon dont elle a proposé, les ¾ des spectateurs disent qu’ils sont moi... Mais j’ai confiance en le fait qu’elle arrivera à faire la part des choses. Et effectivement, ses yeux s’écarquillent de manière comique lorsqu’elle tombe sur ma réplique.

Immédiatement, elle annonce :

“Petite pause, je reviens !”.

Elle retire son casque et je la vois se lever.

Pas besoin d’être un génie pour deviner qu’elle se dirige vers ma chambre.

Pendant une fraction de seconde, j’envisage de me planquer sous le lit ou je ne sais pas où, rien que par peur.

Elle toque à la porte et n’hésite pas une fois que j’ai lancé un timide “entre”.

Immédiatement, elle se penche vers mon PC portable encore ouvert sur la page du stream, se focalisant sur le coin haut droit, qui indique mon pseudo.

“Mazikeen”.

Se redressant, elle jette un regard incrédule, me file un coup de poing dans l’épaule et m’attire dans ses bras avant que je puisse m’offusquer des violences qui me sont faites.

Machinalement, je l’enlace en retour et tente de maîtriser mon côté pervers qui se réjouit du contact. C’est pas le moment.

Desserrant un peu son étreinte, mais sans se reculer, elle me chuchote à l’oreille :

– « Oh mon pseudo ? C’est pas important, vraiment, tu ne le reconnaîtrais sûrement pas ». Mes fesses ! Ça fait 3 ans qu’on discute et que tu me soutiens, j’ai même envisagé de te demander d’être modératrice !

Aussi stupide que cela soit, ça me flatte.

La plupart du temps elle a entre 2 000 et 4 000 personnes qui la regardent, alors savoir qu’elle m’a remarquée dans la masse, ce n’est pas rien.

Elle finit par se reculer et je me retrouve à la l’observer bêtement sans trop savoir quoi dire, passant une main à l’arrière de mes cheveux.

– Et pour répondre à ta donation… C’est moi qui te dois des excuses, c’était pas correct de ma part de ne pas m’être manifestée. Pour être honnête, j’avais la tête dans le cul et je n’ai pas tout de suite compris ce qu’il se passait. Et après coup, je me voyais mal annoncer ma présence. T’imagines la scène ?

Elle lève son index et fais mine de se racler la gorge en s’exclamant :

–  Ahem, désolée de vous interrompre, je retourne dans mes quartiers, faites comme si je n’étais pas là ! Nan, vraiment, vous dérangez pas pour moi !

Ça me soulage de l’entendre reconnaître ses torts, même si mes questions sur sa réaction restent entières. Ok, se manifester aurait été bizarre, mais pas faire semblant de dormir. Elle n’était pas obligée de regarder.

Bref. De toute manière, je préfère largement ne pas insister et faire abstraction de ce qu’il s’est passé que de continuer à en discuter :

– Excuses acceptées si les miennes le sont. T’es d’accord pour garder ça pour toi et ne plus jamais en parler ou même y penser ?

Vaut mieux demander ça que l’oubli, pas besoin qu’elle souligne son traumatisme ou le fait qu’elle sera marquée à vie.

– À une seule condition.

Fait chier.

C’était trop beau !

– Je t’écoute.

– Que tu acceptes de te joindre à moi pour un Stream.

Jouer avec elle a toujours été très agréable, ce ne sera pas vraiment une corvée ! Voulant éviter tout coup fourré, je demande des précisions :

– Off caméra ?

Elle frétille des sourcils et secoue la tête à la négative :

– Han han…

Évidemment… il fallait qu’il y ait anguille sous roche.

Voyant que le chat s’impatiente, je fais un signe en direction de mon PC et lance :

– Tu devrais y retourner, tu vas perdre du monde.

Plutôt que de me laisser m’en tirer à si bon compte, elle me tend la main et demande :

- Deal ?

– T’es pas gonflée quand même ! T’as ta part de torts !

M’ignorant, elle réitère :  

- Deal ?

À contrecœur, je glisse ma paume dans la sienne pour la serrer et annonce :

- Deal.

Visiblement ravie de ma réponse, elle quitte ma chambre en sautillant à moitié. Au moins l’une de nous est contente.

 

===========

 

La fête bat son plein, tout le monde s’amuse… Excepté moi.

Je sais qu’on en a parlé, mais c’est bizarre que Kara parvienne à faire comme si je n’avais pas joui en la regardant droit dans les yeux il y a moins de vingt-quatre heures. Parce que personnellement, j’ai vraiment du mal. Moi qui voulais absolument lui faire bonne impression, c’est réussi !

Je ne sais pas comment me comporter, divisée entre l’envie d’aller lui parler et la gêne.

En plus, je ne suis pas la seule à avoir remarqué à quel point elle est attirante dans sa tenue, puisque son mec la colle plus qu’une tique sur le dos d’un chien.

Ça me gonfle.

Il est mignon et gentil, mais s’il venait à mourir sous mes yeux, je doute que j’irais verser une larme.  

...

Cette situation est incroyablement frustrante. Je ne sais pas comment me comporter et c’est particulièrement déplaisant. Il faut que j’arrive à passer outre. Ma gêne, mon attirance, tout doit disparaître. Grand vide dans l’esprit de Naomi !

Je n’aurais pas dû boire ce soir, ça fait ressortir mon amertume. Et c’est bizarre, parce que d’un côté j’ai envie de capter son attention, de l’autre, ça me met mal à l’aise et je me sens hypocrite d’autant aimer ça.

Pour la trois millionième fois, mes yeux tracent les courbes de ma coloc, de son chemisier moulant à son jean près du corps, qui épouse parfaitement ses formes alors même qu’elle danse avec énergie…

Fuck. Il faut que je me prenne en main avant qu’Aaron ne remarque. Ou Mathieu.

Comme si elle sentait le poids de mon regard, Kara se tourne et demande :

– Tout va bien Naomi ?

– Mhh. Nickel.

Plaquant un faux sourire sur mes lèvres, j’espère qu’elle va lâcher l’affaire.

Bien évidemment, la chance n’est pas de mon côté et elle place une main devant mon visage :

– Danse avec moi.

Je devrais dire non.

Mais son mec m’observe d’un drôle d’air et je n’aime pas ce que je vois dans son regard.

Il se méfie.

Je prends ça comme un challenge.

Les doigts de Kara s’entremêlent aux miens tandis qu’elle m’attire sur la piste de danse improvisée près du bar. Ça ne devrait certainement pas me paraître aussi naturel, c’est flippant.

Elle se colle à mon corps, plaçant une main au creux de mes reins et laisse la musique nous guider.

– Détends-toi, profite du moment !

Plutôt que de se reculer, elle reste plaquée contre moi, sa bouche à proximité de mon oreille et son bras autour de ma taille. 

C’est la première fois que l’on est aussi proches physiquement en étant éveillées et mon attirance est absolument hors de contrôle. Ses cheveux sont lâchés et dégagent une odeur de monoï qui me fait penser à la plage et au soleil. Un verre de plus et je ne suis pas sûre de réussir à me retenir de déposer un baiser sur son crâne.

Parce que l’occasion s’y prête, je m’autorise à la regarder dans les yeux, répondant à son sourire. Elle prend la parole pour demander la chose la plus étrange qui soit :

– Est-ce que t’es un appareil photo ?

Je fronce les sourcils devant sa question :

– Hein ? Pourquoi tu demandes ça ?

– Parce que dès que je te vois, je peux pas m’empêcher de sourire.

Je lutte pour retenir le mien. C’est vraiment, vraiment mauvais !

– Tu ne dois pas être assez objective…

Z’avez pigé ? Objective, objectif… Hahaha.

Ouais, non.

C’est nul.

Mais j’ai bu, on me pardonne.

 Voulant détourner l’attention de moi, je demande :

– Tu comptes arrêter bientôt avec tes tentatives de drague ratées ?

En réalité, ça ne me dérange pas tant que ça. Évidemment, j’aime me faire pseudo courtiser par une jolie jeune femme. Mais pour le coup c’est comme si on te proposait le ticket gagnant du loto pour plaisanter. Ça ne devient plus très drôle si t’es dans le besoin.

– Ça dépend, est-ce que tu es folle de moi, me trouvant absolument irrésistible ?

Mon ton blasé est en totale inadéquation avec les battements erratiques de mon cœur :

– Si je dis oui, tu arrêteras ?

– Uniquement si c’est vrai !

Mh. Pas encore, mais je n’y tiens pas du tout.

Prête à tout pour qu’elle cesse et constatant qu’Aaron est occupé, mon cerveau alcoolisé décide de mettre en évidence les limites de son bluff. Approchant mes lèvres des siennes, je laisse nos souffles se mêler, prévoyant qu’elle va paniquer.

Honnêtement après le spectacle auquel elle a eu droit, je pensais vraiment qu’elle allait se reculer à toute vitesse, affolée à l’idée que je l’embrasse… Mais elle garde son sang-froid et attend sans broncher. À sa place, je m’inquiéterais également de la réaction de mon mec. D’ailleurs, j’aurais peut-être dû y réfléchir aussi…

Mais je ne comprends pas à quoi elle joue. Ce qu’elle en retire. Oui, c’est notre truc à nous et c’est rigolo, mais pas au point d’en faire des tonnes et de ne pas en louper une.

Défaite, je masque mon échec par un sourire et me recule, lançant dans un haussement d’épaules :

– J’imagine que tes atroces phrases d’accroche vont continuer...

– Mhhh, désolée, t’as dit quoi ? Je m’étais perdue dans tes yeux !

– J’abandonne, t’es irrécupérable.

Je me détache d’elle et la laisse en plan, choisissant d’aller me planquer dans le coin du balcon près de ma chambre, planquée derrière le barbecue, histoire de fuir les festivités sans en avoir l’air.

Je m’accoude à la rambarde et ai un total de 2,12 secondes de tranquillité avant que Kara ne me rejoigne. Je sais pas ce qu’il faut faire pour échapper à cette fille sérieux !

Elle prend appui sur le rail et regarde au loin. Mes sourcils se lèvent en la voyant sortir une cigarette électronique de sa poche et l’amener à sa bouche.

– Je savais pas que tu fumais.

– Je fume pas.

Mh mh, mais bien sûr. Devant mon air dubitatif, elle se redresse, place une main sur mon épaule et me tourne vers elle.

Elle approche son visage du mien et alors que je me demande ce qu’elle fabrique, elle me souffle lentement la vapeur dessus.

Je m’apprête à l’envoyer chier pile au moment où je relève les notes fruitées.

– Y’a pas de nicotine, je vapote juste de temps en temps, pour le goût. Tu veux tester ?

Elle me tend l’appareil et je n’hésite qu’un seul instant avant de tirer une bouffée. C’est pas mauvais, mais pas de là à acheter tout l’attirail juste pour ça !

Un sourire coquin gagne ses lèvres et je sais qu’elle va sortir une connerie avant qu’elle ne parle :

– On se passe la vapeur ?

Suspicieuse et naïve à la fois, je demande dans un froncement de sourcils :

– Comment ?

– Prends une bouffée, je te montre.

Qu’on soit clairs : j’ai conscience que c’est une très mauvaise idée, je le devine à ses yeux… Mais je le fais quand même. L’alcool que j’ai consommé a vraisemblablement entamé mes capacités cognitives.

Une fois fait, je me tourne pour lui faire face et ce n’est qu’en la voyant approcher son visage que je percute.

Par la bouche.

Elle veut que je lui transmette la vapeur avec la bouche…

Je me cogne l’arrière du crâne contre le mur en me reculant et manque de m’étouffer, la vapeur s’engouffrant dans le mauvais trou.

Alors que je suis en train de décéder, elle rigole de mon malheur.

– C’est pas drôle !

– Uniquement parce que t’as pas vu ta tête !

– T’aurais fait quoi si je m’étais pas reculée madame la maline ?

Elle hausse les épaules et lance d’un air nonchalant :

– Partagé la fumée.

Ça a le mérite de me faire lever un sourcil :

– T’oublies pas quelque chose ?

– Le dîner aux chandelles ?

Lui lançant un regard ne laissant pas douter de ce que je pense de sa tentative d’humour, je précise :

– Ton copain.

Elle fronce les sourcils, apparemment confuse, tant est si bien que je me sens obligée d’expliciter :

– … Mathieu.

– On n’est pas ensemble.

Alors ça c’est la meilleure.

– Excuse-moi de te le dire, mais vous avez l’air pas mal ensemble. Il est au courant ou c’est un récent développement ?

– Il le sait. J’ai des besoins, lui aussi, ça nous est arrivé de se retrouver au milieu. Y’a pas de promesse dans tout ça.

Je ne me faisais pas d’illusion sur leur relation, mais ça me fait quand même chier d’en avoir confirmation. Il est temps que je parte, autant dissimuler ma gêne derrière une tentative d’humour :

– Ewww. J’en ai assez entendu. Tu m’excuseras, je vais aller vomir dans le couloir.

Passant à côté d’elle pour retourner dans le salon, elle m’arrête d’une main sur mon bras :

– Toi en revanche, tu ressembles trait pour trait à ma future petite copine...

- Oh my God mais stop ! C’était une blague !

Sans compter que son frère me décapiterait s’il savait le genre de pensées que j’ai… Alors que je franchis la double porte, je l’entends surenchérir :

– Oh allez quoi, je m’appelle pas Raiponce, mais je te laisserai me tirer les cheveux…

Elle va plus loin que d’ordinaire et a probablement bu, mais c’en est trop pour moi !

Il faut que je mette les points sur les i. Si j’avais su qu’elle allait me prendre au mot, je n’aurais jamais plaisanté à ce sujet. J’ai besoin de comprendre pourquoi elle fait ça, d’avoir des réponses, parce que là ça me rend dingue.

Faisant volte-face, je demande :

– Je peux te parler en privé ?

Elle a à peine le temps d’acquiescer que je l’entraîne dans sa salle de bain, bien décidée à obtenir des explications. Je ne sais pas à quel jeu elle joue, mais ça a trop duré, il faut que je crève l’abcès.

Je la fais rentrer en premier et ferme la porte derrière nous.

Elle s’adosse au mur mitoyen avec sa chambre et demande :

– Qu’est-ce qui se passe ?

Rien ne sert de tourner autour du pot :

– J’aimerais savoir à quoi tu joues. Ça me met mal à l’aise.

Elle fronce les sourcils une seconde, avant qu’un lent sourire en coin ne la gagne :

– Mais de quoi tu parles ?

Agacée, j’avance dans sa direction, venant me placer face à elle et laissant 30 cm à tout casser entre nous :

– Tu sais très bien de quoi je parle.

– Explicite, qu’on en soit sûres.

Elle me provoque, c’est clair, mais pourquoi ?

– Ton comportement. Les propositions. C’était une blague, tu le sais. En quoi ça t’amuse d’essayer de me faire réagir ? Qu’est-ce que t’espères en tirer ?

Trop vite pour que je puisse réagir, sa main se place sur ma hanche et m’attire contre elle. Surprise, j’ai à peine le temps de plaquer une paume à plat contre le mur, juste à côté de sa tête, pour m’éviter de complètement l’écraser.

D’aussi près, c’est impossible de rater la manière dont ses pupilles se dilatent et ça me désarçonne tellement que j’en manque presque sa réponse :

– C’est pas évident ?

Elle ponctue sa phrase en s’humidifiant inconsciemment les lèvres et je bloque dessus quelques secondes, avant de finalement revenir à la raison, secouant la tête à la négative :

– Non. On ne va pas aller sur ce terrain-là.

Fière de ne pas avoir flanché, je tente de me reculer, mais son autre bras se glisse autour de ma taille, me maintenant contre son corps dans une prise lâche :

– Pourquoi pas !?

Levant les yeux au plafond pour éviter que ma faible résolution ne se perde dans son regard, je réponds :

– Parce que c’est une très mauvaise idée…

Consciente qu’il va me falloir me montrer plus convaincante que ça si je veux qu’elle adhère, j’ajoute :

– T’es ma coloc, ton frère me tuerait, je sais que t’as jamais été avec une femme... Je dois continuer ?

Je vois que mes arguments tombent dans l’oreille d’une sourde lorsqu’elle s’avance et me mordille la nuque avant de répondre :

– J’emmerde mon frère, je fais ce que je veux... Pour être honnête, j’ai pas arrêté de penser à hier soir… te regarder, c’était… disons que j’étais dans tous mes états… Et c’est pas parce que j’ai jamais été avec une femme qu’aucune ne m’a jamais attirée. On en a déjà parlé. Tu me plais… La question est : est-ce que tu me veux en retour ?

Oh bordel… Je devrais peut-être me pincer pour m’assurer que je suis bien éveillée. Je dois le faire, mais ce n’est pas pour autant que ça me fait plaisir de devoir annoncer :

– Peu importe Kara... Ce qui t’a plu c’est très certainement l’interdit, de savoir que ce n’est pas bien de regarder et le faire quand même, ça veut rien dire… Ça pourrait être moi comme n’importe qui.

La dernière partie était autant pour son bénéfice que le mien.

Loin de se laisser démonter, elle ignore ce que je viens de dire, optant pour me mettre une vérité en pleine face.

– Ose me dire que tu ne ressens pas de connexion entre nous… j’ai vu la manière dont tu me regardes quand tu crois que j’ai le dos tourné. J’ai envie de sentir cette passion.

Elle ponctue sa phrase de baisers dans mon cou qui entament sévèrement mes capacités cognitives. Elle vient de confirmer très clairement que mon attirance n’est pas à sens unique. C’est dur, mais je parviens tout juste à balbutier un faiblard :

– T —t’es pas sérieuse…  

Je ne sais pas qui j’espérais convaincre, mais c’est visiblement raté puisqu’elle se recule, plante son regard dans le mien et exige :

– Naomi, embrasse-moi.

Prenant une grande inspiration, je réunis tout ce qu’il me reste de raison — pas grand-chose — et fais un pas en arrière, voulant sortir de là le plus vite possible avant de craquer :

– Non. Si c’est une expérience que tu cherches, je peux te mettre en relation avec quelqu’un, mais c’est tout.

Un air de déception gagne son visage l’espace d’un instant et elle finit par dire :

– Je veux pas d’une expérience. Je te veux toi.

Fuck. Elle m’offre tout ce qui me fait envie sur un plateau… Mais qu’est-ce qui se passera si jamais elle décide que finalement ce n’est pas pour elle ? J’aurais perdu la confiance d’Aaron et je devrais vivre avec Kara sans pouvoir la toucher…

Ne sachant pas quoi faire d’autre, je marmonne un :

– Je peux pas…

Et quitte la pièce, allant me réfugier au milieu des invités.

Malgré moi, je remarque qu’elle met quelques minutes à sortir à son tour et me dis que j’ai pris la bonne décision lorsqu’elle est immédiatement accueillie par son “mec”.

Ok, elle n’est clairement pas emballée par sa présence et je croise son regard alors qu’il se penche pour l’embrasser. Elle détourne le visage au dernier moment, mais ça ne change rien à la situation.

C’est mort, il ne peut rien se passer.

Peut-être qu’à force de le dire dans ma tête j’arriverai à m’en convaincre…  

Il va bien falloir.

Les limites sont très claires, à moi de faire en sorte de m'y tenir.

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Commentaires
E
Olala mais ce courage c'est pas humain :0
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O
Hello ! J'ai mis du temps mais je suis re-là ! X') Donc ravie ou pas, me voilà ! X3<br /> <br /> C'est drôle, tu continues à casser tous les codes que présentaient ton style. Au début, j'avais la sensation que Naomi était traits pour traits comme tes précédents personnages. Mais je me suis trompée. Elle est beaucoup plus active. Le fait qu'elle confronte Kara aussi rapidement, ses répliques face aux tentatives de drague de Kara, ça lui donne vraiment un caractère plus marqué et moins soumis. Elle ne se contente pas de subir les événements, de subir la romance. Je me surprends à justement apprécier ces moments où elle s'agace. Le "Oh my God, c'était une blague !" rend la scène vraiment plus crédible finalement.<br /> <br /> Même chose, je suis étonnée par la rapidité avec laquelle Kara a annoncé franchement ses envie. D'une part, je trouve ça très surprenant et à la fois parfaitement en accord avec le caractère du personnage. D'une autre part, je suis étonnée que cela aille si vite. Je ne dirais pas que ce n'est pas cohérent, juste que j'ai l'impression qu'on passe à côté de la petite phase de questionnement sur la sexualité de Kara que je trouvais très intéressante. Ce n'est pas grave en soit, mais du coup j'espère vraiment qu'elles finiront par en reparler !<br /> <br /> Pour avoir lu les chapitres suivants (oui je n'arrive toujours pas à me retenir... ><), je remarque que ce qui fait vraiment peur à Naomi, bien plus qu'Aaron, c'est le fait que Kara se ravise. Or j'ai la sensation qu'elle oublie un peu cette crainte par la suite, mais sans forcément prendre conscience du pourquoi : à savoir que Kara n'est pas du tout en train d'expérimenter et qu'elles ont une vraie connexion. Ça serait vraiment super si elles prennaient conscience de cette connexion par la suite, qu'elle balaie franchement toutes les craintes de Naomi et lui donne le courage de défendre ses sentiments.<br /> <br /> Du coup... Et bien c'est un chapitre assez décisif ! Naomi prend clairement sa décision. Mais en sachant qu'elles vivent ensemble et que Kara ne jettera pas l'éponge comme ça, on se demande très franchement comment elle va lui résister !<br /> <br /> ... Maintenant, je sais pertinemment qu'elle va lui résister que dalle ! x'D<br /> <br /> Euh... Voilà ? Encore une fois, j'espère que tout ça te sera utile ! ^^
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T
C'est moi ou on est mercredi ? 🤔<br /> <br /> ... <br /> <br /> Okay je sors...
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O
A ce qu'il paraît il faut se rendre à l'évidence de son problème pour en guérir... Je me suis rendue à l'évidence il y a bien longtemps mais pourtant je n'ai pas guéri de mon masochisme comme tu dis et je continue à te lire. Tu dois être une bonne écrivaine.<br /> <br /> Et j'ai dis Madame car j'me voyais pas t'appeller Mademoiselle, et comme tu le dis, Mademoiselle ça n'existe plus et moi je n'existe pas. Qui a dit que je t'envoie réellement des commentaires ? Je ne suis pas là... (ptdrr je pars trop loin laisse moi tranquille ok)<br /> <br /> Mais soit, soyons des Mademoiselles si tel est ton souhait
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V
Wahou!! Quel chapitre... j'adore le rythme que tu donnes à cette histoire...on est tout de suite dans le vif du sujet... elles se plaisent elles le savent mais non elles peuvent pas (enfin une refuse)..... j'adore ça change beaucoup de ce que tu fais d'habitude... ceci dit ton humour est toujours là, la folie de tes personnages aussi et tu écris toujours aussi bien...<br /> <br /> Bref j'aime beaucoup beaucoup cette nouvelle histoire... (c'était un commentaire riche en ...)<br /> <br /> Alors pour changer merci de me transporter 2 fois par semaine 🤗
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