Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Fictions Lesbiennes :)
Fictions Lesbiennes :)
Publicité
Newsletter
27 octobre 2019

Hors Limites - Partie 9

Fermant la porte derrière les derniers invités, je vais dans ma chambre et m’arrête net.

Hein ?

Pourquoi il y a deux personnes sur mon lit ? Elles n’étaient pas là tout à l’heure !

Comme si elle avait entendu la question que je viens de me poser dans la tête, Kara passe la tête à travers le chambranle et annonce :

– Elles ne se sentaient pas de rentrer, vu que ce sont tes amies je me suis dit que ça ne t’embêterait pas…

Ça m’embête.

Beaucoup.

J’ai zéro envie de m’installer à même le sol et le canapé est déjà occupé…

Semblant suivre le fil de mes pensées, Kara ajoute :

– Tu peux venir passer la nuit dans ma chambre.

Oh non.

Non non non.

Je sais très bien comment ça se déroulerait cette histoire-là !

– Nan c’est ok, je vais dormir ici.

Elle a l’air aussi dubitative que je me sens :

– Et où exactement ?

Faisant preuve d’une mauvaise foi qui ferait honneur à ma mère, j’invente, pointant les trois centimètres d’espace libre entre les deux :

– Là. Si je mets ma tête ici et mon bras comme ça… ça devrait le faire.

Malgré mon évident potentiel au Tétris humain, Kara me jette un regard peu impressionné et insiste :

– Naomi, viens dormir avec moi.

– Je suis pas sûre que ça soit une bonne idée Kara…

– Pourquoi ça ?

– La chambre de ton frère est juste en face ?

Pourquoi ce que je dis sonne comme une question ? C'est un fait, Aaron dort de l'autre côté du couloir !

– Et alors ? Tu penses qu’on va pas pouvoir se retenir d’avoir une partie de jambes en l’air bruyante et limite bestiale dans ma chambre ?

Je lui adresse un regard entendu, auquel elle répond en riant :

– Ok, je vois ton point… mais t’en fais pas, ça va le faire !

– Je te préviens, si je viens je n’ai pas l’intention de poser les mains sur toi avec lui à côté !

– Ok.

Je ne suis pas convaincue, mais les alternatives sont tout sauf plaisantes.

Soupirant, je la suis dans sa chambre, regardant avec appréhension la porte derrière laquelle son frère doit être en train de se préparer à dormir.

S’il nous surprend maintenant, on aura l’air hyper louches.

À peine suis-je rentrée que Kara tourne la clé dans la serrure et me pousse sur son lit.

Instinctivement, je recule et marmonne :

– On avait dit pas de sexe !

Sur le dos, je la regarde avancer à quatre pattes sur le matelas jusqu’à se retrouver au-dessus de moi. Me souriant, elle me lance :

– Non, tu as dit que tu n’avais pas l’intention de me toucher, mais je n’ai rien promis.

– C’était sous-entendu !

M’ignorant, elle soulève mon haut et commence à embrasser mon ventre.

Mon erreur numéro 1 est de la regarder, parce que du coup je n’ai pas du tout envie de l’arrêter. Mon erreur numéro 2 est de laisser s’échapper un son d’approbation.

Relevant les yeux, elle me sourit et m’embrasse, se reculant pour mordiller ma lèvre inférieure avant de chuchoter :

– Laisse-moi faire…

J’en ai envie.

Putain que j’en ai envie.

Mais j’ai déjà dépassé les limites que je m’étais fixées et ça le fait pas…

Plaçant mes paumes sur ses épaules, je secoue la tête et annonce :

– C’est pas une bonne idée.

– Pourquoi ?

Question pertinente s’il en est une.

La moitié du temps moi aussi je me demande. 

J’ai peur que son frère l'apprenne, qu’elle soit mal à l’aise, que ça aille trop vite, pire, qu’elle regrette :

– Je veux pas aller trop loin. J’ai déjà l’impression de dépasser les bornes.

Il est hors de question que je mette en péril notre amitié et pour ça, il faut qu’on s’entende sur la nature de ce qu’on fait. Et je ne parle même pas d’Aaron…

Son regard s’adoucit et elle replace une mèche de cheveux derrière mon oreille :

– Hey… je te le dirai si on en arrive là… mais j’ai vraiment, vraiment très envie de découvrir ces mêmes limites avec toi. Si tu veux bien ?

Découvrir ses limites ?

Comme… Une exploration sexuelle ?

Juste comme ça ? Passer du bon temps ensemble ?

Je marque une pause, histoire de réfléchir à la chose. Elle se contredit par rapport à la fois où elle m’avait annoncé que je l’attirais et qu’il n’était pas uniquement question d’explorer sa sexualité. Là, elle confirme que je ne suis qu’un plan cul pour elle.

Mais quelque part, c’est plus rassurant.

Elle m’apprécie, mais je ne suis pas sûre qu’elle serait tombée amoureuse de moi si l’on avait décidé de se mettre ensemble. Au moins, je sais à quoi m’en tenir. Pas de fausses promesses.

Je peux gérer (erreur numéro 3).

Les yeux dans les siens, j’acquiesce d’un hochement de tête.

Elle se redresse, retire fébrilement mon haut et mon soutien-gorge et m’observe me rallonger. 

Ma respiration, déjà rapide, s’accélère lorsqu’elle se débarrasse de ses propres vêtements, nous mettant sur un pied d’égalité.

À cheval sur moi, vêtue uniquement de sa jupe, Kara est superbe. Elle place ses mains sur mes côtes, avant de suivre le galbe de mes seins du bout des doigts pour finalement les prendre en main. Elle a le même regard intense que lorsqu’elle est à fond dans un jeu et je n’arriverai plus jamais à voir son stream de la même manière.

Elle masse ma poitrine et instinctivement, mon bassin se soulève, cherchant le contact.

Le mouvement attire son regard et elle fait sauter le bouton de mon jeans sans l’ombre d’une hésitation. J’aime les préliminaires, mais ça fait des heures, que dire, des semaines que j’ai envie d’elle et j’ai BESOIN qu’elle me touche. Mon impatience doit être contagieuse puisqu’à peine une seconde plus tard, elle se décale pour retirer tout ce que je porte en bas.

Ses yeux me parcourent et me dévorent littéralement. Sur le dos, totalement nue devant elle pour la première fois, je ne me sens pas vulnérable, mais désirée.

Elle se met à genoux pour se débarrasser de sa jupe avec urgence avant de se replacer au-dessus de moi, sans me toucher.

J’aime mieux vous dire que mes yeux ne perdent pas une miette de la scène…

Nos regards se croisent, se soutiennent avant qu’elle ne baisse la tête, capturant mes lèvres.

Son corps suit le mouvement au milieu d’un baiser dévastateur et je n’essaie même pas de retenir mon grognement d’appréciation au contact de sa peau. J’attends ça depuis une éternité, et mon imagination n’était clairement pas à la hauteur…

Sa jambe fait pression à la jonction de mes cuisses et elle détache ses lèvres des miennes, les joues rosies, le regard noir. Elle sait ce qu’elle me fait.

Nos souffles se mêlent et je frissonne en sentant ses doigts à l’intérieur de mon genou.

Gardant mes yeux dans les siens, j’écarte les cuisses, lui laissant la voie libre.

Elle remonte avec assurance et mes poings se referment sur les draps pour m’ancrer.

J’arrive pas à croire que c’est en train de se produire. À l’instant où ses doigts atteignent leur but, il paraît évident que je ne vais pas faire long feu.

Je scrute son visage à la recherche de la moindre hésitation ou d’un inconfort quelconque, prête à tout arrêter s’il le faut.

Tout ce que je j’observe, c’est la manière dont elle capture sa lèvre inférieure entre ses dents et ses yeux se ferment lorsqu’elle me découvre du bout des doigts.

J’essaie de la laisser dicter le rythme, de prendre mon mal en patience. Mais mon bassin a une autre idée à l’instant même où elle entre en contact avec mon clitoris.

Ses doigts sont légèrement tremblotants, mais elle est attentive à mes réactions. Elle paraît 100 % concentrée sur mon plaisir, cherchant la bonne pression, le meilleur angle…

J’ai l’impression d’être un instrument qu’elle tente d’accorder. Et elle est bien partie pour réussir à m’extirper quelques sons… Bizarrement, ça m’excite encore plus qu’elle soit prête à se lancer de la sorte, à apprendre par elle-même plutôt qu’à me questionner.  

Ne voulant pas être en reste, une de mes mains vient jouer avec sa poitrine tandis que l’autre se glisse derrière sa nuque afin qu’elle me regarde.

Kara me sourit avant de suivre la ligne de ma mâchoire du bout des lèvres tandis qu’elle continue. Je peux sentir qu’elle n’est pas entièrement sûre d’elle et je l’aide à trouver ce qui me plaît autant que possible avec le peu de capacités cognitives qu’il me reste.

Elle me plaît beaucoup trop pour que je sois en mesure de réfléchir…

Les premières vagues de mon orgasme me prennent totalement par surprise, et je dois me faire violence pour essayer de garder mon appréciation à un niveau sonore raisonnable. Je la serre contre moi alors que mes hanches ondulent sous sa main à la recherche de mon plaisir.

Ayant fini en deux minutes à tout casser, j’aurais probablement honte de ma « performance » si elle n’était pas si… elle.

Sa voix à mon oreille m’extirpe un énième frisson lorsqu’elle demande :

– Combien ?

Encore un peu à l’ouest, je me contente d’un simple « huh ? « auquel elle répond en venant placer un doigt à l’entrée de mon sexe, posant à nouveau la question :

– Combien ?

– De… deux.

J’ai à peine fini de prononcer qu’elle me pénètre sans concession.

Fuck !

Cette fois-ci, elle n’a pas marqué la moindre hésitation ! Je ne m’attendais pas à autant d’assurance, mais c’est putain de sexy.

Ses doigts sont légèrement plus gros que les miens et m’étirent délicieusement.

– Hmmm… Kara…

– On va avoir un problème…

Écarquillant les yeux, je suis prise d’un vent de panique et essaie immédiatement de la faire se retirer, ne voulant pas la mettre mal à l’aise.

– Tu peux arr-

Encore ramollie par mon précédent orgasme, je suis bien moins rapide qu’elle… Ainsi, avant que je ne l’atteigne, elle prend appui sur ses genoux pour s’emparer de mes poignets et les plaquer au-dessus de ma tête.

Totalement à sa merci, mes yeux viennent trouver les siens. Ses iris sont à peine visibles et ses paroles sont limpides :

– Tu piges pas… j’adore te sentir autour de mes doigts… bon courage pour me tenir à distance maintenant…

Je n’ai pas le temps de formuler une réponse qu’elle se met en mouvement.

Oh bordel…

Je fais de mon mieux pour continuer à la regarder, appréciant l’intensité dans ses yeux et la manière dont les muscles de son bras se contractent.

C’est clair qu’elle n’a jamais fait ça, l’angle n’étant pas parfait, mais au lieu de calmer mon excitation, ça a l’effet inverse. Ce qui lui fait défaut en connaissances, elle compense en enthousiasme et attention prêtée à mes réactions.

Une chose est sûre, elle apprend vite.

Lorsqu’elle trouve mon point G en fléchissant les doigts, elle répond à la contraction involontaire de mon corps par un sourire plein de promesses, satisfait.

Ça marque le début de ma fin.

Relâchant mes poignets, elle s’abaisse, adoptant un angle plus confortable pour son bras, et vient le frapper à chaque va-et-vient.

Encore.

Et encore.

Et encore.

Ses cheveux chatouillent mes côtes et nos poitrines bougent à l’unisson sous la force de ses mouvements.

Ce n’est pas doux, pas tendre.

C’est Kara qui prend ce que je lui ai refusé pendant trop longtemps.

C’est moi qui me donne.

Ça ressemble à un rêve fiévreux.

Il n’est pas question de retenue. Elle me touche avec intensité, sans que j’aie besoin de lui dire ce que je veux. Je subis le rythme quasi brutal qu’elle impose et qui me fait me sentir totalement possédée.

Lorsqu’elle ajoute une nouvelle stimulation clitoridienne, j’abandonne tout contrôle et attrape le coin du coussin pour étouffer mes gémissements alors que mon plaisir s’accentue.

Mon bassin vient rencontrer ses doigts à mi-chemin et je sens la manière dont je me contracte autour d’elle, cherchant la satisfaction.

Nos corps bougent à l’unisson, se reculant pour mieux se retrouver, jusqu’à ce que je bascule.

Perdant le rythme, un son étranglé m’échappe et je me fige alors que le plaisir me gagne. Kara continue, inflexible, jusqu’à être sûre d’avoir tiré de moi tout ce qu’elle pouvait, mon corps retombant sur le lit comme une poupée de chiffons.

Elle s’allonge à mes côtés la tête sur mon épaule et restant en moi :

– Ça va ?

Reprenant mon souffle, j’enroule un bras faiblard autour d’elle et rétorque :

– Je te dirais ça dès que je me souviens comment je m’appelle…

Je sens son rire avant de l’entendre. Tournant la tête pour la regarder, je demande :

– Toi ça va ?

Elle m’adresse un sourire timide, déposant un baiser sur mes lèvres avant de dire :

– Je sais pas si... enfin… comment j’ai été, mais… ça m’a vraiment plu…

Plutôt que de répondre verbalement, je nous fais rouler, me retrouvant à cheval sur elle avant de me pencher pour l’embrasser. Me reculant et plaçant mon front sur le sien, je lance dans un sourire :

– Mhhh. Je sais pas trop quoi en penser, faudrait recommencer pour voir…

Souriant, elle fait bouger les doigts toujours à l’intérieur de moi et annonce :

– À votre disposition madame !

 

====================    

 

L’espace d’un instant, je n’ai aucune idée de l’endroit où je me trouve. Frottant mes yeux, je me tourne et tout me revient. Kara est nue à mes côtés et l’agréable sensation de satiété entre mes cuisses m’indique qu’il ne s’agissait pas d’un rêve.

Déposant un baiser sur son épaule, sa réponse n’est pas celle espérée :

– Nhhh. Va t’en !

Ça me fait rigoler et je persévère, recommençant et lançant :

– Kaaaaraaaa. Debouuuut.

– Nan !

Se dérobant à mes baisers, elle enroule ses bras autour de son oreiller et entreprend de se réinstaller.

Me penchant, je chuchote à son oreille :

– Karaaaaa. Tu veux pas passer du temps avec moi ce matin ?

– Nan.

Sa réponse me fait sourire et me donne envie de continuer à la taquiner :

– Une nuit et déjà le romantisme est parti.

Elle a beau la grommeler, sa phrase est très claire :

– Si t’en veux, t’as qu’à me ramener le petit déjeuner au lit, ça c’est romantique non ?

J’éclate de rire, ne m’attendant pas du tout à ça :

– Désolée, mais ça ne va pas être possible. Ton frère se poserait beaucoup trop de questions. Je ne sais déjà pas comment lui annoncer que…

Grognant, elle roule sur le dos et place une main devant sa bouche pour bâiller, avant d’annoncer :

– Y a rien à dire.

Outch.

Ce n’est pas exactement la chose que j’avais envie d’entendre dès le réveil. Ce n’est que du sexe et je ne m’imaginais pas qu’elle allait me déclamer une tirade amoureuse, me décrivant comment j’ai changé sa vie, mais là… c’est direct…

Au moins, je sais à quoi m’en tenir.

Secouant la tête de dépit et ravalant ma fierté, j’opte pour un changement de sujet :

– Tu peux me prêter des habits ? Du genre dans lesquels j’aurais pu dormir, j’ai oublié d’en prendre hier soir.

Acquiesçant, elle se redresse lentement, se dirige vers sa commode, farfouille quelques instants avant de me lancer un short et un T-shirt de la plateforme de streaming, avec son pseudo floqué à l’arrière.

Je m’installe au bord du lit et enfile rapidement ce qu’elle m’a donné. Kara se glisse dans mon dos et dépose des baisers dans mon cou, me murmurant :

– J’aime voir mon nom sur toi…

Je ne comprends pas les signaux contradictoires qu’elle m’envoie, n’ai aucune idée de comment me comporter et ça me met hyper mal à l’aise… Une minute elle me balance une horreur comme si de rien n’était, celle d’après quelque chose de limite mignon.

Tournant la tête, je dépose un baiser sur ses lèvres avant de me redresser pour quitter la pièce, lui adressant un petit sourire au passage. Fort heureusement, mes amies ont déjà évacué les lieux au moment où j’arrive dans ma chambre. C’est déjà ça.

J’ai besoin d’un moment pour moi. J’ai du boulot qui m’attend, va falloir ramasser et trier les morceaux de ma dignité…

Mes doigts jouent machinalement avec le bas du maillot qu’elle m’a prêté. Je suis totalement paumée. Je me sens utilisée. J’ai peut-être fait une connerie. 

– Fait chier !

Je sais pas ce qui est le pire : avoir trahi mon ami en craquant, me faire nonchalamment jeter comme une crotte dès le lendemain, ou n’être même pas sûre de regretter pour autant. 

Elle m’a dit qu’elle avait aimé, alors pourquoi cette réaction ?

Vraisemblablement, elle était plus curieuse que bi, mais je pensais qu’il était question d’explorer cette curiosité justement, trouver ses limites ou je ne sais pas quoi ?

J’aurais dû être plus méfiante, je l’ai senti venir à des kilomètres…

 

====================

 

Perceuse en main, je fais un trou dans le mur avant d’y glisser une cheville.

Je suis dégoûtée.

J’attrape les supports et les mets en place, vissant rageusement et ruinant à moitié le pas de la vis.

D’un côté j’ai envie de savoir, de l’autre, j’ai peur de la réponse.

M’emparant de la tringle, je l’installe, descends du bureau et observe mon travail.

Mhh. Ça fera l’affaire.

Sans regarder, je tire le rideau d’un seul coup.

M’asseyant sur mon fauteuil, j’ai à peine les fesses en place que ma jambe se met à gigoter.

Kara est dans sa chambre avec Mathieu, son « ami ».

L’ironie, c’est que même si elle n’est plus d’actualité, j’avais indiqué qu’elle pourrait voir qui elle veut avec cette stupide règle N° 2.

Plus j’essaie de ne pas y penser, plus ça m’obsède.

Et au lieu de la confronter en lui demandant s’ils couchent toujours ensemble, je suis partie au magasin de bricolage le plus proche pour faire l’acquisition d’un rideau et sa tringle…

S’il y a un mot pour me décrire, il commence sûrement par P et se termine par itoyable…

Ça fait deux jours que je suis peu à la maison et je sais qu’elle a remarqué que je l’évite. Disons que la fréquence avec laquelle je dois sortir des excuses me pousse à un certain niveau de créativité, inversement proportionnel à ma crédibilité… Par exemple, hier à 20h, alors que j’étais sur le canapé et que Nathan est parti à la douche, je n’ai pas pu lui parler, car je venais de me rappeler qu’il fallait absolument que je me fasse un masque à l’aloe vera…

Voilà voilà.

Bref.

Je ne suis pas fâchée contre elle, on ne s’était rien promis et j’ai bien l’intention de me comporter en amie. Mais aussi moche que ça soit, c’est surtout une réaction d’orgueil. Quand elle m’a parlé de « chercher ses limites », je me suis directement imaginé plein de choses et même si ce n’est pas justifié, je me sens… lésée ? Trompée ? J’ai l’impression de m’être faite avoir, qu’elle a pris ce qu’elle voulait et jeté le reste.  Pour ma part j’ai dépassé la limite qui m’était imposée et me sens bête.

Maintenant que je ne peux plus la voir à l’instant où je lève les yeux alors que je suis au bureau, peut être que je vais enfin pouvoir travailler. J’ai encore trois costumes à finir de retoucher pour une pièce qui débute la semaine prochaine !

Et puis de toute manière, c’est sûrement mieux comme ça. J’ai craqué, on l’a fait, je vais pouvoir passer à autre chose. Je n’ai plus qu’à apprendre à vivre avec mon affreux sentiment de culpabilité envers Aaron.

C’est juste un coup de cœur. Je n’ai pas pu résister parce que je fantasmais sur elle depuis longtemps, mais ça va me passer ! Je peux l’oublier et retourner à ma petite vie. D’ailleurs, c’est ce que je vais faire dès maintenant !

Satisfaite de ma nouvelle résolution, j’attrape le premier vêtement, prête à me mettre au travail.

La seule indication que plusieurs heures se sont écoulées est la tension qui a fait son apparition dans mon cou et mon pouce douloureux à force de tenir les ciseaux.

Aaron toque bruyamment à la porte de ma chambre, me faisant sursauter au passage, et parle à travers le bois :

– Naomi, t’as 10 minutes devant toi ?

Qu’est-ce qu’il me veut ? J’ai vraiment tenté de résister et c’est parce qu’elle n’a pas lâché l’affaire que j’ai fini par craquer. Alors elle n’a pas intérêt de m’avoir balancée ! Sinon je mets fin à ses jours et espère que ça passera en crime passionnel.

– Euh. Oui…

J’ai à peine eu le temps d’acquiescer que Kara rentre dans la pièce, se retourne pour remercier/congédier son traître de frère et annonce :

– Il faut qu’on parle !

Et merde. Faisant mine de me focaliser sur le placement de mon épingle, je lance d’un ton nonchalant :

– Pas maintenant Kara, je suis occupée.

– Tu viens de dire l’inverse à Aaron ! Il faut qu’on parle.

Soupirant, je prends une seconde pour me composer avant de lever un regard agacé dans sa direction :

– Je croyais qu’il n’y avait rien à dire ?

Je ponctue ma remarque d’un sourire mauvais qui aura le mérite de la faire réagir. C’est bas, mais ça m’énerve qu’elle ne respecte pas mon envie d’avoir la paix alors que j’accepte son choix.

Elle fronce les sourcils, ferme la porte à clef et s’approche de moi d’un pas décidé.

Plaçant ses mains sur ses hanches, elle demande :

– Qu’est-ce que c’est supposé vouloir dire ?

Ouh, madame n’aime pas quand les choses ne vont pas dans son sens ? Pas de chance !

Laissant un sourire narquois se glisser sur mes lèvres, je rétorque d’un air provocateur :

– À toi de me le dire…

Elle passe une main agacée dans ses cheveux, mettant à mal sa coiffure avant de prendre la parole d’un ton décidé :

– Ok stop. Je veux pas rentrer dans ce jeu. Pourquoi tu m’évites et agis comme ça ?

Le culot ! Me levant, je m’approche d’elle et suis claire cette fois :

– Ce matin-là… tu m’as déclaré qu’il n’y avait rien à dire. J’ai compris le message. On en reste là. De rien.

J’ai envie d’ajouter que je reviendrais vers elle d’ici quelques jours, qu’on est toujours « amies », mais ça équivaudrait à admettre que ça me touche et que j’ai besoin de ce temps mort. Or ça, c’est hors de question.

Kara plisse les yeux et fronce les sourcils, apparemment perplexe :

– Mais de quoi tu parles ? J’ai dit ça par rapport à Aaron ! Je ne vois pas l’intérêt de lui faire un rapport détaillé de ce qui ne le regarde pas alors même qu’on ne sait pas où ça va nous mener. C’est si déraisonnable que ça ?

Minute…

Elle ne m’a pas jetée comme une patate chaude ? Elle veut continuer ?

Je déteste la manière dont une vague d’espoir me gagne, façon tsunami.

Mettant apparemment trop de temps à répondre à son goût, elle reprend :

– Si ça te fait plaisir, on va lui dire dès maintenant ! Je ne comprends pas, je pensais que tu ne voulais pas qu’il se passe quelque chose par respect pour lui et que tu serais contente qu’il ne l’apprenne pas dans la seconde !

Alors qu’elle fait volte-face, certainement dans l’idée d’aller faire exactement ce qu’elle vient d’évoquer, je m’empare de sa main pour la retenir et demande :

– Donc… il y a des choses à dire… juste pas à Aaron ?

Au ton de ma voix, il est clair qu’il va falloir qu’elle réponde à cette question avec les pincettes nécessaires pour ménager mes insécurités.

Plaçant sa paume contre ma joue, elle s’avance pour déposer un chaste baiser sur mes lèvres, répondant sans ambiguïté :

– Bien sûr qu’il y en a. Tu me plais vraiment.

Je l’attire toujours. Ma « performance » n’a pas changé ça.

Suspicieuse, il me faut une clarification complémentaire :

– Et Mathieu ?

Elle grimace et j’ai peur qu’elle ne m’avoue ce que je crains, terminant d’achever mon amour-propre :

– Il est possible que son opinion de toi ait pris un gros coup…

– Comment ça ?

Je fronce les sourcils. Elle a été lui raconter ? Qu’est-ce que ça peut lui foutre ?

Kara hausse les épaules et m’explique :

– J’ai passé les derniers jours à me demander pourquoi tu agissais comme ça… Et j’ai vu deux conclusions possibles : soit tu regrettais, soit tu avais eu ce que tu voulais…

Elle baisse la tête après son admission et une partie de moi a envie de s’offusquer qu’elle ait pu penser ça. Mais l’autre partie, celle qui a conscience que l’hypocrisie n’est pas exactement une qualité, sait que j’ai suivi la même logique…

Malgré tout, je ressens le besoin d’en être 100 % sûre :

– Donc vous n’avez pas… ?

Elle lève les yeux au ciel en souriant :

– Non Naomi, on n’a pas…

Machinalement, je glisse ma lèvre inférieure entre mes dents, la mordillant pour cacher ma joie. Étonnamment, ce n’est apparemment pas en montant cette tringle que j’ai atteint le paroxysme du ridicule… J’ai passé tellement de temps à me dire qu’elle était hétéro et que ça ne pourrait jamais être plus qu’un coup d’un soir que j’ai fini par m’en convaincre on dirait…

Elle s’approche encore, jusqu’à venir coller son front au mien :

– On est ok ?

– On est ok.

Le regard brillant, elle me lance :

– Prouve-le.

Souriante, je place mes mains sur ses hanches, l’attire à moi et capture ses lèvres des miennes.

Kara n’hésite pas un seul instant à retourner mon baiser, laissant s’échapper des petits sons de contentement.

Dire que j’ai failli tout faire foirer parce que j’ai mal interprété ses propos et ne l’ai pas laissée s’expliquer.

Sa langue vient à la rencontre de la mienne et si je m’écoute, je la plaque contre le lit et rattrape le temps perdu.

D’ordinaire, si ça ne le fait pas je passe à autre chose sans problème, mais je ne pense pas que ça aurait été si simple avec elle. J’ai été naïve de croire que je pourrais me contenter d’une seule fois, j’en veux plus et l’intensité de ma réaction en est la preuve.

Maintenant arrive le plus dur : ne pas oublier les limites de notre deal. Je dépasse déjà les bornes vis-à-vis d’Aaron, il faut que je garde en tête qu’il s’agit d’une relation qui n’est que purement charnelle entre Kara et moi.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
C'est pô meugnoooon ! <br /> <br /> Eh, t'as vu, je commente à chaque chapitre ! 😂
Répondre
V
L'excuse bien trouvée du changement d'heure... on me l'a fait pas moi!!!<br /> <br /> En fait tu voulais qu'on te suppli afin d'assouvir ton sadisme légendaire 🤣😂
Répondre
J
Je sors de mon travail et vois que la planification canalblog n'a pas aimé le passage à l'heure d'hiver... Je vois toujours le truc prévu pour aujourd'hui 15h sauf que c'est passé. Je publie de suite :)
Répondre
V
Euh on est mercredi je viens de sortir du taf et pas de nouveau chapitre à lire dans le rer <br /> <br /> Tu nous a oublié 😭
Répondre
T
Y'a grève...? 🤔 :(
Répondre
Publicité