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Fictions Lesbiennes :)

Fictions Lesbiennes :)
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26 janvier 2012

Chapitre 3

Chapitre 3: Atroces quiproquos et rencontres imprévues

 

Nous marchons environ une dizaine de minutes sur le Strip, passant devant casinos, boutiques et hôtels quelque peu excentriques. Alors qu'un couple de passants visiblement alcoolisés me bouscule, ne me remarquant même pas, je ne peux m'empêcher de penser à voix haute :

-          Dire qu'on est ici pour le boulot…

A mon grand étonnement, quelques secondes plus tard j'entends un :

-          A qui le dites-vous…

Finalement, la chaleur a raison de nous et nous nous décidons à retourner profiter de la fraicheur de l'hôtel.

Alors qu'on traverse le hall, elle m'arrête pour me montrer une jeune femme au loin. Celle-ci est rousse, élancée, les yeux verts et un air de cette chanteuse de Tatu dont je ne me rappelle plus le nom.

-          C'est elle ! me dit-elle tout bas, l'air conspirateur.

-          Elle quoi ? Et puis inutile de baisser le ton, je ne pense pas qu'elle puisse nous entendre de là où elle est !

-          Cette femme, Linda Parkson, c'est elle la clé de notre succès !

-          Comment ça ? dis-je fronçant les sourcils, comme si ça allait m'aider à mieux saisir le sens de ses paroles.

-          Elle est présidente de la congrégation des remorqueurs et est on ne peut plus influente dans le milieu ! Si on arrive à se la mettre dans la poche, c'est gagné ! finit-elle, un sourire victorieux fermement planté sur ses lèvres.

Une question me vient cependant à l'esprit :

-          Et comment on est censées faire ça au juste ?

-          On a un projet en béton, que vous allez présenter… Oh d'ailleurs vous la trouvez comment ?

-          Hein ? Que… Pardon ?

Je la regarde comme si elle avait perdu l'esprit. Elle plisse les yeux comme pour réfléchir à comment formuler la chose et me demande :

-          Physiquement elle vous plait ?

-          Quel est le rapport au juste ?

Je fais semblant de recoiffer ma chevelure blonde dans un miroir proche afin de me donner une contenance. J'avoue que ma question a pour unique but d'éviter de répondre à la sienne. Même si les rousses ne sont pas mon type à l'origine, je suis bien forcée d'admettre qu'elle possède certains… atouts.

-          Son statut d'éternelle célibataire l'a dénoncée. Elle est de votre bord.

OMG ! Je suis outrée, jamais je n'aurais cru qu'elle oserait !

Lorsque, passé ma seconde d'étonnement muet, je prends enfin la parole, pas de doute que mon état s'entend dans le ton accusateur que j'adopte :

-          Est-ce que vous seriez en train de suggérer ce que je pense ? Parce que si vous croyez une seule seconde que j-

-          Calmez vous, je ne vous demande pas de coucher avec, je suis votre patronne, pas votre mac ! Je me suis mal exprimée !

-          Alors quoi ? demandai-je les bras croisés, fermement décidée à ne pas la laisser s'en tirer à bon compte.

-          C'est juste qu'elle est assez jolie, alors je me demandais " pourquoi est-ce qu'elle est célibataire ? ".

-          Donc vous essayez bien de me caser avec !

Je place mes mains sur mes hanches et la regarde d'un air accusateur. Comme elle peut l'être au travail, elle reste parfaitement impassible devant ma démonstration d'humeur et se justifie calmement :

-          Non ! Aussi bizarre que ça puisse vous paraître, je suis moi aussi parfois un peu curieuse. J'essayais juste de répondre à une question personnelle…  Peut être que je suis la seule à lui trouver un certain charme.

-          Huh huh…

Selon moi, cette histoire de " questionnement " n'est qu'une vaste farce. Je la vois mal en Matchmaker mais son excuse me paraît quand même un peu bidon.

Juste quand je suis persuadée que le sujet est clos, elle reprend la parole :

-          En un sens je crois que je l'admire, ça fausse peut-être ma perception des choses.

Elle ? Admirer quelqu'un ? Oô Wow, cette miss Parkson va devenir mon idole…

-          Comment ça ?

-          Je veux dire… Cette femme à dû se battre pour en arriver là. Imaginez ce que c'est que d'avoir à se faire une place dans un milieu typiquement masculin, le tout en affichant ostensiblement son orientation sexuelle.

-          Pas faux…

-          Le fait que nous soyons deux femmes pourrait jouer en notre faveur. De notre côté de la barrière aussi c'est plutôt rare… Enfin je ne compte pas là-dessus, pas besoin ! Je suis sûre que votre présentation va être du tonnerre.

Euh, MINUTE !

-          Comment ça MA présentation ?

-          Simple. Si ce projet se déroule comme prévu, notre part de marché se verra considérablement augmentée. Il faudra très certainement embaucher… Et surtout promouvoir ceux qui ont contribué au succès. Je vous fais présenter parce que je veux qu'ils apprennent à connaitre celle avec qui ils pourraient être amenés à travailler.

Mes oreilles tintent joyeusement au son de la chanson " promotion, ohhh promotion à moaaaaa " que je viens d'inventer et qui risque de me rester en tête. Suspicieuse, je décide d'être sûre en demandant néanmoins :

-          Rien à voir avec mon orientation sexuelle ?

A peine les mots sortis de ma bouche, je sais que je viens de l'agacer.

Beaucoup.

Énormément.

- Écoutez, et écoutez-moi bien parce que je n'aime pas me répéter. Jusqu'à preuve du contraire le fait que vous aimiez les femmes n'est pas écrit en lettres capitales rouge sur votre front. Vous n'avez pas les cheveux courts, aucun piercing à l'arcade, bague au pouce, marcel ou je ne sais quoi, ce qui vous sort du cliché lesbien. Méconnaissable à l'œil nu. Non, si vous êtes là, c'est parce que j'ai remarqué l'ampleur du travail accompli, et qu'au vu des résultats, je peux affirmer que vous êtes la plus qualifiée. Nous sommes ici dans un but PUREMENT professionnel, et qui vous choisissez de mettre dans votre lit m'est COMPLETEMENT égal. On est d'accord ?

 

Je mets un moment à répondre, une expression de choc fermement en place sur mon visage. J'ai les sourcils tellement levés qu'en me voyant, la moitié des gens de ce hall doivent penser que je sors d'une opération de chirurgie au botox qui a mal tourné. En tout cas c'est ce que je penserais personnellement.

Je finis par acquiescer, ne sachant pas quoi dire de toute manière.

Apparemment satisfaite, elle se dirige vers la salle des jeux d'un pas rapide, me laissant sur place.

Je songe un instant à la suivre, mais la perspective d'un canapé (même un s'avérant peu moelleux) m'attire davantage. Je fais demi-tour et marche quelques instants avant de réaliser.

C'est elle qui a la clé de la chambre.

Trottinant derrière elle (ne riez pas, la vie n'est pas facile quand on fait 1m20 les bras levés).

Je la rattrape pile au moment où elle passe a côté de la jolie rousse en question. Ma main sur son épaule la stoppe et elle se retourne d'un air agacé.

-          Quoi encore ? Le sujet est clos !

-          Non enfin oui mais j'ai besoin de la clé de la chambre.

-          Oh ! Immédiatement, elle porte sa main à son sac à main, sortant le pass quelques instants plus tard et me le tendant.

-          Autre chose ? demande-t-elle en essayant de garder son air énervé mais elle s'est visiblement calmée.

Cette femme est comme un genre de catastrophe naturelle. On ne la voit pas toujours venir, ça fait mal et une fois que c'est terminé on peine à réaliser.

-          Non, c'était tout.

-          Très bien. On se retrouve la haut alors. Dit-elle en tournant les talons.

Je la regarde partir un instant, profitant de la vision qu'est son postérieur en mouvement, avant de constater que je ne suis pas la seule. Je détache un instant mes yeux pour remarquer que Linda Parkson a les yeux rivés au même endroit. Mon regard retourne vers les formes de ma boss et je m'étire un peu pour continuer à la voir encore alors qu'elle contourne les machines à sous.

Soupirant, je me tourne en direction des ascenseurs quand j'entends la rousse me dire :

-          Les plus jolies ne sont pas toujours les plus faciles à vivre, huh ?

-          Je ne peux qu'être d'accord… Mais ça fait partie du charme non ?

-          Oh que oui, sans piquant ce serait beaucoup moins intéressant. dit-elle, un sourire coquin aux lèvres.

-          Bon, je vous abandonne, il faut que j'aille profiter de la chambre qui m'attend. Le décalage horaire ne pardonne pas !

Je brandis la clé électronique comme pour appuyer mes propos, même si je n'ai a priori aucune raison de me justifier.

-          Très bien, à après demain alors !

Mon sourcil se lève bien malgré moi. Comment diable sait-elle ça ?

-          Linda Parkson. Je suis la présidente du congrès auquel vous êtes venues assister. Ajoute-t-elle en me tendant la main.

-          Liz Scott. Co-comment ?

-          Vous n'êtes pas la seule à vous être préparée pour cet évènement. La photo de Mlle Mackenzie se trouve sur un nombre incroyable d'articles. Je n'oublie jamais un visage, encore moins un comme le sien. Et vous étiez sur quelques un de ces articles.

Voyant que je reste dans une léthargie absolue, elle sourit pleinement, me dévoilant une rangée de dents blanches et droites avant d'ajouter :

-          Je ne vous retiens pas davantage, allez vous reposer. On sait comment se finissent les réconciliations de couple, vous en aurez besoin ! Veinarde ! Finit-elle en tournant les talons avant que j'aie eu le temps de réagir.

Je retourne dans la chambre en mode zombie. Oh mon Dieu ! La panique s'installe dans l'ascenseur quand je prends pleinement conscience de ce qu'elle vient de suggérer.

Une fois entrée, je me laisse mollement tomber sur le canapé, complètement sous le choc. Quelle merde !

La question qui me vient à l'esprit est : est-ce que je lui dis ou pas ? Et si oui, comment ? " Tiens, bonjour, au fait, cette Madame Parkson, elle croit qu'on est en couple ! Allez, bonne nuit ! ".

Non, ça ne le fait vraiment pas. Ceci dit, cette option est à garder sous le coude si jamais me viennent des tendances suicidaires.

 

            *          *          *          *          *         

 

Je suis tirée de mon sommeil par un raclement de gorge. Daignant ouvrir un œil, je trouve ma boss plantée devant moi, en tenue complète de sport.

-          Mhararadormi… Euh… Désolée ! 'Jour ! Il est tard ? J'ai trop dormi ?

Je tente d'attraper mon téléphone, posé juste ce qu'il faut trop loin pour que mes doigts malhabiles n'arrivent pas à le saisir. Elle me regarde d'un air curieux avant de répondre :

-          Pas vraiment, tout juste 8H30. Je vais faire un jogging d'ici peu, alors je voulais vous prévenir et puis vous demander si vous aimeriez vous joindre a moi ?

-          Un jogging ? A l'aube ?

Je peine déjà à conserver une paupière relevée...

Ses yeux verts sont rieurs lorsqu'ils se posent sur moi… En même temps, je suis quasi-certaine que, comme chaque matin, ma coiffure a de quoi rivaliser avec celles présentées sur les mannequins par les créateurs de mode les plus excentriques au monde. Et avec mon carré dégradé, aucune chance que je réussisse une queue de cheval comme la sienne.

-          Je vois… Mais après l'effort, le réconfort, on pourrait se détendre…

Je lui accorde un bon point pour la jolie tentative pour m'extirper hors du cuir du canapé, mais la perspective de courir ne me dit VRAIMENT rien. Prenant sur moi, j'arrive à m'abstenir de lui faire part du genre de détente que j'aimerais " pratiquer " à ses côtés et me contente de rétorquer :

-          Je m'en tiendrais au réconfort, mais merci quand même !

-          Très bien. Mais ne venez pas vous plaindre quand vos fesses feront penser à du Flamby.

-          Hey, j'adore le Flamby !

Souriant par-dessus son épaule, elle finit par sortir au pas de course. Puis de toute façon, même si mes fesses devenaient énormes, je ne force personne à les regarder. Elle ne s'en apercevrait probablement pas jusqu'au moment où j'aurais le droit à une réflexion désobligeante.

En ce qui concerne le jogging… Rien qu'à la voir toute motivée comme ça ça m'épuise, comme quoi il n'y a pas besoin d'aller courir.

J'esquisse un mouvement pour finalement me rendre compte que mes pauvres muscles ensommeillés ne sont pas de taille face au canapé modèle " incrustation de son occupant ". Résignée suite à ma tentative d'une seconde ¾, je me réinstalle confortablement, décidant unilatéralement que c'était un repos bien mérité. Finalement, il n'est pas si mal ce lit improvisé.

 

                        *          *          *          *          *

 

On me secoue.

J'ouvre un œil, puis l'autre et réalise que c'est ma chef qui tente de me réveiller. Vu comme ses cheveux sont humides, soit elle est fraichement lavée, soit elle a de la famille parmi certains catcheurs à la TV. Pour ma santé d'esprit, on va dire que c'est l'option douche.

-          Vous êtes prête ? me demande-t-elle

-          Prête pour quoi ?

-          Le réconfort ! Me dit-elle en brandissant fièrement devant mon nez ce que j'identifie comme étant un prospectus. De quoi, je l'ignore étant donné qu'il est bien trop proche de mes yeux pour que je puisse y lire quoi que ce soit.

-          C'est quoi ?

-          De quoi faire notre choix parmi les montagnes caloriques proposées par l'hôtel ! Allez allez, vous n'allez quand même pas me laisser grossir seule ?

Sceptique, mes yeux se posent quelques instants sur le menu des desserts proposés par l'hôtel, avant de préparer ma réponse. La laisser grossir seule ? Son gonflement pourrait créer un mouvement inverse de ma libido à son égard !

Je m'apprête à la laisser seule dans son désarroi, lorsqu'elle prend la parole avant que je ne réponde :

-          N'essayez même pas de me sortir une quelconque excuse vaseuse sur votre peur de grossir, j'ai bien repéré le tiroir à bonbons de votre bureau.

L'énorme mensonge diététique que je m'apprêtais à proclamer haut et fort meurt avant même d'avoir quitté ma bouche.

-          Très bien, je vais me préparer…

Me levant, je regrette l'absence de mes pantoufles vert pomme, qui d'ordinaire accentuent à merveille le trainement dramatique de mes pieds. Je n'ai strictement aucune envie de quitter le confort de la chambre pour aller petit-déjeuner en bas, mais puisque ça a l'air de lui faire plaisir...

 

Mi assise, mi incrustée dans les énormes fauteuils en cuir proches des tables du petit déjeuner, je considère avec un intérêt non feint les diverses " gâteries " qui sont au menu.

Suite à trois minutes d'intense réflexion, je finis par opter pour une chose dont j'ignore jusqu'au nom mais qui dégouline vraisemblablement de chocolat.

Rien de tel pour commencer une journée.

J'engouffre avec le peu de grâce que l'opération autorise des cuillerées pleines de mixture pâtissière hautement chocolatée, prenant garde à ne pas tâcher mes vêtements.

 

En voyant le sourire narquois qui orne les lèvres de ma supérieure, je comprends que ce n'est pas pour mes vêtements que j'aurais dû m'en faire. Résignée, je lui lance :

-        Allez y, lâchez vous, je suis prête à tout entendre…

-        Rien rien ! Je me disais juste que si vous vouliez à ce point vous faire un masque vous auriez dû me le dire, il y a de très bons instituts dans le coin.

Essuyant la claque à mon égo en même temps que la moitié inférieure de mon visage, je termine de manger avec un empressement beaucoup plus modéré.

Au moment même où je termine ma dernière cuillerée, la harpie se lève, j'imagine pour re-remplir sa tasse de café pour la cinquantième fois au moins. Je m'apprête à combattre l'attraction gravitationnelle qu'exerce ce fauteuil sur moi, quand une main vient se poser sur mon épaule. Suivant celle-ci, je trouve un bras, puis un cou, surmonté d'une tête rousse bien connue.

-          Mademoiselle Parkson, bonjour !

-          Bonjour ! Excusez-moi de vous interrompre, mais le temps m'est compté ! L'intervenant qui vous précédait à dû annuler, il vient d'Asie et apparemment les conditions climatiques l'empêcheront d'être là à temps. Vous pensez pouvoir avancer votre présentation ?

Deux choix s'offrent à moi : refuser et par la même admettre notre manque total de préparation, ou accepter et faire face à notre manque total de préparation.

-          Euh, il faudrait juste que j'en avise -

-          Consultez là, je comprends. Je serai dans les parages pour prendre mon petit déjeuner.

-          Très bien, je vous dis cela d'ici quelques instants. Dis-je, paniquée en voyant ma boss revenir.

-          Parfait !

A mon grand désespoir, elle reste juste ce qu'il faut de trop pour que la dragonne revienne.

Ses yeux s'écarquillent un instant en voyant la rousse à notre table, mais elle reprend très vite contenance.

-          Mademoiselle Parkson, enchantée ! proclame ma chef en lui tendant la main, un sourire chaleureux aux lèvres.

-          Ravie d'avoir enfin l'occasion de vous rencontrer mademoiselle Mackenzie !

-          De même.

Se mettant en mode travail quasi-instantanément, elle enchaine avec un :

-          Je me disais avant de partir que puisque je vous y verrai, le congrès sera l'occasion de mieux connaître votre opinion sur un certain nombre de points que j'aimerais aborder avec vous.

-          Ce sera avec joie ! D'ailleurs je viens justement de faire part d'une nouvelle concernant le déroulement du congrès à mademoiselle Scott. Enfin, elle vous en dira plus ! Et puis, on en encore le temps de profiter du cadre avant de se mettre au travail !

-          Tout à fait ! dit ma boss en acquiesçant.

-          Je vais devoir vous abandonner, j'ai peur que mon cappuccino ne refroidisse.

-          Très bien, à demain alors !

-          A demain.

Elle tourne les talons, ce qui me fait lâcher un énorme soupir intérieur de soulagement.

Dieu merci, elle n'a pas évoqué le " quiproquo ".

Juste lorsque je me sens tirée d'affaire, je la vois partir se chercher l'équivalent de trois kilogrammes de sucre, et, au voyage retour, me gratifier d'un " thumbs up ", clin d'œil et " bien joué " muet dans le dos de ma supérieure.

En voyant les sourcils de celle-ci se froncer quasi-instantanément, j'ai envie de pleurer. Faisant mine de chercher quelque chose dans ma veste, je me retourne afin de confirmer mes pires soupçons.

Il y a en effet un miroir situé pas bien loin derrière moi.

J'évite toujours de sortir sans sous-vêtements au cas où je me ferais renverser par un gros camion. Pour le coup, j'aimerais que celui-ci vienne mettre fin à mon malheur.

Bien évidemment, la question ne se fait pas attendre :

-          Pourquoi elle vous a fait ces signes dans mon dos ? Vous complotez ? demande-t-elle en plaisantant à moitié seulement.

Oh oh…

-          J'ai quelque chose à vous dire…

Impatiente, elle demande directement ?

-          Quoi ? Dites-le tout de suite comme ça on en finit !

-          A vrai dire, je préférerais en parler dans la chambre.

La vérité c'est que je préférerais ne pas en parler du tout, mais j'aurais dit n'importe quoi pour repousser le moment de mes aveux. Et accessoirement, j'imagine que la faire s'étouffer publiquement sous le poids de ma " révélation " pourrait créer une publicité dont je me passerais volontiers.

A contre cœur, elle termine son café et prend ses affaires, trottinant à moitié vers les ascenseurs.

La patience n'est vraiment pas son fort, elle n'a pas menti. La suivant d'un pas beaucoup moins pressé, je prends le temps de profiter du cadre sublime de l'hôtel. Ça me console de me dire qu'au moins je mourrai telle une princesse.

Pénétrant dans l'ascenseur, je réfléchis à quelle pièce choisir pour ma grande révélation. C'est dans ces moments là qu'on se rend compte du nombre d'objets contondants potentiellement mortels qu'il y a dans une simple chambre d'hôtel. 

Alors que les portes se referment lentement, on entend " attendez " et une main vient se glisser entre elles, stoppant aussitôt la fermeture.

L'inconnue pénètre dans l'ascenseur avec nous, suivie de près par un très beau mec, tous deux inconscients du fait qu'ils viennent de rallonger ma vie de quelques instants.

-          Avoue tout, tu tentais de nous semer ? dit la jeune femme en s'adressant visiblement à ma boss.

-          Mais pas du tout, vous vous faites des idées ! Je ne vous avais pas vus ! Comment ça va vous deux ?

Shaell s'avance d'un pas plus incertain que d'ordinaire vers la jeune blonde et lui fait la bise, avant de poser sa main sur l'épaule du type et de lui déposer un baiser sur la joue qui m'a l'air bien trop familier pour me plaire. C'est sûrement LUI le petit copain.

Je me demande si c'est par rapport à ma " révélation " ou pour les fuir qu'elle était si pressée…

J'observe les nouveaux venus d'un œil critique, qui pourtant ne trouve rien à redire au physique ni de l'un, ni de l'autre. La jeune femme est blonde, les yeux bleus, un corps à m'en décrocher la mâchoire et un sourire ravageur. Quant à lui, il doit avoir des origines latinos, des beaux cheveux courts et bruns et des yeux noirs qui lui confèrent un charme dingue. Et si vous voulez mon avis (d'ailleurs même si vous ne le voulez pas), il doit être coutumier des salles de sport.

-          Tu ne nous présentes pas ? demande la jeune femme.

-          Si si, bien sûr. Répliqua ma chef sur un ton qui me laisse penser qu'elle avait tout sauf l'intention de le faire. Liz, voici Mattéo, dont je vous ai parlé, et Angélique une amie. Voici la responsable réseau de l'entreprise, Liz.

Elle lance un regard des plus étranges en direction d'Angélique au moment de la présentation et ignore complètement la question de Mattéo voulant savoir pourquoi on avait parlé de lui. Résigné, il se tourne vers moi et dit :

-          Enchanté.

-          De même.

-          Vous pouvez m'appeler Angy. Ravie de faire votre connaissance. J'ai tellement entendu parler de vous !

Je jette un regard interrogateur en direction de ma future meurtrière qui se contente de l'ignorer et de demander :

-          Vous allez à quel étage ?

-          9ème.

Elle appuie aussitôt sur le bouton de leur étage et l'ascenseur se met en marche dans un doux ronronnement.

Souriant et fixant Shaell d'un air qui ne me plait pas trop, Mattéo s'enquiert :

-          Ça vous dirait de se boire un verre ce soir ?

-          Oh oui bonne idée ! renchérit Angy.

Ma boss tente de s'en sortir en annonçant :

-          Euh c'est-à-dire qu'on a pas mal de boulot, entre la conférence et le reste…

-          Ta-ta-ta ! Ma vieille, hors de question que tu nous fasses faux bond ! Liz, qu'en dites-vous ?

Ignorant le regard assassin de ma supérieure, je réponds comme je l'entends :

-          Avec grand plaisir !

-          Parfait alors ! Disons… Rdv dans le hall de l'hôtel pour 20H ?

-          Nous y serons ! répond la harpie à contre cœur.

Je me demande pourquoi elle ne veut pas passer une soirée avec son petit ami. Ohhh, peut-être qu'on pourrait échanger de chambre. S'il dort seul, j'aurais mon intimité, s'il dort avec Angy… hehehe… Concentre-toi Liz, ta fin est proche je te signale. Et puis hors de question de les laisser seuls tous les deux. Si je dois fantasmer sur cette femme, personne ne doit l'approcher trop près pour briser mes rêves.

Le truc qui m'a poussé à accepter c'est aussi qu'elle ne pourra pas se présenter sans moi ce soir, donc elle ne pourra pas m'éliminer ! Brillant, pas vrai ?

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26 janvier 2012

Chapitre 2

Chapitre 2: L'installation

 

Quelques étages plus haut, elle fait glisser le pass dans la serrure et la porte s'ouvre dans un doux cliquetis. Je la laisse pénétrer en premier dans la pièce, avant d'y entrer à mon tour. L'homme à l'accueil n'avait pas menti, la chambre est superbe, je veux bien croire qu'elle compte parmi l'une des meilleures de l'hôtel.

Il y a une pièce principale où trônent deux canapés et une table basse, puis une double porte coulissante donne sur la chambre en elle-même, avec un lit king size entouré de deux tables de nuit.

Ma boss s'approche de l'énorme baie vitrée qui prend tout le mur du fond, et en caresse la surface du bout des doigts. Elle admire la vue d'un air pensif. M'y rendant à mon tour, je constate qu'il y a de quoi être impressionnée. Les divers casinos se démarquent à perte de vue dans le soleil couchant, leurs néons illuminant le ciel.

Elle se tourne vers moi et me sourit timidement.

-          Pas mal huh ?

-          C'est le moins qu'on puisse dire…

Son regard reste ancré dans le mien quelques instants, puis elle se dirige vers le lit, avant de s'y laisser tomber mollement.

-          J'ai attendu ce moment toute la journée ! me dit-elle depuis sa place.

Je suis quant à moi captivée par la vision que j'ai. Et même si son haut s'est légèrement soulevé, laissant entrevoir un joli ventre plat, ce n'est pas ça qui me captive le plus.

C'est elle.

Je veux dire, elle est superbe, même allongée nonchalamment sur le lit. C'est le genre de femme que tous les hommes rêvent de retrouver chaque soir à la maison. Celui qui partage sa vie à de la chance. Même si elle a sans nul doute un caractère de cochon, elle est aussi brillante et a beaucoup de charme.

 

J'avoue qu'au travail, même s'il m'arrive souvent de lui porter un intérêt purement lubrique, je ne l'avais jamais vue aussi clairement que maintenant. D'ordinaire, sa présence indique des souffrances à venir. Elle est tout ce qu'il y a de plus dur et paraît insensible, complètement focalisée sur le travail.

C'est sûrement stupide, mais il ne m'était jamais venu à l'esprit qu'elle puisse être une personne " ordinaire " une fois sortie de l'enceinte de l'entreprise.

A la voir, affalée sur le lit, je m'en demanderais presque si la dragonne existe réellement, ou si elle n'est qu'un personnage, un masque destiné à inspirer le respect.

 

Je suis sortie de ma rêverie par son regard posé sur moi. Avant qu'elle ne me fasse une quelconque réflexion, je secoue lentement ma tête et vais chercher les valises pour les amener plus au centre de la pièce, me donnant une contenance. Le problème va maintenant être de savoir où l'on va mettre nos affaires respectives, étant donné qu'il n'y a qu'un seul placard et qu'une seule commode. J'aime mieux le dire franchement, je ne m'imagine pas du tout partager un tiroir à sous-vêtements avec la harpie.

Mon éloquence naturelle reprend le dessus et je finis par lui demander :

-          Comment on va faire ?

Devant son sourcil levé dans une question muette, j'indique les valises puis les deux meubles de rangement.

-          Oh. Et bien… Vous préférez sûrement le placard j'imagine ?

Elle me fait un sourire tout ce qu'il y a de plus malveillant en disant cela.

Le placard, j'en suis sortie, merci bien.

-          Non, je préfère vous le laisser, vous devez sûrement avoir plus de choses à mettre dedans.

Je fais de mon mieux pour ne pas dire " Et toc " en voyant son air vaincu à la fois amusé et amer. 

-          Très bien, prenez la commode alors…

 

Alors que je me dirige vers le meuble afin d'y ranger mes vêtements, je songe au fait qu'il n'y a qu'un seul lit.

Honnêtement, je me vois TRES MAL dormir avec elle.

Outre le fait qu'elle seule est capable de me procurer des rêves qui me réveillent toute palpitante en pleine nuit, c'est surtout ma boss, la bien nommée femme glaçon !

Cependant, la perspective de dormir sur un des canapés ne m'enchante guère. Vu la tête du revêtement en cuir, je pense que dormir à même le sol pourrait s'avérer plus confortable. Après tout il y a des tapis...

D'un autre côté, le lit est tellement grand qu'il y a peu de chances pour qu'on se touche pendant la nuit.

N'arrivant pas à me décider à proposer l'une ou l'autre solution, je choisis de lui laisser cette responsabilité.

Profitant du fait qu'elle s'est levée, j'attrape l'une des couvertures que  je plie avant de la poser sur le divan. Sentant son regard sur moi, je dis :

-          Vaut peut être mieux que je prenne le canapé.

-          Okay.

-_-'

Vous voyez, c'est de ça dont je parle. N'importe qui d'autre aurait répondu " mais ne soyez pas ridicule, Liz, le lit est bien assez grand pour nous deux ".

Mais pas elle !

Elle me laisse dormir sur le canapé sans aucune vergogne ! Même pas un merci, même pas de reconnaissance pour mon sacrifice, juste un " okay " ! Retenant le soupir qui menace de s'échapper, je vais me servir et prends un oreiller dans le lit.

-          Vous pensez qu'ils auront bientôt des chambres de libre ?

Elle réfléchit un instant à ma question, remettant une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille avant de répondre :

-          J'en doute. Apparemment les conventions et autres événements ne sont pas ce qui manque à cette époque de l'année. J'imagine qu'on va devoir faire avec.

Arf…

Enfin en même temps, c'est pas elle qui va devoir passer les sept prochaines nuits sur un canapé tout ce qu'il y a de plus inconfortable !! Ok, je le juge avant de m'être assise dessus, mais quand même !

 

Une fois toutes mes affaires bien rangées dans la commode, je vais à mon tour m'affaler sur le lit. La sonnerie étouffée de mon téléphone me tire bien vite hors de mon monde de confort, me forçant à me lever pour aller le chercher dans mon sac. Voyant que c'est Steph, je m'empresse de répondre, tout en fermant les doubles portes qui séparent le salon de la chambre.

-          Hey ma belle, comment ça va ? Le voyage s'est bien passé ?

-          Bah la routine, le mal de l'air etc… Et disons que ça pourrait aller mieux.

Je l'imagine sans mal à l'autre bout du fil, mâchouillant quelque friandise que ce soit, en tournicotant ses longs cheveux bruns entre ses doigts.

-          Terminator a encore frappé hein ?

-          Pas vraiment, ce n'est pas franchement sa faute pour le coup.

Sachant très bien que la curiosité de ma collègue est légendaire, je fais exprès de ne pas en dire trop. Sa réaction ne se fait pas attendre :

-          Bon, tu craches le morceau ou quoi ?

-          On est obligées de partager la chambre.

J'éloigne rapidement mon oreille du téléphone, connaissant suffisamment Steph pour savoir qu'elle a tendance à manifester sa surprise de façon… brutale dirons-nous.

-          KWAAAAAAAA ?

-          A mon avis, le petit stagiaire qui s'est chargé des réservations va recevoir un coup de fil bien salé demain.

-          Bah, il va se faire virer, comme celui d'avant ! Mais comment une telle chose a pu se produire ?

Je lui explique rapidement ce qu'il en est, la laissant digérer les informations. Après quelques secondes d'étonnement muet, elle finit par dire :

-          Ma pauvre…

J'aurais pu rire de son ton si désespéré si je n'étais pas entièrement d'accord avec elle.

-          Ouais, comme tu dis.

-          Tu penses survivre plus d'une nuit avec elle ? Dans la même chambre ?

-          On verra bien. Pour l'instant, elle s'est montrée étonnamment gentille.

Pas besoin d'être à côté d'elle pour imaginer ses yeux noisette se plisser, ni son air accusateur :

-          Mouais, c'est le chien qui jappe pour que tu t'approches et GNAP, il te mord la main !!!

-          T'exagère pas un peu là ?

-          Pas du tout, on a bien vu ce qu'elle a fait de Marc !

Marc… Après deux erreurs, il est passé de chef comptable à… sorte de secrétaire en comptabilité. Autant dire qu'en le rétrogradant, elle n'a pas fait les choses à moitié.

-          Enfin bref, je vais te laisser, je suis crevée et je rêve de prendre une douche.

-          Ok ça marche ! Et vu que vous partagez la même salle de bain, profites-en pour regarder ce qu'elle met comme crème sur le visage, je tuerais pour avoir une peau comme la sienne !

-          Je verrais ce que je peux faire, mais je promets rien. Je compte pas fouiller dans ses affaires, c'est pas mon genre et l'idée qu'elle puisse me brûler vive si elle le découvre ne m'attire pas spécialement !

-          T'as raison, mais si elle laisse en évidence hein… Tu penses à moi !

-          Oui ok, bon à plus tard hein, je te tiens informée. Bisous.

-          Bisous.

 

Je raccroche, soulagée. Pour une fois que j'arrive à terminer relativement rapidement une conversation avec elle… Je m'étire un bon coup, regarde avec dépit ce qui va me servir de lit et vais toquer à la double porte.

-          Oui ?

 

Oh mon Dieu.

Je tente de garder une certaine contenance, mais j'ai certainement devant moi la femme la plus sexy de ce côté des Etats-Unis. Si vous n'avez jamais rencontré quelqu'un qui puisse faire crier un caraco et pantalon de sport moulant " SEXUALITE ", c'est normal. Mais à voir l'effet qu'elle me fait dans une tenue aussi banale… J'ai peur pour moi.

Résister à la tentation, ça je peux faire.

Ne pas regarder c'est impossible.

-          Vous avez vu quelque chose qui vous plait ? dit-elle en arrêtant de se brosser les cheveux.

Ok. Ça, c'est fait.

Son ton est joueur, mais quelque chose dans ses yeux me dit que je ferais mieux de faire attention. Je remarque qu'elle ne reprend pas son brossage, ce qui me fait réaliser qu'elle m'a posé une question. Question à laquelle je n'ai VRAIMENT pas envie de répondre. Je décide à la place de demander ce pour quoi j'étais venue.

-          Euh, je peux prendre la salle de bain ?

-          Oui, mais pour l'emporter où ?

Autant pour mon éloquence naturelle.

-          Enfin je veux dire, je peux prendre une douche ?

-          Même un bain !

Acquiesçant, j'entre dans la salle d'eau et suis immédiatement immergée dans une odeur que je qualifierais de… de… ELLE !

Oui bon, ce n'est pas un hasard si je n'ai pas fait d'études littéraires, inutile de se moquer !

Je remarque une minuscule trousse de toilette posée sur le marbre qui entoure l'évier. Steph s'était trompée si elle croyait que madame notre boss était artificiellement belle. Apparemment pas.

Je dépose ma trousse de toilette à côté de la sienne et verrouille la porte. Ça m'étonnerait qu'elle tente d'entrer, mais un moment d'inattention est bien vite venu. La situation est déjà assez étrange comme ça sans devoir en rajouter.

 

Les robinets ultra polis tournent facilement sous mes doigts et laissent s'échapper un filet d'eau. Je me débarrasse avec soulagement des vêtements que j'ai portés toute la journée et me laisse glisser au fond de la baignoire.

Fermant les yeux dans le vain espoir de réussir à me détendre, je me mets à penser à l'incongru de la situation. Le moins qu'on puisse dire est que je ne m'y attendais pas le moins du monde. En revanche, je ne sais pas ce qui est le pire : être coincée avec elle ou le fait qu'elle est l'actrice principale de mes fantasmes depuis qu'elle est entrée dans la boite huit mois plus tôt.

Soupirant, j'immerge ma tête sous l'eau, savourant la sensation de pur bien être qui m'envahit. Sa voix me parvient à travers la porte :

-          Vous avez vu, c'est une baignoire qui fait jacuzzi aussi ! Je viens de le lire dans la brochure !

En y regardant de plus près, c'est vrai que de petits trous ornent le fond et les côtés de la baignoire. Je finis par trouver le mécanisme et me prélasse dans les bulles.

Savonnée et rincée, quelque temps plus tard, je constate que je n'ai pas eu la présence d'esprit de ramener de quoi me changer. Ce qui signifie que grâce à mon génie, je vais devoir traverser sa chambre en serviette de bain.

Si vous avez déjà été dans un hôtel, alors vous savez sûrement que, vu la taille des serviettes, ça s'annonce comme un défi que de couvrir ma modestie.

Finalement satisfaite du patchwork de serviettes que j'ai réalisé, je toque à la porte et sors dès que j'entends son autorisation.

Pour m'arrêter aussi sec.

Elle est là, penchée en avant, les mains sur ses pieds et sa tête contre sa jambe. Étant positionnée parfaitement derrière elle, ça vous donne une idée de ce qui m'est présenté.

Ajoutez la chose moulante qui lui sert de pantalon et je suis en enfer.

-          J'ai cru que je vous avais perdue là-dedans. Ça fait au moins 2h que vous êtes rentrée dans la pièce.

Mes yeux sont rivés sur son postérieur et je suis bien incapable de bouger ou même parler, trop occupée à recycler en salive les deux litres d'eau avalés dans la journée.

Elle se relève pour me faire face, ses cheveux bruns cascadant sur ses épaules dans le mouvement. Je remarque la légère teinte rosée qu'ont prises ses joues, avant de venir planter mon regard dans ces choses vertes à tomber par terre qui lui servent d'yeux.

Plus le temps va, plus cette femme m'inspire les pensées les plus dépravées.Et la… Elle porte un air de " fuck me now " qui lui va à merveille…

Une lueur de chance se fait pourtant dans mon malheur, lorsqu'elle interprète ma contemplation lubrique comme un intérêt quelconque pour ce qu'elle pouvait bien faire.

-          Je fais des étirements matins et soirs…Vu que je n'ai pas le temps de faire autant de sport que voulu, ça me garde en forme, dit-elle comme pour s'excuser.

-          Ok.

Fière de ma réponse courte ne dévoilant pas mon état, j'effectue une rapide retraite dans ma partie de la pièce, me congratulant au passage pour n'avoir pas lâché mes serviettes sous l'effet du choc.

Je sens que je vais rêver de cette scène pendant des mois, sinon des années.

 

            *          *          *          *          *         

 

Je suis sortie de mon semi sommeil par sa voix qui m'appelle.

-          Liz, vous dormez ?

-          Non. Enfin presque.

-          Oh pardon… Je ne vous dérange pas davantage.

Je me redresse et lui demande :

-          Non non, que se passe-t-il ?

-          J'avais pensé aller faire un tour, profiter un peu du cadre avant d'être plongée dans le boulot, et je m'étais dit que peut-être vous voudriez m'accompagner.

-          Bonne idée, je m'habille et j'arrive !

Elle s'approche, les cheveux détachés et encore un peu humides, pour venir se planter devant moi.

-          Sans vouloir vous offenser, vous êtes déjà habillée.

-          Oui mais je ne peux tout de même pas sortir comme ça… dis-je en montrant mon pantalon en lin et mon haut préféré, un décolleté qui a connu de meilleurs jours. 

-          Pourquoi pas ? Beaucoup sont en vacances ici ! Et pis je ne suis pas mieux. Vous êtes très bien, je vous assure.

Je suis doublement traumatisée : l'idée qu'elle puisse ne pas se trouver canon, même en vêtements décontractés et le fait qu'elle m'ait fait un compliment. Bon, l'unique but de sa flatterie était certainement d'éviter d'avoir à m'attendre, mais il n'empêche !

-          Bon, d'accord…

Mes pieds viennent trouver mes chaussures rangées le long du canapé et je me lève, la suivant jusqu'à la porte d'entrée.

-          Vous ne prenez pas de sac ou de portefeuille ? Vous n'êtes pas joueuse ? me demande-t-elle avec un air malicieux.

-          Oh, j'avais oublié !

Prenant mon portefeuille sur la commode, je la dépasse et lance par-dessus mon épaule :

-          Et si, je suis joueuse. Et vous ?

Je me retourne à temps pour la voir afficher un sourire en coin tout ce qu'il y a de plus coquin. Elle prend cependant quelques secondes pour répondre.

-          Aussi. Très. Après tout, ne sommes-nous pas ici pour jouer gros ?

-          Très juste, très juste… murmurai-je en la suivant le long du couloir.

Tandis que l'ascenseur se fait désirer, je détaille la décoration du couloir. De la moquette rouge et noire parcourue de motifs complexes orne les sols. Les murs ont, quant à eux, une teinte jaune pâle. Toutes les deux portes environ, on trouve une table basse surplombée d'un bouquet de fleurs fraiches. L'atmosphère est à la fois feutrée, chic et accueillante, ils ont bien réussi leur coup.

L'ascenseur arrive et nous nous y engouffrons rapidement, nous positionnant toutes les deux le long du mur du fond. Bien évidemment, celui-ci s'arrête l'étage juste en dessous, pour laisser rentrer ce que je pense être l'équivalent d'un bus de touristes asiatiques.

Elle se rapproche donc de moi, histoire de laisser un peu plus d'espace aux autres clients.

Les effluves de son parfum légèrement vanillé, à la fois doux et sensuel, me montent au nez. Quelques instants plus tard, je crois percevoir à nouveau son gel douche, ou peut-être son shampoing. Quoi que ce soit, c'est sucré et ça me donne envie de la croquer… Au sens figuré j'entends. Enfin…

On se regarde d'un air de dire " ils peuvent pas prendre un autre ascenseur ? " avant que je ne détourne la tête, un peu mal à l'aise à cause de la proximité.

Finalement, les portes s'ouvrent et la vague humaine se décide à sortir, suivie de près par ma boss et moi. Nous passons par l'accueil, nous dirigeant vers la sortie, lorsque je remarque le petit présentoir du jeu organisé par l'hôtel.

-          Une seconde, je reviens.

Elle me regarde d'un air perplexe et m'attend, tandis que je me dirige vers la pub en question. En quelques instants, je réponds aux questions rudimentaires qui composent le formulaire avant de glisser le tout dans la fente prévue à cet effet. On ne sait jamais, peut-être que la chance qui me fait cruellement défaut depuis que j'ai pénétré dans la salle de réunion quelques jours plus tôt va tenter de se faire pardonner… On peut toujours rêver.

-          Vous vous sentez en veine ?

-          Pas franchement, mais qui ne tente rien n'a rien, paraît-il. Dis-je en la suivant à l'extérieur.

Nous sommes aussitôt immergées dans un océan de chaleur, l'air brûlant du soleil couchant du désert du Nevada remplaçant la fraicheur climatisée de l'hôtel.

-          Je n'avais pas remarqué que la température était aussi élevée en arrivant. Me dit-elle en s'épongeant le front. 

A vrai dire moi si, mais je pensais que c'était dû au fait que mon visage devait arborer une jolie teinte rouge pivoine après m'être littéralement jetée sur ses genoux dans le taxi.

-          Vous êtes déjà venue ici ? me demande-t-elle.

-          Non, vous ?

-          Il y a quelques années, avec mon petit ami… D'ailleurs, nous le verrons certainement dans le courant de la semaine, il fera partie de la convention. Ajoute-t-elle d'un air pensif.

" Petit ami "… Argh je le savais ! Pourquoi fallait-il qu'elle ruine une série de fantasmes qui comprenait déjà plusieurs épisodes ?! Je mets une seconde de trop avant de répondre :

-          Une partie de l'audience est déjà conquise alors ?

-          C'est une façon de voir les choses… Disons qu'il s'est montré de très bon conseil lorsque j'ai monté ce projet. Il fait partie de la profession, il connait les problèmes et attentes de ses confrères.

26 janvier 2012

Chapitre 1

Chapitre 1: Le début de la fin

 

Le tintement de son affreuse clochette, suivie d'un son quasi inhumain où je reconnais la syllabe formant mon nom m'informent qu'ELLE désire me voir. Ma chef, Shaell Mackenzie, terreur des bureaux.

Bien que je haïsse la manière qu'elle a de m'appeler, je me rends dans la salle de réunion le plus rapidement possible, sachant très bien que la patience n'a jamais compté parmi l'une de ses vertus. M'excusant comme je peux, je vais m'installer à la seule place encore libre, juste à côté d'elle.

Comme tous les autres, je regarde la dragonne marcher de long en large devant nous.

Elle a toujours su jouer du silence comme d'un moyen ultra efficace pour nous mettre mal à l'aise.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher de remarquer que son tailleur strict épouse à merveille ses formes parfaites.

Un rapide tour de table m'apprend que les autres collègues ont autant de mal que moi à conserver leur regard sur le tableau qu'elle pointe du doigt et non à le laisser s'égarer…

Elle a beau pouvoir prétendre sans pâlir à une place dans le top dix des pires tyrans que la terre ait porté, elle reste carrément canon. Imaginez, une belle brune aux yeux verts à tomber par terre, un visage aux traits fins et qui est en plus super bien foutue.

Je suis sortie de mes rêveries par un raclement de gorge agacé.

J'ai l'impression que la pièce vient de perdre au moins une dizaine de degrés tandis que le regard de glace de harpie me parcourt.

-          Liz, si je vous dérange, n'hésitez surtout pas à m'en faire part…

Je retiens l'énorme soupir qui menace de s'échapper et tente tant bien que mal de ne pas rétorquer. A la place, je fais un petit sourire désolé et baisse la tête, l'air repentie.

Bien évidemment, je ne le suis pas un seul instant. Mais ça, j'espère secrètement qu'elle ne va pas le voir, étant donné que je me cache derrière mes cheveux blonds.

Elle fait un bruit tout ce qu'il y a de plus agaçant, comme a chaque fois qu'elle est énervée et reprend.

J'entends plusieurs de mes collègues recommencer à respirer. Personne ne souhaite attirer l'attention sur soi quand il s'agit d'avoir à l'affronter. On peut être tout à fait en désaccord hors de cette pièce, en présence de la démone, on devient plus soudés que les 7 nains.

Ok, mes références sont à revoir, mais vous avez saisi le sens général, c'est ça l'important.

Mon attention est reportée sur ma chef, tandis qu'elle conclut son exposé.

-          J'espère que cette petite présentation vous fait réaliser à quel point il est primordial pour nous d'obtenir ce contrat. Nous parlons de millions de dollars…

Elle observe un petit moment de silence, certainement pour nous laisser le temps de réfléchir à ce qu'elle vient de dire avant de reprendre.

-          Si je vous ai convoqués ce soir, c'est pour vous informer que l'un d'entre vous partira dans quatre jours et pendant huit jours et sept nuits afin d'aller rencontrer Mademoiselle Parkson au grand congrès annuel des remorqueurs, qui aura lieu à Las Vegas.

J'ai du mal à retenir le sourire qui me vient spontanément aux lèvres. C'est sans aucun doute la meilleure nouvelle que j'ai entendue depuis longtemps. L'effervescence est palpable et je suis certaine que tout le monde ici s'imagine déjà loin de la harpie.

-          Bien sûr, au vu de l'importance de ce voyage, il va de soi que je vais exceptionnellement être de la partie.

Je regarde Steph, ma collègue informaticienne, qui semble penser la même chose que moi : " Pitié, faites que ça ne soit pas moi ".

Bien que je sois sûre que la dragonne n'a pas manqué la réaction collective face à la nouvelle : (à savoir) une nette baisse de l'enthousiasme, elle ne relève pas et attend patiemment que nous nous soyons remis du choc pour continuer : 

-          Et qui de mieux pour cette tâche que notre responsable réseau.

Oh non…

Ni son sourire, ni sa main tendue m'invitant à la rejoindre ne me consolent le moins du monde. Je remarque les regards compatissants de mes collègues, sans aucun doute soulagés que ça ne soit pas eux, mais néanmoins désolés pour moi. Personne ne souhaiterait à un autre de passer plus de deux minutes en sa compagnie. Personne qui la connait du moins.

Tentant le tout pour le tout, j'envisage une échappatoire :

-          Mais je comptais vous parler de mon voya-

-          J'ai déjà appelé pour annuler. Le nouveau stagiaire s'est chargé des réservations. Les dates sont les mêmes, excepté la destination, ça ne change pas grand-chose. 

Oh que si…

-          Parfait, voilà qui est réglé. Au boulot !

Sans un mot de plus, elle quitte la salle de réunion pour rejoindre son bureau.

Je suis quant à moi incapable de bouger tandis que mes divers collaborateurs sortent à leur tour, me donnant au passage tapes dans le dos et mots d'encouragement.

Je crois que je vais en avoir besoin.

Cette femme est l'Attila des bureaux, survivre deux heures avec elle pour seule compagnie serait un exploit en soi.

Je m'en souviens comme si c'était hier...

 

[Un mois auparavant]

J'attends bien sagement qu'elle termine de lire le rapport qu'elle m'a demandé de lui fournir, n'essayant pas de me faire une idée au vu des grimaces qu'elle fait. Les mauvaises nouvelles peuvent attendre.

Alors qu'elle s'apprête à me faire une remarque très certainement désobligeante, ses yeux verts vont à la place se fixer sur la porte. Elle demande :

-        Oui ?

-        Madame, je ne comprends pas!

Le stagiaire du département marketing entre en trombe dans le bureau, visiblement à mi chemin entre l'agacement et la peur. Il a raison d'être effrayé, il faut être fou pour risquer de froisser la démone.

-        Quoi donc?

Elle replace derrière son oreille une mèche de ses longs cheveux bruns et le fixe en plissant légèrement les yeux.

-        Pourquoi vous ne me donnez plus que des tâches inintéressantes !

Les traits fins de ma boss se durcissent immédiatement. Ses lèvres pleines forment une ligne parfaite, preuve qu'elle se retient. Je reste prostrée dans mon coin, tentant de me faire oublier. Pas moyen que j'attire son attention alors qu'on dirait une lionne prête à bondir... Il ne manque plus que les crocs.

-        Et qu'est ce que vous jugez inintéressant au juste ? J'apprécierais que vous me fassiez profiter de grande sagesse, certainement acquise suite à de nombreuses années passées sur le terrain.

Il semble perplexe pendant un moment mais, allant à l'encontre de tout bon sens, continue de s'enfoncer :

-        Je faisais une étude de marché avec Mlle Starks, puis j'ai eu à m'occuper des finitions d'un autre projet et maintenant je classe des papiers ! Je ne vois pas comment je vais pouvoir expliquer cette... euh... destitution dans mon rapport de stage.

La harpie lui adresse un sourire qui a beau être fait d'une rangée de dents parfaites n'en reste pas moins glacial :

-        Et bien... Il suffisait de me demander.

Elle marque une pause qui ne présage rien de bon pour lui avant de reprendre :

-        Je vais me faire une joie d'expliquer moi même par courrier à vos professeurs que votre paresse n'a d'égale que votre incompétence.

Totalement insensible à l'air offusqué que le jeune homme a adopté, elle continue :

-        Si vous ne travaillez plus avec Mlle Starks, c'est parce qu'elle me fait régulièrement des rapports, tout comme Mlle Scott ici présente. Or dans ce rapport, j'ai constaté nombre de maladresses qui pourraient couter cher à l'entreprise et ce alors que ma formation professionnelle n'a en aucun cas été tournée vers le marketing. J'ai par la suite été vérifier moi même les informations erronées et je me suis aperçue avec stupeur qu'elles provenaient d'une communauté en ligne où les internautes postent le tout. Elles ne présentaient bien sûr pas la moindre fiabilité.

Les couleurs qui font la vie quittent lentement le visage du stagiaire, qui ne prend même pas la peine de fermer sa bouche.

-        Le plagiat, mon jeune ami, n'est pas, aux dernières nouvelles tout du moins, prôné par votre université. Alors voilà exactement ce qui va se passer. Je vais effectivement faire part à vos professeurs des différents motifs qui m'ont amenée à revisiter le degré d'implication que vous avez pu avoir dans les différents projets. Je leur décrirai bien évidemment par la même occasion votre visite dans mon bureau.

Le stagiaire met sa main sur le chambranle de la porte, plus pour se tenir que pour autre chose si vous voulez mon avis.

-        Sur ce, j'ai du travail. Je vous invite à prendre vos affaires et à aller trouver des tâches " intéressantes " à faire, mais ailleurs.

Elle ponctue son monologue d'un sourire courtois, mais mauvais.

Il l'a cherché, certes, mais elle y a été fort.

Elle le fixe avec une rare intensité tandis qu'il s'empresse de quitter les lieux. Il a la sagesse de ne pas aggraver son cas en ne tentant pas de discuter les faits.

Elle ajoute, suffisamment fort pour qu'il entende dans sa fuite :

-        Ne vous en faites pas pour la paperasserie, je me fais d'ores et déjà une joie de m'en charger !

Visiblement satisfaite, elle soupire, puis se tourne vers moi, tout sourire et me sort, comme si de rien n'était :

-        Où en étions nous Mademoiselle Scott ?

 

[Aujourd'hui]

 

Peut être que je devrais commencer à chercher un nouveau travail ? Après tout, en quelques 8 mois depuis son arrivée, elle a déjà licencié 12 personnes, sans compter le stagiaire. Sachant qu'on est environ une centaine, ça donne une idée de ce dont est capable la Terminator du monde du travail.

Cependant, il faut bien reconnaitre qu'elle fait son job, et qu'elle le fait même bien. Elle a déjà décroché plusieurs nouveaux gros contrats et a même réussi à sauver un client qu'on allait perdre, le tout en augmentant le prix de nos services. Elle est chargée de restructurer l'entreprise et si hiérarchiquement elle est juste en dessous du big boss, tout le monde sait que c'est elle qui fait que ce bateau flotte toujours. Ajoutez que l'actuel chef d'entreprise songe à prendre sa retraite, vous avez une idée très précise du poste qu'elle occupe.

Autant le dire clairement : si cette femme n'était pas le diable personnifié, elle serait mon modèle.

 

N'empêche, qui aurait cru que les plus longs moments de ma vie allaient se passer à Las Vegas ?

La ville du rêve pour beaucoup, bientôt mon cauchemar.

 

            *          *          *          *          *         

Tandis que je boucle ma ceinture de sécurité, j'ai l'impression de sceller mon destin.

Ok, j'exagère.

Mais de peu.

Il y a deux raisons à cela :

1) Ma peur maladive de l'avion, plutôt ironique d'ailleurs pour quelqu'un qui voyage beaucoup.

2) La personne qui occupe le siège voisin.

Bon, on est en classe affaires, c'est déjà ça j'imagine. Remarque il fallait bien ça pour avoir la place pour ses longues jambes.

Mon regard balaye rapidement son corps, prenant note de la tenue décontractée qu'elle porte, ainsi que du décolleté qui laisse entrevoir une peau qui promet d'être douce.

Je secoue la tête pour me faire sortir ces idées et porte mon attention sur l'hôtesse de l'air qui vient se poster à quelques mètres de moi et commence à distiller les conseils de sécurité.

Bien sûr, je suis davantage intéressée par sa plastique avantageuse et les mouvements qu'elle fait que par ce qu'elle peut bien raconter mais ça c'est une autre histoire.

J'entends un léger rire à côté de moi.

Je me retourne, totalement sous le choc. La dragonne a rit ? Oh mon dieu ça veut dire qu'elle sait ce que c'est !! Et ça veut même dire qu'elle a un sens de l'humour caché. Enfin enterré là ou nul homme ni femme excepté moi n'avait jamais été ?

Ne nous emballons pas !

Avant de parier sur un hypothétique (ou devrais je dire utopique) sens de l'humour, je me décide à poser la question fatidique, celle qui déterminera la réalité de l'exploit ou non. Cette question, mon génial esprit l'a résumé en un seul mot, clair et concis :

-          Quoi ?

Visiblement, ma totale confusion la réjouit, étant donné que son sourire s'agrandit dans un premier temps avant de se faire malin.

-          Rien rien.

Quelle petite…!!!

-          Vous devez bien rire pour une raison!?

-          Ça ne vous ferait pas rire. dit-elle.

Probablement pas mais n'empêche que je veux savoir !

-          Dites toujours.

-          C'est vraiment pas drôle !

Je lui lance mon fameux regard " Allez accouche " et elle finit par avouer :

-          Je me disais que les rumeurs étaient vraies.

-          Quelles rumeurs ?

-          Celles qui auraient tendance à se trouver vérifiées par le fait que vous sembliez nettement plus intéressée par le physique de l'hôtesse que par son discours.

Oh.

Ces rumeurs là !

-          N'importe quoi, où avez-vous été chercher ça ?

Un peu (beaucoup) de mauvaise foi n'a jamais tué personne. Elle ne répond pas à ma question et se contente de demander, directe :

-          Je me trompe et la rumeur avec moi ?

-          Je mne gne … Et d'abord depuis quand vous écoutez les rumeurs ?

Une fois encore, elle ne prend pas la peine de répondre et m'ignore royalement, un petit sourire aux lèvres. Mécontente, je me rassieds dans mon siège en bougonnant.

Je me doutais que le bruit courait, mais j'aurais jamais imaginé que le bruit puisse être assez fort pour arriver à SES oreilles. Même la commère la plus téméraire n'irait pas lui dire mot. Cette femme à l'air de tout sauf férue d'histoires dans le genre.

Faut croire que les apparences sont trompeuses.

-          Pi d'abord je la regardais même pas … Je suis juste soucieuse de ma sécurité.

Je peux pas m'empêcher de râler, c'est plus fort que moi. Je sais pas pourquoi mais ça m'embête qu'elle m'ait prise en flagrant délit, alors je préfère nier les faits. Non pas que je me cache, c'est juste que je n'ai pas franchement envie d'en parler avec elle. Elle me regarde comme si je venais juste de mentir, ce qui est le cas, mais ça elle n'a pas besoin de le savoir. Malgré tout, elle ajoute :

-          Ok, je m'excuse. Je ne devrais pas écouter les rumeurs.

Satisfaite, je choisis de ne pas commenter. Toutefois, ma petite victoire est de courte durée lorsque je l'entends rajouter :

-          Et puis ça m'est égal avec qui vous choisissez de coucher, je n'ai rien contre les lesbiennes.

Je me retourne vers elle plus vite que l'éclair et m'apprête à faire une réflexion, je ne sais pas encore quoi mais l'intention est là et me retrouve nez-à-nez avec un sourire coquin.

Je comprends direct qu'elle me cherchait, ayant vu que c'était un sujet assez… sensible.

Inconsciemment, je me retrouve à sourire en retour.

Ses yeux pétillent et à cette distance je peux mieux apprécier leur nuance de vert.

C'est vraiment une femme superbe, encore plus quand elle sourit, dommage que ça n'arrive pas souvent… Nos regards se soutiennent pendant quelques instants et ce jusqu'à ce que le décollage me rappelle à quel point je hais prendre l'avion.

Instantanément, mes mains viennent trouver les accoudoirs pour s'y cramponner plus surement qu'une tique sur le dos de Sacapuces, le chat du voisin.

Je sens le regard de ma chef sur moi et m'efforce de garder un semblant de calme.

Lorsque la consigne lumineuse s'éteint, j'arrive à reprendre ma respiration de façon normale. J'entends le cliquetis d'une ceinture qui se détache et je sens une main incroyablement douce se poser sur mon avant bras.

-          Ça va aller ?

Je rougis tandis qu'elle m'inspecte et j'acquiesce, ne faisant pas confiance à ma voix.

-          Je reviens.

Elle pose sa main sur mon genou et me regarde encore quelques secondes avant de se diriger vers l'avant de l'appareil.

Elle revient quelques minutes plus tard, un verre d'eau a la main. S'agenouillant à mes cotés, elle me le tend.

-          Buvez, ça vous fera du bien.

-          Merci.

Je m'empresse d'avaler l'intégralité du verre avant de m'adosser à nouveau pour tenter de me calmer autant que possible. Mes yeux se ferment. Peut être que si je prétends ne pas être ici, alors ça ira plus vite ?

-          Je ne savais pas que vous aviez peur de l'avion.

J'ouvre les yeux pour me retrouver nez-à-nez avec un décolleté tout ce qu'il y a de plus profond. Je me sens déjà loucher à moitié avant de réaliser que la propriétaire de " la paire qui tue " n'apprécierait sans doute pas mon intérêt évident.

Je tente de détourner l'attention en parlant avant qu'elle puisse commenter :

-          Je n'ai pas peur de l'avion. C'est juste que l'idée de me retrouver à plus de 10 mètres du sol ne me rassure pas particulièrement.

-          Donc vous avez peur !

Mes yeux lancent des éclairs mais une secousse me fait immédiatement oublier mon agacement.

Je l'entends qui retrouve sa place. Bien vite, je sens sa main venir trouver le dos de la mienne, toujours cramponnée à l'accoudoir. Ses doigts dessinent des mouvements qui se veulent rassurants.

L'efficacité reste encore à prouver mais l'effort est louable.

Je tourne la tête et lui offre mon sourire qui se veut le plus crédible.

Jamais je n'aurais cru que la démone puisse se montrer… attentionnée. J'avoue que la surprise est agréable.

 

Après un vol qui m'a paru environ 15 fois plus long qu'à n'importe quel autre passager, je suis ultra soulagée de poser les pieds sur le tarmac. Ou du moins sur la rampe d'accès qui nous mène directement à l'aéroport.

J'ai toujours pensé que ça perdait un peu de son charme, cette façon de débarquer. Mais bon, si ça peut m'éviter de me faire aspirer par un des énormes moteurs ou pire, me faire écraser par une des voitures à bagages, tout me va.

J'avoue, l'aéroport à tendance à me rendre légèrement paranoïaque.

Je traine un peu derrière elle, me décontractant tout doucement, le tout en profitant de la vue.

Ben quoi ?

Elle a des fesses superbes, je ne vois aucune raison pour laquelle je ne devrais pas les reluquer.

C'est pas parce qu'elle a toutes les chances d'être frigide qu'il faut que je ferme les yeux. Certains vont bien faire du lèche vitrine les poches vides.

-          Qu'est ce que vous faites derrière ? J'aimerais m'enregistrer avant l'aube, histoire d'avoir au moins quelques heures de sommeil !

Grommelant, j'accélère le pas. Je la reconnais bien pour le coup. Nous nous dirigeons ensemble vers le tapis roulant pour récupérer nos valises. Évidemment, la mienne est la dernière à arriver, et je la prends rapidement, feignant d'ignorer le sourcil levé à mon attention. Je l'entends me demander d'une voix rieuse :

-          Une valise rose bonbon ?!

-          C'est très pratique pour la repérer facilement au milieu des autres.

-          Ça je n'en doute pas. Ceci dit un foulard ou autre signe attaché à la poignée aurait eu le même office.

Son petit rire moqueur me suit jusqu'à la sortie de l'aéroport. M'efforçant de nous trouver un taxi et en compétition avec les quelques 200 autres passagers, j'en viens bien vite à faire de ridicules signes de la main, le tout en sautillant.

Oui, ma taille n'est pas franchement avantageuse dans ces cas là.

Je suis à deux doigts d'abdiquer en me résignant à montrer un sein pour arrêter quelqu'un, quand je l'entends appeler mon nom.

Comment diable a-t-elle pu faire ?

Enfin, inutile de chercher, l'essentiel est d'avoir un taxi. Je jette à moitié ma valise fashion dans le coffre avant de m'engouffrer avec entrain dans le véhicule.

En vérité, avec tellement d'entrain que j'ai fini sur ses genoux. Enfin juste à moitié, mais quand même.

Honteuse, je me rassieds convenablement et boucle ma ceinture de sécurité tandis qu'elle semble tenter de redonner forme aux divers muscles que mon popotin a broyé.

Je ne sais pas si c'est l'air du Nevada qui lui fait cet effet, mais je la trouve particulièrement calme et non-désagréable. Ça fait au moins 5 minutes qu'elle ne m'a pas fait de remarque.

-          Je pense que je vais avoir besoin de rééducation. dit-elle en massant sa cuisse.

Ok, ou pas !

Le reste du trajet se passe sans encombre et l'on se retrouve devant notre hôtel une fois les embouteillages passés.

-          Et ben… !

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la boite a dû faire des frais. Devant nous s'étend le hall d'un hôtel grand luxe. Et par grand luxe je veux dire tapis rouge, porteurs de bagages, grands écrans et lustres en cristal.

La classe quoi.

Nous nous dirigeons vers la réception, où plusieurs personnes attendent déjà. J'en profite pour regarder la décoration de plus près. C'est visiblement le 20ème anniversaire de l'hôtel, à en juger par les annonces diffusées en boucle sur l'écran géant. Apparemment, une sorte de tombola est organisée pour l'occasion. Je serais bien curieuse de savoir en quoi consiste les " moments de plaisir " promis aux gagnants.

Un service d'Escort girl peut être ? Je devrais m'inscrire ! Huhu !

La dragonne m'avertit que notre tour est arrivé en me tirant (assez violemment je dois dire) par le bras. J'arrache mon membre endolori par sa poigne d'acier avant de le masser doucement.

-          On est quitte maintenant. A moi la rééducation.

Elle me fait un sourire en coin, visiblement satisfaite de son petit numéro, avant de se tourner vers l'homme à l'accueil. Il nous regarde un moment en silence, avant de dire d'une voix ultra aiguë :

-          Puis je vous aider ?

On le dirait tout droit sorti d'un mauvais film, les cheveux gominés (ou ultras gras je ne sais pas) avec une raie sur le côté qui nous laisse apprécier la ligne parfaitement droite que forme sa coupe au bol. Ajoutez les petites lunettes rondes et les dents pointues et nous y sommes.

 

-          Bonjour, nous avons une réservation : Mackenzie et Scott.

Il tape quelques instants sur son clavier avant de nous dire, tout sourire :

-          Chambre 4010, c'est exact. Je vous demanderais de bien vouloir signer ici pour confirmer votre entrée et la chambre est à vous.

Elle se tourne pour me regarder en même temps que je faisais la même chose. Se comprenant sans un mot, on se tourne vers l'homme derrière le guichet :

-          LA ? Comme dans " La seule et l'unique " ?

Il a l'air incertain pendant un instant, avant de dire d'une voix un peu plus faible qu'auparavant :

-          Oui. La réservation a été faite pour Scott Mackenzie.

-          Enfin il se trouve que je suis Mademoiselle Mackenzie et que Scott, c'est elle, c'est son nom de famille. dit-elle en me pointant du doigt.

Le type prend un air perplexe avant de commencer à parler, et je n'aime pas franchement ce que j'entends :

-          Mesdames, je vous assure que je n'ai qu'une seule réservation. Chambre 4010, l'une de nos meilleures.

Ma boss se passe la main dans ses longs cheveux bruns, et une brève expression de contrariété traverse son visage avant qu'elle ne reprenne contenance. Elle semble faire de son mieux pour contrôler son agacement lorsqu'elle dit d'un ton presque posé :

-          Dans ce cas serait-il possible d'avoir une seconde chambre ?

-          Je suis désolé madame mais l'hôtel affiche complet.

Je ne peux pas m'empêcher d'intervenir :

-          Quoi ? Mais c'est impossible !!!

-          Je vous assure.

-          Dans ce cas vous auriez peut être un autre hôtel à conseiller?

-          Bien sûr mais j'ai peur que les plus proches soient complets eux aussi. Il y a en ce moment même plusieurs conventions dans la ville, ainsi que le World Poker Tour.

Je lâche un énorme soupir de contrariété, sachant qu'il a probablement raison. Trouver un autre hôtel risque d'être vraiment dur.

Le réceptionniste s'affaire un moment sur son ordinateur, pianotant avec dextérité. Cliquant une dernière fois à la souris, il relève la tête.

-          Je vous ai imprimé la liste des hôtels à proximité. Cependant, ne soyez pas trop optimistes. Je dirais qu'à part ceux situés un peu plus loin, aucun n'aura la moindre chambre de libre ! En tout cas, bon courage pour trouver une seule chambre de libre sur cette partie du Strip (nb: Las Vegas Boulevard)! nous dit-il tout en tendant la page fraichement imprimée.

Elle saisit la feuille, grommelant un merci au passage et se dirige droit vers un téléphone mural. Un bref sourire passe sur mes lèvres avant que je ne réussisse à le contenir. C'est assez étrange de la voir comme ça. D'ordinaire, elle affiche un calme olympien, peu importe la situation. Le voyage a vraiment dû l'épuiser pour qu'elle soit à fleur de peau. Je m'attarde un petit moment au guichet, juste pour satisfaire ma curiosité maladive :

-          Dites, j'ai bien saisi que l'hôtel fête son 20ème anniversaire, mais de quoi s'agit il cette " occasion à ne surtout pas manquer ".

-          Et bien nous organisons une sorte de tombola pour cette occasion. Vous avez un petit présentoir par là où il suffit de remplir un formulaire indiquant votre numéro de chambre et votre nom. Les gagnants seront tirés au sort d'ici trois jours.

-          Très bien, merci.

Je rejoins ma boss le plus vite possible, ne voulant pas me prendre l'une de ses éternelles remarques sur la rapidité du personnel.

Ses doigts agiles parcourent rapidement les touches tandis qu'elle s'adonne à ce qu'elle fait de mieux : prendre les choses en main.

Soit dit en passant, dommage que ce ne soit jamais moi qu'elle décide de prendre en main !

Au bout de quelques instants, elle demande à la personne au bout du fil s'il reste des chambres de libre. Personnellement, si j'étais réceptionniste, j'aurais tendance à dire oui à tout ce qu'une femme pourrait me demander avec une voix pareille. Je sais pas exactement comment elle fait ça, mais dès qu'elle parle de sa voix chaude et riche, les gens ont tendance à faire de leur mieux pour la satisfaire.

Mais à en juger par son expression, cette fois ci la magie n'opère pas.

Deux essais infructueux plus tard, elle se tourne finalement vers moi.

-          J'ai bien peur que l'homme de l'accueil n'ait dit vrai. Il ne semble pas y avoir une seule chambre de libre dans le coin. dit-elle d'un air défait.

-          Pourtant je pensais que c'était chose impossible que de combler tous les hôtels, surtout ici !

-          Ils ne sont pas tous pleins, juste ceux bien situés. Le problème est que notre congrès a lieu sur cette partie du Strip. Trouver un hôtel ne devrait pas être un problème en soit, mais proche d'ici… C'est mission impossible. Puis vu la taille des bâtiments, même deux hôtels plus loin, c'est la promesse d'une bonne marche de bon matin ! Ou alors il faudrait également trouver un loueur de voiture…

Repenser à la circulation et aux déboires qu'a connu notre chauffeur de taxi pour nous amener (en un seul morceau) jusqu'à l'hôtel achève de me convaincre. Tout hôtel situé à plus de 1km ne fera pas l'affaire. Hors de question que je conduise dans cet enfer !

-          Ça ira, merci. Mais on fait comment du coup ?

-          A vrai dire, je crois qu'on a pas le choix…

Elle n'a pas tort, je suis bien obligée de le reconnaitre. Même si on ne peut pas dire que la perspective de passer plus de temps que nécessaire avec elle m'enchante, là j'ai l'impression que les choses ne font que se gâter…

26 janvier 2012

Chef oui chef!

Chef oui Chef

Disclaimers :

Sexe : ça reste un texte de moi donc si vous m’avez déjà lue, vous saurez que j’ai un penchant pour le NC-17. Et Oui, il s'agit effectivement d'une relation entre deux femmes (pourquoi m'arrêter en si bon chemin :D )

Résumé : Bien malgré elle, Liz fantasme sur Shaell, sa boss au physique irréprochable. Mais cette dernière à beau être superbe, son caractère lui vaut les pires surnoms. Liz va devoir survivre une semaine avec la démone, pas dans n’importe quelles conditions et pas n’ importe où… Vegas, les voilà.

(oui, je suis d'une nullité absolue en ce qui concerne la création de résumés, mais faites semblant :p )

PS: par "flemmingite aigue" (une maladie qui fait souffrir de nombreuses personnes), je n'ai taggé que cette intro, mais la fic est au complet, il suffit de cliquer sur la catégorie dans la colonne à gauche :p

Rappel : Article L 111-1 du Code de la propriété intellectuelle : “L'auteur d'une œuvre jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.  [..] L'œuvre est protégée du fait même de son existence."

Note: La photo n'est pas de moi, je l'ai trouvée sur le net. Il n'y avait pas d'indications quant à l'auteur du cliché. Je me suis contentée "d'écrire" dessus.

18 novembre 2011

Il faut que je lui parle

Il faut que je lui parle


C’est fou comme les gens sont curieux. Ils sont là, à former un attroupement, me regardant, allongée sur l’asphalte, la vie me quittant petit à petit.


Je regarde le ciel, pour y chercher les étoiles, et son visage vient remplacer cette image. Dieux qu’elle est belle. Les larmes coulent à flots. La voir dans un tel état me fait bien plus mal que le couteau plongé dans mes entrailles.
Je voulais juste la protéger, je voulais juste la rendre heureuse, il voulait juste me tuer pour ça.

J’ai du mal à garder les paupières ouvertes. Je me sens partir. Elle essaie de capter mon attention, comme si je pouvais voir autre chose qu’elle ! Plus que d’être sûrement à quelques minutes de la fin, de ma fin, c’est l’idée de la perdre à tout jamais, de l’abandonner qui m’est insupportable.

Je voudrais lui dire tout ce que je n’ai pas osé dire avant qu’il ne soit trop tard. Je voudrais lui dire que je l’aime, que je l’aime plus que tout, qu’elle est ma vie, que c’est pour la voir que tous les jours je me rendais dans ce bar miteux pour y servir des bières. Mais je n’en ai plus la force.
Je lui ouvre mes pensées à travers un regard plein d’amour, j’esquisse un dernier sourire. Elle l’a vu, elle a comprit, elle sait, elle me sourit à son tour… Je peux partir.

Je ne résiste plus à l’appel du néant. Mes paupières se ferment. Au loin j’entends les pompiers. Ils n’arriveront pas à temps.
Ses mains enserrant la mienne, je me sens bien, même si ça peut être difficile à croire. Une dernière pression, un dernier souffle, je sens les battements de mon cœur qui ralentissent, puis s’arrêtent. Ca y est, je suis morte.

J’ouvre les yeux, je suis en nage, les draps sont froissés au pied du lit, et mon cœur bat la chamade. Toujours ce même rêve…

Il faut que je lui parle.

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18 novembre 2011

Juste un courant d'air

Juste un courant d'air

Des pas dans les escaliers. La porte qui s’ouvre. Un souffle sur ma nuque. Ses mains parcourent mon ventre, m’extirpant des frissons. J’en veux plus. Elle le sait. Je me contente de profiter des moindres instants qui me sont offerts. Alors que mes désirs deviennent incontrôlables et que je me laisse emporter, tout s’arrête. Je voudrais me retourner, lui parler, lui dire de continuer.
Mais déjà ses caresses appartiennent au passé et je le sais. Ma peau est encore chaude là où ses mains sont passées. Mon corps a gardé son odeur. Son souffle dans ma nuque ne me quitte pas.
Pourtant je sais qu’elle n’est plus là.
Tout ce qu’il me reste, c’est le souvenir de ses pas, le souvenir de ces moments là.
C'était juste un courant d'air...

 

(oui, il était tout pitit celui là :p)

18 novembre 2011

Simplement elle

Simplement elle

C’est à reculons que je vais vers l’endroit où elle se trouve. Bien sûr, elle est superbe, comme à l’accoutumée. Ses yeux cherchent les miens, me sourit, de ce même sourire qui me fait me sentir si mal depuis quelques jours. « Ca va ma belle ? » me dit elle.
J’ai envie de lui crier non, de m’enfuir en courant, tant que j’en ai encore la force. J’avais envie de la connaître, de croire que j’étais désintéressée. Je ne voulais pas penser qu’elle m’attirait, qu’elle me plaisait.

J’ai forcé notre rencontre en allant lui parler, moi d’habitude si timide. Mais elle m’obsédait, il fallait que cela cesse.
Nous avons commencé à nous voir, régulièrement. Elle était tout ce qu’on peut vouloir d’une femme. Elle était mon idéal.
Tous ces petits moments passés avec elle, à la désirer plus que je ne l’aurais cru possible, à m’imaginer prendre une place dans son cœur, partager les petits rien qui font sa vie.

Bien sûr, je n’avais pas une chance, j’en ai conscience. Elle était mon rêve, notre couple, mon utopie. Je pourrais lui avouer que mes nuits étaient remplies de songes la concernant… Mais elle n’était pas faite pour moi, son bonheur n’est pas dans mes bras, alors à quoi bon ?
Je lui ai moi-même présenté celui qui partage sa vie depuis un an. Elle était heureuse et c’est tout ce qui importait.

Cela faisait quelques mois que je ne la voyais plus, c’était trop dur. Je m’étais résolue à la laisser faire seule son bout de chemin.

Jusqu’à ce qu’on se retrouve dans le même bureau.

Alors je me mens en me disant que je l’ai oubliée, qu’elle n’est plus qu’une amie. Je ne veux pas savoir, je refuse de voir.

Tous les jours, je vais la rejoindre, les paupières closes mais le cœur grand ouvert.

18 novembre 2011

Faucheuse d'âme

Un monument d'égocentrisme et d'égoïsme. Juste parce que ça change !

 

Faucheuse d'âme.

Un regard à la dérobée. Je peux presque sentir ma peau me brûler là où ses yeux se posent. Elle est à moi. Elle a perdu.
Je l’avais repérée il y a de ça un mois. Je l’ai sentie différente. Recluse, perdue, solitaire. Elle m’a tout de suite plu. Elle n’était pas comme toutes ces filles, que je séduis, que je possède jusqu’à l’âme et que je jette. Elle avait le mérite de m’intriguer.

J’ai grandi dans un monde ou tout le monde ment, tout le monde triche. Le roi étant simplement le plus grand de tous les manipulateurs. Le mensonge m’a été inculqué à la naissance, il coule dans mes veines, emplit chaque cellule de mon être.
Pendant des années, j’ai observé à loisir tous ces gens qui tentaient de me tromper. S’ils savaient… Vivre au milieu d’eux m’a appris bien des choses. Aujourd’hui, je peux lire en eux comme dans des livres ouverts. Ils n’ont pas de secrets pour moi. Ils l’ignorent.
J’aime cette phase d’approche. Cette phase ou je lis leurs moindres désirs, où je vois leurs rêves les plus fous. C’est là que naît mon pouvoir.


Rien de surnaturel là dedans… Juste des filles, qui croient avoir trouvé l’amour, la personne qui enfin les comprend. Elles n’ont pas besoin de me parler, je sais à l’avance ce qu’elles attendent de moi. Et je suis exactement ce qu’elles recherchent. Je leur offre une personnalité à part, quelqu’un d’unique, qui leur correspond.
Oh, évidemment ce n’est pas moi. Je n’ai pas de personnalité propre, je ne suis pas schizophrène, je suis joueuse, c’est tout. J’ose me considérer comme une vendeuse de rêve.
Je pourrais me servir de mon physique pour séduire, j’en ai conscience. Mais les moyens traîtres ont toujours eu mes faveurs. Je joue la bonne copine, celle toujours là au bon moment, pour les soutenir. Lentement, je m’insinue en elles. J’occupe leurs pensées, jours, comme nuits. Elles sont intoxiquées, elles ont besoin d’y croire.
Au fond, je sais qu’elles savent que celle qu’elles croient connaître n’existe pas, que je ne suis que le fruit de leur imagination, que je suis leur fantasme. Ca leur plaît, elles aiment penser que quelqu’un comme moi pourrait s’intéresser à elles.


C’est là qu’elles se trompent. Elles ne m’intéressent pas. Je ne veux pas les posséder elles, je veux le pouvoir, l’ascendant. Je veux voir dans leurs yeux cet amour inconditionnel qu’elles me portent. Par-dessus tout, j’aime la prise de conscience. Le jour où, dans un infime accès de lucidité, elles comprennent. Alors elles me regardent d’une toute autre façon.
Non, tu n’étais pas unique. Oui, vous vous êtes toutes faites avoir. Oui, vous en redemanderez. Mais vous n’avez plus rien à me donner désormais…


Mais elle… elle était farouche, inaccessible. Ou du moins elle voulait le faire croire. Il n’y avait personne qui l’approchait. Pourtant, elle était jolie. Mais l’on avait l’impression qu’elle allait vous mordre, si jamais vous osiez faire un pas de trop. C’était un défi, peut être le plus dur de tous.

Ca n’a jamais été mon genre de reculer. Je vis pour ça.

J’ai été lui parler. Elle n’était pas bavarde, ce fut dur. Seule sa gestuelle m’indiquait ce qu’elle pensait. Elle aimait les hommes. Ca promettait d’être intéressant.
Le fait qu’elle soit en couple ne me posait pas de problème, ce n’est pas elle qui m’intéressait, je pouvais très bien la partager. Elle m’a vite confié ses secrets, ses craintes. Elle a trouvé en moi quelqu’un qu’elle croyait la comprendre, quelqu’un qui la complétait. Jamais il ne m’est venu à l’esprit de lui avouer mes penchants pour la gent féminine. Le secret est là.
A une soirée, alors qu’elle avait un peu bu, je me suis rapprochée d’une autre fille, ne daignant plus lui adresser le moindre regard. Si ces beaux yeux avaient pu tuer, je n’aurais pas donné cher de la peau de ma cavalière.
Les filles ont besoin de se sentir valorisées, uniques. Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis. Elle perdait le contrôle qu’elle croyait avoir. Peut être n’étais je pas sa chose en fin de compte. Peut être la compagnie de cette étrangère m’était elle plus agréable. L’alcool aidant, la rendant moins discrète, j’ai pu sentir la jalousie s’insinuer en elle. Lentement, perfidement. Je n’en demandais pas tant…


18 novembre 2011

L'insupportable

Voilà un petit texte au titre évocateur ! Parce que sur le moment, fallait que ma frustration s'exprime ! ^.^'

L'insupportable

 

Elle est là, juste en face de moi, en train de parler à ses amis.
J’en peux plus.
Je croyais pouvoir tenir, mais je suis forcée de me rendre à l’évidence. Elle m’énerve, elle m’agace, elle m’horripile, elle m’irrite, elle m’ennuie, elle m’exaspère, elle me contrarie… Bref elle me soule.

Ça ne vous est jamais arrivé? Être avec quelqu’un qui vous agace, même quand elle ne fait rien? Sa seule présence ou même penser à elle suffit à me mettre sur les nerfs.
Par exemple, là elle parle, ne demandant rien à personne et je n’ai qu’une chose en tête: la faire taire, option à tout jamais.
Je pourrais utiliser la violence… Oh oui… Ça m’apporterait sûrement des ennuis mais quel soulagement en perspective! Je pourrais aussi simplement lui dire de la fermer, mais elle serait foutue de continuer.

Je pense avoir saisi, elle à fait un vœu! Le vœu de vouer toute son existence à me pomper l’air. Quel talent en tout cas!

Elle me regarde et me fait un sourire mielleux. Je suis sur le point de sauter par-dessus la table pour l’étrangler. Il faut que je sorte d’ici et il faut que je le fasse très vite avant qu’un (pas très) regrettable incident n’arrive.

Il faut probablement aussi que je la quitte. Rapidement.

16 novembre 2011

Chapitre 11 (Fin)

Chapitre 11 (Fin)

Voilà près de deux marques de chandelle que Xena s'efforçait d'écouter les divers représentants du peuple et autres seigneurs lui demander des faveurs. Son ennui et sa lassitude étaient à leur comble. Devant elle, le petit barbu qui expliquait comment le passage de l'armée sur ses terres avait labouré son champ ne l'aidait pas à lutter contre le sommeil.

Les temps étaient calmes, trop calmes.

Elle avait besoin d'action, pas de rester assise sur son trône à risquer d'être tuée par l'ennui. Peut-être pourrait-elle envoyer ses armées voir ce qui se cache de l'autre côté de l'étendue d'eau qui borde la Gaulle. Le bord du monde peut-être ? Elle soupira une énième fois, se fichant totalement de ce que son interlocuteur avait à dire.

Elle sursauta en entendant une voix à son oreille :

- Tu pourrais au moins tenter de faire semblant d'écouter…

La Conquérante se tourna vers sa lieutenante, tout sourire.

- Oh Varia, dis-moi que tu viens m'annoncer que cet homme est le dernier…

- Et bien… Non, mais j'ai un petit cadeau pour toi…

Les yeux de la guerrière s'illuminèrent à cette idée. Les " cadeaux " de l'amazone étaient toujours appréciés. Xena regarda autour d'elle et ne trouva pas l'ombre d'un présent.

- Où ? Qu'est-ce que c'est ?

- Qui plutôt…

Sifflant, Varia fit signe au garde à la porte de l'ouvrir. Deux gardes impériaux entrèrent immédiatement, trainant derrière eux quelqu'un au bout de lourdes chaînes. Si la guerrière n'arrivait pas à distinguer le visage de la personne à cause de ses habits, elle la reconnut pourtant tout de suite.

Souriante, elle se leva et déposa un baiser sur la joue de l'amazone.

- Comment as-tu fait ?

- Hey, chacun ses petits secrets…

Lui faisant un clin d'œil, la guerrière avança lentement vers la forme encapuchonnée avant de s'accroupir à sa hauteur.

- Tu croyais vraiment que tu allais pouvoir m'échapper après ça ?

- Va te faire foutre, Xena !

La Conquérante rit ouvertement devant l'hostilité de la captive.

- Najara Najara… Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?

- Qu'est-ce que tu me veux ?

Xena eut un sourire cruel, repoussa la capuche qui cachait le visage de la blonde avant de prendre une pleine poignée de cheveux en main, forçant sa prisonnière à la regarder.

- Regarde-moi dans les yeux et ose me dire que tu ne sais pas ce que je te reproche.

Devant le silence de son ex compagne, elle lâcha sa prise et lui tourna le dos.

- Tu sais, après plusieurs printemps passés à mes côtés, j'aurais cru que tu me connaissais mieux. Aller parler à Gabrielle n'était pas la chose la plus intelligente à faire…

- Et tu comptes me tuer pour ça ?

- A vrai dire… Oui. Parce que si tu n'as pas hésité à aller lui parler, qui me dit que tu n'en feras pas autant avec le premier ennemi venu ?

La regardant à nouveau, elle s'approcha d'elle jusqu'à n'être plus qu'à un cheveu…

- Et bien ? Où est passée ta répartie ?

- Tu n'es qu'une chienne…

Xena resta un instant à la regarder avant d'éclater de rire.

- Ça faisait longtemps que je n'avais pas passé un aussi bon moment, merci encore Varia…

- A ton service, Conquérante. Je peux faire quelque chose d'autre pour toi ?

- Oui, qu'on la libère de ses chaines et qu'on m'amène une tenue un peu plus… adéquate, pour son exécution.

A ces mots, Najara se mit à hurler un flot d'injures qui résonnèrent dans tout le palais, ne créant chez Xena qu'un soupir contrarié.

- Bravo Najara, maintenant tu peux être sûre qu-

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Gabrielle passait les portes de la salle du trône.

- Qu'est-ce qui se passe ici?

- Tiens tiens, si ce n'est pas la putain de la Conquérante en personne…

Gabrielle se tourna vers Najara et avança dans sa direction d'un pas pressé, uniquement pour être stoppée par Xena. Repoussant la main sur son épaule, l'artiste alla s'agenouiller près de l'ex compagne de la guerrière.

- Tu disais ?

- Je disais que tu n'es qu'une imbécile. J'étais comme toi, en couple avec ce monstre. Regarde où ça m'a menée… Personne ne m'avait prévenue, moi, tu n'auras pas cette excuse.

Gabrielle donna une gifle magistrale à la captive, avant de dire d'une voix pleine de venin :

- Tu ne sais rien de ce qu'il y a entre elle et moi…

- Peut-être, mais j'ai vécu avec cette vipère pendant suffisamment longtemps pour la connaître elle. Quitte-la, Gabrielle, tant que tu le peux. Mieux vaut être connue comme l'ancienne putain de la Destructrice des Nations qu'être morte.

- Ça suffit.

Xena interrompit la joute verbale entre les deux femmes et tendit la main vers les gardes impériaux. L'un des deux lui tendit de quoi libérer Najara des chaînes qui lui enserraient poignets et chevilles. Elle lui jeta une tunique au visage.

- Habille-toi.

- Sinon quoi ? dit la blonde d'un air défiant.

- Sinon tu mourras nue et je m'arrangerai pour que ton cadavre soit laissé dans la rue de manière à ce que qui veuille en faire quoi que ce soit puisse en disposer, si tu vois ce que je veux dire. A toi de voir.

Najara regarda autour d'elle d'un air dégouté.

- Je dois me changer devant audience ?

La guerrière se contenta d'un sourire moqueur :

- Tu n'étais pas si pudique autrefois. Ce sont des gardes impériaux, ils ont déjà dû te voir au moins une fois dans la plus petite des tenues… Je me trompe messieurs ?

Les gardes sourirent et secouèrent la tête de gauche à droite. Satisfaite, Xena reprit :

- Quant à moi…

Gabrielle choisit ce moment pour intervenir.

- Moi je ne l'ai jamais vue. Elle mérite un peu d'intimité.

- Elle mérite la mort pour avoir trahi l'empire. Dit Xena d'un ton sans appel. Najara, ma patience à des limites…

La Conquérante posa son regard sur la main de Gabrielle qui venait de se placer sur son bras.

- S'il te plaît.

Soupirant, Xena finit par ordonner :

- Qu'on l'emmène à l'écart.

L'un des gardes s'exécuta, la déception clairement visible sur son visage. Lorsque Gabrielle se mit à le suivre, la Conquérante demanda :

- Je croyais que c'était pour ne pas que tu la voies qu'elle devait aller se changer ailleurs ?

- Je voudrais lui parler.

Elle s'approcha et déposa un baiser sur la joue de la guerrière avant de repartir en trottinant.

 

 

Najara fut menée dans une petite pièce pour se changer. Gabrielle allait attendre dehors mais entendit :

- Viens, si tu as quelque chose à dire, ce sera mieux à l'abri des oreilles indiscrètes.

L'artiste pénétra dans la pièce et referma la porte derrière elle. Elle rougit lorsque, impudique, Najara ôta ses vêtements devant elle. Détournant la tête pour laisser un peu d'intimité à l'autre femme, elle l'entendit rire. Profitant de ne pas avoir à croiser son regard, Gabrielle demanda :

- Pourquoi me traites-tu comme ça ? Et Xena ?

- Parce que c'est la vérité. Elle t'utilise, elle utilise tout le monde. Même cette pauvre Varia. Elle n'éprouve pas de sentiments. Après tout, elle s'apprête à me tuer, non ? Pourtant nous avons été ensemble pendant une assez longue période…

- Tu en parles comme si ça t'était égal.

- Ça l'est…

- Ne mens pas, pourquoi avoir hurlé toutes ces choses tout à l'heure si tel est le cas.

- Je… Sur le coup, la réalisation. Mais… Ça n'est pas une surprise. Dès que j'ai commencé à la " fréquenter ", j'ai su que j'allais mourir de sa main, un jour ou l'autre…

- Comment ça ?

- Xena est… Elle est sujette à des sautes d'humeur, n'a aucune pitié et n'hésite pas avant d'éliminer quelqu'un qui la gène. Je savais que dès lors que ma relation avec elle se terminerait, elle me ferait tuer parce que j'en sais trop.

- Tu crois que même si tu ne m'avais pas parlé…

- Très certainement. Elle avait juste besoin d'une excuse vis-à-vis de toi.

- Pourquoi t'être mise avec elle alors ?

- Pour le pouvoir… Parce qu'elle est attirante, parce que j'étais quasiment sans le sou…

- Tu… Tu n'as jamais rien éprouvé pour elle ?

- Plus que de l'attirance ou de l'envie ? Dieux non !

- Tu ne crois pas qu'elle le savait ?

- Si. Il n'était pas question d'amour, juste de sexe.

Gabrielle resta silencieuse un instant devant cette " révélation ". Elle finit par demander d'une voix hésitante, craignant la réponse.

- Tu… tu crois qu'elle éprouve quelque chose pour moi ?

- Honnêtement ? Tu ne veux pas connaître ma réponse.

Elle termina d'enfiler sa tunique et alla toquer à la porte. Le garde l'ouvrit immédiatement.

- Je suis prête.

Gabrielle les laissa prendre un peu d'avance, ayant besoin de réfléchir à ce qu'elle venait d'entendre. Dieux, elle ne savait plus qui croire.  Elle courut pour rattraper le duo.

 

            *          *          *          *         

 

Une fois seule avec Varia, la Conquérante soupira.

- Tu crois que j'ai raison de tenter quoi que ce soit avec cette femme ? Dieux elle est si… Rah…

L'amazone approcha la guerrière jusqu'à être face à face, à un souffle l'une de l'autre.

- Crois-tu que tu pourrais t'en passer, maintenant que tu y as gouté ?

Xena eut un petit sourire en coin avant de soupirer.

- Probablement pas. Pourquoi faut-il que tu m'obliges à réaliser tout ça ?

- Et bien… Je suis payée pour ça ! Et puis il faut bien que l'une d'entre nous soit la voix de la raison.

Elle fit un clin d'œil à la guerrière qui la regardait d'un air blasé avant d'ajouter :

- Qu'est-ce que tu ressens pour elle, maintenant que vous êtes réunies ?

- Tellement de choses… Elle m'agace, j'ai envie de l'étrangler au moins aussi souvent que de l'embrasser… J'ai l'impression qu'elle est mon exact opposé… dit la Conquérante en soupirant.

- Tu sais, souvent la mauvaise personne parait être la bonne et inversement la bonne semble être le mauvais choix. Si on pouvait choisir, si on pouvait faire taire ce feu en nous, la vie serait plus simple, mais qui en voudrait ?

Xena regarda sa lieutenante d'un faux air suspicieux.

- Tu es sûre d'être faite pour la guerre, toi?

Varia lui donna une petite tape sur l'épaule.

- Ne te l'ai-je pas déjà prouvé ?

- Si… C'est juste que…

 

Elles se tournèrent toutes les deux en entendant la porte s'ouvrir pour laisser passer Najara, Gabrielle et le garde.

Sans attendre, Xena alla chercher un tabouret qu'elle plaça en face de Najara.

- Pose ta tête là-dessus.

Gabrielle n'arriva pas à se retenir et demanda à Xena :

- Je peux te parler un instant ?

- Non. Je sais ce que tu vas dire et je ne changerai pas d'avis.

Gabrielle baissa la tête, défaite. Elle sentait bien qu'il ne servirait à rien d'argumenter. Voyant qu'elle avait réussi à se faire comprendre, la Conquérante se retourna vers son ex compagne tout en dégainant son épée.

- Najara, j'attends.

- Je n'ai pas droit à un dernier repas ou un dernier souhait ?

Xena sourit malgré elle. C'était bien la femme qu'elle connaissait. Donnez-lui la main, elle tentera de prendre le bras. Ne lui donnez rien… Elle tentera quand même.

- Qu'est-ce que tu veux ?

-  Un quart de lune pour dire au revoir à mes proches et je te dirai ce que je sais.

- Qu'est-ce qui te fait croire que ce que tu as à me dire m'intéresse ? Et qu'est-ce qui me prouve que tu dis vrai ?

- Rien. Mais réfléchis, Xena. J'ai vécu avec toi assez longtemps pour avoir peur d'imaginer qu'elle serait mon châtiment si je tentais de te tromper.

- Ohh tu me touches Najara…  dit Xena en souriant doucement.

La Conquérante prit quelques instants pour contempler la situation. Elle avait tout à gagner, Najara périrait de sa main et elle pourrait très bien apprendre quelque chose d'intéressant…

-Très bien. A partir du moment où le soleil se couchera, tu auras un quart de lune pour faire tes adieux. Sache cependant que tu seras accompagnée en permanence de quatre de mes gardes et que si tu tentes d'entrer en contact avec qui que ce soit qui serait susceptible de pouvoir tirer profit d'informations me concernant…

- Je sais tout ça. Je sais aussi que les rebelles ont tort de croire que tu ignores qui ils sont. Je veux juste dire au revoir à ma famille, je t'assure.

- Je t'écoute, quelle sont ces informations qui vaudraient un sursis selon toi ?

- Je peux t'en parler en privé ?

Voyant un air étrange sur le visage de son ex compagne, Xena acquiesça et attrapa les chaines de la blonde pour l'emmener dans une pièce séparée. Une fois entrée, elle ferma la porte, s'adossa contre et croisa les bras, attendant.

- Je me suis faite avoir. J'ai bien été dire toutes ces choses à Gabrielle, mais pas par jalousie ou soif de vengeance. Je ne crois pas t'apprendre qu'il n'a jamais été question d'amour entre nous.

En entendant cela, la Conquérante sourit largement tout en posant la paume de sa main à plat sur l'avant de son armure :

- Quoi ? Tu cherches à me briser le cœur ?

Najara s'abstint de faire tout commentaire désobligeant quant à l'organe en question, sachant qu'elle marchait sur un fil très fin au-dessus du vide.

- Pourquoi l'as-tu fait alors ?

- Il m'avait promis qu'en échange… j'aurais sa protection… et que je serais assez riche pour finir le restant de mes jours au soleil à ne rien faire

- Je te reconnais bien là, c'est tout à fait le genre de choses à te dire pour te motiver. Mais qui est " il " ? Tu devrais savoir que personne n'est en mesure de te protéger de moi.

- Il aurait pu si il av-

- QUI ?

- Arès.

Dès l'instant où elle eut prononcé son nom, Najara vit Xena se tendre et pouvait deviner que la nouvelle ne lui faisait pas particulièrement plaisir. La Conquérante prit quelques instants pour se recomposer avant de parler d'une voix qui paraissait à la fois calme et dangereuse.

- Pourquoi ?

- C'est ce que j'ai demandé aussi. Crois-moi ou non, mais au fond je n'avais pas de raison de t'en vouloir. Après tout t-

- Pourquoi ?

La guerrière interrompit la blonde et s'avança jusqu'à elle de façon à pénétrer dans son espace personnel, la mettant mal à l'aise.

- Soit disant pour te " protéger ", parce que selon lui Gabrielle a une influence néfaste sur toi. D'ailleurs pour une fois, il se peut qu'il n'ait pas totalement tort.

- Et il t'a demandé quoi au juste ?

- De dire à Gabrielle les choses horribles que tu as pu faire, de te faire apparaître sous ton jour le plus mauvais.

- Il ne t'a demandé " que " cela ?

- Oui.

Pondérant ses prochaines actions, la guerrière finit par dire :

- Bien. Tu as honoré ta part du marché.

Souriant, elle repartit dans la salle du trône, suivie de près par l'autre femme. La Conquérante fit signe aux gardes d'emmener Najara d'un mouvement de tête. Avant que la blonde n'ait quitté la pièce, elle lui dit d'un ton joueur :

- A très bientôt !

 

 

A peine Najara était-elle sortie que déjà Gabrielle demandait :

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

- Ce ne sont pas tes affaires.

- Mais j-

La Conquérante se tourna pleinement en direction de Gabrielle, usant de sa taille pour intimider l'autre femme :

- Tu vas arrêter ça tout de suite ou tu pourrais bien…

Son ton ne laissait pas l'ombre d'un doute quand à ce qu'elle impliquait.

- Oui ? Vas-y Xena. Menace-moi. C'est bien ça que tu fais quand quelqu'un ne va pas dans ton sens ? Alors di-

La jeune femme s'interrompit en sentant une main se poser sur son bras. Elle leva un sourcil interrogateur en direction de l'amazone.

- Je peux te parler un instant, s'il te plait ?

Acquiesçant, elle donna une légère impulsion dans le dos musclé de la brune, lui signalant de mener la marche. Laissant la Conquérante seule, Varia et Gabrielle se rendirent dans la même pièce que celle où s'était tenue la discussion avec Najara quelques instants plus tôt.

Une fois entrée, Gabrielle s'adossa au mur, regardant l'amazone d'un air contrarié. Celle-ci l'approcha et lui dit le plus sérieusement du monde en la regardant dans les yeux :

- As-tu perdu la tête ?

- …

- Elle va te tuer Gabrielle. Arrête de la provoquer.

- Et je suis censée faire quoi ? Taire mes opinions ? Ne pas poser de questions ?

- Tu sais très bien qu'il ne s'agit pas de cela. Il s'agit de ta façon d'être vis-à-vis d'elle. Plus qu'être celle que tu crois connaître, elle est la Conquérante, la femme que quiconque ayant entendu parler d'elle ne voudrait pousser à bout.

- Tout le monde ne cesse de me répéter ça ! Et pourtant regarde-moi, je suis encore là, après l'avoir agacée je ne sais combien de fois. Elle n'est pas celle qu'elle prétend être.

- C'est là que tu te trompes. Elle ne prétend pas. Si elle a pu se montrer " différente " envers toi, c'est uniquement parce que vous partagez quelque chose de spécial. Mais ne va pas croire qu'elle est incapable d'être celle que tout le monde attend qu'elle soit.

 

 

Dans l'autre pièce, la Conquérante alla s'assoir sur le trône, regardant pensivement l'immense salle devant elle. Ses doigts vinrent dessiner les motifs complexes du siège tandis qu'elle tentait de retrouver son calme. Ce geste qui d'ordinaire ne manquait pas de la calmer n'avait ici aucun effet.

 

Elle savait qu'elle avait eu tort de s'emporter de la sorte, mais elle était dans une sorte de transe depuis que le nom d'Arès avait été prononcé.  Le fait que le Dieu de la guerre ait essayé plusieurs fois de ruiner sa relation avec Gabrielle, voire de la faire tuer était inquiétant.

Qui sait jusqu'où il serait prêt à aller si jamais elle ne décidait pas de quitter la jeune blonde…

 

 

                        *          *          *          *          *

 

[5 lunes plus tard]

 

La Conquérante était allongée dans l'herbe, caressant distraitement les brins lui chatouillant la paume. La tête posée sur les genoux de Gabrielle, elle se laissa aller à faire ce qu'elle n'osait plus envisager depuis longtemps.

Elle ferma les yeux.

Elle sentit une douce brise venir lui parcourir le visage, savoura la sensation des doigts de l'artiste lui caressant les cheveux. Elle huma le fumet lointain d'un poulet sur la rôtissoire et écouta Argo brouter l'herbe à ses pieds. Sans ouvrir les yeux, elle dit :

- Cela faisait trop longtemps, si tu veux mon avis.

- Que quoi ?

- Que je n'avais pas profité d'un instant tout simple. Je suis bien.

Gabrielle sourit, se laissant elle aussi aller. Au bout de quelques instants de douce torpeur, elle prit la parole à son tour, un sourire taquin jouant sur ses lèvres.

- Je n'ai pas oublié, tu sais.

- Oublié quoi ?

- Que tu as omis de répondre à ma question lorsque je t'ai demandé en quel honneur nous sortions.

- Ah, cette question-là !

La guerrière reçut une tape sur l'épaule. Faussement indignée, elle s'accouda afin de regarder l'artiste les yeux dans les yeux.

- Tu oses lever la main sur la Conquérante ? Sais-tu ce qu'il en coûte, insolente ?

- Probablement un baiser pour me faire pardonner, répondit Gabrielle le plus innocemment du monde.

- Exactement.

L'attirant à elle, Xena posa ses lèvres sur celles de l'artiste avec une douceur qu'elle ne se savait pas posséder.

Comme souvent cependant, ni l'une ni l'autre ne furent en mesure de conserver leur sang froid très longtemps et bien vite la Conquérante se trouva sur le dos, une Gabrielle très entreprenante à cheval sur elle.

Elles se reculèrent pour prendre leur souffle, l'artiste posant son front contre celui de la guerrière.

- Dieux Xena…

- Je crois voir tout à fait ce que tu veux dire... dit la brune dans un sourire.

S'allongeant aux côtés de la Conquérante et prenant sa main dans la sienne, Gabrielle dit d'un air pensif :

- Je croyais que cela allait s'arrêter, qu'un jour, je ne vivrais plus cette envie, ce besoin impérieux de…

- M'agacer ?

- Non ! Oh et puis va te faire voir, Xena !

- Désolée, j'ai gardé cette tendance à…

- M'agacer ?

Souriant devant le tour que Gabrielle venait de lui jouer, Xena se leva pour aller jusqu'à sa jument. Elle passa rapidement en revue l'intérieur des sacoches attelées à l'animal avant d'en sortir un paquet délicatement enveloppé.

Immédiatement, les yeux de l'artiste s'illuminèrent.

- Comment as-tu su ?

- De quoi parles-tu ? Je cherche de quoi manger, j'ai terriblement faim !

- Pourquoi ta nourriture est elle emballée et entourée d'un ruban alors ?

- Je suis la Conquérante, j'aime m'entourer des plus belles choses…

- Ah, c'est vrai, c'est pour ça que tu es avec moi !

Ignorant volontairement la remarque narcissique de l'artiste, la guerrière vint s'asseoir à ses côtés.

Elle joua distraitement avec le paquet quelques instants, sachant très bien que la blonde ne croyait pas un seul instant à son excuse et finit par lui tendre son présent.

- Lila t'as dénoncée. Ça te fait combien ?

- Xena !! On ne t'a jamais dit qu'on ne demande pas son âge à une dame ?

- A vrai dire, je t'aurais plutôt cataloguée parmi les demoiselles, mais après je peux me tromper…  C'est vrai que maintenant que tu le dis, j'ai cru remarquer quelques rides ici et là…

Ne répondant pas à l'évidente provocation, l'artiste examina le paquet sous tous les angles. La forme était pour le moins étrange et rien ne laissait en deviner le contenu. Après quelques instants de vaines palpations, elle se décida à ouvrir son cadeau.

Devant ses yeux s'étendait une douzaine de parchemins, dont les tons distincts laissaient présager des processus de fabrication différents, tous scellés d'un sceau marquant l'emblème de leur pays d'origine.

Ébahie, Gabrielle leva des yeux émerveillés vers Xena.

- Ce sont…

- Les pièces qui ont connu les plus grands succès à travers le monde. Le meilleur de chaque pays que j'ai conquis. Ceux-ci ont été traduits par les auteurs eux-mêmes, je ne savais pas si tu maitrisais les différents dialectes, mais j'ai également les originaux au palais…  Ils comportent tous les détails sur le jeu des acteurs et… enfin tu vois…

La guerrière baissa les yeux, visiblement mal à l'aise et peu habituée à offrir des présents.

- … Je… Merci.

Pour une fois, Gabrielle se trouvait à court de mots. Elle aimait son métier plus que tout et rêvait un jour de rencontrer ces hommes et femmes qui faisaient rêver le monde par leurs textes. En ayant les originaux, avec toutes leurs notes… Ce serait presque comme les rencontrer…

- Désolée je… je ne m'y attendais vraiment pas. Merci.

Souriant pleinement, l'artiste se rapprocha de la Conquérante et l'enlaça. Elle ne se détacha que pour venir poser ses lèvres sur les siennes.

- C'est le cadeau le plus attentionné qui m'ait jamais été offert…

La guerrière offrit un timide sourire en réponse, n'étant pas coutumière de ce genre de démonstrations. De plus, jamais le mot " attentionné " n'avait été utilisé pour une quelconque entreprise dont elle était l'auteur.

 

L'artiste faisait de son mieux pour ne pas sourire devant l'attitude de Xena. Le seul mot qui lui venait à l'esprit pour la qualifier en cet instant était " mignonne ".

Gabrielle était consciente du fait que la Conquérante avait voulu lui offrir un cadeau spécial, quelque chose qui ait de la valeur à ses yeux. Elle aurait pu l'ensevelir sous toutes les richesses du monde, mais elle avait choisi de lui faire un présent qui ait du sens.

Rien que d'imaginer l'entreprise que devait être de trouver les meilleurs auteurs de chaque contrée… Puis les convaincre d'aider à traduire ou de traduire eux-mêmes leurs œuvres majeures… Cela avait dû prendre un temps fou…

 

Ne sachant elle-même quoi dire, elle pressa légèrement sa main sur l'épaule de la Conquérante, l'encourageant à s'allonger.

Gabrielle poussa un soupir de bien être en nichant sa tête au creux de l'épaule de celle qui partageait sa vie depuis déjà 5 lunes. Jamais elle n'aurait cru pouvoir connaitre cette sensation d'absolue quiétude, encore moins dans les bras de la femme dont le visage était frappé sur toutes les pièces de l'empire.

 

                        *          *          *          *          *

 

[Deux lunes plus tard]

 

Une voix dure la réveilla :

-          Debout.

Gabrielle fronça les sourcils, ouvrit difficilement les yeux pour découvrir celle qu'elle aime, en tenue de combat, la regardant de toute sa hauteur.

- Hmm Xena il est trop tôt, je veux encore dormir !!

- Tu pourras dormir une fois réinstallée chez toi.

Cette phrase sortit Gabrielle de sa torpeur :

- Quoi ?

La Conquérante sembla hésiter un instant avant de dire d'une voix sans émotion :

- C'est fini. C'était une erreur.

Le cœur de l'artiste se serra en entendant ces mots. Elle eut l'impression d'étouffer, qu'aucun air ne passait plus dans ses poumons. Après quelques instants de choc muet, elle finit par difficilement articuler :

- Pourquoi ? Pourquoi tu me fais ça ?

Xena commença à regrouper les effets de l'artiste et les placer dans un panier. Sans même la regarder, elle dit :

- Je ne t'aime pas. J'ai eu tort de croire que je pourrais être heureuse avec toi.

Les larmes vinrent aux yeux de Gabrielle, elle les essuya rageusement avant de dire d'une voix désespérée :

- Tu mens. Regarde-moi dans les yeux et répète ce que tu as dit.

Xena ne prit pas la peine de répondre et elle alla ouvrir la porte de la chambre. Le garde se trouvant à l'extérieur se tourna immédiatement vers elle. Sans un mot, elle lui fourra le panier dans les bras et referma la porte.

Elle alla s'asseoir à la petite table située au bord de la fenêtre et saisit la cruche en terre cuite posée là. Elle se versa un verre d'eau tout en regardant dehors, refusant tout contact visuel avec Gabrielle.

L'artiste ne comprenait plus rien, pourquoi la guerrière faisait-elle ça ? Enfilant un peignoir en soie, elle alla d'un pas hésitant aux côtés de la Conquérante. Sa main vint se poser sur son épaule avant de parcourir lentement son dos.  Elle sentit les muscles tendus sous ses doigts et sut que l'autre femme était prête à exploser. Elle malaxa doucement ses épaules, tentant de lui faire relâcher un peu de pression.

- Je ne comprends pas pourquoi tu veux faire ça… Je sais que tu étais toi-même à mes côtés ces derniers temps… On est bien ensemble, non ?

La Conquérante prit une lente et profonde inspiration avant de déglutir. Se prenant la tête entre les mains, elle répondit d'une voix faible.

- Non. S'il te plaît Gabrielle… Pars.

Sentant que la jeune femme s'apprêtait à répondre, Xena saisit les mains de Gabrielle dans les siennes et hésita un instant avant de dire :

- Tu m'es redevable…

Rejetée, l'artiste retira ses mains et fit quelques pas à reculons, les yeux rivés sur celle dont elle était tombée amoureuse, avant de se retourner en direction de la porte.

Sa gorge était serrée, mais elle voulut dire ce qu'elle avait sur le cœur avant de partir. C'est d'une voix brisée qu'elle parla :

- Tu sais… On ne peut pas dire que je sois surprise. Je crois qu'au fond j'ai toujours su que ça se terminerait ainsi. Je… J'ai voulu y croire, sûrement un peu trop même… Mais sache une chose : je sais que tu n'es pas celle que tu prétends être et je sais que je t'ai rendue heureuse ces dernières lunes. J'aurais aimé…

Elle fit une pause, semblant réfléchir à ce qu'elle s'apprêtait à dire.

- J'aurais aimé que tu ne sois pas si lâche et que tu t'autorises à vivre. Mais tu n'as jamais pu… Et tout ça pourquoi ? Ta réputation ? Ton empire ?

Croyant qu'elle n'obtiendrait pas de réponse, l'artiste sortit en claquant la porte. Elle n'entendit jamais Xena murmurer :

- J'aurais aimé aussi Gabrielle.  Je pensais pouvoir tout avoir. J'ai eu tort, j'ai tout perdu.

 

 

*          *          *          *          *         

 

De retour au théâtre, la jeune femme sut que jamais plus sa vie ne serait la même. La Conquérante avait déclenché en elle des émotions dont elle n'aurait jamais soupçonné qu'elles puissent être aussi puissantes.

Mais ces sentiments, qui agissaient parfois comme un formidable baume au cœur, pouvaient également blesser plus qu'elle n'aurait cru possible. Cela ne faisait même pas un jour… et pourtant c'était si long. Cette sensation de ne plus reconnaître sa propre vie, de ne plus savoir comment elle faisait avant que Xena n'entre dans son cœur.

Elle sentit une énième larme couler le long de sa joue. Elle la récupéra de son index. Contemplant la preuve salée, l'artiste réalisa que c'était la seule chose qu'il restait de ses rêves aux côtés de la Conquérante.

- Quelle idiote j'ai été…

Elle voyait déjà ses parents lui faire la morale, lui disant qu'ils s'en étaient toujours doutés, sa sœur tenter de la réconforter. Ellis qui, même si elle ne l'admettrait pas, serait secrètement contente de voir ce qu'il restait de l'histoire pour laquelle Gabrielle avait abandonné ce qui les liait.

 

Elle s'assit à même le sol, une bouteille de réconfort liquide en main et tenta de faire le vide. Sa tête tournait, en partie à cause de l'alcool, mais également parce qu'elle avait été incapable de manger, son estomac refusant toute nourriture. Plusieurs marques de chandelle plus tard, Morphée vint la trouver. Son repos fut toutefois de courte durée.

Elle secoua la tête, tâchant de sortir son esprit de sa douce torpeur. Elle identifia la raison de son réveil comme le bruit d'un poing qui frappait à la porte.

Se levant lentement, l'effort semblant quasi surhumain pour ses muscles engourdis, elle alla ouvrir.

Voyant son interlocutrice, Gabrielle demanda immédiatement d'une voix sèche :

- Qu'est-ce que tu veux ?

Varia leva la main, voulant la poser sur la joue de l'artiste, mais se ravisant, sachant que son geste ne serait pas le bienvenu. Contemplant la jeune blonde, elle ne put s'empêcher de dire :

- Dieux Gabrielle… Tu as une mine affreuse.

- Merci de ton soutien. Je me sens déjà beaucoup mieux. Tu peux partir maintenant.

- Que tu le croies ou non, je suis de ton côté…

L'amazone la regarda droit dans les yeux, tentant désespérément de prouver sa sincérité.

- Laisse-moi rire. Ça ne m'étonnerait pas d'apprendre que c'est toi qui lui as monté la tête… Tu as déjà joué la carte de la bonne amie, tu te souviens ? Quand tu m'as convaincue de lui laisser une chance alors que tu venais juste de baiser avec elle !

La lieutenante ne dit rien pendant un moment, encaissant l'attaque en silence.  Plongeant la main dans sa poche, elle en sortit un morceau de parchemin avant de le tendre à l'artiste.

- C'est quoi ?

- Prends-le. Tu sauras la vérité...

Gabrielle voulut lire le contenu du message, mais fut stoppée par la main de Varia sur la sienne.

-  Attends que je sois partie. Je lui ai demandé de te donner des réponses, mais je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il y a d'écrit et j'ai comme dans l'idée que ça ne me regarde vraiment pas. Mais promets-moi une chose, Gabrielle…

- Quoi ?

- Continue d'écouter ton cœur, je crois que tu peux vraiment changer les gens pour le mieux.

Sans en dire davantage, l'amazone caressa le bras de l'artiste et partit, un sourire triste sur le visage.

 

La blonde resta un long moment à regarder le parchemin dans sa main, pas tout à fait certaine de vouloir la vérité. Peut-être valait-il mieux qu'elle l'ignore ?

Sachant que quoiqu'il arrive elle finirait par l'ouvrir, elle se décida.

Elle reconnut immédiatement l'écriture de la Conquérante elle-même :

 

Gabrielle,


Varia m'a menacée de trahison si jamais je ne t'écrivais pas un message. Je jurerais quelquefois que cette femme est la descendante d'Hadès…

Mais cette fois-ci, elle pourrait bien avoir raison, tu mérites des explications.

 

Tu sais, on ne peut pas la combattre. On a beau essayer, elle ne se dompte pas, ne se réduit pas au silence.  La passion nous fait oublier les conséquences, elle ne voit ni futur, ni passé, rien d'autre que le présent.

L'instant présent, rien de plus, rien de moins.

On se dit " une dernière fois ", on croit contrôler cette addiction et l'on pense que ce n'est pas elle qui nous contrôle. Je me suis dit ça à chaque fois. J'ai cru ce que je voulais croire, j'ai repoussé la vérité pour justifier mes désirs, j'ai menti aux autres, je me suis menti à moi-même, juste pour un dernier aperçu… pour y goûter rien qu'une dernière fois…

Mais le problème est que plus on succombe, plus l'emprise est forte, notre volonté finit par plier sous la force de nos envies.

Une fois que la flamme a pris, elle est impossible à éteindre. On ne choisit pas qui l'on aime.

J'ai voulu croire que je pourrais maîtriser ce feu. J'ai été sotte. Je n'ai fait que m'y brûler…

 

Le retour à la réalité est dur, tu peux me croire.

J'aimerais pouvoir te dire que je suis bien le monstre sans cœur qui t'as mise à la porte ce matin, mais ce serait mentir.

C'est la chose la plus dure que j'ai eue à faire de ma vie.

 

Que tu me croies ou non, je n'ai pas le choix. Tu changes des choses en moi, Gabrielle, tu me fais changer ma façon de concevoir le monde et mes méthodes pour gouverner.

J'ai peut-être réussi à conquérir l'essentiel du monde connu, mais tu as su pénétrer là où personne n'avait été depuis bien trop longtemps. J'ai tenté de lutter contre ça, contre toi, mais je suis forcée de reconnaître mon échec.

Je suis la Conquérante et esclave de mon cœur.

 

J'aurais voulu que ça marche, Gabrielle, vraiment. Mais certaines histoires ne sont pas supposées arriver.

Quoiqu'il arrive, tu resteras la seule femme que j'ai aimée.

Adieu Gabrielle.


X.

 

Portant sa main à sa bouche, elle courut dans la rue, voulant rattraper l'amazone avant qu'elle ne s'en aille. Quelque chose dans ce message sonnait faux... Quelque chose n'allait pas…

Elle la repéra qui marchait au bout de la rue et courut la rejoindre.

Varia, que se passe-t-il ?

 

*          *         *          *          *         

 

Pour la première fois depuis bien longtemps, elle avait peur. 

 

Elle pouvait sentir la sueur couler le long de son dos, ses paumes moites, un poids dans son ventre, ses jambes trembler dans les étriers.

Sa main se resserra sur la bride, la serrant de toutes ses forces.

La Conquérante prit une grande inspiration tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur dans sa poitrine.

Ses troupes étaient entrainées et n'avaient peur de rien. Il allait leur falloir cela, au moins, pour cette bataille.

 

Elle avait mené de nombreuses campagnes, remporté bon nombre de victoires, elle avait toujours su qu'elle sortirait victorieuse, d'une manière ou d'une autre.

 

Elle n'était plus sûre de rien désormais.

 

            *          *          *          *          *         

 

L'amazone baissa les yeux, ne sachant pas comment annoncer la nouvelle à l'artiste.

- Hier nous avons reçu une missive des plus inquiétantes. L'un de nos espions postés à la frontière Est de l'empire a signalé d'importants mouvements d'armée dans l'empire de madame Wu. Elle… Elle va sûrement attaquer d'ici peu…

- Mais Xena va repousser l'attaque, elle… elle peut le faire, pas vrai ?

La lieutenante n'osa pas soutenir le regard plein d'espoir de Gabrielle. Elle n'était pas sûre que lui dire la vérité soit un choix judicieux, mais au fond d'elle, elle pensait que la jeune femme méritait la vérité.

- La Conquérante a pris la route à l'aube, avec la majorité de la garnison… Mais l'essentiel de son armée se trouve plus à l'Ouest. Avec les perspectives d'alliance, elle… Il y avait moins de troupes du côté Est… La situation se présente mal.

Gabrielle porta sa main à sa bouche. Non… Pas ça… Pas à cause d'elle…

- Pou… pourquoi Madame Wu attaquerait-elle Xena ?

Varia avait l'intime conviction que Gabrielle connaissait déjà la réponse à sa question, mais s'efforça de répondre néanmoins.

- Par orgueil, j'imagine. Après tout, son union était annoncée dans tout l'empire et elle s'est retrouvée seule et humiliée…

- Oh Dieux…

 

Gabrielle sentit les larmes se former dans ses yeux et sa vision se troubler. Elle cligna rapidement des paupières pour repousser ses pleurs, mais sans succès.

Elle comprit maintenant pourquoi elle n'aurait jamais pu être la Conquérante. Elle avait fait un seul choix et il allait apporter la guerre.

- C'est ma faute…

Varia l'enlaça, hésitante.

- Non. Tu ne pouvais pas savoir…

Le cœur de l'amazone se brisa en voyant l'artiste s'effondrer dans ses bras.

 

 

            *          *          *          *          *          *         

 

Elle songea à adresser une prière aux Dieux, mais le seul qui lui aurait été d'un quelconque secours se trouvait à la tête de l'armée ennemie.

Trahie.

Par celui dont elle était l'élue.

 

La nuit passée, elle s'était rendue sur les terres ennemies et avait compté : dix hommes par feu.

Ils étaient au minimum trois fois plus nombreux. Et ils étaient préparés.

 

Elle passait en revue ses hommes, leur donnant de derniers ordres avant la bataille.

Son cheval semblait nerveux, appréhendant l'instant à venir. Elle se tourna pour faire face à l'armée ennemie qui s'étendait sur tout l'horizon.

 

Respirant profondément une dernière fois, elle leva son épée vers le ciel, lançant son fameux cri de guerre, menant ses troupes vers une bataille dont l'issue était incertaine.

 

 

La passion est un ouragan, quelque chose de sublime qui précipite le désastre.

C'est une histoire qui se termine toujours mal.   [Tahar Ben Jelloun]

 

FIN

Merci de m'avoir lue (jusqu'au bout en plus :) ) et n'hésitez pas à commenter !

 

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