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Fictions Lesbiennes :)

Fictions Lesbiennes :)
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16 novembre 2011

Passion interdite

passio11

 

Cette fois çi, non pas une fiction mais une fanfiction Xena.

Cependant l'histoire se déroule dans une réalité alternée où Xena n'est pas la gentille guerrière qu'on connait bien, mais la Conquérante. Au début de l'histoire, Gabrielle ne l'a jamais rencontrée et n'est par conséquent pas l'accolyte qu'elle est dans la série télé originale.

Veuillez noter qu'il s'agit une fois encore d'un écrit réservé à un public averti (violence et scènes sexuelles entre femmes :O), donc si vous n'avez pas l'âge où ne vous sentez pas prêt(e)s, vous voilà prévenu(e)s.

Malheureusement et comme vous vous en doutez, je ne suis pas propriétaire des droits sur la série Xena et ses personnages, je les reprends ici à des fins de divertissement personnel.  

Important : A l'origine, cette histoire devait être écrite en collaboration avec Gaby. L'idée de base est commune et elle a participé à l'écriture des deux premiers chapitres (jusqu'au début du 3). Cela peut expliquer les changements de style initiaux. Par la suite, j'ai dû continuer seule :'(

Rappel : Article L 111-1 du Code de la propriété intellectuelle : “L'auteur d'une œuvre jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.  [..] L'œuvre est protégée du fait même de son existence."

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16 novembre 2011

Chapitre 17 & 18 (fin)

Chapitre 17

Oh mon Dieu…

Est-ce que c'était vraiment ce que je crois ? Ca voudrait dire que…

J'avale vite la framboise, à moitié de travers mais qu'importe.

Jo commence à se reculer et je réalise que je suis en train de laisser passer ma chance.

Mes mains viennent se placer de chaque côté de son visage et lentement mes lèvres rejoignent les siennes.

Je ne bouge pas, attendant qu'elle fasse quelque chose, qu'elle me repousse ou qu'elle réponde. Je ne suis pas certaine que la scène a vraiment lieu. Tout ça paraît trop irréel.

Mon cœur s'arrête de battre pendant un instant, pour reprendre à un rythme d'enfer lorsqu'elle réagit et m'embrasse en retour. Sa main vient se placer dans le bas de mon dos, m'attirant plus à elle. Les miennes quittent son visage pour aller dans son dos.

Il n'y a pas d'urgence dans notre baiser, je crois qu'on essaie toutes les deux de réaliser ce que ça signifie.

Si tu savais combien j'ai attendu ce moment…

Je mets fin au contact au bout d'un temps. Je n'en peux plus, j'ai besoin de la voir. Mes mains viennent se placer au bord du bandeau qui m'aveugle. Elle me laisse faire sans dire un mot. Je sens son souffle sur ma peau et je sais qu'elle est dans le même état que moi.


Le morceau de tissu ne résiste pas longtemps et je lève les yeux pour rencontrer les siens.

J'arrive pas à croire à la chance que j'ai...

Elle me fait un sourire un peu timide et baisse la tête, comme si elle avait honte de ce qui venait de se passer. Oh non Jo, tu ne vas pas me faire ça…

Ma main libre vient lui saisir le menton, la forçant à me regarder. Pas question de reculer maintenant. Son regard est confus, je ne sais pas quoi en penser. Il faut qu'elle me confirme que c'était pas comme ça, pas juste une fois…

- Jo… t'es sû…

En un instant, son regard change du tout au tout et elle m'embrasse à nouveau avant que j'aie eu le temps de terminer ma phrase.

Je suppose que cela répond à ma question...

Elle pousse un petit gémissement alors que le baiser s'approfondit. Sa main m'attire encore davantage à elle. Mes jambes s'enroulent autour de sa taille. Elle me porte entièrement. J'ai besoin de la sentir contre moi. Mes mains accroissent la pression dans son dos. L'une des siennes vient se placer entre mes omoplates tandis que l'autre se place sous mes fesses pour que je ne tombe pas.

Comme si j'allais la lâcher.

Elle vacille légèrement, mais je sais que c'est uniquement sous l'effet de nos baisers. Mon intuition est confirmée lorsqu'elle fait quelques pas et sans rompre le contact me place dos au mur pour me fournir un appui.

Sa bouche délaisse la mienne pour mon cou. Des frissons me parcourent alors que j'essaie de maîtriser ce que je ressens. C'est encore meilleur que je n'aurais cru.

J'ai envie de sentir sa peau et mes mains passent sous sa chemise. Je m'émerveille du toucher. Je découvre une peau douce et souple. Mon corps réagit à ses baisers plus que je ne l'aurais cru possible.

Elle me rend dingue…

Ses mains désormais libres viennent se placer sur ma taille. Je sens qu'elle ne sait pas trop ce qu'elle doit faire mais qu'elle a envie de me toucher. L'une de ses mains va jusqu'à mon épaule.

Nos regards se croisent à nouveau et nos bouches se retrouvent. Sa main descend lentement de mon épaule et vient se poser sur mon sein.

Elle retient son souffle. Je me recule pour la regarder. J'ai du mal à croire à ce qui est en train de se passer. Et à la tête qu'elle fait, elle a du mal à y croire également.

J'ai peur de la brusquer et je ne veux surtout pas aller trop vite. Si quelque chose doit se passer, mieux vaut ne pas prendre le risque que ça se fasse sur un coup de tête et qu'elle le regrette après.

Je prends doucement sa main dans la mienne. Elle me regarde, ne semblant pas comprendre.

- T'en as pas envie ? Me dit-elle d'une toute petite voix.

Cette remarque me fait sourire. J'ai bien envie de rire mais elle serait capable de le prendre comme une moquerie. Qui n'aurait pas envie d'elle ? Faudrait vraiment être bête !

- Si, bien sûr que j'en ai envie… Mais je veux que tu saches qu'on a tout notre temps… Je veux dire… Ce n'est pas comme si ça faisait des semaines que j'en crevais d'envie !

 

*       *       *          *          *

 

Oh… Laura, est-ce que tu ne serais pas en train d'insinuer que ça fait longtemps que tu attends ce moment-là ? Elle repousse une mèche de ses cheveux blonds et me fait un clin d'œil qui me fait fondre.

Tout à coup, je réalise ce qu'elle vient de dire. Elle veut attendre que je sois prête…

Ca compte beaucoup pour moi l'air de rien. Toute ma vie, les gens étaient plus intéressés par mon physique qu'autre chose. Personne ne m'avait encore dit qu'il était prêt à attendre. A vrai dire, c'était plutôt l'inverse !

Mais bon, pour une fois je suis prête, très prête même !

Je la repose à terre. Elle me prend dans ses bras. Je ne peux pas m'empêcher de prendre une grande inspiration. C'est trop bon de l'avoir contre moi. Elle enfouit sa tête au creux de mon épaule.

La porte d'entrée qui claque nous fait sursauter toutes les deux. J'entends le pas caractéristique d'Anna s'approcher. Laura essaie de se reculer mais je la garde contre moi. J'ai assez caché mes sentiments et je suis assez grande pour faire ce que je veux sous mon toit.

Anna s'arrête un instant en nous voyant, regarde le CD qu'elle était revenue chercher, puis fait le premier sourire sincère dont j'aie été témoin depuis des mois. Elle n'a pas l'air étonnée du tout.

- Vous voyez quand vous voulez ! Bon, je m'en vais. On ne va pas revenir avant… trèèès longtemps avec Kim... Passez une bonne nuit !

Sur ce, elle nous gratifie d'un petit sourire en coin et s'en va. Je regarde Laura, qui a la bouche grande ouverte sous le choc. Bon, au moins ça veut dire que je ne suis pas la seule étonnée de l'allusion ouvertement sexuelle que ma petite sœur vient de faire.

Une fois l'appartement de nouveau tranquille, un lourd silence gêné s'installe. Vas y, embraye là-dessus !

 

Je la regarde timidement. Je me sens comme prise en flag par Anna. Pourtant on n'avait encore rien fait. Elle est en train de m'observer, je le vois bien.

- Mais euh… quoi ?

- Oh, rien… J'ai le droit de regarder maintenant alors je rattrape mon retard.

- Et si je suis pas d'accord ?

- T'as pas les moyens de m'en empêcher. Et me mettre un bandeau sur les yeux ne sera pas toujours aussi facile.

Pas les moyens, c'est ce qu'on va voir.

Je m'avance et l'embrasse doucement. Ses yeux se ferment. J'ai gagné. Je n'arrive pas à m'empêcher de sourire. Elle coupe court au baiser.

- Oh ça va, je sais ce que tu penses ! Mais c'était déloyal ! Par contre si ça t'ennuie pas je vais t'abandonner, me brosser les dents et reprendre une douche.

J'acquiesce sans un mot. Ca me donnera le temps de repenser aux dernières minutes qui viennent de s'écouler… 

Elle me fait un tout petit bisou et se dirige vers la salle de bain.

Je l'entends murmurer  " oh oui, une douche très froide " et je souris à cette remarque.

Mes yeux dérivent dangereusement vers le bas de son dos sans que je n'aie aucun contrôle sur eux. Je déteste quand ça fait ça !

Je m'étale sur le lit avec bonheur. Elle ne m'a pas repoussée !!

J'ai vraiment eu peur. Je ne sais pas ce que j'aurais fait…

Tu te serais probablement confondue en excuses et aurais prétexté un moment de folie...

Et dire qu'il y a quelques semaines, c'était une parfaite inconnue, qu'elle était à la rue etc… Ca me paraît être il y a une éternité.

Bon en même temps, y'a eu pas mal de chemin parcouru.

Maintenant on est ensemble.

Enfin je crois, j'espère.

Je me rappelle que je m'étais juré de ne plus douter de Laura. Ok, on est ensemble.

Je dois avoir l'air d'une abrutie finie là, à sourire toute seule. Mais pour ma défense j'ai des circonstances atténuantes…

Et dire qu'à cet instant, ma petite blonde préférée s'apprête à rentrer sous la douche...

Evidemment, des images HD me viennent à l'esprit. Je pourrais résister mais j'en ai pas la moindre envie. Je laisse mes pensées gambader pendant une ou deux minutes et je n'en peux plus.

Ca devrait être interdit d'être aussi désirable…

Je me lève et traverse le couloir de bout en bout. J'ouvre la porte de la salle de bain sans ménagement. Laura sursaute et finit de poser sa brosse à dents en me lançant un regard interrogateur. Sans prendre la peine de lui fournir une explication, mes lèvres viennent rejoindre les siennes. Elle répond immédiatement à mon baiser alors qu'un soupir m'échappe déjà.

La chaleur dans mon bas ventre s'accroît tandis que notre baiser devient plus passionné et que toute idée de retenue m'a définitivement quittée.

Nos mains deviennent bien vite baladeuses. Je la plaque contre la porte de la cabine de douche et l'embrasse de plus belle, la façon dont elle me touche me rendant complètement dingue. Je n'ai plus aucun contrôle sur la situation, répondant à mes instincts, ça me plait.

Au bout d'une minute, alors que je me colle encore un peu plus à elle, la porte finit par s'ouvrir, nous propulsant toutes les deux à l'intérieur. La main de Laura  raccroche le robinet, et l'eau nous tombe dessus.

Elle est glacée mais je n'en ai strictement rien à faire. A vrai dire, la situation me plait de plus en plus.

 

            *          *          *          *          *

 

Je regarde Jo, m'apprêtant à m'excuser, puis je remarque que sa chemise commence à devenir complètement transparente, laissant deviner ce qu'elle cachait.

J'avale difficilement. Plus question de faire marche arrière maintenant.

Elle a vu où mes yeux se trouvaient, je le sais et ça n'a pas l'air de la gêner, au contraire, elle se rapproche et vient se placer contre moi.

Nos habits trempés collent à la peau tandis que l'eau a désormais la température idéale. La façon dont elle m'embrasse ne fait qu'accroître mon excitation.

Je sens sa main saisir l'une des miennes et la placer sur son sein.

- Touche-moi…

Je ne me fais pas prier bien longtemps et mes deux mains prennent place où elles l'entendent. Son corps réagit à mes caresses. Je sens ses seins durcir encore davantage au creux de mes paumes. Sa bouche entame une longue torture alors qu'elle s'attaque à mon oreille.  Inconsciemment, je penche la tête pour lui laisser plus de place.

C'est pas possible d'avoir autant envie de quelqu'un…

Elle se recule juste assez et place ses mains au bas de mon t-shirt. Je comprends le message et lève les bras. Le tissu colle à ma peau et il nous faut quelques secondes pour en venir à bout. Alors que je me retrouve en soutien gorge, ses yeux parcourent le haut de mon corps librement. Ils sont noirs de désir. C'est con à dire, mais je me sens belle dans son regard…

Je me mets à l'embrasser de nouveau, je n'ai plus envie de la laisser partir. Elle vient se coller à moi encore davantage et la chaleur de son corps contraste délicieusement avec la fraîcheur du carrelage dans mon dos. L'une de ses cuisses vient se placer entre les miennes et j'ai du mal à me retenir de lui sauter dessus. Mon bassin commence à bouger dans un rythme lent imprimé par sa cuisse. C'est fou comme elle a l'air de savoir ce qu'elle fait.

J'ai bien envie de m'abandonner à ses caresses mais je ne compte pas la laisser s'en tirer comme ça. J'ai bien trop envie d'elle pour ça et c'est elle, la supposée novice après tout.

L'eau continue de couler sur nous sans qu'on fasse un seul petit mouvement pour l'arrêter. Je saisis le premier bouton de sa chemise et entreprends de le défaire. Elle me laisse juste assez de place pour ne pas gêner mes mouvements tandis qu'elle me mordille le bas de la nuque. J'essaie de garder ma concentration mais mes mouvements deviennent de plus en plus désordonnés. J'arrive enfin à bout du dernier bouton. La chemise mouillée ne reste pas longtemps en place et vient vite rejoindre mon t-shirt sur le sol. Son corps est purement et simplement parfait. Je n'en reviens pas. Je crois que je suis la fille la plus chanceuse au monde en cet instant précis.

 

            *          *          *          *          *

 

Le regard de Laura est sur moi et ça me plait plus que je ne l'aurais cru possible. Ses yeux viennent accrocher les miens alors que l'eau ruisselle toujours sur nous. Ma respiration est courte, je le sais, je le sens. La sienne est identique.

Cette fois, c'est elle qui vient rétablir le contact entre nous. J'aime sentir sa peau contre la mienne. Je suis adossée contre la paroi en verre tandis qu'elle lève une main pour venir la placer sur mon visage. Elle caresse doucement ma joue, puis descend le long de mon cou, passe entre mes seins, glisse jusqu'à mon nombril puis plus bas pour finalement se poser sur le bouton de mon jeans. Elle me regarde pour avoir l'autorisation. Comme si elle n'avait pas déjà tous les droits…

Au bout de quelques instants, mon pantalon n'est plus que de l'histoire ancienne. Ses mains viennent se placer juste en dessous de mes seins avant d'aller épouser mes hanches. Elles sont douces et visitent lentement mon corps. L'une d'elles continue sa descente et passe lentement à l'extérieur de ma cuisse. Ses yeux sont toujours dans les miens, tandis que sa main remonte doucement vers l'intérieur de ma cuisse. Mes yeux se ferment bien malgré moi lorsque sa main passe sur le fin morceau de tissu entre mes jambes. Pourtant sa main ne s'attarde pas et remonte avant de passer dans mon dos. Des frissons me parcourent de bas en haut. Je suis complètement à sa merci.

Sa main vient se loger derrière ma nuque et elle m'embrasse en accentuant la pression. Mes lèvres quittent les siennes pour son épaule. Je sème des petits baisers partout sur son ventre, descendant toujours plus bas, jusqu'à atteindre la limite de son pantalon. Mes mains attrapent le bouton et la fermeture éclair et en viennent à bout. Je fais lentement glisser le vêtement jusqu'au sol et j'en profite au passage pour découvrir son corps d'un peu plus près.

Je me relève, elle me sourit. Comme je peux aimer ce sourire !

Elle m'embrasse tandis que ses mains viennent dégrafer mon soutien gorge. Son souffle sur ma peau, ses mains sur moi, tout me plait. Je voudrais arrêter le temps à cet instant précis.

Je la laisse faire, appréciant le contact de sa peau sur la mienne. Sa bouche vient se poser sur ma poitrine mise à nu. Des frissons me parcourent de bas en haut.

Elle relève un peu la tête et j'en profite pour l'embrasser, il faut que je l'arrête avant d'être hors de contrôle. Je lis le désir dans ses yeux.  Mes mains dégrafent son soutien gorge. Je sens une humidité croissante entre mes jambes et je sais bien que ça n'a rien à voir avec l'eau de la douche. Mes mains se posent sur ses seins, bien vite suivies par mes lèvres. J'arrive à lui extirper des sons très intéressants.

Je ne résiste pas longtemps à la tentation et bien vite, je m'agenouille pour venir lui retirer  son dernier sous-vêtement. J'ai du mal à croire à ce que je suis en train de faire, mais en même temps tout ça m'est complètement naturel. Elle me relève. Son corps est encore plus beau que tout ce que j'aurais pu imaginer.

Nos lèvres se retrouvent dans un baiser tout sauf chaste. Je voudrais lui dire tout un tas de choses mais actuellement, le seul vocabulaire que je suis capable d'émettre consiste en une paire de gémissements.

Je coupe l'eau, j'ai bien trop chaud. Les vitres sont pleines de buée.

Ma main se pose sur son ventre, en dessine les courbes musclées, parcourt le pli de l'aine. La chaleur dans mon bas ventre redouble d'intensité. J'ai envie d'aller plus loin, même si je ne sais pas ce que je suis en train de faire. Elle me regarde, saisit ma main et sans jamais rompre le contact de nos yeux, la descend très lentement sur son intimité.

Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine tandis que mes doigts découvrent son sexe. Sa main quitte la mienne et vient se poser sur mon entrejambe, que seul un mince morceau de tissu recouvre encore.

Ses caresses me rendent dingue, j'aime la sentir vibrer sous les miennes.

Elle m'embrasse passionnément, je n'en peux plus. Mon corps lui appartient, elle peut tout prendre.

Le froid commence à se faire sentir. La gardant contre moi, j'ouvre la porte de la douche. On se dirige vers la chambre. Elle me pousse délicatement sur le lit et se met à cheval sur moi en m'embrassant. J'ai du mal à me concentrer sur autre chose que son corps nu sur le mien, mes yeux étant irrémédiablement attirés par quelques parties de son anatomie incroyablement proches de moi.

Sans jamais rompre le baiser, ses mains parcourent chaque centimètre de mon corps. Elle se relève un peu et vient à bout de mon dernier vêtement. 

Mes mains découvrent sa peau, toujours plus. Chaque parcelle de son corps est chaude et ferme, comme rien d'autre que j'aie jamais touché.

Une goutte d'eau est accrochée sur le bout de son nez, puis se détache et je la vois s'écraser sur le bas de mon ventre. Elle me regarde et me sourit tout en se penchant. Elle vient retirer la goutte d'eau d'un baiser, puis en sème d'autres, descendant toujours plus au sud.

Ses lèvres évitent soigneusement l'endroit qui les réclame, entamant une longue torture.
Je sens mon corps tout entier frissonner quand elle me touche et m'embrasse. Oh, elle sait vraiment ce qu'elle fait.

Son souffle seul suffit à me rendre folle. Je suis à deux doigts de la supplier lorsque sa bouche vient se poser sur moi.

- Oh mon Dieu !

Ca m'a échappé avant même que j'aie eu le temps d'y penser. Mes mains vont se serrer dans ses cheveux.

Je ne comprends pas comment j'ai pu passer à coté de ça toutes ces années.


Chapitre 18 (Fin)

J'ouvre péniblement les yeux. Un mince rayon de soleil pointe timidement à travers les rideaux. J'ai peu dormi. Des images de la nuit dernière me reviennent en mémoire. Ses caresses, ses baisers, l'odeur de sa peau… argh !!!

Je me retourne doucement pour ne pas la réveiller. Dieu qu'elle est belle ! Ses traits sont parfaits. J'ai vraiment de la chance. Elle est parfaite… Jo…

Comme si elle savait que je l'observe, elle ouvre les yeux.

- Hey… bien dormi ? me dit-elle d'une petite voix toute endormie.

Je replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de répondre

-  Quelle question ! J'ai rêvé d'être dans tes bras à l'instant où je t'ai regardée. Hier c'était…

Son index vient se poser sur ma bouche, m'interrompant.

- Je sais Laura…

Je souris un peu sous cette remarque. Je me suis peut-être légèrement emportée…

Elle me regarde et s'avance pour poser doucement ses lèvres sur les miennes.

Mon cœur se met à battre plus vite, jamais quelqu'un ne m'avait fait réagir à ce point.

Un silence agréable s'installe entre nous.

Sa main vient caresser ma joue.

- Tu veux bien me prendre dans tes bras ? me dit-elle d'une voix toute timide.

Je me mets sur le dos alors qu'elle vient se placer contre moi. Je réalise qu'elle est encore nue. De longs frissons me parcourent alors que sa main dessine les courbes de mon ventre tandis que la mienne joue distraitement avec ses cheveux noirs.

Aucune de nous deux ne dit un mot. Au fond, je crois qu'on n'a pas besoin de parler. On est juste bien. Je me sens comblée, plus que je ne l'ai jamais été dans les bras d'aucune fille.

 

Elle se relève juste un peu et m'embrasse dans le cou. Rien que des petits baisers, j'ai à peine le temps de les sentir.

- Il… faudrait … qu'on se lève, tu ne crois pas ?

Je gémis doucement. Plus de dépit que d'autre chose.

- C'est le week end Jo…

 

Et puis je voudrais profiter. Je crois qu'elle ne se rend pas compte à quel point j'ai attendu cet instant, à quel point j'ai espéré que cela arrive sans oser y croire.

Elle semble convaincue par mon argument de choc et se réinstalle contre moi.

Aussitôt, une douce chaleur m'envahit. Pour la première fois de ma vie, je goûte au sentiment de plénitude. Tout est allé si vite…

Avant même que j'aie eu le temps de me rendre compte que mon attirance était bien plus que physique, j'étais sous son charme. Ne passez pas par la case simple crush, ne touchez pas 20 000.

Je suis bien. C'est un nouveau sentiment pour moi, intense, hors de contrôle, mais définitivement plaisant.

 

*          *          *          *          *

 

Je prépare le petit déjeuner tandis que Laura est toujours au lit.

Au lit.

Oh merde, j'ai fait l'amour avec une fille.

Et j'ai aimé ça !

Oh bordel !

Je mets la tasse aux micro-ondes et sens deux mains se glisser sur mon ventre. Son corps vient se coller au mien.

- Tu croyais quand même pas que j'allais te laisser t'échapper ?

Son souffle chaud dans mon oreille me fait frissonner. Je n'ai pas vraiment envie de m'échapper là à vrai dire…

- J'aurais raté mon coup ?

Je tourne la tête et ses lèvres retrouvent immédiatement les miennes. C'est toujours aussi bon. Encore un peu étrange, mais je crois qu'à ce rythme là, il ne me faudra vraiment pas longtemps pour m'y faire.

- Définitivement.

Je me tourne, m'adossant au plan de travail. Elle vient immédiatement se blottir contre moi.

- Tu vas faire quoi de ta journée ?

Laura passe sa main sous mon haut et caresse doucement mon dos.

- Tu veux dire mis à part rester collée à toi ?

Je ne peux pas retenir un petit rire, mais je dois avouer que l'idée n'est pas mauvaise, au contraire. Un sourire coquin vient se figer sur mes lèvres tandis que je lui demande :

- Et une fois collée à moi, tu comptes faire quoi ?

- Hum… pourquoi pas…

De son nez, elle pousse le bord de ma chemise, avant de venir poser ses lèvres sur la peau ainsi dévoilée. Elle descend de plus en plus bas et alors que j'avais déjà complètement oublié ma question, elle reprend :

- Aller se balader ?

- Ca me parait être une bonne idée, mais d'abord…

Je me tourne, saisis un croissant au chocolat et le lui tends.

- Prends des forces… tu risques d'en avoir besoin !

Ses yeux pétillent de malice tandis qu'elle prend une bouchée.

- Promesses, toujours des promesses…

 

[1 mois plus tard]

 

Je regarde Laura, cherchant dans ses yeux un peu du courage qu'il me manque. Elle me sourit et tous mes doutes s'en vont.

Sa main trouve la mienne, ses doigts se mêlant aux miens. Je lui rends son sourire.

- T'es sûre de vouloir le faire ?

Je prends une inspiration, considérant avec attention la question. Mon cœur bat la chamade. Est-ce que j'en ai envie ?

Et alors que je me pose la question, je me demande pourquoi je le fais, puisque mon cœur à la réponse.

Je la fixe droit dans les yeux, repousse une mèche de cheveux blonds derrière son oreille de ma main libre, avant de me tourner vers la porte.

- Sûre.

Je presse un peu sa main dans la mienne. Une dernière inspiration.

C'est parti.

Ma main vient trouver la clenche de la porte. Trop tard pour faire marche arrière maintenant.

 


FIN

 


Merci d'avoir pris le temps de me lire et n'hésitez pas à commenter !

16 novembre 2011

Chapitres 15 & 16

Chapitre 15

Je pose les clés sur la table basse avant de me retourner vers Jo :

- Va t'installer dans la chambre, j'arrive tout de suite.

Elle me regarde, fait un sourire en coin en levant un sourcil :

- Hum… comment refuser une si charmante proposition… ?

- T'es bête !

Elle part dans le couloir tandis que je vais dans la cuisine en souriant bêtement. Si je ne la connaissais pas, je penserais qu'elle me drague !

Je prépare distraitement le thé et attrape une boîte de petits gâteaux dans le placard. Une fois le tout sur un plateau, je marche d'un pas peu assuré vers la chambre. L'équilibre n'a jamais été mon fort. Je manque de tout faire tomber quand je l'entends crier " Chérie, tu fais quoi ? Tu te fais désirer ? "  suivi d'un petit rire.

Bon, Laura. C'est ton amie. Le fait qu'elle te taquine ne veut rien dire. C'est juste une amie, une am…

Ma bouche s'est ouverte avant que j'aie eu le temps de la fermer.

Elle est assise sur le lit, en train d'inspecter un bleu sur ses côtes, sa chemise entrouverte.

Je suis en enfer.

Et ce n'est qu'une amie... Je déglutis péniblement devant cette vision. Une amie incroyablement sexy.

 

Ca me prend toute ma volonté, mais je réussis à fermer la bouche juste à temps pour qu'elle ne voie pas mon air stupide en relevant la tête. Soulevant le plateau, je dis :

- J'ai ramené un petit encas, je me suis dit que tu devais avoir faim !

J'ai à peine terminé de prononcer le mot encas que je sais que j'ai visé juste. Elle attrape l'un des gâteaux et me lance

- Quand tu auras le temps, tu pourras faire le ménage et la vaisselle aussi !

Elle termine sur un clin d'œil et affiche un air malicieux, visiblement satisfaite. Air qui disparaît instantanément lorsque je rétorque d'un air détaché

- J'ai déjà fait tout ça avant de partir au boulot ce matin.

- Oh… eh bien dans ce cas…

Elle se lève et va vers la commode. Elle fouille un instant dans je ne sais quoi et revient vers moi.

Elle pose un genou à terre et ouvre une boite contenant une bague avant de dire :

- Laura, veux-tu m'épouser ?

 

Même si je sais qu'elle plaisante, ça me fait comme un petit choc. Je singe son expression favorite en levant un sourcil, l'air peu convaincu.

- Ben quoi ? J'ai trouvé la femme parfaite, j'essaie de lui passer la corde au cou, normal non ?!

Je secoue ma tête de gauche à droite, incrédule. Impossible de réfréner le sourire qui vient à mes lèvres :

- T'es vraiment, mais alors vraiment arrangée !

-  Je prends ça pour un non ?

Ah, tu veux jouer ? Je la regarde droit dans les yeux, la défiant, avant de lancer :

- Vous pouvez embrasser la mariée !

Elle me regarde un instant, sans savoir quoi faire. Puis elle affiche cet air de "je vais te faire regretter ce que tu viens de dire".

Oh oh…

 

*          *          *          *          *         

 

A la tête que fait Laura, elle sait que je m'apprête à la taquiner et elle a déjà peur. Je me relève doucement et viens me poster devant elle. Je pose un genou à côté d'elle sur le lit, puis l'autre. Je m'approche, m'arrêtant à quelques millimètres de ses lèvres, les frôlant presque. Je peux sentir qu'elle retient son souffle.

Jo, c'est de la provocation, tu ne dois pas l'embrasser. Retiens-toi ! Provocation !

Je fais mine de l'embrasser et tourne la tête au dernier moment pour venir poser mes lèvres sur sa joue.

Brave fille !

Elle semble reprendre vie et me repousse. Elle est super embarrassée, ça se voit, mais tente de le cacher derrière un :

- Je le savais… Que de la gueule !

Me cherche pas Laura… Tu ne sais pas de quelle volonté d'acier je viens de faire preuve…

Je pourrais t'allonger sur le lit… J'ôterais ma chemise et viendrais me coller à toi. Ma bouche trouverait un chemin dans ton cou et…

- Ohé, Jo, reviens parmi nous !

Elle me fait un signe de la main. J'ouvre mes yeux en grand. Ok, mes pensées viennent de sérieusement dévier, mais ce n'est pas si grave j'imagine…

- Tu pensais à quoi ?

Ou du moins ça n'était pas si grave jusqu'à ce qu'elle s'en rende compte et me pose LA question. Jo, dis quelque chose de crédible, vite !

- Hein, euh… à rien !

Crédible était le mot clé.

- Jo, tu n'es qu'une vilaine menteuse ! Tiens, mange du chocolat pour te nettoyer la bouche !

Soulagée, j'attrape avec plaisir le gâteau qu'elle me tend. Si j'ai la bouche pleine, ça m'évitera au moins de dire n'importe quoi !

 

 

            *          *          *          *          *         

 

Je regarde Jo se goinfrer de chocolat quelques instants avant de me décider à lui dire… C'est l'une des choses les plus difficiles que j'aie eu à faire…

Je saisis sa main, pas certaine de comment elle va le prendre. Lance-toi Laura, c'est maintenant ou jamais…

- Jo… faut que je te parle d'un truc…

Toute notion de courage me quitte définitivement lorsqu'elle pose ses yeux sur moi.

- Quoi ?

Ok, relax, tu peux le faire, c'est pas si dur !

- Euh… en fait, j'ai eu ma paye et euh… ce matin, enfin… j'ai jeté un coup d'œil aux studios qui sont dispos…

J'ai détourné le regard, incapable de la regarder en face.

- Laura…tu… tu veux partir ?

Elle fait une toute petite voix. Je viens peut-être de faire une boulette…

- Non, non, c'est pas ça… c'est juste que je vais pas squatter chez toi tout le temps… Je peux comprendre que t'aies envie d'espace et t'as déjà été plus que gentille… Et… bon, ça ne facilite pas niveau vie amoureuse de savoir qu'il y a moi dans ton lit tous les soirs…

C'est dit. Je ne veux surtout pas qu'elle croie que j'ai la moindre envie de m'en aller.

- Mais je … enfin je croyais qu'on était d'accord…

Elle pose sa main sur ma cuisse créant un frisson qui me parcourt de haut en bas.

- Oui, c'est vrai, mais peut-être que tu as dit ça sous le c…

- Laura, regarde-moi.

Ses doigts se posent gentiment sous ma mâchoire, pressant un peu pour me faire tourner la tête. Incertaine, je la regarde. Une fois qu'elle a mes yeux dans les siens, elle dit, très lentement :

- Je voudrais que tu restes… Vraiment…

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIII = cri de joie heureusement exprimé uniquement mentalement.

Incapable de continuer à la fixer, je détourne les yeux.

- Ca marche… Maintenant tu ne peux plus reculer, ça va être dur de te débarrasser de moi !

Ma petite réplique, censée détendre l'atmosphère, tombe à l'eau lorsque Jo répond :

- Mais je n'ai aucune intention de me débarrasser de toi… 

 

            *          *          *          *          *

 

Est-ce que je viens juste de dire ça à Laura sur un ton amoureux ou je l'ai seulement rêvé ?

Un silence un peu gêné s'installe entre nous. Tout à coup, elle se lève et se dirige vers des sacs posés au sol.

- Regarde, j'ai été faire des emplettes pour le boulot, tu vas me dire ce que t'en penses !

- Euh… ok.

Elle va derrière le paravent et commence à se changer. Je me demande bien ce qu'elle a pu acheter. Au bout de quelques instants, elle ressort dans une tenue ultra moulante rouge et noire. Je crois que j'ai oublié de respirer.

- Alors, t'en penses quoi ?

Tu veux bien me laisser une seconde, histoire que je me remette à penser et ensuite tu pourras avoir ta réponse. Mes yeux n'arrêtent pas de la parcourir de bas en haut et je prie pour qu'elle n'y voie qu'un intérêt pour le tissu.

Elle tourne un peu plus sur elle-même et plus elle bouge et plus j'ai du mal à déglutir. Les clients de la salle vont faire des malaises en la voyant !

Je réalise soudain qu'elle attend une réponse depuis au moins 10 secondes et je me décide à tenter le coup.

- C'est... euh… très joli… ça te va bien.

Ma voix était beaucoup plus rauque que je ne l'aurais cru, trahissant mon état d'esprit de l'instant.

- Merci… Charlène m'a dit que ça te plairait ! 

Elle… je vais la tuer !! J'ai comme l'impression qu'elle se moque légèrement de moi !

Toute contente, elle retourne se changer. Lorsqu'elle revient, habillée en rouge et bleu, je réalise que ça lui va beaucoup mieux qu'à n'importe quel moustachu de la pub 118 218 ! Bon, c'est loin d'être aussi sexy que la tenue d'avant, mais au moins ça fait cliché de prof d'aérobic. Je sors finalement un :

- Celle-là, ça fait plus prof de sport, ça… euh… dévoile moins…

Elle me regarde en souriant pendant quelques instants, avant de rétorquer, toute fière :

- Nan mais l'autre, je la mettrai pas à la salle, Charlène m'a dit que sinon elle aurait trop d'inscriptions à refuser.

- …

Elle s'approche et me tapote le ventre en disant :

- Mais elle m'a dit de la prendre pour quand tu voudras essayer de muscler tout ça en dehors des heures d'ouverture de la salle !

Torture mentale garantie, merci Charlène !

- A vrai dire pour l'instant j'ai fait assez de sport pour aujourd'hui et même si la proposition est… alléchante… tentante, c'est plus sage de me reposer…

Je m'installe contre le montant du lit en grimaçant un peu.

 

*          *          *          *          *

 

 

J'ai à peine le temps de poser mon sac de sport sur le sol de l'appartement que déjà Kim vient me voir :

- Ah, Laura, je t'attendais.

- Tu m'attendais ? T'es pas avec Anna ?

- Non elle est partie voir une amie à elle.

J'acquiesce en silence et vais poser mes fesses sur le canapé. Kim me suit. Elle me regarde d'un drôle d'air.

- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai un truc sur le visage ou quoi ? dis-je.

- Non non, t'es très bien, t'en fais pas.

Elle marque une petite pause, l'air d'hésiter sur ce qu'elle veut dire.

- En fait… y a un truc dont il faut que je te parle. Tu vas certainement te foutre de moi mais bon…

- …

Je la regarde d'un air interrogateur. Qu'est-ce qu'elle peut bien avoir à me dire ?

- Bon, en... en fait… même si Anna est géniale et tout, et même si je t'ai pas pardonnée…ben… j'arrive pas à t'oublier…

Oh non...

Je reste là, sans rien dire et sans bouger, pas certaine de savoir quelle attitude adopter. Elle est de plus en plus nerveuse.

- Oh… je suis vraiment trop conne. Désolée Laura, j'aurais pas dû t'en parler… Je… j'espère au moins que tu vas te trouver quelqu'un qui saura te rendre heureuse, t'es vraiment quelqu'un de bien.

-  Toi aussi t'es une fille bien, tu sais…

Je sais pas quoi dire d'autre. J'ai pas oublié ce qui s'est passé entre elle et moi, mais ça appartient au passé maintenant.

Ses yeux viennent accrocher les miens. Avant que j'aie eu le temps de réagir, elle s'avance et m'embrasse.

 

- Coucou je suis l…

Je repousse très vite Kim pour voir Jo, debout dans l'entrée. Une multitude de sentiments passent dans son regard : incompréhension, tristesse, colère…

Elle me regarde, puis Kim. Pas un son ne sort de sa bouche. Je m'apprête à lui dire que c'est pas ce qu'elle croit, que je peux expliquer… mais elle se retourne et toujours sans dire un mot s'en va.

Merde, merde, merde !!!

La main de Kim vient se poser sur mon avant-bras.

- Je… je suis désolée, je sais pas ce qu'il m'a prise…

Je lui lance un regard noir avant de m'élancer à la poursuite de Jo. Je cours dans les escaliers, espérant la rattraper dans la rue. Coup d'œil à gauche, puis à droite… Pas l'ombre d'une trace.

Et merde...

Pourquoi faut-il toujours qu'il arrive quelque chose quand tout va bien ?

Le seul point positif est que sa réaction montre que ça ne la laisse pas indifférente...

Ou alors, elle est partie trouver Anna…


Chapitre 16

J'essaie de réprimer les larmes qui me viennent aux yeux. Et dire que je croyais qu'elle tenait à moi, qu'il y avait quelque chose de spécial entre nous… Quelle conne je suis…

Mon portable sonne. Je regarde qui est l'appelant. Je souris… Toujours là au bon moment !

J'échange deux trois mots avant de raccrocher.

 

Je toque à la porte. Même pas une seconde après, celle-ci s'ouvre sur mon portrait craché.

- Salut cousine ! Me dit-elle

- Salut Jen ! Comment ça va ?

- C'est plutôt à toi que je devrais demander ça…Ca avait pas l'air d'aller fort au téléphone…

- Mouais, c'est pas faux. Salut Sarah ! Dis-je à la petite blonde affalée sur le canapé. Je vous dérange pas au moins ?

- Penses-tu, Madame est bien trop captivée par sa plaque de chocolat pour faire attention à ce que je fais.

On entend un " Hey " de protestation alors que Jen m'entraîne dans la cuisine.

- Bon, allez, balance tout ! Me dit-elle.

 

Alors je lui raconte tout… Depuis ma rencontre avec Laura jusqu'à tout à l'heure.

- Et je suis venue directement ici. Dis-je

- Eh ben, si je m'y attendais à celle-là !

- T'en penses quoi ?

- Et toi, t'en penses quoi ? Parce que c'est ça la vraie question. C'est qui pour toi cette fille ? Une copine, une amie, plus peut-être ?

Elle a un sourire qui m'en dit long sur son point de vue à elle.

Je suis tentée de dire une amie, mais je sais qu'elle n'est pas que ça.

- Je… je crois que je suis amoureuse d'elle.

Oh bordel. C'est la première fois que je l'admets à voix haute. C'est très étrange… Jen me fait un clin d'œil avant de reprendre :

- Moi j'en suis sûre !

Je la regarde sans comprendre.

- Jo, tu devrais vraiment te voir quand tu parles d'elle. Vous n'êtes pas de simples amies si tu veux mon avis…

- De mon côté peut-être, mais du sien… Pfff je sais plus. J'ai pas su agir à temps et maintenant c'est foutu, c'est trop tard ! Quelle conne !

J'ai envie de me frapper pour avoir été aussi aveugle. Je prends ma tête entre les mains, me retenant de m'arracher les cheveux. La main de Jen vient se poser sur mon épaule.

- Roh mais dis pas ça ! Tu sais, des fois les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être Jo… Si tu ressens quelque chose pour elle, alors fais-lui confiance… Laisse-la s'expliquer et tu verras bien.

- Mais de quel droit je demanderais des explications ? On n'est pas ensemble…

- Bah, tu peux toujours prétexter que c'est par rapport à Anna.

Je la regarde en souriant. Pourquoi je ne suis même pas surprise…

- Tu ne changeras jamais toi décidément.

- Ben ouais, on ne change pas une équipe qui gagne ! Dit-elle en se la jouant.

- Mais euh… Ca t'ennuie si je reste là pour cette nuit ? Je ne travaille pas demain.

- Le truc c'est qu'on n'a que deux chambres qui sont encore utilisables, la mienne et celle de Sarah. … Bon, je suppose qu'on peut faire un effort et se serrer dans mon lit elle et moi !

Elle me guide dans la chambre en question. Pas un effet personnel en vue, ça sent le renfermé et les draps propres.

- La chambre de Sarah hein ?

Elle me sourit joyeusement. Elle ne doit pas l'utiliser souvent cette chambre Sarah…

 

*          *          *          *          *

 

Pfff je suis bien contente d'en avoir fini pour aujourd'hui. J'ai passé une affreuse journée. Déjà tous les clients de la salle de sport étaient d'une humeur massacrante, en plus j'ai pas fermé l'œil de la nuit… J'arrive pas à m'arrêter de penser à Jo. Elle n'est pas rentrée dormir.

J'espère au moins qu'elle va bien.

Kim a beau s'excuser, ça n'y change rien. Au fond je me demande si elle ne l'a pas fait exprès. Elle a vraiment l'air bien avec Anna. Et comme par hasard le seul moment où elle m'embrasse, c'est quand Jo rentre…

Bah je ne sais plus quoi penser. Peut-être que je vois le mal partout. Ou pas…

Je rentre ma clé dans la serrure et veux tourner mais ça ne fonctionne pas. Il y a déjà une clé dedans. Je sonne.

J'entends des pas faire craquer le bois. Quelqu'un regarde à travers l'œil de bœuf et le verrou tourne.

 

Je me retrouve nez à nez avec Jo. J'ai pensé toute la journée à comment je pourrais lui expliquer mais rien ne sort. Elle me fait de la place pour me laisser rentrer. Elle esquisse un petit sourire que je prends pour un bonjour.

Après tout, le plus simple c'est peut-être de lui dire la vérité…Elle est déjà dans le couloir quand je dis :

- Jo, écoute…

Elle se retourne et croise les bras. Son air n'est pas très engageant.

Bon, au moins elle ne m'a pas dit d'aller me faire foutre, c'est un bon début.

- A propos de ce que t'as vu l'autre jour… C'est pas ce que tu crois. Dis-je.

Elle lève un sourcil inquisiteur.

- Tu veux dire que vous n'étiez pas en train de vous embrasser, Kim et toi?

- Oui. Enfin non… Elle m'a embrassée… Mais c'était comme ça, juste une fois.

Je suppose qu'omettre la partie " Je l'aurais jamais embrassée de mon plein gré parce que je suis raide dingue de toi " n'est pas bien grave.

- Si je le dis à Anna, même juste une fois, je ne suis pas sûre que ça lui plaise… Me répond-elle

- Ecoute… si tu veux lui dire, je peux pas t'en empêcher, fais-le. Mais tu pourrais au moins faire semblant de me croire…

- Et pourquoi je devrais te croire ?

C'est le moment où jamais Laura, bouge.

Je fais quelques pas, jusqu'à me retrouver face à elle. Je lui prends la main entre les miennes et j'attends qu'elle me regarde.

- Tu devrais me croire parce que je te dis la vérité. Aie confiance en moi…

 

Ma dernière phrase était presque un murmure. Je m'attends à ce qu'elle se foute de moi, ou qu'elle m'envoie promener, mais à la place elle serre un peu ma main et s'approche de moi.

Elle me dit à l'oreille :

- Ok. Je te crois.

Puis elle me prend dans ses bras. Je crois qu'elle est aussi soulagée que moi que ça se soit si bien passé.

Et dire que j'avais stressé toute la journée à propos de ce moment ! Si j'avais su…

 

Une odeur plus que familière parvient à mes narines.

- C'est du chocolat que je sens là ?

Je veux me diriger vers la cuisine mais deux longs bras m'agrippent par les épaules.

- Non, non, non, reviens ici ! C'est une surprise !

- Pour qui ? Pour quoi ?

- Pour toi ! Attends-moi ici. Et ne triche pas !

- C'est pas mon genre ! Dis-je en prenant un air innocent.

A vrai dire c'est tout à fait mon genre et je suis tentée d'aller l'espionner mais je me retiens. Ce serait con qu'elle me fasse la tête pour ça !

Au bout d'un moment, elle revient me chercher. Je me demande ce qu'elle prépare… Et si elle m'en voulait, pourquoi me préparer une surprise ?

Elle s'arrête à seulement quelques centimètres de moi. Elle lève doucement sa main et vient remettre une mèche de cheveux derrière mon oreille. C'est alors que je remarque le bandeau qu'elle tient. Mes yeux lui demandent ce que c'est. Elle se contente de me sourire.

Lentement, elle attache le bandeau autour de ma tête, m'empêchant de voir. Je la laisse faire, j'ai confiance. Je sens qu'elle fait de son mieux pour être délicate. Bientôt, je ne vois plus rien du tout. Mais mes autres sens sont plus développés et l'odeur du chocolat n'en est que plus attirante. Ca ne peut être qu'une bonne surprise s'il y a du chocolat dedans.

J'entends qu'elle bouge, je sens qu'elle déplace de l'air.

 

            *          *          *          *          *

 

Heureusement que Laura a un bandeau sur les yeux, parce que je dois vraiment avoir l'air ridicule là. Je m'agite devant elle en faisant des grimaces pas possibles. Son absence de réaction m'indique qu'elle ne peut rien voir.

Je lui prends la main et la guide vers la cuisine. Je la fais s'asseoir sur la paillasse, de sorte qu'elle puisse s'adosser au mur. La desserte est juste à côté. Tout est prêt.

Et c'est là qu'on rigole...

J'ai préparé tout un tas de desserts à base de fruits, je sais qu'elle adore ça.

Je la regarde agiter ses jambes dans le vide comme une gosse. Elle est vraiment adorable. Comment j'ai pu être aveugle à ce point pendant tout ce temps ?

Je m'approche d'elle et pose ma main sur sa cuisse.

- Tu me fais un peu de place ? Lui dis-je

- Est-ce que j'ai vraiment le choix ?

La remarque me fait rire. Non, pas le choix.

Je me place entre ses cuisses et rapproche la desserte. La hauteur est parfaite, ses jambes sont à hauteur de mes hanches et sa tête presque au niveau de la mienne.

Prenant une cuillérée de pêche melba, je me retourne vers elle et la regarde. Elle est super jolie…

- Ouvre la bouche.

Elle fait un petit sourire avant de s'exécuter. Je suis sûre qu'elle avait les idées mal placées. Lentement, je lui mets la cuillère en bouche. J'observe sa réaction quand elle découvre le goût.

- Hummm Jo, c'est super bon !

- Tu saurais dire ce que c'est ?

- Pêche Melba capitaine, sans aucun doute.

Je souris à la remarque.

- Bien, voyons si vous vous en sortirez aussi bien avec le suivant alors !

Je prends un peu de glace à la vanille, puis un bout de poire. Je verse le chocolat chaud dessus. Ca sent super bon, elle a raison sur ce coup là.

Je l'observe encore en train de s'extasier sur la précédente cuillérée. L'avantage du bandeau est que je peux la regarder à loisir, elle ne voit rien du tout !

Une fois terminé, elle entrouvre légèrement la bouche, attendant la suite. Je suis tentée par la perspective de faire une blague de merde à propos de gobe mouche mais je m'abstiens, je ne veux pas casser l'ambiance.

 J'essaie de faire passer tout ça tant bien que mal, mais je lui mets un peu de chocolat autour de la bouche au passage. Elle ne semble pas remarquer et pousse un petit gémissement en mâchant. Au moins, je suis sûre qu'elle apprécie.

Une fois tout terminé, elle passe sa langue autour de sa bouche, mais ça étale plus qu'autre chose. Même si elle est trop mignonne comme ça, je ne suis pas cruelle au point de lui laisser des moustaches de chocolat.

De mon pouce, j'efface les dernières petites traces. Au moment où je touche ses lèvres, je réalise ce que je m'apprête à faire.

- Y en a encore ? Ca m'a mis en appétit tout ça ! Dit-elle joyeusement.

Je prends l'une des framboises dans ma main. C'est quitte ou double maintenant ma vieille. J'ai une boule au ventre. J'espère que Jen a vu juste, sinon ça va faire mal.

 

Je regarde la framboise que j'ai entre les mains un moment. Puis mon regard se porte sur Laura. Sa bouche est à peine entrouverte, juste ce qu'il faut.

De nouveau la framboise entre mes doigts. Jo, ne te dégonfle pas, t'as pas fait tout ça pour rien quand même ! C'est maintenant qu'il faut être courageuse et mon idée ne semble plus aussi bonne quand il s'agit de la mettre en pratique.

J'ignore les battements de mon cœur, je retiens mon souffle et place la framboise entre mes lèvres.

 J'essaie de garder les yeux ouverts, comme si j'avais besoin de ça pour me rendre compte de ce que je suis en train de faire.

Ma bouche vient se poser sur celle de Laura. Je la sens se raidir au contact. Elle arrête de respirer.

Je ferme les yeux, sachant très bien ce que ça veut dire.

Et merde !

Elle prend la framboise tandis que je me recule. Pas besoin de me ridiculiser davantage. J'ai vraiment été conne de croire que...

 

16 novembre 2011

Chapitres 13 & 14

Chapitre 13

Le cours est enfin terminé. C'était sympa, même si j'avais les idées mal placées. Mon corps contre celui de Laura, Laura allongée sur moi, les petits gémissements qu'elle poussait quand elle faisait un effort…

ARGHHH *bave*

Johanna, contrôle-toi et n'oublie pas le mot d'ordre : Hétérosexuelle … jusqu'à nouvel ordre.

- A quoi tu penses qui te fait sourire bête comme ça ?

Je remarque alors que Laura me regarde, amusée. Je prends vite un air tout à fait innocent avant de répondre :

- A rien du tout !

Si tu savais !

J'ai envie de lui dire tout ce que je ressens, tout ce que j'aimerais partager avec elle. Seulement je ne peux pas. Non seulement je crains un refus et j'ai déjà bien trop peur de me l'avouer à moi-même, mais elle revient à la maison et je n'ai pas envie qu'elle change d'avis à cause de ça. J'ai vraiment peur de la perdre. Rah, je m'énerve à être sentimentale tout d'un coup. Je dois être malade, je vois que ça, une fatigue passagère.

Comme pour me narguer, mon esprit me met les paroles de " la maladie d'amour " dans la tête.

Si même moi je suis contre moi maintenant !

Elle ouvre la porte de l'appart et se retourne vers moi, le sourire aux lèvres :

- Jo… ça te dit de louer un film ?

- Oui, pas de prob, t'as envie de quoi ?

- J'hésite entre les filles du botaniste et Loving Annabelle…

- Je connais ni l'un ni l'autre !

- Sacrilège, inculte !! Il faut remédier à ça ! dit-elle, l'air outrée.

Elle attrape son sac, se tourne vers la sortie puis s'arrête, fait demi-tour et me dépose un bisou sur la joue.

- C'est pour te faire patienter !

Je porte la main à ma joue. C'est bien la première fois que j'ai droit à un bisou gratuit qui soit vraiment gratuit.

J'entame une petite danse de joie, bien vite interrompue par l'arrivée de Kim et Anna. Elles remarquent la petite veste de Laura et les quelques affaires posées là dès qu'elles ont passé la porte.

- Je savais qu'elle finirait par revenir, dit Kim. Ça y est, elle t'a tout avoué ?

- Euh non… Pourquoi, elle est censée avoir quelque chose à me dire ?

- Oh non non, c'était juste comme ça !

Mais qu'est ce qu'ils ont tous à dire ça ? Qu'est ce qu'elle ne m'a pas dit ?


Anna a l'air mal à l'aise et change de sujet.

- T'as passé une bonne journée aujourd'hui ?

- Oui nickel et vous, vous avez fait quoi ?

- Oh ben on a été faire du roller et puis on a été se balader un peu et on est rentrées. Et toi ?

- Ben j'ai croisé Laura par hasard pendant le boulot, je lui ai demandé de me rejoindre ce soir, j'espérais qu'elle m'explique mais elle n'avait pas l'air bien motivée.

- Sincèrement Jo, t'as vraiment pas la moindre idée de la raison pour laquelle elle était partie ? dit Anna, l'air de dire que c'est d'une évidence…

- Ben non comment je le saurais ?

Kim et Anna se regardent en souriant d'un air entendu.

- Vous êtes aussi bigleuses l'une que l'autre, il faut croire !

Sur ce, elles sortent prendre l'air.

 

Non ça ne m'énerve pas que tout le monde sache quelque chose que j'ignore ! Ça m'agace, je dois savoir !!!

Je décide d'aller prendre une douche histoire de me détendre pour éviter d'étriper Laura dès son retour.

 

*          *         *         *          *         

 

- ME REVOILA !!!

Ben elle est où ?

J'entends le bruit de la douche et sourit intérieurement. J'aimerais bien la rejoindre…

Laura, arrête de penser à des trucs comme ça ! Ca suffit ! Self control !


Je contourne le canapé pour allumer la TV et mettre en route le lecteur DVD.

- Ah te voilà ! Je me disais bien que j'avais entendu quelqu'un rentrer !

Surprise, je me retourne pour voir Jo, encore trempée, enroulée dans une serviette de bain. Elle a l'air furieuse. Elle s'approche de moi tout en me pointant du doigt. Je me demande ce que j'ai encore bien pu faire.

- Toi… Tu vas me dire ce que tout le monde sait sauf moi.

- Euh… Jo, je suis pas sûre de comprendre de quoi tu parles là.

En fait, je n'en ai pas la moindre idée.

- Oh, ne fais pas l'innocente… Pourquoi tout le monde me demande si tu t'es enfin décidée à me parler ? Qu'est-ce que tu me caches ?

Ah... ça...

 Je baisse la tête, pour lui cacher ma surprise.

- Hé bien euh… il... euh… trouve quelque chose à dire Laura, vite !

Mon regard fuit désespérément le sien, cherchant un moyen de me sortir de cette situation.

- Tu cherches un bobard, je le vois ! Laura… la vérité maintenant… dit-elle, sa voix descendant un ton plus bas.

Bon… le tout pour le tout… gulp…

- Ok. Si tu veux tout savoir, ils pensent qu'on va finir ensemble et se demandent juste quand on va se décider. Apparemment ils sont tous d'accord sur le fait que je suis celle qui aurait quelque chose à dire.

Aha, tu t'y attendais pas à celle-là hein ? T'as voulu la vérité, tu l'as.

 

La seule chose qui parvient à sortir de sa bouche est un petit " Oh… ". Elle se met à rire nerveusement, se grattant l'arrière de la tête. Elle est visiblement très mal à l'aise.

Le fait qu'elle soit toute gênée me fait plaisir quelque part. Bien fait !

-  Ca expliquerait pas mal de choses n'empêche… dit-elle au bout d'un moment.

Oh, minute… Est-ce qu'elle est en train de dire que c'est tout à fait probable que quelque chose se trame entre nous ?

 

Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle me fait un petit sourire timide et se dirige vers la salle de bain. Je suis sûre qu'elle s'est retenue de courir.

 

Je sors le DVD des filles du botaniste de sa boite et l'insère dans le lecteur. Je m'affale sur le canapé, encore sous le choc. Nan… T'as sûrement mal compris Laura…

Au bout d'une minute, tout est en place. Jo arrive et s'assied à côté de moi.

- On commence ? demande-t-elle.

- Au cas où tu n'aurais pas remarqué, c'est surtout toi que j'attendais ! dis-je tout en pressant le bouton lecture. J'ai pris les filles du botaniste, l'autre n'était pas dispo !

 

J'observe Jo du coin de l'œil lorsque, pour la première fois dans le film, on comprend que les deux filles sont amoureuses l'une de l'autre. Elle esquisse un sourire entendu, bien vite dissimulé dès qu'elle remarque que je l'observe.

 

Dès que le générique de fin se met à défiler, je demande :

- Alors ça t'a plu ?

- La fin est affreuse...ment belle ! dit-elle.

 

Je remarque qu'elle a les larmes aux yeux. Même si j'étais dans le même état la première fois que j'ai vu ce film, je ne résiste pas à la tentation :

- Oh, mais tu pleures ! dis-je, d'un ton moqueur.

- Roh ! Tais-toi et viens me faire un câlin pour me consoler. ça t'apprendra à me faire regarder des films tristes.

Je ne me fais pas prier et me jette à moitié dans ses bras. On se retrouve allongées, je suis sur elle, dans ses bras et étrangement je me sens à ma place.

Bon, alors demain je commencerai une liste de tous les films tristes au monde, en prévision de locations à venir. Ouais, ça c'est une bonne idée.

 

            *          *          *          *          *

 

Oh non, qu'est-ce que je viens de proposer… Pourquoi pas lui demander autre chose tant que j'y étais ? Heureusement qu'elle n'a pas dit non ou hésité, j'aurais pas su où me mettre…

J'ai un peu honte de prétexter avoir besoin d'être consolée, je m'en serais très bien remise toute seule. Bah, c'est sûrement ça qu'on appelle l'opportunisme !

 

Son odeur parvient à mes narines. Pourquoi il faut qu'elle sente aussi bon ? Est-ce qu'elle se rend seulement compte qu'elle ne m'aide pas vraiment ?

On ne dit pas un mot pendant quelques minutes. Je finis par rompre le silence :

- A quoi tu penses ?

-  J'ai envie de framboises… me répond-elle.

Je ris doucement.

- C'est quand la dernière fois que t'as eu tes règles ? T'as couché sans protection avec ton petit ami récemment ?

- Ah ah très drôle ! me répond-elle. Et puis de toute manière, je préfère les filles !

Elle me regarde et me tire la langue. Vraiment chou !

Elle bouge, se relevant un peu et à ma grande surprise se réinstalle contre moi. Je la serre doucement dans mes bras et profite du moment. Elle se blottit encore un peu plus en poussant un léger soupir de contentement.

J'essaie de calmer mes émotions, de peur que les battements de mon cœur ne me trahissent.

Ma main esquisse de lentes caresses sur son épaule. Elle a la peau toute douce…

 

Je ne sais pas combien de temps on reste comme ça, je suis juste bien, j'ai besoin de rien d'autre. Je me contente de respirer ce parfum que j'aime tant et de faire durer la situation tant que possible.

Au bout d'un moment, j'ai l'impression que sa respiration se ralentit. Non, elle s'est quand même pas…

Je bouge un peu ma tête pour voir son visage. Elle a l'air si paisible…

De ma main, je remets en place une mèche de cheveux blonds qui lui tombe sur le visage. Le mouvement semble avoir rendu mon épaule inconfortable et elle se réajuste dans un petit grognement. Sa cuisse vient se placer pile sur mon entrejambe.

Oh non... pas ça...

En plus, ça ne peut pas arriver le jour où j'ai mis un pantalon doublé ! Nonnnnn ça arrive le jour ou mon pantalon est tellement fin que je sens le moindre courant d'air !

Je regarde en l'air, maudissant intérieurement le fabricant.

Bon, Jo… t'es plus une enfant… contrôle-toi un peu !

J'essaie de faire abstraction de la délicieuse pression appliquée. Au bout d'une minute, je n'en peux plus et tente de me dégager. Juste un peu, quelques millimètres feront l'affaire.

Une fois encore, mademoiselle n'est pas satisfaite de ma nouvelle position. Elle se remet comme avant, sa cuisse peut-être encore davantage mal placée.

Je ne sais pas si c'est parce que j'ai super envie d'elle, là maintenant tout de suite, ou si c'est parce que… bon je vois que ça comme explication, mais je suis presque sure de pouvoir sentir sa cuisse bouger quasi imperceptiblement au rythme de sa respiration. Et c'est déjà trop.

Jo, calme-toi… c'est une fille, tu ne peux pas avoir envie d'elle.

Je sais pas si c'est pour me contredire ou parce que je psychote, mais j'ai l'impression de sentir une humidité croissante entre mes cuisses.

Ok, j'abdique.

Je la soulève délicatement, la prenant dans mes bras et je vais la mettre sur mon lit. Attends Jo, tu veux quand même pas la laisser dormir toute habillée, si ?

Merci la petite voix, t'as toujours de bonnes idées

 

            *          *          *          *          *         

 

- Allez encore un petit effort, on y est presque ! Lève la jambe un peu plus haut Linda, le but n'est pas de s'économiser !

Je continue à faire les mouvements en rythme avec la musique, alors que ma seule envie est de m'allonger et de dormir. Vivement que ça se termine !

 

Je m'approche de Pierre, qui fait visiblement ses mouvements à moitié. Ma main attrape sa jambe et je la lui lève jusqu'au point voulu.

- Là, tu vois ?

- Oui mais ça tire un peu quand je le fais, je suis pas souple !

Parce que lever sa jambe de plus de 10 cm du sol nécessite une once de souplesse ? Mon regard exprime toute la lassitude que je peux avoir envers lui. C'est toujours la même histoire, je me demande même pourquoi il vient s'il ne veut pas faire les exercices correctement.

- C'est le but, c'est comme ça que tu sens que ça travaille.

Je retourne à ma place, écoutant distraitement la chanson.

 

Pourquoi dans les salles de sport, ils passent obligatoirement des musiques énergiques pour les séances d'aérobic ! C'est vrai, un slow de temps à autre, c'est aussi bien niveau tempo. Bon, pour le coup c'est peut être la feignasse en moi qui parle.

Déjà que d'ordinaire je suis distraite par le fait que toutes mes pensées convergent vers Jo, si en plus on ajoute la fatigue, rien ne va plus.

En plus, je suis quasiment sûre de m'être endormie sur elle hier soir, même si ce matin j'étais dans le lit, en pyjama, j'ai absolument aucun souvenir d'avoir bougé. Et aussi d'habitude, je ne mets pas de sous-vêtements sous mon pyjama…

L'illumination me vient d'un coup : Ça veut dire qu'elle a mis ses mains sur moi hier soir et que j'ai même pas pu profiter de la sensation, trop occupée à dormir comme une souche ?

Où est le mur le plus proche que je m'y frappe la tête ?!

Un peu (beaucoup) frustrée, j'ai un regain d'énergie soudain et commence à bouger sur un rythme qui n'a absolument rien à voir avec celui de la musique, jusqu'à ce que je remarque les regards interrogateurs en face de moi.

Je fais comme si de rien n'était et reprends l'enchainement, bien décidée à rester concentrée.

 

Bien sûr, je n'ai pas loupé le petit sourire en coin de Charlène. Pourquoi faut-il que ma boss lise en moi aussi facilement. Je suis sûre qu'elle sait à quoi je pensais !

Un coup d'œil à la montre : 17H30. Yihaaaaa ! En plus Jo ne devrait pas tarder maintenant, elle a dit qu'elle passerait me faire un coucou en sortant du boulot !

J'arrête la musique et dis :

- C'est fini pour aujourd'hui ! Merci d'être venus, même chose demain même heure !

Je les regarde quitter la salle, enviant ceux qui EUX, sont libres de s'en aller. Courage, encore un cours et c'est fini !

 

Ne résistant pas aux appels que me lance un fauteuil qui a l'air super confortable, je traverse la pièce et m'affale dedans. J'ai même pas commencé à ne rien faire que j'entends la voix de Charlène depuis l'entrée :

- Laura, ramène-toi, vite !

Intriguée, je vais aussi vite que possible voir ce qu'elle veut. J'ai même pas fait un pas dans la pièce que je comprends.

Oh non…

 

Là, à la télé, est écrit en gros titres : prise d'otages à la WV Bank. Sur l'image prise par une caméra de surveillance, on voit très distinctement Jo dans les bras d'un type, un flingue posé sur sa tempe.

Mon sang ne fait qu'un tour. Pourquoi il fallait que ça soit elle ? Je sens que je commence à paniquer quand Charlène rajoute :

- T'inquiète pas, apparemment la police est en route, ça va aller !

Ça ne me rassure pas du tout ça !

- Tu veux dire que, quand il aura saisi qu'il est foutu, il va être dix fois plus stressé et qu'il risque de faire n'importe quoi ?

Elle me regarde et se tait. Elle a dû comprendre que ça ne sert à rien de me parler pour l'instant.

Chapitre 14

Oh le con !

Ca m'apprendra à rendre service à Karl. Va juste déposer un chèque pour moi s'il te plait, après je te ramène chez toi, ça te prendra que 5 minutes, mon banquier me hait, s'il me voit j'en ai pour des heures et gna gna gna !

Et maintenant je me retrouve dans les bras d'un type qui pue comme pas permis et pointe un putain de calibre sur ma tempe. Si je m'en sors, dans l'ordre :

Je tue Karl

J'envoie du parfum et une savonnette à M. Monde derrière moi

Je réanime Karl pour le tuer à nouveau.

 

Et en plus j'avais dit à Laura que je passerais la voir après le boulot. Je risque d'être en retard…

Je sens bien que le gars est super stressé alors je m'efforce d'être aussi calme que possible. Ca me prend toute la bonne volonté du monde mais j'écoute ce qu'il me dit sans broncher :

- Ecoute-moi attentivement ma belle, je vais te lâcher et tu vas bien sagement aller fermer les rideaux, t'as compris ?

Je hoche la tête doucement et m'avance vers les persiennes en question. Cet abruti se doute même pas qu'il y a des caméras de sécurité ou quoi ? Mis à part se foutre dans le noir, ça va pas changer grand-chose. Je vais à celle la plus proche de la sortie quand j'entends :

- Et essaie pas de te tirer ou je les bute tous !

Et en plus c'est un crétin ! Ca m'enrage de ne rien pouvoir faire.

Je revois encore la scène : il arrive dans la banque où il y a tout juste 3 clients, deux guichetiers et moi, sort son arme et nous fait un remake d'un mauvais film en disant : les mains en l'air ! Et filez-moi le fric et vite !

 

Je regrette d'être passée me changer avant de rentrer, sinon j'aurais au moins eu mon flingue. Et il t'aurait butée en voyant un flic, ça n'aurait pas servi à grand chose !

 

Je termine de tout fermer et reste en place, bien sagement. Il transpire à grosses gouttes, sachant très bien qu'il a plutôt intérêt à réussir son coup s'il ne veut pas finir en taule.

Je me demande quand même ce qui a pu le pousser à faire ça. C'est vrai, c'est un gars de quoi, allez, un mètre soixante-dix, la trentaine, des lunettes et un look de bouseux avec son costume au haut deux fois trop grand pour lui et au pantalon taille enfant.

Peut-être qu'il fait ça pour s'acheter des fringues !

 

Il n'a pas vraiment le profil type du fou furieux à première vue, même s'il a quand même l'air d'avoir du muscle.

Sa main doit être moite et je vois bien que sa prise sur le flingue n'est pas assurée. Il suffirait d'un seul instant et…

En restant là où je suis, près des portes et à l'opposé de l'endroit où se trouvent les autres otages, je l'oblige à sans cesse tourner la tête.

- Retourne avec les autres, tout de suite !

J'avance doucement vers lui, concentrée sur la main qui tient l'arme. Je sens l'adrénaline monter et mon cœur se mettre à battre de plus en plus vite. Je passe à côté de lui quand on entend des sirènes de police. L'alerte a été donnée.

 

Paniqué, il détourne son attention de moi pour regarder la porte avec inquiétude. Il ne m'en fallait pas plus. Mon pied vient frapper sa main, lui faisant lâcher le revolver. Il se retourne vers moi.

- Sale pute !

Je ne m'attends pas à ce qu'il soit si rapide et j'ai tout juste le temps de tourner un peu la tête quand je sens son poing s'écraser sur ma mâchoire. Je vais avoir un gros bleu demain.

Les otages ne savent pas quoi faire et regardent l'arme au sol, à un mètre de lui comme de moi. Il tourne la tête vers eux et leur lance :

- Bougez pas, je la termine et je m'occupe de vous. Le premier qui tente quoi que ce soit-

Mon poing vient s'écraser en plein dans son visage et j'entends avec satisfaction le bruit caractéristique d'un nez qui se brise tandis qu'il arrête de dire des conneries.

Fallait pas me quitter des yeux, abruti !

Le choc l'a fait se tourner en direction du flingue et je sais avant lui qu'il va essayer de l'attraper.

Mon pied vient le frapper à l'arrière du genou et il s'écroule lourdement. Je me rue vers l'arme mais sa main m'attrape la cheville et je tombe à mon tour. Le temps de reprendre mes esprits, il est à cheval sur moi et me tire par les cheveux pour frapper ma tête contre le sol.

Il recommence l'opération. Personne ne semble décidé à venir m'aider alors que ma tête commence à sérieusement tourner. Je le vois qui se relève et veut passer par-dessus moi pour s'emparer du revolver.

Même à moitié inconsciente, aucune fille n'oublie jamais le point faible numéro 1 des gars. En se levant, il expose son entrejambe sans même s'en rendre compte. Grossière erreur. Ma main droite vient agripper sa virilité et je serre ce point précis de toutes mes forces.

Je suis à peu près certaine d'avoir un sourire de satisfaction sur le visage tandis qu'il hurle de douleur.

Mon sourire disparaît alors qu'il me frappe au visage comme il peut. Je sens le goût du sang dans ma bouche mais je ne lâche pas prise tout de suite. Mon autre bras tire sa jambe. Je me relève et le pousse, le faisant tomber dans le mouvement. Alors qu'il est dos au sol, je le vois jeter un œil vers l'arme et tendre le bras. Elle est à quelques centimètres seulement de sa main. Sans perdre plus de temps, je lui colle une droite dont il se souviendra toute sa vie, en plein dans l'arcade, avant de me précipiter pour saisir le revolver avant lui. Ses doigts vont s'enrouler autour de la crosse quand je lui marche sur la main, lui faisant lâcher prise et je me penche pour attraper le flingue. Il retire son bras de sous mon pied, me déséquilibrant et je tombe en avant.

A peine ai-je touché le sol qu'il se jette sur moi.  Ses deux mains viennent entourer ma gorge. La prise est serrée, ça ne sent pas bon pour moi. L'air commence déjà à me manquer. Je réalise tout à coup que mes doigts touchent quelque chose.

Le canon.

La chance ne m'a peut-être pas totalement abandonnée après tout !

Ma prise se resserre et j'abats la crosse du revolver à l'arrière de son crâne. Il s'écroule sur moi, inconscient.

Je le pousse en toussant, me relevant tant bien que mal. Je crache un filet de sang, reprenant mon souffle, tandis que mes collègues rentrent en trombe dans la banque.

L'adrénaline coule toujours dans mes veines, mon cœur bat la chamade.

Je jette un dernier regard vers le braqueur, satisfaite de savoir que je m'en tire beaucoup mieux que lui. Son nez est vraiment dans un sale état, tout comme doit l'être son entrejambe, et il va avoir un sacré mal de tête au réveil. 


Karl m'attrape sous le bras et m'aide à sortir de là alors que j'ai encore la tête qui tourne dangereusement.

- Plus jamais je te rendrai service, sache-le Karl !

Il rit et m'amène vers les médecins.

 

C'est sûr, je vais être en retard !

 

*          *          *          *          *         

 

Soulagée, je vois les policiers passer les menottes au gars alors qu'il reprend doucement conscience. J'en reviens toujours pas. Jo, ma colocataire, vient de foutre une raclée à un braqueur !

Bon, le combat ne ressemblait pas vraiment à ceux qu'on voit dans les films mais on ne peut pas tout avoir. Surtout que la prise " casse noisettes " façon Jo est assez peu orthodoxe.

Le journaliste prend la parole  " On apprend que les victimes sont emmenées à l'hôpital St James où une cellule de soutien psychologique a été mise en place "

- Quel soutien psychologique ? Ils ont rien foutu, ont même pas bougé le petit doigt quand elle se battait contre ce gars ! S'ils s'étaient sentis si en danger que ça, ils auraient fait quelque chose !

Mon ton scandalisé fait sourire Charlène. Elle se tourne vers le tableau au mur, décroche mes clés et me les tend.

- T'as deux minutes pour aller la voir avant que je ne change d'avis !

- Mais, Charlène et mon cours ?

Elle fait un geste de la main, pour me chasser comme si j'étais une mouche, avant de dire :

- Allez, file !

Bon, si elle insiste ! Après tout, qui suis-je pour discuter les ordres de ma patronne ?

 

15 minutes plus tard, je suis devant l'accueil de l'hôpital. La secrétaire me fait un sourire tout ce qu'il y a de plus commercial avant de demander :

- Bonjour Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour euh, je cherche mon amie, elle a dû arriver il y a peu, elle était sur les lieux du braquage à la WV Bank !

Elle baisse ses lunettes aux montures rouges pour me regarder par dessus, suspicieuse. J'ai presque l'impression de pouvoir lire " Personne n'a daigné poser ses mains sur moi depuis des années " écrit en lettres d'or sur son front.

Au bout de quelques très longues secondes, mon antipathique interlocutrice me demande :

- Vous êtes de la famille ?

Elle est sourde ou quoi, je viens juste de dire que je suis une amie !

- Je suis euh… sa… colocataire…

- Alors je suis désolée mais je ne peux pas vous fournir ce genre de renseignements.

Elle se réinstalle au fond de son fauteuil, croisant les bras, tout sourire.

Hum… En plus elle est contrariante. Tant pis, on va tenter autre chose. Plan B.

- Je suis SON amie… sa… colocataire… vous voyez ??

Je tente d'expliquer ma pensée en parlant avec les mains et en faisant un regard explicite.

Bon, ok, c'est un vilain mensonge, mais pas tant que ça si on y réfléchit ! Je suis vraiment sa colocataire et son amie. Juste pas SON amie.

Toujours est-il que ma petite ruse semble fonctionner sur la secrétaire qui ouvre grands les yeux et la bouche. On peut clairement voir que l'idée vient de la percuter. Pas fute-fute dans son genre.

- Le… hum… au bout du couloir à gauche.

- Merci !

Un sourire satisfait sur les lèvres, j'emprunte le passage indiqué.

A peine arrivée, je la vois.

Aouch, ça avait l'air moins… bleu… à la télé !

 

Je tente de garder un minimum de self control, histoire de paraître civilisée et de ne pas me ruer sur elle. Elle me sourit timidement alors que je m'agenouille à ses côtés.

- Ca va ?

Je ne peux pas empêcher une petite grimace en la regardant. Du bout des doigts, je parcours l'énorme bleu qui orne sa mâchoire.

- Il y a pas été de main morte.

Elle me fait un petit sourire malicieux avant d'ajouter :

- Moi non plus !

- Ca tu m'étonnes ! Rappelle-moi de jamais t'énerver !

Je recule en faisant semblant de me protéger, comme si elle allait me frapper. Elle rit avant de prendre un air menaçant et de frotter sa main sur le haut de ma tête, me décoiffant joyeusement au passage.

- En tout cas Jo, ne t'avise plus jamais de me refaire un coup comme ça ! J'ai cru que j'allais avoir une attaque quand je t'ai vue dans ses bras !

- Et encore, toi t'avais pas l'odeur ! Et pis fais pas ta jalouse comme ça !

 

*          *          *          *          *         

 

Je termine ma phrase par un clin d'œil, histoire de l'agacer un peu plus.

Elle me regarde un instant, perplexe. Puis un sourire étire ses lèvres lorsqu'elle me réplique, l'air mauvais :

- Tu m'as quand même posé un lapin pour aller t'acoquiner avec un inconnu, devant des milliers de personnes !

Je sens mon sourcil droit se lever malgré moi :

- M'acoquiner, tiens donc ! Bon, … euh... désolée pour le retard quand même !

Levant ses yeux au ciel, elle me dit :

- Ne sois pas bête ! Allez viens là !

Je me réfugie avec plaisir dans l'étreinte qu'elle m'offre. Toute la tension que j'avais accumulée s'en va en une fraction de seconde… 

Depuis le couloir, une femme aux lunettes rouges nous regarde les bras croisés avec un air de dégoût profond affiché sur le visage.  C'est quoi son problème à elle ?

Et comment on peut avoir l'air aussi mal bai… pas baisée du tout ?

 

Mes pensées sont interrompues par Laura qui se recule à peine, me renifle l'épaule et dit :

- Ah oui, je vois ce que tu voulais dire par l'odeur !

- EHHHH !!

Je la pousse doucement et croise les bras sur ma poitrine comme la charmante femme que j'observais quelques instants auparavant. Elle me secoue un peu :

- Oh allez Jo, t'as pas vraiment envie de bouder… Je le sais… 

Bon, peut-être bien, mais je ne te ferai pas le plaisir de l'admettre. Je tourne la tête, la regardant du coin de l'œil et tire la langue.

- Tu ne serais pas en train d'essayer de m'exciter par hasard ? Parce que si c'est le cas…

Horrifiée, je sens son index venir caresser ma mâchoire. Mes yeux s'ouvrent en grand.

Elle va me tuer !

- Mais … mais PAS DU TOUT ! Qu'est ce que tu racontes… Et puis ça te ferait trop plaisir...

- T'as dit quoi là ?

- Moi ?... rien du tout…

Je m'empêche de siffloter, ça ferait un peu louche. C'est le moment ou jamais de lancer les habiles changements de sujet dont j'ai le secret :

-  Ca te dit pas de rentrer ? J'ai envie d'être au calme… Et puis les médecins m'ont déjà examinée…

- Ouais, t'as raison, j'ai eu une rude journée !

En disant ça, Laura se tourne vers moi en souriant. Elle reste aussi gonflée qu'au premier jour !

Un sourire se dessine sur mes lèvres sans que j'aie aucun contrôle dessus.

Faut croire que certaines choses ne changeront jamais !


 

16 novembre 2011

Chapitres 11 & 12

Chapitre 11

Les lèvres de Fred me paraissent rugueuses et ses baisers ne me font ni chaud ni froid. Je ferme les yeux, repensant à Laura et à la façon dont elle m'avait fait frissonner hier encore.

En une seconde, il n'est plus question de continuer à me mentir. Je ne suis pas hétéro. Je suis tout simplement dingue d'une fille.

 

Il faut que j'arrête cette mascarade.

Je me recule. Fred me regarde, l'air de ne pas comprendre. Il m'a dit qu'il ne m'avait pas oubliée, que je lui manquais, que ça lui avait fait un choc de me revoir. Il aurait voulu réessayer.

 

Mais pas moi.

Je l'ai complètement oublié et mon cœur n'appartient plus qu'à une seule personne.

- Excuse-moi Fred, mais ça va pas être possible.

Il baisse la tête, encaissant le choc.

- Ok. Merci de me l'avoir dit maintenant.

- De rien. Je ne m'en fais pas pour toi, tu vas trouver quelqu'un de bien.

- J'espère, sois heureuse Jo…

 

Il reprend ses clés sur la table basse et sort en silence. A peine la porte fermée, je cours presque jusqu'à la chambre.

Je vais tout lui avouer. Ce serait trop bête de me dégonfler alors que je n'ai jamais été aussi sûre de quelque chose de toute ma vie.

J'entre en trombe dans la chambre.

 

La seule chose qui bouge est le rideau agité par le vent. Je cours à la fenêtre. Elle est là, avec son sac à dos, prête à s'engouffrer dans une ruelle.

- LAURA !

Elle se retourne, des larmes plein les yeux. Elle porte sa main à sa bouche et m'envoie un baiser. On se regarde quelques secondes, puis elle disparaît à reculons, emportée par les ombres.

Je voudrais lui crier de revenir, mais aucun son ne sort. Ma gorge est serrée. La fenêtre est la seule chose qui m'empêche de m'écrouler.

Pourquoi est-elle partie ? Pourquoi maintenant ?

Je n'ai même pas eu le temps de lui dire ce que je ressentais.

 

Je suis incapable de bouger. Je n'arrive pas à comprendre. Je ne sais pas exactement ce qui lui a pris, si c'est à cause de Kim ou… 

Merde, si j'étais allée la voir plus tôt, si je n'avais pas répondu à la porte…

 

J'espère qu'elle va revenir, que c'était qu'un coup de tête, mais je n'y crois pas trop.

La pluie commence à tomber. Très vite, je suis trempée. Mon corps se met à trembler, je ne sais pas si c'est à cause de mes sanglots ou du froid et pour tout dire je m'en fous.

Plus rien n'a d'importance maintenant.

 

*          *          *          *          *

 

Je regarde par la fenêtre et croque dans la pomme que j'ai en main. Charlène m'a autorisée à rester dans une salle de repos le temps que je touche ma première paye et que je puisse prendre un appart. C'est pas le grand luxe, mais c'est mieux que rien.

Et puis la vue donne sur le commissariat. Tous les matins, je la regarde prendre son service. Cela fait bientôt deux semaines que je suis partie.

Je n'arrive pas à me faire à l'idée que je ne lui reparlerai peut-être plus jamais. En même temps, j'ai honte de m'être enfuie comme ça, je ne lui ai même pas donné d'explication…

Elle mérite mieux que ça…

Son rire me manque, sa façon d'être, tout en fait ! Je me demande comment ça s'est passé avec Fred. Comment elle a pu se rendre compte de mon absence si vite ? Elle comptait déjà l'emmener dans sa chambre à coucher ou quoi ?

Je ne devrais pas penser à ça, mais je n'arrive pas à croire qu'il n'y avait que de l'amitié entre nous. D'un autre côté, je sais bien que je me fais sûrement des films, que j'y crois parce que mon cœur a envie d'y croire.

Charlène m'a dit que Jo était déjà passée trois fois pour savoir si elle ne m'avait pas vue. Elle n'a jamais utilisé son abonnement.

J'ai préféré expliquer la situation à Charlène, qui a très bien compris. J'ai de la chance qu'elle soit aussi ouverte d'esprit. Elle m'a dit qu'elle ne me couvrirait pas éternellement, mais je peux la comprendre, c'est aussi l'amie de Jo, même avant d'être la mienne.

 

Je reste sans bouger de longues minutes, perdue dans mes pensées. Le soleil caresse ma peau à travers la vitre. Il fait super beau aujourd'hui. J'en ai vraiment marre de rester enfermée. Et puis de toute façon, il faudra bien me résigner à sortir un jour ou l'autre.

 

Je me balade tranquillement dans le parc juste derrière la salle de sport. Les oiseaux chantent, le soleil brille… Tout est parfait. Je me pose sur un banc, regardant les passants.

En fait, la seule chose qu'il me manque, c'est une fille à mon bras.

Une image de Jo me vient à l'esprit.

- J'espère au moins que t'es heureuse dans les bras de ton homme… dis-je tout bas

- Je ne suis plus heureuse depuis que tu es partie.

Cette voix… Non…

Je me retourne lentement, retardant l'échéance. C'est bien elle. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine lorsque je la vois. Elle porte encore son uniforme. Comme la première fois que je l'ai vue.

Je regarde le chemin, évaluant mes chances.

Elle m'attrape par le bras avant que j'aie bougé.

- N'y songe même pas Laura ! Je commence à te connaître…

Elle s'assoit à côté de moi. Elle est furieuse, je le vois.

- Mais où t'étais passée ? Merde t'as la moindre idée du souci que je me suis fait pour toi ?

- Fallait pas. Je voulais vous laisser, toi et ton homme.

Mon ton est plus sec que ce que j'aurais voulu. Elle me regarde, l'air de ne pas comprendre. Genre !

- Quel homme ?

- Monsieur le beau gosse maître nageur, tiens ! Celui qui t'embrasse dans le cou.

- Nan… attends… Laura…

Elle me regarde, incrédule, pendant quelques secondes. Elle prend sa tête entre ses mains, posant ses coudes sur ses genoux, avant de dire tout bas :

- C'est … c'est pour ça que t'es partie ?... A cause de moi ?

- …

Pas la peine de répondre. Je me sens un peu ridicule tout d'un coup… Un petit silence s'installe. Elle n'a pas cessé de me regarder. Elle attrape ma main entre les siennes. J'essaie de déterminer la nature de l'étrange lueur dans ses yeux, mais elle se met à regarder derrière elle et dit :

- Ok, tu sais quoi ? … Là je ne peux pas trop rester, je suis en service. Mais est-ce que tu veux bien venir ce soir au parc près du lac ? ... Comme ça on pourra parler un peu si tu veux bien… Je crois qu'on a pas mal de choses à mettre au point, toi et moi !

A quoi bon venir ? Pour qu'elle m'explique qu'elle aime les mecs et que je n'en suis pas un ? Qu'on peut "  rester amies " ! Hum super !

 

- Et si j'ai rien à te dire moi ? mon ton est volontairement froid et dur.

- Alors viens au moins écouter ce que moi j'ai à te dire…

Elle semble hésiter un instant et ajoute :

- Je crois que tu me dois bien ça.

Elle a raison, je le sais.

 

- Ok, j'y serai. A quelle heure ? dis-je.

- 7h… Viens, s'il te plait. Ca compte beaucoup pour moi.

 

Ce faisant, ses yeux viennent accrocher les miens. J'essaie de rester distante autant que possible, mais chacun de ses regards me touche en plein cœur.

J'ai envie de me noyer dans le bleu de ses yeux pour ne jamais en sortir. Rhh je ferais mieux de me noyer dans la Seine quand je pense des trucs comme ça ! Pourquoi faut-il que l'amour me rende niaise ?

Elle se lève et me dépose un léger baiser sur le front. " Fais attention à toi. À ce soir ".

Je la regarde s'éloigner. Je pourrais la reconnaître rien qu'à sa façon de bouger. Moi qui d'habitude peine à retenir les prénoms des gens, je me souviens des moindres détails la concernant. Pas de doute, je l'ai vraiment dans la peau.

Avec ça, je ne suis pas sortie de l'auberge…

Chapitre 12

 

A droite, personne, a gauche, une mamie:

Calme toi Jo, elle va arriver...

J’attends avec impatience de la voir et d’enfin pouvoir lui dire ce que j’ai sur le cœur. J’étais tellement sûre de moi à propos de ce que je ressentais, à propos d’elle et moi… mais elle est partie et maintenant je ne suis plus sûre de rien.

J’ai peur qu’elle parte à nouveau et je ne veux pas l’effrayer ou risquer de me tromper sur mes sentiments…

Une main se pose sur mon épaule et je fais un bond d’au moins 2 mètres.

- Je t’ai fait peur peut être ? dit elle en prenant un faux air innocent. Et dire que c’est ça qui est censé nous protéger… ehhh ben elle est belle la police !


Je lui donne un petit coup dans l’épaule.

- Hey tu vois un uniforme là ? J’ai fini pour aujourd’hui ! Et pi c’est facile de se moquer ! Tu veux te battre peut être?

- Ouais je veux me battre !

Elle se jette sur moi et je tombe à la renverse, les quatre fers en l’air. Je ne sais même pas ce qu’elle cherche à faire, trop concentrée sur la façon dont elle gigote sur moi… Elle a réussi à me bloquer les deux bras sous ses genoux avant que j’aie eu le temps de m’en rendre compte.

-J’ai gagnééé !!! Mais que fait la police ?

-Tu vas voir….

Je me sers de ma taille pour me redresser et la faire basculer. Elle n’arrive pas à se rattraper et tombe en arrière. J’attrape ses deux poignets, l’empêchant de bouger.

Elle essaie de se libérer puis comprend qu’elle n’y arrivera pas. Elle me lance un regard qui se veut méchant mais l’effet est visiblement raté.


- Ok et qu’est ce que tu vas faire maintenant ? J’ai les moyens de te faire me lâcher tu sais ? me dit elle, l’air sûre d’elle.

Je lève un sourcil, dubitative.

 

Puis je sens l’une de ses cuisses se lever et venir se loger sur mon entrejambe, appliquant une délicieuse pression.

Jo, tu ne peux pas la laisser gagner comme ça, c’est une question d’honneur !

Oui mais en même temps si sa jambe reste encore la ne serait-ce qu’un quart de seconde, je ne réponds plus de rien !

La meilleure solution étant de la perturber, je décide de lancer LA question qui va à coup sur casser l’ambiance.
- Laura… Pourquoi t’es partie sans rien dire ?

Son sourire disparaît aussi vite qu’il était venu. Sa jambe cesse quasi-instantanément de me torturer. Elle détourne le regard.
- Je n’ai pas spécialement envie d’en parler.

Tu m'étonnes, surtout parce que tu n'as pas l'ombre d'une raison valable !

On se relève toutes les deux tant bien que mal. Je voudrais vraiment savoir, mais d’un autre côté je suis contente de l’avoir retrouvée et je ne veux pas tout gâcher. Elle finira bien par me le dire quand elle sera prête. Enfin j’espère.

Ca me coûte de prononcer ces mots et je pense qu’elle l’entend à ma voix mais tant pis :
- Comme tu veux… Je voudrais juste savoir… c’était… à cause de moi ?
- Non non !

Dans le genre mauvaise menteuse j’ai rarement vu mieux. Elle transpire la culpabilité.
- Et tu habites où ?
- Charlène m’a laissé utiliser une pièce dans la salle de sport, c’est pas le grand luxe mais c’est mieux que rien
- Ah la traîtresse, elle m’a dit qu’elle ne savait pas où t’étais !

Je tape de mon poing dans ma main. J’aurais jamais cru ça de Charlène. Laura pose sa main sur mon épaule pour me calmer et me dit d’une voix douce :
- Ne lui en veux pas, c’est moi qui lui ai demandé… Mais elle te l’aurait dit si la situation durait trop…
- Mais quelle situation au juste ? J’ai la désagréable impression d’être concernée et de tout ignorer ! Arrête de me cacher des choses Laura ! Et pourquoi tu m’as évitée tout ce temps ? Je sais même pas ce que j’ai fait !

Une fois encore, elle baisse les yeux. Elle joue avec ses doigts nerveusement quelques secondes avant de reprendre :
- J’avais besoin d’être un peu seule… de faire le point sur tout ça. Je … je suis désolée si je t’ai blessée ou fait peur…

Les deux oui !

Comme d’habitude je n’aime pas la voir triste. C’est mal de passer l’éponge aussi vite mais incapable de me retenir, je m’avance et la prend dans mes bras. J’avais oublié comme c’était bon. L’odeur de sa peau, la façon dont elle me serre contre elle, tout me plait.

Jo, t'es dans la merde ma vieille !

- Tu sais, si tu veux… tu peux toujours revenir à la maison. Enfin euh, c’est toi qui vois !

- Je ne voudrais pas te déranger Jo… t’as déjà fait beaucoup pour moi, j’en suis consciente…

- Allez fais pas style ! On va aller chercher tes affaires ! Mais avant ça te dit de voir si on peut faire un peu de sport ? J'ai tout ce qu'il faut sur moi et pas mal de tension à évacuer !

Et ça ce n’est vraiment pas un mensonge !

 

*        *         *         *         *        

 

Oh, moi aussi j’ai besoin de me détendre un peu la !

Une fois arrivées à la salle de sport, on consulte les programmes. Je lis à haute voix bien qu’avec sa taille, je suis sûre qu’elle peut lire par dessus ma tête sans problème.
- Alors voyons… on est jeudi soir, il est 20h… alors on a Lutte ou… ou Lutte ! Débutants acceptés.
- Lutte ? Euh… je sais pas trop… dit elle visiblement peu convaincue.
- Poule mouillé !

Je lui lance un sourire, l’air de dire : alors, t’en dis quoi ? Elle me regarde, relevant le défi.
- On verra qui sera la trouillarde quand elle pleurera rien qu’a l’idée d’avoir à combattre un mastodonte !

Je lui tire la langue, vu qu’il n’existe pas de meilleure réponse.
- Arrête tu m’excites ! me dit-elle.

 

Oh oh oh STOP ! Pause la! Elle vient de dire ce que je crois qu’elle a dit? Jo, MA Jo a dit ça ??

Je fais un arrêt sur image le temps de décider quelle attitude adopter. Elle me regarde et explose de rire.
- C’est trop facile Laura, ça marche à tous les coups avec toi!
- Ok ok t’as gagné, je boude! dis-je.
- T’as raison, continue, t’es trop chou quand tu fais ça !

J’ai très chaud tout d’un coup. Je suis certaine qu’à l’heure actuelle, si on m’abandonne dans un champ de tomates on ne me retrouvera pas de sitôt !

C’est le délire total, j’ai des réactions d’adolescente pré pubère à son contact. Reprends-toi Laura !!

 

Elle m’attrape la main et nous nous dirigeons vers la salle ou se déroule le cours. A peine arrivée, je suis forcée de constater qu’il n’y a que des gens à coté de qui l’actuel gouverneur de la Californie aurait l’air frêle.

Ca commence bien. Qui veut faire de la bouillie de petite blonde ? Je suis prête !

Charlène se dirige vers nous, le sourire aux lèvres.
- Enfin réconciliées à ce que je vois. Tu lui as parlé ? me demande-t-elle
- Parlé de quoi ? lui dis je accompagné d’un regard explicite signé « ferme la ».
- Non non rien ! Bon, alors Jo tu vas aller avec Val là bas.

 

Elle pointe du doigt un gars d’un moins 1 m 90 et visiblement baraqué. Jo déglutit bruyamment, avant de me lancer un « à tout à l’heure » qui sonne comme un adieu.

Je ne peux pas m’empêcher de rire. Elle à vraiment pas de chance !
- Rigole pas trop vite, me dit Charlène, ton adversaire à toi est là bas.
- Euh, tu veux dire le gros barbu de plus de 120 kg ? Celui genre bûcheron Canadien ?

Elle sourit et acquiesce.

Elle regarde Jo à l’autre bout de la pièce avant de dire :

- A moins que tu  ne préfères faire un corps à corps avec Mademoiselle ?

Visiblement contente d’elle, elle attend ma réponse, un sourire en coin fiché sur ses lèvres.

Deux choix s’offrent à toi Laura : piétiner ton amour propre, ou te faire piétiner.

Un seul regard à la montagne qui serait mon possible adversaire achève ma réflexion. Oh et puis ça sera certainement plus agréable d’être contre Jo. Je la regarde du coin de l’œil faire connaissance avec celui qui s’apprête à l’aplatir. Définitivement plus agréable.

Résignée, je regarde Charlène et opine de la tête. Elle fait signe à Jo de revenir. Le soulagement est réciproque je crois.

 

Afin de s’échauffer, nous faisons des combats de coq. Une fois battue à plate couture par Jo à plusieurs reprises, je regarde Charlène. Elle fait signe à tout le monde d’arrêter.
- Ok, alors là on va faire un jeu qui va vous paraître stupide mais qui prendra tout son sens ultérieurement.

Elle nous donne un foulard à chacun.
- Vous allez mettre ce foulard autour de votre cheville. Le jeu se déroule à quatre pattes, 1 contre 1. Le but est de prendre le foulard de votre adversaire en conservant le vôtre.

Je regarde mon adversaire, plutôt confiante. Je suis petite et mobile, ça demande de la dextérité, pas de la puissance, j’ai toutes mes chances !

- Jo, prépare-toi à être déplumée !
- Ne crie pas victoire trop vite !

On attache nos foulards respectifs à notre cheville droite. Je lui lance un regard l’air de dire : « T’es prête ? ». Elle se jette à moitié sur moi, essayant d’attraper ma jambe. J’arrive à l’esquiver de justesse. Je ne la pensais pas si rapide. Ca ne va pas peut être pas être aussi facile que tu le croyais !

J’essaie de la contourner mais on tourne en rond comme des imbéciles. Une autre idée me vient. Je l’attrape par la taille et l’empêche de bouger davantage. Elle fait un mouvement pour essayer de se libérer mais je ne lâche pas prise. J’essaie de passer par dessus elle pour attraper sa jambe.

 
- Eh les deux là bas, le but n’est pas de copuler, mais d’attraper le foulard de l’autre.

Je regarde notre position. Je suis au dessus de Jo, sa tête presque entre mes jambes et mes mains sont fermement agrippées à son postérieur.

OUPS !

Tous les autres ont également arrêté de combattre pour nous regarder suite à la remarque de la prof. Bien sûr, le ridicule de la situation ne leur a pas échappé. Charlène, je te hais, tu le sais ça ?

Comme si elle savait ce que je viens de penser, elle me fait un sourire tout ce qu’il y a de plus charmant.

Je me recule lentement, conservant tant bien que mal un semblant de dignité. Jo fait de même. Son visage arbore une superbe couleur rouge. Ca me console un peu de voir que je ne suis pas la seule à avoir honte.

On continue encore pendant quelques minutes faisait bien attention à nos gestes.

Un moment d’inattention lui suffit pour s’emparer de mon foulard.

- C’est de la triche !
- Ah, et pourquoi donc ?

Parce que je repensais à mes mains sur tes fesses.

Ceci n’étant pas une réponse envisageable je lui sors un :
- T’as fait un triple nœud à ton foulard !
- C’est le jeu ma pauvre Lucette ! Comme quoi les entraînements de la police ne sont pas si inefficaces que ça ! C’était il y a longtemps mais j’ai encore de beaux restes. dit elle en se la jouant.

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16 novembre 2011

Chapitres 9 & 10

Chapitre 9

Repoussante ? Mais elle est dingue ! C'est plutôt l'inverse.

J'expire bruyamment, genre je suis pas emballée par l'idée. Intérieurement, je jubile en disant :

- Bon, ok, j'abdique !

Elle se jette à mon cou. J'ai vraiment l'impression qu'elle est reconnaissante. Elle me regarde avec un air bête :

- Je fais quoi maintenant ?

Je n'y crois pas ! Elle est jamais sortie avec quelqu'un ou quoi ?

Je prends son bras et le passe autour de mon épaule, puis cale ma tête au creux de son épaule, me sentant étrangement à ma place. Ma main repose sur l'intérieur de sa cuisse. Je la sens qui se crispe.

- T'inquiète pas Jo, je vais pas abuser de toi !

- Non, non, je ne m'inquiète pas du tout !

 

C'est vraiment une mauvaise menteuse !

- AH ! La voila qui revient ! Laura, ça se voit pas assez là ! Fais quelque chose, pitié !

Elle a vraiment l'air de flipper ! C'est bien les hétéros, ça !

Quoique même moi, je flipperais si Missy avait en tête de me faire succomber.

 

Je ne résiste pas à la tentation et observe sa tête alors qu'elle affiche un air de panique totale. C'est trop bon ! Elle me regarde et ses yeux me supplient en silence. Un sourire et je lance :

- Bon, puisqu'il faut que je me sacrifie !

Je penche ma tête et commence à l'embrasser dans le cou. C'est fou comme je peux aimer son odeur. Je sais qu'il me suffirait d'avoir la tête à cet endroit, qu'il n'est pas nécessaire de l'embrasser réellement, mais c'est ma contrepartie.

- Laura, là elle pourrait croire que tu me chuchotes un truc à l'oreille. Dit-elle.

- Mais non, roh !! T'en fais pas !

Avant que j'aie eu le temps de faire quoi que ce soit, elle saisit ma main et la glisse sous sa chemise.

Ma main est désormais au contact de son ventre parfait ! Moi je dois avoir pitié d'elle, mais elle n'a aucune pitié envers moi. Sa peau est chaude, douce, j'ai du mal à me retenir de la caresser. Elle a dû être bourreau dans une autre vie !

 

Mon cou forme au minimum un angle droit par rapport à mon corps. Il faut dire que la position dans laquelle elle se tient ne m'aide pas vraiment. Elle m'a prise pour la femme girafe ou quoi ?

- C'est pas crédible, Jo, je suis super mal installée ! lui dis-je.

- Mets-toi comme tu veux, je crois que ça fonctionne !

Je me place à cheval sur ses genoux, une main toujours sous sa chemise et l'autre dans son dos. Je l'embrasse un peu partout dans le cou. Elle veut que ça fasse réaliste, je vais lui en donner du réalisme. Ma langue parcourt sa nuque, puis je la mordille à cet endroit. Je la sens frissonner. Je remonte légèrement pour m'attaquer à son oreille.

Elle pousse un petit soupir. Y'a pas de raison que je sois la seule au supplice !

J'ai une envie furieuse de prendre son sein dans ma main, rien que pour voir l'effet que j'ai sur elle, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses.

Je sens sa cuisse entre les miennes, offrant une légère pression. Si je m'écoutais…

 

Cette situation est en train de me rendre dingue.

Je me recule à peine et la regarde. Son souffle chaud et saccadé vient caresser mon visage. Me mettant au supplice, sa bouche, affreusement tentante n'est qu'à quelques centimètres.

Je vais l'embrasser.

Mes yeux accrochent les siens tandis que je m'avance, lentement, tellement que cela me tue.

Au dernier moment, je me rends compte de ce que je suis en train de faire.

Laura, tu ne peux pas. Tu ne dois pas… Prends pas le risque de tout gâcher, pas maintenant.

Au lieu de parcourir les quelques millimètres qu'il me reste, je tourne la tête et vais nicher ma tête au creux de son cou. J'y sens son pouls battre furieusement, comme le fait mon cœur.

 

Mon petit manège continue encore comme ça pendant quelques minutes, puis je me retourne pour regarder la salle.

Pas l'ombre d'une Missy en vue. Je regarde Jo et la vois qui ouvre les yeux. J'ai l'impression qu'elle s'est foutue de ma gueule sur le coup-là !

- Elle est où celle que tu craignais tant ? dis-je sans cacher mon mécontentement.

- Ah ben elle a dû partir sûrement !

- Et pourquoi tu ne m'as pas arrêtée ?

- Euh … ben on ne sait jamais, des fois qu'elle revienne, je me suis dit qu'il valait mieux prévoir le coup ! Mais euh merci du service en tout cas !

Ses explications ne me convainquent qu'à moitié mais bon, je ne vais pas me plaindre. Ma voisine, comme la sienne, m'enviait, j'en suis certaine.

 

Une heure et demie plus tard, nous rentrons. Il faut bien être raisonnable, elle est de garde demain. Ca va être bizarre de passer la journée toute seule ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ?

 

*          *          *          *          *

 

 A notre retour, l'appartement est désert. Sur la table, un petit mot de mon adorable frangine :

 

Suis chez Kim, t'en fais pas ! Biz.

Anna

 

Et c'est où chez Kim ? Rah !

Remarque au moins, je serai tranquille !

Je pars dans la salle de bain pour effacer les restes de ma journée pour le moins agitée. Laura regarde la TV en attendant son tour à la douche. Je me demande si elle se doute que j'ai fait exprès. J'avais vraiment peur de Mister T, mais j'ai fait durer cette situation, juste un peu… Pour une fois qu'elle ne me repoussait pas.

Enfin je veux dire berk c'est dégoûtant ! Jo, tu es hétérosexuelle, ne l'oublie pas ! C'est juste passager cette attirance pour Laura, ça va te passer.


Je commence à retirer mes vêtements après avoir fermé la porte à clé cette fois-ci. Lorsque j'ôte mon boxer, en voyant l'état dans lequel il se trouve, j'entends comme une petite voix qui me dit : hétérosexuelle tu disais ?

Oh et puis c'était une réaction physique rien de plus. Je mets l'eau à une température qui me vaudra sans nul doute une bronchite demain. Mais je préfère prendre un coup de froid que de rester avec mes envies et passer la nuit avec la fille qui en est la cause.

Dix minutes d'eau glacée plus tard, j'informe Laura que la place est libre. Elle ne se fait pas prier pour se ruer vers la salle de bain.

Une minute plus tard, j'entends un petit cri. Je souris.

C'est ça de faire confiance aux autres pour régler la température !

Je m'installe tranquillement de mon côté, attendant que la fille qui partage mon lit me rejoigne.

Chose étrange quand même, on a tout pour être un couple, on vit comme un couple et on n'est pas en couple. L'ironie du sort, c'est que c'est bien la seule fois de ma vie que je n'ai aucune chance avec la personne qui m'intéresse. Je suis dans la merde…

 

Je n'ai jamais été repoussée de ma vie, jusqu'à ce que je la croise. Les seules fois où elle m'a approchée, ce n'était pas parce qu'elle l'avait voulu. Ses paroles résonnent encore dans ma tête : " bon, puisqu'il faut que je me sacrifie ".

Je suis perdue entre l'envie d'y croire et la peur de me faire des fausses idées.

Elle m'a donnée de l'amour pendant les minutes qui ont suivi, oui j'ai eu l'impression que c'était vrai, oui j'avais envie de lui dire de continuer. Mais voilà, je n'ai rien dit, j'ai juste profité des instants volés, incapable d'en demander davantage, et incapable d'en vouloir moins.

Une larme coule le long de ma joue.

 

Là voilà déjà, souriante et jolie, comme toujours. Elle porte mon pyjama rouge qui lui va si bien. Lorsqu'elle s'aperçoit que je pleure, elle pose sa serviette et sa brosse pour venir s'asseoir sur le lit à côté de moi.

Elle ne pose pas de questions, elle sait que je ne peux pas répondre. Elle le voit.

Elle se contente d'être là et c'est bien assez. Elle éteint la lampe de chevet et se glisse sous les draps. Son bras m'attire à elle. Je me blottis contre son corps chaud, savourant le contact. Ses lèvres se posent sur mon front. Je me sens déjà mieux.

Alors que je sombre dans le sommeil, je l'entends dire quelque chose, mais je ne comprends déjà plus.

 

*          *          *          *          *

 

En revenant de la douche, je trouve Jo en train de pleurer. Je veux la protéger de tout, je préfère prendre les coups à sa place. Mais je n'ai pas été à la hauteur. Je ne sais pas pourquoi elle pleure, je sais juste que je la croyais bien ce soir et que visiblement j'avais rien compris.

Pfff je suis vraiment nulle !

Elle s'est endormie dans mes bras. Je me sens comblée dès qu'elle est près de moi et je n'arrive pas à le lui dire. Je sais que ça ne servirait probablement à rien et au fond j'ai peur de la vérité. Mieux vaut avoir des espoirs intacts que des rêves brisés.

Elle a l'air calme, mieux. Ses larmes ne coulent plus.

 

Sans savoir pourquoi, je ressens le besoin dire à voix haute ce que je n'ose même pas penser. Je profite de son assoupissement pour m'adresser à la pièce plongée dans le noir :

- Il faut que je t'avoue quelque chose. Jo… je suis bien contre toi. Et si c'est pas une vie d'espérer être un jour avec toi… et bien ce sera ce que ce sera… 

C'est peut-être lâche de lui avouer comme ça, mais c'est le mieux que je puisse faire. Comment ça a pu venir aussi vite et aussi fort ?

Le nez dans ses cheveux, le sommeil m'enveloppe à mon tour.

 

Le réveil coupe court à mes rêves. Je l'arrête et la regarde. Ses cheveux noirs sont en désordre, c'est trop mignon. Elle ouvre les yeux. J'oublie chaque jour à quel point ils sont beaux. Elle fait un sourire dès qu'elle me voit. Se blottissant un peu plus contre moi, elle dit un petit " bonjour toi ".

Au bond que fait mon cœur à son contact, je réalise que je voudrais que tous les matins soient comme celui-là.

 

Récapitulons, mon cœur bat la chamade quand je la vois, j'ai envie d'être avec elle en permanence, je veux la protéger… oh non…

Je peux me réfugier tant que je veux derrière ses qualités. Oui, j'aime tout ce qu'elle est, ses forces comme ses faiblesses. Oui, j'aime sa façon d'être. Oui elle est belle. Mais il y a plus…

 

Evidemment, la seule qui me fait craquer comme ça se trouve préférer les garçons. Pas de doute, je suis bien une blonde !

 

Enfin, j'ai déjà son amitié et je m'en contenterai.

TUUUT. Tentative d'auto persuasion échouée.

 

Elle se lève en s'étirant. Je la suis du regard. En même temps j'ai des circonstances atténuantes qui m'autorisent à baver devant elle : elle est grande, ténébreuse, les yeux bleus, super bien foutue et super sympa. Je suis trop occupée à la reluquer pour faire attention. Elle m'a vue, c'est trop tard :

- Quoi ? me dit-elle en levant un sourcil interrogateur.

- Rien, t'es belle, c'est tout.

Sa seule réponse est un petit sourire gêné. Bonne idée, mets-la mal à l'aise ! Super technique ! Y'a des jours où je me dis que je ferais mieux de me pendre.

- Laura, je me demandais…

- Oui ?

Mes yeux viennent se poser sur elle, je la vois hésiter un instant, pas sûre d'elle, elle prend une inspiration avant de dire

- Maintenant que tu vas mieux, tu… veux que j'aille te présenter à Charlène ?

Je saute immédiatement hors du lit, pleine d'énergie :

- Tu rigoles ou quoi ? J'attends que ça ! Il faut que je m'habille comment ? T'as déjà vu l'intégralité de ma garde-robe.

- Habille-toi comme tu le sens, l'essentiel c'est de lui plaire mentalement, elle va pas s'arrêter à ta tenue, crois-moi !

Ohhh ca craint ! Elle adopte un petit air malicieux en voyant mon désarroi.

- Jo, la vérité : … je dois m'attendre à un interrogatoire ?

- Sûrement ! Elle n'est pas amie d'une flic pour rien ! Je lui ai tout appris !

Elle bombe le torse, fière tandis que j'avale de travers.

Eh ben, ça promet !


 

Chapitre 10

J'espère que ma surprise va lui plaire !

Faisant le moins de bruit possible, je tourne tout doucement la clé dans la serrure et ouvre la porte !

 - C'est à cette heure-ci que tu rentres ?

Laura est là, à m'attendre, les mains sur les hanches. Je ris à sa remarque.

- Désolée Maman !

- Eh, mais je suis pas ta mère. Allez viens ici.

- Oui Maman !

Elle m'attend les bras tendus. Je ne me le fais pas dire deux fois et la serre fort contre moi.

- Que me vaut cet accueil ?

- Mon nouveau travail, que j'ai eu grâce à toi, dit-elle le sourire aux lèvres, un doigt pointé vers moi.

- Je le savais ! Et puis c'est grâce à toi, pas à moi.

- A ce propos, tu ne t'étais pas trompée, j'ai eu droit à un interrogatoire digne de l'inquisition.

- M'étonne pas !

Je saisis sa tête. Mes yeux accrochent les siens. J'ai envie de l'embrasser, de goûter à nouveau à ses lèvres. Elle me regarde d'un air interrogateur. Je m'avance, pousse délicatement une mèche blonde et dépose un baiser sur son front.

 

- Jo, tu te sens bien ? Depuis quand tu me fais des bisous gratuits toi ?

- Depuis que j'ai eu une prime grâce à toi.

- ???... Co… Comment ça ?

Laura me regarde, me sonde, pour savoir si je suis en train d'essayer de la faire marcher.

- Ben… tu te souviens, quand t'es venue après t'être fait frapper, j'ai passé un coup de fil ? Et ben c'était à un ami de la police judiciaire, ils ont fait une descente et grâce aux informations que tu m'as données, ils ont pu faire un flagrant délit. Ces gars étaient des dealers notoires qu'on cherchait depuis un bout de temps. Ta description m'a tout de suite fait penser à eux. Leurs portraits trônaient dans nos bureaux depuis trop longtemps ! Ils s'étaient faits plus discrets ces derniers temps, on n'arrivait pas à leur mettre la main dessus.

- Et ça ça ne mérite qu'un bisou sur le front ?

- C'est pour t'inciter à me rendre de plus grands services.

Elle prend un air boudeur. Pour toute réponse, je lui tire la langue puis lui montre ce que je cachais dans mon dos.

Elle prend le billet de ma main avec impatience, ressemblant terriblement à un gosse le jour de Noël.

- C'est quoi ?

- C'est mon abonnement pour la salle de fitness. T'arriveras à m'épuiser, tu crois ?

Un sourire radieux vient illuminer son visage

- T'oublies que dès que je me mets à courir, t'es à la ramasse !

Je prends un vague air vexé, puis rétorque :

- C'est uniquement parce que tu triches tout le temps !

J'attrape un des coussins du canapé et l'abats sur sa tête. Elle me regarde, visiblement surprise et sourit d'un air coquin avant de me dire :

- Tu vas me le payer !

Elle se jette sur moi et on tombe toutes les deux à la renverse sur le canapé. J'essaie de la frapper avec mon coussin et elle me chatouille. La bataille est perdue d'avance pour moi. Non seulement je suis chatouilleuse mais le fait d'avoir ses mains sur mon corps n'aide pas vraiment question concentration.

On se lève toutes les deux en essayant de reprendre une contenance lorsqu'on entend la porte d'entrée s'ouvrir. On s'assied le plus vite possible, se tournant machinalement vers la télé. Ses cheveux blonds sont en bataille et les miens ne doivent pas être mieux.

Je tente d'avoir l'air intéressée par l'émission. Je réalise bien évidemment trop tard que le programme censé nous captiver n'est autre que la chaîne du téléachat qui essaie de nous vendre sa toute dernière gamme de gaines minceur qui vous font perdre 3 tailles, effet garanti. Le tout pour la modique somme de 245 €.

Sachant qu'en tant que prof d'aérobic, sa plastique est irréprochable et que je n'ai pas à me plaindre, on va dire que dans le genre louche c'est pas mal !

Anna et Kim nous regardent, l'air de dire " vous avez pas perdu de temps ".

Visiblement, pour le concours de " je suis crédible alors que tout est contre moi ", on repassera.

- Allez viens ma chérie, on va dans ma chambre. On les laisse à leurs cochonneries ! dit Anna bien fort.

C'est à ce moment que je remarque leurs doigts entremêlés.

Fait chier !

Elles quittent la pièce pour aller dans la chambre d'Anna.

Je pose ma main sur l'épaule de Laura pour lui montrer que je suis là. Je ne sais pas trop quoi lui dire alors je m'abstiens de tout commentaire.

Au bout d'un moment, elle se retourne, fait un bisou sur ma main avant de la retirer. Elle n'a pas l'air d'aller très fort, forcément. Je ne sais pas quels étaient ses sentiments pour Kim, mais c'est sûr que ça ne doit pas faire plaisir !

Elle se lève et va dans ma chambre, fermant la porte derrière elle.

Je me sens terriblement bête là, assise seule au milieu de mon salon. Pourtant je me demande si je dois aller la voir ou pas ? Elle a peut-être envie d'être tranquille…

D'un autre côté, faut pas qu'elle soit seule dans ces moments là.

Décidée, j'abandonne le canapé et m'engage dans le couloir quand on sonne à la porte.

Qui ça peut être ? Je n'attends personne !

 

*          *          *          *          *

 

Je ne sais même pas pourquoi je suis partie du salon. Que Kim sorte avec Anna m'est complètement égal. C'est plus le fait de l'avoir appris devant Jo qui me dérange.

J'espère qu'elle va venir me réconforter. Je tends l'oreille et l'entends se lever.

Elle arrive par le couloir lorsque l'on sonne à la porte d'entrée.

Qui ça peut être ?

 J'entrouvre discrètement la porte de la chambre. Ma curiosité me perdra.

 Elle s'approche de la porte et l'entrouvre prudemment. Quelqu'un rentre. Je n'arrive pas à le reconnaître jusqu'à ce que…

 Merde, c'est le gars de la piscine.

 Elle lui fait la bise, l'air surprise.

 Peut-être qu'elle ne l'a pas invité après tout.

 De là où je suis, je n'entends que des bribes de leur conversation. Pourtant ce n'est pas faute d'essayer.

 " pas oubliée… manque… réessayer "

 Pas vraiment besoin d'en savoir plus ni d'être un génie pour comprendre. Le sens général est évident.

 Bien malgré moi, je continue à les observer. Il s'approche d'elle et la prend dans ses bras.

 Même mon côté maso a ses limites... Je me laisse tomber à genoux, j'ai plus la force d'y croire encore. Je me demande d'ailleurs comment j'ai pu être assez bête pour y avoir cru un jour.

 Pourquoi une fille superbe, qui a tous les plus beaux mecs de la terre à ses pieds voudrait-elle d'une SDF qui vole pour se nourrir ?

 Faut vraiment être aveugle pour ne pas se rendre compte que je n'ai pas l'ombre d'une chance.

 Pourtant, j'attends quand même un peu, incapable de détacher mes yeux de la scène. Je garde l'espoir qu'elle le repousse, même si au fond de moi je sais bien que c'est stupide. Il se met à l'embrasser dans le cou, pile à l'endroit où j'ai posé mes lèvres hier soir encore. Elle le laisse faire. Ca me fait mal bien plus que ça ne devrait. Des larmes me viennent aux yeux.

 J'ai l'impression de la voir frissonner et cela me tue.

 

C'en est trop pour moi. Je ne peux plus tenir.

 

J'attrape mon sac au bas du lit, fourre vite fait les trois bricoles qui m'appartiennent à l'intérieur et ouvre la fenêtre. Heureusement qu'on n'est qu'au premier et qu'il y a un balcon.

 J'enjambe la rambarde, descends le long des barreaux et me laisse tomber sur le sol.

 Je sais bien que mes réactions sont excessives, mais depuis que je la connais,  je ne contrôle plus rien et ça me fait vraiment flipper.

 

 Je me retourne une dernière fois sur la chambre de la fille que j'aime et sur tous les souvenirs que j'avais dans cet appartement puis retourne dans l'anonymat des rues de la ville disant adieu à mes rêves.

15 novembre 2011

Chapitres 7 & 8

Chapitre 7

Jo est en train de payer au guichet, tandis que je l'attends près des tourniquets qui mènent au vestiaire.

Cela ne fait même pas 24h que nous nous sommes embrassées et pourtant je jurerais que ça a eu lieu dans une autre vie. Ca m'a valu une rupture, mais je ne regrette pas autant que je l'aurais cru. Après tout, ça n'aurait pas marché avec Kim, elle est bien trop jeune, trop lunatique aussi.

En revanche, je suis persuadée que je serais très bien dans les bras de ma femme flic. C'est beau de rêver….

Dommage qu'elle soit hétéro. Je tombe  toujours sur des hétéros… 

Nous nous aventurons dans les vestiaires, pour découvrir avec joie que ceux-ci ont été investis par une classe de primaire.

Cool. On fait quoi maintenant ?

Il ne reste qu'une seule cabine de libre, et une file d'attente monstrueuse derrière toutes les autres.

Je pointe la cabine libre du doigt :

- Tu veux y aller en premier ou c'est moi ?

- En fait je ne sais pas trop. Regarde, le banc qui tient les deux portes fermées a été arraché c'est pour ça que personne n'est allé dans cette cabine.

Je me disais aussi… Pourquoi personne n'aurait été dans celle-ci sinon ?

J'inspecte le mécanisme. Pas moyen de tenir la porte depuis l'extérieur, ni par au dessus, ni par en dessous. Et bien sûr elles s'ouvrent vers l'intérieur.

Bon, y'a deux options…

Je regarde Jo, et lui dit :

- Ok, t'as deux choix possibles. Choix numéro 1 : On fait la queue derrière la marmaille et on attend qu'ils soient tous passés.

Elle regarde les enfants qui se chamaillent et qui rentrent un par un dans les cabines. Ca risque de prendre des heures. Ses yeux bleus viennent se reposer sur moi :

- Bon, c'est quoi le choix numéro 2 ?

- C'est de rentrer dans la cabine avec moi, on tient chacune une porte et le tour est joué.

Là, c'est quitte ou double. Ca passe…ou ça casse.

Elle regarde les enfants, puis la cabine, puis moi. Elle fait un petit bruit avec sa bouche pendant qu'elle réfléchit. C'est trop chou.

Elle a vraiment l'air d'hésiter. Je me proposerais volontiers pour choisir à sa place mais maintenant c'est un peu trop tard. Dommage.

Si y'a une justice, elle va prendre l'option la plus sage : venir avec moi bien sûr !

Finalement, elle me pousse légèrement pour me faire comprendre d'avancer dans la cabine.

Youhou !! Je me frotterais bien les mains mais j'ai peur que ça fasse un brin louche.

J'ai de nouveau en tête l'image d'une Johanna sous la douche…

Je réalise trop tard dans quelle situation je viens de me fourrer. Laura, tu vas être nue dans une cabine rikiki en compagnie d'une fille qui pourrait concourir pour miss monde. Il va falloir être forte. Cette fille se trouve être hétéro et par-dessus le marché, il ne faut surtout rien tenter, je refuse de perdre son amitié pour un geste stupide.

Ah, je suis maso ! Aidez-moi !

Je ferme la porte du fond et elle celle de l'entrée. On est collées l'une contre l'autre avec assez peu d'espace pour bouger. Je me retourne pour lui faire face.

Elle n'a pas l'air plus fière que moi, ça me rassure un peu. Je la vois déglutir.

- Promis je regarde pas ! lui dis-je.

Ce faisant, je me retourne. J'aurais pu avoir une belle vue, mais il ne faut pas en demander trop à la fois, la proximité est déjà sympa.

 

*          *          *          *          *                     

 

Je regarde Laura commencer à retirer ses habits.

Oh mon dieu ! Comment je vais faire pour tenir ? Elle est vraiment trop… Argh !

Il faut pourtant que je me change. J'attrape mon maillot de bain dans le sac et retire mon haut. Elle a fait de même.

Je l'observe batailler pour retirer son soutif. Ca se comprend, je ne sais même pas comment c'est possible d'emmêler un soutif comme ça.

Dans un élan de charité (c'est ça ouais…), je pousse délicatement ses mains et entreprends de dégrafer le tas de nœuds dans son dos.

Ne pas penser au contact avec sa peau. Ne pas penser au contact avec sa peau toute douce. Ne pas penser au délicieux contact avec sa peau toute douce.

Je suis blasée. L'auto persuasion, c'est de la merde !

Si je m'écoutais, mes mains seraient déjà en train de se balader sur son corps. J'ai envie d'elle, de la sentir contre moi, de la toucher, d'avoir ses mains sur mon corps…

STOP ! Jo, arrête de penser. Et gardes tes envies pour toi. Heureusement, Laura n'a pas l'air d'avoir remarqué quoi que ce soit.

 

Tentant de rester maîtresse de moi-même, je continue mon enfilage de maillot de bain. J'ôte mon soutien gorge, puis attache non sans mal le haut de mon bikini.

J'ai sciemment pris mon préféré. Il est blanc, avec des dessins orange dessus, mais surtout il me fait des seins d'enfer !

Je baisse mon pantalon et attrape par la même occasion le bas de mon maillot dans le sac au sol. Me relevant, ma tête passe à quelques millimètres d'une paire de fesses absolument parfaites.

Je suis en enfer, c'est sûr, ceci ne peut être qu'un exercice de torture !

Laura vient de retirer son boxer et c'est pile ce moment que j'ai choisi pour me pencher. Bonjour la synchronisation.

A la façon voyeuse, je profite de la vue qui m'est offerte. Après tout, les yeux c'est fait pour voir. Dommage qu'elle soit si proche, je ne vois pas bien.

Pourtant, je ne dois pas être une perverse dans l'âme, parce que j'ai mauvaise conscience à l'idée de profiter de la situation comme ça.

Heureusement, elle parvient à enfiler le bas et je suis de nouveau maîtresse de moi-même.

Juste quand j'ai fini de m'habiller, elle se retourne. Elle a l'air surprise de me voir.

- Eh ! Jo, espèce de vicieuse t'étais tournée vers moi ! Tu regardais !

- Moi ? Euh … non, non !

Cours de mensonge N°1 : Ne pas hésiter, ne pas bafouiller, ne pas s'emmêler.

- Menteuse, t'es toute rouge ! Je croyais qu'on avait dit qu'on ne regardait pas !

- Ah non, TU as dit ça ! Moi j'ai rien dit !

Elle me pointe d'un doigt accusateur et marmonne quelque chose mais je n'arrive pas à saisir le sens. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que je viens de me faire griller en beauté.

 

On entend un cri et la porte s'ouvre dans le dos de Laura, la poussant sur moi. Un gamin s'excuse vite fait, avant de partir en courant. La porte se referme tranquillement et Laura est en train de faire un bel arrêt sur image.

Je ne comprends pas tout de suite pourquoi elle a subitement arrêté de bouger, mais dès que j'ai baissé la tête je saisis.

 

*          *          *          *          *                     

 

Mes mains sont sur ses seins.

Dire que je n'ai même pas fait exprès !

Bon, je dis quoi, je fais quoi ? " Jo, ça n'est pas ce que tu crois, c'est un simple accident, rien n'était prémédité "

Il faudrait que je bouge mais je n'arrive pas à faire le moindre mouvement.

Oh comme ce maillot de bain lui va bien !

Elle baisse la tête et me regarde. J'ai les yeux rivés sur mes mains sur ses seins. Reprenant mes esprits, je les retire très vite.

- Hum, euh désolée !

 

Désolée, elle est bonne celle-là ! A qui tu veux faire croire ça Laura ?

Si je retrouve le gamin qui a ouvert cette porte, je le tue d'abord et après je l'embrasse !

Elle me fait un sourire signifiant " c'est pas grave ". Le soulagement m'envahit.

Je sors de la cabine la première, serviette à la main. On met nos sacs dans le même casier, en gardant juste un petit avec ce qu'il faut à portée de main.

Mes yeux sont irrémédiablement attirés vers son corps mais grâce à ma légendaire volonté, j'arrive à les retenir. Ca serait trop voyant, y a des miroirs partout et je me vois mal expliquer que je l'observais de bas en haut d'une manière tout à fait désintéressée, le tout en essuyant nonchalamment un fil de bave.

 

Un seul instant de distraction et les formes que la vitre de la douche laissait entrevoir me reviennent à l'esprit…

Laura reprends toi, c'est pas du tout le moment de penser à ça !

 

Arrivées au bord du grand bassin, je la regarde se mettre accroupie, prendre un peu d'eau et se la mettre dans la nuque. Je n'ai jamais eu le courage de faire ça. Si je n'y vais pas en une fois, je n'y arrive pas ! Même la menace d'hydrocution n'arrive pas à me faire entendre raison.

Je plonge d'un coup dans la piscine. Elle est fraîche, ça fait du bien. Je nage un peu sous l'eau, renouant avec les plaisirs de la natation. Une fois la tête hors de l'eau, j'entends Jo m'appeler. Je me retourne, elle me fait signe de venir. Elle a l'air de la fille qui prépare quelque chose. Je reste à une distance respectable, parant tout mauvais coup. Un petit sourire ne quitte pas ses lèvres, c'est vraiment louche. J'essaie de sonder pour savoir si je dois obéir ou non mais ses yeux bleus ne laissent rien transparaître.

- Mais viens plus près, je ne vais pas te manger !

Je m'approche donc encore un peu plus. Peut-être qu'au final, je me suis fait des films. Je suis juste en face d'elle, à 20 cm du bord. Ses jambes trempent dans l'eau.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Sans prendre la peine de répondre à ma question, elle sort ses jambes hors de l'eau, me coinçant la tête entre ses genoux.

Elle rit.

- Cette fois-ci je t'ai attrapée !

J'ai ma tête entre ses cuisses… Et le pire c'est qu'elle n'a aucune idée de ce qu'elle est en train de me faire subir. Pourtant elle devrait savoir que je suis lesbienne.

Mon regard se pose sur deux cuisses absolument parfaites, puis sur le minuscule bout de tissu blanc qui recouvre son entrejambe. Oh non, oh non non !!

 

Je tente de plonger pour me libérer. Elle n'est pas disposée à me lâcher et est entraînée dans l'eau à son tour.

Fuir, vite, avant que je lui saute dessus en plein milieu de la piscine municipale, ça ferait désordre.

A peine revenue à la surface, je me retourne vers le bassin et tente de nager aussi loin que possible d'elle.

J'ai déjà parcouru 3 bons millimètres avant que deux bras ne viennent s'enrouler autour de ma taille.

Coincée.

Elle resserre son étreinte et se colle tout contre mon dos. Je suis dans de sales draps. Mon cœur se met à accélérer. De son nez, elle écarte mes cheveux et  me glisse à l'oreille :

- Je t'ai eue !

Si tu savais à quel point.

Sa voix me donne des frissons. La pression de ses seins dans mon dos est un supplice. Ses cheveux noirs viennent chatouiller ma nuque. Ses bras se desserrent un peu, ses mains viennent se poser sur mon ventre. Mon souffle se fait court.

Le fait qu'elle me touche suffit à lui seul à me donner envie d'elle. J'ai beau essayer de me raisonner, de me répéter qu'elle est hétéro, j'en arrive toujours au même point.

Trahissant mon émoi, je sens mes seins se durcir. Un frisson me parcourt tout le corps. Je résiste à l'envie de prendre sa main, pour la placer un peu plus bas.

Pourtant je sais que je ne peux pas. Ca sert à rien de rêver, je ne serai jamais avec elle. En plus, elle doit déjà avoir un mec, jolie comme elle est.

Faut que tout ça s'arrête, je ne vais pas pouvoir continuer comme ça longtemps.

- Ok, tu as gagné. Tu comptes me lâcher un jour ?

Mon ton était un peu sec, mais c'est le mieux que j'ai pu faire. Je la sens se raidir. Ses mains quittent mon ventre. Le contact me manque instantanément.

 

Sans me retourner, je nage loin d'elle. J'espère qu'elle ne l'a pas mal pris. Je ne sais pas si elle pourrait comprendre et je n'ai pas envie de prendre le risque de ruiner notre amitié naissante en lui expliquant que j'ai affreusement envie d'elle.

 

Je traverse le bassin en crawl, allant aussi vite que possible pour me défouler un max. J'ai rarement été aussi frustrée.

Elle est toujours de l'autre côté, toujours à la même place. Ses yeux ne m'ont pas quittée. Elle a l'air préoccupée.

Si seulement je pouvais lui dire…

 Chapitre 8

Depuis l'autre extrémité du bassin, elle me regarde. Laura… Pourquoi ? Dès que je l'approche, dès que je la touche, elle me fuit.

J'aurais juré que… faut croire qu'une fois de plus, j'ai vraiment tout faux.

Pourquoi elle me repousse comme ça ? Je comprends pas… peut-être que je lui plais pas.

Cette idée me fait tout drôle.

- Johanna ? Jo, c'est toi ?

Derrière moi, un maître nageur m'interpelle. Mes yeux le parcourent de haut en bas. Il est grand, brun, des yeux bleus et super bien foutu. Sa tête me dit quelque chose mais je n'arrive pas à savoir où j'ai bien pu le rencontrer. Peut-être en patrouille…

- Ah, ça me fait plaisir de te voir ! J'ai pas eu de nouvelles depuis qu'on a rompu !

Rompu ?? O_O … Et merde, ça y est, je le remets… J'adopte mon sourire le plus faux cul possible, me retenant à peine de l'envoyer chier…

- Oh ! Salut ! Moi aussi je suis contente de te revoir ! Enfin tout est relatif… Qu'est-ce que tu deviens ?

- Comme tu peux le voir, je suis maître nageur, mais à mi temps. Sinon je bosse dans une épicerie. Et toi ? toujours dans la police ?

- Oui oui ! Mais c'est quoi son prénom déjà ? Aujourd'hui c'est mon jour de repos, donc j'en ai profité pour venir à la piscine avec une copine !

- C'est laquelle ?

Il met ses mains sur ses hanches et scrute le bassin avec intérêt.

- Celle là-bas, avec le maillot noir. Dis-je en pointant Laura du doigt.

- Ouh, elle est pas mal !! Tu me la présentes ?

Cette petite remarque me fait rire. Je lui donne un petit coup sur l'épaule, en répondant :

- T'es pas son style, j'en ai bien peur !

Oh… Comme ça me fait plaisir de dire ça…

- Ah bon ? Elle les aime comment ?

- Avec des seins !

Il regarde de nouveau Laura, visiblement déçu. Tout à coup, une lueur lui traverse le regard :

- Mais toi… t'es … maintenant… enfin…?

Les mecs, tous les mêmes…

- Non, toujours hétéro (bon, peut-être un peu bi sur les bords par moments, mais c'est juste avec elle ça compte pas) t'inquiète pas !

Il me scrute, l'air soulagé.

- Ah ok ! Bon ben ça m'a fait plaisir de te voir ! Si tu veux qu'on se revoie à l'occasion…

Il sort un papier et un crayon de sa poche et note quelque chose dessus avant de me le tendre.

- Tiens, c'est mon numéro… Ca me ferait vraiment plaisir que tu m'appelles.

Sur ce, il me fait un bisou sur la joue et retourne à son travail.

 

Un peu incrédule, le bout de papier entre mes doigts, je vais le poser dans mon sac. Heureusement qu'il a écrit au stylo bille parce que j'ai déjà mis de l'eau partout.

 

Fred

06 77 9....

 

Je fais de mon mieux pour faire un plongeon réussi. A peine sortie de l'eau, je recherche du regard ma  petite blonde préférée. Même de là où je suis, je peux voir que Laura suit Fred des yeux. Et on ne peut pas dire que ça soit un regard amical !

Mais c'est quoi son problème à elle ?

Vu qu'elle a décidé de faire la gueule, je vais la laisser tranquille. Mon corps retrouve facilement ses vieilles habitudes et très vite, j'obtiens un crawl qui ressemble à quelque chose.

 

*          *          *          *          *         

 

Je regarde Jo parler avec le maître nageur. Il a tout à fait le look du gros dragueur. Je la vois lui taper sur l'épaule. Elle le chauffe ou quoi ? Mes sourcils se froncent  bien malgré moi.

Impossible de détacher mon regard d'eux pendant qu'ils se parlent. Maudit bellâtre. Voilà qu'il griffonne quelque chose sur un bout de papier et lui tend. C'est le bouquet !

- Mais pour qui il se prend ce connard ? Il fallait qu'il soit beau en plus !

La mémé à côté de moi a l'air particulièrement outrée par mes propos. Bah elle ne peut pas comprendre.

Je me demande ce qu'il a bien pu lui donner. Son numéro à tous les coups. RAH j'enrage !

Elle l'a laissé l'embrasser. Sur la joue, d'accord, mais quand même, ça ne me plait pas beaucoup.

Peut-être que si j'étais restée à ses côtés, il ne serait pas venu lui parler… On peut pas la laisser seule 5 minutes, sans qu'elle se fasse accoster par n'importe quoi elle !

En plus maintenant elle en à rien à faire de moi… Madame continue à nager comme si de rien n'était, m'ignorant royalement ! Il faut que je sache !

D'un mouvement souple, je donne une impulsion et me lance à sa poursuite.

Arrivée à un mètre, je l'appelle. Elle s'arrête et me regarde.

- Quoi ?

- Il te voulait quoi ?

- Rappelle-moi en quoi ça te regarde ?

Elle a raison, ça ne me regarde pas, mais n'empêche.

- En rien, mais ça m'intéresse.

- T'avais qu'à rester là, tu l'aurais su.

Elle m'en veut. Mais euh… j'avais une bonne raison de partir aussi !

- Ok, je te propose une trêve. Pour me faire pardonner ce soir, on se fait une petite sortie, ça te dit ?

- Mouais. Pas dans une boîte, je ne sais pas danser et je risquerais de rencontrer des collègues ! Et ne crois pas que pour autant, je vais te dire ce qu'il me voulait.

Un sourire de soulagement gagne mes lèvres. Ouf, elle n'a pas l'air trop fâchée. Elle passe vite l'éponge.

- Pas de souci, de toute façon je sais très bien ce qu'il te voulait et je danse très mal.

Je la regarde en souriant. Puis dans un air de défi :

- Tu paries que tu ne me rattrapes pas ?

- Tenu ! dit-elle en s'élançant à ma poursuite.

 

*          *          *          *          *                     

 

Hésitant entre une chemise noire et une blanche, mon miroir supposé faciliter mon choix a plutôt l'effet inverse. J'essaie de me faire aussi belle que possible pour sortir avec Laura ce soir. Je me demande où elle va m'emmener. Peut-être dans un restau romantique…

Cette idée me fait sourire.

Son retour interrompt mes pensées.

- Blanche ou noire ? dis-je en tenant les deux cintres à même hauteur au niveau de mon cou.

- Vas-y seins nus plutôt !

Je me retourne pour lui lancer un regard noir. Elle prend un petit air coupable avant de répliquer :

- Ma belle, même avec un sac poubelle tu serais bien. Ne t'en fais pas, prends l'une ou l'autre, c'est pareil.

Elle vient vraiment de comparer mes fringues à un sac poubelle ? Remarque j'ai quand même eu droit à un compliment.

Finalement, j'opte pour la noire. A peine plus moulante, elle fait ressortir mes yeux.

 

Une demi-heure plus tard, on est au centre ville. Le bar dans lequel elle compte me traîner m'est vaguement connu.

Une fois à l'intérieur, je comprends comment j'ai pu passer à côté d'un bar branché sans y faire attention plus que ça.

Je traîne rarement dans le milieu gay.

Pourquoi je me fais avoir à chaque fois....

A droite comme à gauche, il n'y a que des femmes. Beaucoup sont en couple. J'aurais cru que dans ce genre d'endroit les filles avaient toutes les cheveux courts, des tatouages, des piercings, une moto etc… mais en réalité il y en a certaines qui sont vraiment féminines.

 

Les murs sont recouverts de dessins en tous genres. Ca rend plutôt bien. L'atmosphère me plait. Tout à coup, je me souviens. Je suis déjà venue. J'avais fait une descente ici y a un bail maintenant. Une sombre histoire de bagarre à l'arme blanche, il me semble. Mais c'était en journée. Et puis du peu que je m'en souviens, on dirait bien que la clientèle a changé aujourd'hui. C'était un bar pour routiers avant, ou un truc comme ça… Ils ont dû changer de patron.

 

Mettant fin à mes pensées, Laura m'attrape par la main pour ne pas me perdre dans la foule. Nous traversons la salle et arrivons à une table au fond.

Elle fait la bise à toutes les filles avant de me présenter. Visiblement, ça n'est pas la première fois qu'elle vient et elle connaît du monde.

Elle s'assied sur la banquette et s'adosse aux coussins. De sa main, elle tapote le siège à côté d'elle.

Message reçu.

Je m'assieds. C'est étrange comme je peux me sentir à la fois très mal à l'aise et dans mon élément. J'ai du mal à ne pas regarder les filles qui s'embrassent. J'essaie de ne pas le faire, parce que c'est malpoli et surtout car ça m'intrigue trop pour ne pas être louche. Et puis ça me fait penser à la fois où j'ai eu mes lèvres sur celles de Laura. Et ça, c'est exactement le genre de pensées que tu avais décidé de ne plus avoir, tu te souviens ? Amies Jo… vous êtes Amies !

 

Au fil de la soirée, je remarque que les regards de certaines filles à la table se font insistants. Plusieurs tentent d'engager la conversation, l'air de rien. On dirait bien que j'ai du succès. J'avoue que ça me fait un peu flipper. Une seule solution, la même que d'habitude. Je glisse à l'oreille de Laura :

- Les toilettes, c'est par où ?

Elle m'indique la direction dans laquelle est censé se trouver mon supposé havre de paix.

 

Je m'enferme à double tour dans les toilettes. Mais qu'est-ce que je fais ici ?  Pourquoi je me suis laissée convaincre de venir ?

Non seulement, je n'ai pas eu de soirée en tête à tête avec elle, mais en plus, je suis sûre de plaire à certaines vu les regards qu'on me lance.

On toque à ma porte.

- Bientôt fini ? Il y en a qui attendent !

Pas trop le choix, je sors. Je me retrouve nez à nez avec Mister T. au féminin… enfin féminin, si on veut. La fille me regarde de haut en bas, en jouant avec l'un de ses piercings à l'oreille.

- Si j'avais su que c'était toi là dedans, je ne t'aurais pas demandé de sortir, je serais rentrée ! Allez à tout de suite, poupée !

Elle entre à son tour dans la cabine, me mettant une main aux fesses au passage.

- Garde tes mains pour toi, tu seras gentille !

- Hum, et agressive avec ça, j'adore ! On se retrouve dès que j'ai fini…

Elle me fait un clin d'œil qui m'inspire tout sauf confiance et reste là à me regarder avec des yeux de merlan frit. Elle attend quoi là ? Elle me regarde de haut en bas à nouveau, et je sais très bien à quoi elle pense au vu de son regard lubrique et de son sourire en coin. Pas de panique Jo, il reste LA solution.

Aux grands maux, les grands remèdes. Je plonge ma main dans la poche arrière de mon jeans et en sors mon portefeuille. Prenant bien soin de mettre ma carte de flic en avant je lui lance un :

- Il me semble avoir déjà vu ta tête sur un dossier de la brigade de répression du proxénétisme, c'est peut-être juste une coïncidence mais ça me suffirait pour te bousiller ton samedi soir. Compris ?

Elle passe sa langue sur ses lèvres.

- Et dire que j'ai toujours eu un faible pour les femmes en uniforme…

 

Elle rentre dans la cabine. La tension sur mes épaules se relâche à peine. Je croyais que les techniques de " drague " à la sauvage avaient disparu avec la fin du néolithique… Heureusement qu'elles ne sont pas toutes comme ça !

Le pire est probablement que j'ai pas l'impression que ça l'ait tellement calmée. Il ne me reste plus qu'une seule solution : Laura, au secours !!!

 

Je me retiens de courir jusqu'à la table. Les filles en général ne me font pas peur, mais celle là oui !

J'attrape la main de Laura et lui chuchote à l'oreille

- Au secours, je suis poursuivie par un clone de Mister T ! Aide-moi, je t'en supplie !!

Elle rit doucement de mon état avant de demander :

- Oh, calme-toi ! Elle était comment ?

- Grande black avec une crête, des piercings un peu partout et des chaînes en or !! Le prototype parfait de la lesbienne !

- Merci pour moi ! Si c'est comme ça, démerde-toi toute seule avec tes conquêtes !

Elle me tourne le dos. Je sais qu'elle n'est pas vraiment énervée et qu'elle fait ça juste pour me taquiner, mais là je suis en pleine panique ! C'est tout nouveau pour moi. Je pose ma main sur son épaule et la secoue un peu.

- Laura, je t'en supplie !! Je ferais n'importe quoi pour qu'elle ne vienne plus me parler !! Elle m'a dit " à tout de suite poupée "

 

Devant ma détresse, Laura éclate de rire ! Visiblement mon calvaire l'amuse !

- Bon, écoute Jo, je vais te dire un truc. Cette fille c'est Missy, t'étais pas loin avec Mister T, tu vois ! Surtout, ne lui dis pas que tu es hétéro, elle s'est mis en tête de convertir toutes celles qu'elle croise.

EHHH ben ! Vu comme elle s'y prend, c'est pas encore gagné !

- Mais alors je fais quoi ?

- Ben j'en sais rien ! Trouve-toi une fille qui te plait et fais semblant d'être avec ! Elle viendra pas te parler si elle croit que t'as une copine. Elle a déjà eu assez de problèmes dans des histoires comme ça !

Je lance un regard suppliant à Laura. Même le Chat potté dans Shrek est un petit joueur à côté de moi.

- Oh non Jo, non ! Pas ça !

- Pitiééééé ! Laura, je ferai ce que tu veux, je serai ton esclave tant qu'on sera pas débarrassées d'elle !

- Moi je veux bien ! dit une des filles à ma droite.

L'ignorant volontairement, je continue de regarder Laura, espérant qu'elle va finir par craquer. Je lui saisis l'autre main. Je serais presque prête à me mettre à genoux là !

- T'auras juste à faire semblant ! Je suis si repoussante que ça ?

 

 

15 novembre 2011

Chapitres 5 & 6

Chapitre 5

Je me réveille doucement. J'ai super bien dormi. Ca ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Mon bras est enroulé autour de quelque chose.
J'ouvre les yeux. Ah ok. Pourquoi pas. Mon bras est autour de la taille de Laura. Elle est sur le côté, moi derrière elle et on est parfaitement emboîtées. Je devrais retirer mon bras et me décoller, mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Je suis juste bien, et puis je ne fais rien de mal après tout. Je la serre un peu plus.
" Mmh Kim "
Kim… Ca doit être sa copine.
En une seconde, je n'ai plus envie de rester là. Je retire mon bras doucement, pour ne pas la réveiller. Elle m'arrête et se retourne. Elle a toujours les yeux fermés. J'attends de voir ce qu'elle va faire, n'osant plus bouger. Sa main se lève et vient caresser mon visage. Elle s'avance, dépose un petit baiser sur mes lèvres et se recule.
- Bonjour, dit-elle d'une voix toute endormie.
Elle ouvre enfin ses yeux. En me voyant, elle fait une tête pas possible. Visiblement ce n'est pas moi qu'elle s'attendait à trouver.
- Excuse-moi. Je… enfin je t'avais prise pour une autre.
- Kim hein ?
Sans attendre sa réponse, je me lève et sors de la pièce. J'entre dans la cuisine et commence à faire les cent pas, avant de me forcer à m'adosser au plan de travail.
Mais qu'est-ce que ça peut me foutre ? Pourquoi ça me fait tellement chier qu'elle ait déjà quelqu'un ?
Je l'entends arriver derrière moi.
- Excuse-moi. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, ou t'embrasser. J'ai pas fait exprès.
Je garde le silence, incapable de parler de toute manière.
Tu ne voulais pas… Je ne le sais que trop bien.
- Jo ? Ca ne va pas ?
- Si, si, tout va très bien, ne t'inquiète pas.
- T'es sûre ?
Non ça ne va pas. Tu me plais, mais je peux pas l'accepter et en plus j'ai constamment envie d'être contre toi, tandis que tu penses à une autre. Et puis, j'aime les hommes ! Voilà ! - Bien sur que je suis sûre !
Je tente un sourire forcé. Elle n'a pas l'air convaincue mais n'insiste pas.

Après de longues minutes de silence tendu, j'ose enfin poser la question qui m'intrigue depuis que je l'ai rencontrée. Comment une fille comme elle a-t-elle pu se retrouver dans la rue ? Depuis combien de temps ? Elle faisait quoi avant ?
Son regard croise le mien. J'ai l'impression qu'elle essaie de voir si je m'intéresse vraiment, ou si je la juge.

- Je me suis retrouvée à la rue, il y a deux semaines. J'ai fui mes parents, il y a un peu plus de 3 mois. On ne s'entendait pas du tout et mon père a un sacré problème avec le fait que je sois homo. Je suis partie parce que de toute façon j'aurais terminé à la porte… Bref, j'ai réussi à tenir jusque là grâce à mes économies et un job à mi-temps. Mais je n'étais pas très bien payée et les loyers ont augmenté. Comme je n'avais plus les moyens, ma proprio m'a mise à la porte… …Tu sais, je crois que ce qui me dérange au fond, ce n'est pas tant d'être à la rue, que de savoir que mes parents rejettent ce que je suis… Je veux dire, ce n'est pas comme si j'avais choisi !

Une larme coule le long de sa joue. Elle a tout dit d'une seule traite. Je regrette ma curiosité.
Je saisis sa main. Elle lève la tête avec un sourire empreint de tristesse. Je m'avance et la prend dans mes bras. Se laissant visiblement aller, elle me serre très fort contre elle. Ses sanglots sont un supplice, je voudrais l'aider, mais je ne sais pas quoi faire.
- Tu faisais quoi comme travail (habile changement de sujet) ?
- J'étais prof de fitness dans une petite salle de sport.
Ceci explique sa condition physique et une plastique irréprochable.
- Tu n'as jamais songé à t'engager dans la police ?
- ???? Quand j'étais plus jeune je voulais, mais je suis un peu petite je crois. Pourquoi ça ?
- Oh rien comme ça ! Il y a une salle de sport près de mon commissariat, je connais bien la gérante, si tu veux…
- Tu ferais ça pour moi ?
- Ben je garantis rien, mais ça ne coûte rien d'essayer, j'imagine.
- De toute façon, même si on me prend, ce n'est pas dit que je puisse payer un loyer. C'est le genre de job qui n'embauche qu'à mi-temps.
- Tu pourras toujours trouver une colocation, ne t'en fais pas.
- Si tu cherchais quelqu'un pour une colocation, tu prendrais une fille qui vient de la rue toi ?
La réponse semble être évidente.
- J'imagine que ça dépend de la personne. Ca se joue au feeling aussi. Personnellement, si la fille c'est toi, oui, je te prendrais.
Elle est visiblement étonnée. Elle ne s'y attendait pas. Pourtant est-ce que je ne viens pas de l'accueillir chez moi pour une nuit ?

- Ce que je te propose, c'est que tu restes ici et dès que tes bobos ont disparu, tu viens avec moi et je te présente. Tu verras, Charlène, la gérante, est sympa.
- Je voudrais bien mais je ne peux pas accepter. Tu ne me connais presque pas en plus, pourquoi tu ferais ça pour moi ? J'ai pas de quoi te payer…
- Parce que j'aime aider, c'est tout. Et je ne te connais pas depuis longtemps c'est vrai, mais je cerne assez vite les gens et sans me tromper en général. Et l'argent, ce n'est pas un problème pour l'instant, on en reparlera quand tu auras un travail, ok ?
Elle baisse les yeux. Un petit sourire vient se ficher sur ses lèvres.
- Je suppose que la seule chose qu'il me reste à dire c'est, oui madame et merci pour tout.

Elle dépose un petit bisou sur ma joue. Pas de doute, cette proposition en valait la peine.
Je suis vraiment tombée sous le charme.
Mais non, ce n'est pas possible ! Et elle a peut-être tout pour elle mais c'est une fille, je te rappelle !
- Tu vas faire quoi ce matin ? dis-je
- Je pense essayer de trouver Kim, je m'inquiète, j'espère qu'elle n'est pas tombée sur les mêmes gars que moi…
- Ah ok…
J'essaie tant bien que mal de cacher ma déception. Pourquoi faut-il toujours qu'on en revienne à cette fille ?
J'imagine que je pourrais l'aider dans ses recherches mais je ne suis pas sûre d'en avoir envie.
- Et après normalement, j'irai chercher ta petite sœur à la sortie des cours. Comme ça elle verra Kim, elle doute même de son existence. Elle m'a dit que j'avais une copine pour elle, mais pas pour toi.
Elle secoue la tête de droite à gauche, dans un agacement évident, avant de reprendre :
- J'ai beau lui dire qu'elle se trompe, elle est persuadée qu'il y a quelque chose entre nous… N'importe quoi !
Oui, n'importe quoi, tu l'as dit ! Si tu savais…
Elle a un petit rire. J'essaie d'en faire autant mais je suis convaincue que mes talents d'actrice ont déjà connu des jours meilleurs.
- Bah ça lui passera. Elle a toujours l'impression que je veux lui voler ses conquêtes !
- EHH ! D'abord, je ne suis pas une conquête et puis en même temps avec une fille aussi jolie que toi, sous mon toit, moi aussi je m'inquièterais. Hétéro ou pas, ça n'empêche pas de mater.
Une minute là ! Est-ce qu'elle vient de suggérer que j'étais jolie et " matable " ?
Le rouge me monte aux joues. Ca fait toujours plaisir à entendre, mais encore plus quand ça vient d'elle.
- Ben euh… Merci, c'est gentil.

Elle me fait un clin d'œil, puis se dirige vers l'entrée. Je la suis du regard. Elle attrape sa veste me fait un signe de la main et sort. C'est tout vide quand elle n'est plus là. J'ai l'impression que jamais cet appart n'a à ce point manqué de vie.
Qu'est-ce qu'on dit déjà ? Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ? Oh God, si je me mets à citer du Lamartine c'est très, très mauvais signe…

Chapitre 6

- KIM ?? KIM ?? T’ES LA ?

Pas de réponse. Je pousse la porte d’entrée tout doucement. De mauvais souvenirs me viennent en mémoire. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé !

- KIM ??

- Laura, c’est toi ?

Elle sort du débarras sur la gauche.

- Je, j’avais peur qu’ils ne reviennent.

- Tu vas bien, dieu merci !

Je la serre dans mes bras avec soulagement. J’ai eu peur qu’il ne lui soit arrivé quelque chose.

- Je m’étais cachée. Mais où t’étais passée ? Et comment tu t’es fait ça ?

Son index pointe droit sur le superbe coquard qui orne mon œil gauche.

- C’est les gars qui étaient là qui m’ont fait ça. Ils n’ont visiblement pas apprécié que j’interrompe leur réunion. Mais tout va bien ne t’inquiète pas. J’ai été recueillie par une fille que je connais. J’ai dormi là bas.

- J’imagine que l’essentiel est que tu ailles bien. Même si…

- Même si quoi ?

- Tu sais bien que j’aime pas savoir que t’as été dormir chez une fille.

- Roh… T’as toujours pas confiance en moi ou quoi ?

- Laura, c’est un secret pour personne que tu plais. Tu pourrais t’être faite avoir.

- Kim, comme s’il s’était passé quelque chose !

J’y crois pas ! Je suis en plein délire, une hallucination, oui, voilà, ça peut être que ça !

- Comment je peux en être sûre ? C’est pas la première fois que  tu vas "dormir" chez d’autres filles comme ça, avec ma bénédiction et que tu reviens le lendemain la bouche en cœur.

- Attends c’était un cas d’urgence, merde quoi ! Je vais justement chercher la fille en question à la sortie des cours, t’auras qu’à lui demander par toi-même. Ca te va ?

Elle me sonde de son regard quelques instants, comme si elle avait besoin de ça pour constater que j’ai servi de punching ball récemment. Elle finit par abdiquer et marmonne un :

- Hmmm.

- Je prends ça pour un oui.

Je m’avance pour l’embrasser, mais elle coupe court dès que mes lèvres ont touché les siennes. S’abstenir de lancer un réplique cassante n’a jamais été aussi difficile qu’en ce moment.

Y’a des fois où je me dis que j’aurais mieux fait d’être hétéro, les mecs sont moins chiants.

 

*  *  *  *  *

 

- Alors, tu trouves quelque chose ?

Je trépigne sur place tandis que mon collègue s’affaire. Quelques secondes plus tard, Mike me regarde et sourit.

- J’ai pas été embauché dans la police judiciaire pour rien ma belle. On les tient !

- T’es le meilleur. Fais voir !

Il me tend le sachet qu’il vient de trouver sous l’une des lattes du plancher.

- Ah ouais… Je suis pas une spécialiste en matière de drogue mais il y a de quoi faire là on dirait!

- Comme tu dis. Et il y en a d’autres encore. Je ne préfère pas te dire pour combien tu en as entre les mains là, tu risquerais de t’enfuir avec ! Mais si c’est encore là, ça veut dire que ceux qui l’ont mis ici vont revenir.

- Tu m’étonnes ! J’ai pensé à toi dès qu’on m’a fait la description des gars qui étaient là. Il me semble avoir vu de superbes photos dans ton bureau, ça pourrait correspondre aux types en question. Y’en à pas beaucoup qui ont des physiques aussi ingrats !

- En tous cas t’as bien fait de nous contacter. Je vais appeler les collègues. On va peut être réussir un beau coup de filet grâce à toi !

J’espère… Avec un peu de chance je pourrai leur rendre une petite visite de courtoisie, histoire de leur dire ce que je pense de ce qu’ils ont fait à Laura. Ou alors je pourrais en toucher un mot à leurs gardiens…

 

*  *  *  *  *

Nous marchons en direction du lycée. Je regarde à droite et à gauche, peu importe tant que je n’ai pas à regarder Kim. Nos conversations sont dignes d’un film muet. Heureusement qu’il ne me reste que 5 minutes à tenir avant qu’Anna vienne me sauver.

La sonnerie retentit pile au moment où on arrive devant les portes. Une foule de jeunes sort du vieux bâtiment. Ils parlent fort et sont désordonnés. Comme dans mes souvenirs quoi !

Au bout d’une minute environ, apparaît enfin la fille tant attendue.

- Ahh Anna! Anna, voici Kim, Kim c’est Anna.

- Enchantée. Disent-elles en cœur.

Etrangement, Kim a l’air sincère. A moins qu’elle soit bien meilleure actrice que je ne le pensais. Elle n’a jamais été du genre sociable pourtant. Au moins, cette rencontre aura eu le mérite de la rendre un minimum agréable !

Il me semble que Kim regarde Anna de façon étrange. Anna n’est pas en reste c’est sûr, mais ça m’étonne nettement moins. Sa sœur n’a pas tort de dire qu’elle saute sur tout ce qui bouge. Bon, je vais arrêter de me faire des films ça ira mieux.

Je repense à ce qui s’est passé avec Jo. J’espère vraiment qu’Anna ne va pas vendre la mèche car hétéro ou pas, je sais que Kim ne me le pardonnerait pas. C’est pas le genre de fille très conciliante, déjà jalouse à la base et que ça soit ma faute ou non, c’est pas vraiment son problème.

Elles parlent toutes les deux et je suis hors sujet depuis un bon moment. Tout ce que je sais, c’est qu’on a l’air de se diriger vers l’appartement. Je lance un :

-  Vous voulez pas aller boire un café ?

J’ai vraiment pas envie que Jo voie Kim… et inversement. C’est con à dire et je ne sais même pas pourquoi ! Ce n’est pas comme si j’avais honte de Kim c’est une fille superbe. Idem pour Jo. Bah, des fois, ça sert à rien d’essayer de comprendre…

- Nan, je veux montrer un truc à Kim. Réplique Anna

Evidemment… J’ai jamais eu de chance moi !

 

Alors que la porte s’ouvre, je n’ai qu’une idée en tête. Observer la réaction de Johanna quand elle verra Kim. En passant devant le salon, j’aperçois une tête brune regardant les dessins animés à la TV. Ca ne m’étonne même pas !

Lorsqu’elle se retourne pour voir qui est là, je la vois regarder Kim de haut en bas, une étrange lueur traversant son regard, mais je n’arrive pas à déterminer ce que c’est au juste. Ou peut être aussi que tu regardes trop de films en ce moment ma vieille…

Les deux autres, trop occupées à faire connaissance ne me portent aucune attention. Je me dirige donc tout naturellement vers le canapé.

- Je t’ai manqué ?

- Terriblement ! J’en ai fait une crise de boulimie tu vois !

Preuve à l’appui, Jo montre devant elle la plaque de chocolat à trois quarts entamée.  Elle découpe un carré puis me le tend.

 

*   *   *   *   *         

 

Laura attrape le carré que je lui offre. Elle me regarde en souriant et n’hésite pas longtemps avant d’avaler le bout de chocolat.

Un « QUOI ? » retentit depuis la chambre d’Anna.

Laura me regarde et j’ai l’impression qu’elle en sait plus que moi. Elle se retourne, regarde le couloir, attendant.

Kim en sort comme une furie et se dirige droit sur ma voisine de canapé. Elle administre à Laura une gifle magistrale. Celle-ci semble être aussi surprise et dans le flou que moi.

- Je te quitte !

Sans lui laisser le temps de répondre, Kim saisit la main de ma petite sœur à qui la scène a visiblement bien plu. Elles sortent toutes les deux de l’appartement.

Laura se tient toujours la joue. Elle a un petit air dépité. Ma main attrape la sienne. J’essaie de la réconforter comme je peux, mais je ne sais pas trop quoi dire. J’ai une question qui me brûle les lèvres :

- Ca va ? T’as compris ce qui s’est passé toi ?

- Oui ça va aller merci… Il s’est passé que ta sœur lui a dit pour ta petite provocation d’hier soir. Et Kim est très jalouse. Elle voudra probablement plus jamais me parler.

A cet instant, je réalise que j’ai probablement fait une grosse, mais grosse boulette. A cause d’un coup de tête, je viens de briser son couple. J’ai pas grand-chose d’autre à dire alors je lui bafouille un :

- Je … je suis désolée.

- Pas autant que moi.

Elle se lève et se dirige vers le fond de l’appartement.

Et merdeee !!

Bon, qu'est ce que je dois faire là ? Je la laisse tranquille ?

Oui mais si elle veut que j’aille la consoler ?

Oui mais si elle ne veut pas te voir ?

Coupant court à la passionnante conversation entre moi et moi-même, je me lève à mon tour, bien décidée à me faire pardonner.

Elle est dans ma chambre, assise sur le lit. Elle tient sa tête entre ses mains. Je me sens terriblement coupable. Rien de tout ça ne serait arrivé si j’avais pas eu l’idée stupide de l’embrasser.

- Je peux essayer de lui expliquer… Elle comprendra que t’as rien à voir là dedans !

- Tu vas lui dire qu’il s’est rien passé ? Elle ne m’a pas crue, j’ai essayé pourtant. Le pire c’est que c’est la vérité ! Et comment tu comptes lui faire avaler qu’on a passé la nuit ensemble sans rien faire ?

- …

Elle a raison, je suis sûrement pas en mesure de faire entendre raison à Kim. Quitte à me faire repousser je m’en fous, faut que j’essaie. Je m’assieds à côté d’elle sur le lit et la prend dans mes bras. Elle se laisse faire sans rien dire. Je l’entends sangloter et ça me tue de savoir que tout est entièrement ma faute.

Elle pleure à chaque fois qu’elle se retrouve dans mes bras…

La serrant un peu plus, je dépose un baiser sur sa tête. On reste comme ça peut être une minute ou deux. Je la sens se détendre au fur et à mesure, en même temps qu’un silence confortable s’installe. Je crois qu’on est juste bien. Au bout d’un moment, je la sens lever la tête. Elle me regarde, les yeux encore plein de larmes.

-  Toi aussi tu vas partir ?

- Non, t’inquiète pas je compte pas te lâcher de sitôt ! Tu vas me traîner pendant longtemps encore.

Mes paroles ont l’air de la rassurer un peu. Pourvu qu’elles deviennent réalité.

Je lui fais un sourire et elle se réinstalle contre moi, mais je vois bien qu’elle réfléchit toujours. C’est bien une fille. Faut trouver un truc pour lui occuper l’esprit !

- Et si on allait à la piscine pour se détendre un peu ?

- Oui, bonne idée ! … Mais euh… Jo…  j’ai pas de maillot de bain moi…

Je fais semblant de réfléchir deux secondes et lui sors :

- Bon ben tant pis tu vas devoir y aller toute nue !

- Euh… hum… ça va pas être possible !

- Mais non, je vais t’en prêter un, ne t’en fais pas…

- Je disais ça pour toi, c’est pour que tu n’aies pas trop de mal à te retenir de me sauter dessus, je sais bien que je suis irrésistible.

Elle dit ça en souriant, l’air de rien, regardant ses ongles. Elle croit pas si bien dire !

- T’en fais pas pour moi va, je suis totalement insensible à ton charme fou !

Et ça… c’est moi qui le dis ! Heureusement que la mauvaise foi ne tue pas !

15 novembre 2011

Chapitres 3 & 4

Chapitre 3

Journée de merde, pour changer. C'est fou le nombre de cons qu'on peut croiser en 24h quand on est flic. J'étais bien mieux hier à me balader.
La clé tourne dans la serrure.
J'imagine qu'Anna est devant la télé. Je me demande comment je fais pour encore me poser la question, tous les soirs quand je rentre, je trouve la larve humaine sur le canapé.
Enfin, plus tard elle pourra toujours faire testeuse de matelas. C'est une vocation comme une autre après tout.

Je retire ma veste tout en tendant l'oreille.
Pas l'ombre d'un bruit.
Elle est pas là ou quoi ?
- Anna ??? T'es là ?
- Dans ma chambre !

Je me dirige donc vers la caverne de la femme limace.
Je dois dire que je m'attendais à peu près à tout de sa part mais pas à ça.
Une fille, allongée sur son lit.
Une fille qui ressemble étrangement à celle qui n'arrête pas de m'échapper !
C'est alors que je remarque qu'elle n'a pas l'air en grande forme. Elle a des contusions un peu partout et est toute pâle.
Je m'approche, sans dire un mot. Ses yeux viennent se poser sur moi.
Elle sursaute, visiblement effrayée.
- T'inquiète pas, c'est juste Johanna, ma grande sœur, elle te fera pas de mal ! dit Anna
- Euh, je reviens, je vais chercher des pansements dans la salle de bain.

Bon, j'ai fui, j'ai été lâche, mais hein !
Je me dirige vers la salle de bain au radar. C'est bien la dernière personne que je m'attendais à voir là.
Tandis que je farfouille dans l'armoire à pharmacie, il me semble entendre un bruit, puis la voix d'Anna :
- Mais où tu vas ?
Je sors en trombe de la salle d'eau, pour apercevoir ma sœur qui regarde en direction de la porte d'entrée.
Elle tourne la tête pour me fixer bêtement, sans bouger.
Décidément, la fuite c'est une habitude chez cette fille !

* * * * *

Ne panique pas, reste calme ! Bon, alors l'ascenseur ou les escaliers ?
Vaut mieux ne pas prendre le risque d'être rattrapée. Après tout, on est où ? Au premier ?
Je m'élance dans les escaliers, ignorant volontairement mon mal de tête pas possible. J'ai déjà franchi l'étage, ma tête tourne, mais je continue.
Mes jambes deviennent un peu plus molles et je n'arrive pas à me retenir. Je m'écroule alors que la sortie n'est plus qu'à quelques mètres.
Des pas désormais familiers se font entendre dans mon dos. Je veux bouger mais le moindre mouvement me fait un mal de chien. J'ai pas de chance quand même, la seule fille qui m'aide habite sous le même toit que la flic qui me poursuit !!
- Du calme, ça va aller ne t'en fais pas. Tu ne t'es pas fait trop mal ? me demande-t-elle.
Je hoche la tête pour signifier que tout va bien. Ou à peu près en tout cas.
Délicatement, elle me saisit les épaules et me tourne face à elle.
J'essaye de l'aider mais j'ai mal partout et mes dernières forces sont restées dans les escaliers. Ses yeux me parcourent de bas en haut, cherchant les dégâts éventuels. Elle passe ensuite un bras sous mes genoux, tandis que l'autre se place sous mon dos.
Oh non, elle compte tout de même pas faire ça ?
- Je suis trop lourde ! Tu vas te briser le dos !!
Ma remarque la fait rire. Bon, c'est déjà ça.
- T'occupe !
Elle me fait un clin d'œil et se relève comme si de rien n'était.
J'en reviens pas qu'elle me porte aussi facilement.
Elle remonte les escaliers lentement, sûrement pour ne pas me faire mal car l'exercice n'a pas l'air de lui demander le moindre effort.
J'essaie de faire en sorte de garder ma libido de coté et de me montrer juste reconnaissante. Mais, me sentant glisser, elle me cale un peu plus contre elle, mettant ma tête à quelques centimètres de ses seins.
Ahhhh !! Pitié si quelqu'un m'entend, il faut m'aider. Si je fais ce à quoi je pense, elle sera sans doute tentée de me tuer!
Des effluves parfumées parviennent à mes narines.
Elle sent délicieusement bon en plus ! Rahhh !!! Pourquoi la seule flic qui est toujours sur mon dos est super sexy et a tout pour elle ?

J'observe chacun des traits de son visage. Je suis assez près pour constater n'importe quelle minuscule imperfection, mais j'ai beau chercher je ne vois rien.
Elle penche la tête, me regarde, et sourit.
Une alarme sonne dans ma tête.
Grillée.
Je me sens bien dans ses bras et lorsqu'on arrive à son appartement, je suis un peu déçue. Pourtant elle ne me pose pas à terre et compte visiblement m'emmener à l'intérieur sans me lâcher d'une semelle.
Elle a peut-être peur que je m'enfuie pour changer !

* * * * *

Coup de chance, elle n'est pas bien lourde et j'arrive à la porter sans problème : Ca sert de faire du sport toute la journée dans son boulot !
Bon, c'est là le passage difficile : la porte.
Je la place les pieds devant. J'ai presque passé le chambranle, lorsque j'entends un POC !
POC ??
Je regarde ma petite voleuse. Elle se tient la tête !
OUPS !
J'ai un petit regard désolé ! Je suis trop stupide !
- Oh je suis vraiment désolée ! Je peux faire quelque chose ?
- Un bisou qui guérit ? me dit-elle en tendant les lèvres
J'ai beau essayé de le retenir, mon sourcil droit se lève.
Mais euh, elle plaisante là hein ?
- Jamais deux fois dans le même mois avec une inconnue !
Je vois Anna se raidir et je comprends trop tard que je viens de faire une boulette.
- Vous vous connaissez ? Vous vous êtes embrassées ? crie-t-elle dans une imitation parfaite d'une psychopathe hystérique
- Disons qu'on s'est croisées une fois ou deux pendant que je travaillais.
Anna n'a visiblement pas l'air convaincue par mon explication, ni par mon air détaché, mais après tout je n'ai pas de comptes à lui rendre. Elle va dans sa chambre et claque la porte pour marquer son mécontentement.

- Au fait, comment tu t'appelles ?
- Je ne sais pas si je dois le dire madame l'officier ! me répond-elle avec un sourire malicieux
- D'abord c'est mademoiselle et ensuite je ne suis pas en service là !
Elle me fait un sourire trop mignon, avant de répondre d'une toute petite voix :
- Laura.

Laura… ça lui va bien !
Je la dépose sur mon lit, en faisant attention de ne pas lui faire mal une seconde fois.
- Bon, je vais jusqu'à la salle de bain. N'en profite pas pour t'enfuir !
- Pas maintenant que je suis dans ton lit !
Bon alors là je dois être rouge comme si j'avais mangé au moins 50 piments forts d'un seul coup. Faut reconnaître qu'elle a du répondant.
En deux minutes, je trouve tout ce dont j'ai besoin, et retourne dans ma chambre les bras chargés.

* * * * *

Dès qu'elle l'a quittée, j'entame une inspection minutieuse de sa chambre. Les murs sont nus, pas le moindre objet personnel qui traîne. C'est à croire qu'elle à des choses à cacher.
Avec l'uniforme de police jeté nonchalamment sur une chaise, la chaîne hi fi est le seul coin de la pièce qui prouve que quelqu'un vit bien ici. Je souris en voyant des CD de Mylène Farmer et Tatu. Non, elle serait quand même pas …? Ce serait trop beau !
De ma main, je joue avec les draps. Ils ont son odeur. Je suis déjà fan.
Je l'entends revenir alors je fais comme si de rien n'était.
- J'ai pas été trop longue ?
- Non non, j'ai eu le temps d'observer les lieux comme ça !
Elle me sourit timidement, tout en s'asseyant à côté de moi sur le lit.
Elle tapote une petite plaie au niveau de mon arcade avec un coton imbibé de désinfectant.
Je grimace.
- Ca pique !
- Oh petite nature ! Mais, comment tu t'es fait ça ?
- Pas toute seule.
Je n'ai pas spécialement envie d'en parler, mais d'un autre côté je lui dois bien ça. Après tout elle me soigne. Je reprends donc :
- Je suis rentrée chez moi. Il y avait plein de gars louches dans la maison. Je les ai espionnés un peu pour savoir ce qu'ils faisaient là. Mais ils m'ont repérée.

Elle pose le coton qu'elle tenait dans sa main, fronçant les sourcils. Elle me regarde, l'air concernée et finit par me demander :
- …. Ils étaient comment ces hommes ?
- Euh, des gorilles, et deux autres qui avaient l'air de diriger tout ça. Un grand blond tout tatoué, et un petit gros au teint mat.
- Et t'habites où ?
- Euh, dans une maison abandonnée sur la 3ème rue…
Pourquoi elle me pose toutes ces questions ?
Elle ne semble pas remarquer que toutes ces questions m'intriguent et continue :
- Ca fait longtemps que tu les y as vus ?
- Presque 2 heures maintenant je dirais ? Pourquoi ?
Sans répondre, elle se lève et attrape son téléphone en sortant de la pièce. Je suis curieuse de savoir qui elle appelle même si j'ai ma petite idée. J'espère juste que Kim n'est pas rentrée ce soir.
Elle revient, toujours sans dire un mot. Mon regard est interrogateur, mais ça n'a pas l'air de la déranger.
Elle recommence à s'occuper de moi. Je regarde ses mains. Elles sont très belles. De longs doigts fins et bien faits, une peau impeccable.
Je me demande comment elle se débrouille, avec des mains pareilles…
Un petit sourire en coin apparaît sur mes lèvres… et disparaît dès qu'elle prend la parole
- Et ça fait longtemps que tu connais ma petite sœur ?
- Ca dépend ce qu'on appelle longtemps mais oui, un certain temps. On s'était un peu perdues de vue… Je… je crois qu'à un moment elle avait des vues sur moi… mais ça à dû passer je suppose !
-
Ah... ok
Je vois bien qu'elle est gênée. J'aurais peut-être pas dû dire ça.
Mais elle se reprend vite, elle est toute concentrée pour ne pas me faire mal. C'est trognon.
Au fond je me demande pourquoi elle m'aide, je ne lui ai apporté que des ennuis.

* * * * *

Elle est sacrément amochée. Si j'attrape les connards qui lui ont fait ça, ils vont passer un sale quart d'heure.
C'est peut-être une voleuse, mais je ne pense pas qu'elle ait mauvais fond. Je l'aime bien je crois, même si je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi. J'ai toujours fonctionné au feeling, y'a pas de raison pour que ça change !

Je tamponne aussi délicatement que possible les plaies qu'elle a au visage. Heureusement, ça reste assez superficiel, elle ne devrait pas garder de traces… Mis à part un bel œil au beurre noir peut-être.
En attendant elle reste très jolie, même avec plein de bleus.
Une minute, je viens de penser ça moi ?
Bon, je suppose qu'une fille a le droit d'en trouver une autre jolie. C'est normal. Oui, parfaitement normal !


Elle grimace un peu tandis que j'essaie de la soigner. Ca la rend vraiment craquante !
Jo, il est temps de cesser de penser. La fatigue joue sur ta capacité à raisonner, ça ne donne rien de bon.

- Et comment tu vas faire pour dormir ce soir ? Vu que ta " maison " risque d'être occupée ?
- Ben… à vrai dire je n'en ai aucune idée ! dit-elle en faisant une grimace adorable.
- … Bon… Peut-être que…. Enfin, tu vois… juste pour cette nuit…
À peine les mots sont sortis de ma bouche que je réalise.
Mais pourquoi t'as dit ça ?! Crétine ! Tu ne la connais même pas ! Ca y est toi, tu vois une fille trois fois à tout casser, vous échangez deux mots et tu l'invites chez toi ! La confiance règne !

D'un autre côté au parc, tu as vu qu'elle était honnête.
Et tu crèves d'envie de la connaître et de lui faire confiance, tu pourrais au moins l'admettre!


Ses yeux me sondent, comme pour voir si je plaisante ou pas.
- Tu ferais ça ?
J'acquiesce. Maintenant il est trop tard pour reculer. Elle se jette à mon cou, me serrant fort dans ses bras. Bizarrement, je ne recule pas.
C'est agréable de l'avoir contre moi. C'est assez étrange, je n'aime pas le contact en général, j'ai jamais été du genre tactile.

Je suis même un peu déçue de la voir se reculer, mais ce n'est pas le moment de la mettre mal à l'aise.
- Alors tu vas dormir dans ma chambre et moi j'irai sur le canapé. T'as déjà dîné ?
- Oui j'ai mangé. Et non c'est moi qui vais aller dormir sur le canapé.
- Tu as plus besoin de te reposer que moi !! Et t'es l'invitée je te signale !
- Nan mais toi tu travailles !
- Pas demain c'est mon jour de repos.
Je la regarde et la gratifie de mon plus beau sourire.
Comprenant que la discussion avec moi est vaine, elle semble capituler.
- D'ailleurs, il se fait tard, je vais aller me doucher et puis me coucher. Tu veux un pyjama ou quelque chose ? dis-je
- Euh, une douche ne serait pas de refus à vrai dire… Mais je ne voudrais pas abuser…
- De toute façon il était hors de question que tu dormes dans mon lit en étant sale !
Tout en rigolant, j'attrape une serviette dans l'armoire juste à côté et lui jette.
- Pour le pyjama, je te laisse choisir, c'est dans la commode juste là.
- Ok merci beaucoup

* * * * *

Elle sort de sa chambre en fermant la porte. Je décide donc de partir à la recherche du pyjama perdu.
Seulement voila, la commode est grande et comporte plusieurs tiroirs… Et bien évidemment, c'est seulement maintenant que je réalise ça !
Dans lequel je suis censée trouver mon bonheur ?
Au hasard, j'ouvre le second. Note pour plus tard : ne jamais ouvrir le second tiroir, c'est celui des sous vêtements.
Je suis une véritable accro des sous vêtements, j'adore ça et j'adore imaginer les filles dedans.
Essuie la bave au coin de ta bouche, vite !
Calculons rapidement : la porte est à environ 3m, il faut tourner la tête pour me voir. Ca veut dire que si elle vient j'aurai le temps de fermer le tiroir !
Mes mains farfouillent déjà rapidement les sous-vêtements de mademoiselle la policière sexy.

Tu sais que c'est mal Laura.
Oh mais je fais que regarder ! C'est le tissu qui m'intéresse héhé.


Un peu à la manière d'un pervers, je trifouille avidement dans le tiroir, un sourire bête fiché sur mes lèvres.
- J'ai oublié de prendre des vêtements de… qu'est-ce que tu fais ?
Je ferme très vite le tiroir. La honte !
Je ne l'avais pas entendue venir, trop captivée par mes activités lubriques.
Elle me regarde, l'air de dire que je suis complètement cinglée. Ce que je peux tout à fait comprendre au vu de la situation, mais n'empêche !
- Euh,… je cherche un pyjama ?
- En inspectant mes soutiens gorge ?
Elle lève un sourcil, souriant en coin. Ohh comme j'aime cette petite tête là !!
Bon, Laura, ressaisis-toi, trouve une excuse en béton, vite !

- Je… me suis… trompée de tiroir ?
Voyant que mon mensonge éhonté ne prend pas et vu que de toute manière, je peux difficilement aggraver mon cas, j'opte pour la version directe :
- Oh et puis merde j'avoue, je suis une dingue de la lingerie…
Elle se met à rire ! Et, s'approchant de moi, me prend des mains le soutien gorge rouge que j'avais oublié de ranger. Elle ouvre le quatrième tiroir.
- C'est là tu vois.
- T'avais pas précisé aussi hein !
On rattrape le coup comme on peut !
Elle m'aide à trouver un pyjama à ma taille. J'en prends un rouge, le moins grand de tous à défaut de mieux. Je serai peut-être pas miss sexy mais au moins j'aurai quelque chose sur le dos.
Elle part se doucher. Au bout de même pas une minute, ma vessie me fait clairement comprendre que sa capacité n'est pas de 10 litres. Et c'est bien sûr à ce moment précis que je me rends compte que j'ai oublié de demander où sont les toilettes.
Il ne reste plus que l'option Anna.
Je me dirige vers sa chambre et frappe à la porte. Un millième de seconde plus tard, j'entends un NAN à travers le bois.
Ok… hum, vraiment sympathique aujourd'hui. J'ai toujours aimé ton côté jovial et chaleureux Anna !


Tu vois quand tu veux !

Je vais au fond du couloir. Deux portes, il y a deux portes.
Bon, c'est une chance sur deux après tout j'ai rien à perdre.
J'ouvre celle de gauche.

Johanna, nue sous la douche, me fait face.
Elle est à moitié cachée par les vitres translucides de la cabine mais on devine néanmoins ses formes.
Je suis à peu près sûre que mes yeux sont sortis de leurs orbites.
Bouge, parce que là tu vas vraiment passer pour la vicieuse de base qui fouille dans ses sous vêtements et vient la voir sous la douche.
Mais avant que j'aie eu le temps de faire le moindre geste, elle me voit.
Oh non !
Je voudrais bien courir mais je suis tétanisée sur place. Ok, c'est le moment de tenter de survivre.
- Les toilettes c'est où ? Anna m'avait dit au fond du couloir, mais… y'avait deux portes… je tente, agrémenté d'un petit air désolé.
- C'est juste à côté. De toute façon j'avais fini.

Elle ne semble même pas gênée. Bon, d'un autre côté, elle n'a vraiment rien à cacher. Mes yeux vagabondent sur son corps semi dévoilé, sans que j'aie aucun contrôle sur eux. Je suis possédée par une obsédée !! HELP !

- Vous êtes vraiment deux truies, vous en avez rien à foutre de ce que je ressens.
Je me retourne pour voir Anna hors d'elle. Elle prend son manteau et sort de l'appartement.
Soit j'ai loupé un passage, soit cette fille est dérangée !

Chapitre 4

Résumons la situation. Une jeune lesbienne lubrique est devant moi, à m'observer quasi nue. Je sens son regard partout à la fois, même si je sais bien qu'à travers la vitre, elle ne peut que deviner mes formes.
C'est étrange, mais d'un côté j'ai envie qu'elle me voie, je me sens fière. Pourtant, je suis super pudique d'habitude. Je sais bien que mon corps n'est pas si mal, qu'il y'a des filles mille fois plus mal foutues, mais je n'arrive pas à me résoudre à le montrer.

De toute façon le mal est fait là, elle t'a vue donc c'est trop tard.
Prenant une serviette, je l'enroule autour de mon corps et je sors tranquillement de la douche, essayant de paraître naturelle.
- Et pour ta sœur on fait quoi ? dit-elle, visiblement inquiète
- Bah, elle reviendra, je m'en fais pas, elle fait souvent des colères. C'est l'adolescence.

Je me suis arrêtée juste à côté d'elle, dans le chambranle de la porte. Son regard suit une goutte d'eau depuis ma mâchoire jusqu'à mon décolleté.
Elle doit se rendre compte que je la regarde, car elle lève la tête. Je lui fais un petit sourire l'air de dire " ça va je te dérange pas ? "
Ses joues prennent une légère teinte rosée qui la rend vraiment craquante. Elle me regarde droit dans les yeux. Ses pupilles sont très dilatées. Soit c'est l'obscurité, soit elle a envie de moi.
Mon regard descend sur ses lèvres. Elles ont l'air très douces. J'ai pas vraiment eu le temps de faire attention la fois précédente.
Je devrais lui en vouloir pour ce baiser volé, mais à l'heure actuelle, j'ai plutôt envie qu'elle recommence. Hey, mais à quoi je pense moi ?
Un léger sourire vient à sa bouche parfaite.
Merde, elle m'a vue. Alerte !!
- Alors officier, il y a du relâchement ?
Elle peut pas avoir lu dans mes pensées, elle peut pas… elle peut ?
- Euh, je peux savoir de quoi tu parles ? dis-je le plus innocemment possible
- Je crois que tu le sais très bien…
Elle s'avance vers moi, me collant contre la porte. Sa main vient se poser sur le nœud qui retient ma serviette.
T'oseras jamais. C'est juste de la provocation.
Son regard ne quitte pas le mien. Ma respiration se fait plus courte. Mais non, elle va pas oser quand même ?
Elle lève la tête, continuant d'avancer. Je dois commencer à paniquer là je crois.
On entend claquer la porte d'entrée. Je sursaute, laissant au passage ma serviette dans les mains de Laura.
Anna s'arrête au bout du couloir. Si ses yeux avaient été des machines de guerre, je serais morte depuis longtemps. Je reprends ma serviette des mains de mon agresseur et tente de recouvrer un semblant de dignité.
- Ah ben j'avais oublié mon mp3, mais je vois que vous perdez pas de temps. Ne vous gênez surtout pas pour moi je fais que passer.
- C'est pas ce que tu crois Anna, dis-je.
Rageuse, elle se tourne vers moi
- Ah ouais ? c'est quoi alors ? je me fous à poil devant l'amie lesbienne de ma petite sœur pour rigoler ?

Je la regarde un moment, incrédule. Mais pour qui elle se prend au juste ? Je fais ce que je veux aux dernières nouvelles !
Oh et puis qu'elle aille se faire foutre ! J'attrape la tête de Laura et colle mes lèvres contre les siennes.
J'avais raison, elles sont douces.
Elle ne me repousse pas, au contraire une fois la surprise passée, elle répond à mon baiser. Sa main vient se loger derrière ma nuque. Sa langue vient toucher mes lèvres et le baiser s'approfondit.
Mais pourquoi personne ne m'avait dit que les filles embrassaient aussi bien ?
J'ai besoin de l'avoir plus près… je place ma main dans le bas de son dos et l'attire.
J'ai du mal à croire à ce que je suis en train de faire, devant ma petite sœur en plus. Ca ne me ressemble tellement pas…

Au bout d'un moment, je suis obligée de couper le baiser. Je suis sûre d'avoir les pupilles dans un sale état là !
Mon dieu, j'ai envie d'une fille ! Nan, c'est pas possible ! Je suis hétéro ! J'aime les garçons ! Hein oui j'aime les garçons !


Anna est toujours là. Elle est sous le choc on dirait.
- Tu vois moi aussi je peux provoquer ! C'est ça que tu voulais ? Il n'y a rien entre elle et moi ! merde ! Arrête de voir le mal partout. Et de toute façon on fait ce qu'on veut !
- … Tu savais que je l'aimais bien. Me dit-elle d'une toute petite voix
- J'ai rien fait et je ne pouvais pas deviner
- Si, tu pouvais !
- C'est vrai, j'aurais pu ! après tout c'est chaque jour une nouvelle. Et tes critères de sélection on les connaît : il leur faut des seins et pas de… allez c'est bon !
Laura fait un pas et se met entre nous.
- Oh ! OH !! on se calme les filles. Anna, il s'est rien passé entre ta sœur et moi. En tout cas rien de plus que ce que t'as vu. Et ensuite, je sors pas avec toi. Et j'ai déjà une copine je te rappelle.

Elle a déjà quelqu'un. Bien sûr. La nouvelle me fait comme un coup de massue derrière le crâne.
Elles continuent à parler. Le ton monte puis redescend. Je n'écoute déjà plus.
J'ai été tellement stupide de croire que…
- Je… je vais aller faire un tour. A tout à l'heure.

Je me retrouve dehors, sans vraiment savoir comment j'y suis arrivée.
L'air frais me fait du bien. La nuit est tombée et les gens commencent à sortir. Je suis pas vraiment d'humeur à faire la fête pourtant.
Comment ça a pu m'arriver à moi ?
Les images de notre baiser me reviennent en mémoire. Tout est de ma faute, c'est moi qui l'ai embrassée, pas l'inverse.
J'ai du mal à croire que c'est vraiment arrivé. Je ne sais pas ce qui m'a pris. C'est pas du tout mon genre d'agir comme ça. Mais d'un autre côté je ne regrette pas. Et puis j'en ai assez qu'Anna soit jalouse de moi. J'ai pourtant jamais rien fait qui lui donne des raisons de l'être.
Et qu'est-ce qui me pousse à faire des trucs bizarres dès que cette fille est dans les parages ?

Plusieurs automobilistes me klaxonnent et il y en a même un qui s'arrête pour me parler. Les mecs sont vraiment lourds des fois.
Au bout d'un bon moment, à peine calmée, je décide de rentrer. De toute façon ça n'y changera rien.

* * * * *

Jo partie, on se retrouve un peu comme deux connes, Anna et moi. Je vois bien qu'elle est très énervée. J'essaie de calmer les choses tant bien que mal :
- Tu sais, c'est pas tous les jours facile pour elle non plus. Son job lui porte sur les nerfs.
- Peut-être, mais j'en ai marre que toutes les personnes qui me plaisent ne jurent que par elle.
- Je ne jure pas que par elle. Mais elle est sympa et je l'aime bien.
- J'ai cru voir ça. Tu ne l'as pas vraiment repoussée tout à l'heure.
Elle se place devant moi, les bras croisés, dans un air de défi. Ce que je peux la détester quand elle fait ça !
- Mets-toi à ma place une seconde, Anna ! Une fille que je trouve craquante m'embrasse…
- T'as une copine pour moi et pas pour elle, c'est ça ?
- Pfff si c'est pour me prendre la tête comme ça c'est pas la peine, j'ai pas de comptes à te rendre. J'ai une copine pour tout le monde. Je suis très bien avec Kim et de toute façon, ta sœur est hétéro, débarque un peu !
- Mouais…. Y'a des fois je me demande. Et puis ta copine, je ne l'ai jamais vue, moi !
- C'est ça ! Allez, bonne nuit Anna !

Ca sert vraiment à rien de discuter avec elle. Je coupe court à la conversation en fermant la porte de la salle de bain. Y'en a chez qui la crise d'adolescence dure…

30 minutes plus tard, je vais me coucher avec bonheur dans un vrai lit. Ca fait deux semaines que j'ai pas eu le luxe de faire ça. C'est court deux semaines, mais ça me parait faire déjà une éternité.
Le marchand de sable doit passer très vite car lorsque je me réveille, je remarque que mon superbe pyjama n'est enfilé qu'à moitié.
Je mets une minute à me rappeler où je suis, pas encore tout à fait réveillée.
Un bruit me fait sursauter. Je devine une ombre.
Il y a quelqu'un dans la pièce.
Quelqu'un de grand.
Oh merde, merde, merde !!! C'est qui, je fais quoi ?
- Mais il est passé où ce con de matelas bordel !
- Jo ? c'est toi ?
- Oh ! Je t'ai réveillée ? Je suis désolée !!... T'aurais pas vu un petit matelas traîner dans le coin ?
- Pourquoi tu cherches ça ?
- Disons qu'une nana de 1m80 passé se case difficilement dans un sofa de 1m50, et qu'en prime j'avais déjà mal partout avant, alors si je pouvais éviter ça…
- Ben viens dormir avec moi… c'est ton lit après tout !
J'aurais pu proposer de prendre le canapé c'est vrai. Mais elle aurait sûrement refusé. Et puis, je ne vais pas renoncer à un aussi bon lit. Ou à une aussi charmante compagnie…
- Nan c'est bon, t'inquiète pas. Je vais trouver ce foutu matelas et mettre mes grosses fesses dessus pour passer une bonne nuit.
- Je vais pas te laisser faire ça, tu en es consciente ? T'inquiète pas, je vais pas te tripoter hein ! Et puis, cherche pas à discuter, c'est une bataille que tu ne gagneras pas.
Elle semble réfléchir un instant. Je prends mon air le plus convaincant possible.
- Tsss… je gagne jamais contre toi, c'est pas juste !
- Oh pauvre chou !

Héhé !! J'étais déjà tout sourire dans le noir. Elle va venir dormir avec moi !
Je la vois revenir, un petit coussin en forme de cœur à la main.
Elle dort avec ça ?
Elle se glisse sous les draps à mes côtés. Je reste volontairement en plein milieu du lit. Comme ça hop, elle est obligée d'être contre moi. Je suis un génie !
Je sens deux glaçons se poser simultanément sur mon ventre et mes pieds.
" AHHH ! "
Je fais un bond pas possible. Elle en profite pour prendre de la place, comme si de rien n'était.
- Mais pourquoi t'as fait ça ? T'es dingue !
- Tu prenais toute la place, tu croyais quand même pas que ça allait se passer comme ça ?
Même dans le noir, je vois qu'elle sourit largement. Et en plus elle est fière d'elle !
Elle s'installe tranquillement et au bout d'environ 30 secondes, j'entends déjà sa respiration se ralentir. Elle a dû s'endormir.
Ce n'est pas humain de s'endormir si vite. En plus du coup, je reste comme une imbécile, avec une fille de rêve dans mon lit et les fantasmes qui vont avec.
La semi pénombre laisse deviner ses formes.

Elle est vraiment superbe. Et elle a de ces yeux… et elle embrasse bien aussi.
ARGHH mais comment je vais faire pour dormir moi maintenant ! Bon, Laura, deux mots : self control.


Malgré tout je suis assez contente. Y'a pas si longtemps, elle me poursuivait pour m'arrêter et ce soir, on dort ensemble. La vie, c'est curieux des fois quand même…
Au fond je crois qu'elle m'aime bien. Je l'aime bien aussi.
Une image de Kim me vient à l'esprit. Je me sens coupable d'être avec une autre fille, de ne pas savoir où elle est, comment elle va…
Demain, c'est promis, je la chercherai. J'espère juste qu'elle va bien.
Johanna bouge dans son sommeil. Elle se rapproche de moi. Pour mon plus grand malheur, elle est maintenant assez proche pour que son odeur parvienne à mes narines.
C'est sûr que là, pour dormir c'est mort. C'était un bon lit pourtant… Je caresse distraitement ses cheveux. Elle fait des petits bruits de contentement. C'est vraiment trop mignon.
Au fond, je crois que je pourrais m'y habituer.

 

15 novembre 2011

Chapitres 1 & 2

Chapitre 1

La sueur coule le long de ma tempe, mes jambes sont lourdes. Pourtant il faut que je coure. Ne pas s'arrêter, ne pas regarder…
Je ne sais pas vraiment où je vais, mais je sais ce que je fuis.
Mais pourquoi j'ai fait ça ? Je suis vraiment stupide ! C'est pas comme si j'avais pas assez de problèmes comme ça !

* * * * *

Je m'arrête au coin de la ruelle. Personne à gauche, personne à droite. De mon poing, je frappe le mur de toutes mes forces.
- Putain ! Où elle a bien pu passer ?
- Laisse tomber Jo, ça n'en vaut pas le coup. On l'aura pas !
Remettant mon uniforme de police en place, je regarde mon collègue avec colère
- Un jour, je l'aurai, je te jure ! Depuis le temps qu'elle me nargue !

Les clés viennent s'échouer dans le vide poche de l'entrée. Je jette avec nonchalance ma veste encore ruisselante sur le portemanteau déjà bien trop chargé.
Je me dirige vers la salle de bain, prête à laver les restes d'une journée de travail trop éreintante. Ma tête me fait un mal de chien. Mon front est orné d'une belle bosse qui me rappelle ma folle course poursuite dans les rues de la ville.
Quand je pense qu'une petite voleuse de pommes a osé m'en jeter une en pleine face ! Et j'ai même pas eu le temps de voir son visage !
La colère a maintenant fait place à l'amusement face au ridicule de la situation.

* * * * *

Je me retourne, prête à la voir juste derrière.
Personne.
Elle courait vite. J'ai beaucoup plus de facilités à larguer les autres balourds qui lui servent de coéquipiers. Mon souffle est encore court, mon cœur bat la chamade.
Elle a presque failli m'avoir cette fois.
À force de jouer avec le feu, il est fort possible que je me brûle !
À chaque fois je suis surprise de la voir… et je perds de précieuses secondes. C'est comme si elle savait en permanence où je suis.
J'ai toujours eu un faible pour les filles en uniforme, mais de la à risquer de me faire avoir comme ça !
Sans perdre plus de temps, je me remets en route. Après tout, je viens de jeter mon repas du soir à la figure de la plus craquante des flics de L.A…

* * * * *

Mes longs cheveux noirs encore dégoulinants, j'attrape la clé de la boite aux lettres pour relever mon courrier. Comme d'habitude, c'est le pire qui m'attend :
La facture de téléphone.
Je déchire très lentement le papier, déglutissant bruyamment, prête à faire mon malaise mensuel.
542 € !
- Cette fois t'as été trop loin ma vieille!
Me dirigeant à grands pas vers le fond du couloir, je suis prête à faire irruption dans la chambre de ma petite sœur, lorsque la porte s'ouvre.
Comme à son habitude, Anna est habillée façon hippie. Mais ce jour là, elle n'aurait jamais dû avoir un look je m'en foutiste.
Elle lève les yeux très timidement, sachant très bien pourquoi je suis venue la voir.
- Tu sais pour combien j'en ai eu cette fois ? 542 € !! Alors j'aurai une seule question : c'est une blague ?
- Nan mais tu sais bien, il fallait que j'appelle Céline, elle va pas bien et tout !
- Je m'en fous de ta copine, déjà qu'elle s'invite à manger et dormir chez moi trois fois par semaine, t'as pas l'impression d'abuser là ?
- On s'est engueulées, t'inquiète pas tu la verras plus. Et pis c'est bon, je te filerai 20 €uros ! Lâche moi t'es pire que maman !
- Cool, il me restera plus QUE 522 €uros à payer ! T'es trop généreuse ça te perdra ! Je vais te dire ce qui va se passer : soit t'arrêtes avec tes coups de fil à droite à gauche, soit justement, tu retournes chez maman vu que t'es si mal ici !
- … !
Me jetant au passage un regard assassin, Anna me bouscule pour sortir de sa chambre.
Cette gosse va me tuer ! Allez encore aider votre petite sœur !

* * * * *

Je croque avec plaisir dans la poire que je tiens en main et me souviens qu'il ne faut pas faire de bruit, les autres dorment sûrement déjà.
J'espère qu'ils m'ont laissé mon canapé !!!
CRAK !
Soupir. Je baisse les yeux pour voir, bien sûr, mon pied coincé entre deux des lattes du plancher vermoulu de la maison qui nous sert de squatt en ce moment. Su-per !
Pour la discrétion, je repasserai !
Bon, j'imagine qu'il ne me reste plus qu'à finir cette poire et voir ensuite comment me sortir de là !
Je tire un peu, le plancher n'a pas l'air disposé à me libérer. Tant pis !!
- T'es vraiment, mais alors vraiment pas douée ma vieille !!
Kim s'assied à côté de moi, regardant d'un air amusé mon pauvre pied toujours immobilisé.
- Plutôt que de te moquer, aide moi à sortir de là ! Et que ça saute !
- Ah tu le prends sur ce ton là ?
Elle commence à s'éloigner, avant que je ne l'attrape par la cheville
- Pitié ôôôô ma reine, tu es la plus belle et la plus tout ce que tu veux… aide moi…. !!!!
Elle semble hésiter un instant, donne un coup d'œil à mon air de chien battu puis s'accroupit :
- Une seule condition esclave ! Que tu me fasses don de ton corps ce soir !
- Avec joie madame ! dis-je avec un sourire complice.
Ses lèvres viennent rencontrer les miennes. Comme d'habitude, ses baisers ont un goût de menthe. J'aime sa façon d'embrasser, tendre et passionnée à la fois. Je me recule lentement.
- Hum, bon, tu m'aides à me sortir de là ou pas ?
Elle me sourit et va chercher une barre de fer rouillé.
- Ne bouge surtout pas !
Glissant la barre à côté de mon pied dans le trou du plancher, elle s'en sert pour faire levier. Le plancher se met à craquer, et enfin les lattes de bois daignent relâcher la pression sur ma cheville.
- Merci mon cœur !!!

* * * * *

Et c'est reparti pour une superbe journée de boulot !!
Jetant mon réveil en bas de la table de nuit, je me lève tout en m'étirant. Le nombre de craquements me rappelle le poids des années passées (ou les folies faites avec mon corps, au choix).
J'ai encore rêvé de la fille à la pomme. Comme si je n'y pensais pas déjà assez pendant la journée. J'espère que je vais la croiser aujourd'hui encore et avoir l'occasion de prendre ma revanche !
- Qu'est ce qui te fait sourire bêtement comme ça ?
Je lance un regard las à ma petite sœur, abandonnant l'idée d'une explication avant même d'y avoir songé.
- T'as été au pain vu que t'es debout ?
- J'ai une tête à aller au pain moi ?
Mais qu'est ce que je vais bien pouvoir faire d'une sœur comme ça ? C'est à croire qu'elle ne pense qu'aux filles et à faire la fête !
Prenant mon courage à deux mains, je me décide à sortir du lit. J'attrape le paquet de céréales dans le placard
- Tu ne vas pas chercher du pain ? Je préfère manger du pain le matin ! dit elle en faisant la moue.
- J'ai une tête à aller au pain moi ? lui réponds je, fière de moi
Comme souvent, j'essaie de faire un maximum de bruit en écrasant les céréales au chocolat entre mes dents. Ca ne sert à rien, ce n'est plus de mon âge, mais ça m'amuse !!
Mais c'est déjà l'heure d'aller bosser et même si la perspective d'aller retourner me coucher me paraît plus tentante, je n'ai pas vraiment le choix.
Rituel oblige, avant de sortir je jette un coup d'œil dans la glace.
Mais comment font les mecs pour résister ?
C'est vrai après tout je suis pas le genre de fille qu'on croise à tous les coins de rue. Avec mon mètre quatre-vingt et mes yeux très bleus… et cet uniforme de police qui a sans doute été conçu spécialement pour moi…
- Pas de doute ma belle t'en jettes un max.
- Ca c'est clair que tu t'en jettes un max de fleurs !
Le regard noir que je lance à ma petite sœur est atténué par la honte d'avoir parlé à voix haute. Ca m'apprendra !

Chapitre 2

oup d'œil à droite, puis à gauche… Personne, j'y vais.
Je m'élance hors de la ruelle sombre vers l'épicerie qui fait le coin. Je me retrouve rapidement devant l'étal et prends une pastèque en même temps que mes jambes à mon cou.
Déjà tout sourire à l'idée de me goinfrer, je m'engouffre dans un coin d'ombre, avant de plonger de nouveau dans l'anonymat des ruelles mal famées.
Epuisée, après 5 minutes de course à pied, je décide qu'il est l'heure de manger.
Même pas un cri, pas une alerte, aussi rapide que l'éclair, personne ne m'a vue ! Je m'améliore!
Mes fesses viennent lourdement s'écraser sur le béton. Couteau suisse en main, la pastèque vit ses derniers instants. Je jette un ultime coup d'œil à ma victime avant de lever le bras, prête à donner le coup de grâce !
- Tu devrais faire attention tu risques de te blesser !
Certaine d'avoir fait un bond d'au moins 2 mètres, je regarde dans la direction de la voix.
Oh non !! Oh non non !!
- Pourtant je crois avoir déjà prouvé mon adresse l'autre jour. dis-je, espérant secrètement détourner l'attention.
- Tu m'as eue par surprise, ça n'arrivera plus. Et j'aime autant te prévenir que le lancer de pastèques est nettement plus dur.
Elle a un sourire pour lequel je serais prête à me damner. Mais l'heure n'est pas aux pensées lubriques. Je dois réfléchir à une manière de m'en sortir.
Calculant aussi vite que possible les diverses alternatives qui s'offrent à moi, je décide de choisir la plus sage. La fuite !!
Elle est grande, visiblement sportive et je ne connais pas bien ce coin de la ville. Dans quelle direction aller ?
Il est temps de faire confiance à ma chance légendaire.

Pastèque sous le bras (hors de question d'abandonner mon butin), je m'élance rapidement dans la direction opposée à mon idéal féminin.
Un millième de seconde plus tard, je l'entends se mettre en route. Elle n'a pas été longue à réagir.
J'ai beau avoir à peine 20 ans, j'ai l'impression d'avoir autant de fougue qu'une mamie.
Arrivée à une intersection, je tourne à gauche.
Un cul de sac.
Fallait que ça m'arrive maintenant.

Je me retourne, prête à affronter le regard triomphant de ma poursuivante. Pour le coup, je ne me suis pas trompée.
Elle avance vers moi lentement, sachant pertinemment que je n'ai plus aucun moyen de m'enfuir.
Game over.
Ses yeux brillent d'une lueur que je n'arrive pas à définir. De la joie ? Une envie de vengeance ?
Sa démarche est souple et féline.
Reste concentrée. Tu dois réfléchir.
C'est vrai que les formes que laisse entrevoir son uniforme laissent songeuse !
Reprends-toi !!!

À peine suis-je sortie de mes pensées, je me rends compte qu'elle est désormais trop proche pour espérer avoir une chance de l'éviter.
À un mètre de moi, elle continue toujours à avancer. Je me sens la proie d'un terrible prédateur. Elle stoppe alors que dix petits centimètres nous séparent encore.
Lentement, comme pour refermer la cage et insister sur sa victoire, elle me plaque dos au mur en posant ses deux mains contre celui-ci.
Je n'avais vraiment pas besoin de ça !
Mes yeux descendent dangereusement vers l'endroit où les boutons de sa chemise semblent prêts à sauter. A ce niveau de proximité, je ne réponds plus de rien.
- J'ai gagné.
Je hausse les sourcils, étonnée.
- C'est quoi mon gage ? Des beaux bracelets ?
- Assez tentant comme proposition, mais là je n'ai été témoin de rien du tout.
Le sourire me vient aux lèvres.
Elle voulait juste gagner. Prendre sa revanche. > - Donc au final on fait quoi?
-
Au final ça fait que tu m'accompagnes jusqu'à mon cher collègue, et qu'on verra ensuite.
Madame la flic sexy ou comment briser tous mes espoirs en une demi seconde.
-
Le fait d'être craquante ne fait pas toujours tout officier… Je n'ai pas l'habitude de suivre les inconnues. Je suis désolée d'avance.
Rapidement, je viens poser mes lèvres sur les siennes. Comme je l'avais espéré, elle a un mouvement de recul.
J'en profite pour passer sous son bras et courir vers ma liberté.


* * * * *

Et dire que je l'avais attrapée !
Mais cette fois encore elle m'a eue.
N'empêche que c'était déloyal !
Je me demande ce qui a bien pu lui passer par la tête.
L'idée ne me serait même pas venue à l'esprit je crois !!
Mes doigts viennent à ma bouche, comme pour me confirmer que ça a bien eu lieu. C'est comme si le contact avait duré des heures. J'ai l'impression de toujours sentir ses lèvres contre les miennes.
Mais pourquoi elle a fait ça ? Il y avait d'autres moyens pour s'en sortir. Je n'avais aucune preuve contre elle.
Bref, on ne va pas chercher à comprendre !!

Grâce à je ne sais quel miracle, je retrouve ma voiture de fonction en seulement 5 minutes. Karl est toujours à l'intérieur, toujours avec ses beignets à la confiture, pour changer.
- T'en fais une drôle de gueule ! T'as vu un monstre ?
- Pire encore, j'ai eu une vision de toi nu !!
Visiblement, ma petite blague ne le fait pas rire. Mais, en parfait gentleman, il enfouit ses insultes dans sa gorge en même temps qu'un gros beignet.

* * * * *

-
Oh puta**, oh puta** ! Mais qu'est-ce qui m'a pris !
Bon, euh reste calme, au moins ça t'aura permis de t'enfuir.
Et pis c'est pas comme si tu regrettais…
Un petit sourire songeur se glisse sur mes lèvres. Après tout ça en valait le coup !
Je suis sûre que dans d'autres circonstances… ça pourrait être très agréable…
Laura, arrête de penser des trucs comme ça !
Et moi qui croyais qu'avec la fin de l'adolescence, tous nos problèmes hormonaux étaient résolus…
Je ralentis l'allure, c'est plus la peine d'aller si vite, je l'ai laissée sur place. Bon, j'ai un peu mauvaise conscience à l'idée de ce que j'ai fait à cette pauvre fille en deux jours. Entre la pomme en pleine tête et le baiser…
- Je devrais peut-être m'excuser… Ou au moins essayer…

Une idée de génie me vient à l'esprit. C'est un peu crétin, c'est prendre beaucoup de risques pour pas grand-chose mais ça le fait.

* * * * *

-
J'en ai marre de ces histoires de voisinage. C'est toujours pareil avec celle-là ! dit Karl tandis qu'on retourne à notre voiture.
- Tu m'étonnes. Si j'ai pas entendu cette femme se plaindre 1000 fois du bruit que fait son voisin, c'est un miracle !
- C'est son ex… m'annonce-t-il en mâchouillant son chewing-gum, l'air inspiré.
- Qui ça ?
- Le voisin… c'est son ex. Son ex mari même…

Un petit rire m'échappe. Ca explique pourquoi elle en a autant après lui…
Karl déverrouille les portières et je m'affale avec soulagement sur le siège passager. Un coup d'œil à la montre du tableau de bord: 18h08. Courage, c'est bientôt fini.
Karl pointe un truc du doigt en rigolant :
- On dirait qu'on nous a filé une prune !

Je regarde le bout de papier coincé sous notre essuie glace. Qui pourrait être assez con pour nous coller un PV ? C'est même pas une voiture banalisée !
J'ouvre la portière et attrape le bout de papier en question.

- Ché quoi ? dit Karl finissant d'enfourner Dieu seul sait quoi dans sa bouche.
- Attends, je te dis ça !
Je déplie le bout de papier froissé.
J'y crois pas…

Juste parce que je suis bien élevée.
Désolée pour la pomme… et pour vous savez quoi…
Mais si vous arrêtiez de me suivre aussi…

J'arrive pas à m'empêcher de rigoler. Elle a de l'humour au moins. Et elle est gonflée !

* * * * *

Ca fait longtemps que j'ai pas revue mon " amie " la policière sexy. En même temps, ça vaut sûrement mieux, au vu de mes petites provocations…
Ca l'a fait sourire ceci dit ! Je revois encore la scène : son collègue qui pointe le papier du doigt, elle qui l'attrape, perplexe, qui le lit et…ahhhh… ce sourire !!

Laura, reprends-toi !
Et puis tu l'as même plus vue depuis ce jour là !!

* * * * *

Le soleil caresse ma peau à travers le feuillage des arbres du parc. Ca fait longtemps que je n'ai pas pris un peu de temps pour moi.
Faut dire que mes horaires de service ne sont pas vraiment arrangeants ces derniers temps…
En même temps, si je n'étais pas sortie aujourd'hui… c'est vrai quoi, il fait beau, je déguste une glace au chocolat dans un parc… que demander de plus.
Sans même m'en être rendue compte, je me retrouve devant un groupe qui fait un spectacle de rue. Un petit attroupement se forme autour d'eux.
J'avise un banc du coin de l'œil quelques secondes avant d'aller m'y asseoir.
Je mange distraitement ma glace en observant les passants. Certains rient, d'autres tirent une tête pas possible. D'autres encore ont l'air perdu ou intrigué.

Soudain, quelque chose au loin attire mon attention. Non….
Je me penche un peu, comme si j'allais mieux voir, mais je sais déjà que je ne me suis pas trompée.
C'est elle.
Elle est assise sur un banc avec des amis à elle, à, à peine une vingtaine de mètres de là où je me trouve.
Elle ne m'a pas repérée, alors je me réinstalle contre le dossier du banc, continuant à l'observer, sans savoir pourquoi. Je n'ai même plus envie de chercher à comprendre. Pour une fois, il est temps pour moi de suivre mes envies.

Je réalise qu'elle est vraiment jolie et semble pleine de vie. Elle rit beaucoup, a l'air assez heureuse.
Elle dégage quelque chose d'enfantin, de pur. Pourtant ce que j'ai vu d'elle ne correspond pas vraiment à l'image… Un sourire me vient naturellement aux lèvres et je suis certaine d'avoir l'air crétin au possible.

Alors que je la contemple, je la vois froncer les sourcils, tourner la tête et regarder quelque chose au sol. Je suis l'endroit que ses yeux sondent.
Une petite vieille vient de faire tomber son portefeuille. Ma curiosité est piquée.
Je me demande ce qu'elle va faire.
Sans hésiter, elle se lève et s'empare de l'objet. J'aurais du m'en douter !
Quelque part, tout au fond, je suis déçue.

Pourtant, à ma grande surprise, je la vois courir après la mémé. Elle lui tape sur l'épaule et lui rend son bien. La vieille femme est ravie et la remercie vivement.
Elle ne s'est même pas servie ! Elle est… honnête !

Mon sourcil droit se lève et je sais très bien que j'ai cette expression, à moitié entre l'incrédulité et l'interrogation.
Décidément, elle ne fait rien comme les autres cette fille !
Je reprends mon inspection, de plus en plus intriguée…
Elle retourne auprès de ses amis qui ont l'air au moins aussi intrigués que moi. Elle répond à leurs questions en passant sa main dans ses cheveux, d'embarras. Elle bredouille quelques mots, jouant avec la terre un peu sableuse sous ses pieds.

Même de là ou je suis, je remarque qu'elle change soudain de sujet
Rien qu'en la regardant parler, je suis à peu près sûre qu'elle est loin d'être bête. Le moins qu'on puisse dire est qu'elle captive son auditoire. Ils n'ont d'yeux que pour elle tandis qu'elle raconte une histoire à grand coups de gestes des mains.
Sans crier gare, elle tourne la tête dans ma direction et son regard vient directement capter le mien. Mon cœur manque un battement avant de reprendre à toute allure. Je déglutis tant bien que mal.
Oups !

* * * * *

Je savais bien que je me sentais observée ! Je ne suis pas encore dingue !

C'est elle
. Même sans son uniforme je la reconnaîtrais entre mille. Et personne n'a des yeux aussi bleus.
On se regarde comme ça, pendant une seconde, ou une éternité, je ne sais pas et ça m'est complètement égal.

- Laura ? Ca va ? Tu nous fais quoi là ?
Kim me regarde de façon étrange, se demandant visiblement quelle mouche vient de me piquer.
Les autres attendent que je continue mon histoire, je le vois bien, mais pour l'instant il m'est impossible de détacher mes yeux d'elle.
On s'inspecte, on se détaille, on se jauge. Je crois que je l'intrigue.
Et puis, tout à coup, elle me sourit. Pas un sourire ironique ou méchant, non, un vrai sourire. Le même qu'on ferait à une amie. Quelques secondes de plus et je la vois se lever de son banc.

Elle se dirige dans ma direction, de sa démarche souple et féline. Ses yeux n'ont pas quitté les miens un seul instant. Le monde peut bien s'arrêter de tourner, je ne suis même pas sûre que je le remarquerais tellement j'ai l'impression d'être avalée dans son regard. Je reste captivée quelques secondes, comme hypnotisée, avant de réaliser : Elle vient vers moi !

Un vent de panique me parcourt de bas en haut. Je me lève, dis un vague " à plus " aux autres qui ont recommencé à discuter et fais quelques pas à reculons.
Elle lève une main, comme pour me faire signe d'arrêter, de l'attendre.

Peut-être qu'elle veut me dire un truc…
Arrête de rêver Laura, elle veut te coffrer ! Tire-toi de là !

Des heures plus tard, j'erre toujours dans les rues, perdue dans mes pensées. La nuit commence à tomber sur la ville et mes pas me guident tout naturellement vers ma " maison ".
Arrivée à proximité, j'entends des voix. Ce n'est pas Kim, à moins qu'elle ait subitement mué et ce ne sont pas des voix connues.
Je me colle au mur et tente de jeter un œil à travers la porte délabrée. Je vois des hommes en cercle autour d'un grand blond tout tatoué et d'un petit gros au teint mat.
Hey mais qu'est-ce qu'ils font là ces abrutis ?
Il y a des gros bras partout. Je tente de voir combien ils sont exactement, ou d'écouter leur conversation. Mais je n'entends pas bien.
Je colle mon oreille à la porte, un peu trop brusquement. Elle bouge à peine, mais dans un grincement épouvantable.
Oh oh ! Réfléchis vite ma vieille!!

Je pousse la porte, comme si de rien n'était, comme si je n'avais pas vu qu'ils étaient là. Avec un peu de chance, ils se diront que je viens d'arriver et que j'ai, à peine, eu le temps de les voir.
J'ouvre de grands yeux en les regardant. Le blond fait un geste et deux gorilles que je n'avais pas vus m'attrapent…
C'était peut-être pas un bon plan…

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